dimanche 19 mars 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 100


21 JANVIER 2017...

Cette page concerne l'année 100 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

INFLUENCES DIVERS SUR L'ART KOUCHAN.

KANISHKA
Kanishka Ier est le souverain le plus connu de l'Empire Kouchan au début de notre ère. Malheureusement les dates font encore l'objet de controverses. Fils de Vima Kadphisès, c'est un grand conquérant et un sage administrateur. Il règne sur un vaste empire, de l’Asie centrale, la principauté de Bénarès, et porte à la fois le titre Indien de « maharaja » (« grand roi »), Iranien de « Roi des Rois », et Chinois de « Fils du Ciel ». Sa capitale est à Purushapura (Peshawar).

Si les textes bouddhiques font de Kanishka celui qui a favorisé l'expansion du bouddhisme, aujourd'hui il y a tout lieu de penser que les bouddhistes se sont approprié cette image de Kanishka en protecteur de leur foi, mais on peut légitimement en douter. Néanmoins c'est effectivement sous son règne que l'on assiste à cette expansion dans son empire, et surtout au Gandhara. Aussi le Bouddha, autrefois représenté sous forme symbolique, prend très rapidement de nombreuses formes dans un syncrétisme culturel singulier.
Les talibans ont détruit en 2000 une statue le représentant, une pièce unique du musée de Kaboul. (encore une)

Toutes les autres dates des Kouchans se calent sur cette approximation. En 2002 les dates du début de son ère vont, selon Gérard Fussman, de 78, début de l'ère indienne dite shaka, à 1272.
Son règne étant alors situé de 98 à 101.

En 2010 Jacques Giès indique, en se référant à l'inscription découverte à Rabatak, en Bactriane Afghane, que « le règne semble se situer vers le IIe siècle ». Les dates suivantes ont été proposées par d'autres spécialistes mais sont à considérer avec réserve.
Soit : 127 - 147 environ, soit 129 - 155.

La chronologie de la dynastie Kushâna est donc encore, en 2015, controversée : l’ère des Shaka (utilisée dans le calendrier national indien, commence le 21 mars 78 du calendrier grégorien) et débute à l’an 1 de Kanishka.
L’orientaliste Français Roman Ghirshman retient la date de l’an 144, car il pense que la dynastie Kushane est renversée par le premier roi Sassanide en 241.
Robert Göbl, qui s’appuie sur des études numismatiques pour faire valoir que l’empire Kushâna ne s’est effondré qu’en 325, considère 225 comme l’an un de Kanishka.

La découverte d'une inscription dans les années 1990 a permis de situer avec une marge d'erreur plus étroite l'an 1 de Kanishka entre 78 et 127 de notre ère. Mais une inscription à Rabatak, en Bactriane Afghane, permet à Jacques Giès de penser que « le règne de Kanishka semble se situer vers le IIe siècle ». Et celui-ci ajoute que « mathématiquement cela renvoie aux périodes postérieures l'épanouissement du style « classique » du Gandhara » en fonction des inscriptions datées sur les statues. Cet apogée se situe alors à la période Kouchano-Sassanide, « si l'on admet du moins la référence Kouchane comme seule option possible. ».
L'inscription de Rabatak (Afghanistan du Nord, province de Baghlan, dans la Bactriane de l'empire Kouchan) est un texte célèbre, rédigé en bactrien, découvert en mars 1993, qui ne date pas de l'an 1 de Kanishka et n'émane pas de Kanishka non plus, mais d'un dignitaire. Les ruines de Rabatak se trouvent en pays montagneux et ont l'apparence d'une forteresse dominant un col, semblable en cela aux ruines de Surkh Kotal.

Le texte est probablement suivi d'une partie manquante, il peut-être précédé d'une autre partie manquante, et il est très largement effacé dans sa partie gauche.
MONNAIE DE KANISHKA
Le déchiffrement est donc très incertain. Le texte évoque, sur ordre de Kanishka, la construction d'un temple et l'installation, dans ce temple, des images (des sculptures ?) de dieux (apparemment dans l'ordre hiérarchique) : 2 déesses Nana et Omma (Uma ?, la compagne de Shiva), et d'autres dieux tous Iraniens : (Athso ? ou Ahura ?) Mazda, probablement Sroshardo, Narasa, Mithra, enfin 2 dieux Indiens ont été ajoutés (plus tard ?) à cette liste : Peut-être Mahasena / Shiva et Visakha / Skanda.
Les images de Kanishka (qui a obtenu la royauté de Nana et de tous les autres dieux), de son père, son grand-père et son arrière-grand-père y seront installées.
Le texte se termine par une prière où le rédacteur de l'inscription s'adresse à ces dieux afin qu'ils assurent un règne long et prospère à Kanishka.
La mention du titre royal ou impérial n’apparaît pas : Comme on peut aussi le constater dans les inscriptions de Surkh Kotal.
Par contre la rupture nette avec le passé est marquée par l'institution de l'an...
Cet acte impose à tout l'empire la création d'une ère unique, remplaçant toutes les ères antérieures. Un tel acte d'autorité impériale est sans précédent en territoire Indien et ne se reproduira jamais plus.

Ce qui justifie l'identification de cette date mémorable avec l'ère Saka. Cette rupture est associée à un autre acte de très grande importance pour la région : le bactrien, en tant qu'écriture et en tant que langue officielle a définitivement chassé le grec des territoires Iraniens au Nord de l'Hindou-Kouch (un équivalent du remplacement du persan par l'anglais dans l'Inde Britannique). Enfin le texte tient à faire sentir la volonté de Kanishka à exercer son pouvoir sur l'Inde : Le terme choisi n'évoque pas le Sind mais bien toute la plaine Indo-Gangétique.
De même la liste des villes Indiennes qui sont précisément choisies pour évoquer l'Inde : Ujjain, Saketa (Ayodhya), Kausambi, Pataliputra et Campa.

Si les textes bouddhiques font de Kanishka celui qui a favorisé l'expansion du bouddhisme, aujourd'hui il y a tout lieu de penser que les bouddhistes se sont approprié son image en tant que protecteur de leur foi, mais on peut légitimement en douter. Néanmoins c'est effectivement sous son règne que l'on assiste à cette expansion dans son empire, et surtout au Gandhara.
CASQUE KOUCHAN
Sous ce règne on assiste à une véritable expansion du bouddhisme, mais essentiellement en dehors des villes (on ne retrouve quasiment aucune trace de sa présence dans les cités). C'est très rapidement l'essor puis le premier apogée de l'art autrefois nommé « art gréco-bouddhique » du Gandhara (géographique) et des régions qui en partagent la culture, aujourd'hui cet art est bien le résultat d'un syncrétisme culturel bien plus complexe. Le Bouddha, avant notre ère, n'est « représenté » qu'en Inde et sous forme symbolique uniquement (Dharmachakra, empreinte des pieds, stupa).
À l'époque de domination Saka il a pris ponctuellement la forme de Zeus, sur une médaille. Sur une monnaie de Kanishka il a pris sa forme « classique », celle d'un moine debout, de face. Forme que l'on retrouve sur le célèbre reliquaire de Bimaran, du British Museum, découvert dans la région de Jalalabad, en Afghanistan de l'extrême Est.

Dans ce contexte, il semble que « la » première image de Bouddha ait vu le jour dans les premiers temps de son règne. Et si ce n'est la toute première du moins une floraison de formes différentes et dans un style qui voit se fusionner des styles et des éléments culturels provenant aussi bien de l'Inde (Cachemire) que du monde Grec et Romain avec l'apport de l'Iran Parthe et de l'Asie Centrale, lequel pouvant être rapproché du monde des steppes et à son art, avec les Yuezhi précisément, d'où sont originaires les Kouchans.
Son règne a donc permis ce phénomène de syncrétisme, sur un fond d'intense activité religieuse, la bhakti populaire et la réflexion philosophique de l'élite des communautés bouddhiques et du bouddhisme mahāyāna naissant.

Si Kanishka est considéré comme un protecteur du bouddhisme, il honore ou pratique cependant d’autres religions, comme le zoroastrisme, le mithraïsme et la religion grecque. Pour régler les conflits entre les différentes écoles bouddhistes, Kanishka convoque un grand concile bouddhique à Kunnavala Vihara au Cachemire. Un nouveau canon va être défini : Le Mahāyāna (grand véhicule), où il faut entendre véhicule au sens de : Moyen de progresser vers.... Cependant, aujourd'hui, on peut affirmer que le mahāyāna est pratiqué à côté du bouddhisme hīnayāna au moins au Ier siècle avant notre ère
Au début du IIe siècle avant notre ère, un ensemble de tribus nomades comptant plusieurs dizaines de milliers de cavaliers et connu par les sources chinoises sous le nom de Yue-zhi ou Yuëh-chih, correspondant sans doute aux Asiens, Pasiens, Tokhares et Sacaraules des sources gréco-latines, envahisseurs, venant de l'est, la Sogdiane, ou région de Samarcande, et la Bactriane, – soit la vallée de l'Oxus, aujourd'hui divisée entre Ouzbékistan Méridional, Tadjikistan et Afghanistan du Nord –, dont les Grecs déjà ne possèdent plus l'entier contrôle.
Installés jusqu'en l'an 100 sur la rive droite (nord) de l'Oxus, ils s'installent ensuite en Bactriane du sud, dans les actuelles provinces du nord de l'Afghanistan, puis poussent vers Kaboul et l'Inde du Nord-Ouest. On ne sait d'eux que ce qu'en disent les textes Chinois et l'analyse des monnaies et inscriptions de leurs descendants.
Ceux-ci parlent une langue iranienne, aujourd'hui appelée le bactrien, dont on ne sait s'ils l'ont adoptée une fois arrivés en Bactriane, peut-être parce que la langue qu'ils parlaient auparavant était déjà un parler iranien très proche du bactrien... Si l'on en juge par les portraits monétaires, leur visage n'est pas de type mongol : Le nez des souverains est gros, leurs yeux ne sont pas bridés. Bien que les souverains, Héraos excepté, soient toujours représentés en pied, les Yue-zhi sont d'abord des cavaliers armés de l'arc. Leur costume, qui reste le costume d'apparat des souverains Kouchans même lorsque ceux-ci résident exclusivement en Inde, est celui des nomades de la steppe : Pantalons serrés aux chevilles, tunique et manteau à longues manches, bottes de feutre, bonnet pointu, fouet.
Sur les monnaies, les armes sont une lance, une épée longue et une lourde massue, cette dernière étant peut-être un des symboles du pouvoir...

Les Yue-zhi de Bactriane sont divisés en 5 groupes, chacun sous l'autorité d'un yabgu ou chef.
Kouchan est le nom d'un de ces yabgu, peut-être installé, aux environs de 100 avant notre ère, dans la région de Termez (Ouzbékistan Méridional) : Certains archéologues russo-ouzbeks attribuent à ce yabgu et à ses descendants les édifices de Khalchayan et Dalverzin-Tepe où les fouilles ont mis au jour des bâtiments, des sculptures et des objets malheureusement anonymes, mais qui peuvent leur avoir appartenu. Nous ne savons si « Kouchan » est un nom personnel, de famille, de clan ou de tribu, mais tous les souverains Kouchans dont nous connaissons le nom font systématiquement suivre celui-ci de l'épithète « Kouchan » sur leurs monnaies et souvent sur leurs inscriptions. Un de ces yabgu, nommé Héraos ou Miaos selon la lecture que l'on fait de ses légendes monétaires en caractères grecs mal gravés, bat monnaie à son nom vers le milieu du Ier siècle avant notre ère. Il ne figure pas dans la liste des ancêtres de Kanishka sur l'inscription de Rabatak.

Cette inscription bactrienne, nouvellement découverte dans le nord de l'Afghanistan, commémore la construction d'un temple dédié par Kanishka aux dieux protecteurs de sa dynastie et à ses ancêtres royaux.
Kujula Kadphisès est le premier de ces ancêtres. Nous savons par d'autres témoignages que celui-ci bat les 4 autres yabgu yue-zhi, soumet à son autorité l'ensemble de la population de la Bactriane et envahit le nord-ouest de l'Inde où, vers la fin de sa vie, il prend le titre impérial Iranien de « roi des rois ». Il peut donc être considéré comme le fondateur de l'empire Kouchan, ce qui explique qu'il soit nommé en premier dans la liste de Rabatak, suivi des autres ancêtres directs de Kanishka, Wima Tak [tu] et Wima Kadphisès.
Aucun document officiel attribuable à Wima Tak [tu] n'a été retrouvé à ce jour, le classement des séries monétaires met à la place où nous attendrions celui-ci un souverain anonyme qui, dans ses légendes monétaires, se désigne par les épithètes grecques Sôter Megas, « le Grand Sauveur », et qui, de manière peut-être significative, n'y fait pas figurer le mot « Kouchan ».

Kanishka est le souverain que nous connaissons le mieux. Les sources bouddhiques indiennes, transmises par des traductions chinoises ou tibétaines, en ont conservé la mémoire. Elles font de lui un protecteur du bouddhisme, ce qu'il n'est pas exclusivement.
La capitale suit le roi dans ses déplacements. Mais l'on voit bien que la Bactriane, aujourd'hui en grande partie Afghane, joue un rôle important.

En matière artistique, la période est très novatrice. On a tort d'utiliser le raccourci « art kouchan » pour « art de l'époque kouchane » : Il n'y a rien de commun entre une apsara indienne, « danseuse céleste » de Mathurā, et les divinités iraniennes en terre cuite de Khalchayan ou Termez, aucune similitude entre un monastère bouddhique et un temple hindou ou Iranien de même époque.
Le rôle des Kouchans a été de permettre, par la paix et la sécurité retrouvées, la circulation des artistes et des objets d'art de Bactres à Ujjain, de Mathurā à Termez. Il s'est ainsi créé un échange de techniques et d'idées qui trouve sa plus belle expression dans ce qu'on appelle l'art gréco-bouddhique du Gandhara.
La production artistique des ateliers de Hadda donne une idée de l'extraordinaire mélange d'influences, Grecques, Romaines, Iraniennes, Indiennes à l'origine de ces chefs-d'œuvre.
Mais le mouvement a commencé un peu avant l'arrivée des Kouchans, sous les Sakas et les Pahlavas dont Kujula Kadphisès et Wima Kadphisès anéantissent la puissance. Aux deux extrémités de l'empire, le mélange d'influences s'appauvrit.
La sculpture bouddhique de Termez n'est indienne que par le sujet. Elle doit beaucoup de sa raideur à l'Iran. La sculpture bouddhique de Mathurā, au début de l'époque kouchane, est tout Indienne. C'est plus tard seulement qu'adaptant les nouveautés gandhariennes, elle donne naissance à un type d'image du Bouddha qui se répand sur toute l'Asie.
Par contre la marque des Kouchans est évidente dans ce que l'on a appelé « l'art dynastique kouchan ». C'est un art officiel qui donne de l'empereur, sur toute l'étendue de l'empire, dans tous les documents officiels (monnaies, statues), une représentation identique, très raide et massive, frontale, dans le costume de cavalier nomade décrit plus haut. La marque des Kouchans se voit aussi dans ces temples gigantesques comme celui entièrement dégagé par D. Schlumberger à Surkh Kotal, iraniens par leur situation au sommet de collines et par le culte qui y est rendu, grecs par le décor et le plan qui s'inspire du plan des grandes maisons Grecques de Bactriane, Kouchans parce qu'exclusivement voués au culte des divinités protectrices de la dynastie et au culte des empereurs de la dynastie. Mais les divinités représentées au revers des monnaies kouchanes sont représentées à l'iranienne, à la grecque, à la romaine ou à l'indienne selon leur origine.


Chronologie et généalogie des premiers rois Kouchans : nouvelles ...
www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2006_num_150_3_87192
de O Bopearachchi - ‎2006 - ‎Cité 5 fois - ‎Autres articles
... de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année 2006 Volume 150 Numéro 3 pp. ... le fils de Kujula Kadphisès et le père de Wima Kadphisès, lui-même père de Kanishka. ..... •Règne de Wima Takto: 90-95 ou 95-100 de notre ère.

Monnaie d'or de Kaniska inédite, au type du Buddha - Persée
www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1982_num_6_24_1827
de G Fussman - ‎1982 - ‎Cité 7 fois - ‎Autres articles
Si Kaniska prend le pouvoir en 78 de n. è., comme je le crois, la monnaie date des années 90-100. Si l'an 1 de Kaniska doit être reporté vers 110 de n. è., elle 

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