samedi 1 novembre 2014

931... EN REMONTANT LE TEMPS


 Cette page concerne l'année 931 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol.

LA HANTISE DU SARRASIN

Le Fraissinet ou Fraxinetum (en arabe Farakhshanit ou Farakhsha ) est un site fortifié, traditionnellement situé à la Garde-Freinet, qui est occupé par une garnison de soldats Sarrasins au Xe siècle jusqu'à leur éviction par Guillaume Ier de Provence en 973 après la bataille de Tourtour.

Selon l'historien Philippe Sénac, l'espace occupé par les Sarrasins est situé sur un territoire qui correspond actuellement aux hauteurs de Saint-Tropez en Provence et dépasse largement le cadre étroit d'un village.

Le mot Fraissinet, actuellement Freinet, est un toponyme roman très courant venant du latin Fraxinetum qui signifie le frêne. Farakhshinit selon un chroniqueur arabe, selon l'historiographie légendaire musulmane, dans les environs de 889 un navire transportant 20 aventuriers jette l'ancre. Selon Liudprand de Crémone, un navire de Pechina près de Almería dans ce qu'on appelle alors Al-Andalus ancrée dans le golfe de Saint-Tropez en Provence... Ils ont été appelés muwallad , (convertit à l'islam ils parlent à la fois latin et arabe), Ils construisent une petite fortification en pierre et protégent leurs avant-postes en cultivant des buissons épineux, la région autour de Fraxinet est connu dans les sources contemporaines sous le nom de Djabal al-Qilâl (montagne des nombreux pics) et curieusement, est représenté sur les cartes arabes de l'époque comme une île... Confiant dans la solidité de leur établissement, ils attirent des renforts depuis l'Espagne. Par la suite ce qui n'est au début qu'un établissement pirate devient grâce à l’arrivée de nouveaux colons un véritable comptoir colonial, car la mise en valeur des terres est facile. Cette zone contrôlée par Fraxinet inclus Saint-Tropez, son golfe et l'arrière-pays, ainsi que Ramatuelle et sa presqu'île. Ibn Hawqal enregistre que la région est richement cultivée par ses habitants musulmans, on les crédite d'un nombre de produits agricoles et d'innovations de pêche dans la région. Celui-ci couvre une distance de 60 km environ soit l’ensemble du massif des Maures... Les épaves de navires dans la région indiquent que Fraxinet peut avoir été un centre de commerce autant que de la piraterie.

Depuis le Fraxinet, les Sarrasins mènent des raids dans toute la région jusqu'au Piémont en Italie. Il faudra attendre 942 pour qu'une première offensive sérieuse contre l'établissement Sarrasin soit entreprise...

L'établissement va être envahi lorsque le roi Hugues d'Arles met un terme à l'offensive. Craignant de voir le roi d'Italie Bérenger s'emparer de son royaume, il conclut un traité avec les Sarrasins : ceux-ci doivent s'établir dans les Alpes pour empêcher toute invasion ennemie. C'est peut-être à la suite de cet accord qu'une partie de la communauté Sarrasine s'implante dans la vallée de l'Arc, la Maurienne.

Fin 953 ou printemps 954, Jean de Gorze est envoyé en ambassadeur pendant 2 ans, par Otton Ier (voir Otton Ier du Saint-Empire) au calife de Cordoue Abd al-Rahman III pour demander l'arrêt des attaques par les Sarrasins depuis Fraxinet...

Le plus célèbre de leurs méfaits en 972 est l’enlèvement de l'abbé Mayeul de Cluny, légat du pape et ami intime de l’impératrice Adélaïde. Ceci provoque la première expédition punitive contre Djabal al-Kilal une fois la rançon payée... Les Sarrasins ont finalement été vaincus à la bataille de Tourtour en 973 par Guillaume Ier de Provence avec l'aide des seigneurs locaux

À la différence d'autres peuplements plus sporadiques, celui-ci dura près d'un siècle et le Fraxinet ne constitue probablement pas un simple repaire de brigands mais bien un emplacement stratégique pour les musulmans qui semblent vouloir « entraver les relations entre les cités marchandes Italiennes et le reste de la chrétienté méridionale » et il n'est pas « du tout exclu que le Fraxinet ait été le théâtre d'une symbiose communautaire, ce qui tendrait à expliquer sa longévité ».
CAP TAILLAT
Selon cette chronique du XIe siècle, Abd ar-Rahman III a fait la paix en 939-940 avec un certain nombre de Francs dirigeants et a envoyé des copies du traité de paix à Nasr ibn Ahmad , décrits en tant que commandant de Farakh Shanit, ainsi que les gouverneurs arabes des Îles Baléares et les ports maritimes d'al-Andalus Les soumettre tous au califat Omeyyade. Rien d'autre ne se révèle sur le commandant du Fraxinet...

Les sources chrétiennes, en particulier Liudprand et la « Vita sancti Bobonis », représentent les Maures de Fraxinet comme des brigands. De leur base, ils ravagent la région environnante, atteignant le Piémont Italien du Nord et pillent efficacement les cols Alpins entre la France et l'Italie.
En 931 le roi Hugues d'Italie, avec quelques navires Byzantins, attaque Fraxinetum... Les Byzantins réussissent à repousser les navires sarrasins avec le feu grégeois, tandis que les troupes de Hugues d'Arles entrent dans la ville... mais Hugues d’Arles signe un accord avec les Sarrasins de Fraxinetum leur permettant d'harceler les cols alpins à des fins politiques dans sa lutte avec Bérenger d'Ivrea...

L'empereur Otton Ier envoie Jean de Gorze comme ambassadeur en 953 pour exiger la cessation des activités de pirateries, sans beaucoup de succès

Les Sarrasins sont défaits à la bataille de Tourtour par Guillaume Ier de Provence, et sont expulsés de Fraxinetum en 973 par une alliance de Rotbold II de Provence et d'Ardouin... Avec la prise de Fraxinet les cols alpins,sont libéré des misent à sacs sarrasines, et sont rouverts aux voyageurs chrétiens.

L’épave du « Bataiguier » repose à une cinquantaine de mètres de fond dans la baie de Cannes près de l’île Sainte Marguerite, à près d’un kilomètre de la balise du Bataiguier qui lui a donné son nom, cette épave découverte en 1973 est celle d’un navire de commerce d’origine sarrasine transportant une cargaison importante de céramique Andalouse et qui a sombré au Xe siècle.
L’importante cargaison découverte désigne cette épave comme celle d’un navire de commerce sarrasin (arabo-musulman) du Xe s. Son chargement principal semble avoir été composé de grandes jarres servant à contenir des denrées ou de l’eau.

Une cargaison complémentaire s’est révélée importante par le nombre et la variété de pièces qui la composent. Il s'agit essentiellement de céramiques (cruches, pichets, gargoulettes, amphores, lampes, marmites, etc). Une série de chaudrons en cuivre, dont on a retrouvé surtout les anses, faisait également partie de ce fret.

Quelques objets particuliers se distinguent de cet ensemble comme un récipient en forme de chameau ou de girafe. Une vingtaine de meules a également été découverte sur le site mais il semble qu’elles aient servi à lester le navire... La cargaison principale est constituée de grandes jarres appelées alfabias. On en a dénombré une quarantaine. Elles mesurent entre 50 et 130 cm. de haut. Les plus grandes ont une contenance d’environ 1 000 litres. Plusieurs présentent un décor de cordons. Plus rares sont celles qui offrent des systèmes de préhension.

Ce chargement est complété par un nombre conséquent de lampes (une cinquantaine) et de vases en céramique : pots (cantaros), cruches (jarros), gargoulettes (jarritas), marmites, coupes, pichets, petites jarres et amphores. Il convient de noter pour les grandes séries comme celles des pots, des cruches ou des gargoulettes l’existence de variantes en fonction du nombre d’anses ou de la taille des objets... Malgré quelques décors incisés ou peints, ces productions renvoient à de la céramique commune fonctionnelle.

Certaines lampes semblent avoir fait partie du matériel de bord car elles apparaissent avoir été utilisées. Parmi les objets céramiques, il faut signaler l’existence d’objets originaux : un tambour identique aux « derbuka » actuelles du Maghreb, une gourde aplatie et une lampe circulaire dotée de 7 godets verticaux et un récipient zoomorphe qui demeure énigmatique, tant par sa représentation (girafe ?, dromadaire ?) que par sa fonction (ustensile pour verser l’huile dans les lampes ?, encrier ?).

Une vingtaine d’anses de chaudron et un manche d’outil, tous en cuivre, ont été récupérés. Les concrétions ferreuses s’avèrent nombreuses sur le site mais elles ont, pour la plupart été laissées sur place pour être observées en connexion avec l’architecture de l’épave. Néanmoins, un trépied, une hache et divers autres petits objets (anneaux, clous) ont été remontés. 3 bases de récipients en verre ont aussi été repérées et dessinées. Enfin, un cylindre décoré, en ivoire ou en os, reste d'interprétation délicate.
Des meules (une vingtaine) gisaient sur le site. C’est également le cas sur l’épave sarrasine de Nord-Fouras. Il est probable qu’elles aient servi de lest pour la stabilité du navire. Leur analyse géologique pourrait permettre de déterminer si le navire a été chargé en Espagne musulmane ou dans le secteur, tout proche, du Fraxinetum (région de Saint-Tropez) alors contrôlé par les Sarrasins.

La longueur du navire semble pouvoir être estimée à environ 25 m. Il possède un fond plat large de 3,20 m. Les flans du navire s’évasent ensuite et il est impossible pour l’instant de déterminer la largeur maximale de celui-ci. La coque a été assemblée selon le principe de construction sur couples. Les membrures sont plates et en forme de L comme sur la célèbre épave de Serçe Liman (XIe siècle Turquie). Elles sont fixées à la quille au moyen de broches. Les virures, mises à franc bord les unes par rapport aux autres, sont clouées aux membrures. Le navire est doté d’un vaigrage.

Aucune archive connue aujourd’hui ne relate le naufrage de ce navire de commerce. La très probable origine Andalouse de sa cargaison et sa datation conduisent cependant à insérer cette épave dans un contexte historique précis. Le Xe siècle est, en effet, une période au cours de laquelle, en Provence, de multiples tensions entre Musulmans et Chrétiens se sont traduites par plusieurs expéditions militaires terrestres et maritimes qui ont laissé des traces dans les archives historiques. Ce contexte et divers éléments ont conduit à envisager que la cause du naufrage de ce navire, dans un site pourtant bien abrité, pourrait résulter d’un fait de guerre.
D’après les annales franques, dans les dernières années du IXe s, un navire musulman venant d’Espagne a essuyé une tempête sur les côtes du Var. Une vingtaine de Sarrasins ayant échappé à ce naufrage se seraient installés sur le littoral du secteur alors appelé Fraxinetum (actuel massif des Maures, cantons de Grimaud et de Saint-Tropez). Renforcé en effectif et dirigé par un qa’id (chef militaire), ce contingent établit un fortin, d’où il lançait des razzias sur l’arrière-pays Provençal et des expéditions de piraterie sur le littoral. La tradition historique a longtemps fait du château de la Garde-Freinet la base de ces pirates. L’archéologie a cependant montré récemment que cette fortification n’apparaît qu’au XIIIe siècle. Les spécialistes actuels penchent plutôt pour une installation de ces Sarrasins dans la presqu’île de Saint-Tropez. Le nom « Ramatuelle » pourrait être, par exemple, d’origine arabe et dériver de Rahmatû llâh (« le bienfait de Dieu »).

D’après les mêmes sources chrétiennes, non exemptes de partialité, jusqu’à ce qu’ils soient chassés de la région en 972 par les comtes Provençaux et les Byzantins, les Sarrasins du Fraxinetum entretiennent une insécurité constante sur le commerce maritime dans cette mer de Provence. Ils servent alors probablement de relais aux grandes razzias maritimes lancées d’Andalousie (en 933, 935 et 943 notamment). Celles-ci et les interventions Byzantines menées pour mettre fin à cette insécurité (en 931, 942, dans les années 950 et encore en 968) ont causé plusieurs pertes de navires sarrasins attestées par les archives. La présence de bois brûlé et de 3 fragments de squelettes humains sur un navire mouillant dans un endroit particulièrement abrité incitent les historiens et les archéologues à envisager l’hypothèse d’une agression, qu’ils datent volontiers de 942. A cette époque, en effet, les Provençaux du côté terrestre et les Byzantins du côté de la mer mettent en place un blocus autour du Fraxinetum. L’importance et le succès historique de ce blocus indiquent donc un contexte particulièrement propice pour le naufrage d’un navire Sarrasin mais ils n’en constituent pas pour autant une preuve formelle.

Les premiers marins-pirates à se manifester parce que les plus présents en Méditerranée sont évidemment les Sarrasins mais lesquels ?
S’agit-il des Aghlabides de Kairouan qui accaparent déjà la moitié de la péninsule Italique, les îles Tyrrhéniennes dont la Corse ?
Ou bien des dissidents de l’émir de Barcelone ?
Ou encore des Sunnites légitimistes de Cordoue ?
Ou enfin, des pirates Berbères venant directement du Maghreb ?

On ne le sait pas et les assauts commencent dès 806, en 808, en 813 ils sont à Nice, la cité est défendue mais sa campagne est pillée. Puis à partir de 838 environ, les Sarrasins ne quittent pratiquement plus le littoral méditerranéen entre Marseille et Gènes et cherchent même à y établir une tête de pont. La Camargue les intéresse et devient une base pour leurs incursions dans la vallée du Rhône en remontant le fleuve. Cependant, la compétition est dure car les Mahométans ou les Mozarabes ne sont pas seuls et contrairement à la tradition, la Méditerranée n’est pas encore un « lac musulman ».

Il y a d’abord les pirates Grecs, jusqu’à ce qu’une coalition Arabo-Lombarde les chasse de leurs bases calabraises (842, 848,) puis et surtout, les Vikings Danois. Gare à ceux qui s’approchent de leurs drakkars ! Nous connaissons déjà ces intrépides marins Scandinaves qui cabotent le long des côtes de l’Hexagone et de la péninsule Ibérique... Ils le feront pendant plus de 20 ans.

En 844, un parti est en Gironde où à force de rames ils atteignent Toulouse pour entre autres choses, aider un comte local à se débarrasser d’un compétiteur « Franc ». Puis passés en Mare Nostrum, ils pillent quelque peu le Languedoc (Nîmes), le Roussillon (Elne) et disputent la base de Camargue aux Sarrasins tout en « visitant » les rives du Rhône jusqu’à Lyon.

En 869 les Vikings sont vainqueurs d’un combat qui les oppose aux Arlésiens conduits par leur archevêque Rolland. Celui-ci est tué mais les marins Scandinaves restituent son corps aux habitants. Enfin, ils consentent à abandonner nos régions pour poursuivre leur pérégrination vers le littoral Génois et la mer Tyrrhénienne. Les Vikings conserveront probablement un très bon souvenir de leur « croisière en Méditerranée » puisqu’ils reviendront bientôt au tout début du Moyen Age, pour occuper définitivement son fleuron, c’est-à-dire la Sicile !... Mais revenons aux Sarrasins beaucoup plus omniprésents.

Ne perdons pas de vue que les Sarrasins ou Arabes, provenant d’Espagne ou d'Afrique du Nord, ne constituent que des minorités au sein de mouvances mozarabes ou berbères plus ou moins islamisées mais on les trouve le plus souvent dans leur encadrement... Le qualificatif de « sarrasin », s’il est commode d’utilisation est donc néanmoins un terme très simplificateur. A l’approche du Xe siècle, l’absence de gouvernement régional fort, la dispersion du pouvoir, enjeu d’une sévère compétition entre les comtes, la présence d’un vaste territoire central Provençal toujours dépourvu d’administration, rendent compte aisément que le Sud de l’Hexagone entre autres régions, demeure soumis à la pression des marins-pirates.

Mais si le pillage ou la course aux esclaves a constitué l’unique objectif de leurs interventions, ils se seraient lassés depuis longtemps. En effet, l’espoir de récolter un butin provenant de cités sans cesse ravagées depuis des lustres est bien mince et les indigènes ont appris à se soustraire aux prises d’otages. Pour des gains problématiques, les risques encourus ne se justifient plus !... Non, ce qui attire le plus les pirates Sarrasins ou Scandinaves et bientôt jusqu’à des hordes de Turcs Hongrois déboulant des Alpes (896), c’est la possibilité d’être embauchés comme mercenaires au service de quelque comte ou ville ambitionnant une hégémonie...

Le futur roi Burgonde Boson Ier (880-889,) y fait déjà allusion en 879 lorsqu’il se plaint que « les Provençaux envieux les uns des autres » ont recours aux pirates dans une atmosphère de guerre civile ! Les événements à suivre de ce dernier siècle avant l’an Mil, sont inexplicables sans cela. La montée en puissance des comtes d’Arles, une autodéfense efficace de la « Provence Marseillaise » rendent difficile le maintien d’une base en Camargue pour les Sarrasins. Aussi tournent-ils leur regard vers cette Narbonnaise seconde si peu revendiquée jusqu’ici. A partir de ce moment, l’histoire régionale « officielle » entre dans le flou et va se polariser sur un événement bien réel, contrôlé à plusieurs sources et qui aurait pu passer pour un simple fait-divers mais au lieu de cela, devient l’épicentre d’une véritable secousse politico-religieuse ! Si les indigènes de ce littoral avaient été de bons chrétiens naturellement prémunis contre des musulmans, possibles pirates de surcroît, vraiment peu d’effort aurait été nécessaire pour rejeter à la mer ces intrus épuisés et sans arme... Au contraire, ils seront secourus et bientôt rejoints par d’autres coreligionnaires (d’après la tradition). Ce noyau va proliférer avec les générations à venir et le consensus des populations autochtones ligures. Il n’y a pas de cohabitation fût-elle bonne, pour des religions chrétienne et islamique qui n’ont pas eu le temps de s’implanter ou de s’affirmer et la Provence centrale ne se couvre pas de mosquées comme en Sicile ou en Espagne... Il y a tout simplement un mouvement politique qui fait tache d’huile et que les orthodoxes bon teint qualifieront d’anarchique ! Autour de l’anecdote des naufragés, va se greffer une mouvance Liguro-Sarrasine d’essence essentiellement populaire et spécifique à ce pays qui n’est pas devenu pour autant, une nouvelle terre pour l’Islam ou un creuset pour des Mozarabes... Elle rappelle un peu la « mouvance rouge » des Muhammira développée au pourtour de l’Iran à la même époque . Nous en ferons une « Provence Mauresque » ! Certes, le terme de Maure est inadéquat car au sens strict il s’applique aux Berbères de Maurétanie ou du Maghreb mais il a été tellement galvaudé par l’histoire à propos de la Corse (emblème de la tête de Maure) ou en Provence (massif des Maures) qu’il est entré dans la sémantique locale. Sachant toutefois que sous nos latitudes, il s’applique pour l’essentiel aux autochtones Ligures ayant acquis une autonomie sous l’égide de descendants mâtinés de Sarrasins ou de Mozarabes.

C’est ainsi que vivront les Provençaux des portes de Marseille à la plaine du Var dans les Alpes Maritimes, de la Méditerranée à la Durance vers l’Ouest, la Bléone au Nord et pratiquement le cours du Var à l’Est, en marge de tout appareil politique ou religieux traditionnel... Ceci durant la fin du IXe siècle et la majeure part du Xe, incluant donc en bordure, le val de Chanan...

Pour la première fois depuis la fin de la Romanité, ces Ligures très peu ou non latinisés et christianisés, sont pris en main ou sont incités à pratiquer une autogestion directe dont on ne connaît que des bribes mais sans doute des plus originales ! D’après un géographe musulman,1 ce sont les Sarrasins par leurs directives qui ont régénéré l’agriculture en la modernisant, en introduisant de nouvelles cultures, ils fondent de nouvelles agglomérations comme Ramatuelle (Rahmatu’Allâh « bienfait de Dieu »), Gualixart (ancien nom de Saint-Tropez : Wadi al Qsar « vallée du château »), … Ils relancent la prospection minière jusque dans le Mercantour et l’on connaît des « galeries sarrasines » un peu partout.
Cependant l’autogestion implique aussi un système parallèle d’autodéfense.
Qui peut l’assurer et le supporter dans un pays où l’économie de subsistance demeure précaire ?
Là nous ne pouvons que spéculer en l’absence de données.
Notre hypothèse est que les populations ont dû compenser la disparition de toute charge fiscale et le poids d’une administration, par une contribution personnelle de type coopératif.
Elles doivent se mobiliser pour être en mesure de fournir un contingent de guerriers de l’ordre d’un millier d’hommes environ, à tour de rôle et/ou par le biais du volontariat, en permanence sous les armes.
Pour ne pas être à la charge du pays, cette troupe s’autofinance en se livrant à des opérations de pillages et l’on peut imaginer les « Provences » centrale et montagneuse recroquevillées comme un hérisson, lançant des raids tous azimuts à l’ancienne manière des « Francs »... Car et là est un fait historique, les nombreux et incessants saccages qui seront justement imputés aux « Maures » durant au moins un siècle, ne concernent que des régions situées à l’extérieur du périmètre soumis à leur influence et ci-dessus défini.

Dès 904, après une mainmise sur le littoral Fréjusien et Toulonnais, les abords mêmes de Marseille deviennent une zone d’insécurité et les habitants se claquemurent derrière leur enceinte les reliques de Saint Victor sont ramenées à l’abri des remparts. Les comtes ou rois d’Arles surtout soucieux de préserver la Provence Rhodanienne, peuvent difficilement s’opposer à des raids impromptus.

Les « Maures » razzient systématiquement les grands domaines agricoles laïcs ou religieux en alternant leurs expéditions dans l’espace, presque dans le même temps, du Rhône jusqu’au Piémont (destruction d’un couvent de la Novolaise en 906) en passant par les principales vallées alpestres.
En 923, l’évêque Drogon toujours assiégé dans Marseille, demande une aide financière et alimentaire à Manassès archevêque d’Arles. La même année, les ecclésiastiques d’Aix doivent évacuer l’ancienne capitale de la Narbonnaise seconde. En compensation, son évêque Odalric sera nommé coadjuteur de celui de Reims qui n’a que sept ans (928) !

Il reviendra dans le Midi en 933, deviendra archevêque d’Aix en 947 mais lui et ses successeurs (Israël en 949, …)2 résideront à Arles, ne pouvant occuper leur poste à Aix... L’archevêché d’Embrun est aussi évacué à cette époque.

A noter qu’en 931, les « Maures » doivent repousser une attaque de pirates Grecs, « l’arroseur arrosé » en quelque sorte !

En 936, on peut mesurer l’audace et l’efficacité de tels raids quand la fameuse
abbaye de Saint Gaal en Alémanie est mise à mal ! L’insécurité est permanente dans toutes les Alpes comme le montre le pillage du monastère de Saint-Maurice d’Agaune, non moins célèbre que le précédent en 940.

Alors que les Lombards commencent à expurger leur péninsule de ses Mahométans et oppriment la « papauté », que l’on parle déjà de Reconquista Espagnole, il est de moins en moins question de demeurer dans un statut d’irréligion, a fortiori teinté de sympathie pour l’Islam. Ceci sachant que les évêques ont hâte de retrouver leur diocèse et que les abbés des monastères ne demandent qu’à reprendre au plus vite l’exploitation de leurs déjà immenses biens fonciers. Quel peut être l’état d’esprit des Liguro-Provençaux et autres Bérétins du val de Chanan à l’approche de l'An Mil ? Sans doute celui d’individus déjà résignés au destin qui les attend...

Ils viennent à 100 jusque sous les murs de Grenoble, dont ils se rendent maîtres. Une victoire de Conrad, en 952, fait chanceler leur puissance.
En 960, on leur enlève le mont Saint-Bernard, et les communications entre l'Italie, l'Allemagne et la Francie occidentale, sont rétablies.
En 965, ils sont chassés du diocèse de Grenoble, puis, après 972, de Sisteron et de Gap. De toutes parts, les seigneurs féodaux, secondés par le peuple et excités par le clergé, se soulèvent contre les envahisseurs.
Enfin, vient le moment de la délivrance Guillaume, comte de Provence, appelle à lui tous les guerriers de Provence, du bas Dauphiné et du comté de Nice, et résout de prendre Fraxinet... D'abord les Sarrasins sont vaincus à Tourtour, près de Draguignan, puis, malgré leur résistance, obligés de fuir de Fraxinet...
C'est vers 975 que ce territoire est enfin délivrée de ces terribles incursions.

Ceux qui ne sont pas tués, deviennent serfs et se fondent peu à peu dans la population. Il a bien fallu que les Arabes se résignent à regarder la Provence et les régions limitrophe comme étant à l'abri de leurs atteintes. Ils s'en consolent en disant :
« les Français, étant exclus d'avance du paradis, Dieu a voulu les dédommager en ce monde par le don de pays riches et fertiles, où le figuier, le châtaignier et le pistachier étalent leurs fruits savoureux. »

Il y a encore depuis cette époque des attaques partielles :
En 1019,contre Narbonne,
En 1047, contre Lérins, etc... Mais ces attaques tiennent moins à l'histoire des invasions Sarrasines proprement dites qu'à celle de la piraterie des Barbaresques, qui vont durer jusqu'au début du XIXe siècle.

De façon plus générale, au Moyen âge, sarrasin, sarrasinois s'emploie pour païen, romain, une tuile sarrasine est une tuile romaine, un monument sarrasinois est un tombeau antique. Castelsarrasin (Castel-Sarrazin) tirerait son nom de fortifications romaines et non arabes...

Fraxinet - Wikipedia, the free encyclopedia
en.wikipedia.org/wiki/FraxinetTraduire cette page
In 931 King Hugh of Italy, along with some Byzantine ships, attacked Fraxinetum. ... in modern French, blé noir (black wheat) and blé sarrasin (Saracen wheat).
Bataiguier - Épave de navire - Atlas PALM
www.atlaspalm.fr/fr/s22_bataiguier.html
32-39; CARRA Pierre, Un gros navire sarrasin, l'épave du Bataiguier, Compte-rendu de la Rencontre d'Archéologie Sous-Marine de Fréjus-Saint-Raphaël, ...
La Provence "mauresque" - lapenne.fr
www.lapenne.fr/index.php?post/2008/06/22/La-Provence-mauresque
14 déc. 1999 - Du vivant de Charlemagne, « maître de l'Europe », des Sarrasins se ..... A noter qu'en 931, les « Maures » doivent repousser une attaque de ...

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