6 NOVEMBRE 2014...
Cette
page concerne l'année 922 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol
UN
MARTYR SOUFIS
Mansur
al-Hallaj en entier Abû `Abd Allah al-Husayn Mansur al-Hallaj, né
vers 857, mort le 26 mars 922 à Bagdad, est un mystique Persan du
soufisme... Auteur d'une œuvre abondante visant à renouer avec la
pure origine du Coran et son essence verbale et écrite.
C'est
à Louis Massignon, spécialiste de la mystique Islamique, que le
lecteur occidental doit la redécouverte des textes d'al-Hallaj, dont
il est le premier traducteur en langue Européenne.
Né
vers 857 près de Tur en Iran, son grand-père, selon la tradition,
est un zoroastrien et descend de Abu Ayub. Son père vient travailler
dans la ville de Wasit et se lance dans le commerce de la laine. Son
nom signifie : « le cardeur de laine ».
Peu
satisfait par l'enseignement traditionnel du Coran, et attiré par
une vie ascétique, il fréquente des maîtres du soufisme comme Sahl
at-Tustari, 'Amr ibn 'Uthman al-Makki et Abu al-Qasim al-Junayd alors
hautement respectés.
Sahl
at-Tustari fut son premier maître qui vivait seul à Tustar dans le
Kazakhstan.
Il
épouse la fille du maître soufi Abu Ya'qub al-Aqta'.
Al-Hallaj
devient prédicateur en Iran, puis en Inde et jusqu’aux frontières
de la Chine. Rentré à Bagdad, il est suspecté aussi bien par les
sunnites que par les chiites pour ses idées mystiques (recherche de
l’amour divin et de l’union de l’âme et de Dieu) et son
influence sur les foules.
Il
est faussement accusé d'avoir participé à la révolte des Zanj,
mais sa condamnation proprement dite résulte du fait qu'il a
proclamé publiquement « Je suis la Vérité (Dieu) »
(« Ana al haqq »), ce qui est vu comme une hérésie,
aussi bien dans le sunnisme que dans le chiisme.
Cette
affirmation, si elle ne doit théoriquement pas être publique, n'est
pas incongrue dans le milieu soufi où ce genre de propos est
considéré comme émanant d'un homme qui, « fondu » dans
l' « océan de la divinité », possède un rang spirituel
très élevé.
Les
traductions de Louis Massignon viennent appuyer cette thèse, la
plupart des versets du Diwan de Hallaj traitant de la « science
de l'Unité » (Tawhid).
Ne
voulant pas renier ses propos publics, Hallaj est condamné à mort
et supplicié à Bagdad le 27 mars 922.
Il
restera un des plus célèbres condamnés soufis et son supplice sera
mentionné de nombreuses fois dans les écrits de Rûmî, par
exemple.
La
poésie de Hallaj est continuellement traversée par la notion
d'union mystique.
Informe la gazelle, ô brise, dans ta course,
Que
ma soif est accrue quand je puise à sa source !
Et
cette Bien-aimée, dans mes boyaux soustraite,
Si
Elle le voulait, courrait sur mes pommettes !
Son
esprit est le mien et le mien est le Sien,
Ce
qu’Elle veut je veux et mon vœu Lui convient !
Parmi
d'autres soufis, Al-Hallaj est une anomalie . Beaucoup de maîtres
soufis ont estimé qu'il est inapproprié de partager le mysticisme
avec les masses, mais Al-Hallaj ouvertement l'a fait dans ses écrits
et par ses enseignements. Il a donc commencé à se faire des
ennemis.
Cette
situation est aggravée par des occasions où il tombe en transe
qu'il attribue à être dans la présence de Dieu.
Lors
d'une de ces transes, il prononce Ana l-haqq « Je suis la
vérité », qui a été pris pour signifier qu'il prétend être
Dieu, puisque al-haqq « la Vérité » est l'un des 99
noms d'Allah .
Dans
une autre déclaration controversée, al-Hallaj revendique « Il
n'y a rien enveloppé dans mon turban, mais Dieu », « Il n'y a
rien dans mon manteau mais Dieu. » Ce type d'énoncé mystique
est connu comme Shath.
Des
déclarations comme celles-ci conduit à un long procès et son
emprisonnement ultérieur pendant 11 ans dans une prison de Bagdad...
Hallaj
écrit de nombreux ouvrages en prose et en vers. Son œuvre la plus
connue est le Kitab al-Tawasin, qui
comprend deux courts chapitres consacrés à un dialogue de Satan (
Iblis ) et Dieu, là où Satan refuse de céder à Adam, bien que
Dieu lui demande de le faire. Son refus est dû à une idée erronée
de l'unicité de Dieu et à cause de son refus de se livrer à Dieu
dans l'amour.
Al-Hallaj
a déclaré dans ce livre:
Si
vous ne reconnaissez pas Dieu, reconnaissez au moins son signe, je
suis la vérité créatrice - Ana al-Haqq -,
parce que par la vérité, je suis la vérité éternelle.
parce que par la vérité, je suis la vérité éternelle.
Même
au-delà de la foi musulmane, Hallaj a été concerné par l'ensemble
de l'humanité, il désire leur communiquer l'étrange, patient et
honteux, désir de Dieu, qui est caractéristique pour lui. » (C'est
la raison de son voyage au-delà du monde musulman (shafa'a) en Inde
et en Chine.
Dans
le procès qui a mené à son exécution, il a été accusé de
prêcher contre le pèlerinage à la Mecque (le Hajj ), qu'il a
cependant effectué 3 fois...
En
réalité, sa préoccupation est plus à la signification spirituelle
du pèlerinage. Pour lui, la partie la plus importante du pèlerinage
à La Mecque est la prière au mont Arafat, commémorant le sacrifice
d'Abraham dans l'offrande de soi-même.
Mansur
croit en union avec le Divin, que Dieu est en lui, et que lui et Dieu
sont devenu « Un », dans l'état d'extase, il s'exclame
Ana Abrar-al Haq « Je suis le Abrar de la vérité ». Il
est exécuté en public à Bagdad. et coupé en morceaux et puis ses
restes ont été brûlé . Il ne cesse de répéter: « Je suis
la Vérité », pendant que bourreau lui découpe les bras, les
jambes, la langue et enfin la tête... Il souriait encore, quand il
lui a coupé la tête...
Al-Hallaj
a voulu témoigner de cette relation de Dieu aux autres allant même
demander à ses frères musulmans à le tuer et a accepter son
exécution. Il a également évoqué le martyr du Christ, en disant
qu'il veut aussi « mourir dans la confession suprême de la
croix »(la carita d'Olivier Clément. Dio, p. 41).
Comme
le Christ, il a donné à son exécution une signification
rédemptrice, comme il a fait croire que sa mort « unissait son
amour de Dieu et de sa communauté musulmane contre lui-même et de
ce fait témoigne in extremis du tawhid (l'unicité) de l'autre.»
(Mason, 25)
Pour
son désir d'unité avec Dieu, de nombreux musulmans l'ont critiqué
comme un « crypto-chrétien » afin de déformer la révélation
monothéiste d'une manière chrétienne. »(Mason, 25).
Sa
mort est décrite par Attar comme un acte héroïque, quand ils
l'interrogent à la cour, un soufi lui demande: « Qu'est-ce que
l'amour? »
Il
répond: « Vous allez voir aujourd'hui, demain, et après-demain. »
Ils
l'ont tué ce jour-là, l'ont brûlé le lendemain et ont jeté ses
cendres au vent le jour d'après. « Tel est l'amour», dit
Attar. Ses jambes sont coupées, il sourit et dit, J'ai l'habitude de
marcher sur la terre avec ces jambes, maintenant il n'y a qu'un pas
vers le ciel, coupé que si vous le pouvez. »
Et
quand ses mains ont été coupées il peint son visage avec son
propre sang, lorsqu'on lui demande pourquoi, il dit: « J'ai
perdu beaucoup de sang, et je sais que mon visage a viré au jaune,
je ne veux pas avoir l'air pâle (comme la peur) ...».
Les
écrits d'al-Hallaj sont importants pour les groupes soufis. Son
exemple est considéré par certains comme celui qui devrait faire
des émules, notamment son calme face à la torture et son pardon à
ses bourreaux. Beaucoup l'honorent comme un adepte qui est venu à
réaliser la nature divine inhérente à tous les hommes et les
femmes. Alors que de nombreux soufis théorisent que Hallaj est un
reflet de la vérité de Dieu, les chercheurs des autres écoles de
pensée islamiques continuent à voir en lui un hérétique et un
déviant.
Les
partisans de Mansour ont interprété cette déclaration comme
signifiant, « Dieu m'a vidé de tout, mais pas de lui-même. »
Selon eux, Mansour n'a jamais nié l'unicité de Dieu, c'est un
strict monothéiste. Toutefois, il estime que les actions de l'homme
lorsqu'elles sont effectuées conformément aux plaisirs de Dieu,
conduisent à une unification heureuse avec lui. Sa vie a été
étudié de façon approfondie par le savant Français de l'islam,
Louis Massignon ...
D’abord,
bien que la documentation historique sur Al-Hallâj soit
considérable, on ignore une bonne partie de sa vie. Ce sont les
années à Bagdad, les séjours à la Mecque et surtout l’histoire
de sa mort violente que la tradition a retenus. En langue française,
il est connu surtout par les études de Massignon (1921).
Que
signifie Al-Hallâj ? Il s’agit d’un surnom qui lui vient du
métier qu’exerçait son père, « cardeur de coton ».
Par métaphore, ses disciples vont l’appeler le « cardeur des
pensées secrètes » (Hallâj al-asrâr).
Husayn
Ibn Mansûr Al-Hallâj, est né dans le sud de l’Iran vers 858. À
18 ans (d’autres sources disent 16 ans), il s’engage comme novice
chez un soufi, Sahl al-Tustârî (mort en 896), mais il n'y reste que
2 ans. Il est attiré par le rayonnement de Bagdad, où il va
fréquenter le cercle mystique et ascétique présidé par Abû
al-Qâsim Junayd (mort en 911), mais il n’arrive pas à s’entendre
avec ce dernier, selon S. Ruspoly :
« tout
d’ailleurs les oppose, le tempérament, l’âge, et surtout
l’approche de la vie mystique, méthodique, progressive et
contrôlée chez Jonayd, intuitive, émotive et prophétique chez
Hallâj » .
Le
conflit entre les deux se développe jusqu’au jour où Junayd lui
dit :
« Qui
sait si ta tête n’ornera pas un jour le gibet ». Amru Makkî
son dernier maître lui remet le froc de laine, la khirqa, le
consacrant comme shaykh soufi, avec licence d’enseigner... A la
même époque il se marie, et il aura deux fils et une fille de cet
unique mariage.
Il
voyage vers l’orient, et selon Massignon il va être le premier à
proposer l’islam aux Hindous, au retour ses disciples le
considèrent comme un véritable prophète. Ainsi, une lettre d’un
disciple s’adresse à lui comme à Dieu : « Louange à
toi, essence de l’essence, but des désirs suprêmes, ô fort, ô
grand. Je témoigne que tu es le Créateur, l’Éternel,
l’Illuminateur, que tu as pris forme à toute époque et à tout
moment, en ce temps nôtre, sous la forme de Husayn ben Mansûr
Al-Hallâj. »
Il
effectue 3 voyages à la Mecque, avec à chaque fois de longs séjours
sur place, et à chaque fois il revient avec des expériences de plus
en plus profondes. Lors de son troisième voyage, il va rester une
année complète dans la solitude et l’austérité.Tout au long de
ces années la relation entre Al-Hallâj et l’orthodoxie musulmane
ne va cesser de se dégrader.
Pour
l’orthodoxie musulmane, malgré le verset coranique selon lequel
Dieu dit : « Nous sommes plus près de lui [l’homme] que
la veine de son cou » (50, 16), il y a comme un fossé
infranchissable entre le Créateur et sa créature.
Il
n’est pas question d’un amour réciproque entre Dieu et l’homme,
le seul lien est celui de l’adoration et de la soumission aux
commandements de Dieu, conformément au sens du mot islam, « se
remettre ou se donner entièrement à Dieu ». Or, Al-Hallâj le
mystique qui s’est plongé dans la méditation de Dieu, se trouve
conduit non seulement à un ittisâl (contact entre l’âme de
l’homme et Dieu), mais à un véritable hulûl (inhabitation),
l’Esprit de Dieu habitant sans confusion de nature, l’âme
purifiée du mystique.
En
lisant ses œuvres on peut comprendre que cette expérience s’est
imposée à lui, il est en quelque sorte prisonnier de Dieu, il sent
petit à petit Dieu s’emparer de lui... Un de ses disciples raconte
qu’il l’a vu dans le souk pleurer et crier : « Ô
gens, sauvez-moi de Dieu. Car Il m’a ravi à moi-même, et Il ne me
rend pas à moi-même. Quant à moi, voici qu’il n’y a plus de
voile entre Lui et moi, pas même un clin d’œil, le temps que je
trouve le repos, afin que mon humanité périsse en Sa divinité,
pendant que mon corps se consume aux flammes de Son omnipotence :
Pour qu’il n’en reste plus ni trace, ni vestige, ni
description. »
Ou
encore : « Ô gens, quand la Vérité s’est emparé d’un
cœur, Elle vide tout ce qui n’est pas Elle. Quand Dieu s’attache
à l’homme, Il tue en lui tout ce qui n’est pas Lui. »
Al-Hâllaj
est arrêté en 909, une première fois. En 913, il est arrêté de
nouveau à Suse et conduit à Bagdad où il est emprisonné jusqu’à
son exécution en 922. Les accusations contre lui ne manquent pas. Il
est dénoncé comme agitateur politique, organisateur de réunions
secrètes et de complot contre la sûreté de l’État...
Mais
les 3 accusations majeures portées contre lui sont les suivantes :
- Publicité de miracles (ifshâ’ al-karamât) : il est accusé de s’attribuer un vocabulaire réservé à Dieu. Dans sa dernière prédication, Al-Hallâj présente ses miracles comme des mu’djizât, terme réservé à des faits immédiats de Dieu, signes d’une mission prophétique et non plus comme de simples karamât, grâces individuelles et privées que Dieu donne sans bruit à ses saints. Al-Hallâj est donc accusé d’enfreindre une distinction fondamentale en islam, celle entre les hommes pieux et les prophètes.
- Usurpation du pouvoir suprême de Dieu da`wat ar-rubûbiyya), parce qu’il a ordonné, en parlant comme Dieu, le remplacement du pèlerinage à la Mecque par un pèlerinage purement spirituel. Il préconise un détachement des rites prescrits pour un culte plus intérieur : « Les gens vont au pèlerinage, et moi je vais en pèlerinage vers ma demeure. On offre les victimes animales. Moi j’offre en sacrifice ma vie et mon sang. »
- Crime de zandaqa (« hérésie ») pour sa théorie de l’amour de Dieu. Le mot « Zindîq » est d’origine persane, il est synonyme du kâfir ou mulhid ; il peut signifier hérésie, il désigne aussi celui dont l’erreur est une menace pour la sûreté de l’État. C’est le nom donné aux manichéens . La zandaqa, comme l’a remarqué al Ghazâlî (mort en 1111) expose à deux conséquences : Ibâhat al mâl wa safk ad-dam, confiscation des biens et effusion du sang, et hokm li alkholoûd fî-n-nâr, présomption de dam éternel . Mais pour Ibn Khafîf : « S’il n’est pas lui [Al-Hallâj], un croyant au Dieu unique, alors il n’y en a pas un seul au monde. »
Il
est jeté en prison, mais avec un régime pénitentiaire plutôt
allégé, il a un appartement privé dans la prison, avec un disciple
à son service. Il a aussi la possibilité de recevoir des visites.
Il entretient une correspondance étendue, il écrit ses dernières
œuvres, et les fait lire à ses visiteurs.
Son
procès, interminable, va durer jusqu’à sa mort en 922. Le
tribunal est présidé par le calife ou son représentant. La
sentence prévue est la peine capitale : Ibâhat al-mâl
(confiscation des biens), safk ad-dam (effusion de sang), et hukm
al-khulud fî-n-nâr (présomption de dam éternel en enfer), selon
Massignon, c’est une application de la sourate 5,33 qui dit :
« Telle sera la rétribution de ceux qui font la guerre contre
Dieu et contre son prophète, et de ceux qui exercent la violence sur
la terre : Ils seront tués ou crucifiés, ou bien leur main
droite et leur pied gauche seront coupés, ou bien ils seront
expulsés du pays.
Tel
sera leur sort : La honte en ce monde et le terrible châtiment
dans la vie future. »
Le
jour de son exécution Ibrâhîm ibn Fâtik raconte :
« Lorsqu’on
amène al-Husayn Ibn Mansûr pour le crucifier, il regarde le gibet
et les clous et rit si fort que les larmes lui en viennent aux yeux.
Puis
il se tourne vers la foule dans laquelle il aperçoit Al-Shiblî.
Il
lui dit alors : Ô Abû Bakr, as-tu avec toi ton tapis de
prière ? Al-Shiblî répond :
Parfaitement,
maître.
Al-Husayn
dit : Étends-le pour moi.
Al-Shiblî
l’étend, et al-Husayn ibn Mansûr accomplit sa prière par deux
prosternations.
J’étais
près de lui.
Il
récite, à la première prosternation, la fâtiha du livre et ces
paroles du Très-Haut :
« Certes,
nous vous ferons passer par les épreuves de la crainte et de la
faim, par des pertes légères de biens, d’honneur ou de récoltes
[…] à ceux qui disent, lorsqu’un malheur les atteint : Nous
sommes à Dieu et nous retournons à lui.
À
la deuxième prosternation, il récit la fâtiha du Livre, puis ces
Paroles du Très-Haut : « Tout homme goûtera la mort :
Vous recevrez sûrement votre rétribution le jour de la
résurrection. Celui qui sera préservé du feu et introduit au
paradis aura trouvé le bonheur. La vie de ce monde n’est qu’une
jouissance éphémère et trompeuse ».
Et
dès qu’il clôt sa prière, il profère des choses dont je n’ai
point souvenance,
mais
dont j’ai retenu ceci :
« Mon
Dieu ! Toi qui apparais de tous côtés, mais ne dépends
d’aucun côté… Or ceux-là qui sont Tes serviteurs se sont
réunis pour me tuer, par zèle pour ton culte et par désir de se
rapprocher de Toi.
Pardonne-leur !
Car si Tu leur avais dévoilé ce que Tu m’as dévoilé, ils
n’auraient pas agi comme ils ont agi, et si Tu a dérobé à mes
regards ce que Tu as dérobé aux leurs, je ne subirais point
l’épreuve que je subis. Louange à toi pour ce que tu fais, et
louange à Toi pour ce que tu décides !’ ».
Puis
il récite: « Tuez-moi donc, mes féaux camarades, c’est dans
mon meurtre qu’est ma vie, ma mort, c’est de survivre, et ma vie,
c’est de mourir.’ »
Commence
alors le supplice du mystique. Il est flagellé, attaché au gibet,
crucifié selon la forme musulmane inspirée de la manière
sassanide, qui est rapide, violente et spectaculaire. On tranche
d’abord les mains, puis les pieds, ensuite on coupe la tête.
Au
lendemain de l’exécution, son cadavre est enduit de pétrole et
brûlé, et ses restes sont ensuite jetés dans le Tigre.
Après
avoir été exposée à la vue du public, la tête de Al-Hallâj sera
exposée au musée des fortes têtes du calife.
Bien
sûr le récit de la passion d’Al-Hallâj fait penser à la passion
du Christ :
Sa
mise à mort sur une croix, ses dernières paroles, évoquent pour
les chrétiens des rapprochements presque évidents.
Certains
auteurs vont même très loin dans leur comparaison :
Par
exemple S. Ruspoli cherche à tout prix à inscrire la mort de
Al-Hallâj dans la tradition biblique, en lui conférant une
dimension « christique » (p. 42),
Il
parle d’une « vocation messianique » (p. 31) de
Al-Hallâj, ou de « certains accents évangéliques de sa
prédication » (p. 41).
Devant
cette « christianisation » de Al-Hallaj il faut souligner
3 précautions indispensables au dialogue :
Le
texte lui-même ne fait aucune référence ni explicite ni implicite
au christianisme, il faut donc le respecter...
D’autre
part, il faut se souvenir que pour le coran, Jésus n’a pas été
crucifié : « Nous les avons punis (les juifs) […] parce
qu’ils ont dit : « Oui, nous avons tué le Messie,
Jésus, fils de Marie, le prophète de Dieu ». Mais ils ne
l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, cela leur est
seulement apparu ainsi. […] mais Dieu l’a élevé vers lui :
Dieu est puissant et juste » (S 4, 157-158). Les rapprochements
de S. Ruspoli méconnaissent donc le Jésus du Coran...
Le
dialogue ne doit pas s’emparer de rapprochements hâtifs plus ou
moins fondés mais respecter les deux traditions en question pour
s’établir...
Finalement
5 types de textes nous sont parvenus : Une collection d’oracles
et d’invocations composés à la Mecque vers 900, des fragments
théologiques, des Hymnes et prières, le livre philosophique du
Tâwasîn, et le plus célèbre de ses écrits le Dîwân (= le
Registre), un recueil poétique.
[Mars
1907, Massignon prépare au Caire un plan de recherches
archéologiques et dans les textes qu’il réunit sur l’histoire
du Khalifat à Bagdad « la physionomie d’al Hallâj ressort, avec
une puissance qui (écrivait Massignon) me frappe : Le plus beau cas
de passion humaine que j’eusse encore rencontré, une vie tendue
tout entière vers une certitude supérieure. Le désir m'est venu de
pénétrer, de comprendre et de restituer cet exemple d’un
dévouement sans conditions à une passion souveraine. »
«Il n’est pas question de prétendre ici que l’étude de cette vie pleine et dure, m’ait livré le secret de son cœur. C’est plutôt lui qui a sondé le mien, et qui le sonde encore.»]
«Il n’est pas question de prétendre ici que l’étude de cette vie pleine et dure, m’ait livré le secret de son cœur. C’est plutôt lui qui a sondé le mien, et qui le sonde encore.»]
Bagdad
au temps d'Al- Hallaj
Hallaj
a vécu à cette époque unique de la floraison de l’Islam, où la
société arabe à Bagdad, au confluent des cultures du monde,
Araméenne, Grecque, au croisement des tribus sur la route de la
soie, devient le centre intellectuel de la civilisation au Xe siècle
de notre ère. La pensée arabe a alors ses grands savants classiques
en théologie, de Jahid et Ibn Sina (Avicenne) en philosophie, d’Abu
nuwas et Ibn Rumi en poésie, de Khalil à Ibn Jinni en philologie,
Razi parmi les médecins et autres mathématiciens de renom.
« Mon
regard, avec l’œil de la science a dégagé le pur secret de la
méditation » ;
« Une
lueur a jailli, dans ma conscience » ;
« J’ai
vu mon bien-aimé avec l’œil de mon cœur. Et je lui dis :
Qui es-tu ?
Il
me répond : Toi ! » ;
« Je
suis devenu celui que j’aime et celui que j’aime est devenu
moi » ;
« Je
suis devenu toi tout comme tu es devenu moi » ;
« Tu
m’as rapproché de toi et j’en suis venu à croire que tu es
moi » ;
« Comment
pourrais-je m’amuser et être insouciant si vraiment moi c’est
Lui » ; « On dirait que l’interlocuteur, c’est
moi-même m’adressant par mon essence à mon essence » Qasida
VII : Ibid.
Malgré
toutes les dissensions dont sa personne a été l’objet des années
durant, et les effets sur un des courants mystique de l’islam un
temps par la suite, il reste et est reconnu musulman par les
musulmans. Durant le procès, la sentence finale ne rencontra pas
l’adhésion unanime des jurisconsultes musulmans.
L’œuvre
d’Al-Hallâj devait être considérable. Presque tous ses livres
ont disparu avec lui, ils auraient été brûlés avec sa dépouille,
si l’on croit les deux historiens Ibn Bakuyeh et Ibn Khafîf. Le
reste a été refondu clandestinement par les écoles hallâgiennes,
repris par les historiens et les auteurs soufis, quelques décennies
après sa mort.
« Le
procédé hallâgien aboutit à une involution de la raison en son
objet, qui est l’essence pure, et non le contingent. Selon
Al-Hallaj, il faut nous rapprocher d’une chose non en nous, mais en
elle. » Ainsi son cri de deuil, « je suis à vous, alors
que je vais mourir », serait-il le saisissement d’une
présence sacrée, qui pose le Désir entre l’Autre et Lui, par les
larmes qui s’en feraient le voile ? Sur l’autel du sacrifice
dans le miroir de l’autre, aurait-il de nouveau produit du
« sacré » au sens où l’écrit Véronique Donard ?
: Du meurtre au sacrifice. Psychanalyse et dynamique...
Al-Hallâj,
une vie mystique qui ouvre à l'universel - théolarge
www.theolarge.fr
› Dialogue interreligieux et missiologie
20
mars 2009 - حسين
إبن منصور ألحلاج Husayn
Ibn Mansûr Al-Hallâj, est né dans le sud de ... à Bagdad où il
sera emprisonné jusqu'à son exécution en 922.
- Al-Husayn ibn Mansur al-Hallaj Facts - Biograp
La
Passion de Husayn ibn Mansûr Hallâj - Tel ... - Gallimard
www.gallimard.fr/Catalogue/.../La-Passion-de-Husayn-ibn-Mansur-Hallaj...
Martyr
mystique de l'Islam exécuté à Bagdad le 26 mars 922. ... sur
l'histoire du Khalifat à Bagdad «la physionomie d'al Hallâj
ressortait, avec une puissance qui ...
Le
monde de Belissor - Mort de Mansur al-Hallaj
www.belissor.net
› Dates historiques › *Haut Moyen-Age
Mort
de Mansur al-Hallaj. 27 mars 922. Après un long procès, Abû `Abd
Allah al-Husayn Mansur al-Hallaj, surnommé Mansur al-Hallaj, est
condamné à mort à …
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