lundi 24 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 10 NOVEMBRE 1914


10 NOVEMBRE 1914


I)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Paul Hess fait état d’un article du Courrier intitulé « Reims est le centre du champ de bataille. »
« La forme générale du champ de bataille est une courbe dont le centre est immobile et donc nous poussons les deux ailes (…) Espérons que le centre lui-même ne tardera pas à être repoussé. »
Le journaliste du Courrier donne « un conseil impérieux et urgent à la population : « fuir un quartier dangereux n’est pas fuir le danger, c’est même le contraire qui est exact(…) »

Et d’expliquer à l’expérience des 2 derniers mois qu'il y a péril de mort pour les personnes qui se trouvent hors des habitations lorsqu’on bombarde, tandis que celles qui ont la sagesse de se réfugier dans les caves où à défaut au rez-de-chaussée des habitations ne courent qu’un risque très minime (…) »

Selon le Courrier, « des 700 personnes victimes du bombardement, une vingtaine seulement ont trouvé la mort dans les maisons, toutes les autres ont été atteintes sur la voie publique. »

II)
Nos troupes avancent dans la région de Loivre, (Reims) On entend la canonnade et le sifflement des obus à partir de 22h ceux-ci causent des dégâts assez importants.

III)
En prévision d’une attaque que les bataillons du 72e RI doivent tenter dans la matinée du 10 novembre, le 1er bataillon reçoit l’ordre de se rendre à Vienne le Château pour 8h30. Combats de Lizerne du 10 Novembre 1914 : les victimes Françaises sont nombreuses en terre de Belgique
Les frères d’armes du 151e régiment d’infanterie Français sont nombreux à perdre la vie dans le combat de Lizerne du 10 Novembre 1914 dans le secteur de Steenstraat situé au Nord de la ville d’Ypres.
IV)
France.-
Le brouillard rend difficile les opérations, surtout de l’artillerie. Néanmoins nous enregistrons des avances dans le Nord et nous repoussons les Allemands sur la crête des Vosges.
Prusse Orientale.
Les Russes ont  battu les divisions Ottomanes qui sont parties  d’Erzeroum pour couvrir la ville : Ils sont entrés par Soldau sur le territoire de la Prusse Orientale, à l’ouest de la Mazourie, cette place commandant une des voies ferrées qui mènent de la Pologne vers la Baltique.

Belgique.
Le grand état-major Allemand retire ses troupes de Belgique pour les envoyer à la frontière orientale contre les troupes du tsar.

Marine.
« Le Breslau » a bombardé le port Russe de Poti sur la mer Noire mais il a été accueilli lui-même par une canonnade en règle est s’est alors retiré.

Grande-Bretagne.
La promenade du lord-maire a eu à Londres un éclat inaccoutumé. Des détachements de toutes les armées Britanniques et des contingents coloniaux y ont figuré (…)

V)
Courmelles
Je suis retourné à Sermoise. Je m’y plais dans ce pays où les habitants ont des burnous, des turbans, et ne parlent pas Français.
Les Marocains qui cantonnent là sont déjà tous mes amis : Quand ils me voient arriver je les entends crier : «Toubib, toubib !…» Et aussitôt il en sort de tous les coins.
Ils m’entourent. Ils veulent être photographiés. Je me contente pour aujourd’hui de photographier un tirailleur noir qui se promène dans le village un casque à pointe sur la tête. Devant mon appareil il est assez inquiet. Il proteste : « Moi, pas boche !… Moi, pas boche !… »

La fusillade crépite de l’autre côté de l’Aisne, vers Missy. Ce n’est pas sérieux : Des coups de feu isolés. Les canons tirent très peu. En somme pas d’action pour le moment sur l’Aisne : Il faut dire qu’avec l’épais brouillard qui règne dans la région depuis que nous y sommes arrivés l’artillerie ne peut pas faire grand-chose... Pour moi, je m’en réjouis : Grâce au brouillard je puis m’approcher des lignes sans attirer sur ma culotte rouge une marmite de 105...

Je suis revenu par la grand-route de Soissons à Reims, j’ai traversé Soissons à la nuit, c’est l’heure où quelques fantômes osent s’aventurer dans les rues sonores : On les voit glisser sur le trottoir, en longeant les murs, comme si le bruit de leurs pas pouvaient réveiller les canons endormis.

VI)
Nos aviateurs militaires et leur rôle glorieux, ce jour-là, le « Petit Journal » rend hommage aux aviateurs en confirmant leur rôle destructeur suite aux témoignages retrouvés dans des carnets de soldats Allemands.

VII)
Stéphen Pichon évoque les « inutiles mensonges » des Allemands dans son édito.
Situation militaire : Nouvelle offensive des Allemands repoussée à Dixmude et autour d'Ypres.
L'armée et la réforme postale.
L'importance de la prise de Fao
Sur les fronts du Nord et en Belgique.
Les Pays-Bas défendent leur neutralité.
L'offensive victorieuse des Russes.
L'attaque d'Andechy.
Bulletin de la Guerre.
Bientôt le nouveau roman « Présent ! »

VIII)
La Kommandantur exige que 500 hommes soient envoyés à Lille pour être occupés à des travaux de tranchées avec promesse de salaires.
Dans l’après-midi, pendant que le canon se fait violemment entendre vers le nord-ouest, un cortège de quarante civils, encadré de uhlans, passe rue de la Gare.
Le bruit se répand que ce sont des jeunes hommes réquisitionnés de force pour enterrer les nombreux morts Allemands.
Une panique s’ensuit et les rues se vident de curieux.

IX)
JMO/Rgt :
« Par ordre du Général commandant l’armée et à dater du 10 Novembre, les 3 brigades de la 71e division seront disposées en profondeur :
L’une en première ligne fournissant les avant-postes (151e brigade),
La deuxième, en 2e ligne dans la vallée de la Meurthe (142e brigade),
La troisième, en réserve, entre Meurthe et Mortagne. (141e brigade)
La mission de la 142e brigade est de constituer les garnissons des centres de résistance et de points d’appui, en outre de fournir des détachements de contact pourvus ou non d’artillerie, chargés de faire des coups de main en avant du front.

Le 217e régiment doit fournir la garnison du point d’appui de Vathiménil (1 bataillon, 5e bat.) et de celui de Fraimbois (2 Cies du 6e bataillon).
Le régiment est mis à la disposition de la brigade de hussards, dont le stationnement est couvert par 2 Cies du 6e bataillon : 24e à Thiébeauménil et 22e à Bénaménil.
Le régiment est chargé, avec les hussards et le génie d’achever les travaux des 2 points d’appui.

Le 5e bataillon, relevé à Merviller-Montigny par 1 bataillon de la 151e brigade, commence son mouvement de repli à 11h et arrive sans incident à Vathiménil à 15h30.
Le cantonnement étant un peu juste, la 20e Cie à l’ordre de se porter à Chènevières.
Les 22e et 24e Cies ainsi que la CHR quittent Baccarat à 11h, la CHR s’arrête à Vathiménil où elle cantonne, les 2 cies poursuivent jusqu’à Fraimbois où elles arrivent vers 15h30.
Le chef de bataillon reconnaît le pont de Saulcy et entre le pont et Fraimbois des emplacements en cas d’alerte pour ses 2 Cies et sa section de mitrailleuses.
Cantonnements :
État-major du Régiment et CHR à Vathiménil, 5 bataillon (17e, 18e, 19e Cies, section de mitrailleuses), 20e Cie à Chènevières, 6e bataillon (21 et 23e Cies et section de mitrailleuses) à Fraimbois, 22e Cie à Bénaménil, 24e Cie à Thiébauménil.
MM. Bollon et Blachot nommés lieutenants de réserve à titre temporaire.
M. sergent Balança, sous-lieutenant de réserve à titre temporaire.
M. adjudant-chef Tixador nommé sous-lieutenant (active)
Le Lieutenant-colonel Mathieu, commandant provisoirement la 142e brigade est resté à Baccarat avec l’État-major de la Brigade.
Le Commandant De Gourlet, commande provisoirement le 217e Régiment d’Infanterie et a laissé le commandement du 6e bataillon au Capitaine Revel »
JMO/SS :

« Le régiment part pour occuper une ligne plus au nord sur la ligne de la Meurthe :
Le 5e bataillon et l’état major occupent Vathiménil et Chènevières, le 6e bataillon laisse 2 compagnies aux avant-postes à Thiébauménil et Bénaménil et 2 Cies en réserve d’avant-postes à Fraimbois.
Le temps se refroidit beaucoup.
Indisponibles 3 + 1 officier

XI)
Au début de la guerre, l'afflux de blessés graves déroute l'organisation mise en place par le service de santé militaire, c'est un véritable désastre sanitaire. Il y a bien des postes de secours installés au front mais devant les vagues successives de blessés, ceux-ci sont évacués vers l'arrière sans aucun diagnostic.
Beaucoup succombent à leurs blessures pendant le transport. Après de nombreux tâtonnements, la médecine s'adapte et se réorganise.
Le docteur Maurice Marcille, chirurgien des hôpitaux de Paris, est persuadé que certaines plaies de guerre doivent être soignées immédiatement...
Il créé ainsi une salle opératoire transportable.
Le 10 novembre 1914, la première ambulance chirurgicale automobile dite autochir ou auto-chir fonctionne au front. Il s'agit de pouvoir opérer mais également d'avoir le matériel permettant de suivre les mouvements de l'armée.

La salle d'opération se démonte, les instruments se rangent, l'hôpital chirurgical est entièrement autonome et transportable par camion.
La salle d'opération doit être rattachée aux différents hôpitaux d'évacuation. Après les interventions chirurgicales les blessés sont évacués vers les hôpitaux de l'arrière.
Au cours de la guerre, le concept de l'autochir évoluera.
En 1917, une nouvelle formation de « chirurgie automobile » est mise en place. Il s'agit de l'autochir de type lourd 1917, sorte d'hôpital chirurgical mobile déplaçable dans son intégralité par chemin de fer ou par routes.
Ce modèle sera adopté par le service de santé de l'armée Américaine.
En France, une quarantaine de formations sanitaires chirurgicales ont fonctionné pendant la Grande Guerre.
Et, d'abord, qu'est-ce, qu'une autochir? Bien que cette abréviation soit employée couramment par les initiés du front, il n'est peut-être pas inutile d'en expliquer le mystère aux profanes de l'arrière.

Auto-chir : Traduisez ambulance chirurgicale mobile. Mobile est en effet cette ambulance, car l'auto-chir, pour reprendre l'expression consacrée, n'est pas en effet installée dans un endroit déterminé où elle serait ancrée à demeure.
Elle est, au contraire, destinée à se mouvoir suivant les instructions qu'elle reçoit, soit du Grand Quartier Général, soit du Quartier Général du corps d'armée, auquel elle a été attachée.
L'avantage de cette formation est de pouvoir se transporter au premier signal, là où besoin est, pour y établir rapidement un centre opératoire.
L'autochir, en effet, ne comporte point de lits.
Elle se compose uniquement de 3 voitures techniques dont chacune a sa spécialité.
La première de ces voitures est affectée à la stérilisation.
Une grosse chaudière engendre la vapeur nécessaire à l'autoclave et à l'étuve en métal où sont stérilisés les pansements et les instruments de chirurgie.
Elle alimente en même temps le chauffage central de l'auto-chir une fois installée.
La seconde, affectée à la radiographie, contient les appareils nécessaires aux opérations radiographiques et peut même se transformer en chambre noire. Elle transporte en même temps les panneaux démontables en bois très léger qui, ajustés, constitueront deux salles d'opérations.
Enfin la troisième, qui est la voiture de pharmacie, contient en même temps le groupe électrogène qui donne la force et la lumière.
Ainsi outillée, l'auto-chir peut se rendre rapidement dans la localité qui lui est désignée parce qu'on y prévoit un afflux de blessés.
Elle s'établit à proximité d'un bâtiment quelconque où des lits puissent être installés : Maison d'école, habitation privée, baraques en bois édifiées à l'avance, peu importe.
En 8 heures de temps, elle déballe son matériel, installe ses deux salles d'opérations, met ses appareils en action et voilà un hôpital de fortune créé.

Quant aux blessés, qui sont toujours de grands blessés, ils lui seront envoyés au fur et à mesure des affaires en cours par le H. 0. E., traduisez l'hôpital d'évacuation le plus voisin, parfois même directement des postes de secours du front.
Sitôt opérés ils seront transportés sur des brancards dans le bâtiment où ont été disposés les lits et dont l'appellation administrative est « Ambulance nourricière », car elle nourrit désormais les blessés.
Surviennent quelques nouveaux ordres, les blessés seront évacués sur les hôpitaux de l'arrière « l'auto-chir » rembarque son matériel et va constituer un nouvel hôpital ailleurs, plus avant s'il plaît à Dieu, puisqu'elle doit suivre les mouvements de l'armée.

Le personnel de l'auto-chir se compose de 4 chirurgiens, 4 aides, un radiographe, un pharmacien, un officier d'administration, 10 étudiants en médecine et 25 infirmiers.
A ce personnel masculin, une décision toute récente a adjoint 8 infirmières, grand honneur pour elles et très ambitionné, car il les rapproche du front, et de plus, pour être employées dans une salle d'opérations, pour assister le chirurgien, pour donner au besoin, en cas de presse, le chloroforme, il faut de l'expérience, du sang-froid et des nerfs éprouvés.
2 automobiles sont affectées au transport de tout ce personnel. Voilà donc ce que c'est qu'une auto-chir, ma science est de fraîche date, car j'ai appris tous ces détails sur place, au cours d'une visite récente qui m'a particulièrement intéressé.
L'auto-chir n°X a été envoyée, il y a environ 3 mois, dans une région que je ne désignerai point, sinon en disant que, dans ces derniers temps, elle a été plusieurs fois, bombardée par des avions Allemands.

L'auto-chir est au centre de l'ambulance qui se compose de 12 baraques d'hospitalisation affectées aux blessés, sans compter celles des services généraux cuisine, buanderie, bains-douches, etc...

Elle est installée à flanc de coteau, à l'orée d'une jolie forêt. Elle domine un vallon au fond duquel coule un ruisseau, et la crête opposée est également couronnée par un bois.
L'endroit est plaisant on y installerait volontiers un petit château. L'emplacement a été judicieusement choisi on n'a pas commis l'erreur d'établir l'ambulance nourricière entre un dépôt de munitions et un camp d'aviation.

Sur la lisière de la forêt, ayant vue sur l'ensemble de l'ambulance qu'elle domine, une baraque abrite le personnel chirurgical et médical, placé tout entier sous l'autorité d'un médecin-chef éminent qui a été longtemps professeur au Val-de-Grâce avant d'être appelé à conduire une auto-chir aux fronts de la Somme, de l'Artois et de…
Sur la pente du vallon, non loin de la route d'accès, une baraque a été construite pour les infirmières. Cette baraque est un long rectangle, coupé au milieu par une assez grande pièce. De cette pièce partent à droite et à gauche deux étroits couloirs bordés de chaque côté, je ne sais trop s'il faut dire par les cellules ou par les boxes des infirmières.
Point de porte. Un simple rideau sépare chaque boxe du couloir.
L'ameublement en est simple, une étroite couchette, une minuscule table de toilette, une petite chaise et c'est tout.
Libre à chacune d'en orner les parois à sa guise, avec des souvenirs personnels, photographies d'êtres chers ou petits bibelots.
Aux panneaux de la salle du milieu sont suspendus un casque à pointe, ramassé sur le front, et quelques gravures de guerre.
La pièce elle-même, quoique d'un seul tenant, est divisée, du moins par l'aspect du mobilier, en deux parties.
A gauche en entrant, une table recouverte d'une toile cirée et des bancs de bois c'est la salle à manger.
A droite, une seconde table ornée d'un tapis et deux petits canapés c'est le salon.
Dans cette baraque, vivent en commun, comme dans un couvent, dont la supérieure serait qualifiée d'infirmière major, 17 femmes ou jeunes filles, quelques-unes assez jeunes. C'est dans cette pièce qu'elles se rassemblent, à l'heure des repas, et qu'elles se délassent quelques instants le soir, après une journée assez rude.
Il faut être dans les salles, le matin, à 7h30, prendre les températures avant l'arrivée du chirurgien, l'assister dans les pansements difficiles, faire soi-même les pansements légers. Les infirmières n'ignorent rien des mauvaises chances qui les menacent. Le casque en métal et le masque contre les gaz asphyxiants suspendus dans le box de chacune suffisent à le leur rappeler.
Quelques-unes même sont affectées aux salles d'opérations.

L'après-midi, il faut distraire les blessés, parfois rester au chevet d'un mourant, ou trouver des paroles d'humaine tendresse pour une femme ou une mère qui pleure au lit de mort de son mari ou de son enfant.
Et je ne parle pas des nuits de veille ni des arrivages en grand nombre de blessés expédiés directement du front, quelques-uns encore porteurs du garrot qui a arrêté provisoirement l'hémorragie.
Certes, c'est là une vie rude... Aucune ne s'en plaint, et dans les rares moments quelles passent réunies ensemble après les repas, la bonne humeur, la gaieté Française reprennent le dessus.
Le soir que j'ai passé avec elles, il faisait un clair de lune admirable. « Croyez-vous que Fritz viendra cette nuit? » demande l'une d'elles.
Cette question m'interloque quelque peu... On me l'explique en riant Fritz, c'est ainsi quelles dénomment l'avion allemand, lanceur de bombes, avec lequel 2 ou 3 ont déjà fait connaissance dans une autre ambulance.
Si, ce qu'à Dieu ne plaise, Fritz venait survoler leur ambulance, elles ne perdront point la tête, et, quand il sera parti, elles se moqueront de lui,
Le pâle fantôme de la mort plane sur nos têtes...

J'ai quitté l'auto-chir n°X un dimanche matin après avoir assisté à la messe dans la baraque qui sert de chapelle.
Bien petite est la baraque et bien modeste la chapelle, avec ses bancs de bois, comme une école de village et son autel de fortune, orné seulement de deux cierges. C'est « une messe chantée », dit l'affiche à la main apposée à la porte, et il y a des chants, en effet.
Le chœur se compose de 3 soldats qui sont des infirmiers-prêtres, le pharmacien tient l'orgue, un harmonium un peu vieux.
C'est un soldat également qui célèbre la messe. Il est d'assez grande taille, et son aube blanche trop courte laisse apercevoir le bas de sa culotte bleu horizon et de ses jambes ceintes de molletières.

La messe terminée je vais me retirer, lorsque le chœur entonne le De profundis... La messe n'est pas une messe en noir... Rien n'a donc annoncé le chant de ce psaume à la tragique beauté duquel l'accoutumance a fini par nous rendre insensibles.

Mais, cette fois, je suis ému de l'entendre à l'improviste rappeler ainsi que, dans cette région, le pâle fantôme de la mort plane constamment au-dessus de toutes les têtes.

La mort ! Elle a son domaine réservé, tout proche de la chapelle. Il a été nécessaire de défricher un coin de la forêt pour en faire un cimetière. Mais si on a abattu le taillis, on a respecté les vieux arbres dont les branches étendent leur ombrage sur les tombes.
Nombreuses sont déjà les files de petites croix à chacune desquelles est suspendue une plaque portant le nom et l'indication de la formation militaire à laquelle appartenait celui dont un peu de terre recouvre le corps.
Quelques-unes de ces inscriptions sont en langue arabe ce sont des musulmans, touchant emblème de la fraternité dans la mort entre Français d'origine et Français de cœur.
Le cimetière est déjà trop petit.
Bientôt il faudra l'agrandir et défricher encore un coin de la forêt, mais j'espère que l'on continuera de respecter les arbres...

Au moment où je quitte le cimetière, un singulier retour de mémoire ramène à ma pensée le souvenir d'un autre cimetière que j'ai visité, il y a de cela bien des années.

C'était aux États-Unis, aux environs de Washington. On l'appelle Oaks MU, le Mont des Chênes, et il est bien nommé. Les tombes n'y sont point alignées en files régulières, elles sont au contraire dispersées au pied de chênes séculaires qui les ombragent de leurs rameaux.
La plupart de ces tombes sont en marbre blanc et quelques-unes assez fastueuses. Le cimetière est, en effet, un cimetière de milliardaires, et les concessions nouvelles y coûtent très cher.
L'aspect de cette forêt funéraire m'avait semblé imposant et j'avais conservé de ce grandiose lieu de repos une impression de beauté.
Mais plus vive a été celle que j'ai ressentie en visitant le modeste cimetière de l'auto-chir n° X.
Ce n'est point en effet à coups d'argent que ceux qui y dorment leur dernier sommeil ont acquis l'honneur d'y reposer c'est au prix de leur sang versé pour la France.
(Par le Comte d'Haussonville de l'Académie française).

XII)
Composée de 6.500 marins, originaires majoritairement de Bretagne, mais aussi de Cherbourg, Rochefort et Toulon, elle perd alors plus de 3.100 membres, tués, blessés ou portés disparus lors des combats très durs qui se déroulent du 16 octobre au 10 novembre 1914 sur le site stratégique de la ville belge de Dixmude.

Certains sont des fusiliers brevetés, mais la plupart d'entre eux ne savent rien du métier de fantassin : ils sont marins au long cours, pêcheurs ou caboteurs.
Leur extrême jeunesse (plusieurs centaines sont des apprentis d'à peine seize ans) surprend en outre et leur vaut le surnom de « Demoiselles de la Marine » ou de « Demoiselles aux pompons rouges », selon le lieutenant de vaisseau de réserve et docteur en histoire contemporaine Pascal Boisson.

Pendant près d'un mois, terrés dans des tranchées creusées à la va-vite, ces fusiliers marins commandés par l'amiral Ronarc'h, font face avec bravoure aux vagues d'assauts de 40.000 Allemands.

« Par moment, ce sont plusieurs dizaines d'obus par minute ou un obus tous les mètres, des petits comme des gros, qui tombent, ce sont aussi des tirs dans tous les sens de mitrailleuses ou de fusils et des combats au corps à corps », relate René Estienne, conservateur général au service historique de la Marine, interrogé par l'AFP.

Les ordres du général Foch à l'amiral Ronarc'h sont clairs:
« La tactique que vous avez à pratiquer ne comporte pas d'idée de manœuvre, mais simplement et au plus haut point, l'idée de résister là où vous êtes ».

- « Un échec et une victoire » -
Le 10 novembre, Dixmude va cependant être prise par l'ennemi après d'âpres combats qui se terminent à la baïonnette ou au couteau.
Les Allemands vont perdre 10.000 soldats, tandis que 4.000 autres sont blessés.
« Aucun des deux belligérants n'aura réussi à bigorner l'autre, c'est donc à la fois un échec et une victoire avec des pertes très importantes des deux côtés », estime M. Estienne.
Reste que le front est stabilisé. La bataille des Flandres sera la dernière de la guerre de mouvement avant la consolidation du front jusqu'en 1918...

La brigade des fusiliers marins a donné naissance à la Force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO). Armée de 2.400 militaires et civils, elle est déployée pour protéger des sites stratégiques de la Marine et de la Défense, lutter contre la piraterie et les narcotrafics et conduire des opérations spéciales en mer ou sur terre.

« L'exemplarité du comportement et des résultats opérationnels lors de cette bataille sont toujours aujourd'hui un élément de référence pour le personnel de la force des fusiliers marins », assure René Estienne.

XIII)
Le 10 novembre 1914, après une période d’accalmie, les Allemands reprennent leur assaut en force pour mettre fin à la résistance Franco-Belge. S’ensuit alors un effroyable engagement au corps-à-corps où l’on va jusqu’à se battre à coups de poings et à coups de pierre.

Les Allemands réussissent à faire prisonniers quelques fusiliers marins… qui réussissent à s’enfuir à la nage en traversant l’Yser. En accord avec Albert Ier, le commandement Français ordonne à ses forces d’évacuer Dixmude transformé en tas de cendres et de boue.

Ronarc’h et Grossetti s’exécute pendant que, sur proposition de Charles Kogge Garde wateringue de Furnes, le commandement Belge fait inonder les plaines de l’Yser.

L’avance Allemande est stoppée et 100 000 hommes des armées du Kronprinz Ruprecht von Bayern du Duc Albert sont tombés.
Concernant les héroïques défenseurs de Dixmude, il ne reste que 400 tirailleurs au Commandant Frèrejean et seulement 11 à Brochot !
Pour ce qui est de la Brigade des Fusiliers Marins, le Contre-Amiral Ronarc’h fait état de 1 934 blessés, 698 prisonniers et portés disparus et 510 tués, soit plus de la moitié de l’effectif total.
Leur sacrifice a eu un grand retentissement en France.

Après leur engagement en Belgique, les Fusiliers Marins Bretons sont cantonnés à Nieuport en 1915 avant d’être renvoyés en mer  et la brigade est dissoute.
Les marins qui se porteront volontaires pour servir à terre formeront un bataillon qui combattra à Verdun. Le 11 janvier 1915, Raymond Poincarré (1860-1934) et le Ministre de la Marine Jean-Victor Augagneur (1855-1931), remettent à l’Amiral Ronarc’h (promu) le drapeau officiel de la Brigade de Fusiliers Marins.



«L'autochir» ou la naissance de l'hôpital mobile durant la ...
www.lefigaro.fr/.../10/.../26002-20141028ARTFIG00088-l-autochir-ou-la-...
28 oct. 2014 - Crédit photo: Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux. ... Le 10 novembre 1914, la première ambulance chirurgicale automobile dite ...

98/Journal de la grande guerre le 10 novembre 1914 | 1914 ...
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10 nov. 2014 - Mardi 10 novembre 1914 Journal du Rémois Paul Hess (extraits) Paul Hess fait état d'un article du Courrier intitulé "Reims est le centre du ...
10 novembre 1914 : nos aviateurs militaires et leur rôle ...
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Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914 ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../journal-de-paul-destombes-10-au-16-novembre-1...
11 nov. 2014 - Journal de Paul Destombes (10 au 16 novembre 1914) : «Le vent d'ouest ... tient son journal du premier au dernier jour de la Grande Guerre.













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