mardi 18 novembre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 5 NOVEMBRE 1914

5 NOVEMBRE 1914


I)
Publié le 5 novembre 2014 par Laurent
En gare du Bourget
8h en effet, départ pour Noisy-le sec… Mais de là on bifurque aussitôt sur le Bourget. Tout le long du chemin les fenêtres des petites maisons de la banlieue parisienne sont garnies de mains, de mouchoirs qui s’agitent. Les femmes nous envoient gentiment des baisers.
De vieux patriotes à barbe blanche nous font d’amples gestes qui veulent dire : « Allez-y mes enfants !…» A Noisy-le-Sec la foule distribue aux troupiers des cigarettes, des journaux, des fruits.

Ah ! ça fait du bien de voir enfin des visages souriants, des sourires encourageants, des maisons pavoisées aux couleurs Franco-Anglo-Russo-Belges !… Dans les Vosges, dans la Meuse, on ne nous a pas habitués à cela.
Nous assaillons une sorte de cantine, installée sous une tente dans la boue noire et où l’on vend du « fromage de porc » et du picolo.

D’autres trains sont chargés de militaires : Je vois de l’infanterie alpine, des chasseurs et surtout beaucoup d’artilleurs.

Au bout d’une demi-heure le commandant revient de chez l’officier chargé des étapes. Il nous annonce que nous sommes dirigés sur Vierzy, station de chemin de fer au-delà de Villers-Cotterets sur la ligne de Crépy-en-Valois à Soissons.
Nous nous ébahissons, à travers les vitres du wagon, de ces champs de bataille où il n’y a ni villages brûlés, ni trous d’obus, ni bois dévastés, ni tranchées… La forêt de Villers-Cotterets, dont on a tant parlé au moment de la bataille de la Marne, est magnifiquement indemne. Notre train traverse ses belles futaies de hêtres qui ne nous rappellent rien de ce que nous avons vu dans les Vosges et dans la Meuse. Crépy-en-Valois n’a pas souffert, Vierzy non plus.
17h Courmelles (Aisne) où nous arrivons après une marche très pénible dans les terres grasses du Soissonnais.
Comme j’aime ces nouveaux paysages, ces nouveaux villages ! Comme ils sont Français ! La Lorraine ce n’est pas exactement la France de nos pères : Ici on nage dans les faits glorieux de la vieille histoire de France. On est dans le pays de Clovis, dans le berceau de nos rois. Les villages portent de nobles ruines. Au clair de la lune j’aperçois à Berzy-le-Sec une vieille tour crénelée.
A Courmelles, où nous arrivons en pleine nuit et dans le brouillard, les Allemands n’ont rien brûlé. A peine ont-ils pillé quelques denrées.

Je trouve maître Plaisant (notre porte-drapeau) assis devant un verre de vin au bistrot de l’endroit. Il m’invite à partager son litre. Et tout en dégustant une espèce de vinaigre nous nous résumons l’emploi de nos 36 dernières heures, Bientôt une pluie fine ! 16h de chemin de fer, et 12 nouveaux kilomètres dans la boue.

Je suis logé chez les paysans qui m’ont donné leur chambre la plus belle : Elle est propre, carrelée, ornée de courges aux formes bizarres et fleurie de bégonias en papier...

Et l’ennemi ?
De l’ennemi nous n’avons vu qu’un avion poursuivi par 4 des nôtres, probablement de l’escadrille chargée de la défense de Paris.
Nous n’avons encore entendu aucun coup de canon.
Dormons en paix.

II)
Henri Moisy : « Depuis 31 jours, je n’ai vu ni une femme, ni une maison »
A 5 h je redescends dans le ravin et je continue à creuser. Je vais à la grande source des Courtes-Chausses faire ma toilette et chercher de l’eau. Je retourne passer la nuit à la cote 285.

III)
Les Allemands, qui voulaient franchir l'Yser, battent réellement en retraite, malgré leur grand nombre : ils sont, paraît-il, 500.000, ils ont perdu 100.000 hommes... Sur les pentes au nord de l'Aisne, vers Vailly, nous avons regagné à peu près tout le terrain cédé.

Aucun renseignement nouveau sur les opérations au nord de la Lys.
Violente offensive Allemande au nord d'Arras, où quelques tranchées, d'abord perdues, ont été reprises.
Dans l'Argonne (région de Saint-Hubert), toutes les attaques Allemandes ont été repoussées.
Sur le reste du front, rien à signaler.

Les troupes Russes, qui poursuivent à gauche de la Vistule, les Austro-Allemands vaincus ont repris Kielce et un grand nombre de localités en arrière, dans la direction de la frontière Silésienne.
Le quartier général Allemand a été transporté à Gentoschau, près de cette frontière.
Von Hindenburg n'est pas plus heureux en Prusse Orientale, où se dessine progressivement l'offensive de nos alliés.
La flotte Allemande a fait son apparition sur la côte Orientale Anglaise, à Yarmouth, mais elle a dû se retirer devant l'arrivée de l'escadre Anglaise, après avoir, il est vrai, coulé un sous-marin.

Les forces navales Franco-Anglaises ont bombardé l'entrée du détroit des Dardanelles où l'on croit qu'un fort aurait sauté. De leur côté, les troupes Russes Transcaucasiennes ont franchi la frontière de l'Arménie Ottomane. Le cabinet de Constantinople est d'ailleurs loin d'être uni, et plusieurs ministres, dont le ministre des Finances Djavid bey, ont démissionné pour ne point se solidariser avec la politique insensée d'Enver bey.

La forteresse Allemande de Kiao-Tcheou, sur le littoral Chinois, est sur le point d'être anéantie par le bombardement qu'opèrent les Japonais. Un croiseur Allemand a coulé dans le port.

Le cabinet Italien est complètement formé. C'est M. Sonnino, déjà 2 fois président du Conseil, qui prend le portefeuille des Affaires étrangères.

IV)
Le conseil de guerre de la 8e région, à Dijon, vient de juger un espion dont il a été assez longuement parlé il y a quelques mois.

Georges Rigert, originaire de Nancy, tente à plusieurs reprises de s'approprier des plans concernant la défense nationale. Ayant fait la connaissance, à Dijon, de l'entrepreneur adjudicataire des travaux des forts, il lui fait des propositions en vue d'en obtenir les plans.

Il tente également d'entrer en relations avec plusieurs militaires, afin de connaître l'effectif exact de la garnison, le nombre de chevaux, etc.
Ses intentions ayant été nettement établies, le conseil de guerre l'a condamné à 5 ans de prison, 10 ans d'interdiction de séjour et à 5 000 francs d'amende.

V)
Nous recevons communication de la lettre suivante :
Groupe des Armées de l'Est
État-major général, direction de l'arrière :

Direction des Chemins de fer G.Q.G, le 31 octobre 1914,
Le Directeur des Chemins de fer aux Armées, à Monsieur le Maire de Nancy.

Par lettre du 15 octobre, vous m'avez signalé les difficultés relatives à la constitution d'un train hebdomadaire de ravitaillement pour Nancy.
Préoccupé d'assurer la vie économique et matérielle des populations frontières, dans la mesure la plus large compatible avec les opérations militaires, j'ai pu adopter des règles assez étendues pour les expéditions à destination des gares du réseau des armées, elles vont être affichées dans toutes les gares.
J'ai l'honneur de vous les résumer ci-dessous :
Le réseau des armées est divisé en deux zones dont l'une comprend la ligne :
Le Tréport, Creil, Château-Thierry, Bar-le-Duc, Neuf château, Toul, Nancy, Pont-Saint- Vincent, Blainville, Mirecourt, Épinal, Remiremont, Lure, Giromagny et les gares au sud de cette ligne.
Dans cette zone sont admis :
a) En grande vitesse, sans formalité préalable : Les envois de denrées et messageries jusqu'à concurrence de 50 kilos par expédition.
Les colis postaux destinés aux militaires des armées.
b) En petite vitesse :
1° Les envois de marchandises de toute nature par expédition de détail sont acceptés sans formalité préalable, sous condition d'un maximum de 50 kilos par expédition, en donnant la priorité aux marchandises destinées au ravitaillement (alimentation et vêtements) de la population civile et à l'approvisionnement des industries ou commerces s'y rattachant.

2° Au-dessus de 50 kilos et jusqu'à concurrence de deux wagons complets par destinataire, par expéditeur et par jour, le transport des marchandises suivantes à destination de la zone ci-dessus mentionnée n'est pas soumis à l'autorisation préalable de la Commission de réseau destinataire : Allumettes, beurre, bonneterie, biscuits, bougies, bestiaux, bières, céréales, sons et issues, combustibles pour usages domestiques, conserves, cacao et chocolat, café, chaussures, cidres, cuirs, emballages vides en retour de denrées d'épicerie, de pétrole et d'essence, épicerie proprement dite à l'exclusion des spiritueux, fûts vides, fromages, farine, fruits, graisses alimentaires, huile, lessive, légumes frais, légumes secs, lard, lait, moutarde, malt, œufs, objets de pansement, pâtes alimentaires, poissons, pétrole, benzol et essence minérale, porcs, pommes de terre, riz, sucre, sel, sacs vides, saindoux, savons, thé, tabacs, vins, vins en wagons réservoirs, wagons-réservoirs vides, vinaigre, viande abattue, volaille, vêtements.

3° Au-dessus de deux wagons complets par destinataire, par expéditeur et par jour, ou pour des marchandises non comprises dans le tableau ci-dessus, l'autorisation préalable de la Commission de réseau destinataire reste nécessaire pour les transports.
Tous ces transports sont acheminés par les trains journaliers dans la limite des places disponibles.
Ainsi que vous voudrez bien le remarquer, le nouveau régime permet à tout expéditeur d'adresser, chaque jour, sans autorisation préalable, jusqu'à deux wagons complets de marchandises de première nécessité à un même destinataire.
Ce régime paraît devoir donner toute satisfaction aux besoins de la population civile de Nancy, il assurera le ravitaillement de cette population dans des conditions plus rapides qu'avec le train hebdomadaire dont la création avait été envisagée, et il semble qu'il ne sera plus nécessaire de mettre régulièrement ce train en marche au départ de Chalon-sur-Saône.

V)
« Pont-à-Mousson, 5 novembre.
La population de Pont-à-Mousson vit encore des jours mouvementés. Ainsi qu'on a pu le voir par les communiqués officiels, les combats continuent dans les bois environnants. Les Allemands, obligés chaque jour de céder un peu de terrain, se vengent en pointant leurs canons sur les maisons de Pont-à-Mousson.
C'est ainsi que plusieurs personnes viennent encore d'être atteintes par les éclats des projectiles ennemis.
Une fillette a succombé à ses blessures. Le jour de la Toussaint, un obus éclatant aux environs de l'église Saint-Laurent fait éclater un vitrail, alors que les fidèles chantent les vêpres. Il y eut quelques instants de panique et l'office a été interrompu. On peut craindre, en effet, un nouveau bombardement de l'église.. Mais il n'en est rien.

VI)
Les Français en Alsace
Neuchatel demande de Porrentruy à la Suisse Libérale :
« On apprend que les autorités Françaises ont détaché des soldats et sous-officiers instituteurs pour ouvrir des classes de Français dans les localités Alsaciennes occupées par eux, notamment à Massevaux (Masmünster). Les classes tenues en Allemand subsistent à côté de celles que viennent de créer les occupants. »

VII)
Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
« Il nous a fallu encore nous relever cette nuit à cause d’une canonnade toute proche, des nombreux sifflements et de l’arrivée, assez près, d’obus de différents calibres.
Ce matin, en allant  au bureau, j’ai tenu à faire une tournée pour me rendre compte des dégâts causés au cours de la nuit. Il paraît évident que la cathédrale a été visée de nouveau, de gros projectiles sont tombés rue du Cardinal de Lorraine, rue de l’école de médecine, (maison Abelé), sur la pharmacie de la place du Parvis, rue Libergier, rue Colbert et rue du Cadran Saint-Pierre.

L’État de la cathédrale
Paul Hess évoque un article du Courrier de la Champagne dans lequel l’abbé Landrieux, curé de la cathédrale évoque les dégâts subis par l’édifice.

« Il y a eu 3 foyers d’incendie : l’échafaudage du portail, les combles de la grande nef et l’abside.
Au point de vue artistique il y a eu des dégâts irréparables. L’édifice a mieux résisté qu’on ne l’a cru.
Notre cathédrale, avec ses deux tours, garde sa grande allure (…) Les pierres cependant, sont assez profondément calcinées. Les cloches sont fondues. La tour sud n’a pas été atteinte, les bourdons sont intacts : Ils sonneront le Te Deum quand même à l’heure de la victoire.
La plupart des verrières sont détruites, soit par les bombes, soit par le feu. L’intérieur a relativement peu souffert, nous avons pu sauver le Trésor...
Et maintenant quand rentrerons-nous dans notre chère cathédrale?

VIII)
Le hameau de Sapigneul, dépendance de Cormicy, que les Allemands possèdent, est réoccupé par nos troupes. Beaucoup sont enterrés au cimetière de Bligny (Marne)

IX)
 Le 5 novembre 1914, a été constitué au sein de Légion étrangère, le 4e régiment de marche, de dépendance Italienne venu combattre aux côtés des Français lors de la guerre de 1870. 6 des petits-fils de Giuseppe Garibaldi ont combattu dans ce régiment qui a été dissous en 1915, après l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de la France et du Royaume-Uni contre l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne, les volontaires Italiens rejoignant alors des unités Italiennes engagées sur le front Austro-Italien.

XI)
Par le Rémois Jean-Pierre Husson
Louis Oger (27e RIT) fusillé le 5 novembre pour « abandon de poste »
Extrait du carnet du 27e RIT) :
Le commandant Delignière, avec une compagnie du 1er Bon, est commandé pour procéder à l’exécution de deux déserteurs du 27e RIT, les nommés Oger et Proust, condamnés à mort par le conseil de guerre de la 45e DI, les 2 hommes sont fusillés à 6h40, à la croisée des routes 500 m Nord de Villers-Châtel, devant une Cie du 28e et une compagnie du 26e de Caucourt. Les piquets d’exécution sont fournis par le 27e territorial...

XII)
Le 5 novembre 1914, l’Angleterre déclare la guerre à l’empire Ottoman. Un corps expéditionnaire Anglo-Indien, rassemblé à Bombay, aux Indes, sous le commandement du général Delamain, débarque dès le lendemain à l’embouchure du Chott-al-Arab, un bras de fleuve formé par l’union du Tigre et de l’Euphrate, au fond du Golfe Persique.
Les Britanniques ne veulent que protéger les raffineries d’Abadan, en Perse. Ils les occupent sans difficulté puis pénètrent dans les possessions Ottomanes.

XIII)
En ce 5 novembre 1914, c’est la question vitale de la baisse de la récolte de blé de 1915, qui est en première page du Figaro, « d'après un avis de M. François Berthault, directeur des services agricoles, on sait que la récolte pourrait être évaluée entre 80 et 82 millions de quintaux, en France.(…).
Elle semble être, dans l'hémisphère septentrional, inférieure à celle de l'année précédente (…) Pour l'ensemble de la récolte en Europe, en Asie, en Afrique et au Canada, ne représente que 709 millions de quintaux, soit environ 93 % de la récolte de l'année 1913.
Sur le plan militaire

IX)
Le Temps nous rapporte l’histoire d’une « odieuse escroquerie : Un individu de nationalité Russe, Warchinsky, louait, une boutique, dans le douzième arrondissement, et y installait les bureaux de l'agence l'Union Franco-Suisse.
Cette agence a pour but d'expédier aux prisonniers Français en Allemagne des colis envoyés par les familles. Les expéditeurs doivent verser une somme de 3 ou 5 francs suivant le poids.
MAQUETTE DE LA BATAILLE DE TSINGTAO
Or depuis le 1er novembre, les colis à destination des prisonniers sont expédiés gratuitement jusqu'à concurrence de 5 kilos. Le commissariat du quartier des Quinze-Vingts, a été prévenu, et M. Collol, secrétaire, fait faire une expédition. Il revient quelques jours après et proteste contre le versement de 5 francs qu'on a exigé de lui, alors que l'expédition doit se faire en franchise.
Si vous n'êtes pas content, lui répond le gérant, voici votre argent et votre paquet.
Vous n'avez pas expédié le paquet encore ? Riposte le secrétaire. Nous allons bien voir. Peu après arrive M. Boutineau, commissaire de police, qui perquisitionne dans la boutique et trouve dans les sous-sols quelque chose comme 1 200 colis confiés à l'Union depuis l'ouverture de la boutique. »

X)
L’Amirauté Britannique ne badine pas avec l’essentiel et tient à réaffirmer la prédominance de la Royal Navy en ces temps de guerre.
Elle considère désormais que la mer du Nord est une zone de guerre.
Elle rappelle aussi l’amiral Sir Percy Scott pour qu’il organise le service de la Défense antiaérienne de Grande-Bretagne.
Alors que la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à la Turquie, Londres annexe Chypre jusqu’alors administrée par les Anglais tout en restant sous souveraineté Turque.

En France, le gouvernement prend comme le Royaume-Uni l’a fait le 29 octobre, un décret qui officialise sa participation au blocus absolu des Empire Centraux. Dans le secteur Belge toujours aussi sensible d’Ypres, le général Foch lance plusieurs contre-attaques de manière à améliorer les positions des forces alliées et leur permettre de travailler le terrain pour y installer des ouvrages défensifs.

XI
Les gardes civils supprimés
L’État supprime au 1er novembre, les corps spéciaux de gardes civils créés par la loi du 7 janvier 1914. Cette milice composée de volontaires mal formés est peu efficaces pour le maintien de l’ordre. Le coût de leur équipement (armes essentiellement) mais aussi le remboursement de leurs indemnités devenant conséquents.
Par ailleurs, la gendarmerie se méfie de ces auxiliaires parfois trop zélés.

À La Bastide-de-Sérou dans l’Ariège, les missions des 10 gardes nommés sur une commune de 2 528 habitants, sont nombreuses.
Ils doivent assurer la surveillance des voies ferrés, la police locale, la police générale, la circulation routière, la surveillance des étrangers suspects, les arrestations des déserteurs, réfractaires et insoumis.
Ils peuvent aussi dresser des contraventions, et assister aux réquisitions.

Les besoins de l’armée en hommes sont toujours plus importants. Aussi la « chasse aux embusqués », ceux qui sont dans les sections de secrétaires, d’infirmiers, de commis ouvriers d’administration et qui peuvent être sur le front, est ouverte. Le service du recrutement demande au « chef des hôpitaux d’une grande ville au sud de la Loire », de proposer des hommes pour passer devant le conseil de révision.
Le nombre de soldats désignés étant infime, tous les hommes sont envoyés devant le conseil de révision qui en retient alors 220 sur les 254 employés dans les hôpitaux.
En conséquence, de nouvelles commissions médicales composées de 3 médecins étrangers au régiment sont créées le 20 novembre pour envoyer au front les «  embusqués » ainsi qu’une commission spéciale de subdivision : Elle est chargée de contrôler la pertinence des prolongations de congés de militaires en convalescence.
Par ailleurs, les réservistes et territoriaux des classes 1893 à 1910 sont rappelés le 27 novembre et les anciens officiers sont invités à reprendre du service pour servir au moins comme instructeurs dans les dépôts...
Enfin, les conseils de révision de la classe 1915 terminés depuis fin novembre, le ministère de la Guerre veut préparer la classe 1916 dans le but de l’incorporer rapidement.
Afin de renforcer l’enthousiasme des jeunes, une semaine de formation est organisée pour les enfants du quartier Toulousain de Saint-Cyprien.
Elle concerne les classes 1915, 1916 et 1917 et débute le dimanche par des activités de tirs à l’école.
Puis, le lundi des marches d’entraînement sont prévues suivies le mardi de cours de topographie et les mercredi et vendredi d’exercices physiques.
Le gouvernement Français communique que sur les efforts faits par la nation, les armées en campagne ont reçu à ce jour :
1 736 000 couvertures
1 100 000 tentes individuelles
1 683 000 tricots
1 494 000 ceintures de laine ou flanelle
1 469 000 paires de chaussettes de laine
904 000 paires de gants ou moufles

A partir du 20 novembre, les troupes recevront un nouvel uniforme, la couleur est agréable et il est peu visible :
Le képi, la capote et le pantalon sont de la même couleur « gris bleu ».

Par ailleurs, le courrier étant le seul lien entre les familles et les soldats, il rend compte du nombre important de lettres. Le bureau central militaire des Postes déclare qu’il a reçu le 26 novembre à destination des armées :
1 540 000 lettres et cartes postales
158 000 lettres et objets recommandés
4 000 journaux
5 900 paquets ordinaires et 9 750 mandats.

Il est rappelé aux familles qu’elles ne doivent pas envoyer de cartes postales se moquant des Allemands car en cas de capture, le soldat Français qui a ces documents sur lui est maltraité voire fusillé...

Recevant peu d’informations des leurs, prisonniers en Allemagne, des familles sont en plein désarroi. Aussi, l’État organise les circuits de correspondance le 16 novembre.
Pour l’envoi de lettres, il faut écrire l’identité du prisonnier avec son numéro de régiment, de compagnie, et le lieu d’internement (via Pontarlier). Les enveloppes doivent être ouvertes et les lettres ne comporter que des nouvelles portant sur la famille et la santé.
ÉTAT MAJOR ALLEMAND
La franchise est accordée jusqu’à 20 gr. Pour l’envoi d’argent, les mandat-postes internationaux sont envoyés au Contrôle général des Postes à Berne (Suisse). Les colis postaux pour les prisonniers sont expédiés en franchise. Le seul droit à acquitter est un droit de 0,10 F, coût de la feuille d'expédition. Les paquets doivent être enveloppés dans de la toile et l’adresse, écrite, autant que possible, directement sur la toile. Les envois doivent être accompagnés de 2 feuilles de douane sans déclaration de valeur, il faut y indiquer la nature du contenu.
Les paquets peuvent renfermer des vêtements, du chocolat et quelques produits pharmaceutiques non liquides (ni tabac, ni allumettes, ni charcuterie). Leur poids ne doit pas dépasser 5 kg. Ces colis doivent porter l'adresse exacte du prisonnier (nom, prénoms, régiment, compagnie, lieu d'internement) et la mention « Via Genève ».
Enfin, l’armée craignant que des informations puissent être données à nos ennemis, attire l’attention des familles sur le fait qu’il est interdit d’envoyer des journaux en Allemagne même sous forme d’emballage.
Au cours du mois, le conseil de guerre traite des affaires suivantes : Ivresse, tapage nocturne, rébellion et outrages envers des agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions, insoumission en temps de paix, et de guerre, refus d’obéissance sur un territoire en état de guerre.
L’accusé est rarement acquitté comme dans l’affaire suivante : Un maître tailleur avait ordonné à un soldat d’aller travailler en plein froid et en plein vent sur une terrasse à Agen. Devant le refus de ce dernier, le soldat passe en conseil de guerre et est acquitté...
En justice civile, les affaires (délit de pêche) d’un mineur et d’un verrier sont renvoyées après les hostilités car les prévenus sont mobilisés.

La question de la laïcité reste délicate mais le ministre de la Guerre rappelle au respect de la liberté de conscience. Il ne peut pas y avoir de cérémonies cultuelles collectives dans les salles d’hôpitaux. Parce que l’État est le garant de la liberté de culte, par circulaire, le ministre indique que ceux qui le souhaitent peuvent suivre les messes dans les chapelles ou des salles spécialement dédiées...

Mais la liberté de culte a parfois du mal à être appliquée localement. À Saint-Gaudens, vers la fin de novembre, la caserne ayant été transformée en établissement sanitaire, l’aumônier militaire demande l’autorisation de célébrer une messe dominicale.
Elle lui est refusée au motif que la « circulaire Millerand n’est pas arrivée ». En appel, le commandant militaire de Toulouse accorde l’autorisation. Mais, le prêtre subit ensuite de nombreux refus dus au même motif.
Se pose aussi la question des ecclésiastiques :
Ceux territoriaux, trop vieux pour combattre, officient dans les hôpitaux.
Pour ceux qui ne veulent pas porter les armes, le ministre de la Guerre décide de les affecter aux sections d’infirmiers militaires ou dans les services auxiliaires (secrétariat…).
La loi de séparation des Églises et de l’État étant applicable sur le territoire Français, les chefs de l’Islam d’Algérie, de Tunisie et du Maroc renouvellent leur loyalisme au gouvernement Français ainsi que les grands marabouts de l’ordre religieux de Tedjana qui écrivent qu’ils restent « fidèles au drapeau Français et à la noble France ».

La vie sportive reprend et, le Comité national d’éducation physique de la jeunesse Française est créé par le ministre de l’Instruction publique. Ce comité est sous la haute direction du baron Pierre de Coubertin.
Localement, le Stade Toulousain, par suite de l’absence de calendrier cette saison, informe qu’il n’y aura pas de guichets ouverts et qu’il offre la gratuité de l’entrée du stade aux militaires. Le match de football-rugby entre les deux clubs Toulousains, l’Harlequin club universitaire Toulousain et le stade Toulousain est amical et les prix des places s’étalent de 0,55 à 1,10 F selon que l’on soit au bord du terrain ou confortablement assis sur les planches des tribunes.




Novembre 1914 - La Vie en Lorraine (1/3) - blamont.info
www.blamont.info/textes866.html
Accès à la rubrique des textes concernant 1914-1918 ... La Grande guerre. La Vie en Lorraine ..... Le communiqué officiel du 2 novembre, 23 heures, dit :
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Novembre 1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/nov141.html
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