vendredi 10 mars 2017

EN REMONTANT LE TEMPS... 113

9 JANVIER 2017...

Cette page concerne l'année 113 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA VIE ET L’ŒUVRE DE PLINE LE JEUNE.



PLINE LE JEUNE DANS SA VILLE NATALE
À l'instar de son oncle, le naturaliste Pline l'Ancien, il est resté célèbre principalement en raison de son travail littéraire ayant partiellement survécu, notamment sa fameuse correspondance.
Les Lettres de Pline sont un témoignage unique et important de la vie et de la pensée dans les cercles dirigeants de Rome sous les principats de Nerva et Trajan.
S'ajoutent à cela certaines lettres décrivant des procès, donnant des informations sur certains personnages contemporains, ou encore celles décrivant l'éruption du Vésuve.

De plus, ses échanges avec l'empereur pendant sa légation en Pont-Bithynie sont une source historique de première main concernant les aspects de l'administration provinciale Romaine.
Il est né entre le 25 août 61 et le 24 août 62 à Novum Comum en Cisalpine, dans le nord de l'Italie aux bords des Alpes (aujourd'hui Côme). Les Cisalpins sont les derniers Italiens à recevoir la citoyenneté Romaine, et ce en l'an 49 av. J.-C. par décision de Jules César. Il vivra sous les règnes de 6 empereurs successifs : Néron,Vespasien, Titus, Domitien, Nerva et Trajan.
À sa naissance, il porte le nom de Caius Caecilius (Cilo ?), son père étant Lucius Caecilius (Cilo ?). C'est un chevalier qui occupe diverses fonctions administratives et religieuses à Côme, notamment quattuorvir iure dicundo, c'est-à-dire un des 4 magistrats de la cité, et pontifex, prêtre de la cité. Sa mère, Plinia Marcella, est la sœur de Pline l'Ancien.
Il appartient à une famille équestre qui détient une série de domaines et de villas autour du lac de Côme (Lacus Larius). Il a peut-être une sœur, Caecilia, qui serait morte jeune.

Après la mort prématurée de son père, Pline l'Ancien, son oncle maternel, est son mentor. Pline l'Ancien, en effet, est venu jeune à Rome et se trouve en contact avec les grandes familles de la ville. Il se consacre à l'étude de la philosophie stoïcienne, entre autres, et fait de fréquentes visites au jardin botanique d'un médecin Grec, ce qui développe chez lui un intérêt durable pour les questions d'histoire naturelle.

Après 52, il poursuit des études approfondies et systématiques, écrivant plusieurs ouvrages, somme des connaissances de son temps, regroupés en 37 livres sous le titre Histoire Naturelle.

En parallèle, Pline l'Ancien mène une carrière politique bien remplie, étant conseiller personnel de l'empereur Vespasien et occupant divers postes importants dans l'administration provinciale au début des années 70.
Devenant préfet de la flotte impériale de la Méditerranée Occidentale en 77. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il stationne à Misène en 79, lors de l'éruption du Vésuve, où Pline le Jeune et sa mère l'accompagnent. Pline le Jeune ne peut donc souhaiter meilleur maître.
l’unanimité.
Le premier mariage connu de Pline est avec une épouse au nom inconnu. La belle-mère de Pline se nomme Pompeia Celerina, une noble fort riche qui se remarie en l’an 97 avec Quintus Bittius Proculus.
Cette première épouse décède peu après Domitien, fin 96 ou début 97.

Concernant son 2e mariage connu, il épouse une Calpurnia, petite-fille d'un notable de Côme au nom de Fabatus. Ce mariage date des environs de 104. Cette dernière fait une fausse couche en 107 ou 108.
Pline n'a pas d'enfants de ses mariages

Fin août 79, Pline le Jeune est un témoin direct de l'éruption du Vésuve, qu'il décrit près de 30 ans plus tard à Tacite dans 2 lettres.
Pline l'Ancien décède lors de cette catastrophe en menant les tentatives d'évacuation par la mer des populations de la baie de Naples menacées par l'éruption.
Partant à bord d'un rapide navire d'abord par curiosité scientifique face à cette démonstration de la nature, il tente ensuite de secourir les populations et décède a priori d'asphyxie.

LORS DE L'ERRUPTION DU VÉSUVE
Pline le Jeune donne l'image idéale d'un sage et d'un stoïcien, rendant hommage à son oncle. La peur est guidée par la raison, et Pline l'Ancien obéit au sens du devoir et à la solidarité humaine jusqu'à la mort.

Comme Pline l'Ancien a adopté son neveu dans son testament, Pline le Jeune prend le nom de Caius Plinius Caecilius Secundus, et hérite des biens et de la clientèle de son défunt oncle, ainsi qu'un accès aux cercles familiaux et dirigeants de l'Empire.
De plus, son père naturel, avant de mourir, l'a recommandé à Lucius Verginius Rufus, alors double consul de 65 ans, qui a refusé de prendre la pourpre offerte par ses soldats par 2 fois pendant l'année des 4 empereurs.
Ce dernier est un soutien infaillible pendant la carrière de Pline le Jeune, jusqu'à ce qu'il meure en 97, pendant son troisième consulat.
Il a aussi pour soutiens les consulaires Quintus Corellius Rufus,
Titus Avidius Quietus,
Titus Vestricius Spurinna et Frontin.
Les postes que Pline le Jeune a occupés pendant son cursus honorum sont parfois controversés, leur connaissance est principalement basée sur ses propres lettres et sur une inscription dans sa ville natale de Côme.
Sous Titus, vers 80, Pline apparaît déjà comme un orateur à la Curie plaidant devant les Cent Juges.

En 93, l’activité de Pline lui vaut de se mettre en danger auprès de l’autoritaire empereur Domitien. Ainsi il est chargé par le Sénat, principale force d’opposition à l’empereur, de soutenir les intérêts de la Bétique contre un des amis de Domitien, Baebius Massa.
Cette même année, il vient en aide au philosophe Artémidore de Daldis au moment où l’empereur expulse les philosophes de Rome.
Il échappe de peu au sort réservé alors à nombre de ses amis proches : Comme eux, la mort si Domitien n’avait été assassiné. De fait, son nom figure dans une lettre de dénonciation que Mattius Casus, un délateur, adresse à l’empereur...

Après la mort du tyran, Pline devient gérant de la trésorerie sénatoriale en 97/98 et continue son activité d’avocat. Sans doute, devient-il aussi proche de l’empereur Trajan au moment de l’arrivée au pouvoir de celui-ci. [...]

Il devient ainsi, dès la mort de Domitien et pendant les règnes de Nerva et Trajan, l’un des idéologues et partisans les plus actifs du pouvoir impérial.

Entre 104 et 107, il est responsable, comme curator alvei Tiberis et riparum et cloacarum urbis, de la supervision des égouts de Rome et du lit et niveau d'eau du Tibre.
Il participe aussi à la construction de la « cloaca maxima » en tant qu'architecte.

PLINE RECEVANT UN MESSAGER.
Enfin, entre 111 et 113, l'empereur lui donne des pouvoirs spéciaux et lui confie la province de Bithynie et Pont avec le titre de « legatus pro praetore provinciae Ponti et Bithyniae consulari potestate ». Il est l’équivalent d'un légat extraordinaire de l’empereur, doté de surcroît du titre officiel de proconsul investi, par une faveur spéciale, de la puissance consulaire, consulari potestate.

L'importance et la diversité de ses fonctions sous 3 empereurs montrent que la proximité de son oncle avec les Flaviens lui ont permis de mener carrière sous Domitien, et qu'il est ensuite apprécié tant par Nerva que par Trajan, et particulièrement par ce dernier.

Il est vraisemblablement mort dans la province de Bithynie-Pont à la fin de son mandat, étant malade entre fin 113, date de sa dernière lettre, et 115...

La Correspondance de Pline marque l’avènement d’une prose épistolaire artistique, où l’utilitarisme civique de l’échange familier cède le pas à l’urbanité de la personne littéraire.
À en croire l’épistolier, ce raffinement vise à compenser l’absence de matière. Il met en cause le déclin de la République, laquelle fournit naguère à Cicéron de nombreuses occasions pour écrire.

Certes, ses lettres sont adressées pour la plupart à des proches et l’épistolier admet volontiers que « écrire pour un ami n’est pas écrire pour le public ». Mais son œuvre est le théâtre d’une mise en scène rhétorique dans laquelle les destinataires ne font que figurer nominalement.
Ils constituent autant de prétextes à l’exercice de style et à l’expression égotiste.
Si les lettres écrites à cœur ouvert sont celles dont on garde le meilleur souvenir, le style « rapide et correct » du mode épistolaire n’exclut pas pour autant l’ornement, et l’ancien élève de Quintilien se souvient des leçons de son maître lorsqu’il préconise, plutôt qu’un atticisme d’une simplicité outrée, une éloquence pleine, « serrée et drue, mais en même temps abondante […] divine et céleste ».

Selon certains auteurs, les lettres de Pline ne sont que de petits poèmes en prose, de pure facticité, dont le correspondant n'est qu'un dédicataire fictif : elles se suffisent à elles-mêmes. Il manque en effet une certaine spontanéité, en sorte que l'on peut y voir des œuvres artistiques ou savantes destinées à la lecture publique.
Elles ont été classées ainsi : Compliments, éloges, portraits, descriptions (villes, sites divers), récits documentaires ou historiques, dissertations morales ou littéraires.
Les éléments mis en avant pour parler de fiction littéraire sont qu'elles ne sont pas datées, qu'il y a presque autant de correspondants que de lettres, que presque chacune traite un seul sujet, que peu appellent de réponse et qu'il n'y a quasiment aucune trace de correspondance suivie.

LE SUPPLICE DES CHRÉTIENS
D'autres critiques considèrent qu'il n'y a pas lieu de remettre en question la réalité de la correspondance. En effet, la présence ou l'absence d'une date ne préjuge en rien de l'authenticité des lettres, seules les lettres adressées à Trajan n'ont pas été datées, Pline préfère ne traiter qu'un seul sujet à chaque fois, le fait que les réponses ne soient pas publiées ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas eu, ce peut être un choix de l'éditeur de Pline, peu importe qu'il n'y ait pas de correspondance suivie, Pline a choisi de ne publier qu'une anthologie, une partie de sa correspondance, et il peut en effet s'agir de morceaux choisis, Pline a pu sélectionner un extrait de lettres, digne de publication, au sein d'une même lettre de plusieurs feuillets.

Le livre X est consacré à sa correspondance en tant que gouverneur de Bithynie et Pont avec l’empereur Trajan, auquel il demande des conseils sur les petits et les grands problèmes qu’il rencontre dans le gouvernement de sa province... C’est un monument administratif d’un intérêt particulier.
122 lettres sont rassemblées avec, parfois, la réponse impériale. Toutes les réponses ne paraissent pas de la main même de l’empereur, c’est le plus souvent la chancellerie impériale qui paraît répondre.

L'empereur emploie un ton plutôt neutre où il informe Pline de son choix. On remarque dans cette correspondance que Pline prend le parti de consulter l'empereur à de nombreuses reprises sur des sujets plus ou moins sensibles, qui ne requièrent pas toujours un avis extérieur, soit par manque d'initiative de sa part soit par souci d'exemplarité de sa gestion lors de la future publication de sa correspondance, Pline décide de systématiquement se référer au choix de l'empereur.
Trajan, attaché à son gouverneur de province, lui adresse les réponses souhaitées bien que parfois il demande à Pline de prendre l'initiative sur des questions qui lui semblent relever entièrement de la fonction administrative en Bithynie.

La lettre 96 (par rapport à l'année où elle a été écrite) concerne les chrétiens, contre lesquels Pline a reçu des dénonciations et à l'égard desquels il ne sait trop quelle attitude adopter (il les avait sous-estimés).
Il explique à Trajan qu’il a fait appliquer la question à des esclaves, comme cela est la coutume, afin de connaître la vérité sur leur pratique religieuse et que si les personnes qu’il interroge persistent à se dire chrétiennes , il les fait mettre à mort.
Il demande à l’empereur s’il doit punir les chrétiens au seul motif qu’ils le soient. L'empereur, dans sa réponse, « considère qu'ils ne doivent pas être poursuivis mais qu'il faut les punir s'ils ont été dénoncés de manière non anonyme et si, convaincus de christianisme, ils se refusent à sacrifier au génie de l’empereur ».
Ces dispositions, en 96, confirmées par Hadrien et Antonin le Pieux, manquent de clarté. Tertullien souligne, dans son Apologie, l’ambiguïté de la réponse de Trajan.
Il est généralement admis d’après la chronologie qui concerne Pline et qui découle en particulier du livre X que l’auteur de ces Épîtres a été envoyé dans le courant de l’année 111 dans les provinces Orientales de l’Empire, provinces quelque peu frondeuses de Pont et de Bithynie, qui se situent dans le Nord de l’Asie Mineure actuelle.
La mission exceptionnelle de Pline ne fait pas de doute selon M. DURRY (Pline le J., Lettres…, Inst (...)
Rencontres de l’histoire et de la littérature romaines, Paris, 1963, 219-221.
Opere… 1368, n.8
C. I. L., III, 777, 1009.
Sur la quest. on renverra prudemment aux savants computs de MOMMSEN et d’O. CUNTZ, Zum Briefwechsel (...)

Le consulaire y es expédié comme gouverneur avec en plus, très probablement, une mission implicite à accomplir, celle de « correcteur » des cités qui dépendent naturellement de sa juridiction. Les termes employés dans la réponse impériale de la lettre X ne laisse planer aucun doute à ce sujet : « ( Les habitants de ta province comprendront, je crois, que j’ai eu pour eux une attention (…) car de ton côté tu feras en sorte qu’ils ne pourront douter que j’aie choisi en toi l’homme le plus digne de me remplacer auprès d’eux. Les finances des communes doivent être ta première préoccupation car il est évident qu’elles ont été malmenées (uexatae) ».
Enfin, à l’issue de sa mission, vers la fin de l’année ou plutôt vers l’automne 113, rien ne permet en revanche d’affirmer, comme le fait avec beaucoup d’imagination J. Carcopino, un retour probable de Pline à Rome pour l’apothéose de Trajan.

En 112, il exerce encore ses fonctions selon Trisoglio.
En 114, la grande inscription de Côme qui relate la titulature de Trajan ne comporte pas encore l’agnomen Optimus.

Les dernières lettres du livre X remontent à janvier 113. Il va de soi que les missions ordinaires de Pline ont d’abord consisté à représenter l’État Romain et à défendre sur place les intérêts de l’empereur, le gouverneur étant un administrateur provincial de droit commun (section I). Toutefois, on doit aussitôt préciser que cet agent Romain agit subsidiairement en vertu du droit local et dans l’intérêt des provinciaux. Il le fait soit à la demande des autorités civiles déconcentrées (villes et président de la boulê) soit sur rappel ou injonction du prince, en ce sens on peut dire que l’autorité du gouverneur apparaît comme naturellement décentralisée (section II)

Avec l’extraordinaire développement des cités d’Asie Mineure depuis le début du Ier siècle de notre ère nous assistons à la montée d’un double phénomène. Le premier concerne l’épanouissement du mouvement municipal dans l’Orient Hellénisé, ce qui nous autorise à parler d’une certaine autonomie en Pont-Bithynie, le second volet cherche plutôt à mettre en lumière l’existence d’un véritable système de contrôle des décisions locales ou des prérogatives des cités, ce qui implique que soit opéré une mise en place d’une sorte de tutelle des collectivités locales sous la houlette bienveillante du gouverneur.

Le Temps à soi. Lettres choisies et traduites du latin par Daniel Stissi. Arléa. 208 pages. (le livre est aussi disponible en format poche).
« Les historiens ont trouvé une mine pour leur documentation sur le siècle de Trajan, les critiques et les écrivains les ont quelque peu boudés. Montaigne, qui apprécie le talent de narrateur de Pline, qualifie sa philosophie d'
« ostentatrice et parlière ». Les modernes lui reprochent de ne pas être Tacite. Attentes déçues, mais sont-elles fondées ? » (Daniel Stissi, introduction, pages 7-8).

Il ne reste quasiment rien de l’œuvre de Pline le Jeune, à part ses lettres.

« Plus aucune trace de ses poèmes, sinon quelques citations de ses hendécasyllabes.
Plus rien non plus de ses discours, si ce n'est le fameux Panégyrique de Trajan, prononcé en l'honneur de l'empereur lors de l'accession de Pline au consulat, en l'an 100, puis remanié, voire récrit par son auteur.
Le style obscur et pompeux de ce discours d'apparat ne nous donne pas une image fidèle de l'extraordinaire orateur qu'est Pline, capable de passionner 7 heures durant la foule venue se masser au tribunal pour l'applaudir.
Mais les 247 lettres ont survécu, réparties en 9 livres, que Pline a écrites de 97 à 104, adressées, et sans doute envoyées, à de très nombreux destinataires [...] » (page 8).
Cependant :

« Les Lettres que publie cet homme de la caste sénatoriale, ami de Trajan, sont des lettres d'art. « Écrites avec soin », elles sont destinées à faire le tour de la société littéraire... Aucune spontanéité.
MAQUETTE DE SA MAISON A CÔME
La correspondance de Pline n'est que littérature, même si elle a réellement été échangée avec les personnages importants de l'époque et avec ses familiers. [...]
Il sait camper des personnages, rendre une atmosphère, des sentiments : l'admiration et l'inquiétude pour son oncle, la douceur pour sa mère qu'il prend par la main pour la sauver, lors de l'éruption du Vésuve, l'amour pour sa femme Calpurnia. » (pages 11-12).

« Humaniste avant tout, il est imprégné de culture grecque. Les Romains de cette époque parlent grec, pensent grec. La philosophie stoïcienne met le sujet pensant au centre de ses préoccupations et parle d'identité humaine. Pline considère ses esclaves comme des hommes, à l'instar de Sénèque 50 ans plus tôt. » (page 12). Même s'il ne remet pas en cause l'esclavage, bien sûr.

Le livre présente un florilège de ces lettres organisé par thèmes :
« Dominer le temps », « Les Lettres et les Arts », « Sagesse », « Ces êtres familiers », « Terroir », « Les Ombres et les songes », « Morale et politique ».
On trouvera les livres 1 à 5 (format pdf) dans la traduction de C.Sicard

Dans la première partie, Dominer le temps, Pline le Jeune s'interroge sur le temps qui file, les occupations futiles : Mieux vaut quitter Rome pour travailler en paix.
« Façonne, cisèle une œuvre qui soit à jamais la tienne ! Les biens qui te survivront changeront de maîtres au gré du sort, mais celui-ci, dès qu'il sera à toi, personne ne pourra te l'enlever. » (Lettre à Caninius Rufus, I,3, page 36).
Les jeux du cirque ne l'intéressent absolument pas : « […] jamais rien de nouveau, de différent : Quand on en a vu un, on les a tous vus ! Cela m'étonne que tant de milliers d'hommes se passionnent toujours autant, comme des gamins, pour des chevaux qui galopent ou des cochers juchés sur des chars. Si encore ils s'intéressaient à la vitesse des chevaux ou à la technique des cochers, on comprendrait, mais ce sont les tenues qu'ils applaudissent, les tenues qu'ils aiment [...] Quand je pense que c'est pour ce spectacle vide de sens, fade, monotone, qu'ils sont collés à leur siège et en redemandent, j'éprouve un certain plaisir à ne pas éprouver celui-là. » (Lettre à Calvisus, IX page 31). (aujourd'hui même nos dirigeants se passionnent pour le « foot » et gare s'il ne s'y présentent pas, les médias ne leur pardonnerons pas et en ferrons des gorges chaudes.)

Le travail, le travail... Lorsque Pline part à la chasse aux sangliers. Eh bien, il emporte avec lui tablettes et stylet, comme il l'explique dans une Lettre à Tacite (I, 6) :
« Je méditais et prenais des notes dans l'idée de rapporter au moins ces tablettes pleines, si je devais revenir les mains vides ! Ne dédaigne pas cette façon de travailler : Tu aurais tort. C'est inouï de voir à quel point la promenade et les mouvements du corps éveillent l'esprit. Et puis les forêts et la solitude qui vous enveloppent, ce merveilleux silence même qu'exige la chasse sont de parfaits aiguillons pour la pensée ! Ainsi, crois-moi, quand tu iras chasser, emporte bien sûr ta panetière et ta gourde, mais surtout n'oublie pas tes tablettes ! Tu verras que Minerve n'erre pas moins que Diane dans les montagnes ! » (page 37) (lettre à Fuscus, IX, 36).
Bien sûr, comme tout le monde (cf Okakura, Le livre du thé : « Mais quand donc le monde ne fut-il point décadent ? »,Tanizaki, Eloge de l'Ombre : « L'homme qui avance en âge semble toujours enclin à croire que jadis, à tous égards, était préférable à naguère », etc.), il pense que tout se dégrade, que c'était mieux avant : « Ah, quand je pense aux temps de nos pères ! » (page 40).
Alors, à cette époque, il y a des auditeurs qui se pressent en nombre aux lectures publiques ! L'empereur Claude lui-même a assisté à l'improviste à une lecture publique de Nonianus, intrigué par des acclamations...
Tout fiche le camp, mon bon Monsieur...

Pline dit toujours beaucoup de bien de ses amis. De plus, il incite à la tolérance : « Le meilleur et le plus parfait des hommes est justement, pour moi, celui qui pardonne aux autres comme s'ils commettaient des fautes chaque jour, et se garde d'en commettre comme s'il ne pardonnait à personne. [...] Rappelons-nous toujours ce qu'un homme comme Thraséa, si bon qu'il en était exceptionnel, avait l'habitude de répéter : « Qui déteste les vices déteste les hommes. » » (lettre à Géminus, VIII, 22, page 95-96)


Il y a des lettres qui commencent sur un thème plus personnel, et qui débouchent sur une réflexion. Par exemple, Pline demande à Bébius Hispanus (I, 24) de vendre à prix correct à Suétone un petit domaine qu'il cherche à vendre.
« Or, à ce petit domaine, si du moins le prix lui sourit, mon cher Suétone trouve bien des charmes : La proximité de la ville, la commodité de la route, les dimensions modestes de la villa, l'étendue moyenne des terres qui invitent à se distraire plutôt qu'à s'occuper. Pour des intellectuels comme lui, c'est bien suffisant d'avoir juste assez de terrain pour se délasser l'esprit, reposer ses yeux, en faire le tour en flânant, prendre toujours le même chemin, connaître chaque pied de vigne et compter ses arbres. » (pages 113-114).
Puis viennent deux lettres très fameuses adressées à Tacite, celles où il relate l'éruption du Vésuve, au cours de laquelle son oncle, Pline l'Ancien, a trouvé la mort. Tout d'abord, la lettre VI, 16 :
« Tu me demandes de te raconter comment mon oncle a disparu pour pouvoir le dire avec plus d'exactitude à la postérité : Je t'en remercie. Je vois bien que sa mort est promise à une gloire éternelle si c'est toi qui la célèbres ! [...]
Il était à Misène. Il commandait la flotte en personne. Le 24 août, au début de l'après-midi, ma mère attira son attention sur un nuage à la grandeur et à l'aspect insolites. Il venait de s'exposer au soleil, de prendre un bain froid et, après un repas léger, il était allongé et il travaillait.[..]
Un nuage se formait (de loin, on avait du mal à discerner de quelle montagne il s'élevait mais on sut par la suite que c'était du Vésuve), son apparence et sa forme faisaient penser à un pin : D'abord la longue ligne d'un tronc, ensuite un déploiement de branches. [...]
En savant qu'il était, mon oncle se dit qu'il fallait examiner le phénomène de plus près. [...]" (page 127).

« Il se hâte vers la zone que tout le monde fuyait, toujours tout droit, cap sur le danger, sans aucune crainte, au point qu'il fit noter sous sa dictée, ou nota lui-même, tous les développements, toutes les formes que prend le sinistre au fur et à mesure qu'il les découvre.
Déjà, la cendre tombait sur les bateaux, plus chaude et plus dense à mesure qu'ils avançaient, avec des pierres ponces et des cailloux noirs, brûlés, effrités par le feu, déjà, il y avait des bas-fonds, et des déjections rocheuses empêchaient d'atteindre le rivage. Il eut un moment d'hésitation. Revenir en arrière ? Son timonier le lui conseillait mais mon oncle lui dit : « La fortune sourit aux audacieux ! [...] » » (pages 127-128).

Dans la deuxième lettre (20, VI), Pline le Jeune raconte ce qui lui est arrivé à lui ainsi qu'à sa mère.
« Nous avions de plus sous les yeux la mer qui se retirait, comme repoussée par le tremblement de terre. » (page 132).
Faut-il attendre l'oncle ?
« Alors l'ami d'Espagne dont je viens de parler nous dit avec encore plus d'insistance, de virulence : « Si votre frère et oncle est encore en vie, il veut que vous soyez sains et saufs, s'il est mort, il aurait voulu que vous viviez après lui. Alors pourquoi tarder à fuir ? » » (page 133)
La mère de Pline le Jeune dit de ne pas s'attarder avec elle, vieille et grosse, et de fuir rapidement. « [...] elle mourrait en paix si elle ne causait pas ma mort en même temps. Je lui pris la main et la forçai à allonger le pas. Mais elle peinait et se reprochait sans cesse de me retarder. » (page 134).
Un brouillard épais arrive : Pline décide de quitter le chemin pour éviter de se faire piétiner par la foule lorsqu'il ne sera plus possible de rien voir.
On est en plein jour, mais c'est maintenant l'obscurité. Cris, pleurs, hurlements. La cendre tombe, drue, lourde. « Nous nous levions de temps en temps pour la secouer, sinon elle nous aurait recouverts et étouffés de son poids. Je pourrais me vanter de ne pas avoir crié ni gémi dans un tel danger si je n'avais trouvé une consolation immense et pitoyable à ma condition de mortel en pensant que je disparaissais avec le monde entier et le monde entier avec moi. » (page 135).
On pourra lire la totalité de ses lettres (la seizième et la vingtième du livre VI) dans la traduction de C. Sicard.

LE VÉSUVE.
Une autre lettre fameuse, adressée à Trajan et dont on a la réponse, qui figure d'ailleurs dans le recueil, concerne le traitement à réserver aux chrétiens (X, 96).
"Je me demande vraiment [...] s'il faut pardonner à ceux qui se sont repentis ou si un chrétien ne gagne rien à se dédire quand il l'a vraiment été, si le simple nom de chrétien doit être puni, même en l'absence de crime, ou s'il faut punir les crimes qu'implique ce nom.
En attendant, voici l'attitude que j'ai adoptée envers ceux qui m'étaient déférés comme chrétiens. Je leur demandais, à eux-mêmes, s'ils l'étaient. Quand ils l'avouaient, je leur posais la question une deuxième et une troisième fois en les menaçant du supplice. S'ils persistaient, je les faisais exécuter. » (pages 197-198).


Pline le Jeune, le juriste témoin de son temps, d ... - OpenEdition Books
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Enfin, à l'issue de sa mission, vers la fin de l'année ou plutôt vers l'automne 113, rien ne permet en revanche d'affirmer, comme le fait avec beaucoup ...
Pline le Jeune — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pline_le_Jeune
Statue de Pline le Jeune sur la façade de la cathédrale de Santa Maria Maggiore à Côme en ..... Enfin, entre 111 et 113, l'empereur lui donne des pouvoirs spéciaux et lui confie la province de Bithynie et Pont avec le titre ... Il est en effet de tradition de remercier le princeps l'année où l'on est nommé consul depuis Auguste.

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