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JANVIER 2017...
Cette
page concerne l'année 120 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LA
VISION DE L'EMPIRE PAR TACITE.
TACITE |
On
connaît peu de choses sur la vie de Tacite. Les débuts de sa
carrière et son contexte familial sont désormais mieux connus grâce
à l'identification quasi certaine d'un fragment d'inscription latine
avec son épitaphe. L'historien Romain est né probablement en 58,
sous Néron. De ce fragment et de son contexte archéologique on peut
supposer que le nom complet de Tacite est Publius Cornelius Tacitus
Caecina Paetus. D'une des Lettres de Pline le Jeune on déduit qu'il
est vraisemblablement originaire d'Italie du Nord, ou de Gaule
Narbonnaise, peut-être de Vaison-la-Romaine, et issu d'une famille
de l'ordre équestre.
On
sait grâce à Pline l'Ancien que son père probable, nommé aussi
Cornelius Tacitus, est procurateur de la province de Gaule Belgique.
En revanche, l'épouse de son père est peut-être issue d'une
famille sénatoriale puisqu'elle semble avoir été une Caecina
appartenant à une famille sénatoriale originaire d'Étrurie.
Premier
membre de sa lignée à entrer au sénat, Tacite est donc un homo
novus,
ayant
probablement suivi le parcours classique de l'éducation des jeunes
aristocrates Romains, il a fréquenté le grammaticus, puis le rhetor
et il est possible qu'il ait été l'élève de Quintilien. Ses
études et ses origines lui ouvrent les portes du forum et c'est
ainsi que commence sa carrière vers 75, date à laquelle il situe
plus tard son Dialogue des orateurs : Grâce à Vespasien il
entre dans l'ordre sénatorial. Ayant reçu le laticlave, il commence
sa carrière vers 76 par le vigintivirat (collège de vingt
magistrats mineurs) et plus précisément le poste de decemvir
stlitibus iudicandis avant d'accomplir, son tribunat militaire dans
une légion.
Selon
Antony Birley Tacite a pu servir en Bretagne sous les ordres de son
beau-père. Il a en effet épousé en 77 Cnaeus Julius Agricola
(originaire de Fréjus), la fille du consul Julius Agricola, ce qui
l'associe à un personnage prestigieux.
En
81, sous Titus, il devient questeur en tant que quaestor augusti,
distinction remarquable car ces questeurs sont plus particulièrement
attachés à l'empereur, signe d'une grande faveur. Tacite est alors
un peu plus jeune que l'âge normal pour cette fonction.
Vers
83, il devient tribun de la plèbe ou édile, deux degrés du cursus
considérés comme équivalents.
Ainsi
qu'il le précise lui-même dans les Annales, il est nommé
Quindecemvir sacris faciundis avant 88, cette prêtrise prestigieuse
lui est conférée à un âge relativement jeune.
Le
même passage des Annales nous apprend qu'en 88, sous Domitien, il
devient préteur sans doute à l'âge minimal, il a alors 30 ans.
Tacite joue un rôle important lors des cérémonies des Jeux
séculaires qui sont tenus cette année là.
Et
de 89 à 93, posté en province, en tant que légat,
vraisemblablement de légion, dans un endroit indéterminé de
l'empire. Le règne de Domitien voit donc Tacite avancer
régulièrement dans la carrière.
En
93, après la mort d'Agricola, Tacite retourne à Rome. Le sénat est
alors secoué par des procès et les violentes attaques de Domitien
contre les sénateurs, et Tacite se voit contraint d'assister et de
participer à la purge.
Tacite
n'ayant obtenu le consulat qu'en 97, il faut lui supposer entre 94 et
97 au moins une fonction de rang prétorien, vraisemblablement un
gouvernement de province, avancement normal pour une carrière comme
la sienne.
Tacite
est donc consul suffect, sous l'empereur Nerva, mais il a peut-être
été désigné par Domitien. La même année, on le charge de
l’oraison funèbre de Lucius Verginius Rufus, personnage
prestigieux qui a tenu un rôle déterminant lors de la fin du règne
de Néron.
Ces
circonstances, associées au climat politique du règne de Nerva,
sont peut-être à l'origine de sa décision de rédiger l'Agricola
et de se tourner vers l'écriture de l'histoire.
L'arrivée
de Trajan au pouvoir en 98 confirme le changement politique apporté
par la mort de Domitien, en écrivant La Germanie, Tacite se consacre
à une région où se trouve Trajan lors de sa prise de pouvoir, et
aborde une question d'actualité : L'éventuelle poursuite d'une
politique de conquêtes. Dès lors Tacite partage ses activités
entre l'écriture de l'histoire et ses activités de sénateur, en
particulier dans le rôle d'avocat...
En
100, il se fait l’avocat de la province d’Asie contre l’ancien
gouverneur Marius Priscus, Pline le Jeune a souligné l’éloquence
et la dignité de ce plaidoyer.
De
112 à 114, il est gouverneur de la province d’Asie et accède, par
là même, à la plus haute fonction politique. On ne sait rien sur
le reste de sa vie. Il est mort dans les années 120...
Janvier
98 : De uita Iulii Agricolae (La vie d'Agricola).
Fin
98 : De situ ac populis Germaniae ou De origine et situ
Germanorum (La Germanie).
107 :
Dialogus de oratoribus (Le Dialogue des orateurs).
109 :
Historiae (Histoires).
110 :
Ab excessu diui Augusti (œuvre inachevée correspondant à ce que la
tradition a nommé Les Annales).
Cette
biographie parait en 98, cinq ans après la mort d'Agricola,
beau-père de Tacite. Cette œuvre a deux motivations :
Tacite
n'est pas à Rome au moment de la mort de son beau-père et n'a donc
pas pu prononcer son éloge funèbre.
Tacite
veut, par contraste avec le régime en exercice, faire l'apologie
d'une forme de « virtus » et de qualités humaines dont
Domitien est dépourvu. Il tient ainsi à montrer une opposition
discrète, une sorte de résistance passive.
Il
loue en lui un bon serviteur de l'Empire, qu'il a contribué à
étendre, en achevant la conquête de la Bretagne (Britannia, la
Grande-Bretagne actuelle) et en la pacifiant.
Ainsi
l’œuvre se présente à la fois comme un éloge funèbre et un
essai historique sur la Bretagne, sur ses habitants et sa conquête.
C’est aussi un manifeste contre la tyrannie de Domitien, assassiné
en 96.
Ce
qui est frappant dans cette œuvre, c'est l’approche originale que
Tacite fait du phénomène de la conquête impérialiste. Il
s’intéresse en géographe et en ethnologue, comme dans la
Germanie, à ces Barbares attaqués par l’expansion Romaine, en
tenant compte du point de vue des conquis et pas seulement de celui
des conquérants.
Quelles
raisons auraient-ils d’accepter passivement la servitude ? La
conquête assure la force et la gloire du peuple Romain, mais
peut-elle prétendre assurer le bonheur des vaincus ? En voici
la composition :
Chap.
I à III : Le début de l'œuvre est placé sous le patronage de
Nerva et Trajan, qui ont rendu la liberté au peuple Romain.
Chap.
IV à IX : La vie d'Agricola proprement dite.
Chap.
X à XXXVIII : Dissertation ethnographique et géographique sur
la Bretagne et les Bretons. Tacite détaille la conquête de l’île.
Agricola y est montré comme le représentant de toutes les vertus.
Chap.
XXXIV - XLVI : Portrait d'Agricola. Tacite invite à suivre cet
exemple.
En
98 paraît également La Germanie (ou Sur l’origine et le pays des
Germains), petit ouvrage d’actualité
Trajan
fortifie la frontière du Rhin, mais dont le caractère est plus
nettement historique et ethnographique.
C’est
une description des différentes tribus vivant au nord du Rhin et du
Danube. Tacite s’inspire nettement d’auteurs antérieurs comme
Tite-Live ou Pline l’Ancien.
L’amour
de la liberté des Germains, leur vigueur, leur bravoure sont opposés
à la corruption sévissant à Rome.
46
chapitres nous sont parvenus, dont la répartition est très nette :
Chapitres
I à XXVII : Chaque chapitre est consacré à une question.
C'est une notice sur un sujet déterminé : Habitat, nourriture,
hospitalité, jeux, mariage, habillement.
Chapitres
XXVIII à XLVI : Passage en revue des différents peuples
Germains d'Ouest en Est, depuis les bords du Rhin jusqu'à l’actuelle
Russie, en passant par la Baltique et la Scandinavie.
On
peut retenir 2 leçons :
Leçon
morale : La pauvreté et la simplicité des institutions
maintiennent chez les Germains une pureté de mœurs dont les Romains
se sont éloignés. C'est un thème stoïcien constamment présent.
Leçon
politique : Ces vertus, les mêmes que celles qui ont rendu
redoutable la Rome Ancienne, sont inquiétantes pour l'avenir de
l'Empire Romain.
On
a hésité quelquefois à attribuer Le Dialogue des orateurs à
Tacite, mais tous les manuscrits le mettent sous son nom. L’ouvrage
est sans doute composé en 80 ou 81, au moment où Tacite est encore
entièrement tourné vers l’éloquence et publié vraisemblablement
en 107.
Tacite
adresse le Dialogue à Lucius Fabius Iustus, qui lui a demandé les
causes du déclin de l’éloquence.
Il
rapporte, à la manière cicéronienne, un entretien auquel il
assiste en 75 entre le poète Maternus et les orateurs Marcus Aper,
Julius Secundus (ses 2 maîtres) et Vipstanus Messala.
Le
Dialogue ne répond pas immédiatement à la question posée. Dans
une première partie, Aper et Maternus discutent avec chaleur des
mérites respectifs de l’éloquence et de la poésie.
Dans
une seconde partie, en recherchant si l’éloquence est en
décadence, les interlocuteurs opposent les modernes aux anciens. On
en arrive enfin aux causes du déclin de l’éloquence :
Relâchement moral dans l’éducation, médiocrité de
l’enseignement des rhéteurs, perte de la liberté politique et
nouvelles conditions sociales. (A croire que
nous sommes en ce moment revenu à cette époque et que nos
distingués pédagogues ont copié avec beaucoup de soins les erreurs
de leurs lointains prédécesseurs,)
Les
Histoires, publiées entre 106 et 109, décrivent l'Empire Romain du
1er janvier 69 à l'année 96, c’est-à-dire de l'avènement de
Galba à la mort de Domitien.
Saint
Jérôme nous indique que l’œuvre de Tacite compte 30 livres, on
considère en général que les Histoires occupent 12 livres de ce
total. Il n'en reste néanmoins aujourd'hui que : L'intégralité
des 4 premiers livres et les 26 premiers chapitres du livre V. Le
contenu de l'œuvre originelle couvre les règnes suivants :
Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus et Domitien. La partie de
l'œuvre qui nous est parvenue s'achève au début du règne de
Vespasien :
Écrite
en 110, cette œuvre constitue, sans doute, la grande œuvre
historique de Tacite. Le titre apocryphe qu'a retenu la tradition
(Les Annales) est issu d'une interprétation abusive du passage IV.
On ne sait si l'auteur achève son œuvre avant de mourir. Celle-ci
doit comporter 18 livres dont le contenu s'étend du début du règne
de Tibère ( l'année 14) à la fin du règne de Néron (l'année
68.). Nous avons conservé les livres I à IV, le début du livre V,
une partie du livre VI ainsi que tout ce qui est compris entre la 2e
moitié du livre IX et la première moitié du livre XVI. Nous avons
donc perdu la fin du règne de Tibère, entièrement celui de
Caligula, le début du règne de Claude et les deux dernières années
du règne de Néron.
Tacite
puise ses sources dans les ouvrages d’autres historiens, dans les
registres publics et parfois dans sa propre expérience. À la fois
historien et moraliste, Tacite y dépeint avec pessimisme, comme pour
les Histoires, les mentalités, les grands événements et les mœurs
des hommes de son temps : L'analyse est équilibrée et le style
concis. Ainsi le portrait que trace l'historien des empereurs et de
leur entourage est-il impitoyable :
Faiblesse
indigne d'un prince chez Claude,
Monstruosité
de Néron, dont l'entourage, composé d'Agrippine, la mère de Néron,
et des affranchis, exécuteurs des basses œuvres, est au diapason.
L'assassinat
est l'arme favorite du pouvoir. De cette œuvre, Racine tirera le
sujet d'une de ses tragédies : Britannicus.
Nous
retrouvons dans les Annales la matière littéraire des Histoires,
mais l’approche des événements politiques est sensiblement
différente. Tacite tourne essentiellement ses regards vers la
politique intérieure et l’équilibre traditionnel entre « ce
qui se passe à Rome » et « ce qui se passe à
l’extérieur » n’est pas respecté...
Sa
valeur d’historien est très contestée : Tacite n’a pas été
objectif dans ce qu’il écrit et on conteste la rigueur de son
information. On le considère comme trop passionné. Il sait
cependant nuancer son portrait laudatif par l’appréciation des
erreurs de ses héros (sa haine pour Tibère et Agrippine ne
l’empêche pas de leur donner une dimension exceptionnelle dans son
œuvre). Les récits des historiens Romains postérieurs au règne de
Néron, tels Tacite, Dion Cassius et Suétone, soulèvent ainsi une
multitude d'interrogations sur la fiabilité de ces témoignages de
« seconde main ».
Tacite,
lorsqu’il écrit ses œuvres, combine plusieurs sources, les
interprète et les repense d’une manière originale.
Il
bâtit sa réflexion historique sur sa pensée philosophique. Il
combine la pensée des trois grands historiens qui l’ont précédé :
Tite-Live, Salluste et Cicéron.
De
plus, il laisse dans son œuvre certaines zones d’ombre, qui
rendent difficile l’interprétation de sa pensée, et qui lui
permettent de ne pas s’asservir à des thèses trop tranchées.
Est-il un ami ou un ennemi de l’empire ? Certainement un ami,
et sans aucun doute un ami de Rome.
Il
sert les empereurs, ce qui ne l’empêche pas de les critiquer. En
fait, son but premier n’est pas de servir les empereurs, mais Rome.
Il
a été très proche d’Hadrien et de Trajan. Comme le dit Alain
Michel, « Tacite se présente un peu comme l'Alceste de
l'Histoire : Parce qu'il ne veut flatter personne, il dit du mal
de tous, cependant, l'on éprouve toujours un peu de gêne à se
rendre semblable à Philinte et à lui donner tort. »
Tacite
accorde dans son œuvre une grande place à la philosophie, qu’il
connaît sans doute grâce aux maîtres Grecs qui se trouvent à Rome
à son époque. Il est le seul à parler des stoïciens dans son
œuvre.
Enfin,
tout en écrivant, il n’a jamais cessé de penser à son temps. Les
grands thèmes de l'œuvre de Tacite sont la glorification des grands
administrateurs, la défense libérale de la domination Romaine, la
critique de la tyrannie, et l’éloge de la sagesse philosophique
tempérée par la défiance à l’égard du fanatisme et du
dogmatisme.
Tacite,
dont Racine écrit, dans la préface de Britannicus, qu'il est le
« plus grand peintre de l’Antiquité », est à la fois
homme de culture et homme d’ordre. Il a été formé par Marcus
Aper et Julius Secundus qu’il met en scène dans le Dialogue des
Orateurs.
C’est
en écoutant ses maîtres, comme lui Gaulois d’origine, que Tacite
a nourri son talent. Comme son ami Pline le Jeune, c'est un orateur
brillant et renommé qui admire Cicéron, mais ne l’imite pas.
Il
recherche non l’abondance mais la force expressive, ce que Pline
appelle la semnotès, mot grec signifiant la gravité, apprécié
pour son style vif et concis.
Tacite
sait faire des portraits grandioses et sobres de ses personnages.
L’histoire lui offre d’ailleurs de beaux sujets qu’il réussit
à mettre en scène. Dans son œuvre, la grandeur s’est toujours
jointe à l’ironie ou à l’amertume...
Sa
production littéraire, s'inscrivant dans le cadre de son amitié
pour Trajan et Pline le Jeune, est appréciée par le milieu
impérial. Tacite est l'historien officieux du régime, ce qui ne
l'empêche pas d'être aussi un historien critique. Il a toujours été
vu par le peuple comme un très bon historien et penseur.
TACITE
bcs.fltr.ucl.ac.be/ENCYC-1/tacite.htm
La
biographie de Tacite est parsemée de zones d'ombre. ... Les Annales,
publiées dans les années 115-120, comptaient probablement 18 livres
qui .... profondes et les images les plus brillantes » (Histoire du
déclin et de la chute de l'empire ...
Dialogue
des orateurs de Tacite: Les Fiches de lecture d'Universalis
https://books.google.fr/books?isbn=2852297116
Encyclopaedia
Universalis - 2015 - Philosophy
Tacite
prend, un siècle à l'avance, une forte conscience de ce danger, du
fait qu'il est ... rien de lui ; on peut supposer qu'il est mort aux
environs de l'année 120.
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