5 FÉVRIER 2017...
Cette
page concerne l'année 85 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LA
FOLLE INSPIRATION DE DOMITIEN.
«
Mes fils régneront après moi, ou personne », a déclaré Vespasien
au Sénat. Celui-ci est donc réduit à enregistrer son choix.
L'avènement de Titus en 79 doit combler les vœux du Prince.
Pourtant, la continuité Flavienne ne peut s'établir à sa mort que
par l'intermédiaire de son frère, Titus n'ayant pas eu d'enfant...
Domitien,
voulant exercer pleinement le pouvoir politique, ne peut manquer de
reprendre à son compte cette visée dynastique. Mais ce que l'on
retient ordinairement de son règne, c'est sa lutte contre le Sénat
qui aboutit à l'assassinat de l'empereur, en 96 à la suite
d'épurations sanglantes dans les rangs de cette assemblée. On y
voit le simple effet d'une vengeance, en fait, l'événement doit
révéler quelque chose de plus grave.
Qui
peut succéder au monarque ? Ce dont on se souvient moins, ce sont
les efforts de Domitien pour maintenir l'empire sous l'autorité
Flavienne. Il semble donc intéressant de les rappeler, et surtout
de signaler les espoirs que l'empereur met en sa descendance
naturelle.
Suétone
rapporte la naissance d'un fils de Domitien lors de son 2e consulat,
au cours du principat de son père, en 73. Le passage de la vie de
Domitien où figure cet événement a été longuement étudié, en
raison d'un remaniement visible sur tous les manuscrits.
De
plus, en confrontant les renseignements apportés par ce document à
ceux que fournissent la numismatique et certains auteurs antiques, on
observe des divergences.
Aussi
Th. Mommsen propose-t-il de corriger le texte en restituant les faits
suivants : Naissance d'un enfant (73), puis d'un second au cours de
la 2e année de règne de Domitien (82), ce qui amène l'empereur à
décerner à son épouse le titre d'Augusta...
Dans
une étude ultérieure, A. Dieudonné, se fondant surtout sur des
documents numismatiques, se prononce au contraire pour une
simplification des faits : Domitia met au monde un enfant (73) (2e
consulat) et reçoit le titre d'Augusta pendant la 2e année du règne
de Domitien.
A
son avis, cette hypothèse correspond mieux aux indications fournies
par les auteurs anciens qui ne parlent que d'un enfant pour cette
période. Une seule ombre au tableau : La mention dans les « Actes
des Frères Arvales » de l'attribution du titre d'Augusta à Domitia
dès le 1er octobre 81, et non en 82 Mais A. Dieudonné estime que
Suétone déplace le fait de quelques mois...
Voici
donc les premières données du problème. A cela s'ajoute qu'un
enfant de Domitien meurt avant 88, et est divinisé par son père ?
(cité dans le témoignage du poète Martial, par une épigramme
composée pour les Saturnales de 88). Mais était-ce l'enfant né en
73 ou celui de 82
A.
Dieudonné dit qu'aucun texte ne parle par la suite d'un enfant né
en 82, C'est ce qui semble important.
Une
naissance prévue en 90, mais qui n'a sans doute pas lieu, est
signalée par Martial l'un des plus grands flatteurs de l'empereur.
Celui-ci n'aurait
pas
manqué, en 82 d'annoncer ou de célébrer l'événement...
D'autre
part, l'épigramme de 90 révèle que, depuis la mort du jeune
prince, Domitien attend impatiemment un héritier pour lui
transmettre le pouvoir.
Né
en 82, mort lui aussi avant 90 ce second héritier aurait été lui
aussi divinisé, conformément à toute la politique religieuse
dynastique de Domitien.
Or
aucun texte, aucune inscription, pas une monnaie ne l'indique !
Examinons
les monnaies montrant l'enfant impérial. Son image est surtout
connue par 2 séries numismatiques : L'une constituée par l'aureus,
l'autre par des sesterces représentant Domitia Augusta assise, un
enfant mâle debout devant elle. Ce garçon n'est plus l'enfant des
aurei, mais il s'agit de la même personne à un autre âge, un seul
prince ayant été divinisé.
Or,
si l'aureus illustre la divinisation de l'enfant, les sesterces ont
été émises pour sa mère, le César divinisé met en quelque sorte
en valeur l'impératrice. Sur ces monnaies, Domitia est qualifiée
d'épouse de l'empereur, et celui-ci ne porte pas le titre de
Germanicus. Elles doivent donc être datées d'avant 84, car par la
suite ce qualificatif ne fut jamais omis par Domitien, qui l'avait
espéré longtemps.
Domitia
Augusta apparaît pour la première fois, en compagnie de son époux,
sur des tétra- drachmes datées de la seconde année de règne de
l'empereur. Elles confirment donc la datation avancée par Suétone.
Vespasien,
assez sceptique lui-même, dans son désir d'assurer sa légitimité
vis-à-vis de la dynastie julio-claudienne, ménage les cultes
nationaux . C'est ainsi que ses 2 fils, Titus puis Domitien, exercent
la plupart des sacerdoces et appartiennent aux principaux collèges
religieux, dont celui des Frères Arvales. En particulier sous le
principat de Vespasien, Domitien assiste plusieurs fois aux
cérémonies en étant même le magister au cours de son propre
règne.
Étant
donné son rang et son assiduité au culte, il est normal que les
Frères Arvales aient tenu, dès son arrivée au pouvoir, à lui
manifester leur dévouement. Ils offrent des sacrifices en nombre
trop important pour que ce ne soit pas une forme de flatterie. Ils
peuvent donc très bien prendre eux-mêmes l'initiative d'attribuer à
l'épouse de l'Auguste le titre d'Augusta.
Ce
n'est pas la première fois que le Sénat ou des collèges religieux,
à Rome ou en province, ont prévenu les désirs du Prince.
Mais
cette dignité n'a été rendue officielle qu'à l'occasion des
premières émissions de Domitia au début de 82.
Décédé
en 82 ou 83, le fils du Prince a au maximum 11 ans.
L'image
représentée sur les sesterces peut très bien correspondre à un
enfant de cet âge.
L'enfant
n'ayant pas atteint l'adolescence, le graveur a préféré le
représenter en bambin, dans la nudité héroïque de la divinité.
Enfin, Martial lui-même fournit une explication. Ses épigrammes
(DC, 74 et 76) rapportent un cas de même ordre : Un père fait
représenter son fils de 20 ans sous les traits d'un enfant en bas
âge afin de ne pas contempler une bouche muette. Martial préférant,
quant à lui, se souvenir des belles heures passées en compagnie de
Camonius, en a donné un portrait réaliste.
D'autre
part, A. Dieudonné arguant de la politique religieuse, estime que
Domitien veut être Jupiter, et il le démontre à l'aide d'un
passage de Martial où celui-ci loue la Ville d'avoir vu naître le
nouveau Jupiter (c'est-à-dire Domitien). La scène au revers de
l'aureus de Domitia signifie donc que l'enfant impérial est assimilé
à Jupiter enfant, montant au ciel pour prendre possession de son
royaume, et prenant place parmi les étoiles.
En
effet, l'argumentation de Dieudonné repose sur une assimilation trop
rapide et comporte une impossibilité flagrante... Conformément à
la politique religieuse de Domitien, l'empereur est Jupiter, son
fils, César divinisé, ne peut donc être que le fils de Jupiter et
non pas Jupiter enfant.
Ajoutons
que les monnaies impériales représentent toutes Jupiter en majesté
ou fulgurant, jamais enfant. Il est d'ailleurs remarquable que toutes
celles qui ont été émises en Crète, lieu de naissance de Jupiter,
le représentent adulte. Les monnaies de Néron, de Titus et même de
Domitien, se réfèrent toutes au même type : Il trône ou brandit
la foudre, et la scène se complète parfois de l'un ou l'autre
schéma de la Grande Ourse.
Et
sous le règne de Domitien, le Zeus de l'Ida n'apparaît que par son
attribut, l'aigle !
jupiter |
La
politique dynastique de Domitien est héritée de celle de son père,
et si l'on étudie attentivement la dynastie Julio-Claudienne ou les
dynasties Antonine et Sévérienne, on s'aperçoit aisément que l'on
a toujours recours à des héritiers « élus » parmi la famille et
que la succession père-fils est si fortement ressentie comme
naturelle, que même les choix faits en dehors de la proche famille
sont légitimés par une adoption, parfois même imaginée ou «
truquée » et l'on connaît la rigueur et la force de l'adoption
dans le droit romain.
D'autre
part, l'accusation portée contre Domitien d'avoir voulu être
Jupiter est-elle générale ou n'est-elle avancée que par certaines
personnes voulant légitimer l'assassinat de l'empereur ? Était-ce
son seul fait ? On ne peut en être certain, car son attitude
religieuse dénote une certaine prudence et parfois même un certain
conformisme.
A
la suite de son père, pour établir sa filiation avec le fondateur
du Principat, Auguste, il pratique une intense politique de
restauration des grandes divinités nationales.
En
ce qui concerne Jupiter, s'il le reconnaît comme son protecteur
personnel, il en fait la divinité souveraine par excellence du
peuple Romain. Certes il place sa propre effigie sur le même plan
que la Triade Capitoline, mais lui-même ne se substitue pas à
Jupiter.
Minerve
sert peu à peu à mettre en valeur la divinité impériale, mais
c'est parce qu'elle est la fille de Jupiter et que ses actions
doivent participer à la gloire de son père.
Domitien
se fait même appeler dominus et deus, mais à l'instigation de ses
« sujets », une fois que l'habitude a été établie,
bien sûr conformément aux désirs secrets de l'empereur. Ce n'est
pas un brusque pas en avant mais la poursuite d'une évolution dont
Trajan récolte les fruits, lui le restaurateur du Principat, en
adoptant officiellement les surnoms de Optimus et Maximus sans être
le moins du monde critiqué...
De
même, le thème choisi pour illustrer la divinisation du fils de
Domitien montre qu'il répond aux aspirations du peuple...
L'immortalité stellaire et luni-solaire a été mise en vogue par
les Pythagoriciens, Cicerón dans le Songe de Scipion, et le sénateur
Nigidius Figulus s'en sont faits l'écho. Mais on va plus loin que
ces constructions savantes. Par touches successives, par contacts
avec d'autres tentatives philosophico-religieuses, est née une
doctrine complexe, mouvante, et tellement vaste, qu'elle se prête à
toutes les interprétations.
Aussi
le peuple n'en retient-il que les traits les plus simples et les plus
évidents. D'abord réservée aux hommes illustres et à la famille
impériale, cette immortalité s'étend à tous dans la conscience
populaire, et le ciel peuplé d'étoiles est peu à peu encombré de
défunts.
Une
opinion communément reçue fait du premier des empereurs Flaviens,
Vespasien (69-79), le fondateur du culte impérial dans les provinces
sénatoriales de l'Occident Romain : Gaule Narbonnaise, Bétique,
Africa. Ce tournant politico-religieux important de l'évolution de
l'Empire doit être attribué, du moins pour les 2 premières de ces
provinces et peut-être pour les 3, si ce n'est pour d'autres, au
second fils de Vespasien, Domitien (81-96), un des « empereurs
maudits » de l'Histoire de Rome...
Domitien,
et lui seul, peut avoir donné à Toulouse, colonie Romaine, le nom
de Palladia, et fait du chevalier romain Q. Trebellius Rufus tout à
la fois le « premier flamine » d'un culte provincial créé par cet
empereur et, à une date située entre 85/86 et 94/95, l'archonte
éponyme de la cité d'Athènes.
«
Le Bon, la Brute et les Savants » : Vespasien et Domitien au
tribunal de l'histoire
Depuis
à peu près un siècle, 3critères implicites semblent avoir guidé
la recherche en « paternité » du culte provincial en Occident.
Premier
critère : Si ce n'est Auguste, c'est donc Vespasien.
Quant
au dernier axiome, il se réfère à la nécessaire solidarité des
décisions prises dans les diverses provinces par un même empereur «
réformateur ».
Domitien
continue ainsi à pâtir d'une double censure post mortem : Carence
d'une documentation mutilée par la damnatio memoriae, certes, mais
aussi comparaison obsédante, et accablante, avec le « bon »
empereur Vespasien.
R.
Tienne par exemple, commence par constater le relatif silence de
l'épigraphie Ibérique : « Trois dédicaces... c'est une récolte
faible que ne suffisent pas à expliquer les martelages ou les
destructions opérées après sa mort, quand sa mémoire est
condamnée ». La damnatio n'explique pas tout, car « la péninsule
s'est tue comme si les prétentions du souverain s'étaient heurtées
à une opinion solide, ennemie de toutes les aberrations que les
poètes de Cour aident l'empereur à multiplier ».
L'Espagnol
flagorneur Martial est à Rome coupé de son peuple, et « la
bourgeoisie municipale, garante du culte impérial, est un solide
rempart contre les excentricités d'un Domitien ».
Quittons
l'Espagne pour la Narbonnaise : Au terme d'une bonne analyse de
l'inscription athénienne de Trebellius Rufus, M. Gayraud, après A.
Aymard, concède fugitivement qu'elle peut « encore laisser le doute
entre Vespasien et Domitien ». Puis il clôt aussitôt le débat en
faveur du premier, et ce n'est sans doute pas par hasard si Domitien
ne figure pas même à l'index de son ouvrage...
Car
ici guette une autre sorte de raisonnement circulaire.
Fishwick
est cohérent avec lui-même lorsqu'il mentionne la Narbonnaise pour
étayer ses déductions concernant la Bétique. D'emblée, il a en
effet noté (p. 1221) que la conclusion tirée de l'inscription de
Trebellius Rufus « has important implications for two other
Romanized western provinces, Africa Proconsularis and Baetica ».
Si,
au contraire, le réformateur doit être Domitien, ces questions se
posent dans un tout autre contexte, celui de ses relations de plus en
plus difficiles et conflictuelles avec la haute assemblée. Une telle
innovation implique une forme d'empiétement de l'empereur sur les
prérogatives du Sénat, a priori plus facile à attribuer à
Domitien qu'à Vespasien.
De
façon plus générale, on peut se demander si une réforme de cette
ampleur ne réclame pas que se soit écoulé un certain délai depuis
la création de la nouvelle dynastie : L'argument est trop mince pour
fonder une certitude, il ne permet pas de trancher en faveur de
Domitien mais en tout cas affaiblit, en ce qui concerne l'Afrique,
l'éventualité souvent avancée d'une datation en 70/72.
Et
la damnatio memoriae ? Prendre la juste mesure de ses conséquences
est délicat. Elle paraît bien avoir effacé la plupart des traces
d'un règne deux fois plus long que celui de Vespasien : Règne
discuté, mais en tout cas très actif et, les monnaies et les textes
le montrent, fort occupé de l'image impériale et de sa propagation
à travers l'empire... Il faudra accorder un poids d'autant plus
grand aux quelques témoignages épigraphiques qui auront pu échapper
au désastre, et d'abord ne pas refuser de les reconnaître.
Reste
la question de ce que nous avons appelé la solidarité entre les 3
provinces, et peut-être quelques autres. C'est leur examen cas par
cas, et lui seul, qui permettra éventuellement de répondre à ces
questions étroitement liées : qui, quand et où ?
Ni
la transformation de Toulouse en colonia Palladia, ni l'archontat
Athénien de Rufus ne peuvent être datés avec davantage de
certitude et de précision. Il suffit donc, pour conclure sur la
Narbonnaise, de répéter qu'elle a reçu de Domitien, et non de
Vespasien, « le flaminat et le concilium », provinciaux.
Au
moment où il renverse l'ordre du cursus, H.G. Pflaum, conservant
l'interprétation traditionnelle du mot, est spontanément porté à
situer la fondation du culte sous le dernier Flavien : «
L'introduction du culte impérial en Bétique ne peut désormais plus
être attribuée à Vespasien, mais doit être inscrite parmi les
mesures de Domitien. »
En
effet, ce type d'inscription, on le sait par la lex de Narbonne et
par plusieurs exemples de Tarraconaise, vaut satisfecit accordé par
la province au flamine à sa sortie de charge. Si Titus est déjà «
divinisé » à ce moment, c'est que le « premier flamine » a été
créé sous et par Domitien.
Mais
s'il ne s'est pas agi d'un « premier flamine de la province » ? Les
remarques faites aussitôt en ce sens par des spécialistes du culte
impérial comme J. Deininger conduisent le savant épigraphiste à
renoncer à son idée première.
Quelques
conclusions et hypothèses paraissent se dégager : Le flaminat
provincial a été créé en Proconsulaire au plus tôt par
Vespasien, au plus tard par Trajan. Sous cet empereur, à partir de
110/112, le prêtre ne s'appelle plus flamen, mais sacerdos. Pourquoi
ce changement ? Entrons pour un instant au royaume des conjectures :
Si le flaminat avait été créé par Domitien, n'aurait-on pas
transformé l'appellation pour condamner un peu plus son souvenir ?
Avouons que la date un peu tardive de la modification (110/112),
ainsi que son isolement (rien de tel en Narbonnaise ni en Bétique)
provoque quelque doute... Guère plus, sans doute, que les nombreuses
« certitudes » avancées dans le cadre du « pan-vespasianisme »
critiqué précédemment : Il n'en reste pas moins que la datation
Trajanienne est la plus plausible. Elle peut rendre compte du cas
particulier d'une province où la réforme du titre a succédé très
vite à une mise en place tardive.
Par
ailleurs, dans les provinces d'Europe nouvellement organisées à
l'est des 3 Gaules, certains témoignages font penser à un
développement du culte impérial au temps des Flaviens, peut-être
sous l'impulsion du dernier d'entre eux. En Germanie, dans les Champs
Décumates qu'a conquis Vespasien, les Arae Flauiae mentionnées par
Ptolémée (Gé. II, 11, 30) peuvent attester un culte régional,
sinon provincial, établi sur le modèle augustéen de l'Autel du
Confluent, près de Lugdunum.
Le
pluriel indique une dédicace collective aux Flaviens, ce qui peut
faire penser à Domitien plutôt qu'à Vespasien ou à Titus.
De
même, une dévotion régionale à l'empereur s'organise autour des
sites de Scardona et de Doclea en Dalmatie, sans doute devenus
municipes sous le même règne (Fishwick, p. 1224).
Il
reste à dire quelques mots des vieilles provinces sénatoriales
d'Orient. En apparence, elles excèdent le cadre de cette étude...
On relève pourtant quelques coïncidences troublantes : C'est sous
Domitien qu'apparaissent pour la première fois, aussi bien en
Macédoine (Deininger, p. 21, p. 96) qu'en Crète (ibid., p. 85), les
premières monnaies portant le nom du koivôv. A la même époque,
dans la province d'Asie, l'épithète neokoros commence à désigner
spécifiquement les cités auxquelles l'autorité Romaine concède le
privilège de posséder un sanctuaire provincial de l'empereur. Ce
n'est pas un hasard, sans doute, si l'un des premiers est le fameux
temple de Domitien à Éphèse, honoré par les dédicaces de
nombreuses cités de toute la province. Le desservant prend lui-même
le titre de neokoros, permettant à la ville d'Artémis de se dire «
deux fois néokoros ».
A
Ephèse, la statue colossale de l'empereur se confond selon toute
vraisemblance avec « l'image de la Bête » de L'Apocalypse. Le
texte de Jean, ou des rédacteurs appartenant au milieu johannique
d’Éphèse atteste, à travers la réaction des chrétiens d'Asie
et l'évocation des persécutions qui s'ensuivent, la nouvelle
impulsion donnée alors au culte impérial par Domitien :
«
alors, je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept
têtes... Émerveillée, la terre entière suivit la bête. Et l'on
adora le dragon parce qu'il avait donné le pouvoir à la bête, et
l'on adora la bête en disant : Qui est comparable à la bête et qui
peut la combattre ?... Il lui fut donné le pouvoir sur toute tribu,
peuple, langue et nation... Alors je vis monter de la terre une autre
bête. Tout le pouvoir de la première bête, elle l'exerce sous son
regard. Elle fait adorer par la terre et ses habitants la première
bête... Elle les incite à dresser une image en l'honneur de la
bête... ».
A
ces dénonciations répond au chapitre suivant, par la voix d'un
ange, l'appel au témoignage et à la résistance des martyrs : « Si
quelqu'un adore la bête et son image... il boira lui aussi du vin de
la fureur de Dieu... C'est l'heure de la persévérance des saints...
Heureux dès à présent ceux qui sont morts dans le Seigneur ! »
Ainsi la « seconde Bête » incarnée en Asie par le culte de
Domitien apparaît-elle au fondement de la longue tradition
spirituelle invoquée dans la suite par les chrétiens affrontés aux
persécutions ».
CUPIDON (ÉPOQUE DOMITIENNE) |
A
l'origine de la « loi des Narbonnais » comme de la carrière
significative de Q. Trebellius Rufus, la réforme de Domitien
s'analyse selon 5 points de vue principaux :
Elle
implique la responsabilité de l'empereur en personne, elle assure la
promotion provinciale et sacerdotale de chevaliers issus des cités
Elle
met en jeu l'originale prêtrise « romaine » des
Caeninenses
Elle
accorde une place éminente à l'épouse du flamine
Elle
n'est pas enfin restée sans influence sur le développement en Gaule
des ensembles amphithéâtres-sanctuaires du culte impérial...
C'est
Domitien qui a « fait » de bout en bout la carrière de Trebellius,
depuis l'élévation et la consécration à Pallas de la colonie de
Toulouse jusqu'à l'accès du personnage à l'archontat éponyme
d'Athènes : Honneur doublement insigne, par sa signification
intrinsèque, traditionnelle, et parce que Domitien. Lui-même a
daigné le revêtir, quelque temps avant ou après Trebellius.
Peut-on
cerner de plus près la démarche de l'empereur ? Il faut sans doute
soupçonner, à l'origine de son intérêt pour Toulouse, la vieille
amitié qui l'unit à un natif de cette ville, le consulaire M.
Antonius Primus, vainqueur de Vitellius en 69 puis écarté des
sphères du pouvoir par Mucien.
Retiré
dans sa ville natale, il y cultive les belles-lettres, nous apprend
en 94 son ami Martial (IX, 99).
Le
chevalier Trebellius a-t-il été recommandé à Domitien. par
Antonius ? En tout cas sa réputation de notable local, son
dévouement à l'empereur... et sa culture grecque sont apparus
suffisants pour qu'on lui confie un rôle complexe et riche de
symbolisme. A travers sa promotion et celle de sa femme, prêtresse
de Pallas dans la « colonie palladienne », Domitien affirme des
préoccupations politico-religieuses constantes, et pour lui
fondamentales.
On
le voit : C'est bien au cœur d'un réseau profondément cohérent
d'intentions et d'actions du souverain que s'enracine la création à
Narbonne du nouveau culte provincial inauguré par Trebellius, «
premier flamine ».
La
cohérence de l'œuvre impériale apparaît ainsi manifeste. Elle ne
fait que se confirmer à l'examen d'une autre étape du cursus de
Trebellius : le sacerdoce suprême des Caeninenses.
LE GÉNIE DE DOMITIEN |
A
Narbonne (1. 6-8), elle doit respecter un certain nombre d'interdits,
notamment ne pas prêter serment sous astreinte et se tenir à
l'écart des cadavres et de certains rites funéraires, tandis qu'une
place éminente lui est réservée aux spectacula publica de la
province.
Un
détail livré à ce sujet par Pline le Jeune prend ainsi un relief
nouveau :
«
Usant de son droit de Grand Pontife, ou plutôt de la cruauté d'un
tyran, avec le sans-gêne d'un maître (licentia domini) il convoque
les autres pontifes non dans la Regia, mais dans sa villa d'Albe
(...) et condamne Cornelia pour manquement à la chasteté (incesti)
sans la faire comparaître ni l'entendre ».(Ep. IV, 11, 6).
Domitien,
la « loi des Narbonnais » et le culte impérial dans les ...
www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_1989_num_22_1_1338
de
JM Pailler - 1989 - Cité 19 fois - Autres articles
1225)
qu'après l'année des quatre empereurs, Vespasien avait intérêt à
... voire de financier ou d'homme de culture, qu'à attribuer au
dominus et deus une ...... C'est en 85-86 que Domitien revêt la
puissance censoriale illimitée; la même ...
Domitien,
la « loi des Narbonnais » et le culte impérial dans les ...
www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_1989_num_22_1_1338
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JM Pailler - 1989 - Cité 19 fois - Autres articles
1225)
qu'après l'année des quatre empereurs, Vespasien avait intérêt à
... voire de financier ou d'homme de culture, qu'à attribuer au
dominus et deus une ...... C'est en 85-86 que Domitien revêt la
puissance censoriale illimitée; la même …
Divvs
Caesar imp Domitiani F. - Persée
www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1979_num_81_1_4053
de
JL Desnier - 1979 - Cité 21 fois - Autres articles
L'enfant
né en 73, est donc mort avant la fin de l'année 83 apr. .....
Domitien se fit même appeler dominus et deus, mais à l'instigation
de ses «sujets», une fois ..
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