Cette page concerne l'année 931 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol.
LA
HANTISE DU SARRASIN
Selon
l'historien Philippe Sénac, l'espace occupé par les Sarrasins est
situé sur un territoire qui correspond actuellement aux hauteurs de
Saint-Tropez en Provence et dépasse largement le cadre étroit d'un
village.
Le
mot Fraissinet, actuellement Freinet, est un toponyme roman très
courant venant du latin Fraxinetum qui signifie le frêne.
Farakhshinit selon un chroniqueur arabe, selon l'historiographie
légendaire musulmane, dans les environs de 889 un navire
transportant 20 aventuriers jette l'ancre. Selon Liudprand de
Crémone, un navire de Pechina près de Almería dans ce qu'on
appelle alors Al-Andalus ancrée dans le golfe de Saint-Tropez en
Provence... Ils ont été appelés muwallad , (convertit à l'islam
ils parlent à la fois latin et arabe), Ils construisent une petite
fortification en pierre et protégent leurs avant-postes en cultivant
des buissons épineux, la région autour de Fraxinet est connu dans
les sources contemporaines sous le nom de Djabal al-Qilâl (montagne
des nombreux pics) et curieusement, est représenté sur les cartes
arabes de l'époque comme une île... Confiant dans la solidité de
leur établissement, ils attirent des renforts depuis l'Espagne. Par
la suite ce qui n'est au début qu'un établissement pirate devient
grâce à l’arrivée de nouveaux colons un véritable comptoir
colonial, car la mise en valeur des terres est facile. Cette zone
contrôlée par Fraxinet inclus Saint-Tropez, son golfe et
l'arrière-pays, ainsi que Ramatuelle et sa presqu'île. Ibn Hawqal
enregistre que la région est richement cultivée par ses habitants
musulmans, on les crédite d'un nombre de produits agricoles et
d'innovations de pêche dans la région. Celui-ci couvre une
distance de 60 km environ soit l’ensemble du massif des Maures...
Les épaves de navires dans la région indiquent que Fraxinet peut
avoir été un centre de commerce autant que de la piraterie.
Depuis
le Fraxinet, les Sarrasins mènent des raids dans toute la région
jusqu'au Piémont en Italie. Il faudra attendre 942 pour qu'une
première offensive sérieuse contre l'établissement Sarrasin soit
entreprise...
L'établissement
va être envahi lorsque le roi Hugues d'Arles met un terme à
l'offensive. Craignant de voir le roi d'Italie Bérenger s'emparer de
son royaume, il conclut un traité avec les Sarrasins : ceux-ci
doivent s'établir dans les Alpes pour empêcher toute invasion
ennemie. C'est peut-être à la suite de cet accord qu'une partie de
la communauté Sarrasine s'implante dans la vallée de l'Arc, la
Maurienne.
Fin
953 ou printemps 954, Jean de Gorze est envoyé en ambassadeur
pendant 2 ans, par Otton Ier (voir Otton Ier du Saint-Empire) au
calife de Cordoue Abd al-Rahman III pour demander l'arrêt des
attaques par les Sarrasins depuis Fraxinet...
Le
plus célèbre de leurs méfaits en 972 est l’enlèvement de l'abbé
Mayeul de Cluny, légat du pape et ami intime de l’impératrice
Adélaïde. Ceci provoque la première expédition punitive contre
Djabal al-Kilal une fois la rançon payée... Les Sarrasins ont
finalement été vaincus à la bataille de Tourtour en 973 par
Guillaume Ier de Provence avec l'aide des seigneurs locaux
À
la différence d'autres peuplements plus sporadiques, celui-ci dura
près d'un siècle et le Fraxinet ne constitue probablement pas un
simple repaire de brigands mais bien un emplacement stratégique pour
les musulmans qui semblent vouloir « entraver les relations
entre les cités marchandes Italiennes et le reste de la chrétienté
méridionale » et il n'est pas « du tout exclu que le
Fraxinet ait été le théâtre d'une symbiose communautaire, ce qui
tendrait à expliquer sa longévité ».
CAP TAILLAT |
Selon
cette chronique du XIe siècle, Abd ar-Rahman III a fait la paix en
939-940 avec un certain nombre de Francs dirigeants et a envoyé des
copies du traité de paix à Nasr ibn Ahmad , décrits en tant que
commandant de Farakh Shanit, ainsi que les gouverneurs arabes des
Îles Baléares et les ports maritimes d'al-Andalus Les soumettre
tous au califat Omeyyade. Rien d'autre ne se révèle sur le
commandant du Fraxinet...
Les
sources chrétiennes, en particulier Liudprand et la « Vita
sancti Bobonis », représentent les Maures de Fraxinet comme
des brigands. De leur base, ils ravagent la région environnante,
atteignant le Piémont Italien du Nord et pillent efficacement les
cols Alpins entre la France et l'Italie.
En
931 le roi Hugues d'Italie, avec quelques navires Byzantins, attaque
Fraxinetum... Les Byzantins réussissent à repousser les navires
sarrasins avec le feu grégeois, tandis que les troupes de Hugues
d'Arles entrent dans la ville... mais Hugues d’Arles signe un
accord avec les Sarrasins de Fraxinetum leur permettant d'harceler
les cols alpins à des fins politiques dans sa lutte avec Bérenger
d'Ivrea...
L'empereur
Otton Ier envoie Jean de Gorze comme ambassadeur en 953 pour exiger
la cessation des activités de pirateries, sans beaucoup de succès
Les
Sarrasins sont défaits à la bataille de Tourtour par Guillaume Ier
de Provence, et sont expulsés de Fraxinetum en 973 par une alliance
de Rotbold II de Provence et d'Ardouin... Avec la prise de Fraxinet
les cols alpins,sont libéré des misent à sacs sarrasines, et sont
rouverts aux voyageurs chrétiens.
L’épave
du « Bataiguier » repose à une cinquantaine de mètres
de fond dans la baie de Cannes près de l’île Sainte Marguerite, à
près d’un kilomètre de la balise du Bataiguier qui lui a donné
son nom, cette épave découverte en 1973 est celle d’un navire de
commerce d’origine sarrasine transportant une cargaison importante
de céramique Andalouse et qui a sombré au Xe siècle.
L’importante
cargaison découverte désigne cette épave comme celle d’un navire
de commerce sarrasin (arabo-musulman) du Xe s. Son chargement
principal semble avoir été composé de grandes jarres servant à
contenir des denrées ou de l’eau.
Une
cargaison complémentaire s’est révélée importante par le nombre
et la variété de pièces qui la composent. Il s'agit
essentiellement de céramiques (cruches, pichets, gargoulettes,
amphores, lampes, marmites, etc). Une série de chaudrons en cuivre,
dont on a retrouvé surtout les anses, faisait également partie de
ce fret.
Quelques
objets particuliers se distinguent de cet ensemble comme un récipient
en forme de chameau ou de girafe. Une vingtaine de meules a également
été découverte sur le site mais il semble qu’elles aient servi à
lester le navire... La cargaison principale est constituée de
grandes jarres appelées alfabias. On en a dénombré une
quarantaine. Elles mesurent entre 50 et 130 cm. de haut. Les plus
grandes ont une contenance d’environ 1 000 litres. Plusieurs
présentent un décor de cordons. Plus rares sont celles qui offrent
des systèmes de préhension.
Ce
chargement est complété par un nombre conséquent de lampes (une
cinquantaine) et de vases en céramique : pots (cantaros), cruches
(jarros), gargoulettes (jarritas), marmites, coupes, pichets, petites
jarres et amphores. Il convient de noter pour les grandes séries
comme celles des pots, des cruches ou des gargoulettes l’existence
de variantes en fonction du nombre d’anses ou de la taille des
objets... Malgré quelques décors incisés ou peints, ces
productions renvoient à de la céramique commune fonctionnelle.
Certaines
lampes semblent avoir fait partie du matériel de bord car elles
apparaissent avoir été utilisées. Parmi les objets céramiques, il
faut signaler l’existence d’objets originaux : un tambour
identique aux « derbuka » actuelles du Maghreb, une
gourde aplatie et une lampe circulaire dotée de 7 godets verticaux
et un récipient zoomorphe qui demeure énigmatique, tant par sa
représentation (girafe ?, dromadaire ?) que par sa
fonction (ustensile pour verser l’huile dans les lampes ?,
encrier ?).
Une
vingtaine d’anses de chaudron et un manche d’outil, tous en
cuivre, ont été récupérés. Les concrétions ferreuses s’avèrent
nombreuses sur le site mais elles ont, pour la plupart été laissées
sur place pour être observées en connexion avec l’architecture de
l’épave. Néanmoins, un trépied, une hache et divers autres
petits objets (anneaux, clous) ont été remontés. 3 bases de
récipients en verre ont aussi été repérées et dessinées. Enfin,
un cylindre décoré, en ivoire ou en os, reste d'interprétation
délicate.
Des
meules (une vingtaine) gisaient sur le site. C’est également le
cas sur l’épave sarrasine de Nord-Fouras. Il est probable qu’elles
aient servi de lest pour la stabilité du navire. Leur analyse
géologique pourrait permettre de déterminer si le navire a été
chargé en Espagne musulmane ou dans le secteur, tout proche, du
Fraxinetum (région de Saint-Tropez) alors contrôlé par les
Sarrasins.
La
longueur du navire semble pouvoir être estimée à environ 25 m. Il
possède un fond plat large de 3,20 m. Les flans du navire s’évasent
ensuite et il est impossible pour l’instant de déterminer la
largeur maximale de celui-ci. La coque a été assemblée selon le
principe de construction sur couples. Les membrures sont plates et en
forme de L comme sur la célèbre épave de Serçe Liman (XIe siècle
Turquie). Elles sont fixées à la quille au moyen de broches. Les
virures, mises à franc bord les unes par rapport aux autres, sont
clouées aux membrures. Le navire est doté d’un vaigrage.
Aucune
archive connue aujourd’hui ne relate le naufrage de ce navire de
commerce. La très probable origine Andalouse de sa cargaison et sa
datation conduisent cependant à insérer cette épave dans un
contexte historique précis. Le Xe siècle est, en effet, une période
au cours de laquelle, en Provence, de multiples tensions entre
Musulmans et Chrétiens se sont traduites par plusieurs expéditions
militaires terrestres et maritimes qui ont laissé des traces dans
les archives historiques. Ce contexte et divers éléments ont
conduit à envisager que la cause du naufrage de ce navire, dans un
site pourtant bien abrité, pourrait résulter d’un fait de guerre.
D’après
les annales franques, dans les dernières années du IXe s, un navire
musulman venant d’Espagne a essuyé une tempête sur les côtes du
Var. Une vingtaine de Sarrasins ayant échappé à ce naufrage se
seraient installés sur le littoral du secteur alors appelé
Fraxinetum (actuel massif des Maures, cantons de Grimaud et de
Saint-Tropez). Renforcé en effectif et dirigé par un qa’id (chef
militaire), ce contingent établit un fortin, d’où il lançait des
razzias sur l’arrière-pays Provençal et des expéditions de
piraterie sur le littoral. La tradition historique a longtemps fait
du château de la Garde-Freinet la base de ces pirates. L’archéologie
a cependant montré récemment que cette fortification n’apparaît
qu’au XIIIe siècle. Les spécialistes actuels penchent plutôt
pour une installation de ces Sarrasins dans la presqu’île de
Saint-Tropez. Le nom « Ramatuelle » pourrait être, par
exemple, d’origine arabe et dériver de Rahmatû llâh (« le
bienfait de Dieu »).
D’après
les mêmes sources chrétiennes, non exemptes de partialité, jusqu’à
ce qu’ils soient chassés de la région en 972 par les comtes
Provençaux et les Byzantins, les Sarrasins du Fraxinetum
entretiennent une insécurité constante sur le commerce maritime
dans cette mer de Provence. Ils servent alors probablement de relais
aux grandes razzias maritimes lancées d’Andalousie (en 933, 935 et
943 notamment). Celles-ci et les interventions Byzantines menées
pour mettre fin à cette insécurité (en 931, 942, dans les années
950 et encore en 968) ont causé plusieurs pertes de navires
sarrasins attestées par les archives. La présence de bois brûlé
et de 3 fragments de squelettes humains sur un navire mouillant dans
un endroit particulièrement abrité incitent les historiens et les
archéologues à envisager l’hypothèse d’une agression, qu’ils
datent volontiers de 942. A cette époque, en effet, les Provençaux
du côté terrestre et les Byzantins du côté de la mer mettent en
place un blocus autour du Fraxinetum. L’importance et le succès
historique de ce blocus indiquent donc un contexte particulièrement
propice pour le naufrage d’un navire Sarrasin mais ils n’en
constituent pas pour autant une preuve formelle.
Les
premiers marins-pirates à se manifester parce que les plus présents
en Méditerranée sont évidemment les Sarrasins mais lesquels ?
S’agit-il
des Aghlabides de Kairouan qui accaparent déjà la moitié de la
péninsule Italique, les îles Tyrrhéniennes dont la Corse ?
Ou
bien des dissidents de l’émir de Barcelone ?
Ou
enfin, des pirates Berbères venant directement du Maghreb ?
On
ne le sait pas et les assauts commencent dès 806, en 808, en 813 ils
sont à Nice, la cité est défendue mais sa campagne est pillée.
Puis à partir de 838 environ, les Sarrasins ne quittent pratiquement
plus le littoral méditerranéen entre Marseille et Gènes et
cherchent même à y établir une tête de pont. La Camargue les
intéresse et devient une base pour leurs incursions dans la vallée
du Rhône en remontant le fleuve. Cependant, la compétition est dure
car les Mahométans ou les Mozarabes ne sont pas seuls et
contrairement à la tradition, la Méditerranée n’est pas encore
un « lac musulman ».
Il
y a d’abord les pirates Grecs, jusqu’à ce qu’une coalition
Arabo-Lombarde les chasse de leurs bases calabraises (842, 848,) puis
et surtout, les Vikings Danois. Gare à ceux qui s’approchent de
leurs drakkars ! Nous connaissons déjà ces intrépides marins
Scandinaves qui cabotent le long des côtes de l’Hexagone et de la
péninsule Ibérique... Ils le feront pendant plus de 20 ans.
En
844, un parti est en Gironde où à force de rames ils atteignent
Toulouse pour entre autres choses, aider un comte local à se
débarrasser d’un compétiteur « Franc ». Puis passés
en Mare Nostrum, ils pillent quelque peu le Languedoc (Nîmes), le
Roussillon (Elne) et disputent la base de Camargue aux Sarrasins tout
en « visitant » les rives du Rhône jusqu’à Lyon.
En
869 les Vikings sont vainqueurs d’un combat qui les oppose aux
Arlésiens conduits par leur archevêque Rolland. Celui-ci est tué
mais les marins Scandinaves restituent son corps aux habitants.
Enfin, ils consentent à abandonner nos régions pour poursuivre leur
pérégrination vers le littoral Génois et la mer Tyrrhénienne. Les
Vikings conserveront probablement un très bon souvenir de leur
« croisière en Méditerranée » puisqu’ils reviendront
bientôt au tout début du Moyen Age, pour occuper définitivement
son fleuron, c’est-à-dire la Sicile !... Mais revenons aux
Sarrasins beaucoup plus omniprésents.
Ne
perdons pas de vue que les Sarrasins ou Arabes, provenant d’Espagne
ou d'Afrique du Nord, ne constituent que des minorités au sein de
mouvances mozarabes ou berbères plus ou moins islamisées mais on
les trouve le plus souvent dans leur encadrement... Le qualificatif
de « sarrasin », s’il est commode d’utilisation est
donc néanmoins un terme très simplificateur. A l’approche du Xe
siècle, l’absence de gouvernement régional fort, la dispersion du
pouvoir, enjeu d’une sévère compétition entre les comtes, la
présence d’un vaste territoire central Provençal toujours
dépourvu d’administration, rendent compte aisément que le Sud de
l’Hexagone entre autres régions, demeure soumis à la pression des
marins-pirates.
Mais
si le pillage ou la course aux esclaves a constitué l’unique
objectif de leurs interventions, ils se seraient lassés depuis
longtemps. En effet, l’espoir de récolter un butin provenant de
cités sans cesse ravagées depuis des lustres est bien mince et les
indigènes ont appris à se soustraire aux prises d’otages. Pour
des gains problématiques, les risques encourus ne se justifient
plus !... Non, ce qui attire le plus les pirates Sarrasins ou
Scandinaves et bientôt jusqu’à des hordes de Turcs Hongrois
déboulant des Alpes (896), c’est la possibilité d’être
embauchés comme mercenaires au service de quelque comte ou ville
ambitionnant une hégémonie...
Le
futur roi Burgonde Boson Ier (880-889,) y fait déjà allusion en 879
lorsqu’il se plaint que « les Provençaux envieux les uns des
autres » ont recours aux pirates dans une atmosphère de guerre
civile ! Les événements à suivre de ce dernier siècle avant
l’an Mil, sont inexplicables sans cela. La montée en puissance des
comtes d’Arles, une autodéfense efficace de la « Provence
Marseillaise » rendent difficile le maintien d’une base en
Camargue pour les Sarrasins. Aussi tournent-ils leur regard vers
cette Narbonnaise seconde si peu revendiquée jusqu’ici. A partir
de ce moment, l’histoire régionale « officielle »
entre dans le flou et va se polariser sur un événement bien réel,
contrôlé à plusieurs sources et qui aurait pu passer pour un
simple fait-divers mais au lieu de cela, devient l’épicentre d’une
véritable secousse politico-religieuse ! Si les indigènes de
ce littoral avaient été de bons chrétiens naturellement prémunis
contre des musulmans, possibles pirates de surcroît, vraiment peu
d’effort aurait été nécessaire pour rejeter à la mer ces intrus
épuisés et sans arme... Au contraire, ils seront secourus et
bientôt rejoints par d’autres coreligionnaires (d’après la
tradition). Ce noyau va proliférer avec les générations à venir
et le consensus des populations autochtones ligures. Il n’y a pas
de cohabitation fût-elle bonne, pour des religions chrétienne et
islamique qui n’ont pas eu le temps de s’implanter ou de
s’affirmer et la Provence centrale ne se couvre pas de mosquées
comme en Sicile ou en Espagne... Il y a tout simplement un mouvement
politique qui fait tache d’huile et que les orthodoxes bon teint
qualifieront d’anarchique ! Autour de l’anecdote des
naufragés, va se greffer une mouvance Liguro-Sarrasine d’essence
essentiellement populaire et spécifique à ce pays qui n’est pas
devenu pour autant, une nouvelle terre pour l’Islam ou un creuset
pour des Mozarabes... Elle rappelle un peu la « mouvance rouge »
des Muhammira développée au pourtour de l’Iran à la même époque
. Nous en ferons une « Provence Mauresque » !
Certes, le terme de Maure est inadéquat car au sens strict il
s’applique aux Berbères de Maurétanie ou du Maghreb mais il a été
tellement galvaudé par l’histoire à propos de la Corse (emblème
de la tête de Maure) ou en Provence (massif des Maures) qu’il est
entré dans la sémantique locale. Sachant toutefois que sous nos
latitudes, il s’applique pour l’essentiel aux autochtones Ligures
ayant acquis une autonomie sous l’égide de descendants mâtinés
de Sarrasins ou de Mozarabes.
C’est
ainsi que vivront les Provençaux des portes de Marseille à la
plaine du Var dans les Alpes Maritimes, de la Méditerranée à la
Durance vers l’Ouest, la Bléone au Nord et pratiquement le cours
du Var à l’Est, en marge de tout appareil politique ou religieux
traditionnel... Ceci durant la fin du IXe siècle et la majeure part
du Xe, incluant donc en bordure, le val de Chanan...
Pour
la première fois depuis la fin de la Romanité, ces Ligures très
peu ou non latinisés et christianisés, sont pris en main ou sont
incités à pratiquer une autogestion directe dont on ne connaît que
des bribes mais sans doute des plus originales ! D’après un
géographe musulman,1
ce sont les Sarrasins par leurs directives qui ont régénéré
l’agriculture en la modernisant, en introduisant de nouvelles
cultures, ils fondent de nouvelles agglomérations comme Ramatuelle
(Rahmatu’Allâh « bienfait de Dieu »), Gualixart
(ancien nom de Saint-Tropez : Wadi al Qsar « vallée du
château »), … Ils relancent la prospection minière jusque
dans le Mercantour et l’on connaît des « galeries
sarrasines » un peu partout.
Cependant
l’autogestion implique aussi un système parallèle d’autodéfense.
Qui
peut l’assurer et le supporter dans un pays où l’économie de
subsistance demeure précaire ?
Là
nous ne pouvons que spéculer en l’absence de données.
Notre
hypothèse est que les populations ont dû compenser la disparition
de toute charge fiscale et le poids d’une administration, par une
contribution personnelle de type coopératif.
Elles
doivent se mobiliser pour être en mesure de fournir un contingent de
guerriers de l’ordre d’un millier d’hommes environ, à tour de
rôle et/ou par le biais du volontariat, en permanence sous les
armes.
Pour
ne pas être à la charge du pays, cette troupe s’autofinance en se
livrant à des opérations de pillages et l’on peut imaginer les
« Provences » centrale et montagneuse recroquevillées
comme un hérisson, lançant des raids tous azimuts à l’ancienne
manière des « Francs »... Car et là est un fait
historique, les nombreux et incessants saccages qui seront justement
imputés aux « Maures » durant au moins un siècle, ne
concernent que des régions situées à l’extérieur du périmètre
soumis à leur influence et ci-dessus défini.
Dès
904, après une mainmise sur le littoral Fréjusien et Toulonnais,
les abords mêmes de Marseille deviennent une zone d’insécurité
et les habitants se claquemurent derrière leur enceinte les reliques
de Saint Victor sont ramenées à l’abri des remparts. Les comtes
ou rois d’Arles surtout soucieux de préserver la Provence
Rhodanienne, peuvent difficilement s’opposer à des raids
impromptus.
Les
« Maures » razzient systématiquement les grands domaines
agricoles laïcs ou religieux en alternant leurs expéditions dans
l’espace, presque dans le même temps, du Rhône jusqu’au Piémont
(destruction d’un couvent de la Novolaise en 906) en passant par
les principales vallées alpestres.
En
923, l’évêque Drogon toujours assiégé dans Marseille, demande
une aide financière et alimentaire à Manassès archevêque d’Arles.
La même année, les ecclésiastiques d’Aix doivent évacuer
l’ancienne capitale de la Narbonnaise seconde. En compensation, son
évêque Odalric sera nommé coadjuteur de celui de Reims qui n’a
que sept ans (928) !
Il
reviendra dans le Midi en 933, deviendra archevêque d’Aix en 947
mais lui et ses successeurs (Israël en 949, …)2
résideront à Arles, ne pouvant occuper leur poste à Aix...
L’archevêché d’Embrun est aussi évacué à cette époque.
A
noter qu’en 931, les « Maures » doivent repousser une
attaque de pirates Grecs, « l’arroseur arrosé » en
quelque sorte !
En
936, on peut mesurer l’audace et l’efficacité de tels raids
quand la fameuse
abbaye
de Saint Gaal en Alémanie est mise à mal ! L’insécurité
est permanente dans toutes les Alpes comme le montre le pillage du
monastère de Saint-Maurice d’Agaune, non moins célèbre que le
précédent en 940.
Alors
que les Lombards commencent à expurger leur péninsule de ses
Mahométans et oppriment la « papauté », que l’on
parle déjà de Reconquista Espagnole, il est de moins en moins
question de demeurer dans un statut d’irréligion, a fortiori
teinté de sympathie pour l’Islam. Ceci sachant que les évêques
ont hâte de retrouver leur diocèse et que les abbés des monastères
ne demandent qu’à reprendre au plus vite l’exploitation de leurs
déjà immenses biens fonciers. Quel peut être l’état d’esprit
des Liguro-Provençaux et autres Bérétins du val de Chanan à
l’approche de l'An Mil ? Sans doute celui d’individus déjà
résignés au destin qui les attend...
Ils
viennent à 100 jusque sous les murs de Grenoble, dont ils se rendent
maîtres. Une victoire de Conrad, en 952, fait chanceler leur
puissance.
En
960, on leur enlève le mont Saint-Bernard, et les communications
entre l'Italie, l'Allemagne et la Francie occidentale, sont
rétablies.
En
965, ils sont chassés du diocèse de Grenoble, puis, après 972, de
Sisteron et de Gap. De toutes parts, les seigneurs féodaux, secondés
par le peuple et excités par le clergé, se soulèvent contre les
envahisseurs.
Enfin,
vient le moment de la délivrance Guillaume, comte de Provence,
appelle à lui tous les guerriers de Provence, du bas Dauphiné et du
comté de Nice, et résout de prendre Fraxinet... D'abord les
Sarrasins sont vaincus à Tourtour, près de Draguignan, puis, malgré
leur résistance, obligés de fuir de Fraxinet...
C'est
vers 975 que ce territoire est enfin délivrée de ces terribles
incursions.
Ceux
qui ne sont pas tués, deviennent serfs et se fondent peu à peu dans
la population. Il a bien fallu que les Arabes se résignent à
regarder la Provence et les régions limitrophe comme étant à
l'abri de leurs atteintes. Ils s'en consolent en disant :
«
les Français, étant exclus d'avance du paradis, Dieu a voulu les
dédommager en ce monde par le don de pays riches et fertiles, où le
figuier, le châtaignier et le pistachier étalent leurs fruits
savoureux. »
Il
y a encore depuis cette époque des attaques partielles :
En
1019,contre Narbonne,
En
1047, contre Lérins, etc... Mais ces attaques tiennent moins à
l'histoire des invasions Sarrasines proprement dites qu'à celle de
la piraterie des Barbaresques, qui vont durer jusqu'au début du XIXe
siècle.
De
façon plus générale, au Moyen âge, sarrasin, sarrasinois
s'emploie pour païen, romain, une tuile sarrasine est une tuile
romaine, un monument sarrasinois est un tombeau antique.
Castelsarrasin (Castel-Sarrazin) tirerait son nom de fortifications
romaines et non arabes...
Fraxinet
- Wikipedia, the free encyclopedia
en.wikipedia.org/wiki/FraxinetTraduire
cette page
In
931 King Hugh of Italy, along with some Byzantine ships, attacked
Fraxinetum. ... in modern French, blé noir (black wheat) and blé
sarrasin (Saracen wheat).
Bataiguier
- Épave de navire - Atlas PALM
www.atlaspalm.fr/fr/s22_bataiguier.html
32-39;
CARRA Pierre, Un gros navire sarrasin, l'épave du Bataiguier,
Compte-rendu de la Rencontre d'Archéologie Sous-Marine de
Fréjus-Saint-Raphaël, ...
La
Provence "mauresque" - lapenne.fr
www.lapenne.fr/index.php?post/2008/06/22/La-Provence-mauresque
14
déc. 1999 - Du vivant de Charlemagne, « maître de l'Europe », des
Sarrasins se ..... A noter qu'en 931, les « Maures » doivent
repousser une attaque de ...
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