mardi 14 mars 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 107

14 JANVIER 2017...

Cette page concerne l'année 107 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UN TRÈS ANCIEN MARTYR SAINT IGNACE LE THÉOPHORE

Ignace d'Antioche, en grec ancien : Ἰγνάτιος Ἀντιοχείας ou Ίγνάτιος ό Θεοφόρος, Ignace le Théophore, né vers 35 dans la province de Syrie, mort à Rome, en martyr, probablement en 107. Troisième évêque d'Antioche, après saint Pierre et Evode, à qui il succède vers 68. Probablement disciple direct des apôtres Pierre et Jean, il est surtout connu pour ses lettres apostoliques, associant le martyre pour la Foi aux grains de blé moulus pour devenir le pain de l'Eucharistie.
Ses lettres apostoliques développant une première théologie eucharistique le font ranger parmi les Pères apostoliques, première génération de Pères de l'Église.
C'est un saint pour l'Église catholique latine, qui le fête le 17 octobre (pendant longtemps le 1er février), et pour les Églises orthodoxes et catholiques orientales, qui le fêtent le 20 décembre.
Selon le Martyre de Saint Ignace, il est arrêté par les autorités et transféré à Rome pour être mis à mort dans l'arène, pendant la persécution de Trajan.

Espérant ainsi faire un exemple afin de freiner l'expansion du christianisme. Mais chemin faisant il rencontre de nombreux chrétiens qu'il encourage en leur écrivant des lettres : Aux Éphésiens, aux Magnésiens, Tralliens, Philadelphiens, Smyrniens, et aux Romains, de même que la lettre à Polycarpe, qui selon la tradition est évêque de Smyrne et disciple de Saint Jean l'Évangéliste.
Eusèbe de Césarée, qui écrit 2 siècles plus tard, consacre un chapitre entier de son Histoire ecclésiastique à la vie de Saint Ignace et aux 7 lettres écrites sur le chemin de Rome  :

« De Syrie, Ignace est envoyé à Rome pour être livré en pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu'il a rendu du Christ.
En accomplissant son voyage à travers l'Asie, sous la surveillance sévère des gardes dans toutes les villes où il s'arrête, à travers des prédications et des avertissements, il renforce les Églises, et surtout, il exhorte, avec la plus grande vigueur, à se garder des hérésies, qui commencent alors à se multiplier, recommandant de ne pas se détacher de la tradition apostolique. »

La première étape du voyage d'Ignace vers le martyre est la ville de Smyrne, où se trouve l'évêque Polycarpe, disciple de Saint Jean... Ignace y écrit 4 lettres, respectivement  aux  Églises  d'Éphèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. « Parti de Smyrne », poursuit Eusèbe :

« Ignace arrive à Troade, et de là, envoie de nouvelles lettres » 
2 aux Églises de Philadelphie et de Smyrne, et une à l'évêque Polycarpe .

Quelques jours après le passage d'Ignace à Philippes, les Philippiens prient Polycarpe de leur communiquer les lettres de l’évêque d’Antioche qu’il possède. Polycarpe répond à cette demande :
« Comme vous nous l'avez demandé, nous vous envoyons les lettres d'Ignace, celles qu'il nous a adressées et toutes celles que nous avons chez nous... »
Vu le faible nombre d'écrits de cette période de l'Église, ces lettres (CPG 1025-1036) ont une influence dans le développement de la théologie chrétienne.
Elles semblent avoir été écrites en grande hâte et sans véritable plan, comme une succession non systématique de pensées.
Ignace est le premier écrivain chrétien dont les écrits nous sont parvenus et qui insiste fortement sur la loyauté à l'évêque de la ville, assisté par les presbytres (prêtres) et les diacres.
Les écrits antérieurs mentionnent en effet soit les évêques soit les presbytres, et donnent l'impression qu'il y a plusieurs évêques par communauté. Ignace insiste aussi sur la valeur de l'Eucharistie, et la nomme un « médicament pour la vie éternelle ». Il montre que l'Église romaine a primauté sur les autres Églises, car elle préside à l'amour.

Cependant, sur la quinzaine d'épîtres qui nous sont parvenues sous le nom d'Ignace d'Antioche, seules 7, celles citées par Eusèbe de Césarée, sont aujourd'hui considérées couramment comme authentiques. Les problèmes d'authenticité ne concernent pas seulement le nombre d'écrits, mais aussi leur contenu.
En effet, certaines de ces lettres nous sont parvenues sous 3 « formes » : une brève, une moyenne et une longue.
Quant au récit du Martyre de Saint Ignace, quoiqu'il ait été abondamment utilisé pour rédiger les « biographies » d'Ignace, il est malheureusement tardif. Les divers anachronismes qu'il comporte ne permettent absolument pas d'y voir un document historiquement fiable : C'est un de ces innombrables « actes de martyrs » où l'imagination du rédacteur supplée au manque d'information.

Ces sept lettres authentiques d’Ignace d’Antioche nous renseignent sur la vie des Églises au début du second siècle, sur leur organisation hiérarchique et sur les hérésies menaçantes.
La lettre aux Romains témoigne aussi de la primauté de Rome.
Ces lettres nous révèlent l’âme ardente du grand martyr et la pureté de sa doctrine imprégnée des pensées de Saint Paul souvent cité, et tout autant de celles que nous retrouvons dans les écrits johanniques.

L’âme d’Ignace apparaît tout entière dans ses lettres très personnelles.
Quant à sa vie, en dehors des nombreux détails que ses lettres donnent sur la route vers le supplice, on n'en sait pour ainsi dire rien. Il faut donc classer, d’après les sources consultées, les renseignements fournis, afin d’être mieux à même d’en évaluer la portée.
La Chronique d’Eusèbe place le martyre d’Ignace la 10e année de Trajan, soit en 107. Cette précision n’a qu’une valeur approximative, mais tous les savants s’accordent pour accepter les environs des années 107/110.
L’Histoire Ecclésiastique nous apprend, d’accord avec Origène, qu’Ignace, 2e évêque d’Antioche, succède au successeur immédiat de Saint Pierre, Evodius. Or, Eusèbe a sous les yeux les anciennes listes épiscopales d’Antioche (dans la Chronique de Jules l’Africain († après 240), et ami d’Origène.

Le chapitre de l’Histoire Ecclésiastique, au livre 3, est consacré tout entier à Ignace, mais les renseignements proviennent visiblement des lettres du martyr, c’est donc là que nous préférons les rechercher.

Depuis la Syrie jusqu’à Rome, je combats contre les bêtes, sur terre et sur mer, de nuit et de jour, enchaîné que je suis à 10 léopards, je veux parler des soldats qui me gardent. A mesure qu’on leur fait plus de bien, ils en deviennent pires. Mais par leurs mauvais traitements, je deviens davantage un disciple... Lettre aux Romains,
Pendant ce douloureux voyage, le Saint évêque, exultant de joie, écrit aux Églises 7 lettres qui nous dévoilent son âme ardente et nous révèlent aussi ses préoccupations, assurer l’union des Églises à leurs évêques, leur union entre elles et la fuite de l’hérésie. Il est aisé de retracer, d’après les détails donnés, l’itinéraire parcouru par le condamné.
Durant ce périple il observe 3 escales plus importantes : Philadelphie, Smyrne et Troas.
A Smyrne, Ignace est accueilli par l’évêque Polycarpe. Des délégations importantes d’autres Églises d’Asie s’empressent de venir le saluer.
Les charitables Églises m’ont accueilli au nom de Jésus-Christ, non comme un simple passant. Et celles-là mêmes qui ne sont pas sur ma route viennent au devant de moi de ville en ville. Lettre aux Romains.
De Smyrne, Ignace écrit 4 lettres
Les lettres aux communautés d’Éphèse, de Magnésie, de Tralles pour les remercier de l’avoir fait saluer par leurs délégués.
L’incomparable lettre aux Romains pour supplier instamment ceux-ci de ne tenter aucune démarche en sa faveur :
Je crains que votre charité ne me fasse tort… Jamais je ne retrouverai une pareille occasion d’aller à Dieu… Si vous vous taisez, je deviendrai une parole de Dieu, mais si vous aimez trop ma chair, je ne serai plus qu’une voix… Je ne vous demande qu’une chose, c’est de laisser offrir à Dieu la libation de mon sang tandis que l’autel est encore prêt : Alors, réunis tous en chœur par la charité, vous pourrez chanter dans le Christ Jésus une hymne à Dieu le Père pour avoir daigné faire venir l’évêque de Syrie du levant au couchant.
Il est bon de se coucher loin du monde en Dieu pour se lever en Lui. Lettre aux Romains.

À Troas, Ignace reçoit une heureuse nouvelle : Toute persécution a cessé dans son Église d’Antioche. Il écrit alors 3 lettres : Les lettres aux communautés de Philadelphie et de Smyrne
La lettre à l’évêque de Smyrne : Polycarpe.
Très semblables aux lettres de remerciement et de conseils écrites de Smyrne, celle aux Romains exceptée, ces lettres écrites de Troas n’en diffèrent que sur un point : Elles se terminent par la recommandation d’envoyer à Antioche un diacre, un « courrier de Dieu ».
On m’a annoncé que grâce à votre prière et à la miséricorde que vous avez dans le Christ Jésus, l’Église d’Antioche de Syrie est en paix, il convient donc que vous, en tant qu’Église de Dieu, vous élisiez un diacre, pour qu’il y aille en messager de Dieu, pour se réjouir avec ceux qui sont rassemblés et glorifier le Nom. (Lettre aux Philippiens).
J’ai appris que l’Église d’Antioche en Syrie a, grâce à votre prière, recouvré la paix.
Cette nouvelle a relevé mon courage, et maintenant que Dieu m’a rendu la tranquillité, je n’ai plus qu’un seul souci : Celui d’arriver à lui par le martyre et d’être, grâce à vous, compté parmi les vrais disciples au jour de la résurrection. Il convient, bienheureux Polycarpe, de convoquer une assemblée agréable à Dieu et d’élire quelqu’un qui vous soit très cher et qui soit actif, on pourra l’appeler le courrier de Dieu, chargé d’aller porter en Syrie, pour l’honneur de Dieu, le glorieux témoignage de votre ardente charité. Un chrétien ne s’appartient pas, il appartient au service de Dieu. À Polycarpe.
Ignace se proposait d’écrire bien d’autres lettres encore...
J’écris à toutes les Églises : Je mande à tous que je mourrai de grand cœur pour Dieu, si vous ne m’en empêchez. Lettre aux Romains.

N’a-t-il pas annoncé, dans sa lettre aux Éphésiens, la plus longue, un « deuxième livret » qui leur exposera plus en détail « l’économie concernant l’homme nouveau Jésus-Christ » (Éph. 20, 1) ?
Les derniers mots de la lettre à Polycarpe sont les derniers de Saint Ignace :
« Je vous dis un éternel adieu en Jésus-Christ notre Dieu. Puissiez-vous demeurer toujours en Lui, dans l’unité de Dieu et sous sa surveillance. Je salue Alcé dont le nom m’est si cher. Adieu dans le Seigneur. » d’après la lettre de Saint Polycarpe aux Philippiens

Les Philippiens ont eux aussi reçu Ignace sur son passage, ils écrivent à Polycarpe, demandant l’envoi des précieuses lettres du martyr. Et Polycarpe répond à leur désir :
« Les épîtres d’Ignace, tant celles qu’il nous a adressées que d’autres que nous possédons de lui, nous vous les envoyons toutes selon votre demande, elles sont jointes à la présente lettre. Vous pourrez en tirer un grand profit car elles sont pleines de foi, de patience, de tout ce qui peut édifier et porter à Notre Seigneur. De votre côté, si vous avez des nouvelles sûres d’Ignace et de ses compagnons, veuillez me les communiquer ».
Polycarpe n’a donc aucune nouvelle sûre de l’évêque d’Antioche, cependant, il n’en doute pas : Il a, comme ses compagnons, subi le martyre.
« Montrez cette indéfectible patience que vous avez contemplée de vos propres yeux, non seulement dans les bienheureux Ignace, Zosime et Rufus, mais aussi en d’autres qui sont de chez vous, en Paul lui-même et dans les autres apôtres, bien persuadés que ces hommes n’ont pas couru en vain (Phil., 2, 16), mais dans la foi et la justice, et que maintenant, ils occupent auprès du Seigneur, dont ils ont partagé les souffrances, la place qui leur est due. »
C’est la lettre de Polycarpe qui nous apprend que, du moins à son arrivée à Philippes, d’autres condamnés sont adjoints à Ignace.

Ignace semble bien être Syrien d’origine. Il n’est pas citoyen Romain, car jamais un citoyen Romain ne fut condamné aux bêtes. Rien n’indique qu’il soit Juif : Il s’oppose avec fermeté aux coutumes juives (Magn., 8 et 9) et aux judaïsants.
On considère volontiers Ignace comme un converti et on le met en parallèle sur ce point avec Paul, l’ancien persécuteur. De part et d’autre, mêmes protestations d’humilité, même vive conscience des grâces reçues.

« Je ne vous donne pas des ordres comme si j’étais un personnage. Je suis bien, il est vrai, chargé de fers pour le Nom, mais je n’ai pas encore atteint la perfection en Jésus-Christ. Je ne fais que débuter à son école et si je m’adresse à vous, c’est comme à mes condisciples. » Lettre aux Éphésiens.

« Bien que je sois le dernier des fidèles d'Antioche, Dieu a daigné me choisir pour le glorifier. » Lettre aux Éphésiens.

« Bien que je sois dans les fers et que vous, vous soyez libres, je ne suis pas à comparer à un seul d’entre vous. » Lettre aux Magnésiens.

« J’ai de grandes pensées en Dieu, mais je m’impose à moi-même une mesure, pour ne pas me perdre par ma vanterie. Car c’est maintenant surtout que je dois me tenir sur mes gardes et éviter de prêter l’oreille à la flatterie. Ceux qui me flattent me flagellent. Assurément je désire souffrir, mais j’ignore si j’en suis digne, car si mon irritation échappe aux yeux d’un grand nombre, elle ne m’en fait pas moins une guerre très acharnée… Oui, je pourrais, dans cette lettre, vous parler des choses du ciel. Mais vous êtes si enfants encore et je crains de vous faire mal. Excusez-moi donc : Incapables d’avaler, vous pourriez vous étrangler. Moi-même, bien que prisonnier, et en état de concevoir les choses du ciel, de connaître les hiérarchies des anges, les armées des principautés, les choses visibles et invisibles, je ne suis pas encore pour autant un vrai disciple. Nous manquons de tant de choses pour que Dieu ne nous manque pas. » Lettre aux Tralliens.

« Je ne suis pas digne de faire partie de cette Église (Antioche) moi, le dernier de ses membres. C’est à la volonté de Dieu que je dois cet honneur, non à mes mérites, mais à sa grâce. Puissé-je, grâce à vos prières, la recevoir dans toute sa plénitude pour parvenir enfin à atteindre Dieu. » Lettre aux Smyrniotes.

Une loi du Digeste Romain spécifie que les hommes (gladiateurs ou condamnés) dirigés vers Rome doivent être « dignes d’être exhibés au peuple Romain » (si eius roboris vel artifis sint ut digne populo romano exhiberi possint, Digeste). Ignace est donc désigné comme une victime de choix.

Il existe 5 récits différents ou « Actes » du martyre d’Ignace : Les deux principaux sont les Actes d'Antioche (le Martyrium Colbertinum) et les Actes Romains (le Martyrium Vaticanum). On les consulte pour fixer la suite de l’itinéraire d’Ignace, la date du martyre, etc., mais tout y est légendaire.
Une légende tardive (IXe s. - d’Anastase le Bibliothécaire) a souligné l’humilité d’Ignace : Elle voit en lui le petit enfant que Jésus prit entre ses bras pour le montrer en exemple à ses apôtres et justifie ainsi son nom de Théophore.

Une autre légende étrange (de Saint Vincent de Beauvais, Dominicain du XIIIe s.) prétend que sur chacun des morceaux du cœur d’Ignace, on lit une lettre en or : Ces lettres recomposent le nom de Jésus-Christ… On ne se trompe pas en affirmant que le cœur d’Ignace est possédé de l’amour du Christ, mais ceci est exprimé par trop naïvement ! Les lettres d’Ignace nous le disent bien mieux.

Certaines reliques d’Ignace seraient conservées à Antioche et d’autres à Rome, à l’église de Saint Clément.
Ce qui est sûr, c’est que le culte d’Ignace se répand aussitôt après sa mort. Saint Jean Chrysostome prononce à Antioche le panégyrique du saint martyr en son dies natalis : « Rome est arrosée de son sang, vous avez recueilli ses dépouilles… Vous aviez envoyé un évêque, on vous a rendu un martyr » in sanctum martyrium ignatium

Saint Ignace le Théophore
www.crypte.fr/synaxaire/ignace-antioche.html
évêque d'Antioche, martyr à Rome (†107) Fête le ... Pendant la persécution de Domitien (81-96), saint Ignace encouragea de nombreux confesseurs à ... Pendant les années de paix qui suivirent, les apôtres ayant désormais disparu, l'évêque ...

SAINT IGNACE D'ANTIOCHE (mort en 107) - Dieu parmi nous
www.dieu-parmi-nous.com/NIC/Saint.Ignace.Antioche.pdf
Saint Ignace, évêque, deuxième successeur de saint Pierre à Antioche, sans ... Cet évêque du premier siècle mort en 107 a laissé sept lettres épiscopales qui ... par le martyre, je deviendrai une parole de Dieu, un témoin, un porte-parole de Dieu ... Justement, il y a quelques années, Mgr Belo, prix Nobel de la Paix (1996), ..

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