7
NOVEMBRE 1914
I)
C'est
surtout autour d'Arras que l'ennemi porte actuellement ses efforts.
Il semble au surplus, qu'il modifie une fois de plus son plan
d'attaque et aussi la composition de ses effectifs.
Un convoi a été détruit par notre artillerie au nord de la forêt de Laigle. Vive action à la baïonnette, victorieuse pour nous, dans l'Argonne.
Un convoi a été détruit par notre artillerie au nord de la forêt de Laigle. Vive action à la baïonnette, victorieuse pour nous, dans l'Argonne.
Le généralissime Russe, le grand-duc Nicolas, signale dans 2 dépêches au général Joffre et à lord Kitchener, leur victoire, remportée en Galicie par ses troupes. Jaroslaw a été reprise par celles-ci qui ont fait plusieurs milliers de prisonniers.
Les forces Russes du Caucase ont brisé une contre-attaque Turque.
Elles
marchent en 2 corps sur Van et Erzeroum, deux des places importantes
de l'Arménie.
Les universités Françaises adressent aux universités des pays neutres une série de questions d'où se déduit la responsabilité écrasante du gouvernement Allemand dans tous les méfaits commis par les envahisseurs Teutons en Belgique et en France. Cet appel se termine en ces termes :
«
Comme les armées alliées, les universités Françaises défendent
pour leur part, la liberté du monde. »
Rien n'est encore venu confirmer la nouvelle de la victoire navale Allemande dans le Pacifique, victoire annoncée jusqu'ici par les seuls Allemands. Par contre, il est avéré que le York, le croiseur germanique qui a coulé devant Wilhelmshaven, a été détruit par un sous-marin Anglais.
Rien n'est encore venu confirmer la nouvelle de la victoire navale Allemande dans le Pacifique, victoire annoncée jusqu'ici par les seuls Allemands. Par contre, il est avéré que le York, le croiseur germanique qui a coulé devant Wilhelmshaven, a été détruit par un sous-marin Anglais.
II)
Bordeaux,
7 novembre, 16h
A notre aile gauche :
Calme relatif sur l'Yser, en aval de Dixmude. Les troupes Belges, qui se sont portées, par la rive droite de l'Yser, de Nieuport sur Lombartzyde, et ont été contre-attaquées par les Allemands, mais ils ont pu être soutenues en temps utile, la situation est entièrement rétablie de ce côté.
A notre aile gauche :
Calme relatif sur l'Yser, en aval de Dixmude. Les troupes Belges, qui se sont portées, par la rive droite de l'Yser, de Nieuport sur Lombartzyde, et ont été contre-attaquées par les Allemands, mais ils ont pu être soutenues en temps utile, la situation est entièrement rétablie de ce côté.
A Dixmude, nos fusiliers marins ont repoussé une nouvelle contre-offensive.
Plus au sud, des attaques ennemies, autour de Bixchoote, ont été également refoulées par les troupes Françaises, qui ont ensuite progressé...
Au sud-est de cette ville, nous avons repris l'offensive, en liaison avec les troupes Britanniques qui opèrent de ce côté et refoulé une attaque, particulièrement violente, prononcée par des éléments appartenant aux corps d'armée actifs, que les Allemands ont récemment amenés dans cette région.
Entre Armentières et le canal de La Bassée et Arras, comme entre Arras et l'Oise, plusieurs contre-attaques ennemies, de nuit et de jour, ont été arrêtées. Nous avons fait de légers progrès dans la région de Vermelles et au sud d'Aix-Noulette.
Au centre
Dans la région de Vailly, nous avons continué, dans la journée d'hier, à reprendre le terrain précédemment perdu.
Dans l'Argonne, de nouvelles attaques ennemies ont été repoussées et, en fin de journée, nos troupes ont marqué des progrès sur plusieurs points.
Au nord-est de Verdun, nous nous sommes emparés des villages de Maucourt et Mogeville.
Dans la région boisée des Hauts-de-Meuse, au sud-est de Verdun, et dans la forêt d'Apremont, au sud-est de Saint-Mihiel, les offensives ennemies ont échoué. Quelques tranchées ont été enlevées par nous dans le voisinage de Saint-Remy.
A notre aile droite
Les attaques des Allemands sur les avancées du Grand-Couronné de Nancy ont abouti à des pertes sensibles pour l'ennemi.
Dans les Vosges, un coup de main, tenté par lui, contre les hauteurs qui dominent le col de Sainte-Marie a complètement échoué.
Tokio (officiel), 7 novembre.
Tsing-Tao
a capitulé... Avant la capitulation, deux compagnies du génie se
sont emparé, à minuit, du fort central de la ligne de défense
principale, faisant 200 prisonniers.
III)
Le
danger des obus
Lunéville,
un obus de 75, non éclaté, est trouvé, il y a quelques jours, dans
les dépendances de l'usine de Chaufontaine par M. Conrad, ajusteur,
et des artilleurs arrivent bientôt pour le faire éclater, après
avoir pris toutes les précautions d'usage. Malheureusement, les
artilleurs ne peuvent pas prévenir une dame Martin, que leur cache
un repli du terrain, et celle-ci est grièvement blessée au bras par
un éclat.
Mme Martin, qui est mère de 2 enfants, a été transportée à l'hôpital de Lunéville. Son mari est mobilisé...
Mme Martin, qui est mère de 2 enfants, a été transportée à l'hôpital de Lunéville. Son mari est mobilisé...
IV)
Nancy :
Les stratèges civils qui, s'occupant volontiers des choses militaires, prennent leurs fantaisies pour des plans immédiatement réalisables, et aussi les bons citoyens qui n'ont aucune prétention, et qui s'inclinent sans peine devant les nécessités de l'heure présente ne trouveront dans le communiqué d'aujourd'hui guère d'aliment à une conversation bien mouvementée.
Les stratèges civils qui, s'occupant volontiers des choses militaires, prennent leurs fantaisies pour des plans immédiatement réalisables, et aussi les bons citoyens qui n'ont aucune prétention, et qui s'inclinent sans peine devant les nécessités de l'heure présente ne trouveront dans le communiqué d'aujourd'hui guère d'aliment à une conversation bien mouvementée.
Il est de fait que nous en sommes aujourd'hui à peu près au point où nous étions il y a une semaine.
C'est toujours la ligne Nieuport - Dixmude Labassée - Arras - Chaulnes – Soissons – Berry-au-Bac-la Woëvre, et ainsi de suite jusqu'en Alsace.
Cela
n'a pas beaucoup changé, si on a bonne mémoire, ou presque pas,
depuis un mois.
Mais que nous a-t-on toujours dit, et que demandons-nous d'ailleurs, quand nous réfléchissons ? On nous a toujours dit, et nous comprenons qu'il faut tenir.
Nous tenons. A quoi bon chercher autre chose ?
Ce n'est pas l'armée des alliés qui a entrepris l'offensive. C'est l'armée Allemande. Nous n'avançons guère, c'est la vérité, mais nos ennemis n'avancent pas davantage.
Mais que nous a-t-on toujours dit, et que demandons-nous d'ailleurs, quand nous réfléchissons ? On nous a toujours dit, et nous comprenons qu'il faut tenir.
Nous tenons. A quoi bon chercher autre chose ?
Ce n'est pas l'armée des alliés qui a entrepris l'offensive. C'est l'armée Allemande. Nous n'avançons guère, c'est la vérité, mais nos ennemis n'avancent pas davantage.
Les
Prussiens s'épuisent en efforts qu'ils ne peuvent prolonger
indéfiniment. Nous résistons à ces efforts, et nous résistons
sans nous fatiguer, avec l'assurance que les difficultés auxquelles
se heurtent les Barbares s'accroissent chaque jour, tandis que nos
ressources augmentent.
Un conseil aux impatients.
Puisque les nouvelles du jour ne leur donnent pas suffisamment de vigoureuse foi, qu'ils pensent à tout ce qui a été fait depuis 3 mois.
Les
Allemands étaient tout près de Paris... On les en a éloignés.
Ils étaient sur la Marne... Ils sont de l'autre côté de l'Aisne.
En septembre, ils achetaient tous les gants blancs disponibles dans les magasins de Lunéville pour faire une entrée triomphale à Nancy... Ils ne sont pas entrés à Nancy et sont sortis de Lunéville.
Ils avaient des troupes actives admirablement entraînées, et vibrantes d'espoir.
Ils étaient sur la Marne... Ils sont de l'autre côté de l'Aisne.
En septembre, ils achetaient tous les gants blancs disponibles dans les magasins de Lunéville pour faire une entrée triomphale à Nancy... Ils ne sont pas entrés à Nancy et sont sortis de Lunéville.
Ils avaient des troupes actives admirablement entraînées, et vibrantes d'espoir.
Les
troupes actives sont en grande partie fondues, et remplacées par des
troupes de la réserve sans entrain et prêtes au découragement.
Ils avaient un plan d'ensemble en lequel ils mettaient leur confiance... Leur plan est brisé en morceaux, ils ne procèdent plus que par attaques entêtées mais partielles.
Ils marchaient dans un rêve de conquête, et il semblait que rien ne s'opposerait à leur invasion... Ils ont été arrêtés, ont reculé, et sont maintenant sur leur recul.
Ils avaient un plan d'ensemble en lequel ils mettaient leur confiance... Leur plan est brisé en morceaux, ils ne procèdent plus que par attaques entêtées mais partielles.
Ils marchaient dans un rêve de conquête, et il semblait que rien ne s'opposerait à leur invasion... Ils ont été arrêtés, ont reculé, et sont maintenant sur leur recul.
LES PROVINCES MARTYRES PAR SOLOMKO |
Puisque les nouvelles du jour n'apportent rien de particulièrement nouveau, contentons-nous donc de ce qu'ont fait les armées alliées jusqu'à maintenant. Cela vaut la peine qu'on se le rappelle.
Et puis, si les résultats apparents ne sont pas les mêmes, je suis persuadé que la besogne d'aujourd'hui est aussi profitable que celle d'hier.
En tout cas je suis certain que les pages de notre histoire d'aujourd'hui sont aussi glorieuses que les pages de notre histoire d'hier.
Attendons.
Le général Joffre dit au tsar, - et c'est un homme qui ne parle pas beaucoup :
- Notre situation est bonne, et nos efforts combinés amèneront bientôt, j'espère, le succès final.
René Mercier
V)
Journal
de marche du 36e RI dans le Pays Rémois
Vers
18h, un roulement de voiture est signalé. Un convoi important ou de
l’artillerie passe sur le pont du champ de courses se dirigeant
vers Courcy. Entente immédiate entre la Verrerie, l’artillerie de
3 fontaines le 120 de Saint-Thierry.
Le 11e tire le premier. Les voitures semblent arriver à l’entrée de Courcy. Au 3e ou 4e coup, arrêt immédiat du convoi. Les obus tombent juste. À partir de ce moment on n’entend plus que le bruit de voitures isolées. Le 120 à son tour tire sur Courcy et le port de la Verrerie. Vers 20h30 l’ennemi amène deux batteries de campagne à la coupure où sont leurs tranchées. Pendant une heure les pièces envoient des schrapnels sur la Verrerie, le port et les environs. Aucun autre incident.
Le 11e tire le premier. Les voitures semblent arriver à l’entrée de Courcy. Au 3e ou 4e coup, arrêt immédiat du convoi. Les obus tombent juste. À partir de ce moment on n’entend plus que le bruit de voitures isolées. Le 120 à son tour tire sur Courcy et le port de la Verrerie. Vers 20h30 l’ennemi amène deux batteries de campagne à la coupure où sont leurs tranchées. Pendant une heure les pièces envoient des schrapnels sur la Verrerie, le port et les environs. Aucun autre incident.
VI)
1914-1918 :
Pour les Japonais, une guerre secondaire voire « plaisante »
Tsingtao
en 1914. le Japon a vécu la Grande Guerre aux côtés des Alliés et
se retrouve en position favorable lors de la rencontre
internationale. « Cinquante ans après avoir été
soumis aux traités inégaux, écrit Frederick R. Dickinson dans War
and National Reinvention (Harvard University Asia Center, 1999), les
délégués Nippons siègent à la table des négociations comme l’un
des 5 grands vainqueurs de la première guerre mondiale. »
VII)
Nous
quittons les tranchées de la cote 263 à 7h30, après 33 jours
passés sans voir ni habitations ni habitants. Tout le régiment est
relevé et va au repos à l’arrière.
Nous
passons à la Pierre-Croisée, à la Maison Forestière du
Four-les-Moines, et nous arrivons au Claon à 11h. Je cantonne avec
ma section dans une grande grange à la sortie du village, route du
Neufour. Revue d’armes à 16h. Nettoyage des effets...
VIII)
Japon :
Capitulation
Allemande à Tsing Tao. La nouvelle provoque une forte émotion en
Prusse où la colonie est considérée comme un « établissement
modèle de la culture Allemande ».
France :
Remise
de la médaille militaire au sergent Maginot, député de la Meuse,
pour sa belle conduite dans le secteur de Verdun.
Pas-de-Calais :
Attaques
Allemandes sur Cambrin et Aix-Noulette, toutes deux repoussées par
les armées alliées.
IX)
La
bataille fait rage sur tout le front, de l’Alsace à la Mer du
Nord, Le Figaro publie le communiqué officiel, qui met en relief
exclusivement les échecs ennemis :
En
Belgique, d’après le communiqué officiel Anglais « les attaques
de l'ennemi ont perdu de leur vigueur. Nous le refoulons lentement,
mais de façon continue. Notre avance la plus marquée s'est produite
au nord de Dixmude et vers Ghewelde, mais l'atmosphère brumeuse
contrarie les opérations.
En
Galicie, les Autrichiens ont abandonné dans leur retraite un grand
nombre de cholériques à Jaroslav, à Przevorska et dans les
villages sur le San.
Les
Russes avancent sur Cracovie.
On
télégraphie de Mitylène que 2 contre-torpilleurs Anglais ont
canonné et détruit les stations télégraphiques de Sarmaissak et
d'Ayemat, sur les côtes d'Asie Mineure, et bombardé le port de
Moschenissia, qui a été évacué par sa garnison Turque.
Les
forts de Koum-Kalé et de Sedd-ul-Bahr ont été détruits par le feu
des escadres Franco-Anglaises qui ont bombardé les Dardanelles.
Les
Japonais font 2 300 prisonniers à Tsing-Tao.
En
Afriques du Sud, les forces de l’Union sont défaites par les
rebelles de De Wet à Doornberg.
Le
Figaro publie ce jour, un télégramme du correspondant du « Daily
Mail », à Dunkerque,
«
Les Allemands sont en retraite au nord de la Belgique. Dunkerque se
sent à l'abri, Calais et aussi toutes les petites villes et les
villages des environs. Il faut avoir vécu ici depuis quelques
semaines pour comprendre le soulagement que tous ressentent
maintenant. »
Le
correspondant du journal « Le Temps » d'Arras écrit :
«
L'œuvre de destruction d'Arras continue.
Les
maisons effondrées ne se comptent plus.
L'école
normale des filles est en feu.
7
maisons de la rue du Temple, face à l'école normale, sont
incendiées.
5
personnes ont été tuées chez elles par un obus.
La
cathédrale, les écoles académiques sont de nouveau fortement
endommagées.
Un
Taube a été descendu au-dessus Arras par 2 aviateurs Français, aux
applaudissements de quelques rares Atrébates encore en ville. On a
compté à Arras pendant le bombardement jusqu'à 82 obus par minute,
soit 4,900 à l'heure. »
Les
Allemands se sont bien préparés à la guerre, nous pouvons lire
dans le Temps cet article, au milieu des dépêches des
correspondants.
«
Les pastilles incendiaires des Allemands : La guerre sauvage qui nous
est faite a été préparée dans ses moindres détails, les
destructions et les incendies avaient été prémédités. La preuve
en est dans ces pastilles incendiaires dont les soldats Allemands
sont munis. Ces pastilles, jetées à poignées dans un foyer,
donnent immédiatement au feu une violence à laquelle rien ne
résiste.
Les
pastilles trouvées sur des prisonniers sont analysées avec soin,
l'examen sommaire de celles qui nous ont été apportées nous fait
croire qu'elles sont un mélange de poudres d'aluminium et d'oxyde de
fer dans un ciment qui pourrai être du collodion. »
X)
La
garnison Allemande de Tsingtao, sur la côte Chinoise, capitule
devant l'armée Japonaise. 100 ans après, l'unique bataille de la
Première guerre mondiale en Asie Orientale continue de nourrir la
tenace animosité entre Pékin et Tokyo.
Loin
des tranchées, le siège de Tsingtao (aujourd'hui Qingdao), bataille
méconnue de la Grande guerre, n'a fait que quelques centaines de
morts -- peu par rapport au carnage en Europe.
Mais
l’événement témoigne de l'impuissance de la jeune République
Chinoise, née en 1911, devant les affrontements étrangers sur son
sol.
Cet
événement aura d'importantes répercussions :
l'Allemagne
perd un territoire stratégique de son empire au profit du Japon, qui
conforte ainsi ses visées expansionnistes en Asie.
La
nouvelle donne contribue puissamment au sursaut de la conscience
nationale Chinoise.
[L'anniversaire
du siège de Tsingtao intervient alors que le Premier ministre
Japonais Shinzo Abe est attendu à Pékin à l'occasion du forum
annuel de l'Apec, réunissant les dirigeants de
l'Asie-Pacifique].(2014)
« C'est
une petite bataille, relativement oubliée, mais extrêmement
emblématique de la manière dont des puissances étrangères
s'arrachent des territoires Chinois sans se soucier de la Chine »,
a souligné l'historien Britannique Jonathan Fenby, dans une récente
conférence à Pékin.
Surtout,
le siège de Tsingtao va intensifier l'hostilité des relations entre
Pékin et Tokyo, a-t-il indiqué.
-
Villas, bière et base navale -
Lorsque
la guerre éclate à l'été 1914, la Chine connaît déjà une
période de graves troubles après l'effondrement de la dynastie
impériale Qing. Des parties du pays (ports ouverts et concessions)
sont sous le contrôle de puissances occidentales.
Ayant
rejoint tardivement les aventures coloniales, l'Allemagne a obtenu en
1897 Tsingtao, port sur la mer Jaune dans l'est de la Chine, dont
elle fait l'une de ses bases navales dans l'Asie-Pacifique (à côté
de la Nouvelle-Guinée et des îles Samoa et Marshall).
Villas
de pierres grises et bâtiments d'architecture Germanique sur des
collines plantées de pin dominent toujours la vieille ville de
Qingdao (connue mondialement pour sa bière de marque « Tsingtao »,
autre héritage légué par les Allemands.
A
la même époque, le Japon est une puissance en pleine modernisation,
confortée par ses victoires militaires éclatantes sur la Russie
tsariste et la Chine impériale.
Appelé
à soutenir le Royaume-Uni, son allié, le Japon lance rapidement ses
troupes, appuyées de navires Britanniques, à l'attaque de Tsingtao.
Les
hostilités débutent fin août, mais le siège ne commence que le 31
octobre : 8 jours plus tard, les militaires Allemands hissent le
drapeau blanc, et les autorités Japonaises s'installent dans la
ville.
Un
souvenir cuisant pour la Chine : « A l'époque, les Japonais
sont prêts à nous chercher querelle, tout comme Shinzo Abe »
- l'actuel Premier ministre Japonais, accusé par Pékin de glorifier
le « passé militariste » de son pays, s'indigne un vieil
homme dans un parc de Qingdao.
Le
transfert de pouvoir sera entériné en 1919 par le Traité de
Versailles, qui, en donnant aux Japonais un contrôle élargi sur la
péninsule du Shandong, où se trouve Qingdao, scandalise la Chine et
jette dans la rue une jeunesse indignée.
« Humiliation
nationale »
L'occupation
« Japonaise (1937-1945) renforce le sentiment d'humiliation en
Chine, et ce lourd passif n'a cessé d'envenimer depuis les relations
avec le Japon, accusé par Pékin de ne pas assumer « son passé
d'agression ».
Noriyuki
Nakama, homme d'affaires Japonais en visite à Qingdao, pense qu'il
faut remettre en contexte le siège de 1914 :
« Le
Japon a peur du colonialisme occidental, cela l'a poussé à vouloir
accroître sa puissance et s'étendre (...) c'est sans doute
difficilement évitable ».
[Aujourd'hui,
aucune rencontre formelle entre le Premier ministre Nippon et le
président Chinois Xi Jinping n'est attendue à Pékin : la Chine
« jouera son rôle pour recevoir tous ses hôtes » à
l'Apec, mais le Japon « doit se confronter aux problèmes
existants » et « faire preuve de sincérité », a
insisté le ministre Chinois des Affaires étrangères Wang Yi].
Dans
un parc de Qingdao, une inscription indique en grands caractères:
« N'oubliez jamais l'humiliation nationale » (dans la
ligne des slogans patriotiques et volontiers anti-Nippons du Parti
communiste).
« Tous
les Chinois savent parfaitement que les relations Sino-Japonaises
sont exécrables », commente Zhu Yuhua, un expert culturel
rencontré au musée de Qingdao dédié à 1914. « C'est une
évidence ».
XI)
Dans
les années 1930, une abondante littérature paraît sur la
Grande Guerre et sur un sujet peu connu, les services secrets et les
espions...
Souvenirs,
romans, films plus ou moins véridiques font découvrir la part prise
pendant la guerre par ces hommes et ces femmes de l’ombre, aux
actions méconnues ou parfois légendaires.
La
plupart sont oubliés de nos jours mais la vie d’une espionne reste
dans la mémoire des Français, celle de Mata Hari dont le passé
artistique et sulfureux enchante la Belle Époque.
Devenue
l'agent double H 21 par amour de l’argent, elle est fusillée
à Vincennes le 15 octobre 1917 dans une atmosphère
empoisonnée par « l’espionnite », en raison de la
situation trouble d’une guerre qui n’en finit pas.
La
même année, plusieurs espionnes seront fusillées en France et ceci
jusqu’en 1919, le contre-espionnage devenant plus performant.
L’histoire
de la Néerlandaise Mata Hari, remise à jour actuellement grâce aux
documents d’archives a entraîné une demande de réhabilitation
par quelques historiens.
Elle
ne doit pas faire oublier tous ceux qui, dans les départements
Français envahis, en Belgique, dans les places cosmopolites
d’Espagne, de Suisse, des Pays-Bas ou en Allemagne, ont travaillé
dans l’ombre au service de la France et des alliés.
Le
nombre de femmes augmente... Sans uniformes, les espionnes ne sont
pas traitées comme des soldats, mais comme des traîtres. Arrêtées,
elles sont traduites en Conseil de guerre et nombre d’entre elles
sont jugées, condamnées à mort, à la prison ou aux travaux
forcés.
Ceux
et celles qui ont pu échapper à l’arrestation ont connu
l’angoisse pour eux et leurs proches, d’autant plus que les lois
des différents belligérants contre l’espionnage se durcissent au
cours de la guerre, comme le signale l’article 76 du Code de
justice militaire :
« Seront
punis de mort : tout Français qui aura livré ou communiqué à
l’ennemi ou à toute personne agissant dans l’intérêt de
l’ennemi, des objets, plans, écrits, documents, ou renseignements
dont le secret intéresse la défense du territoire et dépendances,
ou la sûreté de l’État. »
- 3 Ladoux (Georges), Chasseurs d’espions, Éditions du Masque, 1932, p. 252.
Pour
recruter des espions, obtenir des renseignements, les analyser,
surveiller les suspects, mettre en place le contre-espionnage, le
Grand Quartier général (GQG), malgré quelques réticences après
l’Affaire Dreyfus, réorganise les services et différencie
leurs activités. Celles-ci se multiplient au cours de la guerre et
sont revendiquées par différentes autorités militaires ou civiles,
ce qui ne facilite pas l’utilisation rapide des renseignements.
Les
services de renseignements utilisent des espions qui travaillent
directement sur le terrain comme agents fixes ou comme agents mobiles
en relation avec des antennes en France, dans les pays amis, neutres
ou en Allemagne. Les informations militaires et civiles recueillies
servent à l’élaboration de la stratégie des états-majors.
- 4 Lahaie (Olivier), Les Renseignements et les Services de renseignements en France pendant la guerre (...)
Les
services de renseignements Français ont pris du retard et ne sont
pas encore à leur meilleur niveau en août 1914. Après la
bataille de la Marne, le Grand Quartier Général, sur ordre du
général Joffre crée le 2e bureau du service de renseignement
(SR) qui existe en parallèle avec le 2e bureau de l’EMA
(état-major des armées), il s’adjoint plus tard un 5e bureau.
Coexistent
avec ces services, ceux de la Sûreté générale, du ministère de
l’Intérieur et de la préfecture de Police de Paris.
Cette
abondance de services souvent cloisonnés, leur sera reprochée à
l’occasion de l’envoi tardif des renseignements portant sur les
effectifs militaires Allemands à Verdun et pour le Chemin des Dames.
Paris,
pour l’espionnage et le contre-espionnage,
Folkestone,
pour le recrutement d’espions du nord de la France et des passagers
sur les navires,
Belfort,
pour la surveillance et le recrutement d’espions parmi les réfugiés
Alsaciens et la population cosmopolite implantée à Genève avec le
colonel Porchet et la police des frontières, les Pays-Bas, avec les
villes de Flessingue et Maastricht sous la direction du général
Boulabeille.
- 5 Pierrefeu (Jean de), GQG Secteur I et Secteur II, Édition française illustrée, 1920.
Des
hommes, comme le colonel Dupont, chef du 2e bureau du GQG, le
colonel Zopf, le général Valentin, ont fait beaucoup pour assurer
le meilleur rendement de leurs services et en s’adaptant
constamment aux situations nouvelles jusqu’en 1919.
Le
capitaine puis commandant Ladoux du 5e bureau passe au 2e bureau
le 9 février 1917.
Il
est chargé de recruter et de diriger espions et espionnes,
surveiller les agents doubles, croiser les informations, trouver des
agents traitants comme Violan auprès de Marthe Richard ou le
sous-lieutenant Hallaure auprès de Mata Hari.
La
notoriété du capitaine Ladoux provient surtout de l’arrestation
et du procès de cette dernière et des résultats obtenus parfois
par des moyens illégaux.
Il
doit plus tard faire face à la justice, accusé d’avoir trempé,
lui aussi, dans l’affaire d’espionnage du député Turmel.
Sa
carrière est compromise, mais il est finalement lavé de tout
soupçon.
Il
écrit de nombreux livres, dans lesquels la vérité n’est pas
toujours respectée, mais il éclaire en partie les activités des
services secrets, son travail auprès des espions et ses difficultés
à faire admettre aux autorités militaires ou civiles l’importance
des rapports transmis et analysés.
Leur
scepticisme provient de l’image peu honorable des « argousins »
ou des espionnes forcément « femmes de petite vertu ».
Il
est vrai que les prostituées constituent un vivier d’informations
important.
La
collaboration avec les services alliés et surtout Britanniques qui
recrutent des femmes dans tous leurs bureaux, amène le commandement
Français à prendre davantage en considération les espionnes dont
le nombre augmente. L’importance de leurs renseignements sur les
déplacements des troupes ennemies, par route, rail ou air, leurs
rencontres avec des officiers Allemands, les informations fournies
grâce à leur rôle auprès des blessés, des prisonniers, des
déserteurs, se révèlent de plus en plus utiles.
Malgré
les progrès du décryptage, des avions de reconnaissance, des
ballons d’observation, de la TSF, l’encre sympathique de plus en
plus sophistiquée continue à être utilisée pour écrire le
courrier secret.
Mata
Hari reconnaît lors de son procès avoir jeté à la mer le flacon
d’encre remis par les Allemands.
Les
alliés Français, Anglais et Belges unissent leurs efforts pour
surveiller les frontières et recruter des espions particulièrement
en Belgique et dans le nord de la France, territoires envahis sous
autorité militaire Allemande.
Les
services de renseignement Britanniques sont nombreux comme en France.
Le GQG est en concurrence avec les services secrets du ministère de
la Guerre, le War Office, de qui dépend l’Intelligence service
créé en 1909, lors de la guerre des Bœrs. L’Amirauté
possède également ses propres sections d’informations à
Folkestone.
- 6 Ypersele (Laurence van), Debruyne (Emmanuel), en collaboration avec Claisse (Stéphanie)
Le
22 novembre 1914, la conférence interalliée de Furnes
décide de mettre en place un bureau de renseignements communs à
Folkestone, port situé près de Douvres.
Il
accueille tous les ferries et navires des pays neutres, surchargés
de réfugiés et de passagers de toute origine, aux motivations très
diverses, ce qui permet un contrôle et un recrutement fructueux pour
les services secrets.
La
section Française est dirigée par le commandant Wallner puis par le
commandant Béliard, la section Britannique, par le général
Cockerill remplacé par le capitaine Cameron, enfin la section Belge
est commandée par le capitaine-commandant Mage.
L’entente
ne règne pas entre les alliés, chacun essaie de mettre espions et
réseaux sous sa propre autorité.
Si
les services Français ont quelque retard en 1914, la Belgique,
en pleine restauration de son armée à la veille de la guerre, ne
peut faire concurrence. Elle travaille cependant avec ses alliés et
fournit de nombreux espions, 6 000 à 7 000
personnes en comptant le nord de la France.
Les
Pays-Bas, neutres, tout en gardant des relations économiques et
diplomatiques avec l’Allemagne, ne peuvent refuser la présence de
2 bases importantes pour l’espionnage en Belgique, à Flessingue et
à Maastricht, ce qui favorise leur commerce avec les alliés.
En septembre 1915,
Rotterdam devient un nouveau centre de renseignement, en raison de
l’installation par les Allemands d’une barrière électrifiée
entre la Belgique et les Pays-Bas, rendant le passage de frontière
plus difficile.
Plusieurs
hommes et femmes y perdront la vie. De plus, les progrès et le
développement du contre-espionnage Allemand, sous la direction du
colonel Nicolaï, déciment de nombreux réseaux et assurent un plus
grand recrutement à partir de 1916.
Les
services secrets Britanniques et Français ont utilisé leurs espions
dans des domaines différents, militaires, stratégiques,
économiques, dans leur propre pays ou à l’étranger.
Les
espionnes ne fournissent pas le même travail comme le prouvent les
récits de leurs souvenirs ou de ceux qui ont écrit pour elles après
leur mort.
Leur
recrutement, leurs motivations, les formes de leur travail, leurs
contacts, l’importance de leur rôle, seules ou en réseaux, la
reconnaissance de leur action diffèrent souvent.
Issues
de familles riches ou de grandes familles catholiques, les jeunes
femmes Belges parlent l’allemand.
La
Croix-Rouge leur permet très vite de travailler comme infirmières,
d’organiser des contacts et la distribution de courriers entre
soldats du front et familles réfugiées ou vivant dans les
territoires occupés.
Cette
action est soutenue par le roi Albert Ier dans l’association
du Mot du Soldat.
Ces
femmes sont ainsi à même de recueillir de nombreux renseignements
auprès des blessés Allemands mais aussi Français et Belges et
auprès de la population.
Celles
qui sont recrutées par un service secret Français ou Britannique,
sont envoyées à Londres ou à Folkestone pour un stage de formation
rapide de 8 à 10 jours, pour apprendre les rudiments du métier et
recruter de nouveaux membres.
Mais
d’autres femmes, en Belgique, de milieux simples et travaillant en
famille se relaient pour surveiller 24h sur 24, tous les mouvements
des troupes Allemandes par air et par terre, apprenant à remplir des
fiches d’une grande précision, emportées aux Pays-Bas par des
passeurs agréés par les services Français ou Britanniques.
Les
motifs des espions varient, mais les récits marquent tous l’amour
de la patrie, souvent le dévouement dû à la religion, également
la haine de l’Allemand qui les opprime. L’appât du gain joue
aussi, les services secrets paient 40 à 50 francs par mois
les observateurs et 5 francs par courrier transmis.
- 8 Mc Kenna (Marthe), Comment on devient espion, Payot, 1935, 219 pages.
Toutes
sont conscientes de participer à la guerre à l’égal du soldat,
leur ville et leur pays devenant un champ de bataille non délimité
et très dangereux. Elles refusent le nom d’espionne pour celui
d’agent secret et réclament fréquemment d’être incorporées
dans l’armée pour avoir un statut militaire et donc reconnu.
L’espionne Anglaise, Marthe Mc Kenna souligne la difficulté à
faire reconnaître son statut :
« J’étais
un Agent du Service secret, pas une ridicule jeune fille ! »
- 9 Proctor (Tammy), Female Intelligence women and espionagein the First WorldWar, NY University Press, (...)
L’historienne
Américaine Tammy Proctor insiste sur l’appartenance des femmes à
une armée d’ombres en usant du terme « nameless ».
Les
espions bien conscients de ce travail souterrain créent à la fin de
la guerre, l’association des Invisibles pour perpétuer le souvenir
de leur rôle.
L’engagement
des espionnes est différent selon les services alliés, qui les
emploient : depuis l’infirmière Anglaise, Edith Cavell, les
réseaux auxquels 30 % de femmes participent en Belgique,
l’agent double Français, isolée dans son action, comme Marthe
Richard.
- 10 Lecture pour tous, 1915, « Le Livre d’or de la bravoure féminine ».
- 11 Darrow (Margaret), Les femmes dans la Grande Guerre. Histoires de guerre de l’Arrière, paru aux Édi (...)
Édith
Cavell, infirmière Anglaise, à la tête d’un hôpital de la
Croix-Rouge à Bruxelles, fusillée avec ses compagnons en 1915,
après un interrogatoire sévère, pour avoir fait franchir la
frontière à environ 200 soldats Anglais, Belges et Français,
émeut la presse et les diplomates du monde entier.
Tous
s’insurgent contre cet « assassinat ».
De
nombreuses revues Françaises ont souligné également l’horreur de
ce geste, ce qui leur sera reproché par la presse Allemande, lors de
l’exécution de Mata Hari.
La
mort d’Edith Cavell sert la propagande Britannique pour encourager
l’engagement volontaire des jeunes Anglais :
« À
Londres et dans la plupart des grandes villes Anglaises, les agents
de recrutement ont placé le portrait de Miss Cavell au milieu des
affiches de guerre destinées à provoquer des engagements. »
L’historienne
Américaine Margaret H. Darrow indique qu’il n’est nulle part
fait mention du rôle de résistante ou d’espionne d’Edith
Cavell, mais de sa faiblesse devant la barbarie Allemande, sans doute
parce que l’opinion publique juge encore les actes d’espionnage
d’une femme comme contraires à la morale et au code de bonne
conduite : « L’histoire de la mort de Miss Cavell
transformé en meurtre, est le symbole de la souffrance de la
Belgique et de la France occupées. Martyr, on oublie qu’elle est
une espionne. »
À
côté de Miss Cavell, plus de 300 réseaux regroupent des
espions en Belgique, après les arrestations, ils se reconstituent
rapidement, étendant une véritable toile d’araignée sur tout le
pays.
- Thuliez (Louise), « Récit d’une compagne de Miss Cavell », Revue des deux mondes, avril 1919, et Cr (…)
Gabrielle
Petit, alias mademoiselle Legrand, fusillée le 1er avril 1916,
fait partie du réseau de son employeur Van Tichelen, commerçant
international en céréales .
Elle
reste une héroïne nationale pour son courage devant la mort après
avoir refusé de trahir ses amis, en criant :
« Je
leur montrerai qu’une femme Belge sait comment mourir. Vive
la Belgique, Vive le roi ! »
La
princesse Marie de Croÿ n’est pas mieux traitée, arrêtée et
emprisonnée dans la même prison, condamnée à 10 ans de travaux
forcés pour avoir caché et conduit à la frontière des soldats
avec le réseau d’Édith Cavell et de Louise Thulliez, bien connu
de Louise de Bettignies.
- 13 Archives des Services patriotiques Belges, D 131/archives militaires.
- 14 Argœuvres (Hélène d’), « Louise de Bettignies, Jeanne d’Arc du Nord », Les Annales, 10 janvier 1938
Fille
d’un industriel de Lille, avec l’autorisation du général Joffre
et sous les ordres du major Britannique Cameron, Louise crée le
réseau Ramble en 1915. Elle transporte de nombreux messages
dans le nord de la France et en Belgique et les transmet à
l’Intelligence service aux Pays-Bas avec son amie Léonie
Vanhoutte.
Son
patriotisme et son attachement à la religion catholique lui
facilitent les contacts et elle recrute de nombreux agents pour
surveiller l’artillerie Allemande.
Toutes
2 arrêtées, elles bénéficient de la prison au lieu de la mort.
Transférée
en Allemagne à Siegburg, la Française meurt de tuberculose peu
avant la fin de la guerre, refusant tout travail pour les Allemands.
- 15 Decock (Pierre), Revue Belge d’histoire militaire, XXVII-3, « La Dame Blanche 1916-1918 ».
Le
réseau le moins décapité est celui de la Dame Blanche. Divisés en
bataillons, les espions se partagent la surveillance de tout le
territoire Belge de nuit comme de jour.
Il
se maintient jusqu’à la fin de la guerre, à cause de son
organisation et l’allégeance à une charte sévère et secrète.
- 16 Richer (Marthe), Ma vie d’espionne au service de la France, Éditions de France 1933. (Nom de code : (…)
Certaines
femmes ont travaillé seules comme Marthe Richer (Marthe Richard),
par dévouement à sa patrie et en honneur de son mari, tué au
front.
Décorée
de la Légion d’honneur en 1933, elle écrit ses souvenirs,
différents de ceux de la plupart des espionnes, car elle a joué
officiellement le rôle d’agent double dont elle décrit le rôle
difficile :
« Votre
mission est de faire croire à l’ennemi que vous trahissez votre
pays. Mais l’ennemi hésite… Celle qui trahit, n’est-elle pas
espionne, agent double… ? Et ceux qui vous ont envoyée
doutent.
Ainsi
l’agent secret qui sert son pays comme agent double est soumis à
une cruelle torture. »
- 17 Krop (Pascal), Les secrets de l’espionnage français, Payot, 1993, augmentée en 1995, 778 pages.
Aviatrice
en temps de paix, elle est refusée, en tant que femme, dans l’armée
de l’Air, elle est envoyée par un ami au capitaine Ladoux, portant
le nom de code de Delorme.
Il
la recrute pour partir en Espagne, séduire le chef du service de
renseignement Allemand, von Krohn, lui demandant
« d’être
espionne et femme » ! Elle voyage à Stockholm, au Maroc,
en Argentine pour des missions secrètes Allemandes et rapporte des
renseignements aux services Français sur les rebelles Marocains, sur
l’expédition de la viande d’Argentine en Allemagne.
À
Madrid, elle découvre les projets Allemands de la guerre totale
sous-marine, renseignement de la plus haute importance pour les
alliés.
En 1917,
la Chambre des députés s’inquiète des affaires d’espionnage
Allemand sur le territoire et une nouvelle loi est proposée
« tendant
à fortifier et assurer la répression de l’espionnage étranger en
France et dans les colonies ».
- Archives de la police de Paris, PP série BA1 Chambre des députés, Session de 1917, proposition de loi (...)
L’explication
est fournie par le rapporteur de la Commission qui évoque les
manques de coordination entre les différents services et la
suppression de celui du gouverneur militaire de Paris.
Celui-ci
est souvent moqué dans ses choix d’espionnes, comme l’artiste
Mistinguett connue de tous et peu crédible.
Le
rapport du député affirme la nécessité d’unifier les services
et de revenir au commandement unique du ministère de la Guerre :
« La
première mesure radicale et efficace est dans l’unité d’action
dans la poursuite [de l’espion] afin d’assurer la promptitude et
l’efficacité de la répression, c’est-à-dire le dessaisissement
du ministère de l’Intérieur de tous les faits d’espionnage et
dans leur rattachement aux ministères de la Guerre et de la Marine
et aux tribunaux militaires ou maritimes. (…).
Car
il est incontestable et les scandales du jour établissent
surabondamment que pour tous ces malfaiteurs, l’action du ministère
de l’Intérieur aussi bien que celle de la Sûreté générale
s’est vue à chaque instant arrêtée ou paralysée, par des
calculs d’intérêts de leurs amis ou par l’influence de louches
politiciens, jointes aux lenteurs ou aux complications d’une
procédure inutile. Bien mieux, n’a-t-on pas vu le 2e bureau
de l’État-Major Général du gouvernement militaire de Paris
contrecarré à chaque instant dans ses opérations et finalement
supprimé un beau jour par un ordre supérieur, pour avoir voulu
mettre un terme aux manœuvres de trahison de certains malfaiteurs de
haut vol ? » 18
- 19 Pierrefeu (Jean de), GQG Secteur 1, tome 2, Édition française illustrée, 1920, 249 pages.
Le
général de Barescut, en 1917, constate par lui-même la
concurrence des services qu’il est chargé de diriger et en fait la
critique :
« Le
particularisme des bureaux, la supériorité du 3e sur le 2e ou
le 1er ? Des blagues. Tout le monde travaille, tout le monde
fait ce qu’il peut, je ne vois que ça ! »
- 20 Olivier Lahaie donne, dans sa thèse, une liste de noms indiqués dans le fonds « Moscou » du Service (...)
Jusqu’en 1919,
la police Française des frontières est active, les rapports du
colonel Pageot sur les suspects en Suisse abondent et transitent par
les services de l’ambassade Française à destination du ministère
de la Guerre.
Ce
travail permet d’arrêter plusieurs espions, dont des femmes
Françaises, artistes en mal d’embauche, ouvrières ou couturières
éblouies par la générosité de leurs amants étrangers,
Autrichiennes ou Allemandes, souvent logées à proximité de la
frontière Suisse ou à Paris. La liste de ces espions à la solde
des Allemands n’est pas exhaustive, parce qu’incomplète, mais on
peut y relever des noms et les condamnations qui ont suivi.
L’arrestation
d’un certain nombre d’espionnes ou d’espions travaillant pour
les Allemands, n’entraîne pas les mêmes condamnations.
Certaines
espionnes ne comprennent pas l’importance de leur rôle
« puisqu’elles n’ont tué personne ».
Elles
oublient le nombre de soldats alliés tués à cause de leurs
renseignements. Elles sont arrêtées pour des motifs divers,
renseignements militaires, importance des usines de la Défense, port
d’armes ou d’explosifs, informations sur l’état du moral des
Français, propagande par le biais de distribution de journaux
pro-Allemands, comme « La Gazette des Ardennes » éditée
en Belgique.
Certaines
espionnes appartiennent à des réseaux avec un nom de code comme
Félicie Pfaadt, agent R 17.
Le
docteur Schragmüller dirige le recrutement et la formation des
espions Allemands à Anvers.
Décrite
par le commandant Ladoux et par le commandant Massard, sans avoir été
rencontrée, une véritable légende naît au sujet du pouvoir de
cette femme. C’est elle qui recrute Mata Hari à qui elle donne le
nom de code H 21, mais elle est rapidement déçue des résultats
et en prévient ses chefs.
- 21 Massard (Émile), Les espionnes à Paris, Albin Michel, 1922.
Les
peines prévues pour punir l’espionnage ennemi dépendent de
l’importance des renseignements livrés, de leur fréquence et des
conséquences sur la situation militaire.
La
première à être fusillée à Vincennes à La Caponnière, le
10 janvier 1917, est Marguerite Francillard, dont le
commandant Massard raconte l’arrestation et la mort.
Antoinette
Tichelly, recrutée par les Allemands en 1915 pour donner des
renseignements militaires, puis envoyée comme ouvrière dans une
usine de la Défense nationale où elle est au cœur de la
fabrication d’explosifs, le 5 mars 1917, elle est
fusillée à Vincennes en criant son innocence.
Certaines
se suicident avant d’être arrêtées comme la femme Bœglé.
Parfois,
elles agissent en couple ou avec plusieurs espions, comme la femme
Aubert et ses amis, condamnés à mort... Sa peine est commuée en
travaux forcés à perpétuité.
L’ancienne
chanteuse Jeanne Drouin, amie de Mata Hari et de l’espion Grec
Cacoyannis, est condamnée à 15 ans de travaux forcés.
Les
arrestations d’espions resteront en vigueur jusqu’en 1919.
Yvonne
Schadeck et Anna Garnier ayant transmis des renseignements militaires
seront enfermées à Rennes jusqu’après la guerre.
- 22 Lectures pour tous, 7 novembre 1914, remplaçant celui du 15 septembre 1914, L’espionnage dévoilé.
De
nombreuses erreurs en 1914, un manque de concertation, des fonds
insuffisants, la méfiance des Français vis-à-vis de l’espionnage,
ne facilitent pas le travail des services secrets.
Le
7 novembre 1914, la revue Lectures pour tous marque bien, à
la suite de la bataille de la Marne, les difficultés de la France à
utiliser cette « arme » : « C’est l’honneur
du caractère Français qu’il répugne de toutes ses forces à
l’emploi de la traîtrise et de la perfidie. N’oublions pas
toutefois à quelques terribles mécomptes nous exposent notre
confiance excessive et notre crédulité vis-à-vis des étrangers
installés chez nous pour y accomplir de louches besognes ! »
Les
services secrets ont pourtant joué un rôle important dans
l’élaboration de la stratégie des alliés et dans la protection
de leurs pays.
Tous
les belligérants ont utilisé des espions sans toujours les
respecter, ni les récompenser des risques encourus :
Pensions,
décorations, célébrations n’ont pas récompensé tous les
espions.
La
Belgique a tenu à élever des monuments en leur honneur.
Londres
possède une statue d’Édith Cavell, érigée également à Paris,
au Trocadéro et enlevée par les Allemands en 1940.
Peut-on
dire que : « Sans l’espionnage, la victoire est
impossible ? »
Sans
doute, puisque beaucoup de « sans nom » ont eu le
courage, bien que fichés par la Gestapo, de reprendre du service
dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale.
Tsingtao:
la bataille de la Première guerre ... - AFP.com
www.afp.com/.../tsingtao-la-bataille-de-la-premiere-guerre-mondiale-qui...
6
nov. 2014 - 7 novembre 1914: la garnison allemande de Tsingtao, sur
la côte ... (aujourd'hui Qingdao), bataille méconnue de la Grande
guerre, n'a fait que …
Espionnage
et espionnes de la Grande Guerre
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de
C Antier - 2007 - Cité 1 fois - Autres articles
L'espionnage,
sujet controversé pendant la Grande Guerre, a eu un succès ... Le 7
novembre 1914, la revue Lectures pour tous marque bien, à la suite
de la ...
Novembre
1914 - La Vie en Lorraine (1/3) - blamont.info
www.blamont.info/textes866.html
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à la rubrique des textes concernant 1914-1918 ... La Grande guerre.
La Vie en Lorraine ..... Le communiqué officiel du 2 novembre, 23
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Novembre
1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/nov141.html
Lundi
2 novembre. Les Allemands continuant leurs attaques autour d'Ypres
ont été partout repoussés par nos troupes. Ils n'ont pas été
plus heureux dans la ...
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