27
JANVIER 2017...
Cette
page concerne l'année 94 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
PARALLÈLE DE DION CHRYSOSTOME ? SUR LA ROMANITÉ ET L’HELLÉNISME
Dion
de Pruse, ou encore Dion Chrysostome (grec Δίων Χρυσόστομος),
c'est-à-dire Bouche d'or, ainsi surnommé à cause de son éloquence,
rhéteur grec du courant de la seconde sophistique, né à Pruse en
Bithynie vers l'an 30 et mort vers 116.
Si,
dans la pensée latine, l'année 96 marque une rupture dont les
contemporains mêmes s'accordent à reconnaître l'importance, dans
la pensée grecque, au contraire, le règne des Flaviens et celui des
premiers Antonins constituent une période d'une remarquable unité.
Alors
que Pline le Jeune et Tacite se sont volontairement tenus à l'écart
durant toute l'époque Flavienne, les auteurs Grecs contemporains ont
également exercé leur activité pendant la tyrannie de Domitien.
Et
l'avènement de Nerva, puis de Trajan, salué par les premiers comme
l'inauguration d'une ère nouvelle, n'est, pour les seconds, qu'un
simple changement de dynastie, à peine mentionné dans leurs œuvres,
qui n'introduit aucune donnée nouvelle et ne modifie guère leurs
préoccupations, dont la principale, est sans doute de définir
l'attitude à adopter par le monde Grec, caractérisée, par la
permanence et la continuité, envers une présence Romaine devenue
inévitable et définitive, mais aussi plus évidente et plus
contraignante.
Présente,
dès la fin du premier siècle et au début du second, dans l'œuvre
de tous les écrivains Grecs, pour la plupart engagés dans la vie
politique et sociale, cette préoccupation s'avère d'une acuité
particulière dans celle de Dion Chrysostome.
Chez
un auteur attaché à sa ville natale de Pruse, mais, en même temps,
à Rome même, familier des empereurs, et qui a longtemps parcouru
tout le monde Romain, la volonté de concilier hellénisme et
romanité s'explique d'elle-même.
De
fait, les références aux cités Grecques sont incessantes dans la
quasi-totalité des discours. Et si les mentions de Rome sont moins
nombreuses, elles ne sont pourtant jamais anodines, seulement faites
au détour d'une phrase, mais toujours importantes et longuement
développées. Il se fait admirer à Rome et dans tout l'empire sous
Néron et ses successeurs, pour sa clairvoyance politique.
Le
consul Vespasien a entrepris un voyage jusqu'à Alexandrie pour
prendre son avis sur la conduite des affaires publiques et Dion de
Pruse l'a engagé à laisser choisir les Romains entre la république
et la monarchie.
Impliqué
sous Domitien dans une conspiration, Dion de Pruse se réfugie dans
le pays des Gètes où il reste longtemps ignoré, profitant de son
exil pour faire œuvre d'historien en écrivant un ouvrage sur les
Gètes.
TYCHE DÉESSE TUTÉLAIRE DE PRUSE |
Les
premiers événements du christianisme ont toujours été déguisés,
et ce n'est pas un petit ouvrage que de les montrer sous leur
véritable aspect d'autant plus que l'église a supprimé tout ce qui
ne lui était point favorable, et qu'elle a mieux aimé jeter sur les
premiers temps une épaisse obscurité, que de conserver une lumière
qui pourrait être désavantageuse. ???
Néanmoins
les historiens profanes qui nous restent, et quelques écrits des
philosophes de ces temps, peuvent par des anecdotes détachées,
apporter des éclaircissements. Tacite , Suétone, Porphyre, Lucien
dans son Philopater, sont d'un grand secours. Il faut aussi étudier
quel est l'esprit des persécutions que l'on fait éprouver dans ces
premiers siècles aux philosophes, aux mathématiciens, aux
astrologues, aux Juifs, et aux Chrétiens, et rapprocher tous ces
détails de la doctrine des premiers pères de l'église sur la fin
du monde, qui est leur dogme favori.
Si
ces préjugés ont paru nouveaux dans le Ier siècle de notre ère,
c'est qu'ayant été comme absorbés, depuis un long espace de temps,
sous l'amas énorme des erreurs mêmes qu'ils ont engendrées, une
terreur panique toute semblable à l’ancienne, les ranime, rendant
à la superstition sa première image.
S'il
y a ici quelque apologie à faire pour ceux qui se sont laissés
tromper par ces ridicules chimères, ce ne peut-être, sans doute,
qu'en faveur des anciens témoins des révolutions de la terre, qui
ont été étourdi et épouvanté par des catastrophes aussi
terribles que réelles.
L'arrivée
du grand juge, et le règne de sa vie future, deviennent ainsi, dans
toutes ces tristes circonstances, les seuls points de vue que l'homme
considère avec une avidité religieuse et passionnée, comme le
terme de tous ses malheur.
Préoccupées
du ciel elles ont oubliées dans cet instant qu'elles sont encore sur
la terre, au lieu de donner à leur gouvernement un lien naturel,
elles en cherchent un surnaturel et pour ne point perdre de vue le
royaume céleste , où elles aspirent sans cesse, elles s'imaginent
pouvoir le représenter ici bas, en ne reconnaissant d'autre monarque
que Dieu même, elles croient sans doute , par cette sublime
spéculation, prévenir leur gloire et leur bonheur, jouir du ciel
sur la terre, et anticiper sur le trop lent avenir, que la religion
leur peint si souvent et avec de si belles couleurs.
C'est
ainsi que les nations, après avoir puisé dans le bon sens et dans
la nature leurs lois domestiques, économiques et civiles, les
soumettent toutes à une chimère qu'elles appellent le règne de
Dieu, la Théocratie.
Les
sectateurs de ce système, quoique d'accord en quelques points avec
ceux de l'opinion précédente, forment une espèce d'hommes
particulière, qui se croient plus proches que les autres de la
divinité, et qui cherchent toujours à se distinguer par une vie
moins humaine ou plus mystique.
On
y trouvera peut-être un jour l'origine primitive des ordres
religieux, que le paganisme , le sabéanisme, et le judaïsme
connaissent depuis longtemps. C'est par une suite de cette fatale
méprise que les charnels Hébreux ont exterminé les Cananéens,
pour s'emparer de leur pays comme d'une terre promise par le Dieu de
leurs ancêtres...
Plus
que l'interprétation des principaux épisodes de la vie de l'auteur,
le relevé et l'étude des textes contenant une référence directe
ou indirecte à la Ville, ses habitants ou ses représentants peuvent
permettre de dépasser ce qui ne serait qu'un constat d'échec pour
tenter de déterminer ce qui, au-delà des divergences, fait la
cohérence non de l'attitude effective, mais de l'attitude
spirituelle de Dion Chrysostome face à la domination Romaine, des
limites qu'il lui assigne, des justifications qu'il lui reconnaît et
de la définition qu'il en donne.
Le
but de Dion Chrysostome est moins de faire renaître une conscience
hellénique dont la conquête Romaine a entraîné la disparition,
que d'en proclamer l'existence et la nécessité.
Son
œuvre apparaît dès l'abord comme une critique incessante, où tout
semble révéler une sourde hostilité. Un étranger, de l'extérieur,
juge Rome et la condamne.
Le
vocabulaire constitue le premier et le plus évident témoignage. La
notion la plus significative est celle de « grec ». Le
Grec s'oppose toujours au Barbare mais l'antithèse s'atténue et sa
fréquence diminue considérablement. Surtout, alors qu'elle ne
recouvre qu'une notion géographique, et se charge d'une
signification morale et désigne le « caractère grec »,
essentiellement défini par la gratitude et l'intelligence.
Le
Grec n'est donc plus, comme auparavant, fondamentalement supérieur
en raison des qualités caractéristiques de la civilisation à
laquelle il appartient. Valeur discriminative et valeur qualificative
des termes ne se recouvrent plus.
Dans
la totalité des discours.
Dion
Chrysostome se flatte d'appartenir, non à une élite intellectuelle,
mais au monde hellénique, conscient de ses origines, de sa
spécificité et de sa supériorité, et qui s'affirme dans une
opposition souvent très nette à Rome et aux Romains.
La
domination romaine est seulement ressentie de façon immédiate,
grâce à la présence de ceux qui l'incarnent. Nulle part n'apparaît
la notion, sinon d'un empire organisé, du moins d'une vaste
communauté dont le monde Grec est partie prenante. Le substantif le
plus couramment utilisé dans tous les discours, dont toute nuance
péjorative est rarement absente, n'a jamais de signification
concrète, géographique.
L'idée
de force, celle de Rome, et son corollaire, la soumission de la
Grèce, demeurent partout sous-jacents.
Le
vocabulaire est volontairement restreint à un petit nombre de termes
contenant le plus souvent un jugement de valeur dépréciatif.
Si
ce jugement reste, dans la plupart des cas, implicite, un texte au
moins, auquel sa longueur même confère quelque intérêt, l'exprime
clairement : Les derniers chapitres du 13e discours, présentés
comme la transcription, directe ou indirecte, de deux harangues que
Dion Chrysostome affirme avoir faites, à plusieurs reprises, pour la
première à lui-même, pour la seconde aux habitants de Rome...
D'importance
quantitative très inégale, mais lié par de nombreuses et profondes
analogies, les deux passages sont indissociables.
N'accordant
d'importance qu'à des biens factices, les biens matériels
(richesses et plaisirs), les Romains ignorent les véritables biens,
les biens spirituels (tempérance, courage, justice).
Caractérisés
par nombre de défauts, que résument 3 mots rendus particulièrement
significatifs par leur récurrence même. Ils ont besoin d'une
véritable éducation, conçue de manière essentiellement
philosophique, comme l'acquisition volontaire de qualités morales.
Le résultat est double : D'une part, un bonheur véritable, d'autre
part, une domination sur le monde forte, stable, reconnue par tous et
pleinement justifiée. La puissance romaine, jusque-là, reste
dépourvue de tout fondement, de toute armature spirituelle et ne
repose donc que sur la force...
Une
date ancienne, antérieure au rappel d'exil par Nerva, permet sans
doute de reconnaître à cette critique un réel accent de sincérité.
Le
discours, cependant, sans pouvoir être daté avec certitude,
appartient probablement, comme la majeure partie de l'œuvre
conservée de Dion Chrysostome, à la période qui suit le retour et
la réconciliation avec l'autorité Romaine.
Les
griefs formulés, en outre, ressortent tous du domaine de la morale
limitée à la seule morale individuelle. Il est douteux, dès lors,
que l'auteur situe le débat sur le plan politique.
Les
Romains, plutôt que Rome, constituent le véritable objet des
reproches. Or, déplorer les vices moraux des premiers ne suppose pas
nécessairement une profonde hostilité envers la seconde. Autant que
d'une dénonciation, il peut s'agir de l'expression d'un regret :
Celui de voir les Romains se montrer indignes de la grandeur de
Rome...
L'opinion
exprimée est d'une originalité moins grande qu'il ne semble. D'une
part, en effet, on relève des réminiscences de certains dialogues
platoniciens, plus particulièrement d'Apologie de Socrate, assez
nombreuses et assez évidentes pour que puisse être mise en doute
l'authenticité de la critique.
Celle-ci,
d'autre part, appartient à une tradition déjà ancienne, celle de
la diatribe.
Les
thèmes, ou lieux communs, fondamentaux de cette vulgarisation de la
philosophie ont depuis longtemps été recensés dans l'ouvrage
devenu classique d'A. Oltramare.
UN PHILOSOPHE |
Dion
Chrysostome est peut-être moins un prédicateur convaincu qu'un
homme de lettres averti. Une référence est, par sa précision même,
particulièrement révélatrice : Les Romains ont besoin d'un
professeur de vertu et peuvent le trouver même « chez les
Scythes ou chez les Indiens ». On reconnaît aisément un
avatar du thème, fréquent au second siècle, de la supériorité du
Barbare, par essence proche de la nature, et, par là, de la vertu.
(un peu comme aujourd'hui lorsqu'on prône aux
Français d'autres coutumes que celles qui furent les leurs depuis
plusieurs siècles)
Il
n'est ni nouveau ni exceptionnel que ces critiques, toutes
traditionnelles, soient appliquées à la Rome impériale, tant par
des auteurs latins que par des auteurs grecs. Au premier siècle, un
personnage du Traité du Sublime dénonce l'effondrement des valeurs
morales dans un vocabulaire souvent identique.
Quelques
décennies plus tard, le Nigrinus de Lucien opposera violemment, dans
un dialogue qui porte son nom, Athènes, lieu du vrai bonheur et de
la liberté, à Rome, lieu du plaisir et du vice. Les termes
géographiques, cependant, choisis seulement pour leur valeur se
trouvent vidés de leur contenu véritable.
Aucun
lien n'est établi entre l'appartenance à l'une de ces cités et la
présence ou l'absence de qualités morales.
Le
texte ne compare pas 2 villes, Athènes et Rome, mais la vie du vrai
philosophe et celle du faux sage. Les défauts mentionnés sont si
intimement liés au genre satirique que Juvénal lui aussi, pourtant
trop attaché à la tradition pour être hostile aux Romains, peut
les trouver et les dénoncer dans la Ville même.
Rome,
pour Dion Chrysostome, semble une cible comme une autre, puisque des
reproches analogues, contre des vices en fait inhérents à la nature
humaine, sont lancés, par exemple, contre les Alexandrins.
Le
treizième discours, d'ailleurs, ne s'adresse pas aux habitants de
Rome, mais à ceux d'Athènes... Il a pour but la conversion de
l'auditoire à la philosophie. Pour parvenir à ce résultat,
l'auteur illustre son propos de plusieurs exemples, sa propre
conversion, dont l'exil est la cause, en est un, la harangue aux
Romains en est un autre.
Ses
habitants peuvent être critiqués sans que Rome le soit
simultanément. Leur vertu donne des fondements plus solides, plus
stables, et, par là même, une justification morale à la domination
Romaine. Le rôle de la Ville est conçu en termes de rapport de
forces sans être véritablement refusé en tant que tel par un
auteur qui semble pourtant l'ignorer ou en dénoncer la corruption.
Un
éloge de Rome, dans cette perspective, est moins inattendu. Plus
important et plus profond que la critique, il revêt plusieurs
formes.
Dion
Chrysostome non seulement, comme la plupart se résigne à la
prépondérance Romaine, mais encore en reconnaît le bien-fondé,
avant de lui apporter une justification sans ambiguïté.
Une
réalité indéniable et dans laquelle nombre d'autres auteurs voient
aussi la première justification de la puissance Romaine, est le
déclin du monde Grec.
La
manifestation la plus nette en est une faiblesse économique
évidente, jugée assez grave pour constituer le sujet du 7e discours
(Euboïque). Or, à l'extrême fin du Ier siècle, ce tableau d'une
Eubée pauvre et dépeuplée ne semble pas, à la lumière de divers
témoignages contemporains, dépourvu de toute exagération.
Nombre
de discours, fondés sur la notion de concorde, importante et
complexe puisqu'elle peut atteindre une dimension cosmique, ont le
même but : Mettre fin aux discordes, entre les cités ou à
l'intérieur même de celles-ci. Ces dissensions ne sont pas
seulement constatées comme une réalité. Elles constituent aussi un
argument politique, formulé avec une netteté particulière devant
les habitants de Nicomédie : 'Est-il possible que vous n'ayez pas
conscience de la tyrannie que vos rivalités permettent à ceux qui
vous gouvernent ? » Les oppositions font le jeu de Rome et
favorisent la centralisation.
La
justesse de cette vue importe peut-être moins que le jugement
qu'elle recouvre. À une date tardive, Dion Chrysostome ne voit
encore dans la domination Romaine qu'une situation de fait qu'il
n'accepte qu'avec réticence. Le rapport de Rome au monde Grec
demeure un rapport de forces.
Mais,
le second terme étant inférieur, en raison de sa faiblesse et de
ses divisions internes, la prépondérance du premier est devenue
inévitable.
Loin
de n'être qu'une réaction individuelle, cette résignation
caractérise toute une époque, puisqu'elle est également
perceptible dans nombre d'autres textes.
Les
Conseils Politiques de Plutarque fournissent un témoignage
particulièrement net, et d'autant plus révélateur que l'œuvre est
contemporaine des derniers discours de Dion Chrysostome. L'appareil
centralisateur imposé par la conquête Romaine est devenu un cadre à
l'intérieur duquel doivent se régler, à une échelle réduite,
toutes les affaires Grecques.
Dans
la Grèce du second siècle, l'homme d'État idéal, à la
description duquel est consacrée une grande partie du traité, ne
peut donc plus être celui de l'époque classique. ? il a pour
principal devoir de maintenir l'ordre et l'obéissance à la
puissance Romaine, garantie de concorde et de paix, et dont il faut
seulement éviter d'éventuelles interventions trop arbitraires.
La
domination de Rome n'apparaît plus comme celle de conquérants sur
des peuples conquis, mais comme une nécessité désormais acceptée.
Et
cela, malgré l'apparence, avec d'autant moins de peine que la
faiblesse politique se double d'un déclin moral. À plusieurs
reprises, sont adressés à des villes Grecques les reproches moraux
faits à Rome.
Hommes
d'État et simples citoyens déshonorent l'hellénisme et la Grèce
tout entière se montre indigne d'un passé dont « la majesté
et la grandeur » ne survivent plus que dans « les pierres
et les ruines des édifices ». (encore
une similitude troublante avec ce qui se passe dans notre Pays
actuellement). Loin d'être, comme on a pu le dire, obnubilée
par un désir anachronique de faire revivre le passé Grec, la pensée
de Dion Chrysostome est, au contraire, tournée vers la réalité
contemporaine. Les Grecs eux-mêmes rendent la domination Romaine
nécessaire.
C'est
aussi la valeur des Romains qui fait leur succès. Tel est également
le thème fondamental du De Fortuna Romanorum de Plutarque, exercice
d'école, certes, mais aussi méditation à la fois philosophique et
historique sur le destin de Rome et les causes de son expansion, dans
laquelle la rhétorique est souvent abandonnée au profit d'une
réflexion personnelle et présentée comme telle. L'hypothèse
d'une influence réciproque étant peu vraisemblable, les deux
auteurs semblent plutôt se rattacher à un courant de pensée
commun, dont ils ne sont pas les créateurs.
Leur
témoignage n'est pourtant pas sans originalité dans la mesure où,
dans les deux cas, se trouve posé le même problème : La fortune de
Rome lui donne-t-elle, sur le monde Grec, une incontestable
supériorité ?
Plutarque
établit un lien de causalité entre l'extension du monde Romain et
la mort d'Alexandre, explicitement rattachée à la « bienveillance
de la fortune », sans laquelle le héros se serait emparé de
l'Italie et aurait établi un empire universel.
Dion
Chrysostome, s'adressant aux Rhodiens, met en parallèle la ville de
Rhodes et celle de Rome, caractérisant la seconde par l'association
de la fortune la première par la seule vertu. Même si le terme
comporte une nuance favorable, l'idée de hasard n'en domine pas
moins. Or celui- ci ne peut guère être un motif d'éloge, il n'est,
bien plutôt, qu'un facteur supplémentaire et accessoire, le facteur
essentiel restant la valeur intrinsèque ou la vertu, que les Grecs
(en l'occurrence les Rhodiens) possèdent au même titre que les
Romains.
Les
4 textes constituent l'exposé cohérent d'une doctrine théocratique,
fondée sur l'idée essentielle d'un rapport de subordination et de
similitude entre la monarchie terrestre, celle du prince, et la
monarchie du monde, celle de Zeus. Ils sont explicitement adressés à
l'empereur, en l'occurrence Trajan, comme un programme. Sous la
monarchie terrestre, c'est donc l'empire Romain qu'il faut entendre,
un empire Romain idéal défini par l'organisation monarchique,
l'unité et l'universalité.
Dans
cet empire, la suprématie revient non plus à Rome, dont le nom même
n'apparaît guère, mais à l'empereur. Les divisions
traditionnelles, géographiques et culturelles, n'y ont plus, d'autre
part, qu'un rôle insignifiant. Hellénisme et romanité se trouvent
en définitive réduits à la même place et l'un et l'autre
dépassés...
L'attitude
spirituelle de Dion Chrysostome face à la domination Romaine se
caractérise par une relative stabilité au cours du temps, sans
coupure nette ni changement fondamental. Les apparentes modifications
dont elle est affectée selon les textes ou les différentes phases
de la vie de l'auteur résultent surtout de sa complexité même.
Rome peut être tantôt vitupérée pour ses vices, tantôt exaltée
pour ses qualités, dans la mesure où blâme et éloge n'ont pas le
même objet. Le premier vise la ville réelle, le second une image de
Rome, qui effectivement ne coïncident pas, mais qui peuvent et
doivent idéalement coïncider. Cette dissociation de la notion de
Rome permet de ne pas renoncer à l'hellénisme et, en même temps,
d'accepter et de justifier la domination Romaine, au moins
progressivement et, même si l'éloge n'est jamais tout à fait sans
réserve, en l'insérant dans les cadres déjà élaborés par la
pensée hellénique. Et l'œuvre de Dion Chrysostome marque en cela
l'étape initiale, mais essentielle, de l'intégration spirituelle du
monde Grec dans un empire Romain devenu unitaire.
Dion
Chrysostome et la domination romaine - Persée
www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1994_num_63_1_1189
de
N Méthy - 1994 - Cité 2 fois - Autres articles
Malgré
ses apparentes contradictions, l'attitude spirituelle de Dion
Chrysostome face à la domination romaine, telle qu'elle ressort de
son oeuvre, se caractérise ..
Ph.
Renault - Lucien - La Mort de Pérégrinos
bcs.fltr.ucl.ac.be/LUCIEN/Mort.html
La
dangerosité de ce philosophe de pacotille lui apparaissant évidente,
... vient aux dernières nouvelles de périr comme le Protée
d'Homère [1]. .... Après avoir examiné et fait siennes les
pratiques de cette école, notre homme s'embarqua pour l'Italie. ...
On le compara à Musonius, à Dion, à Épictète, bref à ces
penseurs qui ..
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