Cette
page concerne l'année 100 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
INFLUENCES
DIVERS SUR L'ART KOUCHAN.
KANISHKA |
Si
les textes bouddhiques font de Kanishka celui qui a favorisé
l'expansion du bouddhisme, aujourd'hui il y a tout lieu de penser que
les bouddhistes se sont approprié cette image de Kanishka en
protecteur de leur foi, mais on peut légitimement en douter.
Néanmoins c'est effectivement sous son règne que l'on assiste à
cette expansion dans son empire, et surtout au Gandhara. Aussi le
Bouddha, autrefois représenté sous forme symbolique, prend très
rapidement de nombreuses formes dans un syncrétisme culturel
singulier.
Les
talibans ont détruit en 2000 une statue le représentant, une pièce
unique du musée de Kaboul. (encore une)
Toutes
les autres dates des Kouchans se calent sur cette approximation. En
2002 les dates du début de son ère vont, selon Gérard Fussman, de
78, début de l'ère indienne dite shaka, à 1272.
Son
règne étant alors situé de 98 à 101.
En
2010 Jacques Giès indique, en se référant à l'inscription
découverte à Rabatak, en Bactriane Afghane, que « le règne
semble se situer vers le IIe siècle ». Les dates
suivantes ont été proposées par d'autres spécialistes mais sont à
considérer avec réserve.
Soit :
127 - 147 environ, soit 129 - 155.
La
chronologie de la dynastie Kushâna est donc encore, en 2015,
controversée : l’ère des Shaka (utilisée dans le calendrier
national indien, commence le 21 mars 78 du calendrier grégorien) et
débute à l’an 1 de Kanishka.
L’orientaliste
Français Roman Ghirshman retient la date de l’an 144, car il pense
que la dynastie Kushane est renversée par le premier roi Sassanide
en 241.
Robert
Göbl, qui s’appuie sur des études numismatiques pour faire valoir
que l’empire Kushâna ne s’est effondré qu’en 325, considère
225 comme l’an un de Kanishka.
La
découverte d'une inscription dans les années 1990 a permis de
situer avec une marge d'erreur plus étroite l'an 1 de Kanishka entre
78 et 127 de notre ère. Mais une inscription à Rabatak, en
Bactriane Afghane, permet à Jacques Giès de penser que « le
règne de Kanishka semble se situer vers le IIe siècle ».
Et celui-ci ajoute que « mathématiquement cela renvoie aux
périodes postérieures l'épanouissement du style « classique »
du Gandhara » en fonction des inscriptions datées sur les
statues. Cet apogée se situe alors à la période
Kouchano-Sassanide, « si l'on admet du moins la référence
Kouchane comme seule option possible. ».
L'inscription
de Rabatak (Afghanistan du Nord, province de Baghlan, dans la
Bactriane de l'empire Kouchan) est un texte célèbre, rédigé en
bactrien, découvert en mars 1993, qui ne date pas de l'an 1 de
Kanishka et n'émane pas de Kanishka non plus, mais d'un dignitaire.
Les ruines de Rabatak se trouvent en pays montagneux et ont
l'apparence d'une forteresse dominant un col, semblable en cela aux
ruines de Surkh Kotal.
Le
texte est probablement suivi d'une partie manquante, il peut-être
précédé d'une autre partie manquante, et il est très largement
effacé dans sa partie gauche.
MONNAIE DE KANISHKA |
Les
images de Kanishka (qui a obtenu la royauté de Nana et de tous les
autres dieux), de son père, son grand-père et son
arrière-grand-père y seront installées.
Le
texte se termine par une prière où le rédacteur de l'inscription
s'adresse à ces dieux afin qu'ils assurent un règne long et
prospère à Kanishka.
La
mention du titre royal ou impérial n’apparaît pas : Comme on
peut aussi le constater dans les inscriptions de Surkh Kotal.
Par
contre la rupture nette avec le passé est marquée par l'institution
de l'an...
Cet
acte impose à tout l'empire la création d'une ère unique,
remplaçant toutes les ères antérieures. Un tel acte d'autorité
impériale est sans précédent en territoire Indien et ne se
reproduira jamais plus.
Ce
qui justifie l'identification de cette date mémorable avec l'ère
Saka. Cette rupture est associée à un autre acte de très grande
importance pour la région : le bactrien, en tant qu'écriture
et en tant que langue officielle a définitivement chassé le grec
des territoires Iraniens au Nord de l'Hindou-Kouch (un équivalent du
remplacement du persan par l'anglais dans l'Inde Britannique). Enfin
le texte tient à faire sentir la volonté de Kanishka à exercer son
pouvoir sur l'Inde : Le terme choisi n'évoque pas le Sind mais
bien toute la plaine Indo-Gangétique.
De
même la liste des villes Indiennes qui sont précisément choisies
pour évoquer l'Inde : Ujjain, Saketa (Ayodhya), Kausambi,
Pataliputra et Campa.
Si
les textes bouddhiques font de Kanishka celui qui a favorisé
l'expansion du bouddhisme, aujourd'hui il y a tout lieu de penser que
les bouddhistes se sont approprié son image en tant que protecteur
de leur foi, mais on peut légitimement en douter. Néanmoins c'est
effectivement sous son règne que l'on assiste à cette expansion
dans son empire, et surtout au Gandhara.
CASQUE KOUCHAN |
À
l'époque de domination Saka il a pris ponctuellement la forme de
Zeus, sur une médaille. Sur une monnaie de Kanishka il a pris sa
forme « classique », celle d'un moine debout, de face.
Forme que l'on retrouve sur le célèbre reliquaire de Bimaran, du
British Museum, découvert dans la région de Jalalabad, en
Afghanistan de l'extrême Est.
Dans
ce contexte, il semble que « la » première image de
Bouddha ait vu le jour dans les premiers temps de son règne. Et si
ce n'est la toute première du moins une floraison de formes
différentes et dans un style qui voit se fusionner des styles et des
éléments culturels provenant aussi bien de l'Inde (Cachemire) que
du monde Grec et Romain avec l'apport de l'Iran Parthe et de l'Asie
Centrale, lequel pouvant être rapproché du monde des steppes et à
son art, avec les Yuezhi précisément, d'où sont originaires les
Kouchans.
Son
règne a donc permis ce phénomène de syncrétisme, sur un fond
d'intense activité religieuse, la bhakti populaire et la réflexion
philosophique de l'élite des communautés bouddhiques et du
bouddhisme mahāyāna naissant.
Si
Kanishka est considéré comme un protecteur du bouddhisme, il honore
ou pratique cependant d’autres religions, comme le zoroastrisme, le
mithraïsme et la religion grecque. Pour régler les conflits entre
les différentes écoles bouddhistes, Kanishka convoque un grand
concile bouddhique à Kunnavala Vihara au Cachemire. Un nouveau canon
va être défini : Le Mahāyāna (grand véhicule), où il faut
entendre véhicule au sens de : Moyen de progresser vers....
Cependant, aujourd'hui, on peut affirmer que le mahāyāna est
pratiqué à côté du bouddhisme hīnayāna au moins au Ier siècle
avant notre ère
Au
début du IIe siècle avant notre ère, un ensemble de tribus
nomades comptant plusieurs dizaines de milliers de cavaliers et connu
par les sources chinoises sous le nom de Yue-zhi ou Yuëh-chih,
correspondant sans doute aux Asiens, Pasiens, Tokhares et Sacaraules
des sources gréco-latines, envahisseurs, venant de l'est, la
Sogdiane, ou région de Samarcande, et la Bactriane, – soit la
vallée de l'Oxus, aujourd'hui divisée entre Ouzbékistan
Méridional, Tadjikistan et Afghanistan du Nord –, dont les Grecs
déjà ne possèdent plus l'entier contrôle.
Installés
jusqu'en l'an 100 sur la rive droite (nord) de l'Oxus, ils
s'installent ensuite en Bactriane du sud, dans les actuelles
provinces du nord de l'Afghanistan, puis poussent vers Kaboul et
l'Inde du Nord-Ouest. On ne sait d'eux que ce qu'en disent les textes
Chinois et l'analyse des monnaies et inscriptions de leurs
descendants.
Ceux-ci
parlent une langue iranienne, aujourd'hui appelée le bactrien, dont
on ne sait s'ils l'ont adoptée une fois arrivés en Bactriane,
peut-être parce que la langue qu'ils parlaient auparavant était
déjà un parler iranien très proche du bactrien... Si l'on en juge
par les portraits monétaires, leur visage n'est pas de type mongol :
Le nez des souverains est gros, leurs yeux ne sont pas bridés. Bien
que les souverains, Héraos excepté, soient toujours représentés
en pied, les Yue-zhi sont d'abord des cavaliers armés de l'arc. Leur
costume, qui reste le costume d'apparat des souverains Kouchans même
lorsque ceux-ci résident exclusivement en Inde, est celui des
nomades de la steppe : Pantalons serrés aux chevilles, tunique
et manteau à longues manches, bottes de feutre, bonnet pointu,
fouet.
Sur
les monnaies, les armes sont une lance, une épée longue et une
lourde massue, cette dernière étant peut-être un des symboles du
pouvoir...
Les
Yue-zhi de Bactriane sont divisés en 5 groupes, chacun sous
l'autorité d'un yabgu ou chef.
Kouchan
est le nom d'un de ces yabgu, peut-être installé, aux environs de
100 avant notre ère, dans la région de Termez (Ouzbékistan
Méridional) : Certains archéologues russo-ouzbeks attribuent à
ce yabgu et à ses descendants les édifices de Khalchayan et
Dalverzin-Tepe où les fouilles ont mis au jour des bâtiments, des
sculptures et des objets malheureusement anonymes, mais qui peuvent
leur avoir appartenu. Nous ne savons si « Kouchan » est
un nom personnel, de famille, de clan ou de tribu, mais tous les
souverains Kouchans dont nous connaissons le nom font
systématiquement suivre celui-ci de l'épithète « Kouchan »
sur leurs monnaies et souvent sur leurs inscriptions. Un de ces
yabgu, nommé Héraos ou Miaos selon la lecture que l'on fait de ses
légendes monétaires en caractères grecs mal gravés, bat monnaie à
son nom vers le milieu du Ier siècle avant notre ère. Il ne
figure pas dans la liste des ancêtres de Kanishka sur l'inscription
de Rabatak.
Cette
inscription bactrienne, nouvellement découverte dans le nord de
l'Afghanistan, commémore la construction d'un temple dédié par
Kanishka aux dieux protecteurs de sa dynastie et à ses ancêtres
royaux.
Kujula
Kadphisès est le premier de ces ancêtres. Nous savons par d'autres
témoignages que celui-ci bat les 4 autres yabgu yue-zhi, soumet à
son autorité l'ensemble de la population de la Bactriane et envahit
le nord-ouest de l'Inde où, vers la fin de sa vie, il prend le titre
impérial Iranien de « roi des rois ». Il peut donc être
considéré comme le fondateur de l'empire Kouchan, ce qui explique
qu'il soit nommé en premier dans la liste de Rabatak, suivi des
autres ancêtres directs de Kanishka, Wima Tak [tu] et Wima
Kadphisès.
Aucun
document officiel attribuable à Wima Tak [tu] n'a été retrouvé à
ce jour, le classement des séries monétaires met à la place où
nous attendrions celui-ci un souverain anonyme qui, dans ses légendes
monétaires, se désigne par les épithètes grecques Sôter Megas,
« le Grand Sauveur », et qui, de manière peut-être
significative, n'y fait pas figurer le mot « Kouchan ».
Kanishka
est le souverain que nous connaissons le mieux. Les sources
bouddhiques indiennes, transmises par des traductions chinoises ou
tibétaines, en ont conservé la mémoire. Elles font de lui un
protecteur du bouddhisme, ce qu'il n'est pas exclusivement.
La
capitale suit le roi dans ses déplacements. Mais l'on voit bien que
la Bactriane, aujourd'hui en grande partie Afghane, joue un rôle
important.
En
matière artistique, la période est très novatrice. On a tort
d'utiliser le raccourci « art kouchan » pour « art
de l'époque kouchane » : Il n'y a rien de commun entre
une apsara indienne, « danseuse céleste » de Mathurā,
et les divinités iraniennes en terre cuite de Khalchayan ou Termez,
aucune similitude entre un monastère bouddhique et un temple hindou
ou Iranien de même époque.
Le
rôle des Kouchans a été de permettre, par la paix et la sécurité
retrouvées, la circulation des artistes et des objets d'art de
Bactres à Ujjain, de Mathurā à Termez. Il s'est ainsi créé un
échange de techniques et d'idées qui trouve sa plus belle
expression dans ce qu'on appelle l'art gréco-bouddhique du Gandhara.
La
production artistique des ateliers de Hadda donne une idée de
l'extraordinaire mélange d'influences, Grecques, Romaines,
Iraniennes, Indiennes à l'origine de ces chefs-d'œuvre.
Mais
le mouvement a commencé un peu avant l'arrivée des Kouchans, sous
les Sakas et les Pahlavas dont Kujula Kadphisès et Wima Kadphisès
anéantissent la puissance. Aux deux extrémités de l'empire, le
mélange d'influences s'appauvrit.
La
sculpture bouddhique de Termez n'est indienne que par le sujet. Elle
doit beaucoup de sa raideur à l'Iran. La sculpture bouddhique de
Mathurā, au début de l'époque kouchane, est tout Indienne. C'est
plus tard seulement qu'adaptant les nouveautés gandhariennes, elle
donne naissance à un type d'image du Bouddha qui se répand sur
toute l'Asie.
Par
contre la marque des Kouchans est évidente dans ce que l'on a appelé
« l'art dynastique kouchan ». C'est un art officiel qui
donne de l'empereur, sur toute l'étendue de l'empire, dans tous les
documents officiels (monnaies, statues), une représentation
identique, très raide et massive, frontale, dans le costume de
cavalier nomade décrit plus haut. La marque des Kouchans se voit
aussi dans ces temples gigantesques comme celui entièrement dégagé
par D. Schlumberger à Surkh Kotal, iraniens par leur situation
au sommet de collines et par le culte qui y est rendu, grecs par le
décor et le plan qui s'inspire du plan des grandes maisons Grecques
de Bactriane, Kouchans parce qu'exclusivement voués au culte des
divinités protectrices de la dynastie et au culte des empereurs de
la dynastie. Mais les divinités représentées au revers des
monnaies kouchanes sont représentées à l'iranienne, à la grecque,
à la romaine ou à l'indienne selon leur origine.
Chronologie
et généalogie des premiers rois Kouchans : nouvelles ...
www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2006_num_150_3_87192
de
O Bopearachchi - 2006 - Cité 5 fois - Autres articles
...
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année 2006 Volume
150 Numéro 3 pp. ... le fils de Kujula Kadphisès et le père de
Wima Kadphisès, lui-même père de Kanishka. ..... •Règne de Wima
Takto: 90-95 ou 95-100 de notre ère.
Monnaie
d'or de Kaniska inédite, au type du Buddha - Persée
www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1982_num_6_24_1827
de
G Fussman - 1982 - Cité 7 fois - Autres articles
Si
Kaniska prend le pouvoir en 78 de n. è., comme je le crois, la
monnaie date des années 90-100. Si l'an 1 de Kaniska doit être
reporté vers 110 de n. è., elle
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