jeudi 23 mars 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 94

27 JANVIER 2017...

Cette page concerne l'année 94 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

PARALLÈLE DE DION CHRYSOSTOME ? SUR LA ROMANITÉ ET L’HELLÉNISME


Dion de Pruse, ou encore Dion Chrysostome (grec Δίων Χρυσόστομος), c'est-à-dire Bouche d'or, ainsi surnommé à cause de son éloquence, rhéteur grec du courant de la seconde sophistique, né à Pruse en Bithynie vers l'an 30 et mort vers 116.

Si, dans la pensée latine, l'année 96 marque une rupture dont les contemporains mêmes s'accordent à reconnaître l'importance, dans la pensée grecque, au contraire, le règne des Flaviens et celui des premiers Antonins constituent une période d'une remarquable unité.
Alors que Pline le Jeune et Tacite se sont volontairement tenus à l'écart durant toute l'époque Flavienne, les auteurs Grecs contemporains ont également exercé leur activité pendant la tyrannie de Domitien.
Et l'avènement de Nerva, puis de Trajan, salué par les premiers comme l'inauguration d'une ère nouvelle, n'est, pour les seconds, qu'un simple changement de dynastie, à peine mentionné dans leurs œuvres, qui n'introduit aucune donnée nouvelle et ne modifie guère leurs préoccupations, dont la principale, est sans doute de définir l'attitude à adopter par le monde Grec, caractérisée, par la permanence et la continuité, envers une présence Romaine devenue inévitable et définitive, mais aussi plus évidente et plus contraignante.

Présente, dès la fin du premier siècle et au début du second, dans l'œuvre de tous les écrivains Grecs, pour la plupart engagés dans la vie politique et sociale, cette préoccupation s'avère d'une acuité particulière dans celle de Dion Chrysostome.
Chez un auteur attaché à sa ville natale de Pruse, mais, en même temps, à Rome même, familier des empereurs, et qui a longtemps parcouru tout le monde Romain, la volonté de concilier hellénisme et romanité s'explique d'elle-même.

De fait, les références aux cités Grecques sont incessantes dans la quasi-totalité des discours. Et si les mentions de Rome sont moins nombreuses, elles ne sont pourtant jamais anodines, seulement faites au détour d'une phrase, mais toujours importantes et longuement développées. Il se fait admirer à Rome et dans tout l'empire sous Néron et ses successeurs, pour sa clairvoyance politique.
Le consul Vespasien a entrepris un voyage jusqu'à Alexandrie pour prendre son avis sur la conduite des affaires publiques et Dion de Pruse l'a engagé à laisser choisir les Romains entre la république et la monarchie.

Impliqué sous Domitien dans une conspiration, Dion de Pruse se réfugie dans le pays des Gètes où il reste longtemps ignoré, profitant de son exil pour faire œuvre d'historien en écrivant un ouvrage sur les Gètes.

TYCHE DÉESSE TUTÉLAIRE DE PRUSE
Les premiers événements du christianisme ont toujours été déguisés, et ce n'est pas un petit ouvrage que de les montrer sous leur véritable aspect d'autant plus que l'église a supprimé tout ce qui ne lui était point favorable, et qu'elle a mieux aimé jeter sur les premiers temps une épaisse obscurité, que de conserver une lumière qui pourrait être désavantageuse. ???
Néanmoins les historiens profanes qui nous restent, et quelques écrits des philosophes de ces temps, peuvent par des anecdotes détachées, apporter des éclaircissements. Tacite , Suétone, Porphyre, Lucien dans son Philopater, sont d'un grand secours. Il faut aussi étudier quel est l'esprit des persécutions que l'on fait éprouver dans ces premiers siècles aux philosophes, aux mathématiciens, aux astrologues, aux Juifs, et aux Chrétiens, et rapprocher tous ces détails de la doctrine des premiers pères de l'église sur la fin du monde, qui est leur dogme favori.

Si ces préjugés ont paru nouveaux dans le Ier siècle de notre ère, c'est qu'ayant été comme absorbés, depuis un long espace de temps, sous l'amas énorme des erreurs mêmes qu'ils ont engendrées, une terreur panique toute semblable à l’ancienne, les ranime, rendant à la superstition sa première image.

S'il y a ici quelque apologie à faire pour ceux qui se sont laissés tromper par ces ridicules chimères, ce ne peut-être, sans doute, qu'en faveur des anciens témoins des révolutions de la terre, qui ont été étourdi et épouvanté par des catastrophes aussi terribles que réelles.

L'arrivée du grand juge, et le règne de sa vie future, deviennent ainsi, dans toutes ces tristes circonstances, les seuls points de vue que l'homme considère avec une avidité religieuse et passionnée, comme le terme de tous ses malheur.
Préoccupées du ciel elles ont oubliées dans cet instant qu'elles sont encore sur la terre, au lieu de donner à leur gouvernement un lien naturel, elles en cherchent un surnaturel et pour ne point perdre de vue le royaume céleste , où elles aspirent sans cesse, elles s'imaginent pouvoir le représenter ici bas, en ne reconnaissant d'autre monarque que Dieu même, elles croient sans doute , par cette sublime spéculation, prévenir leur gloire et leur bonheur, jouir du ciel sur la terre, et anticiper sur le trop lent avenir, que la religion leur peint si souvent et avec de si belles couleurs.

C'est ainsi que les nations, après avoir puisé dans le bon sens et dans la nature leurs lois domestiques, économiques et civiles, les soumettent toutes à une chimère qu'elles appellent le règne de Dieu, la Théocratie.

Les sectateurs de ce système, quoique d'accord en quelques points avec ceux de l'opinion précédente, forment une espèce d'hommes particulière, qui se croient plus proches que les autres de la divinité, et qui cherchent toujours à se distinguer par une vie moins humaine ou plus mystique.
On y trouvera peut-être un jour l'origine primitive des ordres religieux, que le paganisme , le sabéanisme, et le judaïsme connaissent depuis longtemps. C'est par une suite de cette fatale méprise que les charnels Hébreux ont exterminé les Cananéens, pour s'emparer de leur pays comme d'une terre promise par le Dieu de leurs ancêtres...

Plus que l'interprétation des principaux épisodes de la vie de l'auteur, le relevé et l'étude des textes contenant une référence directe ou indirecte à la Ville, ses habitants ou ses représentants peuvent permettre de dépasser ce qui ne serait qu'un constat d'échec pour tenter de déterminer ce qui, au-delà des divergences, fait la cohérence non de l'attitude effective, mais de l'attitude spirituelle de Dion Chrysostome face à la domination Romaine, des limites qu'il lui assigne, des justifications qu'il lui reconnaît et de la définition qu'il en donne.

Le but de Dion Chrysostome est moins de faire renaître une conscience hellénique dont la conquête Romaine a entraîné la disparition, que d'en proclamer l'existence et la nécessité.
Son œuvre apparaît dès l'abord comme une critique incessante, où tout semble révéler une sourde hostilité. Un étranger, de l'extérieur, juge Rome et la condamne.
Le vocabulaire constitue le premier et le plus évident témoignage. La notion la plus significative est celle de « grec ». Le Grec s'oppose toujours au Barbare mais l'antithèse s'atténue et sa fréquence diminue considérablement. Surtout, alors qu'elle ne recouvre qu'une notion géographique, et se charge d'une signification morale et désigne le « caractère grec », essentiellement défini par la gratitude et l'intelligence.

Le Grec n'est donc plus, comme auparavant, fondamentalement supérieur en raison des qualités caractéristiques de la civilisation à laquelle il appartient. Valeur discriminative et valeur qualificative des termes ne se recouvrent plus.
Dans la totalité des discours.
Dion Chrysostome se flatte d'appartenir, non à une élite intellectuelle, mais au monde hellénique, conscient de ses origines, de sa spécificité et de sa supériorité, et qui s'affirme dans une opposition souvent très nette à Rome et aux Romains.

La domination romaine est seulement ressentie de façon immédiate, grâce à la présence de ceux qui l'incarnent. Nulle part n'apparaît la notion, sinon d'un empire organisé, du moins d'une vaste communauté dont le monde Grec est partie prenante. Le substantif le plus couramment utilisé dans tous les discours, dont toute nuance péjorative est rarement absente, n'a jamais de signification concrète, géographique.

L'idée de force, celle de Rome, et son corollaire, la soumission de la Grèce, demeurent partout sous-jacents.
Le vocabulaire est volontairement restreint à un petit nombre de termes contenant le plus souvent un jugement de valeur dépréciatif.
Si ce jugement reste, dans la plupart des cas, implicite, un texte au moins, auquel sa longueur même confère quelque intérêt, l'exprime clairement : Les derniers chapitres du 13e discours, présentés comme la transcription, directe ou indirecte, de deux harangues que Dion Chrysostome affirme avoir faites, à plusieurs reprises, pour la première à lui-même, pour la seconde aux habitants de Rome...
D'importance quantitative très inégale, mais lié par de nombreuses et profondes analogies, les deux passages sont indissociables.
N'accordant d'importance qu'à des biens factices, les biens matériels (richesses et plaisirs), les Romains ignorent les véritables biens, les biens spirituels (tempérance, courage, justice).
Caractérisés par nombre de défauts, que résument 3 mots rendus particulièrement significatifs par leur récurrence même. Ils ont besoin d'une véritable éducation, conçue de manière essentiellement philosophique, comme l'acquisition volontaire de qualités morales. Le résultat est double : D'une part, un bonheur véritable, d'autre part, une domination sur le monde forte, stable, reconnue par tous et pleinement justifiée. La puissance romaine, jusque-là, reste dépourvue de tout fondement, de toute armature spirituelle et ne repose donc que sur la force...

Une date ancienne, antérieure au rappel d'exil par Nerva, permet sans doute de reconnaître à cette critique un réel accent de sincérité.
Le discours, cependant, sans pouvoir être daté avec certitude, appartient probablement, comme la majeure partie de l'œuvre conservée de Dion Chrysostome, à la période qui suit le retour et la réconciliation avec l'autorité Romaine.

Les griefs formulés, en outre, ressortent tous du domaine de la morale limitée à la seule morale individuelle. Il est douteux, dès lors, que l'auteur situe le débat sur le plan politique.
Les Romains, plutôt que Rome, constituent le véritable objet des reproches. Or, déplorer les vices moraux des premiers ne suppose pas nécessairement une profonde hostilité envers la seconde. Autant que d'une dénonciation, il peut s'agir de l'expression d'un regret : Celui de voir les Romains se montrer indignes de la grandeur de Rome...
L'opinion exprimée est d'une originalité moins grande qu'il ne semble. D'une part, en effet, on relève des réminiscences de certains dialogues platoniciens, plus particulièrement d'Apologie de Socrate, assez nombreuses et assez évidentes pour que puisse être mise en doute l'authenticité de la critique.
Celle-ci, d'autre part, appartient à une tradition déjà ancienne, celle de la diatribe.
Les thèmes, ou lieux communs, fondamentaux de cette vulgarisation de la philosophie ont depuis longtemps été recensés dans l'ouvrage devenu classique d'A. Oltramare.

UN PHILOSOPHE
Dion Chrysostome est peut-être moins un prédicateur convaincu qu'un homme de lettres averti. Une référence est, par sa précision même, particulièrement révélatrice : Les Romains ont besoin d'un professeur de vertu et peuvent le trouver même « chez les Scythes ou chez les Indiens ». On reconnaît aisément un avatar du thème, fréquent au second siècle, de la supériorité du Barbare, par essence proche de la nature, et, par là, de la vertu. (un peu comme aujourd'hui lorsqu'on prône aux Français d'autres coutumes que celles qui furent les leurs depuis plusieurs siècles)
Il n'est ni nouveau ni exceptionnel que ces critiques, toutes traditionnelles, soient appliquées à la Rome impériale, tant par des auteurs latins que par des auteurs grecs. Au premier siècle, un personnage du Traité du Sublime dénonce l'effondrement des valeurs morales dans un vocabulaire souvent identique.

Quelques décennies plus tard, le Nigrinus de Lucien opposera violemment, dans un dialogue qui porte son nom, Athènes, lieu du vrai bonheur et de la liberté, à Rome, lieu du plaisir et du vice. Les termes géographiques, cependant, choisis seulement pour leur valeur se trouvent vidés de leur contenu véritable.
Aucun lien n'est établi entre l'appartenance à l'une de ces cités et la présence ou l'absence de qualités morales.
Le texte ne compare pas 2 villes, Athènes et Rome, mais la vie du vrai philosophe et celle du faux sage. Les défauts mentionnés sont si intimement liés au genre satirique que Juvénal lui aussi, pourtant trop attaché à la tradition pour être hostile aux Romains, peut les trouver et les dénoncer dans la Ville même.

Rome, pour Dion Chrysostome, semble une cible comme une autre, puisque des reproches analogues, contre des vices en fait inhérents à la nature humaine, sont lancés, par exemple, contre les Alexandrins.
Le treizième discours, d'ailleurs, ne s'adresse pas aux habitants de Rome, mais à ceux d'Athènes... Il a pour but la conversion de l'auditoire à la philosophie. Pour parvenir à ce résultat, l'auteur illustre son propos de plusieurs exemples, sa propre conversion, dont l'exil est la cause, en est un, la harangue aux Romains en est un autre.
Ses habitants peuvent être critiqués sans que Rome le soit simultanément. Leur vertu donne des fondements plus solides, plus stables, et, par là même, une justification morale à la domination Romaine. Le rôle de la Ville est conçu en termes de rapport de forces sans être véritablement refusé en tant que tel par un auteur qui semble pourtant l'ignorer ou en dénoncer la corruption.

Un éloge de Rome, dans cette perspective, est moins inattendu. Plus important et plus profond que la critique, il revêt plusieurs formes.
Dion Chrysostome non seulement, comme la plupart se résigne à la prépondérance Romaine, mais encore en reconnaît le bien-fondé, avant de lui apporter une justification sans ambiguïté.
Une réalité indéniable et dans laquelle nombre d'autres auteurs voient aussi la première justification de la puissance Romaine, est le déclin du monde Grec.
La manifestation la plus nette en est une faiblesse économique évidente, jugée assez grave pour constituer le sujet du 7e discours (Euboïque). Or, à l'extrême fin du Ier siècle, ce tableau d'une Eubée pauvre et dépeuplée ne semble pas, à la lumière de divers témoignages contemporains, dépourvu de toute exagération.

Nombre de discours, fondés sur la notion de concorde, importante et complexe puisqu'elle peut atteindre une dimension cosmique, ont le même but : Mettre fin aux discordes, entre les cités ou à l'intérieur même de celles-ci. Ces dissensions ne sont pas seulement constatées comme une réalité. Elles constituent aussi un argument politique, formulé avec une netteté particulière devant les habitants de Nicomédie : 'Est-il possible que vous n'ayez pas conscience de la tyrannie que vos rivalités permettent à ceux qui vous gouvernent ? » Les oppositions font le jeu de Rome et favorisent la centralisation.
La justesse de cette vue importe peut-être moins que le jugement qu'elle recouvre. À une date tardive, Dion Chrysostome ne voit encore dans la domination Romaine qu'une situation de fait qu'il n'accepte qu'avec réticence. Le rapport de Rome au monde Grec demeure un rapport de forces.

Mais, le second terme étant inférieur, en raison de sa faiblesse et de ses divisions internes, la prépondérance du premier est devenue inévitable.
Loin de n'être qu'une réaction individuelle, cette résignation caractérise toute une époque, puisqu'elle est également perceptible dans nombre d'autres textes.
Les Conseils Politiques de Plutarque fournissent un témoignage particulièrement net, et d'autant plus révélateur que l'œuvre est contemporaine des derniers discours de Dion Chrysostome. L'appareil centralisateur imposé par la conquête Romaine est devenu un cadre à l'intérieur duquel doivent se régler, à une échelle réduite, toutes les affaires Grecques.

Dans la Grèce du second siècle, l'homme d'État idéal, à la description duquel est consacrée une grande partie du traité, ne peut donc plus être celui de l'époque classique. ? il a pour principal devoir de maintenir l'ordre et l'obéissance à la puissance Romaine, garantie de concorde et de paix, et dont il faut seulement éviter d'éventuelles interventions trop arbitraires.
La domination de Rome n'apparaît plus comme celle de conquérants sur des peuples conquis, mais comme une nécessité désormais acceptée.
Et cela, malgré l'apparence, avec d'autant moins de peine que la faiblesse politique se double d'un déclin moral. À plusieurs reprises, sont adressés à des villes Grecques les reproches moraux faits à Rome.
Hommes d'État et simples citoyens déshonorent l'hellénisme et la Grèce tout entière se montre indigne d'un passé dont « la majesté et la grandeur » ne survivent plus que dans « les pierres et les ruines des édifices ». (encore une similitude troublante avec ce qui se passe dans notre Pays actuellement). Loin d'être, comme on a pu le dire, obnubilée par un désir anachronique de faire revivre le passé Grec, la pensée de Dion Chrysostome est, au contraire, tournée vers la réalité contemporaine. Les Grecs eux-mêmes rendent la domination Romaine nécessaire.

C'est aussi la valeur des Romains qui fait leur succès. Tel est également le thème fondamental du De Fortuna Romanorum de Plutarque, exercice d'école, certes, mais aussi méditation à la fois philosophique et historique sur le destin de Rome et les causes de son expansion, dans laquelle la rhétorique est souvent abandonnée au profit d'une réflexion personnelle et présentée comme telle. L'hypothèse d'une influence réciproque étant peu vraisemblable, les deux auteurs semblent plutôt se rattacher à un courant de pensée commun, dont ils ne sont pas les créateurs.
Leur témoignage n'est pourtant pas sans originalité dans la mesure où, dans les deux cas, se trouve posé le même problème : La fortune de Rome lui donne-t-elle, sur le monde Grec, une incontestable supériorité ?
Plutarque établit un lien de causalité entre l'extension du monde Romain et la mort d'Alexandre, explicitement rattachée à la « bienveillance de la fortune », sans laquelle le héros se serait emparé de l'Italie et aurait établi un empire universel.

Dion Chrysostome, s'adressant aux Rhodiens, met en parallèle la ville de Rhodes et celle de Rome, caractérisant la seconde par l'association de la fortune la première par la seule vertu. Même si le terme comporte une nuance favorable, l'idée de hasard n'en domine pas moins. Or celui- ci ne peut guère être un motif d'éloge, il n'est, bien plutôt, qu'un facteur supplémentaire et accessoire, le facteur essentiel restant la valeur intrinsèque ou la vertu, que les Grecs (en l'occurrence les Rhodiens) possèdent au même titre que les Romains.

Les 4 textes constituent l'exposé cohérent d'une doctrine théocratique, fondée sur l'idée essentielle d'un rapport de subordination et de similitude entre la monarchie terrestre, celle du prince, et la monarchie du monde, celle de Zeus. Ils sont explicitement adressés à l'empereur, en l'occurrence Trajan, comme un programme. Sous la monarchie terrestre, c'est donc l'empire Romain qu'il faut entendre, un empire Romain idéal défini par l'organisation monarchique, l'unité et l'universalité.
Dans cet empire, la suprématie revient non plus à Rome, dont le nom même n'apparaît guère, mais à l'empereur. Les divisions traditionnelles, géographiques et culturelles, n'y ont plus, d'autre part, qu'un rôle insignifiant. Hellénisme et romanité se trouvent en définitive réduits à la même place et l'un et l'autre dépassés...

L'attitude spirituelle de Dion Chrysostome face à la domination Romaine se caractérise par une relative stabilité au cours du temps, sans coupure nette ni changement fondamental. Les apparentes modifications dont elle est affectée selon les textes ou les différentes phases de la vie de l'auteur résultent surtout de sa complexité même. Rome peut être tantôt vitupérée pour ses vices, tantôt exaltée pour ses qualités, dans la mesure où blâme et éloge n'ont pas le même objet. Le premier vise la ville réelle, le second une image de Rome, qui effectivement ne coïncident pas, mais qui peuvent et doivent idéalement coïncider. Cette dissociation de la notion de Rome permet de ne pas renoncer à l'hellénisme et, en même temps, d'accepter et de justifier la domination Romaine, au moins progressivement et, même si l'éloge n'est jamais tout à fait sans réserve, en l'insérant dans les cadres déjà élaborés par la pensée hellénique. Et l'œuvre de Dion Chrysostome marque en cela l'étape initiale, mais essentielle, de l'intégration spirituelle du monde Grec dans un empire Romain devenu unitaire. 


Dion Chrysostome et la domination romaine - Persée
www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1994_num_63_1_1189
de N Méthy - ‎1994 - ‎Cité 2 fois - ‎Autres articles
Malgré ses apparentes contradictions, l'attitude spirituelle de Dion Chrysostome face à la domination romaine, telle qu'elle ressort de son oeuvre, se caractérise ..

Ph. Renault - Lucien - La Mort de Pérégrinos
bcs.fltr.ucl.ac.be/LUCIEN/Mort.html
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