jeudi 20 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 7 NOVEMBRE 1914

 7 NOVEMBRE 1914


I)
C'est surtout autour d'Arras que l'ennemi porte actuellement ses efforts. Il semble au surplus, qu'il modifie une fois de plus son plan d'attaque et aussi la composition de ses effectifs.
Un convoi a été détruit par notre artillerie au nord de la forêt de Laigle. Vive action à la baïonnette, victorieuse pour nous, dans l'Argonne.

Le généralissime Russe, le grand-duc Nicolas, signale dans 2 dépêches au général Joffre et à lord Kitchener, leur victoire, remportée en Galicie par ses troupes. Jaroslaw a été reprise par celles-ci qui ont fait plusieurs milliers de prisonniers.

Les forces Russes du Caucase ont brisé une contre-attaque Turque.
Elles marchent en 2 corps sur Van et Erzeroum, deux des places importantes de l'Arménie.

Les universités Françaises adressent aux universités des pays neutres une série de questions d'où se déduit la responsabilité écrasante du gouvernement Allemand dans tous les méfaits commis par les envahisseurs Teutons en Belgique et en France. Cet appel se termine en ces termes :
«  Comme les armées alliées, les universités Françaises défendent pour leur part, la liberté du monde. »
Rien n'est encore venu confirmer la nouvelle de la victoire navale Allemande dans le Pacifique, victoire annoncée jusqu'ici par les seuls Allemands. Par contre, il est avéré que le York, le croiseur germanique qui a coulé devant Wilhelmshaven, a été détruit par un sous-marin Anglais.

II)
Bordeaux, 7 novembre, 16h
A notre aile gauche :
Calme relatif sur l'Yser, en aval de Dixmude. Les troupes Belges, qui se sont portées, par la rive droite de l'Yser, de Nieuport sur Lombartzyde, et ont été contre-attaquées par les Allemands, mais ils ont pu être soutenues en temps utile, la situation est entièrement rétablie de ce côté.

A Dixmude, nos fusiliers marins ont repoussé une nouvelle contre-offensive.
Plus au sud, des attaques ennemies, autour de Bixchoote, ont été également refoulées par les troupes Françaises, qui ont ensuite progressé...
A l'est d'Ypres, la situation est sans changement.
Au sud-est de cette ville, nous avons repris l'offensive, en liaison avec les troupes Britanniques qui opèrent de ce côté et refoulé une attaque, particulièrement violente, prononcée par des éléments appartenant aux corps d'armée actifs, que les Allemands ont récemment amenés dans cette région.
Entre Armentières et le canal de La Bassée et Arras, comme entre Arras et l'Oise, plusieurs contre-attaques ennemies, de nuit et de jour, ont été arrêtées. Nous avons fait de légers progrès dans la région de Vermelles et au sud d'Aix-Noulette.

Au centre
Dans la région de Vailly, nous avons continué, dans la journée d'hier, à reprendre le terrain précédemment perdu.
Dans l'Argonne, de nouvelles attaques ennemies ont été repoussées et, en fin de journée, nos troupes ont marqué des progrès sur plusieurs points.
Au nord-est de Verdun, nous nous sommes emparés des villages de Maucourt et Mogeville.
Dans la région boisée des Hauts-de-Meuse, au sud-est de Verdun, et dans la forêt d'Apremont, au sud-est de Saint-Mihiel, les offensives ennemies ont échoué. Quelques tranchées ont été enlevées par nous dans le voisinage de Saint-Remy.

A notre aile droite
Les attaques des Allemands sur les avancées du Grand-Couronné de Nancy ont abouti à des pertes sensibles pour l'ennemi.
Dans les Vosges, un coup de main, tenté par lui, contre les hauteurs qui dominent le col de Sainte-Marie a complètement échoué.

Tokio (officiel), 7 novembre.
Tsing-Tao a capitulé... Avant la capitulation, deux compagnies du génie se sont emparé, à minuit, du fort central de la ligne de défense principale, faisant 200 prisonniers.

III)
Le danger des obus
Lunéville, un obus de 75, non éclaté, est trouvé, il y a quelques jours, dans les dépendances de l'usine de Chaufontaine par M. Conrad, ajusteur, et des artilleurs arrivent bientôt pour le faire éclater, après avoir pris toutes les précautions d'usage. Malheureusement, les artilleurs ne peuvent pas prévenir une dame Martin, que leur cache un repli du terrain, et celle-ci est grièvement blessée au bras par un éclat.
Mme Martin, qui est mère de 2 enfants, a été transportée à l'hôpital de Lunéville. Son mari est mobilisé...

IV)
Nancy :
Les stratèges civils qui, s'occupant volontiers des choses militaires, prennent leurs fantaisies pour des plans immédiatement réalisables, et aussi les bons citoyens qui n'ont aucune prétention, et qui s'inclinent sans peine devant les nécessités de l'heure présente ne trouveront dans le communiqué d'aujourd'hui guère d'aliment à une conversation bien mouvementée.

Il est de fait que nous en sommes aujourd'hui à peu près au point où nous étions il y a une semaine.
C'est toujours la ligne Nieuport - Dixmude Labassée - Arras - Chaulnes – Soissons – Berry-au-Bac-la Woëvre, et ainsi de suite jusqu'en Alsace.
Cela n'a pas beaucoup changé, si on a bonne mémoire, ou presque pas, depuis un mois.
Mais que nous a-t-on toujours dit, et que demandons-nous d'ailleurs, quand nous réfléchissons ? On nous a toujours dit, et nous comprenons qu'il faut tenir.
Nous tenons. A quoi bon chercher autre chose ?
Ce n'est pas l'armée des alliés qui a entrepris l'offensive. C'est l'armée Allemande. Nous n'avançons guère, c'est la vérité, mais nos ennemis n'avancent pas davantage.
Les Prussiens s'épuisent en efforts qu'ils ne peuvent prolonger indéfiniment. Nous résistons à ces efforts, et nous résistons sans nous fatiguer, avec l'assurance que les difficultés auxquelles se heurtent les Barbares s'accroissent chaque jour, tandis que nos ressources augmentent.

Un conseil aux impatients.
Puisque les nouvelles du jour ne leur donnent pas suffisamment de vigoureuse foi, qu'ils pensent à tout ce qui a été fait depuis 3 mois.
Les Allemands étaient tout près de Paris... On les en a éloignés.
Ils étaient sur la Marne... Ils sont de l'autre côté de l'Aisne.
En septembre, ils achetaient tous les gants blancs disponibles dans les magasins de Lunéville pour faire une entrée triomphale à Nancy... Ils ne sont pas entrés à Nancy et sont sortis de Lunéville.
Ils avaient des troupes actives admirablement entraînées, et vibrantes d'espoir.
Les troupes actives sont en grande partie fondues, et remplacées par des troupes de la réserve sans entrain et prêtes au découragement.
Ils avaient un plan d'ensemble en lequel ils mettaient leur confiance... Leur plan est brisé en morceaux, ils ne procèdent plus que par attaques entêtées mais partielles.
Ils marchaient dans un rêve de conquête, et il semblait que rien ne s'opposerait à leur invasion... Ils ont été arrêtés, ont reculé, et sont maintenant sur leur recul.
LES PROVINCES MARTYRES PAR SOLOMKO

Puisque les nouvelles du jour n'apportent rien de particulièrement nouveau, contentons-nous donc de ce qu'ont fait les armées alliées jusqu'à maintenant. Cela vaut la peine qu'on se le rappelle.
Et puis, si les résultats apparents ne sont pas les mêmes, je suis persuadé que la besogne d'aujourd'hui est aussi profitable que celle d'hier.
En tout cas je suis certain que les pages de notre histoire d'aujourd'hui sont aussi glorieuses que les pages de notre histoire d'hier.
Attendons.
Le général Joffre dit au tsar, - et c'est un homme qui ne parle pas beaucoup :
- Notre situation est bonne, et nos efforts combinés amèneront bientôt, j'espère, le succès final.
René Mercier

V)
Journal de marche du 36e RI dans le Pays Rémois
Vers 18h, un roulement de voiture est signalé. Un convoi important ou de l’artillerie passe sur le pont du champ de courses se dirigeant vers Courcy. Entente immédiate entre la Verrerie, l’artillerie de 3 fontaines le 120 de Saint-Thierry.
Le 11e tire le premier. Les voitures semblent arriver à l’entrée de Courcy. Au 3e ou 4e coup, arrêt immédiat du convoi. Les obus tombent juste. À partir de ce moment on n’entend plus que le bruit de voitures isolées. Le 120 à son tour tire sur Courcy et le port de la Verrerie. Vers 20h30 l’ennemi amène deux batteries de campagne à la coupure où sont leurs tranchées. Pendant une heure les pièces envoient des schrapnels sur la Verrerie, le port et les environs. Aucun autre incident.

VI)
1914-1918 : Pour les Japonais, une guerre secondaire voire « plaisante »
Tsingtao en 1914. le Japon a vécu la Grande Guerre aux côtés des Alliés et se retrouve en position favorable lors de la rencontre internationale. « Cinquante ans après  avoir été soumis aux traités inégaux, écrit Frederick R. Dickinson dans War and National Reinvention (Harvard University Asia Center, 1999), les délégués Nippons siègent à la table des négociations comme l’un des 5 grands vainqueurs de la première guerre mondiale. »

VII)
Nous quittons les tranchées de la cote 263 à 7h30, après 33 jours passés sans voir ni habitations ni habitants. Tout le régiment est relevé et va au repos à l’arrière.
Nous passons à la Pierre-Croisée, à la Maison Forestière du Four-les-Moines, et nous arrivons au Claon à 11h. Je cantonne avec ma section dans une grande grange à la sortie du village, route du Neufour. Revue d’armes à 16h. Nettoyage des effets...

VIII)
Japon :
Capitulation Allemande à Tsing Tao. La nouvelle provoque une forte émotion en Prusse où la colonie est considérée comme un « établissement modèle de la culture Allemande ».

France :
Remise de la médaille militaire au sergent Maginot, député de la Meuse, pour sa belle conduite dans le secteur de Verdun.

Pas-de-Calais :
Attaques Allemandes sur Cambrin et Aix-Noulette, toutes deux repoussées par les armées alliées.

IX)
La bataille fait rage sur tout le front, de l’Alsace à la Mer du Nord, Le Figaro publie le communiqué officiel, qui met en relief exclusivement les échecs ennemis :

En Belgique, d’après le communiqué officiel Anglais « les attaques de l'ennemi ont perdu de leur vigueur. Nous le refoulons lentement, mais de façon continue. Notre avance la plus marquée s'est produite au nord de Dixmude et vers Ghewelde, mais l'atmosphère brumeuse contrarie les opérations.

En Galicie, les Autrichiens ont abandonné dans leur retraite un grand nombre de cholériques à Jaroslav, à Przevorska et dans les villages sur le San.
Les Russes avancent sur Cracovie.

On télégraphie de Mitylène que 2 contre-torpilleurs Anglais ont canonné et détruit les stations télégraphiques de Sarmaissak et d'Ayemat, sur les côtes d'Asie Mineure, et bombardé le port de Moschenissia, qui a été évacué par sa garnison Turque.

Les forts de Koum-Kalé et de Sedd-ul-Bahr ont été détruits par le feu des escadres Franco-Anglaises qui ont bombardé les Dardanelles.

Les Japonais font 2 300 prisonniers à Tsing-Tao.

En Afriques du Sud, les forces de l’Union sont défaites par les rebelles de De Wet à Doornberg.

Le Figaro publie ce jour, un télégramme du correspondant du « Daily Mail », à Dunkerque,
« Les Allemands sont en retraite au nord de la Belgique. Dunkerque se sent à l'abri, Calais et aussi toutes les petites villes et les villages des environs. Il faut avoir vécu ici depuis quelques semaines pour comprendre le soulagement que tous ressentent maintenant. »

Le correspondant du journal « Le Temps » d'Arras écrit :
« L'œuvre de destruction d'Arras continue.
Les maisons effondrées ne se comptent plus.
L'école normale des filles est en feu.
7 maisons de la rue du Temple, face à l'école normale, sont incendiées.
5 personnes ont été tuées chez elles par un obus.
La cathédrale, les écoles académiques sont de nouveau fortement endommagées.
Un Taube a été descendu au-dessus Arras par 2 aviateurs Français, aux applaudissements de quelques rares Atrébates encore en ville. On a compté à Arras pendant le bombardement jusqu'à 82 obus par minute, soit 4,900 à l'heure. »

Les Allemands se sont bien préparés à la guerre, nous pouvons lire dans le Temps cet article, au milieu des dépêches des correspondants.
« Les pastilles incendiaires des Allemands : La guerre sauvage qui nous est faite a été préparée dans ses moindres détails, les destructions et les incendies avaient été prémédités. La preuve en est dans ces pastilles incendiaires dont les soldats Allemands sont munis. Ces pastilles, jetées à poignées dans un foyer, donnent immédiatement au feu une violence à laquelle rien ne résiste.
Les pastilles trouvées sur des prisonniers sont analysées avec soin, l'examen sommaire de celles qui nous ont été apportées nous fait croire qu'elles sont un mélange de poudres d'aluminium et d'oxyde de fer dans un ciment qui pourrai être du collodion. »

X)
La garnison Allemande de Tsingtao, sur la côte Chinoise, capitule devant l'armée Japonaise. 100 ans après, l'unique bataille de la Première guerre mondiale en Asie Orientale continue de nourrir la tenace animosité entre Pékin et Tokyo.
Loin des tranchées, le siège de Tsingtao (aujourd'hui Qingdao), bataille méconnue de la Grande guerre, n'a fait que quelques centaines de morts -- peu par rapport au carnage en Europe.

Mais l’événement témoigne de l'impuissance de la jeune République Chinoise, née en 1911, devant les affrontements étrangers sur son sol.
Cet événement aura d'importantes répercussions :
l'Allemagne perd un territoire stratégique de son empire au profit du Japon, qui conforte ainsi ses visées expansionnistes en Asie.
La nouvelle donne contribue puissamment au sursaut de la conscience nationale Chinoise.

[L'anniversaire du siège de Tsingtao intervient alors que le Premier ministre Japonais Shinzo Abe est attendu à Pékin à l'occasion du forum annuel de l'Apec, réunissant les dirigeants de l'Asie-Pacifique].(2014)

« C'est une petite bataille, relativement oubliée, mais extrêmement emblématique de la manière dont des puissances étrangères s'arrachent des territoires Chinois sans se soucier de la Chine », a souligné l'historien Britannique Jonathan Fenby, dans une récente conférence à Pékin.

Surtout, le siège de Tsingtao va intensifier l'hostilité des relations entre Pékin et Tokyo, a-t-il indiqué.

- Villas, bière et base navale -
Lorsque la guerre éclate à l'été 1914, la Chine connaît déjà une période de graves troubles après l'effondrement de la dynastie impériale Qing. Des parties du pays (ports ouverts et concessions) sont sous le contrôle de puissances occidentales.

Ayant rejoint tardivement les aventures coloniales, l'Allemagne a obtenu en 1897 Tsingtao, port sur la mer Jaune dans l'est de la Chine, dont elle fait l'une de ses bases navales dans l'Asie-Pacifique (à côté de la Nouvelle-Guinée et des îles Samoa et Marshall).
Villas de pierres grises et bâtiments d'architecture Germanique sur des collines plantées de pin dominent toujours la vieille ville de Qingdao (connue mondialement pour sa bière de marque « Tsingtao », autre héritage légué par les Allemands.

A la même époque, le Japon est une puissance en pleine modernisation, confortée par ses victoires militaires éclatantes sur la Russie tsariste et la Chine impériale.

Appelé à soutenir le Royaume-Uni, son allié, le Japon lance rapidement ses troupes, appuyées de navires Britanniques, à l'attaque de Tsingtao.

Les hostilités débutent fin août, mais le siège ne commence que le 31 octobre : 8 jours plus tard, les militaires Allemands hissent le drapeau blanc, et les autorités Japonaises s'installent dans la ville.

Un souvenir cuisant pour la Chine : « A l'époque, les Japonais sont prêts à nous chercher querelle, tout comme Shinzo Abe » - l'actuel Premier ministre Japonais, accusé par Pékin de glorifier le « passé militariste » de son pays, s'indigne un vieil homme dans un parc de Qingdao.

Le transfert de pouvoir sera entériné en 1919 par le Traité de Versailles, qui, en donnant aux Japonais un contrôle élargi sur la péninsule du Shandong, où se trouve Qingdao, scandalise la Chine et jette dans la rue une jeunesse indignée.
« Humiliation nationale »

L'occupation « Japonaise (1937-1945) renforce le sentiment d'humiliation en Chine, et ce lourd passif n'a cessé d'envenimer depuis les relations avec le Japon, accusé par Pékin de ne pas assumer « son passé d'agression ».
Noriyuki Nakama, homme d'affaires Japonais en visite à Qingdao, pense qu'il faut remettre en contexte le siège de 1914 :
« Le Japon a peur du colonialisme occidental, cela l'a poussé à vouloir accroître sa puissance et s'étendre (...) c'est sans doute difficilement évitable ».

[Aujourd'hui, aucune rencontre formelle entre le Premier ministre Nippon et le président Chinois Xi Jinping n'est attendue à Pékin : la Chine « jouera son rôle pour recevoir tous ses hôtes » à l'Apec, mais le Japon « doit se confronter aux problèmes existants » et « faire preuve de sincérité », a insisté le ministre Chinois des Affaires étrangères Wang Yi].

Dans un parc de Qingdao, une inscription indique en grands caractères: « N'oubliez jamais l'humiliation nationale » (dans la ligne des slogans patriotiques et volontiers anti-Nippons du Parti communiste).

« Tous les Chinois savent parfaitement que les relations Sino-Japonaises sont exécrables », commente Zhu Yuhua, un expert culturel rencontré au musée de Qingdao dédié à 1914. « C'est une évidence ».

XI)
Dans les années 1930, une abondante littérature paraît sur la Grande Guerre et sur un sujet peu connu, les services secrets et les espions...
Souvenirs, romans, films plus ou moins véridiques font découvrir la part prise pendant la guerre par ces hommes et ces femmes de l’ombre, aux actions méconnues ou parfois légendaires.
La plupart sont oubliés de nos jours mais la vie d’une espionne reste dans la mémoire des Français, celle de Mata Hari dont le passé artistique et sulfureux enchante la Belle Époque.
Devenue l'agent double H 21 par amour de l’argent, elle est fusillée à Vincennes le 15 octobre 1917 dans une atmosphère empoisonnée par « l’espionnite », en raison de la situation trouble d’une guerre qui n’en finit pas.
La même année, plusieurs espionnes seront fusillées en France et ceci jusqu’en 1919, le contre-espionnage devenant plus performant.

L’histoire de la Néerlandaise Mata Hari, remise à jour actuellement grâce aux documents d’archives a entraîné une demande de réhabilitation par quelques historiens.
Elle ne doit pas faire oublier tous ceux qui, dans les départements Français envahis, en Belgique, dans les places cosmopolites d’Espagne, de Suisse, des Pays-Bas ou en Allemagne, ont travaillé dans l’ombre au service de la France et des alliés.
Le nombre de femmes augmente... Sans uniformes, les espionnes ne sont pas traitées comme des soldats, mais comme des traîtres. Arrêtées, elles sont traduites en Conseil de guerre et nombre d’entre elles sont jugées, condamnées à mort, à la prison ou aux travaux forcés.
Ceux et celles qui ont pu échapper à l’arrestation ont connu l’angoisse pour eux et leurs proches, d’autant plus que les lois des différents belligérants contre l’espionnage se durcissent au cours de la guerre, comme le signale l’article 76 du Code de justice militaire :
« Seront punis de mort : tout Français qui aura livré ou communiqué à l’ennemi ou à toute personne agissant dans l’intérêt de l’ennemi, des objets, plans, écrits, documents, ou renseignements dont le secret intéresse la défense du territoire et dépendances, ou la sûreté de l’État. »
  • 3 Ladoux (Georges), Chasseurs d’espions, Éditions du Masque, 1932, p. 252.
Pour recruter des espions, obtenir des renseignements, les analyser, surveiller les suspects, mettre en place le contre-espionnage, le Grand Quartier général (GQG), malgré quelques réticences après l’Affaire Dreyfus, réorganise les services et différencie leurs activités. Celles-ci se multiplient au cours de la guerre et sont revendiquées par différentes autorités militaires ou civiles, ce qui ne facilite pas l’utilisation rapide des renseignements.

Les services de renseignements utilisent des espions qui travaillent directement sur le terrain comme agents fixes ou comme agents mobiles en relation avec des antennes en France, dans les pays amis, neutres ou en Allemagne. Les informations militaires et civiles recueillies servent à l’élaboration de la stratégie des états-majors.
  • 4 Lahaie (Olivier), Les Renseignements et les Services de renseignements en France pendant la guerre (...)

Les services de renseignements Français ont pris du retard et ne sont pas encore à leur meilleur niveau en août 1914. Après la bataille de la Marne, le Grand Quartier Général, sur ordre du général Joffre crée le 2e bureau du service de renseignement (SR) qui existe en parallèle avec le 2e bureau de l’EMA (état-major des armées), il s’adjoint plus tard un 5e bureau.
Coexistent avec ces services, ceux de la Sûreté générale, du ministère de l’Intérieur et de la préfecture de Police de Paris.
Cette abondance de services souvent cloisonnés, leur sera reprochée à l’occasion de l’envoi tardif des renseignements portant sur les effectifs militaires Allemands à Verdun et pour le Chemin des Dames.

LES RÉFUGIÉS SUR LA ROUTE DE L'EXODE
Plusieurs centres de renseignements fonctionnent :
Paris, pour l’espionnage et le contre-espionnage,
Folkestone, pour le recrutement d’espions du nord de la France et des passagers sur les navires,
Belfort, pour la surveillance et le recrutement d’espions parmi les réfugiés Alsaciens et la population cosmopolite implantée à Genève avec le colonel Porchet et la police des frontières, les Pays-Bas, avec les villes de Flessingue et Maastricht sous la direction du général Boulabeille.
Quelques responsables de l’espionnage
  • 5 Pierrefeu (Jean de), GQG Secteur I et Secteur  II, Édition française illustrée, 1920.

Des hommes, comme le colonel Dupont, chef du 2e bureau du GQG, le colonel Zopf, le général Valentin, ont fait beaucoup pour assurer le meilleur rendement de leurs services et en s’adaptant constamment aux situations nouvelles jusqu’en 1919.
Le capitaine puis commandant Ladoux du 5e bureau passe au 2e bureau le 9 février 1917.
Il est chargé de recruter et de diriger espions et espionnes, surveiller les agents doubles, croiser les informations, trouver des agents traitants comme Violan auprès de Marthe Richard ou le sous-lieutenant Hallaure auprès de Mata Hari.
La notoriété du capitaine Ladoux provient surtout de l’arrestation et du procès de cette dernière et des résultats obtenus parfois par des moyens illégaux.
Il doit plus tard faire face à la justice, accusé d’avoir trempé, lui aussi, dans l’affaire d’espionnage du député Turmel.
Sa carrière est compromise, mais il est finalement lavé de tout soupçon.

Il écrit de nombreux livres, dans lesquels la vérité n’est pas toujours respectée, mais il éclaire en partie les activités des services secrets, son travail auprès des espions et ses difficultés à faire admettre aux autorités militaires ou civiles l’importance des rapports transmis et analysés.
Leur scepticisme provient de l’image peu honorable des « argousins » ou des espionnes forcément « femmes de petite vertu ».
Il est vrai que les prostituées constituent un vivier d’informations important.

La collaboration avec les services alliés et surtout Britanniques qui recrutent des femmes dans tous leurs bureaux, amène le commandement Français à prendre davantage en considération les espionnes dont le nombre augmente. L’importance de leurs renseignements sur les déplacements des troupes ennemies, par route, rail ou air, leurs rencontres avec des officiers Allemands, les informations fournies grâce à leur rôle auprès des blessés, des prisonniers, des déserteurs, se révèlent de plus en plus utiles.
Malgré les progrès du décryptage, des avions de reconnaissance, des ballons d’observation, de la TSF, l’encre sympathique de plus en plus sophistiquée continue à être utilisée pour écrire le courrier secret.
Mata Hari reconnaît lors de son procès avoir jeté à la mer le flacon d’encre remis par les Allemands.

Les alliés Français, Anglais et Belges unissent leurs efforts pour surveiller les frontières et recruter des espions particulièrement en Belgique et dans le nord de la France, territoires envahis sous autorité militaire Allemande.
Les services de renseignement Britanniques sont nombreux comme en France. Le GQG est en concurrence avec les services secrets du ministère de la Guerre, le War Office, de qui dépend l’Intelligence service créé en 1909, lors de la guerre des Bœrs. L’Amirauté possède également ses propres sections d’informations à Folkestone.
  • 6 Ypersele (Laurence van), Debruyne (Emmanuel), en collaboration avec Claisse (Stéphanie)

Le 22 novembre 1914, la conférence interalliée de Furnes décide de mettre en place un bureau de renseignements communs à Folkestone, port situé près de Douvres.
Il accueille tous les ferries et navires des pays neutres, surchargés de réfugiés et de passagers de toute origine, aux motivations très diverses, ce qui permet un contrôle et un recrutement fructueux pour les services secrets.
LE PORT DE ROTTERDAM

La section Française est dirigée par le commandant Wallner puis par le commandant Béliard, la section Britannique, par le général Cockerill remplacé par le capitaine Cameron, enfin la section Belge est commandée par le capitaine-commandant Mage.
L’entente ne règne pas entre les alliés, chacun essaie de mettre espions et réseaux sous sa propre autorité.
Si les services Français ont quelque retard en 1914, la Belgique, en pleine restauration de son armée à la veille de la guerre, ne peut faire concurrence. Elle travaille cependant avec ses alliés et fournit de nombreux espions, 6 000 à 7 000 personnes en comptant le nord de la France.

Les Pays-Bas, neutres, tout en gardant des relations économiques et diplomatiques avec l’Allemagne, ne peuvent refuser la présence de 2 bases importantes pour l’espionnage en Belgique, à Flessingue et à Maastricht, ce qui favorise leur commerce avec les alliés.

En septembre 1915, Rotterdam devient un nouveau centre de renseignement, en raison de l’installation par les Allemands d’une barrière électrifiée entre la Belgique et les Pays-Bas, rendant le passage de frontière plus difficile.

Plusieurs hommes et femmes y perdront la vie. De plus, les progrès et le développement du contre-espionnage Allemand, sous la direction du colonel Nicolaï, déciment de nombreux réseaux et assurent un plus grand recrutement à partir de 1916.

Les services secrets Britanniques et Français ont utilisé leurs espions dans des domaines différents, militaires, stratégiques, économiques, dans leur propre pays ou à l’étranger.

Les espionnes ne fournissent pas le même travail comme le prouvent les récits de leurs souvenirs ou de ceux qui ont écrit pour elles après leur mort.
Leur recrutement, leurs motivations, les formes de leur travail, leurs contacts, l’importance de leur rôle, seules ou en réseaux, la reconnaissance de leur action diffèrent souvent.
Issues de familles riches ou de grandes familles catholiques, les jeunes femmes Belges parlent l’allemand.
La Croix-Rouge leur permet très vite de travailler comme infirmières, d’organiser des contacts et la distribution de courriers entre soldats du front et familles réfugiées ou vivant dans les territoires occupés.
Cette action est soutenue par le roi Albert Ier dans l’association du Mot du Soldat.
Ces femmes sont ainsi à même de recueillir de nombreux renseignements auprès des blessés Allemands mais aussi Français et Belges et auprès de la population.
Celles qui sont recrutées par un service secret Français ou Britannique, sont envoyées à Londres ou à Folkestone pour un stage de formation rapide de 8 à 10 jours, pour apprendre les rudiments du métier et recruter de nouveaux membres.

Mais d’autres femmes, en Belgique, de milieux simples et travaillant en famille se relaient pour surveiller 24h sur 24, tous les mouvements des troupes Allemandes par air et par terre, apprenant à remplir des fiches d’une grande précision, emportées aux Pays-Bas par des passeurs agréés par les services Français ou Britanniques.
  • Le Jeun (Françoise) (dir.), Paroles de femmes dans la Guerre 14-18, université de Nantes, 2005, CRI (...)

Les motifs des espions varient, mais les récits marquent tous l’amour de la patrie, souvent le dévouement dû à la religion, également la haine de l’Allemand qui les opprime. L’appât du gain joue aussi, les services secrets paient 40 à 50 francs par mois les observateurs et 5 francs par courrier transmis.
Espionnes ou agents secrets
  • 8 Mc Kenna (Marthe), Comment on devient espion, Payot, 1935, 219 pages.

Toutes sont conscientes de participer à la guerre à l’égal du soldat, leur ville et leur pays devenant un champ de bataille non délimité et très dangereux. Elles refusent le nom d’espionne pour celui d’agent secret et réclament fréquemment d’être incorporées dans l’armée pour avoir un statut militaire et donc reconnu. L’espionne Anglaise, Marthe Mc Kenna souligne la difficulté à faire reconnaître son statut :
« J’étais un Agent du Service secret, pas une ridicule jeune fille ! » 
  • 9 Proctor (Tammy), Female Intelligence women and espionagein the First WorldWar, NY University Press, (...)

L’historienne Américaine Tammy Proctor insiste sur l’appartenance des femmes à une armée d’ombres en usant du terme « nameless ».
Les espions bien conscients de ce travail souterrain créent à la fin de la guerre, l’association des Invisibles pour perpétuer le souvenir de leur rôle.

L’engagement des espionnes est différent selon les services alliés, qui les emploient : depuis l’infirmière Anglaise, Edith Cavell, les réseaux auxquels 30 % de femmes participent en Belgique, l’agent double Français, isolée dans son action, comme Marthe Richard.
Edith Cavell
  • 10 Lecture pour tous, 1915, « Le Livre d’or de la bravoure féminine ».
  • 11 Darrow (Margaret), Les femmes dans la Grande Guerre. Histoires de guerre de l’Arrière, paru aux Édi (...)

Édith Cavell, infirmière Anglaise, à la tête d’un hôpital de la Croix-Rouge à Bruxelles, fusillée avec ses compagnons en 1915, après un interrogatoire sévère, pour avoir fait franchir la frontière à environ 200 soldats Anglais, Belges et Français, émeut la presse et les diplomates du monde entier.
Tous s’insurgent contre cet « assassinat ».
De nombreuses revues Françaises ont souligné également l’horreur de ce geste, ce qui leur sera reproché par la presse Allemande, lors de l’exécution de Mata Hari.
La mort d’Edith Cavell sert la propagande Britannique pour encourager l’engagement volontaire des jeunes Anglais :
« À Londres et dans la plupart des grandes villes Anglaises, les agents de recrutement ont placé le portrait de Miss Cavell au milieu des affiches de guerre destinées à provoquer des engagements. » 
L’historienne Américaine Margaret H. Darrow indique qu’il n’est nulle part fait mention du rôle de résistante ou d’espionne d’Edith Cavell, mais de sa faiblesse devant la barbarie Allemande, sans doute parce que l’opinion publique juge encore les actes d’espionnage d’une femme comme contraires à la morale et au code de bonne conduite : « L’histoire de la mort de Miss Cavell transformé en meurtre, est le symbole de la souffrance de la Belgique et de la France occupées. Martyr, on oublie qu’elle est une espionne. »

À côté de Miss Cavell, plus de 300 réseaux regroupent des espions en Belgique, après les arrestations, ils se reconstituent rapidement, étendant une véritable toile d’araignée sur tout le pays.
  • Thuliez (Louise), « Récit d’une compagne de Miss Cavell », Revue des deux mondes, avril 1919, et Cr (…)
Gabrielle Petit, alias mademoiselle Legrand, fusillée le 1er avril 1916, fait partie du réseau de son employeur Van Tichelen, commerçant international en céréales .
Elle reste une héroïne nationale pour son courage devant la mort après avoir refusé de trahir ses amis, en criant :
« Je leur montrerai qu’une femme Belge sait comment mourir.  Vive la Belgique, Vive le roi ! »
La princesse Marie de Croÿ n’est pas mieux traitée, arrêtée et emprisonnée dans la même prison, condamnée à 10 ans de travaux forcés pour avoir caché et conduit à la frontière des soldats avec le réseau d’Édith Cavell et de Louise Thulliez, bien connu de Louise de Bettignies.
  • 13 Archives des Services patriotiques Belges, D 131/archives militaires.
  • 14 Argœuvres (Hélène d’), « Louise de Bettignies, Jeanne d’Arc du Nord », Les Annales, 10 janvier 1938
Fille d’un industriel de Lille, avec l’autorisation du général Joffre et sous les ordres du major Britannique Cameron, Louise crée le réseau Ramble en 1915. Elle transporte de nombreux messages dans le nord de la France et en Belgique et les transmet à l’Intelligence service aux Pays-Bas avec son amie Léonie Vanhoutte.
Son patriotisme et son attachement à la religion catholique lui facilitent les contacts et elle recrute de nombreux agents pour surveiller l’artillerie Allemande.
Toutes 2 arrêtées, elles bénéficient de la prison au lieu de la mort.
Transférée en Allemagne à Siegburg, la Française meurt de tuberculose peu avant la fin de la guerre, refusant tout travail pour les Allemands.
  • 15 Decock (Pierre), Revue Belge d’histoire militaire, XXVII-3, « La Dame Blanche 1916-1918 ».

Le réseau le moins décapité est celui de la Dame Blanche. Divisés en bataillons, les espions se partagent la surveillance de tout le territoire Belge de nuit comme de jour.
Il se maintient jusqu’à la fin de la guerre, à cause de son organisation et l’allégeance à une charte sévère et secrète.
L’agent double
  • 16 Richer (Marthe), Ma vie d’espionne au service de la France, Éditions de France 1933. (Nom de code : (…)
Certaines femmes ont travaillé seules comme Marthe Richer (Marthe Richard), par dévouement à sa patrie et en honneur de son mari, tué au front.
Décorée de la Légion d’honneur en 1933, elle écrit ses souvenirs, différents de ceux de la plupart des espionnes, car elle a joué officiellement le rôle d’agent double dont elle décrit le rôle difficile :
« Votre mission est de faire croire à l’ennemi que vous trahissez votre pays. Mais l’ennemi hésite… Celle qui trahit, n’est-elle pas espionne, agent double… ? Et ceux qui vous ont envoyée doutent.
Ainsi l’agent secret qui sert son pays comme agent double est soumis à une cruelle torture. »
  • 17 Krop (Pascal), Les secrets de l’espionnage français, Payot, 1993, augmentée en 1995, 778 pages.

Aviatrice en temps de paix, elle est refusée, en tant que femme, dans l’armée de l’Air, elle est envoyée par un ami au capitaine Ladoux, portant le nom de code de Delorme.
Il la recrute pour partir en Espagne, séduire le chef du service de renseignement Allemand, von Krohn, lui demandant
« d’être espionne et femme » ! Elle voyage à Stockholm, au Maroc, en Argentine pour des missions secrètes Allemandes et rapporte des renseignements aux services Français sur les rebelles Marocains, sur l’expédition de la viande d’Argentine en Allemagne.
À Madrid, elle découvre les projets Allemands de la guerre totale sous-marine, renseignement de la plus haute importance pour les alliés.
La disgrâce du capitaine Ladoux entraîne son licenciement par le colonel Goubet.
En 1917, la Chambre des députés s’inquiète des affaires d’espionnage Allemand sur le territoire et une nouvelle loi est proposée
« tendant à fortifier et assurer la répression de l’espionnage étranger en France et dans les colonies ».
  • Archives de la police de Paris, PP série BA1 Chambre des députés, Session de 1917, proposition de loi (...)
L’explication est fournie par le rapporteur de la Commission qui évoque les manques de coordination entre les différents services et la suppression de celui du gouverneur militaire de Paris.
Celui-ci est souvent moqué dans ses choix d’espionnes, comme l’artiste Mistinguett connue de tous et peu crédible.
Le rapport du député affirme la nécessité d’unifier les services et de revenir au commandement unique du ministère de la Guerre :
« La première mesure radicale et efficace est dans l’unité d’action dans la poursuite [de l’espion] afin d’assurer la promptitude et l’efficacité de la répression, c’est-à-dire le dessaisissement du ministère de l’Intérieur de tous les faits d’espionnage et dans leur rattachement aux ministères de la Guerre et de la Marine et aux tribunaux militaires ou maritimes. (…).
Car il est incontestable et les scandales du jour établissent surabondamment que pour tous ces malfaiteurs, l’action du ministère de l’Intérieur aussi bien que celle de la Sûreté générale s’est vue à chaque instant arrêtée ou paralysée, par des calculs d’intérêts de leurs amis ou par l’influence de louches politiciens, jointes aux lenteurs ou aux complications d’une procédure inutile. Bien mieux, n’a-t-on pas vu le 2e bureau de l’État-Major Général du gouvernement militaire de Paris contrecarré à chaque instant dans ses opérations et finalement supprimé un beau jour par un ordre supérieur, pour avoir voulu mettre un terme aux manœuvres de trahison de certains malfaiteurs de haut vol ? » 18
  • 19 Pierrefeu (Jean de), GQG Secteur 1, tome 2, Édition française illustrée, 1920, 249 pages.

Le général de Barescut, en 1917, constate par lui-même la concurrence des services qu’il est chargé de diriger et en fait la critique :
« Le particularisme des bureaux, la supériorité du 3e sur le 2e ou le 1er ? Des blagues. Tout le monde travaille, tout le monde fait ce qu’il peut, je ne vois que ça ! » 
  • 20 Olivier Lahaie donne, dans sa thèse, une liste de noms indiqués dans le fonds « Moscou » du Service (...)

Jusqu’en 1919, la police Française des frontières est active, les rapports du colonel Pageot sur les suspects en Suisse abondent et transitent par les services de l’ambassade Française à destination du ministère de la Guerre.
Ce travail permet d’arrêter plusieurs espions, dont des femmes Françaises, artistes en mal d’embauche, ouvrières ou couturières éblouies par la générosité de leurs amants étrangers, Autrichiennes ou Allemandes, souvent logées à proximité de la frontière Suisse ou à Paris. La liste de ces espions à la solde des Allemands n’est pas exhaustive, parce qu’incomplète, mais on peut y relever des noms et les condamnations qui ont suivi.

L’arrestation d’un certain nombre d’espionnes ou d’espions travaillant pour les Allemands, n’entraîne pas les mêmes condamnations.
Certaines espionnes ne comprennent pas l’importance de leur rôle « puisqu’elles n’ont tué personne ».
Elles oublient le nombre de soldats alliés tués à cause de leurs renseignements. Elles sont arrêtées pour des motifs divers, renseignements militaires, importance des usines de la Défense, port d’armes ou d’explosifs, informations sur l’état du moral des Français, propagande par le biais de distribution de journaux pro-Allemands, comme « La Gazette des Ardennes » éditée en Belgique.
Certaines espionnes appartiennent à des réseaux avec un nom de code comme Félicie Pfaadt, agent R 17.

Le docteur Schragmüller dirige le recrutement et la formation des espions Allemands à Anvers.
Décrite par le commandant Ladoux et par le commandant Massard, sans avoir été rencontrée, une véritable légende naît au sujet du pouvoir de cette femme. C’est elle qui recrute Mata Hari à qui elle donne le nom de code H 21, mais elle est rapidement déçue des résultats et en prévient ses chefs.
  • 21 Massard (Émile), Les espionnes à Paris, Albin Michel, 1922.
Les peines prévues pour punir l’espionnage ennemi dépendent de l’importance des renseignements livrés, de leur fréquence et des conséquences sur la situation militaire.
La première à être fusillée à Vincennes à La Caponnière, le 10 janvier 1917, est Marguerite Francillard, dont le commandant Massard raconte l’arrestation et la mort.
Antoinette Tichelly, recrutée par les Allemands en 1915 pour donner des renseignements militaires, puis envoyée comme ouvrière dans une usine de la Défense nationale où elle est au cœur de la fabrication d’explosifs, le 5 mars 1917, elle est fusillée à Vincennes en criant son innocence.
Certaines se suicident avant d’être arrêtées comme la femme Bœglé.
Parfois, elles agissent en couple ou avec plusieurs espions, comme la femme Aubert et ses amis, condamnés à mort... Sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité.
L’ancienne chanteuse Jeanne Drouin, amie de Mata Hari et de l’espion Grec Cacoyannis, est condamnée à 15 ans de travaux forcés.
Les arrestations d’espions resteront en vigueur jusqu’en 1919.
Yvonne Schadeck et Anna Garnier ayant transmis des renseignements militaires seront enfermées à Rennes jusqu’après la guerre.
L’espionnage : une arme efficace
  • 22 Lectures pour tous, 7 novembre 1914, remplaçant celui du 15 septembre 1914, L’espionnage dévoilé.

De nombreuses erreurs en 1914, un manque de concertation, des fonds insuffisants, la méfiance des Français vis-à-vis de l’espionnage, ne facilitent pas le travail des services secrets.
Le 7 novembre 1914, la revue Lectures pour tous marque bien, à la suite de la bataille de la Marne, les difficultés de la France à utiliser cette « arme » : « C’est l’honneur du caractère Français qu’il répugne de toutes ses forces à l’emploi de la traîtrise et de la perfidie. N’oublions pas toutefois à quelques terribles mécomptes nous exposent notre confiance excessive et notre crédulité vis-à-vis des étrangers installés chez nous pour y accomplir de louches besognes ! » 

Les services secrets ont pourtant joué un rôle important dans l’élaboration de la stratégie des alliés et dans la protection de leurs pays.
Tous les belligérants ont utilisé des espions sans toujours les respecter, ni les récompenser des risques encourus :
Pensions, décorations, célébrations n’ont pas récompensé tous les espions.
La Belgique a tenu à élever des monuments en leur honneur.
Londres possède une statue d’Édith Cavell, érigée également à Paris, au Trocadéro et enlevée par les Allemands en 1940.
DUNKERQUE
Lille a tenu à honorer Louise de Bettignies par une statue.

Peut-on dire que : « Sans l’espionnage, la victoire est impossible ? »
Sans doute, puisque beaucoup de « sans nom » ont eu le courage, bien que fichés par la Gestapo, de reprendre du service dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale.

Tsingtao: la bataille de la Première guerre ... - AFP.com
www.afp.com/.../tsingtao-la-bataille-de-la-premiere-guerre-mondiale-qui...
6 nov. 2014 - 7 novembre 1914: la garnison allemande de Tsingtao, sur la côte ... (aujourd'hui Qingdao), bataille méconnue de la Grande guerre, n'a fait que …

Espionnage et espionnes de la Grande Guerre
rha.revues.org › Numéros › 247 › Dossier
de C Antier - ‎2007 - ‎Cité 1 fois - ‎Autres articles
L'espionnage, sujet controversé pendant la Grande Guerre, a eu un succès ... Le 7 novembre 1914, la revue Lectures pour tous marque bien, à la suite de la ...

Novembre 1914 - La Vie en Lorraine (1/3) - blamont.info
www.blamont.info/textes866.html
Accès à la rubrique des textes concernant 1914-1918 ... La Grande guerre. La Vie en Lorraine ..... Le communiqué officiel du 2 novembre, 23 heures, dit :
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Novembre 1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/nov141.html
Lundi 2 novembre. Les Allemands continuant leurs attaques autour d'Ypres ont été partout repoussés par nos troupes. Ils n'ont pas été plus heureux dans la ...

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