9
JANVIER 2017...
Cette
page concerne l'année 113 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LA
VIE ET L’ŒUVRE DE PLINE LE JEUNE.
PLINE LE JEUNE DANS SA VILLE NATALE |
À
l'instar de son oncle, le naturaliste Pline l'Ancien, il est resté
célèbre principalement en raison de son travail littéraire ayant
partiellement survécu, notamment sa fameuse correspondance.
Les
Lettres de Pline sont un témoignage unique et important de la vie et
de la pensée dans les cercles dirigeants de Rome sous les principats
de Nerva et Trajan.
S'ajoutent
à cela certaines lettres décrivant des procès, donnant des
informations sur certains personnages contemporains, ou encore celles
décrivant l'éruption du Vésuve.
De
plus, ses échanges avec l'empereur pendant sa légation en
Pont-Bithynie sont une source historique de première main concernant
les aspects de l'administration provinciale Romaine.
Il
est né entre le 25 août 61 et le 24 août 62 à Novum Comum en
Cisalpine, dans le nord de l'Italie aux bords des Alpes (aujourd'hui
Côme). Les Cisalpins sont les derniers Italiens à recevoir la
citoyenneté Romaine, et ce en l'an 49 av. J.-C. par décision
de Jules César. Il vivra sous les règnes de 6 empereurs successifs
: Néron,Vespasien, Titus, Domitien, Nerva et Trajan.
À
sa naissance, il porte le nom de Caius Caecilius (Cilo ?), son
père étant Lucius Caecilius (Cilo ?). C'est un chevalier qui
occupe diverses fonctions administratives et religieuses à Côme,
notamment quattuorvir iure dicundo, c'est-à-dire un des 4 magistrats
de la cité, et pontifex, prêtre de la cité. Sa mère, Plinia
Marcella, est la sœur de Pline l'Ancien.
Il
appartient à une famille équestre qui détient une série de
domaines et de villas autour du lac de Côme (Lacus Larius). Il a
peut-être une sœur, Caecilia, qui serait morte jeune.
Après
la mort prématurée de son père, Pline l'Ancien, son oncle
maternel, est son mentor. Pline l'Ancien, en effet, est venu jeune à
Rome et se trouve en contact avec les grandes familles de la ville.
Il se consacre à l'étude de la philosophie stoïcienne, entre
autres, et fait de fréquentes visites au jardin botanique d'un
médecin Grec, ce qui développe chez lui un intérêt durable pour
les questions d'histoire naturelle.
Après
52, il poursuit des études approfondies et systématiques, écrivant
plusieurs ouvrages, somme des connaissances de son temps, regroupés
en 37 livres sous le titre Histoire Naturelle.
En
parallèle, Pline l'Ancien mène une carrière politique bien
remplie, étant conseiller personnel de l'empereur Vespasien et
occupant divers postes importants dans l'administration provinciale
au début des années 70.
Devenant
préfet de la flotte impériale de la Méditerranée Occidentale en
77. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il stationne à Misène en 79,
lors de l'éruption du Vésuve, où Pline le Jeune et sa mère
l'accompagnent. Pline le Jeune ne peut donc souhaiter meilleur
maître.
l’unanimité.
Le
premier mariage connu de Pline est avec une épouse au nom inconnu.
La belle-mère de Pline se nomme Pompeia Celerina, une noble fort
riche qui se remarie en l’an 97 avec Quintus Bittius Proculus.
Cette
première épouse décède peu après Domitien, fin 96 ou début 97.
Concernant
son 2e mariage connu, il épouse une Calpurnia, petite-fille d'un
notable de Côme au nom de Fabatus. Ce mariage date des environs de
104. Cette dernière fait une fausse couche en 107 ou 108.
Pline
n'a pas d'enfants de ses mariages
Fin
août 79, Pline le Jeune est un témoin direct de l'éruption du
Vésuve, qu'il décrit près de 30 ans plus tard à Tacite dans 2
lettres.
Pline
l'Ancien décède lors de cette catastrophe en menant les tentatives
d'évacuation par la mer des populations de la baie de Naples
menacées par l'éruption.
Partant
à bord d'un rapide navire d'abord par curiosité scientifique face à
cette démonstration de la nature, il tente ensuite de secourir les
populations et décède a priori d'asphyxie.
LORS DE L'ERRUPTION DU VÉSUVE |
Pline
le Jeune donne l'image idéale d'un sage et d'un stoïcien, rendant
hommage à son oncle. La peur est guidée par la raison, et Pline
l'Ancien obéit au sens du devoir et à la solidarité humaine
jusqu'à la mort.
Comme
Pline l'Ancien a adopté son neveu dans son testament, Pline le Jeune
prend le nom de Caius Plinius Caecilius Secundus, et hérite des
biens et de la clientèle de son défunt oncle, ainsi qu'un accès
aux cercles familiaux et dirigeants de l'Empire.
De
plus, son père naturel, avant de mourir, l'a recommandé à Lucius
Verginius Rufus, alors double consul de 65 ans, qui a refusé de
prendre la pourpre offerte par ses soldats par 2 fois pendant l'année
des 4 empereurs.
Ce
dernier est un soutien infaillible pendant la carrière de Pline le
Jeune, jusqu'à ce qu'il meure en 97, pendant son troisième
consulat.
Il
a aussi pour soutiens les consulaires Quintus Corellius Rufus,
Titus
Avidius Quietus,
Titus
Vestricius Spurinna et Frontin.
Les
postes que Pline le Jeune a occupés pendant son cursus honorum sont
parfois controversés, leur connaissance est principalement basée
sur ses propres lettres et sur une inscription dans sa ville natale
de Côme.
Sous
Titus, vers 80, Pline apparaît déjà comme un orateur à la Curie
plaidant devant les Cent Juges.
En
93, l’activité de Pline lui vaut de se mettre en danger auprès de
l’autoritaire empereur Domitien. Ainsi il est chargé par le Sénat,
principale force d’opposition à l’empereur, de soutenir les
intérêts de la Bétique contre un des amis de Domitien, Baebius
Massa.
Cette
même année, il vient en aide au philosophe Artémidore de Daldis au
moment où l’empereur expulse les philosophes de Rome.
Il échappe de peu au sort réservé alors à nombre de ses amis proches : Comme eux, la mort si Domitien n’avait été assassiné. De fait, son nom figure dans une lettre de dénonciation que Mattius Casus, un délateur, adresse à l’empereur...
Après la mort du tyran, Pline devient gérant de la trésorerie sénatoriale en 97/98 et continue son activité d’avocat. Sans doute, devient-il aussi proche de l’empereur Trajan au moment de l’arrivée au pouvoir de celui-ci. [...]
Il devient ainsi, dès la mort de Domitien et pendant les règnes de Nerva et Trajan, l’un des idéologues et partisans les plus actifs du pouvoir impérial.
Il échappe de peu au sort réservé alors à nombre de ses amis proches : Comme eux, la mort si Domitien n’avait été assassiné. De fait, son nom figure dans une lettre de dénonciation que Mattius Casus, un délateur, adresse à l’empereur...
Après la mort du tyran, Pline devient gérant de la trésorerie sénatoriale en 97/98 et continue son activité d’avocat. Sans doute, devient-il aussi proche de l’empereur Trajan au moment de l’arrivée au pouvoir de celui-ci. [...]
Il devient ainsi, dès la mort de Domitien et pendant les règnes de Nerva et Trajan, l’un des idéologues et partisans les plus actifs du pouvoir impérial.
Entre
104 et 107, il est responsable, comme curator alvei Tiberis et
riparum et cloacarum urbis, de la supervision des égouts de Rome et
du lit et niveau d'eau du Tibre.
Il
participe aussi à la construction de la « cloaca maxima »
en tant qu'architecte.
PLINE RECEVANT UN MESSAGER. |
Enfin,
entre 111 et 113, l'empereur lui donne des pouvoirs spéciaux et lui
confie la province de Bithynie et Pont avec le titre de « legatus
pro praetore provinciae Ponti et Bithyniae consulari potestate ».
Il est l’équivalent d'un légat extraordinaire de l’empereur,
doté de surcroît du titre officiel de proconsul investi, par une
faveur spéciale, de la puissance consulaire, consulari potestate.
L'importance
et la diversité de ses fonctions sous 3 empereurs montrent que la
proximité de son oncle avec les Flaviens lui ont permis de mener
carrière sous Domitien, et qu'il est ensuite apprécié tant par
Nerva que par Trajan, et particulièrement par ce dernier.
Il
est vraisemblablement mort dans la province de Bithynie-Pont à la
fin de son mandat, étant malade entre fin 113, date de sa dernière
lettre, et 115...
La
Correspondance de Pline marque l’avènement d’une prose
épistolaire artistique, où l’utilitarisme civique de l’échange
familier cède le pas à l’urbanité de la personne littéraire.
À
en croire l’épistolier, ce raffinement vise à compenser l’absence
de matière. Il met en cause le déclin de la République, laquelle
fournit naguère à Cicéron de nombreuses occasions pour écrire.
Certes,
ses lettres sont adressées pour la plupart à des proches et
l’épistolier admet volontiers que « écrire pour un ami
n’est pas écrire pour le public ». Mais son œuvre est le
théâtre d’une mise en scène rhétorique dans laquelle les
destinataires ne font que figurer nominalement.
Ils
constituent autant de prétextes à l’exercice de style et à
l’expression égotiste.
Si
les lettres écrites à cœur ouvert sont celles dont on garde le
meilleur souvenir, le style « rapide et correct » du mode
épistolaire n’exclut pas pour autant l’ornement, et l’ancien
élève de Quintilien se souvient des leçons de son maître
lorsqu’il préconise, plutôt qu’un atticisme d’une simplicité
outrée, une éloquence pleine, « serrée et drue, mais en même
temps abondante […] divine et céleste ».
Selon
certains auteurs, les lettres de Pline ne sont que de petits poèmes
en prose, de pure facticité, dont le correspondant n'est qu'un
dédicataire fictif : elles se suffisent à elles-mêmes. Il
manque en effet une certaine spontanéité, en sorte que l'on peut y
voir des œuvres artistiques ou savantes destinées à la lecture
publique.
Elles
ont été classées ainsi : Compliments, éloges, portraits,
descriptions (villes, sites divers), récits documentaires ou
historiques, dissertations morales ou littéraires.
Les
éléments mis en avant pour parler de fiction littéraire sont
qu'elles ne sont pas datées, qu'il y a presque autant de
correspondants que de lettres, que presque chacune traite un seul
sujet, que peu appellent de réponse et qu'il n'y a quasiment aucune
trace de correspondance suivie.
LE SUPPLICE DES CHRÉTIENS |
D'autres
critiques considèrent qu'il n'y a pas lieu de remettre en question
la réalité de la correspondance. En effet, la présence ou
l'absence d'une date ne préjuge en rien de l'authenticité des
lettres, seules les lettres adressées à Trajan n'ont pas été
datées, Pline préfère ne traiter qu'un seul sujet à chaque fois,
le fait que les réponses ne soient pas publiées ne veut pas dire
qu'il n'y en ait pas eu, ce peut être un choix de l'éditeur de
Pline, peu importe qu'il n'y ait pas de correspondance suivie, Pline
a choisi de ne publier qu'une anthologie, une partie de sa
correspondance, et il peut en effet s'agir de morceaux choisis, Pline
a pu sélectionner un extrait de lettres, digne de publication, au
sein d'une même lettre de plusieurs feuillets.
Le
livre X est consacré à sa correspondance en tant que gouverneur de
Bithynie et Pont avec l’empereur Trajan, auquel il demande des
conseils sur les petits et les grands problèmes qu’il rencontre
dans le gouvernement de sa province... C’est un monument
administratif d’un intérêt particulier.
122
lettres sont rassemblées avec, parfois, la réponse impériale.
Toutes les réponses ne paraissent pas de la main même de
l’empereur, c’est le plus souvent la chancellerie impériale qui
paraît répondre.
L'empereur
emploie un ton plutôt neutre où il informe Pline de son choix. On
remarque dans cette correspondance que Pline prend le parti de
consulter l'empereur à de nombreuses reprises sur des sujets plus ou
moins sensibles, qui ne requièrent pas toujours un avis extérieur,
soit par manque d'initiative de sa part soit par souci d'exemplarité
de sa gestion lors de la future publication de sa correspondance,
Pline décide de systématiquement se référer au choix de
l'empereur.
Trajan,
attaché à son gouverneur de province, lui adresse les réponses
souhaitées bien que parfois il demande à Pline de prendre
l'initiative sur des questions qui lui semblent relever entièrement
de la fonction administrative en Bithynie.
La
lettre 96 (par rapport à l'année où elle a été écrite) concerne
les chrétiens, contre lesquels Pline a reçu des dénonciations et à
l'égard desquels il ne sait trop quelle attitude adopter (il les
avait sous-estimés).
Il
explique à Trajan qu’il a fait appliquer la question à des
esclaves, comme cela est la coutume, afin de connaître la vérité
sur leur pratique religieuse et que si les personnes qu’il
interroge persistent à se dire chrétiennes , il les fait mettre à
mort.
Il
demande à l’empereur s’il doit punir les chrétiens au seul
motif qu’ils le soient. L'empereur, dans sa réponse, « considère
qu'ils ne doivent pas être poursuivis mais qu'il faut les punir
s'ils ont été dénoncés de manière non anonyme et si, convaincus
de christianisme, ils se refusent à sacrifier au génie de
l’empereur ».
Ces
dispositions, en 96, confirmées par Hadrien et Antonin le Pieux,
manquent de clarté. Tertullien souligne, dans son Apologie,
l’ambiguïté de la réponse de Trajan.
Il
est généralement admis d’après la chronologie qui concerne Pline
et qui découle en particulier du livre X que l’auteur de ces
Épîtres a été envoyé dans le courant de l’année 111 dans les
provinces Orientales de l’Empire, provinces quelque peu frondeuses
de Pont et de Bithynie, qui se situent dans le Nord de l’Asie
Mineure actuelle.
La
mission exceptionnelle de Pline ne fait pas de doute selon M. DURRY
(Pline le J., Lettres…, Inst (...)
Rencontres
de l’histoire et de la littérature romaines, Paris, 1963, 219-221.
Opere…
1368, n.8
C.
I. L., III, 777, 1009.
Sur
la quest. on renverra prudemment aux savants computs de MOMMSEN et
d’O. CUNTZ, Zum Briefwechsel (...)
Le
consulaire y es expédié comme gouverneur avec en plus, très
probablement, une mission implicite à accomplir, celle de
« correcteur » des cités qui dépendent naturellement de
sa juridiction. Les termes employés dans la réponse impériale de
la lettre X ne laisse planer aucun doute à ce sujet : « (
Les habitants de ta province comprendront, je crois, que j’ai eu
pour eux une attention (…) car de ton côté tu feras en sorte
qu’ils ne pourront douter que j’aie choisi en toi l’homme le
plus digne de me remplacer auprès d’eux. Les finances des communes
doivent être ta première préoccupation car il est évident
qu’elles ont été malmenées (uexatae) ».
Enfin,
à l’issue de sa mission, vers la fin de l’année ou plutôt vers
l’automne 113, rien ne permet en revanche d’affirmer, comme le
fait avec beaucoup d’imagination J. Carcopino, un retour probable
de Pline à Rome pour l’apothéose de Trajan.
En
112, il exerce encore ses fonctions selon Trisoglio.
En
114, la grande inscription de Côme qui relate la titulature de
Trajan ne comporte pas encore l’agnomen Optimus.
Les
dernières lettres du livre X remontent à janvier 113. Il va de soi
que les missions ordinaires de Pline ont d’abord consisté à
représenter l’État Romain et à défendre sur place les intérêts
de l’empereur, le gouverneur étant un administrateur provincial de
droit commun (section I). Toutefois, on doit aussitôt préciser que
cet agent Romain agit subsidiairement en vertu du droit local et dans
l’intérêt des provinciaux. Il le fait soit à la demande des
autorités civiles déconcentrées (villes et président de la boulê)
soit sur rappel ou injonction du prince, en ce sens on peut dire que
l’autorité du gouverneur apparaît comme naturellement
décentralisée (section II)
Avec
l’extraordinaire développement des cités d’Asie Mineure depuis
le début du Ier siècle de notre ère nous assistons à la montée
d’un double phénomène. Le premier concerne l’épanouissement du
mouvement municipal dans l’Orient Hellénisé, ce qui nous autorise
à parler d’une certaine autonomie en Pont-Bithynie, le second
volet cherche plutôt à mettre en lumière l’existence d’un
véritable système de contrôle des décisions locales ou des
prérogatives des cités, ce qui implique que soit opéré une mise
en place d’une sorte de tutelle des collectivités locales sous la
houlette bienveillante du gouverneur.
Le
Temps à soi. Lettres choisies et traduites du latin par Daniel
Stissi. Arléa. 208 pages. (le livre est aussi disponible en format
poche).
« Les
historiens ont trouvé une mine pour leur documentation sur le siècle
de Trajan, les critiques et les écrivains les ont quelque peu
boudés. Montaigne, qui apprécie le talent de narrateur de Pline,
qualifie sa philosophie d'
«
ostentatrice et parlière ». Les modernes lui reprochent de ne pas
être Tacite. Attentes déçues, mais sont-elles fondées ? »
(Daniel Stissi, introduction, pages 7-8).
Il ne reste quasiment rien de l’œuvre de Pline le Jeune, à part ses lettres.
« Plus aucune trace de ses poèmes, sinon quelques citations de ses hendécasyllabes.
Il ne reste quasiment rien de l’œuvre de Pline le Jeune, à part ses lettres.
« Plus aucune trace de ses poèmes, sinon quelques citations de ses hendécasyllabes.
Plus
rien non plus de ses discours, si ce n'est le fameux Panégyrique de
Trajan, prononcé en l'honneur de l'empereur lors de l'accession de
Pline au consulat, en l'an 100, puis remanié, voire récrit par son
auteur.
Le
style obscur et pompeux de ce discours d'apparat ne nous donne pas
une image fidèle de l'extraordinaire orateur qu'est Pline, capable
de passionner 7 heures durant la foule venue se masser au tribunal
pour l'applaudir.
Mais
les 247 lettres ont survécu, réparties en 9 livres, que Pline a
écrites de 97 à 104, adressées, et sans doute envoyées, à de
très nombreux destinataires [...] » (page 8).
Cependant :
« Les Lettres que publie cet homme de la caste sénatoriale, ami de Trajan, sont des lettres d'art. « Écrites avec soin », elles sont destinées à faire le tour de la société littéraire... Aucune spontanéité.
Cependant :
« Les Lettres que publie cet homme de la caste sénatoriale, ami de Trajan, sont des lettres d'art. « Écrites avec soin », elles sont destinées à faire le tour de la société littéraire... Aucune spontanéité.
MAQUETTE DE SA MAISON A CÔME |
La
correspondance de Pline n'est que littérature, même si elle a
réellement été échangée avec les personnages importants de
l'époque et avec ses familiers. [...]
Il sait camper des personnages, rendre une atmosphère, des sentiments : l'admiration et l'inquiétude pour son oncle, la douceur pour sa mère qu'il prend par la main pour la sauver, lors de l'éruption du Vésuve, l'amour pour sa femme Calpurnia. » (pages 11-12).
Il sait camper des personnages, rendre une atmosphère, des sentiments : l'admiration et l'inquiétude pour son oncle, la douceur pour sa mère qu'il prend par la main pour la sauver, lors de l'éruption du Vésuve, l'amour pour sa femme Calpurnia. » (pages 11-12).
« Humaniste
avant tout, il est imprégné de culture grecque. Les Romains de
cette époque parlent grec, pensent grec. La philosophie stoïcienne
met le sujet pensant au centre de ses préoccupations et parle
d'identité humaine. Pline considère ses esclaves comme des hommes,
à l'instar de Sénèque 50 ans plus tôt. » (page 12). Même
s'il ne remet pas en cause l'esclavage, bien sûr.
Le
livre présente un florilège de ces lettres organisé par thèmes :
« Dominer
le temps », « Les Lettres et les Arts »,
« Sagesse », « Ces êtres familiers »,
« Terroir », « Les Ombres et les songes »,
« Morale et politique ».
On
trouvera les livres 1 à 5 (format pdf) dans la traduction de
C.Sicard
Dans
la première partie, Dominer le temps, Pline le Jeune s'interroge sur
le temps qui file, les occupations futiles : Mieux vaut quitter Rome
pour travailler en paix.
« Façonne,
cisèle une œuvre qui soit à jamais la tienne ! Les biens qui te
survivront changeront de maîtres au gré du sort, mais celui-ci, dès
qu'il sera à toi, personne ne pourra te l'enlever. » (Lettre à
Caninius Rufus, I,3, page 36).
Les
jeux du cirque ne l'intéressent absolument pas : « […]
jamais rien de nouveau, de différent : Quand on en a vu un, on les a
tous vus ! Cela m'étonne que tant de milliers d'hommes se
passionnent toujours autant, comme des gamins, pour des chevaux qui
galopent ou des cochers juchés sur des chars. Si encore ils
s'intéressaient à la vitesse des chevaux ou à la technique des
cochers, on comprendrait, mais ce sont les tenues qu'ils
applaudissent, les tenues qu'ils aiment [...] Quand je pense que
c'est pour ce spectacle vide de sens, fade, monotone, qu'ils sont
collés à leur siège et en redemandent, j'éprouve un certain
plaisir à ne pas éprouver celui-là. » (Lettre à Calvisus,
IX page 31). (aujourd'hui même nos dirigeants
se passionnent pour le « foot » et gare s'il ne s'y
présentent pas, les médias ne leur pardonnerons pas et en ferrons
des gorges chaudes.)
Le
travail, le travail... Lorsque Pline part à la chasse aux sangliers.
Eh bien, il emporte avec lui tablettes et stylet, comme il l'explique
dans une Lettre à Tacite (I, 6) :
« Je
méditais et prenais des notes dans l'idée de rapporter au moins ces
tablettes pleines, si je devais revenir les mains vides ! Ne dédaigne
pas cette façon de travailler : Tu aurais tort. C'est inouï de voir
à quel point la promenade et les mouvements du corps éveillent
l'esprit. Et puis les forêts et la solitude qui vous enveloppent, ce
merveilleux silence même qu'exige la chasse sont de parfaits
aiguillons pour la pensée ! Ainsi, crois-moi, quand tu iras chasser,
emporte bien sûr ta panetière et ta gourde, mais surtout n'oublie
pas tes tablettes ! Tu verras que Minerve n'erre pas moins que Diane
dans les montagnes ! » (page 37) (lettre à Fuscus, IX, 36).
Bien
sûr, comme tout le monde (cf Okakura, Le livre du thé : « Mais
quand donc le monde ne fut-il point décadent ? »,Tanizaki,
Eloge de l'Ombre : « L'homme qui avance en âge semble toujours
enclin à croire que jadis, à tous égards, était préférable à
naguère », etc.), il pense que tout se dégrade, que c'était
mieux avant : « Ah, quand je pense aux temps de nos pères ! »
(page 40).
Alors,
à cette époque, il y a des auditeurs qui se pressent en nombre aux
lectures publiques ! L'empereur Claude lui-même a assisté à
l'improviste à une lecture publique de Nonianus, intrigué par des
acclamations...
Tout fiche le camp, mon bon Monsieur...
Tout fiche le camp, mon bon Monsieur...
Pline
dit toujours beaucoup de bien de ses amis. De plus, il incite à la
tolérance : « Le meilleur et le plus parfait des hommes
est justement, pour moi, celui qui pardonne aux autres comme s'ils
commettaient des fautes chaque jour, et se garde d'en commettre comme
s'il ne pardonnait à personne. [...] Rappelons-nous toujours ce
qu'un homme comme Thraséa, si bon qu'il en était exceptionnel,
avait l'habitude de répéter : « Qui déteste les vices déteste
les hommes. » » (lettre à Géminus, VIII, 22, page 95-96)
Il
y a des lettres qui commencent sur un thème plus personnel, et qui
débouchent sur une réflexion. Par exemple, Pline demande à Bébius
Hispanus (I, 24) de vendre à prix correct à Suétone un petit
domaine qu'il cherche à vendre.
« Or, à ce petit domaine, si du moins le prix lui sourit, mon cher Suétone trouve bien des charmes : La proximité de la ville, la commodité de la route, les dimensions modestes de la villa, l'étendue moyenne des terres qui invitent à se distraire plutôt qu'à s'occuper. Pour des intellectuels comme lui, c'est bien suffisant d'avoir juste assez de terrain pour se délasser l'esprit, reposer ses yeux, en faire le tour en flânant, prendre toujours le même chemin, connaître chaque pied de vigne et compter ses arbres. » (pages 113-114).
« Or, à ce petit domaine, si du moins le prix lui sourit, mon cher Suétone trouve bien des charmes : La proximité de la ville, la commodité de la route, les dimensions modestes de la villa, l'étendue moyenne des terres qui invitent à se distraire plutôt qu'à s'occuper. Pour des intellectuels comme lui, c'est bien suffisant d'avoir juste assez de terrain pour se délasser l'esprit, reposer ses yeux, en faire le tour en flânant, prendre toujours le même chemin, connaître chaque pied de vigne et compter ses arbres. » (pages 113-114).
Puis
viennent deux lettres très fameuses adressées à Tacite, celles où
il relate l'éruption du Vésuve, au cours de laquelle son oncle,
Pline l'Ancien, a trouvé la mort. Tout d'abord, la lettre VI, 16
:
« Tu me demandes de te raconter comment mon oncle a disparu pour pouvoir le dire avec plus d'exactitude à la postérité : Je t'en remercie. Je vois bien que sa mort est promise à une gloire éternelle si c'est toi qui la célèbres ! [...]
Il était à Misène. Il commandait la flotte en personne. Le 24 août, au début de l'après-midi, ma mère attira son attention sur un nuage à la grandeur et à l'aspect insolites. Il venait de s'exposer au soleil, de prendre un bain froid et, après un repas léger, il était allongé et il travaillait.[..]
Un nuage se formait (de loin, on avait du mal à discerner de quelle montagne il s'élevait mais on sut par la suite que c'était du Vésuve), son apparence et sa forme faisaient penser à un pin : D'abord la longue ligne d'un tronc, ensuite un déploiement de branches. [...]
En savant qu'il était, mon oncle se dit qu'il fallait examiner le phénomène de plus près. [...]" (page 127).
« Tu me demandes de te raconter comment mon oncle a disparu pour pouvoir le dire avec plus d'exactitude à la postérité : Je t'en remercie. Je vois bien que sa mort est promise à une gloire éternelle si c'est toi qui la célèbres ! [...]
Il était à Misène. Il commandait la flotte en personne. Le 24 août, au début de l'après-midi, ma mère attira son attention sur un nuage à la grandeur et à l'aspect insolites. Il venait de s'exposer au soleil, de prendre un bain froid et, après un repas léger, il était allongé et il travaillait.[..]
Un nuage se formait (de loin, on avait du mal à discerner de quelle montagne il s'élevait mais on sut par la suite que c'était du Vésuve), son apparence et sa forme faisaient penser à un pin : D'abord la longue ligne d'un tronc, ensuite un déploiement de branches. [...]
En savant qu'il était, mon oncle se dit qu'il fallait examiner le phénomène de plus près. [...]" (page 127).
« Il se hâte vers la zone que tout le monde fuyait, toujours tout droit, cap sur le danger, sans aucune crainte, au point qu'il fit noter sous sa dictée, ou nota lui-même, tous les développements, toutes les formes que prend le sinistre au fur et à mesure qu'il les découvre.
Déjà, la cendre tombait sur les bateaux, plus chaude et plus dense à mesure qu'ils avançaient, avec des pierres ponces et des cailloux noirs, brûlés, effrités par le feu, déjà, il y avait des bas-fonds, et des déjections rocheuses empêchaient d'atteindre le rivage. Il eut un moment d'hésitation. Revenir en arrière ? Son timonier le lui conseillait mais mon oncle lui dit : « La fortune sourit aux audacieux ! [...] » » (pages 127-128).
Dans
la deuxième lettre (20, VI), Pline le Jeune raconte ce qui lui est
arrivé à lui ainsi qu'à sa mère.
« Nous avions de plus sous les yeux la mer qui se retirait, comme repoussée par le tremblement de terre. » (page 132).
Faut-il attendre l'oncle ?
« Alors l'ami d'Espagne dont je viens de parler nous dit avec encore plus d'insistance, de virulence : « Si votre frère et oncle est encore en vie, il veut que vous soyez sains et saufs, s'il est mort, il aurait voulu que vous viviez après lui. Alors pourquoi tarder à fuir ? » » (page 133)
La mère de Pline le Jeune dit de ne pas s'attarder avec elle, vieille et grosse, et de fuir rapidement. « [...] elle mourrait en paix si elle ne causait pas ma mort en même temps. Je lui pris la main et la forçai à allonger le pas. Mais elle peinait et se reprochait sans cesse de me retarder. » (page 134).
Un brouillard épais arrive : Pline décide de quitter le chemin pour éviter de se faire piétiner par la foule lorsqu'il ne sera plus possible de rien voir.
On est en plein jour, mais c'est maintenant l'obscurité. Cris, pleurs, hurlements. La cendre tombe, drue, lourde. « Nous nous levions de temps en temps pour la secouer, sinon elle nous aurait recouverts et étouffés de son poids. Je pourrais me vanter de ne pas avoir crié ni gémi dans un tel danger si je n'avais trouvé une consolation immense et pitoyable à ma condition de mortel en pensant que je disparaissais avec le monde entier et le monde entier avec moi. » (page 135).
« Nous avions de plus sous les yeux la mer qui se retirait, comme repoussée par le tremblement de terre. » (page 132).
Faut-il attendre l'oncle ?
« Alors l'ami d'Espagne dont je viens de parler nous dit avec encore plus d'insistance, de virulence : « Si votre frère et oncle est encore en vie, il veut que vous soyez sains et saufs, s'il est mort, il aurait voulu que vous viviez après lui. Alors pourquoi tarder à fuir ? » » (page 133)
La mère de Pline le Jeune dit de ne pas s'attarder avec elle, vieille et grosse, et de fuir rapidement. « [...] elle mourrait en paix si elle ne causait pas ma mort en même temps. Je lui pris la main et la forçai à allonger le pas. Mais elle peinait et se reprochait sans cesse de me retarder. » (page 134).
Un brouillard épais arrive : Pline décide de quitter le chemin pour éviter de se faire piétiner par la foule lorsqu'il ne sera plus possible de rien voir.
On est en plein jour, mais c'est maintenant l'obscurité. Cris, pleurs, hurlements. La cendre tombe, drue, lourde. « Nous nous levions de temps en temps pour la secouer, sinon elle nous aurait recouverts et étouffés de son poids. Je pourrais me vanter de ne pas avoir crié ni gémi dans un tel danger si je n'avais trouvé une consolation immense et pitoyable à ma condition de mortel en pensant que je disparaissais avec le monde entier et le monde entier avec moi. » (page 135).
On
pourra lire la totalité de ses lettres (la seizième et la vingtième
du livre VI) dans la traduction de C. Sicard.
LE VÉSUVE. |
Une
autre lettre fameuse, adressée à Trajan et dont on a la réponse,
qui figure d'ailleurs dans le recueil, concerne le traitement à
réserver aux chrétiens (X, 96).
"Je me demande vraiment [...] s'il faut pardonner à ceux qui se sont repentis ou si un chrétien ne gagne rien à se dédire quand il l'a vraiment été, si le simple nom de chrétien doit être puni, même en l'absence de crime, ou s'il faut punir les crimes qu'implique ce nom.
En attendant, voici l'attitude que j'ai adoptée envers ceux qui m'étaient déférés comme chrétiens. Je leur demandais, à eux-mêmes, s'ils l'étaient. Quand ils l'avouaient, je leur posais la question une deuxième et une troisième fois en les menaçant du supplice. S'ils persistaient, je les faisais exécuter. » (pages 197-198).
"Je me demande vraiment [...] s'il faut pardonner à ceux qui se sont repentis ou si un chrétien ne gagne rien à se dédire quand il l'a vraiment été, si le simple nom de chrétien doit être puni, même en l'absence de crime, ou s'il faut punir les crimes qu'implique ce nom.
En attendant, voici l'attitude que j'ai adoptée envers ceux qui m'étaient déférés comme chrétiens. Je leur demandais, à eux-mêmes, s'ils l'étaient. Quand ils l'avouaient, je leur posais la question une deuxième et une troisième fois en les menaçant du supplice. S'ils persistaient, je les faisais exécuter. » (pages 197-198).
Pline
le Jeune, le juriste témoin de son temps, d ... - OpenEdition Books
books.openedition.org/puam/767?lang=fr
Enfin,
à l'issue de sa mission, vers la fin de l'année ou plutôt vers
l'automne 113, rien ne permet en revanche d'affirmer, comme le fait
avec beaucoup ...
Pline
le Jeune — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pline_le_Jeune
Statue
de Pline le Jeune sur la façade de la cathédrale de Santa Maria
Maggiore à Côme en ..... Enfin, entre 111 et 113, l'empereur lui
donne des pouvoirs spéciaux et lui confie la province de Bithynie et
Pont avec le titre ... Il est en effet de tradition de remercier le
princeps l'année où l'on est nommé consul depuis Auguste.
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