10 NOVEMBRE 1914
I)
Journal
du Rémois Paul Hess (extraits)
Paul
Hess fait état d’un article du Courrier intitulé « Reims
est le centre du champ de bataille. »
«
La forme générale du champ de bataille est une courbe dont le
centre est immobile et donc nous poussons les deux ailes (…)
Espérons que le centre lui-même ne tardera pas à être repoussé. »
Le
journaliste du Courrier donne « un conseil impérieux et urgent
à la population : « fuir un quartier dangereux n’est pas
fuir le danger, c’est même le contraire qui est exact(…) »
Et
d’expliquer à l’expérience des 2 derniers mois qu'il y a péril
de mort pour les personnes qui se trouvent hors des habitations
lorsqu’on bombarde, tandis que celles qui ont la sagesse de se
réfugier dans les caves où à défaut au rez-de-chaussée des
habitations ne courent qu’un risque très minime (…) »
Selon
le Courrier, « des 700 personnes victimes du bombardement, une
vingtaine seulement ont trouvé la mort dans les maisons, toutes les
autres ont été atteintes sur la voie publique. »
II)
Nos
troupes avancent dans la région de Loivre, (Reims) On entend la
canonnade et le sifflement des obus à partir de 22h ceux-ci causent
des dégâts assez importants.
III)
En
prévision d’une attaque que les bataillons du 72e RI doivent
tenter dans la matinée du 10 novembre, le 1er bataillon reçoit
l’ordre de se rendre à Vienne le Château pour 8h30. Combats de
Lizerne du 10 Novembre 1914 : les victimes Françaises sont
nombreuses en terre de Belgique
Les
frères d’armes du 151e régiment d’infanterie Français sont
nombreux à perdre la vie dans le combat de Lizerne du 10 Novembre
1914 dans le secteur de Steenstraat situé au Nord de la ville
d’Ypres.
IV)
France.-
Le
brouillard rend difficile les opérations, surtout de l’artillerie.
Néanmoins nous enregistrons des avances dans le Nord et nous
repoussons les Allemands sur la crête des Vosges.
Prusse
Orientale.
Les
Russes ont battu les divisions Ottomanes qui sont parties
d’Erzeroum pour couvrir la ville : Ils sont entrés par
Soldau sur le territoire de la Prusse Orientale, à l’ouest de la
Mazourie, cette place commandant une des voies ferrées qui mènent
de la Pologne vers la Baltique.
Belgique.
Le
grand état-major Allemand retire ses troupes de Belgique pour les
envoyer à la frontière orientale contre les troupes du tsar.
Marine.
« Le
Breslau » a bombardé le port Russe de Poti sur la mer
Noire mais il a été accueilli lui-même par une canonnade en règle
est s’est alors retiré.
Grande-Bretagne.
La
promenade du lord-maire a eu à Londres un éclat inaccoutumé. Des
détachements de toutes les armées Britanniques et des contingents
coloniaux y ont figuré (…)
V)
Courmelles
Je
suis retourné à Sermoise. Je m’y plais dans ce pays où les
habitants ont des burnous, des turbans, et ne parlent pas Français.
Les
Marocains qui cantonnent là sont déjà tous mes amis : Quand
ils me voient arriver je les entends crier : «Toubib,
toubib !…» Et aussitôt il en sort de tous les coins.
Ils
m’entourent. Ils veulent être photographiés. Je me contente pour
aujourd’hui de photographier un tirailleur noir qui se promène
dans le village un casque à pointe sur la tête. Devant mon appareil
il est assez inquiet. Il proteste : « Moi, pas boche !…
Moi, pas boche !… »
La
fusillade crépite de l’autre côté de l’Aisne, vers Missy. Ce
n’est pas sérieux : Des coups de feu isolés. Les canons
tirent très peu. En somme pas d’action pour le moment sur
l’Aisne : Il faut dire qu’avec l’épais brouillard qui
règne dans la région depuis que nous y sommes arrivés l’artillerie
ne peut pas faire grand-chose... Pour moi, je m’en réjouis :
Grâce au brouillard je puis m’approcher des lignes sans attirer
sur ma culotte rouge une marmite de 105...
Je
suis revenu par la grand-route de Soissons à Reims, j’ai traversé
Soissons à la nuit, c’est l’heure où quelques fantômes osent
s’aventurer dans les rues sonores : On les voit glisser sur le
trottoir, en longeant les murs, comme si le bruit de leurs pas
pouvaient réveiller les canons endormis.
VI)
Nos
aviateurs militaires et leur rôle glorieux, ce jour-là, le « Petit
Journal » rend hommage aux aviateurs en confirmant leur rôle
destructeur suite aux témoignages retrouvés dans des carnets de
soldats Allemands.
VII)
Stéphen
Pichon évoque les « inutiles mensonges » des Allemands
dans son édito.
Situation
militaire : Nouvelle offensive des Allemands repoussée à Dixmude et
autour d'Ypres.
L'armée
et la réforme postale.
L'importance
de la prise de Fao
Sur
les fronts du Nord et en Belgique.
Les
Pays-Bas défendent leur neutralité.
L'offensive
victorieuse des Russes.
L'attaque
d'Andechy.
Bulletin
de la Guerre.
Bientôt
le nouveau roman « Présent ! »
VIII)
La
Kommandantur exige que 500 hommes soient envoyés à Lille pour être
occupés à des travaux de tranchées avec promesse de salaires.
Dans
l’après-midi, pendant que le canon se fait violemment entendre
vers le nord-ouest, un cortège de quarante civils, encadré de
uhlans, passe rue de la Gare.
Le
bruit se répand que ce sont des jeunes hommes réquisitionnés de
force pour enterrer les nombreux morts Allemands.
Une
panique s’ensuit et les rues se vident de curieux.
IX)
JMO/Rgt
:
« Par
ordre du Général commandant l’armée et à dater du 10 Novembre,
les 3 brigades de la 71e division seront disposées en profondeur :
L’une
en première ligne fournissant les avant-postes (151e brigade),
La
deuxième, en 2e ligne dans la vallée de la Meurthe (142e brigade),
La
troisième, en réserve, entre Meurthe et Mortagne. (141e brigade)
La
mission de la 142e brigade est de constituer les garnissons des
centres de résistance et de points d’appui, en outre de fournir
des détachements de contact pourvus ou non d’artillerie, chargés
de faire des coups de main en avant du front.
Le
217e régiment doit fournir la garnison du point d’appui de
Vathiménil (1 bataillon, 5e bat.) et de celui de Fraimbois (2 Cies
du 6e bataillon).
Le
régiment est mis à la disposition de la brigade de hussards, dont
le stationnement est couvert par 2 Cies du 6e bataillon : 24e à
Thiébeauménil et 22e à Bénaménil.
Le
régiment est chargé, avec les hussards et le génie d’achever les
travaux des 2 points d’appui.
Le
5e bataillon, relevé à Merviller-Montigny par 1 bataillon de la
151e brigade, commence son mouvement de repli à 11h et arrive sans
incident à Vathiménil à 15h30.
Le
cantonnement étant un peu juste, la 20e Cie à l’ordre de se
porter à Chènevières.
Les
22e et 24e Cies ainsi que la CHR quittent Baccarat à 11h, la CHR
s’arrête à Vathiménil où elle cantonne, les 2 cies poursuivent
jusqu’à Fraimbois où elles arrivent vers 15h30.
Le
chef de bataillon reconnaît le pont de Saulcy et entre le pont et
Fraimbois des emplacements en cas d’alerte pour ses 2 Cies et sa
section de mitrailleuses.
Cantonnements :
État-major
du Régiment et CHR à Vathiménil, 5 bataillon (17e, 18e, 19e Cies,
section de mitrailleuses), 20e Cie à Chènevières, 6e bataillon (21
et 23e Cies et section de mitrailleuses) à Fraimbois, 22e Cie à
Bénaménil, 24e Cie à Thiébauménil.
MM.
Bollon et Blachot nommés lieutenants de réserve à titre
temporaire.
M.
sergent Balança, sous-lieutenant de réserve à titre temporaire.
M.
adjudant-chef Tixador nommé sous-lieutenant (active)
Le
Lieutenant-colonel Mathieu, commandant provisoirement la 142e brigade
est resté à Baccarat avec l’État-major de la Brigade.
Le
Commandant De Gourlet, commande provisoirement le 217e Régiment
d’Infanterie et a laissé le commandement du 6e bataillon au
Capitaine Revel »
JMO/SS
:
« Le
régiment part pour occuper une ligne plus au nord sur la ligne de la
Meurthe :
Le
5e bataillon et l’état major occupent Vathiménil et Chènevières,
le 6e bataillon laisse 2 compagnies aux avant-postes à Thiébauménil
et Bénaménil et 2 Cies en réserve d’avant-postes à Fraimbois.
Le
temps se refroidit beaucoup.
Indisponibles
3 + 1 officier
XI)
Au
début de la guerre, l'afflux de blessés graves déroute
l'organisation mise en place par le service de santé militaire,
c'est un véritable désastre sanitaire. Il y a bien des postes de
secours installés au front mais devant les vagues successives de
blessés, ceux-ci sont évacués vers l'arrière sans aucun
diagnostic.
Beaucoup
succombent à leurs blessures pendant le transport. Après de
nombreux tâtonnements, la médecine s'adapte et se réorganise.
Le
docteur Maurice Marcille, chirurgien des hôpitaux de Paris, est
persuadé que certaines plaies de guerre doivent être soignées
immédiatement...
Il
créé ainsi une salle opératoire transportable.
Le
10 novembre 1914, la première ambulance chirurgicale automobile dite
autochir ou auto-chir fonctionne au front. Il s'agit de pouvoir
opérer mais également d'avoir le matériel permettant de suivre les
mouvements de l'armée.
La
salle d'opération se démonte, les instruments se rangent, l'hôpital
chirurgical est entièrement autonome et transportable par camion.
La
salle d'opération doit être rattachée aux différents hôpitaux
d'évacuation. Après les interventions chirurgicales les blessés
sont évacués vers les hôpitaux de l'arrière.
Au
cours de la guerre, le concept de l'autochir évoluera.
En
1917, une nouvelle formation de « chirurgie automobile »
est mise en place. Il s'agit de l'autochir de type lourd 1917, sorte
d'hôpital chirurgical mobile déplaçable dans son intégralité par
chemin de fer ou par routes.
Ce
modèle sera adopté par le service de santé de l'armée Américaine.
En
France, une quarantaine de formations sanitaires chirurgicales ont
fonctionné pendant la Grande Guerre.
Et,
d'abord, qu'est-ce, qu'une autochir? Bien que cette abréviation soit
employée couramment par les initiés du front, il n'est peut-être
pas inutile d'en expliquer le mystère aux profanes de l'arrière.
Auto-chir
: Traduisez ambulance chirurgicale mobile. Mobile est en effet cette
ambulance, car l'auto-chir, pour reprendre l'expression consacrée,
n'est pas en effet installée dans un endroit déterminé où elle
serait ancrée à demeure.
Elle
est, au contraire, destinée à se mouvoir suivant les instructions
qu'elle reçoit, soit du Grand Quartier Général, soit du Quartier
Général du corps d'armée, auquel elle a été attachée.
L'avantage
de cette formation est de pouvoir se transporter au premier signal,
là où besoin est, pour y établir rapidement un centre opératoire.
L'autochir,
en effet, ne comporte point de lits.
Elle
se compose uniquement de 3 voitures techniques dont chacune a sa
spécialité.
La
première de ces voitures est affectée à la stérilisation.
Une
grosse chaudière engendre la vapeur nécessaire à l'autoclave et à
l'étuve en métal où sont stérilisés les pansements et les
instruments de chirurgie.
Elle
alimente en même temps le chauffage central de l'auto-chir une fois
installée.
La
seconde, affectée à la radiographie, contient les appareils
nécessaires aux opérations radiographiques et peut même se
transformer en chambre noire. Elle transporte en même temps les
panneaux démontables en bois très léger qui, ajustés,
constitueront deux salles d'opérations.
Enfin
la troisième, qui est la voiture de pharmacie, contient en même
temps le groupe électrogène qui donne la force et la lumière.
Ainsi
outillée, l'auto-chir peut se rendre rapidement dans la localité
qui lui est désignée parce qu'on y prévoit un afflux de blessés.
Elle
s'établit à proximité d'un bâtiment quelconque où des lits
puissent être installés : Maison d'école, habitation privée,
baraques en bois édifiées à l'avance, peu importe.
En
8 heures de temps, elle déballe son matériel, installe ses deux
salles d'opérations, met ses appareils en action et voilà un
hôpital de fortune créé.
Quant
aux blessés, qui sont toujours de grands blessés, ils lui seront
envoyés au fur et à mesure des affaires en cours par le H. 0. E.,
traduisez l'hôpital d'évacuation le plus voisin, parfois même
directement des postes de secours du front.
Sitôt
opérés ils seront transportés sur des brancards dans le bâtiment
où ont été disposés les lits et dont l'appellation administrative
est « Ambulance nourricière », car elle nourrit désormais les
blessés.
Surviennent
quelques nouveaux ordres, les blessés seront évacués sur les
hôpitaux de l'arrière « l'auto-chir » rembarque son
matériel et va constituer un nouvel hôpital ailleurs, plus avant
s'il plaît à Dieu, puisqu'elle doit suivre les mouvements de
l'armée.
Le
personnel de l'auto-chir se compose de 4 chirurgiens, 4 aides, un
radiographe, un pharmacien, un officier d'administration, 10
étudiants en médecine et 25 infirmiers.
A
ce personnel masculin, une décision toute récente a adjoint 8
infirmières, grand honneur pour elles et très ambitionné, car il
les rapproche du front, et de plus, pour être employées dans une
salle d'opérations, pour assister le chirurgien, pour donner au
besoin, en cas de presse, le chloroforme, il faut de l'expérience,
du sang-froid et des nerfs éprouvés.
2
automobiles sont affectées au transport de tout ce personnel. Voilà
donc ce que c'est qu'une auto-chir, ma science est de fraîche date,
car j'ai appris tous ces détails sur place, au cours d'une visite
récente qui m'a particulièrement intéressé.
L'auto-chir
n°X a été envoyée, il y a environ 3 mois, dans une région que je
ne désignerai point, sinon en disant que, dans ces derniers temps,
elle a été plusieurs fois, bombardée par des avions Allemands.
L'auto-chir
est au centre de l'ambulance qui se compose de 12 baraques
d'hospitalisation affectées aux blessés, sans compter celles des
services généraux cuisine, buanderie, bains-douches, etc...
Elle
est installée à flanc de coteau, à l'orée d'une jolie forêt.
Elle domine un vallon au fond duquel coule un ruisseau, et la crête
opposée est également couronnée par un bois.
L'endroit
est plaisant on y installerait volontiers un petit château.
L'emplacement a été judicieusement choisi on n'a pas commis
l'erreur d'établir l'ambulance nourricière entre un dépôt de
munitions et un camp d'aviation.
Sur
la lisière de la forêt, ayant vue sur l'ensemble de l'ambulance
qu'elle domine, une baraque abrite le personnel chirurgical et
médical, placé tout entier sous l'autorité d'un médecin-chef
éminent qui a été longtemps professeur au Val-de-Grâce avant
d'être appelé à conduire une auto-chir aux fronts de la Somme, de
l'Artois et de…
Sur
la pente du vallon, non loin de la route d'accès, une baraque a été
construite pour les infirmières. Cette baraque est un long
rectangle, coupé au milieu par une assez grande pièce. De cette
pièce partent à droite et à gauche deux étroits couloirs bordés
de chaque côté, je ne sais trop s'il faut dire par les cellules ou
par les boxes des infirmières.
Point
de porte. Un simple rideau sépare chaque boxe du couloir.
L'ameublement
en est simple, une étroite couchette, une minuscule table de
toilette, une petite chaise et c'est tout.
Libre
à chacune d'en orner les parois à sa guise, avec des souvenirs
personnels, photographies d'êtres chers ou petits bibelots.
Aux
panneaux de la salle du milieu sont suspendus un casque à pointe,
ramassé sur le front, et quelques gravures de guerre.
La
pièce elle-même, quoique d'un seul tenant, est divisée, du moins
par l'aspect du mobilier, en deux parties.
A
gauche en entrant, une table recouverte d'une toile cirée et des
bancs de bois c'est la salle à manger.
A
droite, une seconde table ornée d'un tapis et deux petits canapés
c'est le salon.
Dans
cette baraque, vivent en commun, comme dans un couvent, dont la
supérieure serait qualifiée d'infirmière major, 17 femmes ou
jeunes filles, quelques-unes assez jeunes. C'est dans cette pièce
qu'elles se rassemblent, à l'heure des repas, et qu'elles se
délassent quelques instants le soir, après une journée assez rude.
Il
faut être dans les salles, le matin, à 7h30, prendre les
températures avant l'arrivée du chirurgien, l'assister dans les
pansements difficiles, faire soi-même les pansements légers. Les
infirmières n'ignorent rien des mauvaises chances qui les menacent.
Le casque en métal et le masque contre les gaz asphyxiants suspendus
dans le box de chacune suffisent à le leur rappeler.
Quelques-unes
même sont affectées aux salles d'opérations.
L'après-midi,
il faut distraire les blessés, parfois rester au chevet d'un
mourant, ou trouver des paroles d'humaine tendresse pour une femme ou
une mère qui pleure au lit de mort de son mari ou de son enfant.
Et
je ne parle pas des nuits de veille ni des arrivages en grand nombre
de blessés expédiés directement du front, quelques-uns encore
porteurs du garrot qui a arrêté provisoirement l'hémorragie.
Certes,
c'est là une vie rude... Aucune ne s'en plaint, et dans les rares
moments quelles passent réunies ensemble après les repas, la bonne
humeur, la gaieté Française reprennent le dessus.
Le
soir que j'ai passé avec elles, il faisait un clair de lune
admirable. « Croyez-vous que Fritz viendra cette nuit? » demande
l'une d'elles.
Cette
question m'interloque quelque peu... On me l'explique en riant Fritz,
c'est ainsi quelles dénomment l'avion allemand, lanceur de bombes,
avec lequel 2 ou 3 ont déjà fait connaissance dans une autre
ambulance.
Si,
ce qu'à Dieu ne plaise, Fritz venait survoler leur ambulance, elles
ne perdront point la tête, et, quand il sera parti, elles se
moqueront de lui,
Le
pâle fantôme de la mort plane sur nos têtes...
J'ai
quitté l'auto-chir n°X un dimanche matin après avoir assisté à
la messe dans la baraque qui sert de chapelle.
Bien
petite est la baraque et bien modeste la chapelle, avec ses bancs de
bois, comme une école de village et son autel de fortune, orné
seulement de deux cierges. C'est « une messe chantée », dit
l'affiche à la main apposée à la porte, et il y a des chants, en
effet.
Le
chœur se compose de 3 soldats qui sont des infirmiers-prêtres, le
pharmacien tient l'orgue, un harmonium un peu vieux.
C'est
un soldat également qui célèbre la messe. Il est d'assez grande
taille, et son aube blanche trop courte laisse apercevoir le bas de
sa culotte bleu horizon et de ses jambes ceintes de molletières.
La
messe terminée je vais me retirer, lorsque le chœur entonne le De
profundis... La messe n'est pas une messe en noir... Rien n'a donc
annoncé le chant de ce psaume à la tragique beauté duquel
l'accoutumance a fini par nous rendre insensibles.
Mais,
cette fois, je suis ému de l'entendre à l'improviste rappeler ainsi
que, dans cette région, le pâle fantôme de la mort plane
constamment au-dessus de toutes les têtes.
La
mort ! Elle a son domaine réservé, tout proche de la chapelle. Il a
été nécessaire de défricher un coin de la forêt pour en faire un
cimetière. Mais si on a abattu le taillis, on a respecté les vieux
arbres dont les branches étendent leur ombrage sur les tombes.
Nombreuses
sont déjà les files de petites croix à chacune desquelles est
suspendue une plaque portant le nom et l'indication de la formation
militaire à laquelle appartenait celui dont un peu de terre recouvre
le corps.
Quelques-unes
de ces inscriptions sont en langue arabe ce sont des musulmans,
touchant emblème de la fraternité dans la mort entre Français
d'origine et Français de cœur.
Le
cimetière est déjà trop petit.
Bientôt
il faudra l'agrandir et défricher encore un coin de la forêt, mais
j'espère que l'on continuera de respecter les arbres...
Au
moment où je quitte le cimetière, un singulier retour de mémoire
ramène à ma pensée le souvenir d'un autre cimetière que j'ai
visité, il y a de cela bien des années.
C'était
aux États-Unis, aux environs de Washington. On l'appelle Oaks MU, le
Mont des Chênes, et il est bien nommé. Les tombes n'y sont point
alignées en files régulières, elles sont au contraire dispersées
au pied de chênes séculaires qui les ombragent de leurs rameaux.
La
plupart de ces tombes sont en marbre blanc et quelques-unes assez
fastueuses. Le cimetière est, en effet, un cimetière de
milliardaires, et les concessions nouvelles y coûtent très cher.
L'aspect
de cette forêt funéraire m'avait semblé imposant et j'avais
conservé de ce grandiose lieu de repos une impression de beauté.
Mais
plus vive a été celle que j'ai ressentie en visitant le modeste
cimetière de l'auto-chir n° X.
Ce
n'est point en effet à coups d'argent que ceux qui y dorment leur
dernier sommeil ont acquis l'honneur d'y reposer c'est au prix de
leur sang versé pour la France.
(Par
le Comte d'Haussonville de l'Académie française).
XII)
Composée
de 6.500 marins, originaires majoritairement de Bretagne, mais aussi
de Cherbourg, Rochefort et Toulon, elle perd alors plus de 3.100
membres, tués, blessés ou portés disparus lors des combats très
durs qui se déroulent du 16 octobre au 10 novembre 1914 sur le site
stratégique de la ville belge de Dixmude.
Certains
sont des fusiliers brevetés, mais la plupart d'entre eux ne savent
rien du métier de fantassin : ils sont marins au long cours,
pêcheurs ou caboteurs.
Leur
extrême jeunesse (plusieurs centaines sont des apprentis d'à peine
seize ans) surprend en outre et leur vaut le surnom de « Demoiselles
de la Marine » ou de « Demoiselles aux pompons rouges »,
selon le lieutenant de vaisseau de réserve et docteur en histoire
contemporaine Pascal Boisson.
Pendant
près d'un mois, terrés dans des tranchées creusées à la va-vite,
ces fusiliers marins commandés par l'amiral Ronarc'h, font face avec
bravoure aux vagues d'assauts de 40.000 Allemands.
« Par
moment, ce sont plusieurs dizaines d'obus par minute ou un obus tous
les mètres, des petits comme des gros, qui tombent, ce sont aussi
des tirs dans tous les sens de mitrailleuses ou de fusils et des
combats au corps à corps », relate René Estienne,
conservateur général au service historique de la Marine, interrogé
par l'AFP.
Les
ordres du général Foch à l'amiral Ronarc'h sont clairs:
« La
tactique que vous avez à pratiquer ne comporte pas d'idée de
manœuvre, mais simplement et au plus haut point, l'idée de résister
là où vous êtes ».
-
« Un échec et une victoire » -
Le
10 novembre, Dixmude va cependant être prise par l'ennemi après
d'âpres combats qui se terminent à la baïonnette ou au couteau.
Les
Allemands vont perdre 10.000 soldats, tandis que 4.000 autres sont
blessés.
« Aucun
des deux belligérants n'aura réussi à bigorner l'autre, c'est donc
à la fois un échec et une victoire avec des pertes très
importantes des deux côtés », estime M. Estienne.
Reste
que le front est stabilisé. La bataille des Flandres sera la
dernière de la guerre de mouvement avant la consolidation du front
jusqu'en 1918...
La
brigade des fusiliers marins a donné naissance à la Force maritime
des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO). Armée de 2.400
militaires et civils, elle est déployée pour protéger des sites
stratégiques de la Marine et de la Défense, lutter contre la
piraterie et les narcotrafics et conduire des opérations spéciales
en mer ou sur terre.
« L'exemplarité
du comportement et des résultats opérationnels lors de cette
bataille sont toujours aujourd'hui un élément de référence pour
le personnel de la force des fusiliers marins », assure René
Estienne.
XIII)
Le 10
novembre 1914, après une période d’accalmie, les Allemands
reprennent leur assaut en force pour mettre fin à la résistance
Franco-Belge. S’ensuit alors un effroyable engagement au
corps-à-corps où l’on va jusqu’à se battre à coups de poings
et à coups de pierre.
Les
Allemands réussissent à faire prisonniers quelques fusiliers
marins… qui réussissent à s’enfuir à la nage en traversant
l’Yser. En accord avec Albert Ier, le commandement Français
ordonne à ses forces d’évacuer Dixmude transformé en tas de
cendres et de boue.
Ronarc’h
et Grossetti s’exécute pendant que, sur proposition de Charles
Kogge Garde wateringue de Furnes, le commandement Belge fait inonder
les plaines de l’Yser.
L’avance
Allemande est stoppée et 100 000 hommes des armées du
Kronprinz Ruprecht von Bayern du Duc Albert sont tombés.
Concernant
les héroïques défenseurs de Dixmude, il ne reste que 400
tirailleurs au Commandant Frèrejean et seulement 11 à Brochot !
Pour
ce qui est de la Brigade des Fusiliers Marins, le Contre-Amiral
Ronarc’h fait état de 1 934 blessés, 698 prisonniers et portés
disparus et 510 tués, soit plus de la moitié de l’effectif total.
Leur
sacrifice a eu un grand retentissement en France.
Après
leur engagement en Belgique, les Fusiliers Marins Bretons sont
cantonnés à Nieuport en 1915 avant d’être renvoyés en mer
et la brigade est dissoute.
Les
marins qui se porteront volontaires pour servir à terre formeront un
bataillon qui combattra à Verdun. Le 11 janvier 1915, Raymond
Poincarré (1860-1934) et le Ministre de la Marine Jean-Victor
Augagneur (1855-1931), remettent à l’Amiral Ronarc’h
(promu) le drapeau officiel de la Brigade de Fusiliers Marins.
«L'autochir»
ou la naissance de l'hôpital mobile durant la ...
www.lefigaro.fr/.../10/.../26002-20141028ARTFIG00088-l-autochir-ou-la-...
28
oct. 2014 - Crédit photo: Musée de la Grande Guerre du Pays de
Meaux. ... Le 10 novembre 1914, la première ambulance chirurgicale
automobile dite ...
98/Journal
de la grande guerre le 10 novembre 1914 | 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../10/98journal-de-la-grande-guerre-le...
10
nov. 2014 - Mardi 10 novembre 1914 Journal du Rémois Paul Hess
(extraits) Paul Hess fait état d'un article du Courrier intitulé
"Reims est le centre du ...
10
novembre 1914 : nos aviateurs militaires et leur rôle ...
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10
nov. 2014 - 10 novembre 1914 : nos aviateurs militaires et leur rôle
glorieux ... Participez à notre projet "Nos Ancêtres dans la
Grande Guerre" en signalant ...
Journal
de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11
nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le
vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la
Grande Guerre.
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