lundi 3 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 22 OCTOBRE 1914

 22 octobre 1914

I)
Les 75.000 soldats Belges, renforcés par environ 7.000 Français, offrent une résistance héroïque à l'agresseur. Mais les Allemands, au nombre de 140.000, arrivent à franchir l'Yser dans la nuit du 21 au 22 octobre. 

Les forces alliées et les forces Allemandes se livrent un formidable choc sur les 3 fronts - qui se prolongent d'ailleurs : Nieuport à Dixmude, Ypres à Menin, Waterloo à la Bassée.

Tout l'intérêt de la journée se reporte sur les mouvements de l'armée Russe qui a infligé aux armées Austro-Allemandes un échec peut-être décisif. Après avoir été chassé du gouvernement de Suwalski, et de la région du Niémen dans la Prusse Orientale, l'état-major de Berlin a pris outre le commandement de ses propres contingents, celui des contingents que L'Autriche a pu encore réunir en Galicie. Il y a là de 1.500.000 à 1.600.000 hommes échelonnés sur un front colossal, et ce front menace le cours de la Vistule moyenne vers Varsovie et Ivangorod, - deux places fortes de premier ordre.

Guillaume II a comme toujours, pressé la marche en avant de ses généraux. Ayant besoin d'un succès, il compte entrer dans Varsovie, et à cette fin, s'est installé en Pologne, d'où il peut surveiller les opérations. Mais celles-ci ont tourné complètement contre lui.

2 millions de Russes au moins sont en armes de ce côté. Ils ont commencé par repousser les Allemands qui ont essayé de prendre pied sur la rive droite de la Vistule, puis, passant de la défensive à l'offensive, ils ont franchi le fleuve et livré combat sur la rive gauche. L'armée Allemande a battu en retraite, et cette retraite n'a pas tardé à dégénérer en déroute...

II y a eu là une opération dont les conséquences peuvent être capitales, car cette réussite pour les Russes peut entraîner maintenant une progression rapide des armées du grand-duc Nicolas vers la Posnanie et la Silésie. En tout cas, cette bataille, qui a coïncidé avec de violents combats est toujours avantageuse pour nos alliés, sous Przemysl, et décide du sort de Cracovie...

Faut-il rapprocher de ce grand succès Russe les bruits de préparatifs de départ qui ont couru, d'après les journaux Néerlandais, parmi les troupes Allemandes de Belgique? Il est certain que le kaiser, pour ralentir l'invasion cosaque vers l'Oder, prélève des contingents sur les effectifs cantonnés autour de Bruxelles, et ainsi la victoire de nos alliés aura une répercussion directe sur nos propres opérations sur le champ de bataille occidental.
Les journaux Belges se sont transférés à Londres, où ils commencent leur publication.

Le 22 octobre, enfin, le colonel Naulin m’autorise (officieusement), à prendre des photos. Je profite d’un moment de calme pour aller à bicyclette jusqu’à Bar-le-Duc. Il fait un soleil rose. Les femmes et les enfants sont aux champs, conduisant la charrue, arrachant les betteraves et les pommes de terre. Passé le village d’Erize on n’entend plus le canon, devant les portes des maisons les chiens dorment, les enfants (ceux qui sont trop jeunes pour travailler la terre) jouent à se battre comme leurs grands frères[…]

A Bar-le-Duc les rues sont animées, les magasins sont riches. Je trouve à acheter un kodak. Il n’y a pas que des confitures, il y a aussi des journaux dont nous sommes beaucoup plus friands que de sucreries. A l’hôtel où je déjeune il y a un très grand nombre d’officiers : à la fraîcheur de leur teint, à la propreté de leurs uniformes on voit bien vite qu’ils ne reviennent pas du front. On le voit surtout à la naïveté des questions qu’ils posent à ceux qui y sont allés, je suis à la table auprès d’un gros capitaine d’artillerie qui ouvre des yeux gros comme des boulets de canons aux récits que je lui fais. Il n’a pas du tout l’air de vouloir venir attaquer Saint-Mihiel… Je me sens mal à l’aise au milieu de ce monde-là… Vite, je fais des provisions de cigarettes et de chocolat et je file de nouveau vers l’Est.

Naives, Erize, Lavallée… Lignières… Brrroum… brrroum… pagnne ! pagnne !… Du canon… Des avions qui tournent… Ah ! Je respire.

II)
Le 56e Régiment d’infanterie de Chalon. Compte rendu du chef de détachement Greiner à Brasseitte (Meuse). « 16 h 50, j’ai l’honneur de vous rendre compte que Brasseitte (Photo) a été bombardé de 13h15 à 15h15 (64 obus) et de 16h à 16h30 (16 incendiaires qui ont mis instantanément le feu aux toits des maisons au sud et près de l’église). 3 hommes de la 2e légèrement blessés dans la tranchée près du château ».
Compte rendu : « Léger bombardement des tranchées aux avant-postes, rien à signaler, aucun blessé. Brasseitte a eu à supporter un violent bombardement. De la crête, on aperçoit le centre du village près de l’église en feu. Pas de renseignement sur les détachements (6e et 12e compagnies qui se sont mises à l’abri dans les caves voûtées)... Profitant d’une belle journée succédant au brouillard des jours passés, deux avions dont un « Taube » Allemands ont survolé le village et nos positions avoisinantes pendant une heure. Notre artillerie a tiré sur l’avion Allemand sans l’atteindre. Sampigny et le château présidentiel ont reçu leur ration habituelle ». Extrait du journal de marches et opérations issu du site internet www.pourceuxde14-

III)
Journal du Rémois Alfred Wolff
Quelques shrapnels sont encore tombés à l’extrême limite du 2e canton, pas d’accident au cimetière de l’avenue de Laon, les tombes sont ouvertes les monuments brisés gisent de tous côté, les murs sont troués, fendus, abattus aussi par les obus.

Mon départ pour Chatelaudren est retardé par le fait des mouvements d’un corps d’armée...

IV)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Canon pour le réveil, journée calme.
Une diminution très sensible du nombre des habitants de notre ville peut-être facilement constatée et cependant, il reste à Reims beaucoup de bouches à nourrir, aussi l’administration municipale s’est-elle très activement préoccupée du ravitaillement de la population civile, après entente avec le service de l’intendance militaire (hygiéne) …
La direction d’un service provisoire du ravitaillement a été confiée à M. N. Grandin, employé au bureau d’hygiène (…)
D’importants achats de bœufs, porcs, pommes de terre, sucre, chocolat et denrées diverses sont faits actuellement par la mairie pour être répartis aux grandes maisons d’alimentation et aux autres commerçants. Le secrétaire en chef délivre lui-même des bons de réquisition aux boulangers qui sont approvisionnés en farine par l’entrepôt situé chaussée Bocquaine.
Reims jouissant d’une tranquillité relative depuis quelques jours, il semble qu’un peu d’animation veuille reprendre dans le centre. Cela change agréablement l’aspect de notre pauvre ville, car il y a longtemps qu’elle est déserte, la plupart des magasins ou boutiques ayant à l’extérieur des pancartes avec cette inscription : « Fermé pour manque de marchandises ». Le gaz et l’électricité faisant défaut, les tramways ne marchent plus.
Aujourd’hui, comme hier déjà, on voit du monde dans les rues.

V)
Il y a 15 jours que je suis ici ! 15 jours que j’ai quitté la bataille et combien j’ai souffert, au physique et au moral, durant cette période !
Les pansements que l’on me fait, toutes les 48 heures, sont on ne peut plus douloureux et il me faut déployer une bien grande énergie pour ne pas crier lorsqu’on me remue la jambe, je crois, d’ailleurs, que, parmi les gens qui m’entourent, on rend hommage, peut-être plus que de raison, au courage dont je m’efforce de faire preuve pour endurer tous mes maux sans proférer de plaintes... Ainsi, l’autre jour, j’ai entendu le médecin-chef dire à un de ses seconds, le Dr Sylvestre, au cours d’un de ces terribles pansements, alors que je blêmissais sous la souffrance, me contentant de demander un peu à boire : « C’est un stoïque, celui-là ! »

Ma blessure, du reste, ne va pas des mieux et cela est certainement dû au manque de soins complet dont j’ai souffert pendant les premiers jours.
Tout mon côté gauche a été envahi par une infection qui a beaucoup inquiété les chirurgiens, mais qu’ils espèrent avoir, heureusement, réussi à circonscrire.
Il faut ajouter à cela que je tousse et crache comme un malheureux.
Il est vrai que l’installation de cet hôpital laisse bien à désirer, pour me transporter à la salle d’opérations, il faut me faire traverser la rue sur un brancard, au sortir de mon lit dans lequel je grelotte de fièvre et, par ces jours de la fin d’octobre, qui sont pluvieux et froids, rien d’étonnant à ce que j’ai attrapé quelque chose à la poitrine.

Les médecins n’en ont cure, par exemple, ils ne s’occupent que de ma jambe. Ce transport est toujours une opération que j’appréhende, car, pour sortir de la villa qui m’abrite, il faut me passer, avec mon brancard, par-dessus la rampe d’un petit perron élevé de 5 ou 6 marches qui se trouve à la porte d’entrée, les infirmiers sont donc obligés de se livrer à une manœuvre de force et, chaque fois, je m’attends à basculer dans le vide et je me demande, alors, dans quel état on me relèverait.
Ce que je ne puis supporter sans une certaine impatience, non plus, c’est de voir une rangée de bonnes femmes arrêtées, pour nous voir passer, entre la villa et la porte de l’hôpital, et échangeant à haute voix, des réflexions apitoyées sur notre sort.
Mais, sapristi, nous ne demandons pas qu’on nous plaigne, tout au moins, en ce qui me concerne personnellement, je ne demande pas cela, je suis, au contraire, fier de souffrir pour mon pays et je voudrais voir ceux qui n’ont pas eu cet honneur-là, envier mon sort et non pas me plaindre !

Parmi les infirmiers de l’Ambulance, il en est un qui mérite une mention tout à fait particulière, taillé en Hercule, il m’enlève de mon lit, je ne dirais pas comme une plume, car mon poids dépasse de beaucoup celui d’une plume, mais avec une extrême facilité.
Avec cela, il a des mouvements d’une douceur qui étonne chez un pareil colosse, aussi, j’éprouve une certaine satisfaction quand je vois arriver Astruc (c’est ainsi qu’il s’appelle), lorsque l’heure de mon pansement approche. Avec lui, je suis sûr d’être transporté avec le minimum de heurts et de cahots. Il faut dire que, dans le civil, ce brave homme est … prêtre et remplit, en temps de paix, les fonctions de premier vicaire à Montmorency.

Ses camarades, par exemple, sont, pour la plupart, loin de le valoir, d’ailleurs, ils ne font, en général, que passer ici, et, lorsqu’ils ont séjourné quelques jours, ils filent aussitôt vers d’autres contrées.
Ce sont, presque tous, d’excellents paysans remplis de bonne volonté, mais incapables de donner le moindre soin intelligent aux blessés.
Ainsi, l’autre nuit (je dois dire, en passant, que le sommeil ne me visite autant dire plus, tous les soirs, on me fait une injection de morphine pour me permettre de reposer un peu. Sous l’influence du stupéfiant, je m’assoupis ou, plutôt, je tombe dans une espèce d’abrutissement qui dure une heure ou deux et au cours duquel je suis en proie aux plus affreux cauchemars. Le reste de la nuit, je ne dors pas et je souffre), l’un d’eux nous veillait, ayant un besoin à satisfaire, je l’appelle et lui demande de me passer l’urinal. « J’y vas » me répond-il, et il ne bouge pas. Après avoir renouvelé mon appel 3 ou 4 fois sans plus de succès, impatienté, je lui crie : « Mais, sapristi, apportez-moi donc l’urinal, je vais p…. dans mon lit ! » Aussitôt, il accourt en m’apportant l’instrument réclamé et de m’expliquer : « Si vous m’aviez dit que c’était le « pistolet » que vous vouliez, j’aurais compris tout de suite et il y a longtemps que je vous l’aurais donné ! » Que voulez-vous répondre à cela ! Malgré ma colère, une pareille naïveté ne pouvait que me désarmer et, bien que mon état ne me prédispose guère à la gaieté, je n’ai pu m’empêcher de rire, tout seul, de cet incident.

La première nuit qui a suivi mon arrivée, j’ai vu mourir, dans ma chambre, et cela après une agonie de quelques heures, le Capitaine du 25e qu’on a amené un peu après moi. La nuit suivante, ce fut le petit sous-Lieutenant Valési dont j’ai parlé plus haut et qui logeait dans une pièce toute voisine... Très gravement atteint, les chirurgiens se sont décidés à tenter une ultime opération, et, lorsqu’ils le ramenent dans sa chambre, il trépasse alors qu’on le réinstalle dans son lit. Son vieux père, qui est accouru auprès de son fils, apprit la nouvelle le lendemain matin en venant lui faire sa visite quotidienne. Le chagrin de ce vieillard est navrant à voir.

Ces deux décès survenus coup sur coup à mes côtés, n’ont pas manqué de m’impressionner bien douloureusement, ainsi, d’ailleurs, que mes autres compagnons de chambre et nous nous demandions les jours suivants, lequel d’entre nous allait continuer la série.

Presque chaque jour, je reçois la visite d’un vieux Capitaine du 61e Territorial (de Cosne) dont j’ai malheureusement oublié le nom (je dis vieux, mais il n’a certainement pas encore dépassé la cinquantaine). Son unité, momentanément stationnée à Creil, doit être chargée d’un vague service, d’Étapes, aussi, est-il assez libre, pris d’amitié pour moi, il vient donc toutes les fois qu’il le peut prendre de mes nouvelles et bavarder quelques instants avec moi. C’est tout à fait gentil de sa part et il ne manque jamais, en me quittant, de me laisser son « Echo de Paris », quand, par hasard, son service l’empêche de venir à l’Hôpital, il me dépêche son ordonnance pour m’apporter cet excellent journal que je n’ai pas toujours la force de lire jusqu’au bout.

Au nombre de mes nouveaux camarades, il me faut citer le Lieutenant d’Aragon, du 20e Dragons, de Limoges. Blessé en Artois, aux environs de Lens, en faisant du combat à pied, il a la cuisse traversée par une balle, mais sans fracture, ni lésion grave, aussi, trotte-t-il comme un lapin et est-il sorti toute la journée. C’est le plus aimable garçon que l’on puisse rencontrer et c’est bien volontiers qu’il se charge de faire, en ville, toutes les petites emplettes dont je puis avoir besoin.

Nous avons aussi un sous-Lieutenant d’Artillerie, cuisse fracturée, toujours en Artois. Il s’appelle Mourral et est le fils d’un Colonel du Génie appartenant au G.M.P. Pas toujours très commode pour les Infirmiers et Infirmières, l’artilleur, mais il reçoit souvent la visite de son père, de son jeune frère ou d’autres membres de sa famille et c’est ainsi que j’ai pu faire passer, par l’intermédiaire de son frère, un nouveau télégramme à ma femme afin de la mettre au courant de ma détresse et de mon immense désir de la voir à mes côtés...
Ah ! que mon compagnon d’infortune, Locquin, est heureux, lui ! Sa femme est, en effet, arrivée de Saint Malo il y a déjà quelques jours et ne quitte le chevet de son mari que le soir, pour regagner son hôtel, à l’heure où la circulation n’est plus permise aux civils.
Aurai-je jamais ce bonheur, de voir le doux visage de ma femme chérie se pencher sur mon lit de douleur ? La Saintonge est si loin ! Et cependant, je ne suis pas tout à fait sans espoir aujourd’hui, car deux télégrammes reçus tout récemment me laissent entrevoir la possibilité de son arrivée prochaine.

Malheureusement, les termes de ces deux télégrammes se contredisent passablement, ce qui fait que je ne sais trop sur quoi compter.
En attendant, j’ai éprouvé, ce matin, la première véritable joie qu’il m’ait été permis de goûter depuis plus de 3 longs mois… J’ai, en effet, reçu la visite d’une cousine de ma femme, accourue à Creil à peine débarquée d’Orléans où elle a été passer quelques jours auprès d’un de ses fils également blessé.

Personne ne se rendra jamais compte de l’impression inoubliable ressentie par moi à la vue d’un visage ami, après les terribles épreuves que j’ai traversées depuis le commencement d’août ! Il me semble que mon exil et mon isolement sont, maintenant, terminés.
Cette excellente parente est restée plusieurs heures avec moi et nous avons convenu, ensemble, qu’aussitôt rentrée à Paris, elle télégraphierait à ma femme afin de hâter son départ. Le déjeuner nous a séparés, mais elle m’a promis de revenir aussitôt après son repas.
En effet, une heure s’est à peine écoulée qu’elle est de retour et nous voilà de nouveau installés, elle, à mon chevet, moi, dans ma couchette que j’ai fait transporter dans une petite pièce dont l’unique fenêtre donne sur la rue. De mon lit, j’aperçois la porte d’entrée de l’hôpital, de l’autre côté de la chaussée.
Nous causons depuis une demi-heure, peut-être, quand je ne puis retenir une exclamation car il me semble bien avoir reconnu deux silhouettes, celle de ma femme et celle de ma mère, pénétrant dans l’Hôpital à la suite de Madame Boverie, l’Infirmière-Major.

Aussitôt, je dépêche Marie Nouailhetas qui reparaît deux minutes après, accompagnée des deux voyageuses… Je ne me suis pas trompé !
Quelle indicible émotion étreint mon cœur lorsque je puis enfin serrer ma chère femme dans mes bras et lui demander des nouvelles de nos deux trésors qu’elle a laissés en Saintonge ! Cette fois, je suis bien sauvé et sa douce présence à mes côtés, et sa tendre amitié, auront tôt fait de remonter mon courage, qui commence à sombrer dans mon atroce isolement, et m’aideront à supporter toutes mes souffrances... Mais, la nuit arrive vite à cette époque et il faut que mes visiteuses regagnent leur hôtel qui est assez éloigné de l’Hôpital.
En venant, ma femme a aperçu une rue de Creil dont les maisons ont, toutes, été brûlées et démolies par les Boches.

VI)
Hommage au sénateur Emile Reymond, mort pour son pays le 22 octobre 1914 à Toul
Aujourd’hui, cela fait 100 ans, qu’Émile Reymond, sénateur de la Loire de 1905 à 1914, est mort au champ d'honneur. Il est le premier sénateur à mourir pour la Nation lors de la Première Guerre Mondiale. Décédé en Meurthe-et-Moselle, Jean-François Husson a souhaité rendre hommage à ce chirurgien 
et homme politique Français, passionné par l'aviation.

Né le 9 avril 1865 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), fils de Francisque Reymond, député et sénateur de la Loire, Émile Reymond devient docteur en médecine en 1895, puis chef de clinique à la Faculté de médecine, et chirurgien à l'hôpital de Sèvres.
En 1905, il succède à son père, décédé, au Sénat et s'inscrit au groupe de la Gauche républicaine. Il est secrétaire du Sénat de 1912 à 1914.
Il passe son brevet de pilote en 1910. C’est cette passion des choses de l’air, associée à un patriotisme ardent qui le conduisent à dénoncer à plusieurs reprises notre retard face aux progrès de l’aéronautique Allemande et à préconiser la création, au ministère de la Guerre, d’une direction de l’aéronautique.

Dès le début des hostilités, il s'engage comme pilote aviateur et s’imagine utiliser l'avion pour repérer les blessés sur le champ de bataille et faciliter ainsi leur relève. A ce titre, il fait parti des précurseurs de l'aviation sanitaire.
Le 21 octobre, pour accomplir une reconnaissance aérienne, il passe à très basse altitude au-dessus des lignes Allemandes stationnées dans le bois de Mort Mare (Flirey). Son appareil est touché et lui-même grièvement blessé par une balle.
Réussissant néanmoins à faire atterrir son avion entre les lignes Allemandes et Françaises, il fait le mort tandis qu’un combat sanglant se déroule 4 heures durant autour de la machine. Puis la nuit, en dépit de ses blessures et de son âge, il parvient à se dégager de l'appareil et à gagner, en rampant, les lignes Françaises.
Conduit à l'hôpital de Toul, il communique avec précision, avant de mourir, le 22 octobre 1914, les résultats de sa mission. Son général lui épingle, sur son lit de mort, la Croix de la Légion d'honneur.

Le 22 décembre 1914, la Haute Assemblée vote à l'unanimité à Émile Reymond l'hommage d'un buste par la motion suivante : « Le Sénat décide d'ériger un buste dans sa galerie pour perpétuer l'image du sénateur Émile Reymond qui illustra la science chirurgicale, honora la tribune du Sénat, contribua plus que tout autre à la création et au développement de l'aviation militaire et, victime de son héroïsme, tomba glorieusement en survolant les armées ennemies. »
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VII)
Les combats continuent, acharnés, sur l’ensemble de la ligne de front : à Fricourt (à l'est d'Albert), sur le plateau à l'est de Craonne, dans la région de Souain, dans l'Argonne, au Four-de-Paris (sud-ouest de Varennes), dans la région de Malancourt en Voivre, vers Champion et au sud-est de Saint-Mihiel, dans le bois d'Ailly.

En Belgique on se bat avec acharnement entre Nieuport et Dixmude, entre Ypres et Menin, entre Warneton et la Bassée, sans que les armées ennemies aient obtenu le moindre avantage.

Entre Nieuport et Dixmude, les attaques Allemandes sont repoussées par l'armée Belge.
D'Ostende à Ypres, le champ de bataille détrempée par les pluies, et la défense Belge appuyée par 3 canonnières Anglaises embossées sur l'Yser, rendent difficiles les mouvements offensifs des Allemands.
Sur le front Russe :
Sur la Vistule moyenne, l'armée Russe prend l'offensive. Elle chasse, l’arrière garde de l’armée Allemande à la baïonnette hors des forêts et des villages. Les troupes Allemandes qui occupent les routes conduisant à Varsovie dans la région au nord de la rivière Pilitza sont repoussées.
En revanche, sur la rive gauche de la Vistule, au sud de la Pilitza, la région de Sandomir continue à être occupé par les troupes Allemandes.
En Galicie, les tentatives des Autrichiens pour franchir le San en aval de Przemysl sont repoussées par les troupes Russes.
Sur la Drina, dans la campagne Austro-Serbe, des batteries Franco-Monténégrines bombardent vigoureusement et avec succès les forts de Cattaro.

Dans le Nord-Pas-de-Calais :
La lutte continue, toujours plus violente à l’extrême gauche du front (côté alliés). Les Allemands font un effort désespéré de la mer du Nord jusqu'à la Bassée (20 kilomètres sud-ouest de Lille).

VIII)
Le Temps publie un article sur l’écrivain et critique Anatole France, futur prix Nobel, et « son appel aux intellectuels Allemands. »
« Le manifeste des intellectuels allemands ? a-t-il dit. Mais il est monstrueux et creuse, entre l'Allemagne et l'Europe civilisée tout entière, un infranchissable abîme.
Gustave Hervé l'a bien jugé, en criant, après l'avoir lu, à notre héroïque soldat Français : Maintenant, tire dans le tas, sans scrupules ! C'est la seule, la vraie réponse à leur faire !
Comment ! Ces hommes de savoir et d'intelligence défendent, glorifient, exaltent le militarisme Prussien ! Ils se montrent en ceci plus odieux que les brutes qu'ils défendent. Les apologistes du crime ne sont-ils pas plus coupables que les criminels ? Ils nous prouvent nulle pensée émue, ne leur venant, devant tant de désastres causés par les leurs, qu'ils se séparent du reste du monde civilisé, alors que par le fer, la flamme, le sang, le saccage et l'assassinat, l'Allemagne consacre son exécrable unité ! »
Le grand écrivain conclu en ces termes : « Si l'on ne m'avait pas permis, dans les circonstances présentes, de servir mon pays, sous l'uniforme du soldat, je crois que je serais mort de chagrin. »

IX)
l’Argonne s’embrase :
Cette fois c’est l’Argonne qui s’embrase en ce 22 octobre 1914 où des combats d’une rare violence se produisent dans le célèbre secteur du Four-de-Paris, de Saint-Hubert, et au bois de la Gruerie. Cela ajoute de la gravité à la situation dans la Marne alors que les tirs d’artillerie visent encore Reims qui se trouve sur la ligne de front. La situation est plus favorable pour les soldats Français en Afrique puisqu’au Cameroun, la colonne Française à laquelle se trouve le colonel Hutin s’empare du village de Nola situé à la frontière sud de l’Oubangui. Chez les adversaires, les Austro-hongrois repoussent les Serbes de Bosnie mais sans faire vraiment la différence.

X)
Mussolini défend l’Entente :
La neutralité de l’Italie est loin de faire l’unanimité dans le pays et l’impression qu’il a existé une diplomatie parallèle qui a favorisé un accord secret avec la France pour que Rome ne soutienne pas militairement Berlin interroge.
Les débats sont nombreux et souvent vifs. Y compris au sein du parti socialiste Italien où les remous créent de vives tensions.
La première victime des affrontements est Benito Mussolini.

Le directeur de « L’Avanti » est désavoué par la direction du parti socialiste Italien mais il reçoit le soutien massif des sections socialistes de la région de Milan qui votent en faveur d’un engagement franc et massif de l’Italie en faveur de l’Entente c’est-à-dire aux côtés de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie tsariste.

La première bataille d'Ypres 22 octobre 1914
Ce fil de messages s'intéressera plus particulièrement au rôle du 9e CA (donc des 4 régiments Indiens) dans la première bataille d'Ypres.
Le but est clair, il faut renforcer nos alliés Anglais. Pour cela, l'ordre d'opérations n°1 du détachement d'armée en date du 22 octobre, 19h, prescrit une offensive immédiate et générale :
1°) Dans la direction d'Ypres – Passendale - Roulers, par la 17e DI et les 6-7e DC mises à la disposition du 9e CA.
2°) Dans la direction de Dixmude -Thourot, par les troupes Belges et les fusiliers marins
3°) Dans la direction Nieuport - Ghistelles, par la 42e DI et les troupes Belges.
Pour le 9e CA plus précisément :
Le Général Dubois, disposant de la 17e DI et de 2 DC, attaquera dans les conditions suivantes:
17e Division, d'Ypres à Passendale, une division de cavalerie appuyant à droite cette attaque, en prenant comme point de direction Zonnebeke et Moorslende
Une division de cavalerie opérant de même, à gauche, sur Weestroosebeke.
Les éléments de tête de la 17e division déboucheront à 9h d'Ypres, que les 2 divisions de cavalerie devront avoir dégagé auparavant.
Général d'Urbal

Un groupement d'artillerie lourde (Groupement Blumer) est mis à la disposition du 9e CA (2 batteries de 105, 1 de 155 Rimailho et 1 de 120). On recommande d'être économe en munitions, ne pouvant garantir le réapprovisionnement...

XI)
Un pasteur de l'Église réformée, habitant Vernoux en Ardèche, vénérable vieillard de 80 ans, le Nestor du protestantisme Européen, ayant connu jadis, en 1869, le prédicateur de la Cour de Berlin, M. le pasteur Dryander, lui écrit tout au commencement de la guerre pour lui proposer une action commune : Leur patriotisme respectif, qui les divise de sentiments et d'intérêts terrestres
De leur commune foi chrétienne qui les réunit dans le ciel, mais qui, dès lors, les oblige tous 2 à employer toute l'influence dont ils peuvent disposer pour que la guerre soit conduite avec autant d'humanité que possible, pour que le vainqueur quel qu'il soit n'abuse pas de sa force, pour que les personnes et les droits des faibles soient respectés…
Au bout de 6 semaines, M. le pasteur Dryander répond dans le Norddeutsche Allgemeine Zeitung, « sans avoir pris la peine d'en aviser son correspondant », note le Journal de Genève.

Cette réponse est un refus. Et quel refus !
Après avoir consulté 2 autres théologiens de son Église et de son pays, le docteur Lahusen et le licencié Axenfeld, qui ont signé la lettre avec lui, M. Dryander déclare repousser les propositions de M. Babut, non dans leur principe, mais pour un savoureux motif accessoire...
Nous les rejetons parce qu'il ne doit pas y avoir la plus lointaine apparence que, d'après nous, on ait besoin en Allemagne d'un avertissement ou d'un effort quelconque pour que la guerre soit conduite en accord avec ses principes chrétiens et suivant les exigences de la miséricorde et de l'humanité. Pour notre peuple tout entier comme pour notre état-major, il va de soi que la lutte ne doit être conduite qu'entre soldats, en épargnant soigneusement les gens sans défense et les faibles, et en prenant soin des blessés et des malades sans distinction. Nous sommes convaincus, en pleine connaissance de cause, que cette règle est celle de notre armée tout entière, et que, de notre côté, on combat avec une maîtrise de soi, une conscience et une douceur dont l'histoire universelle n'offre peut-être pas d'exemple… Quand l'inqualifiable conduite de populations odieusement égarées par leurs gouvernements a rendu indispensables la destruction de propriétés privées ou l'exécution de francs-tireurs, nos chefs ont considéré cela comme un pénible devoir qui les obligeait à faire souffrir aussi des innocents pour préserver nos blessés, nos médecins, nos infirmières d'attaques scélérates.
Quant à l'origine de la guerre, voici :
Depuis l'empereur jusqu'au plus modeste journalier, on n'aurait pas trouvé en Allemagne 100 hommes conscients qui, je ne dis pas cherchent, mais veulent la guerre avec nos voisins. Nous sommes nous autres Allemands, le peuple le plus ami de la paix qui soit… Jusqu'au dernier moment, alors que déjà les filets d'une coalition sacrilège des peuples et des intérêts les plus disparates se resserrent sur nous, l'empereur et le chancelier ont poussé jusqu'aux dernières limites imaginables leurs efforts pour le maintien de la paix.
Nous vous soumettons les explications de notre chancelier, elles sont, dans leur claire et simple vérité, grandioses… Ainsi nous ressemblons, nous autres Allemands, à un homme paisible qui serait assailli en même temps par 3 hyènes altérées de sang…
À cette soif du sang, la France joint un penchant « contre nature » pour la Russie et le dédain injurieux des avances courtoises que l'amoureuse Allemagne lui prodigue.
L'Angleterre ajoute à sa complexion d'hyène « le seul amour du penny » qui lui a donné des mœurs d'« assassin ».
Bref, jurent les 3 pasteurs Dryander, Lahusen et Axenfeld, quand M. le pasteur Babut voudra obtenir de ses collègues Prussiens leur adhésion aux déclarations chrétiennes qu'il sollicite, il devra commencer par « flétrir publiquement l'infamie de l'attaque, le crime sacrilège qui a rendu cette guerre possible ».
D'ici là, rien de fait. Pas de « communion fraternelle » avec les 3 peuples-hyènes rués sur l'honnête Germain, seul humain. Guerre à outrance, guerre à mort, même entre pasteurs du Saint Évangile !
Voilà comment jugent les hommes de paix du royaume de Prusse.

Le manifeste des 93 a montré ce que leurs penseurs laïcs ont dans leurs fortes têtes.
Menons l'enquête dans la région où c'est le sentiment et l'instinct qui prévalent. Le Temps d'avant-hier livrait à la publicité le journal de route d'un humble instituteur, sous-officier dans l'armée d'invasion, et tombé sur le champ de bataille.
Je ne transcrirai pas les lignes où déborde la gloutonnerie nationale, mais voici une réflexion où se montre la naïve sauvagerie... Il vient de voir brûler Visé, réunir tous les habitants que l'on a pu trouver et fusiller un sur trois de ces pauvres gens... Raison donnée par ce sous-officier : la population avait tiré sur le commandant de brigade.
Moralité tirée par le même :
« Dès l'instant qu'il faut perdre la vie d'une façon aussi barbare, mieux vaut ne pas laisser pierre sur pierre dans de pareilles localités et massacrer indistinctement innocents et coupables. »
Dira-t-on que c'est la suite d'un ordre supérieur, et que le militarisme prussien est seul coupable ?
Ce militarisme a bon dos. Nous penserons tout le mal que l'on voudra du militarisme Prussien, et nous ne verrions qu'avantages à fusiller « sous les Tilleuls 1 », si nous les prenons vivants dans la Wilhelmstrasse, Guillaume et ses fils, grands chefs dudit militarisme, mais il est intéressant de savoir comment les volontés et les passions individuelles accueillent ces ordres et si elles les exécutent à contre-cœur ou autrement.
2 socialistes faits prisonniers ont déclaré qu'ils ont été induits à des actes de traîtrise sous menace du revolver, à supposer que les prisonniers Allemands soient des modèles de véracité et que le succès de l'accusation contre les chefs ne les entraîne pas à la renouveler trop souvent et à supposer que ce ne soit pas un mot d'ordre convenu, on voudrait demander aux socialistes Français si la menace du revolver suffirait à les faire agir, eux, comme les camarades...
Non, n'est-ce pas ?
Cela juge la différence du Français et de l'Allemand, quelles que soient leurs conditions !
Un officier Allemand, ne parlant qu'à lui-même, traitant de ses hommes et de lui, écrit dans un journal de route, traduit et communiqué par l'Agence Havas :
C'est l'heure où l'on se moque de tout sentiment de civilisation et d'humanité. Quand une poignée de soldats s'abat sur une maison, on peut être sûr qu'il n'y reste plus rien.
Tous les instincts se réveillent avec une terrible puissance.
Le soldat qui a entendu siffler les balles et éclater les obus se dit : — Pourquoi, si aujourd'hui une occasion favorable s'offre, dois-je m'imposer une privation ?
Demain, peut-être, je serai mort… Et tous se précipitèrent dans la cave et sur les provisions comme des fourmis sur un rat mort.
La nature allemande parle là toute pure. Les prédicateurs de Guillaume II nous assimilent à l'hyène altérée de sang, mais ses soldats se rendent eux-mêmes justice en se comparant à des fourmis avides et folles. Le ridicule de cette langue, où la pensée ne va jamais sans lourdes images, oblige à concevoir ce peuple sauvage véritablement comme il est :
Race - enfant, esprit grossier, force rudimentaire qui n'excelle qu'à tout casser.


XII)
Toute la journée passent des milliers de gens, c'est la population d'Arras qu'on fait évacuer à cause du bombardement.
L'incendie, que nous apercevions hier, c'est un faubourg, Saint Nicolas, et une fabrique de bougies qui brûlent. Quelle tristesse dans ce long défilé d'émigrés, la plus grosse partie se compose de femmes, des enfants et tous emportant un baluchon, toute leur fortune. Ils s'en vont vers Saint-Pol, et de là, seront dirigés sur un point inconnu de la France. Pauvres gens, ils ont quitté leur pays en flammes et beaucoup ne retrouveront que des ruines au retour.

Un incident de ces instants tragiques s'est produit à 10h sur la route à 10 mètres de moi. Une femme portant un nouveau né le fait baptiser par un jeune prêtre qui la dépasse. C'est le quart de notre cuisinier qui sert de bénitier. Voilà bien la guerre ! Et chacun continue sa route. Je me rappellerai longtemps cette journée.

XIII)
Un Taube est passé près de notre chantier, mais il est trop haut pour pouvoir l'atteindre au fusil. Nos canons lui ont envoyé quelques obus. Tout le jour on a transporté des blessés, car on a fait évacuer les hôpitaux d'Arras, Marceuil, Etrain. Les Allemands ont eu cette nuit un mouvement offensif, mais ont été repoussés avec de fortes pertes.

Ce soir, on nous a distribué des chemises, caleçons, cache-nez et dons des femmes de France, sur une étiquette je trouve le nom d'[Illisible]. Demain nous quittons Duisans à 6h45 Bonsoir...




Octobre 1914 - La grande guerre au jour le jour
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