dimanche 26 mars 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 87

2 FEVRIER 2017...


Cette page concerne l'année 88 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

STRUCTURE DES LIMES.

Le limes est le nom donné par les historiens modernes aux systèmes de fortifications établis au long de certaines des frontières de l'Empire Romain. Le terme limes peut comporter deux significations :
Le mot peut être considéré comme frontière ou limite, avec comme équivalent la Grande Muraille de Chine ou plus tard la Ligne Maginot. Pour les Romains, ce terme signifie qu'il s'agit d'une barrière pour défendre l'intérieur de l'Empire Romain (sens utilisé pour la première fois par Frontin et Tacite au Ier siècle).
Le terme peut signifier chemin ou route, c'est-à-dire la voie qui mène vers des territoires nouvellement conquis (ou à conquérir), comme le limes Germanique sous Auguste, qui longe la rivière Lippe. Cette frontière est gardée par plusieurs places d'auxiliaires ou de légionnaires.
Le limes Germanique et de Rhétie a été inclus en 1987 dans la liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO, tout comme le mur d'Hadrien et le mur d'Antonin au Royaume-Uni.
Ce système désigne toutes les frontières de l'Empire Romain, lesquelles sont classées en fonction de leur mode de barrière : Naturelle ou artificielle.

Les barrières naturelles qui séparent le monde Romain des Barbares ou des autres royaumes peuvent être :
Fluviales (comme le Rhin, le Danube ou l'Euphrate)
Montagnesues (comme la chaîne des Carpates, ou l'Atlas en Maurétanie)
Désertiques (comme le long de la frontière sud de l'Égypte, ou de la province d'Arabie ou encore de Syrie)
Les barrières peuvent aussi être artificielles, comme une palissade ou un mur de pierre, parfois précédés d'un fossé. C'est le cas pour le mur d'Hadrien, le mur d'Antonin, le limes Porolissensis (en Dacie) ou le limes de Germanie. Chaque frontière est également suivie en parallèle sur toute sa longueur par une route avec à intervalle régulier des forteresses de légionnaires (castra), des forts (castella), des forts auxiliaires, ainsi que des tours (turris) et des zones d'observation (stationes).

Les représentations du limes Romain peuvent être vues sur la frise de la colonne de Trajan ou sur celle d'Antonin, où les scènes d'ouvertures se situent sur la rive droite du Rhin, avec la représentation d'une série de postes de garde, de forts, de forteresses, avec également une protection de palissade.

Le 3e cas est très particulier, il s'agit des préfectures (comme la préfecture des Alpes à l'époque des guerres marcomanes). Ce territoire est confié à un commandant militaire spécial (dans l'exemple précédent, il s'agit de Quintus Antitius Adventius, dont le rôle a été de prévenir et bloquer les invasions barbares.

Il y avait 2 positions stratégiques clés pour protéger l'Empire Romain :
La première et la plus importante position stratégique est le front nord, qui se compose de :
Le limes de Bretagne, le plus septentrional de l'Empire Romain, avec ses 2 murs (le Mur d'Antonin et le Mur d'Hadrien);
Le limes de Germanie qui se situe le long du Rhin, et qui pendant près de 2 décennies a conduit les Romains de Germanie supérieure jusqu'à l'Elbe.
Le limes du Danube, qui est le plus important du système de défense de l'Empire Romain dans son ensemble, car il assure la protection de beaucoup de provinces de la Rhétie jusqu'à la Mésie (c'est-à-dire tout le long du parcours du fleuve jusqu'à son embouchure).
Le limes au nord du Danube, qui comprend les provinces frontalières des Daces, des Sarmates et la rive nord du Pont-Euxin (les villes grecques d'Olbia et de Tyras, c'est-à-dire le Royaume du Bosphore, province sous influence Romaine de Néron jusqu'à l'arrivée des Goths dans la première moitié du IIIe siècle).

La 2e position stratégique est la frontière orientale de l'Empire Romain, qui est organisé en 4 secteurs
Le limes de Cappadoce et le Pont-Euxin qui est créé par l'Empereur Tibère en 17 lors de l'annexion par Rome de la Cappadoce.
Le limes d'Arménie qui a été au cœur des guerres entre les Romains et les Perses.
Le limes de Mésopotamie créé par intermittence à partir des campagnes de Trajan contre les Parthes en 114-117.
Le limes d'Arabie reliant l'Euphrate à la Mer Rouge sur près d'environ 1 000 kilomètres. Il est lui-même divisé en 2 limes, chargés de défendre les provinces de Syrie, d'Arabie et de Judée...

Le limes matérialise physiquement la frontière entre l'empire Romain et le monde Barbare, tel qu'il est entendu par les Romains, à savoir les peuples ne parlant ni grec, ni latin.

Le limes consiste en routes le long de la frontière, desservant des postes de surveillance plus ou moins importants, et reliées aux villes de garnison. Localement, le limes peut être renforcé par des ouvrages tels que mur et/ou fossé.
Il a un but défensif, mais aussi douanier et politique car il s'agit d'une fortification discontinue plus symbolique qu'efficace.
Des limes plus ou moins élaborés ont ainsi été établis sur la plupart des frontières de l'Empire.
Le limes romain figure sur le Canon historique des Pays-Bas, liste officielle de 50 thèmes, initiative du gouvernement néerlandais, dont la première version date de 2006 et dont la deuxième version est officiellement acceptée le 3 juillet 2007.
En latin, limes signifie simplement chemin de patrouille à la frontière. Pour permettre une vue dégagée sur l'ennemi, les Romains ont déboisé de grands pans de forêt. Nombre de ces sentiers existent encore aujourd'hui en Allemagne.
le limes Rhénan se subdivise en 2 secteurs :
En aval de la Moselle, c'est le Rhin qui assure la défense. Le secteur du haut Rhin est organisé sur le modèle du limes Breton

L’histoire militaire ne peut plus être réduite à une étude des rapports de puissance économiques, comme on le fait au XXe siècle. En cas de conflit, l’État le plus riche n’est jamais sûr de gagner la guerre.

L’armée de Germanie comprend des légions, des auxiliaires et des éléments de la marine (la garnison de Rome n’a jamais été impliquée dans les affaires de cette région, pas plus que les deux grandes flottes Italiennes). On sait que la légion est une unité d’infanterie lourde de 5 000 hommes, utilisant les services de 120 cavaliers et d’auxiliaires. Ces auxiliaires sont divisés en cohortes d’infanterie, en ailes de cavalerie, et en cohortes mixtes, appelées equitatae. Ces unités sont quingénaires ou milliaires (de 500 ou 1 000 hommes). Les numeri font leur apparition sans doute au temps de Trajan. En ce qui concerne les effectifs, le détail des chiffres et des dates est toujours sujet à discussion. Mais on peut proposer des estimations, au moins approximatives. Pour la conquête, donc jusqu’au désastre de Varus, les Romains alignent 6 légions et des auxiliaires en nombre inconnu, sur une armée qui compte en tout quelque 25 légions, c’est donc un quart des effectifs qui est engagé.
Cette armée de Germanie est soumise à une hiérarchie connue. Ici, l’histoire militaire recoupe l’histoire générale, parce que la société militaire offre une image déformée de la société civile : On y trouve, mais dans des proportions différentes, des sénateurs, des chevaliers, des notables municipaux, des citoyens Romains et des pérégrins, mais pas d’esclaves, même si les légions et les légionnaires pouvaient en posséder.
Au sommet, l’empereur, pouvant se faire aider par le ou les préfets du prétoire, ces derniers ne jouent pas un rôle militaire important au début de l’Empire, et ils ne sont étroitement associés aux grandes décisions que peu à peu. Mais ni les uns ni les autres ne viennent en Germanie au début de l’Empire et, s’ils s’y rendent par la suite, ce n'est jamais pour de longs séjours. Après le départ de Germanicus, on distingue 2 armées, l’armée supérieure et l’armée inférieure chacune est commandée par un légat impérial propréteur, un ancien consul.

Au cours du Ier siècle de notre ère, une Germanie se crée peu à peu sur la rive gauche du Rhin, les grands légats y exercent tous les pouvoirs des gouverneurs et aucun légat de Belgique n’a osé pénétrer dans leur domaine.
C’est une province de fait, et non de droit, que les modernes appellent souvent un « district militaire ».

Sous Domitien, à la fin du Ier siècle, à une date qui n’est pas connue avec précision (sans doute vers 83/84 ou 84/85), sont créées simultanément deux provinces, Germanie supérieure et Germanie inférieure, calquées sur le modèle des armées : Le légat d’armée est en même temps légat de province. Dans le même temps, la région comprise entre les cours supérieurs du Rhin et du Danube est annexée, elle est connue sous le nom de Champs Décumates, et cette extension de la conquête se traduit dans le paysage par la construction d’une nouvelle ligne de fortins.
Les légats impériaux propréteurs de province, 2 anciens consuls, ont sous leurs ordres des personnages portant le même titre, légats impériaux propréteurs, mais plus modestement anciens préteurs, à raison d’un par légion... Le reste de la hiérarchie ne présente aucune originalité.
On relève toutefois que, dans le monde des Anciens, 2 États seulement imposent un entraînement à leurs soldats, la Chine et Rome.
Rappelons donc que les hommes pratiquent du sport, s’adonnent à des exercices militaires individuels (maniement d’armes) et collectifs (manœuvres en unités constituées).
La tactique mérite davantage de commentaires.

Les Germains sont redoutés, et pourtant pas redoutables aux Ier et IIe siècles.
Les Romains les craignaient pour 2 raisons. D’une part, ils ont de mauvais souvenirs : L’invasion des Cimbres et des Teutons à la fin du IIe siècle avant notre ère et la bataille d’Orange en 105 avant J.-C. sont restées présentes dans toutes les mémoires. Et, bien évidemment, le désastre du Teutoburg en l'an 9 ajoute à la crainte.
D’autre part, les Germains ont une façon de combattre qui déroute les Romains. Giovanni Brizzi a bien montré que, chez eux, « la folie mystique du guerrier (devient) alors, en elle-même, la mesure de la faveur céleste »... Les Germains au combat se conduisent comme des déments.
Leur apparence, déjà, effraie les Romains qui redoutent ces grands hommes très forts, blonds aux yeux bleus (ces remarques se trouvent chez César comme chez Tacite).
Ajoutez un comportement bizarre. Ils se laissent pousser la barbe et la moustache (dans l’iconographie, le barbu c’est le Barbare).
Parfois, ils se peignent le corps en blanc, pour mieux faire ressortir le sang des blessures ou pour ressembler à des fantômes ou, pour des raisons relevant de la magie.
Avant le combat, ils dansent et ils chantent. Au cours de l’engagement, ils montre leur courage, cette valeur fondant en partie leur société.

En réalité, ils n’auraient jamais dû susciter la crainte et, des deux grands désastres subis par les Romains, l’un au moins, celui-de Teutoburg, s’explique par une grave faute du commandement : Varus n’aurait jamais dû accorder sa confiance à Arminius et il aurait dû envoyer des éclaireurs avant de s’engager dans la passe de Kalkriese.
De fait, les Germains ont un armement médiocre en qualité. Ils ne savent pas organiser l’ordre de marche, ne savent pas faire de camp, ils sont souvent obligés de fuir, et ils se battent en phalange contre la triplex acies des Romains.
Ajoutons, pour faire oublier une erreur très répandue, qu’ils servent normalement comme fantassins. Ils possèdent peu de cavalerie, certains peuples ignorant même les chevaux. Enfin, ils ont assurément incapables de concevoir une quelconque stratégie, chacun n’ayant pour pire ennemi que son voisin.
Les Romains, eux, possèdent l’avantage dans les différents domaines. Ils utilisent des armes plus efficaces, le gladius et le pilum. Ils se battent avec sang-froid, donc de manière plus rationnelle, préférant le siège, qui économise le sang, et pour lequel ils ont mis au point de nombreuses machines et ils savent faire des travaux pour passer sous le rempart de la ville ennemie, à travers les mur ou encore par-dessus suivant les circonstances.
Quand il faut se battre en rase campagne, ils peuvent recourir à divers dispositifs, le plus célèbre étant la triplex acies qui donne une grande souplesse aux légions, leur permettant de s’écarter ou de se rapprocher suivant le terrain.
Au besoin, ils peuvent se ranger en phalange ou en coin.
Ils connaissent toutes les façons de se battre, bataille en milieu urbain, guérilla, également appelée de nos jours « petite guerre » ou « guerre asymétrique », bataille navale, etc. Comme défenses linéaires, les Romains utilisent le cours inférieur du Rhin pour la Germanie Inférieure.

Pour la Germanie Supérieure, afin de protéger les Champs Décumates, ils construisent de longs murs, constitués par la trilogie traditionnelle : Un profond fossé en V (fossa) est creusé en avant d’un talus de terre (agger), lui-même surmonté par une palissade en bois (vallum), de loin en loin, des tours doivent faciliter l’observation des mouvements d’ennemis potentiels.
Peu à peu, le bois est remplacé par la pierre.
Un premier axe, d’époque Flavienne, suit la ligne Taunus-Wetterau-Main-Odenwald-Neckar, un 2e axe, plus oriental, est daté d’Antonin le Pieux.
Les Allemands du Moyen Âge sont tellement étonnés par l’immensité du travail qu’ont dû demander ces constructions qu’ils pensent qu’elles sont de la main du démon et les désignent sous le nom de « le mur du Diable ».
Les défenses ponctuelles sont réparties entre des grands camps, prévus pour une ou plusieurs légions, et des petits camps conçus pour des détachements ou des unités auxiliaires.
Si l’on peut mentionner brièvement les grands camps, il est impossible, vu leur nombre, d’énumérer les petits camps. Comme exemple de grand camp... Neuss.
Au centre se trouvent les principia, cœur du camp, appelés parfois à tort praetorium, ils sont constitués par 2 cours, une grande cour pour les rassemblements, une petite réservée aux affaires plus officielles et une série de salles (le cœur du cœur, la chapelle aux enseignes, au centre, et les bureaux de l’administration, des dépôts d’armes…).
Les officiers sont logés dans de vraies villas, du type domus, on appelle praetorium celle qui est réservée au légat de légion.
Les soldats et les centurions dorment dans des chambrées.
Le camp, qui abrite 5 000 hommes, est une vraie ville, mais une ville sans femmes, sans enfants, sans vieillards. On y trouve un atelier où les soldats réparent leurs armes, la fabrica, des entrepôts ou horrea, un hôpital ou valetudinarium et des thermes.
Ce n’est pas le lieu ici de décrire le réseau viaire (toutes voies desservant une ville) qui, en outre, ne présente aucune particularité : Il est constitué par une route parallèle à la frontière, par des axes reliant les postes, principaux et secondaires, à l’arrière, pour faciliter la logistique, l’approvisionnement, tandis que d’autres pénètrent en territoire ennemi pour renforcer la surveillance.

La période qui va de 21 à la fin du Ier siècle voit les Romains conduire plusieurs raids contre des peuples de Germanie.
En 28, ils attaquent les Frisons.
Au temps de Caligula, ils reprennent aux Chauques la dernière aigle de Varus qui restait entre leurs mains.
Les années 42/43 voient de grandes transformations : Pour mener à bonne fin la conquête de la Bretagne, les légions Rhénanes sont sérieusement mises à contribution, ce qui se manifeste dans les mouvements de légions.
Les Chattes sont agressés par les Romains en 41 et 50 (ils sont aussi en conflit avec les Hermondures qui leur font une vraie guerre en 58).
En 47, Corbulon a organisé une expédition contre les Frisons et contre les Chauques. Le limes Germanique protège les provinces de Germanie Supérieure et de Rhétie, en avant des Champs Décumates.
Constitué de plus de 60 places fortifiées espacées d'une dizaine de kilomètres. Elles défendent la frontière de l'Empire. On peut citer celle de Saalburg près de Bad Homburg, qui est la seule à avoir été reconstruite, ou le camp romain d'Obernburg, aujourd'hui largement documenté.
Des cohortes de 500 légionnaires et cavaliers y sont stationnées pour empêcher les pillages des Germains dans la zone contrôlée par les Romains. Des voies romaines y conduisent à partir de l'Italie ou de la Gaule.
Plus de 900 tours de guet se dressent le long du limes Rhénan, espacées les unes des autres de façon à pouvoir communiquer entre elles par signaux visuels ou sonores selon les conditions de visibilité, et ainsi avertir au plus vite la prochaine place fortifiée de tout mouvement Germain.

La tour de guet no 1 se trouve à Rheinbrohl en Rhénanie-Palatinat (caput limitis). Cologne, Strasbourg et Vienne sont des forts chargés de protéger le limes.
Le limes Germanique sera détruit par les attaques des Alamans en 258, qui occupent l'espace compris entre le Rhin et le Danube.
Une nouvelle ligne de défense sera néanmoins organisée par Aurélien (270-275) le long du Rhin et de l’Iller, affluent du Danube, avec Brigantium (Bregenz) comme camp militaire.

Au IVe siècle, ce limes est défendu par des Lètes Francs et des fédérés Saxons à Mayence, et des Alamans sur le Rhin supérieur (fondation dudit royaume Alaman).





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