dimanche 5 mars 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 121

1er JANVIER 2017...

Cette page concerne l'année 121 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !
 
L'ESSOR DU PAPIER EN ASIE.

Cai Lun (caractères traditionnels : 蔡倫, (v. 50 - 121), dont le prénom social est Jìngzhòng (敬仲), eunuque haut fonctionnaire de la cour impériale Chinoise pendant la dynastie des Han Orientaux.

Personnage célèbre de l'histoire Chinoise on lui attribue, par tradition, l'invention du papier, ou tout au moins l'amélioration de sa technique de fabrication. Il a eu l'idée, en l'an 105, de remplacer les tablettes de Bambou et de soie, supports anciens de l'écriture, par un papier réalisé à partir d'une pâte à base d'écorce d'arbres (notamment de mûrier à papier), de lin et de chanvre.

L'archéologie vient contredire cette tradition. Des fragments de papiers issus de fibres végétales nettement antérieurs à l'époque de Cai Lun ont été retrouvés dans un certain nombre de sites Chinois, les plus anciens datant du IIe siècle av. J.-C. ou du début du Ier siècle av. J.-C.

Au vu du très faible nombre de documents anciens en papier parvenus jusqu'à nous, on ne peut pas affirmer que Cai Lun ait eu un rôle déterminant d'un point de vue technique, ni du point de vue d'une production plus massive, ni même que son époque ait vu l'administration impériale se mettre soudainement à utiliser plus couramment le papier.
Le pouvoir impérial Chinois a participé à forger la légende de Cai Lun (par le biais d'une biographie officielle), conduisant à en faire une sorte de divinité des papetiers. Un temple en son honneur a été érigé à Chengdu pendant la dynastie Song (960-1279).
Dans le grand public Chinois actuel, Cai Lun personnifie le rôle de la Chine dans l'essor de l'industrie du papier.

Vénéré comme le patron des papetiers, Cai Lun († 121), eunuque de l'Office des armes et des outils, avait « eu l'idée d'utiliser de l'écorce, du chanvre, des chiffons et des filets de pêche pour fabriquer du papier ». Sa biographie officielle précise qu'il avait présenté son invention à l'empereur Han Hedi, en 105 de notre ère, et qu'il en fut loué et récompensé.

Un inventeur, une date, un lieu Luoyang, alors capitale de l'empire, authentifiés par l'histoire officielle... Trois certitudes ébranlées par les découvertes archéologiques des dernières décennies qui révèlent un usage du papier antérieur d'au moins 2 siècles. Cai Lun passe maintenant pour avoir amélioré les techniques de fabrication du papier et l'avoir fait officiellement accepter comme substitut à « la soie, trop chère » et aux « planchettes de bambou, trop lourdes », alors supports usuels de l'écriture.

Les recettes anciennes n'ont pas été conservées, et nul ne sait comment Cai Lun utilisait les différents ingrédients. L'analyse des plus vieux papiers retrouvés confirme l'emploi de moracées : chanvre, Cannabis sativa, dama, de tiliacées : jute, Corchorus capsularis, huangma ; de linacées : lin, Linum perenne, yama, et d'urticacées : ramie, Boehmeria nivea, zhuma. Les fibres du mûrier à papier, une autre moracée (Broussonetia papyrifera, chu ou gou), apparaissent dans les papiers du début du Ve siècle, tandis que l'utilisation du bambou est attestée dès la fin du VIIIe siècle.
Le bambou, si commun en Chine, deviendra un matériau privilégié et le processus de fabrication du « papier de bambou » est donné en détail dans une encyclopédie des techniques datant du début du XVIIe siècle.

Le plus souvent, plusieurs fibres différentes sont associées dans la pâte et diverses substances végétales, ou animales, sont ajoutées pour donner au papier finesse, résistance et lustre. Les textes citent le rotin, la paille, l'hibiscus, et c'est le santal bleu (Pteroceltis tartarinowii, qingtan) qui confère au xuanzhi, le « papier de Xuan » du nom du lieu où il est fabriqué depuis les Tang (618-907) ses qualités de blancheur et de finesse que louent calligraphes et peintres.

Dès le début du Ve siècle, les papiers portent les traces vergeures et lignes de chaînette d'une forme mobile faite d'un cadre de bois et d'un treillis de bambou. Elle remplace la forme primitive, une simple étoffe fixée à un cadre de bois, qui restera cependant en usage jusqu'à une époque très récente dans le sud de la Chine ou au Népal.

Une très large utilisation
Très tôt, la Chine fait un large usage du papier dans la vie quotidienne et en développe une grande variété et de qualités.

Les provinces livraient en tribut chaque année leurs plus beaux produits à une administration dévoreuse de papier pour sa monnaie, ses archives, ses examens, ses éditions...

Des fabrications spéciales répondent aux exigences esthétiques des calligraphes et des peintres, tel ce « papier au poivre » jiaozhi, produit à Jianyang, dans la province du Fujian, sous les Song du Sud (1127-1279) : il tenait sa couleur jaune d'or et son parfum épicé, censé durer plusieurs siècles, d'un traitement à la décoction de graines de poivre qui le protégeait aussi de la gourmandise des insectes.

Une rapide diffusion en Extrême-Orient
Le papier circule très tôt dans l'empire, jusque dans ses garnisons les plus lointaines, comme en témoignent ces fragments du IIIe siècle retrouvés parmi les ruines d'un fort chinois situé dans le désert du Taklamakan. Sa fabrication gagne les provinces les plus excentrées et les régions voisines, alors sous influence chinoise, de l'actuel Viêtnam et de la Corée.

Le papier coréen est fait essentiellement des fibres libériennes du mûrier à papier (tak). Après macération dans l'eau, l'écorce est battue soigneusement pour ne pas broyer les fibres, dont certaines restent intactes dans la pâte. La plus belle qualité, un papier épais aux longues fibres, lisse, très résistant et d'un blanc ivoirien aux reflets soyeux, était fabriquée à l'automne. Elle était réservée à la cour de Corée, mais aussi à la Chine, présentée en tribut ou exportée à l'intention des peintres et des calligraphes, qui appréciaient la douce robustesse du « papier de Jilin », jilinzhi.

De Corée, la Chine importait aussi d'autres variétés de papier, tel le « papier cuir », dengpizhi, employé pour faire des couvertures de livres, des imperméables ou pour garnir les fenêtres. Selon la tradition, c'est un moine coréen, Damjing (579-631), en japonais Doncho, qui aurait introduit la fabrication du papier au Japon en 610.

À partir des méthodes chinoises, les papetiers japonais ont inventé des processus et des recettes spécifiques pour obtenir des papiers d'une grande résistance et d'une extrême finesse. Au Japon, les fibres employées sont aussi celles de diverses espèces de moracées : le mûrier à papier, Broussonetia papyrifera, kozo, le kajinoki, Broussonetia kazinoki, le chanvre, Cannabis sativa, taima. Mais propre à la contrée est l'emploi de thymélacées comme le mitsumata, Edgeworthia papyrifera, ou le gampi, Wickstroemia Shikokiana. L'usage du chanvre a décliné dès la fin du VIIIe siècle au profit du mûrier à papier, apprécié pour la longueur et la robustesse de ses fibres. La douceur et la délicatesse sont les qualités de l'écorce du mitsumata, tandis que le gampi, un arbuste sauvage devenu rare, donne le plus beau des papiers, le plus résistant, le plus doux et le plus brillant, fabriqué depuis le VIIIe siècle.

Le lent travail de battage des fibres, l'adjonction d'un mucilagineux extrait d'une plante (d'une malvacée, tel le tororo, Abelmoschus manihot medicus, une hydrangée, ou le nori, Hydrangea paniculata), la parfaite répartition des fibres sur la forme relevée dans un mouvement de va-et-vient expulsant l'eau (nagashizuki), mais aussi l'attention apportée au choix des matières premières et à l'application des processus donnent au papier japonais ses exceptionnelles qualités.

M.C. 
Au Ve siècle, le savant Chinois Fan Ye a attribué à Cai Lun la découverte du papier dans son histoire officielle de la dynastie des Han, une ère d'or dans l'histoire Chinoise. Il écrit : « Intimes, les écritures et les inscriptions sont généralement tracées sur des morceaux de bambou, ou sur des bandes de soie... La soie étant coûteuse et de bambou lourd ces deux matériaux ne peuvent pas être utilisé commodément. C'est Cai Lun qui a conçu l'idée de faire du papier à partir de l'écorce d'arbres, de déchets de chanvre, de vieux chiffons et de filets a poisson.
Cai Lun (ou Ts'ai Lun) est classé parmi les 7 personnages les plus influents de l'histoire en raison de son invention ou de sa découverte de la fabrication du papier. Qu'il soit classé au-dessus de Gutenberg, Einstein, Pasteur, Galilée, Aristote et d'autres est vraiment significatif, et il se rapporte à l'importance fondamentale du papier pour les civilisations du monde.
Beaucoup d'inventions se fanent dans l'obscurité et ne parviennent pas à devenir des innovations durables jusqu'à ce que la bonne personne avec la bonne vision, les moyens et les connexions se présentent.
Cai Lun avec l'accord de l'empereur, une vision futuriste du potentiel de l'invention, la crédibilité d'un rapport qui gagne l'attention impériale, est un de ces homme.

C'est Cai Lun à qui nous pouvons accorder le mérite de conduire avec succès l'innovation du papier dans la Chine ancienne et en fin de compte dans le monde.
Cai Lun s'est impliqué dans une intrigue impériale, aidant l'impératrice à traiter avec un rival romantique pour capter l'attention de l'empereur.
Lorsque le pouvoir a changé en 121, il est mandé pour être condamné, mais plutôt que d'apparaître au jugement, Cai Lun se baigne, vêtu de ses plus belles robes et buvant du poison, ainsi il met fin à la vie de l'homme qui a produit une des plus grandes inventions de l'histoire.

Francis Bacon, au début du XVIIe siècle, a noté dans son Novum organum l'importance capitale de 3 de ces découvertes :
« II faut aussi remarquer la puissance, la vertu et les conséquences des découvertes, elles n'apparaissent nulle part plus manifestement que dans ces 3 inventions, inconnues aux anciens, et dont les origines, quoique récentes, sont obscures et sans gloire : L'imprimerie, la poudre à canon et la boussole, qui ont changé la face du monde, la première dans les lettres, la seconde dans l'art de la guerre, la troisième dans celui de la navigation, d'où sont venus des changements tellement innombrables, que jamais empire, secte ou étoile ne pourra se vanter d'avoir exercé sur les choses humaines autant d'influence que ces inventions mécaniques. »

Francis Bacon ignore sans aucun doute alors l'origine Chinoise de ces inventions. De plus, il ne mentionne pas ici le papier, invention peut-être moins spectaculaire que l'imprimerie, mais tout aussi importante. L'invention du papier est d'ailleurs un préalable indispensable à l'imprimerie. Il est vrai que l'origine du papier est longtemps restée particulièrement obscure.
Et ce n'est guère qu'au début du XXe siècle que celle-ci a été établie assez clairement ainsi que son lent cheminement jusqu'à l'Europe.

En Chine, la tradition attribue l'invention du papier à un nommé Cai Lun (mort en 121 de notre ère), chef des Ateliers impériaux, shangfang ling. Le récit de cette invention est ainsi consigné dans l'Histoire des Han postérieurs, Hou Han shu, rédigée au Ve siècle :

Néanmoins cette tradition a, depuis quelque temps, été remise en question, à la suite de plusieurs découvertes archéologiques qui ont provoqué une sérieuse controverse non seulement en Chine, mais également chez les historiens du papier en Asie.
Il s'agit essentiellement de découvertes faites depuis 1957. Cette année-là, à Baqiao près de Xi'an, dans la province du Shaanxi en Chine du Nord-Ouest, sont exhumés plusieurs fragments de papier non inscrits dans une tombe que les archéologues ont datée du règne de l'empereur Wu des Han (140-87 avant notre ère).

Une première analyse de ces fragments, effectuée quelques années plus tard, montre qu'il s'agit de papier de chanvre. Cela en fait le plus ancien papier du monde, fabriqué environ deux siècles avant Cai Lun.

Dès lors, les historiens du papier redoublent d'attention pour les découvertes archéologiques. On se remémore d'abord qu'Aurel Stein a ramené de sa 2e expédition en Asie centrale en 1906-1907 3 fragments de papier inscrits en chinois qu'il a trouvé près de Dunhuang, aux portes de l'Asie Centrale, Édouard Chavannes et Aurel Stein ont estimé que ces fragments datent du IIe siècle de notre ère.

L'archéologue Huang Wenbi a, pour sa part, découvert en 1934 dans le désert du Lobnor un fragment qu'il date, d'après le site, d'environ 49 avant notre ère. Ce fragment a été perdu depuis.
Puis, à Juyan (Gansu), un autre fragment, inscrit, est découvert en 1942, là où quelques années auparavant une expédition sino- suédoise a trouvé plusieurs tablettes de bois datées de 93 à 98 de notre ère. L'archéologue Lao Gan l'estime tout d'abord contemporain de ces tablettes avant de repousser la date de son enfouissement jusqu'à 109 ou 110.

Mais plusieurs autres découvertes ont été faites depuis 1957.

D'abord en 1959, à Minfeng (Xinjiang) où un fragment de papier a été trouvé dans une tombe datant des Han antérieurs (206- 208 avant notre ère).

Puis, en 1973, près de Juyan (Gansu), 2 fragments de papier de chanvre non inscrits ont été découverts avec près de 20 000 tablettes de bois, dans les ruines d'un ancien avant- poste frontalier. Ces fragments ont été datés d'entre 52 et 6 avant notre ère.

En 1974, quelques fragments, inscrits cette fois, ont été trouvés à Hantanpo, près de Wuvei (Gansu). Plus tardifs, ils ont été datés d'entre 150 et 200 de notre ère. Près de Fufeng, au Shaanxi, ont été mis au jour en 1978 3 fragments de papier de chanvre, dans un site qu'on peut dater d'environ 73-49 avant notre ère.

Enfin, en 1979, à Majuanwan, près de Dunhuang, a été trouvé un fragment de papier de chanvre datable de la dynastie des Han antérieurs.
Toutes ces nouvelles découvertes ont alimenté en Chine même une controverse vigoureuse née de la datation du papier de Baqiao qui, se trouve dans une tombe de l'époque de l'empereur Wu des Han (140-87 avant notre ère).
Cette controverse oppose d'une part ceux qui estiment que l'invention du papier est antérieure à Cai Lun et remonte jusqu'au IIe siècle avant notre ère et ceux qui pensent que Cai Lun est bien l'inventeur du papier et que les fragments antérieurs ne peuvent être considérés comme du papier véritable.
La controverse est fondée sur des divergences d'analyse microscopique, mais aussi sur les problèmes que pose la datation de ces fragments.

Le fragment qui a été de loin le plus étudié est précisément un des papiers de Baqiao, découverts en 1957, qui serait le plus ancien et c'est principalement sur lui, ainsi que sur les papiers estimés dater d'avant Cai Lun que portent les divergences d'analyses.
D'aucuns y voient un papier encore primitif, tandis que les autres estiment qu'il s'agit bien déjà de papier. Le fragment de Baqiao est composé de fibres de chanvre et de ramie, mais les analystes sont en désaccord quant à la description des fibres elles-mêmes.
Pour certains, dont l'historien Pan Jixing, à l'analyse microscopique, les fibres se montrent longues de 1 à 2 mm, ce qui prouve qu'elles ont été coupées, les fibres de chanvre entières mesurant de 15 à 25 mm. Elles révèlent aussi un certain degré de fibrillation, ce qui laisse penser que le chanvre a été préalablement battu et broyé.
Enfin, les fibres semblent avoir été dispersées et apparaissent enchevêtrées. Mais d'autres analyses, effectuées surtout par Wang Juhua et Li Yuhua, donnent des résultats tout à fait différents. Les fibres sont longues et ne paraissent pas avoir été coupées.

Ces analystes ne remarquent aucun signe de fibrillation et ils en concluent que le chanvre n'a été ni battu ni broyé. La plupart des fibres sont orientées dans la même direction et ne sont par conséquent pas enchevêtrées. C'est le problème de la nature même du papier, ainsi que de sa fonction, qui en découle.
On s'accorde généralement pour admettre que le papier est une matière feutrée et séchée, composée de fibres enchevêtrées et façonnée sur un écran, généralement à partir d'une suspension dans l'eau. Or, si les fibres du « papier » de Baqiao n'ont été ni battues ni broyées, et ne sont pas enchevêtrées, mais simplement en quelque sorte empilées, peut-on parler de papier pour cette matière ?
La controverse est en outre entretenue par l'étude des textes anciens où apparaît le mot désignant le papier, zhi, dont l'étymologie reste entachée d'obscurité. Comme l'indique le texte même de l'Histoire des Han postérieurs consacré à Cai Lun, le terme zhi a d'abord servi à désigner un tissu de soie servant à recevoir l'écriture. C'est la raison pour laquelle, il comporte dans sa graphie le radical de la soie sur sa partie gauche Ift .
Malgré l'imprécision terminologique qui règne avant Cai Lun quant à la désignation du papier, les témoignages semblent suffisants pour admettre qu'une sorte de papier au moins primitif lui ait préexisté. Dans ces conditions, il est permis de se demander quelle est dans un premier temps la fonction du papier, si elle n'est pas de servir de support à l'écrit. D'après les textes, comme d'après les fragments découverts, les premiers papiers ont vraisemblablement servi d'emballage ou de rembourrage. C'est pourquoi ils accompagnent ou enveloppent divers objets... Les textes cités semblent le confirmer.

Un autre élément important est celui de la datation des découvertes archéologiques. Aucun des fragments supposés datés des Han ne porte de date. Les papiers inscrits tels que ceux qu'Aurel Stein a découverts près de Dunhuang ont été datés par Stein lui-même et Chavannes du IIe siècle de notre ère. Or rien n'indique, dans la description des fouilles faite par Aurel Stein dans Serindia, qu'il puisse s'agir précisément du IIe siècle. C'est sur l'hypothèse du spécialiste du papier, Julius von Wiesner, qui a analysé l'un de ces fragments, que repose cette datation. Ce papier semblant à Wiesner d'aspect assez primitif, il ne doit pas être éloigné de la date supposée de l'invention du papier par Cai Lun.
Le même argument a servi à dater de fameuses « anciennes lettres sogdiennes » sur papier, découvertes près de Dunhuang et dont la datation est depuis, elle aussi, largement controversée, puisqu'on a pu les dater non seulement de la fin du IIe siècle, mais aussi du début du IVe, voire du VIe siècle.

Dans la plupart des cas, la datation des fragments repose sur celle des autres objets avec lesquels ils ont été découverts : Armes, poteries, etc. Des fragments de papier de Baqiao sont ainsi attachés au dos d'un miroir, et dans la tombe se trouve une épée que les archéologues ont estimée dater du règne de l'empereur Wu des Han.
Mais cette datation n'est fondée que sur une étude stylistique, aucune inscription n'ayant été trouvée dans la tombe. C'est pourquoi le débat reste ouvert sur ce point, et cela d'autant plus qu'il n'est pas impossible que la tombe elle-même ait été dérangée avant les fouilles systématiques de 1957.
Quoi qu'il en soit, la polémique sur le rôle de Cai Lun a pris un tour plus romanesque lorsque, de cette origine discutée du papier, un auteur a pu conclure que celui-ci n'avait pas été inventé en Chine mais en Inde, sans doute au IVe siècle avant notre ère. P. G. Gosavi, se rapportant au Périple de la mer Erythrée, a estimé en effet que les Indiens préparaient alors du papier en polissant de l'écorce ou en battant du coton. L'argumentation est peu convaincante, l'auteur se fondant sur des sources de seconde, voire de 3e main et, de plus, confondant vraisemblablement la préparation de l'écorce pour en faire un support apte à recevoir l'écriture avec la fabrication du papier. En outre, on sait que les pèlerins Chinois en quête de textes bouddhiques ramènent de l' Inde des livres écrits sur feuilles de latanier et que le moine Xuanzang (602-664) constate lors de son voyage en Inde, entre 629 et 645 que l'on y écrit sur des feuilles de tala, nom sanskrit du latanier.

Une autre question, peu soulevée jusqu'à présent, est celle de la substitution du papier aux autres supports de l'écriture. Les dernières tablettes de bois inscrites que l'on ait découvertes ne sont généralement pas postérieures au IIIe siècle de notre ère. D'autre part, nous savons par diverses sources littéraires que le papier est d'usage courant dès le IIe siècle chez les écrivains. On connaît déjà le nom d'un papetier à la fin du IIe siècle, Zuo Bo (mort en 200), dont le papier était particulièrement apprécié. Dès le IIe siècle encore, un nommé Cui Yuan (mort en 143), n'ayant pu se procurer de la soie, matériau plus noble que le papier, pour copier un ouvrage en 10 rouleaux, l'a fait sur du papier.
A la même époque, un autre personnage, Yan Du (mort en 167), manquant de papier pour copier les Printemps et Automnes, chronique de l'ancien royaume de Lu, apprend alors par cœur le texte entier. Au IVe siècle, le papier est devenu le support privilégié de l'écrit.
Des calligraphies aussi illustres que Wang Xizhi (321-379) et Wang Xianzhi (344-388) écrivent sur du papier de chanvre jaune. On raconte aussi que lorsque Yu Chan (vers 287-340) eut rédigé son poème en prose sur la ville de Yangdu, Yangdu fu, le texte devient si célèbre que les gens s'empressent de le copier au point que le papier devient rare et que son prix s'élève rapidement. Une autre anecdote, relative à l'alchimiste Ge Hong (283-343), raconte qu'étant pauvre dans sa jeunesse, il travaille toute la journée à couper du bois pour acheter du papier sur lequel il recopie pendant la nuit les livres qu'il a empruntés. Il faut pourtant attendre le début du Ve siècle pour que le papier soit déclaré support officiel des documents administratifs à la place des tablettes de bois ou de bambou.

La concurrence que le papier a faite aux tablettes au IIIe siècle, selon les historiens du papier, s'explique sans doute par des transformations dans la technologie du papier qui en ont amélioré la qualité. C'est à cette époque que la forme primitive, constituée d'un simple cadre de bois sur lequel est tendu un tissu, a été remplacée par une autre forme d'un meilleur rendement.

Pour autant qu'on sache, avec la forme primitive, la pâte à papier, assez épaisse, est déposée sur la forme, celle-ci est ensuite posée à la surface de l'eau dont l'écoulement régularise l'étalement de la pâte. Par la suite, la forme elle-même est plongée dans une cuve remplie de pâte étendue d'eau, la forme est alors secouée légèrement afin de répartir la pâte également. Le mouvement permet l'enchevêtrement des fibres et le feutrage du papier, lui donnant ainsi ses caractéristiques.
Mais, outre ce changement de procédé, on fait usage d'un nouveau type de forme, celle-ci est constituée de 2 parties séparables : L'une, la couverte, forme le cadre, l'autre, la forme proprement dite, est faite d'une sorte de treillis de minces tiges de bambou ou d'hémérocalles liées de place en place par des fils de chanvre.
Avec la forme fixe, la distribution de la pâte est souvent moins régulière. Par ailleurs, alors que le tissu ne laisse guère d'empreintes sur la feuille de papier, avec la forme mobile, les traces de lignes d'eau, c'est-à-dire les vergeures et les chaînettes, sont en général clairement visibles.
C'est cette technique qui s'est transmise vers l'Occident, après s'être répandue en Chine et en Extrême-Orient, tandis que la technique primitive n'est restée en usage que dans les régions de l'Himalaya, en particulier au Népal ou au Bhoutan.

L'inconvénient majeur du premier système est que la feuille de papier une fois façonnée doit être séchée sur la forme au soleil, le séchage demandant une demi-journée, la forme est pendant ce temps inutilisable. Avec le second système, en séparant l'écran souple de son cadre, on peut en détacher la feuille pour la faire sécher et réemployer la forme aussitôt.
Les papiers produits par ces deux types de formes se distinguent en particulier par la présence ou l'absence des lignes d'eau. Or, on constate que seuls les papiers non inscrits que l'on a estimé dater des Han antérieurs ne présentent pas de traces visibles de lignes d'eau. Au contraire, tous les fragments inscrits que l'on peut examiner ont des vergeures visibles. La remarque est importante, car elle conduit à se demander s'il ne faut pas faire remonter la date d'apparition du nouveau type de forme au Ier ou IIe siècle de notre ère, c'est-à-dire précisément à l'époque de Cai Lun.

En conclusion, Cai Lun n'est probablement pas l'inventeur du papier, mais celui qui, aux environs de 100 de notre ère, a amélioré la technique de fabrication alors en usage et a ainsi favorisé son adoption comme support de l'écrit. Il est connu pour avoir fait fabriquer du papier à partir d'autres matériaux que le chanvre et en particulier à partir du mûrier. Mais il se peut que l'amélioration technique importante qu'est l'invention d'une nouvelle forme soit aussi à porter au compte de ses mérites.
Dans tous les cas, il semble bien que ce soit à partir des environs de 100 de notre ère que l'usage du papier a commencé à se généraliser. La facilité avec laquelle peuvent être obtenus les matériaux qui servent à sa fabrication, son bas prix relatif et la diversité de qualités à laquelle les Chinois doivent bientôt parvenir en ont fait un support de l'écriture qui n'a aucun rival.
Sans parler de ses autres très nombreux usages, le papier a joué en Chine un rôle capital en matière d'administration, d'archives et de transmission des textes. Sans lui, ni la reproduction courante et peu coûteuse de l'écrit par xylographie à partir du Xe siècle, ni l'imprimerie des Temps modernes n'auraient été possibles.


Cai Lun — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cai_Lun
Cai Lun (caractères traditionnels : 蔡倫; caractères simplifiés : 蔡伦; pinyin : Cài Lún; transcription Wade : Ts'ai Lun), (v. 50 - 121), dont le prénom social était ...



BnF - Chine - Repères : Le papier, une invention chinoise
expositions.bnf.fr/chine/reperes/3/
Vénéré comme le patron des papetiers, Cai Lun († 121), un eunuque de ... Les provinces livraient en tribut chaque année leurs plus beaux produits à une ...

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