mardi 28 octobre 2014

LA GRANDE GUERRE AU LE JOUR LE JOUR 19 OCTOBRE 1914

19 OCTOBRE 1914


I)
L'armée Belge 49 000 complètement épuisée, maîtrise son abattement, cette petite armée s'établit au nord et à l'extrême gauche de la ligne alliée, le long de l'Yser, de Nieuport à Dixmude.

Les Anglais, une fois leur concentration achevée, se forment au centre et à droite, dans la région de la Lys, et occupent Ypres.
Les Français, eux, sont répartis un peu partout, formant les gros bataillons de résistance, étayant de tous côtés leurs alliés, prêts à se porter, à chaque instant, au secours de l'un ou de l'autre.

II)
Jean-Paul et Marcel font leur rentrée au collège, seules les classes inférieures à la troisième ouvrent pour le moment en raison d’un certain nombre de professeurs sous les drapeaux.

Je me rends à la Caisse d’Épargne pour déposer une somme de 1 400 francs disponible pour contribution de guerre. Il y a foule depuis 9h00, le hall, la cour, le passage de porte cochère, le trottoir sont pleins d’une multitude de gens de toutes conditions.
Pour tout le monde, « 2 » guichets sont ouverts !!!
C’est toujours la même imprévoyance idiote, la même organisation désorganisée !
Le receveur municipal, Jean Salembier, affolé, fend la foule avec des papiers sous le bras.
J’entends déblatérer sur son compte.
Il paraît que vers 9h00, il est arrivé avec 50 reçus préparés d’avance, alors qu’il en faudrait 2 à 3 000 ! Je me retire ainsi que beaucoup d’autres espérant que demain la situation aura changé...

Qui sait, dit-on dans le public, si demain l’administration Allemande sera encore en mesure de toucher sa galette ?
En effet, de nombreux contingents arrivent sur la grand place, mais dont les hommes ont l’air harassés, ce sont des fantassins qui descendent de la direction de Lille par le boulevard de Paris.
Il en est passé, dit-on, cette nuit, filant vers Tourcoing par le pont Saint Vincent.

Mais le spectacle le plus curieux et le plus réconfortant est celui du défilé qui, commencé sous nos fenêtres à 14h45, dure exactement jusqu’à 16h sans interruption.
Monsieur Mousset l’a comparé au cortège d’un cirque Barnum en dèconfiture. La comparaison est bien en dessous de la vérité... Ce fut en effet pendant ces 1h15, l’exhibition de voitures les plus diverses escortées ou entrecoupées de fractions de combattants les plus variés.
D’une part :
Chariots, cabriolets, calandres, camions portant sur leurs bâches les indications les plus édifiantes sur leurs provenances et sur leurs pérégrinations D’autre part : des groupes de cavaliers où le uhlan et le dragon coudoient le hussard de la mort. Une seule mitrailleuse... par contre des empilements de harnachements pêle-mêle :
Des selles avec les étriers pendants
Des accessoires d’ambulances avec le pavillon de la Croix-Rouge
Des cuisines qui ont l’air démantibulées.
Tout cela traîné par des chevaux fourbus dont la plupart, les jambes fléchissantes, semblent implorer le soulagement d’une mort prochaine.

Et l’on aperçoit, soit étendus sur les bâches, soit grelottant à l’intérieur des véhicules, des fantassins au teint pâle, aux yeux cernés, tantôt le bras, tantôt le front bandés de linges sanguinolents.
Comme par exception, quelques groupes de cavaliers semblent sous l’effort, encore à demi-vaillants, ils ont dans la prunelle des éclairs d’insolence ou de rage contenue, mais, à leurs sabres dépareillés, à leurs fourreaux rouillés, aux plaies saignantes de certaines bêtes, cette vision est bien celle d’une débâcle d’Allemands mêlés d’Autrichiens en moins grand nombre.
Les véhicules portent la marque des réquisitions les plus différentes.
A la suite du chariot d’un meunier d’Armentières, on peut noter sur d’autres moyens de transport, des firmes de Bapaume, de Charleroi, d’Anzin et même de Verdun !
Vers 16h apparaissent, dans l'axe de la rue de Lille, 5 aéroplanes qui semblent suivre ou surveiller la marche du cortège.
Dans la soirée, j'assiste à une distribution de logements de soldats dans les habitations de la rue Neuve, ce sont des sous-officiers munis de listes qui procèdent à cette opération.
Quand celle-ci est faite, un soldat calligraphe écrit à la craie sur la porte le nombre de fantassins à loger et la désignation du corps auquel ils appartiennent.
J'en vois pénétrer chez Bouvy, chez Louis Destombes, etc... Craignant qu'ils n'étendent leur distribution jusqu'à la rue de Lille, je rentre à la maison, mais bientôt nous apprenons que leur besogne s'est arrêtée aux maisons du boulevard Gambetta : Catrice, Albert Motte, Thibeau et Joseph Pollet-Motte.

On rencontre des soldats dans toutes les rues qui avoisinent la grand place jusqu'à la rue du Collège, on dirait qu'un vol de sauterelles s'est abattues sur Roubaix.
Le cinéma Palace, l'Hippodrome, l'usine Motte, rue des Longues-Haies, l'Abattoir, etc... sont convertis en casernes.
Nous avons entre autres régiments le 35e d'infanterie, le 42e de génie de Francfort, etc... et 3 ou 4 pièces d'artillerie, sans compter la cavalerie.

III)
François Laurent habitant de Mellionnec fusillé le 19 octobre 1914 à Châlons-sur-Marne...
Entre les deux guerres, plusieurs procédures, toujours très longues, sont engagées pour que soient réhabilités des fusillés pour l’exemple...
En Bretagne, l’affaire la plus emblématique est celle de François Laurent, soldat de 2e classe au 247e R.I. de Saint-Malo, soupçonné par un médecin de mutilation volontaire à une main (ce praticien, précautionneux, avait préparé à l’avance plusieurs feuilles certifiant des mutilations volontaires …), déféré devant un conseil de guerre, incapable de se défendre car ne parlant que breton, condamné à mort, fusillé le 19 octobre 1914 au camp de Châlons-sur-Marne et réhabilité le 9 décembre 1933 par la Cour spéciale de Justice militaire.
Le 5 août 1934, plusieurs milliers de personnes se regroupent à Mellionnec pour une cérémonie de réparation, en présence du préfet, d’élus de la République et des représentants de la gendarmerie …

IV)
Lu dans Le moniteur :
France.
Armentières a été réoccupée par nous dans le Nord, tandis que tout notre front avance dans cette région. Il avance également au nord d’Arras, en sorte que nous acquérions de ce côté une position de plus en plus forte.
Vainement, les Allemands tentent un peu plus loin de rompre le cordon de soldats Belges, assez serré par ailleurs, qui défend le cours de la rivière Yser. Ils sont chaque fois refoulés avec une extrême vigueur.
Les échecs qu’ils n’ont cessé de subir depuis le début des opérations à Saint-Dié (Vosges), sur la haute-Meurthe, ne les ont pas encore découragés.
Ils ont encore renouvelé leurs agressions, et par 2 points différents sur cette ville, mais ils ont cruellement expié leur audace.
Dans les pays neutres, et en Suisse en particulier, la presse commente ironiquement les communiqués Allemands qui ne célèbrent plus la progression des troupes impériales en France.

Pologne :
Aucune nouvelle n’est venue encore de Petrograd sur les phases de la longue bataille qui se développe en Pologne. Mais on sait que les Autrichiens ont été rejetés sur le fleuve San, en Galicie, et que les Russes ont capturé de nombreux ennemis au sud de Przemysl.

Belgique :
Le chancelier de Bethmann-Hollweg qui vient de parcourir la partie de la Belgique occupée par l’invasion Teutonne, et Anvers en particulier, est allé faire un rapport a Guillaume II sur la situation.

Plusieurs State neutres, la Suède et la Norvège spécialement, viennent de renforcer leurs prescriptions contre toute contrebande de guerre éventuelle. Ils veulent que leur impartialité ne puisse être, à aucun moment, mise en cause

V)
Toute la nuit, très violente canonnade, sur la ligne de la Meuse. Il doit y avoir une offensive générale sur Saint-Mihiel... A-t-elle réussi ?

Ce coin de la Lorraine est bien pouilleux : Des champs incultes, semés de cailloux, où pousse une petite herbe maigre, heureusement fleurie de quelques gentianes bleues, et où paissent des moutons, et puis des boqueteaux de pins, de bouleaux, de sapins, de mélèzes, malingres, mal venus, coupant de leurs rectangles sombres les rectangles clairs des champs. Les hommes ont le plus grand mal à creuser des tranchées dans ces terres caillouteuses. Au bruit de leurs pelles plusieurs lièvres s’enfuient et des perdreaux s’envolent.

La canonnade est pendant toute la journée aussi violente que pendant la nuit : C’est un tonnerre où les grondements se mêlent de nos 75, de nos 155, de nos 120, de nos 210 et même aussi de nos 305 de marine montés depuis ce matin.
Je rencontre mon ami le Dr de Monchy, attaché aux ambulances du 8e corps d’armée.
Il vient d’apprendre que son frère a été tué sur l’autre rive de la Meuse, dans les tranchées de Marbotte... Il a tenté de s’approcher pour ramener le corps et l’ensevelir de ses mains... Il a dû reculer sous une grêle de balles.

Dans la forêt d’Apremont que nous voyons s’étendre à nos pieds les tranchées Allemandes et les tranchées Françaises sont à 150m les unes des autres. Impossibilité de faire un mouvement dans les unes comme dans les autres : Voilà 3 semaines que des hommes y sont figés, ravitaillés pendant la nuit par des hommes qui rampent portant à leurs camarades de la viande et du pain. Nos aviateurs, éduqués par les circonstances et bien vite adaptés à ces nouvelles besognes, rendent des services considérables à l’artillerie. Grâce à eux une batterie de 155 établie près d’ici a pu démolir au 3e coup un pont de bateaux jeté par l’ennemi sur la Meuse.

VI)
Nous lisons dans l’Écho de Paris, dupes ou dupeurs :
Il n'est sans doute pas éloigné, le jour où Reims, sur notre centre, comme Lille sur notre gauche, sera dégagé, si l'on tient compte de nos progrès dans la direction de Craonne et au nord de Prunay.

Il est vrai que Reims continue à recevoir ses obus quotidiens, surtout dirigés contre la cathédrale. Quand on s'est engagé en une voie sacrilège, on y persiste, comme c'est le cas de l'armée de Bulow... L'univers civilisé ayant protesté contre ce procédé que ne justifie aucun besoin stratégique, le communiqué Allemand du 14 courant, disant :
« qu'il n'y a rien à signaler sur le reste du front du côté Français (sauf la prise de Lille) », ajoute textuellement :
« Les Français ont installé deux batteries d'artillerie lourde tout près de la cathédrale de Reims... On a constaté en outre que sur une des tours de cet édifice on faisait des signaux lumineux. Il est bien entendu que nos troupes devront prendre les mesures nécessaires pour assurer leur défense sans se préoccuper de la cathédrale... Les Français seront donc responsables, aujourd'hui comme avant, d'un nouveau bombardement de la cathédrale. »

Et allez donc !... On sait en quels termes énergiques, le Général Joffre a déjà, lors du premier bombardement, fait justice de ces puériles insinuations de l'état-major Allemand... Il persiste.

Attendons l'heure (elle n'est pas éloignée) où la cathédrale sera loin de la portée de leurs obusiers.

Nous n'ajouterons qu'un mot à la note de notre confrère :

Pour nous, qui savons où sont installés nos pièces d'artillerie. Pour nous qui ne cessons de jeter des regards désolés sur les tours de notre cathédrale. Notre réponse ne peut être que celle-ci :
Ou les Allemands se font duper et voler par leurs espions !
Ou ce qui est plus vraisemblable, ils continuent à vouloir duper le monde civilisé !
Les mensonges, chez eux, sont devenus un moyen de guerre que forgent leurs états-majors comme Krupp leur fabrique des canons.

Après la réoccupation de la ville par nos troupes, les Rémois auraient pu supposer que l'installation faite aussitôt par les soldats du génie, sur la tour nord de la cathédrale, était destinée à l'observation ou à la signalisation, mais, lorsque le 15 septembre, ils voient enlever les fils qui descendent sur la place du Parvis par les mêmes soldats et disparaître tout le matériel amené, il leur apparaît que l'on a seulement procédé à un essai.

Les signaux lumineux dont le prétexte est invoqué par les Allemands, n'existent certainement pas le 19 septembre, ni le 3 ou 4 jours précédents, pas plus d'ailleurs qu'il n'existaient le 4 et, pour notre part nous croyons que l'on peut avoir pour conviction personnelle que ce jour de bombardement d'intimidation, si la cathédrale ne fut pas atteinte, elle a déjà été visée...

A propos de ces explications tendancieuses de l'ennemi, Le Courrier de la Champagne du 1er octobre a déjà publié un entrefilet...

VII)
Paix :
Visite à l'Ambulance de Courlancy, toutes les salles. Fusillade pendant la nuit (du 18 au 19)

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims :
De Limoges 16 octobre on m’accuse réception de mes lettres des 8, 9 et 10.
Henri ne s’étend pas sur la désolation qu’elles ont causée, je la sens, je la partage et c’est pourquoi mes larmes coulent à flots dans un double sentiment de douleur qui m’associe à sa pensée, et d’admiration pour le sublime courage dont il fait preuve :

Que personne ne se laisse abattre, dit-il, face à l’adversité, et haut les cœurs !
Rien à signaler dans notre triste vie Rémoise, si ce n’est l’inquiétude qui la mine
quand nous songeons à Marcel, dont aucune nouvelle n’est parvenue depuis le 4 octobre .

Les feuilles tombent. Elles se détachent, jaunies et transparentes, elles volent loin du tronc aimé et nourricier, elles tombent les feuilles d’automne, comme là-bas, loin du village natal envolés vers la frontière par le vent de patriotisme, ils tombent les fils de France, brunis et transfigurés.
C’est l’automne. Le sang vermeil, là-bas se mêle à l’or des feuilles, il coule dans les prairies verdoyantes et les sillons roux des terres de Lorraine, d’Alsace, de Champagne, de Picardie ou d’Artois…
Par ici c’est la même majesté incomparable. C’est la même beauté prenante qui attire aux pèlerinages de la nature... Charles Guérin, que j’aime sans l’avoir connu devait, aux Bosquets, sous ses grands arbres de Lunéville, en cette
saison bénie, puiser des trésors infinis pour son âme qui épousait l’âme des feuilles. Sublime communion !
Maurice Rollinat, à son cher Fresselines, se pamait d’amour à la vue de toute cette merveilleuse saison qui, comme un souffle de poitrinaire, passe dans la
vie, sans heurt, sans tapage et sans bruit. C’est en cette apothéose qu’il s’en est allé, par une riante journée d’automne, escorté par les feuilles anémiées qui tombaient sur son cercueil. C’est en cette saison que j’aimerais mourir.
Mourir à l’automne de la terre pour me réveiller au printemps du ciel.
Printemps éternel !...
C’est dans ces sublimes paysages d’automne que je vais déjeuner au château des Terrasses, si agrestement situé, dans les frondaisons blondissantes de son parc.
Le colonel qui, sans le triste régime des fiches devrait être général, et général de valeur, officier supérieur de la maison du Prince Victor Napoléon, et madame Nitot, artiste combien personnelle et délicate, me reçoivent avec l’accueil si simple et si aimable, qui est toujours de tradition chez eux.
Le déjeuner fut très affectueusement offert, la gaieté, en raison des temps hélas ! En étant bannie.
Deux neveux chers du colonel sont à la guerre, et l’un d’eux a son cheval tué sous lui... Les événements font l’objet des conversations.

Au salon, qui est délicieux avec son air de vieux salon historique, comme au fumoir, la conversation est ce qu’elle devait être : la France victorieuse... Elle le sera.

Je reviens, en auto, comme à l’aller, par l’allée de Bury, en forêt de Blois, après l’examen des sauf-conduits au pont du chemin-de-fer et à celui de Blois.

VIII)
Mise en garde contre les spéculations :
Après une circulaire du garde des Sceaux, ministre de la Justice relative aux risques accrus de spéculations sur les denrées alimentaires, le groupe des députés de la Seine demande au gouvernement : « Une enquête sur les spéculations signalées sur le charbon et le sucre ».
Il s’agit de vérifier s’il n’existe pas de trafics et si des marchés parallèles ne sont pas en cours de développement comme le signalent certains agents de police.

IX)
En Italie après une initiative d’une partie des députés socialistes, ce sont cette fois les parlementaires radicaux qui se disent favorable à une campagne publique pour éclairer les consciences sur les raisons et le développement de la guerre. Ces élus ne sont pas favorables à ce que l’Italie demeure une puissance Européenne neutre.

« Rien de ce qu'on a coutume d'annoncer ne s'est réalisé et les choses qui sont arrivées, ce sont toutes les autres.
La prise de Nancy par l'ennemi dans les 8 premiers jours de la guerre est un  dogme : Or les Allemands sont allés à Meaux et ils ne sont pas entrés à Nancy.

On considère que la République ne peut résister ni à une guerre heureuse ni à une guerre malheureuse, et jusqu'ici elle supporte très bien une guerre mélangée de succès et de revers. Ainsi du reste. »

Ce qu'évidemment personne n'aurait pu annoncer, c'est que, 80 jours après le début des hostilités, la bataille se livre entre Lille et Ostende. Nous aurons bien d'autres surprises sans doute : Les guerres de coalition en réservent toujours.
N'a-t-on pas vu sous la Révolution les soldats Russes de Souvarof se battre en Suisse ?
Cette extension du théâtre de la guerre fait même peut-être qu'on ne doit pas trop désirer l'entrée en scène des neutres comme l'Italie ou la Roumanie.
Qui sait jusqu'où leur participation n'entraînera pas ?
« Quieta non movere », disait Bismarck...

X)
Symptôme à noter :
Tandis que l'opinion générale, parmi les non-combattants, est que les choses vont bien, tandis que le sentiment est a la satisfaction, tant es forte l'évidence du péril pour Paris et pour la France, une certaine lassitude, visible dans quelques lettres, se manifeste chez ceux qui sont au front.
Il semble que l'immensité de la tâche qu'il leur reste à accomplir leur apparaisse seulement.
D'autre part, chez les populations envahies, il y a l'impression persistante de la force écrasante de l'ennemi, qui a cherché en effet à en imposer par un déploiement, quelquefois tapageur, de ses ressources en hommes et en matériel...
Pour le moment, personne en réalité, personne au monde ne saurait entrevoir avec netteté le cours que prendront les événements ni la façon dont finira la guerre. A vue humaine, on peut seulement redouter un ralentissement des opérations pendant la période d'hiver et une reprise des hostilités au printemps.
Les Allemands paraissent vouloir tenir leurs adversaires éloignés de leur territoire aussi longtemps que possible. Et, sur le front occidental, les alliés (Anglo-Franco-Belges) devront d'abord leur reprendre la Belgique, assiéger Namur, Anvers et Liège, entreprise qui constitue une guerre à elle toute seule.

XI) 
Beerst, le 19 octobre 1914 :
(Récits)
Le bataillon Pugliesi-Conti est chargé d'occuper le village de Beerst, au nord de Dixmude...
Il s'avance sur la route de Beerst, la compagnie Gamas étant compagnie du jour est la dernière.
La première compagnie est commandé par le lieutenant de vaisseau Pertus, elle reçoit l'ordre d'aller occuper une position plus au nord et qui se prolonge jusqu'à la limite nord du village.
Le capitaine avance donc dans cette direction, ses hommes déployés en ligne de tirailleurs.
Puis il est brusquement arrêté par des feux nourris d'une infanterie qui se trouve face à lui.
...Il demande alors des instructions au commandant Pugliesi-Conti, qui lui dit : « Occupez les positions fixées, même en combattant. »
Le capitaine Pertus fait quelques bonds, mais les feux de l'infanterie sont tellement vifs qu'il ne peut faire beaucoup de chemin, blessé lui-même d'une balle dans la jambe.

Voilà donc une compagnie immobilisée... La compagnie suivante, la 2e compagnie, commandée par le lieutenant de vaisseau de Maussion de Cande. Qui reçoit l'ordre de se diriger vers une position perpendiculaire à celle que vient d'occuper le capitaine Pertus et de s'y maintenir.
Croyant sur la foi d'un renseignement erroné que le village de Beerst est occupé par des Belges, de Maussion de Candé se dirige vers la position en ligne de section par 4. 
Arrivé à 50 mètres environ des lisières ouest du village de Beerst, il est reçu par 2 feux d'infanterie et de mitrailleuses et le lieutenant reçoit 2 balles mortelles, l'une au cœur, l'autre au bulbe rachidien.
120 hommes environ sont mis hors de combat, le reste de la compagnie s'immobilise au sol.
Une deuxième compagnie immobilisée... Le commandant Pugliesi-Conti fait alors appel à la 3e compagnie, commandée par le lieutenant de vaisseau Hebert. Lui donnant l'ordre de faire le nécessaire pour dégager les restes des compagnies de Pertus et de Maussion de Cande...
Mais, arrivé à une cinquantaine de mètres des côtés de cet angle, il est lui aussi arrêté par des feux très nourris.
L'officier des équipages à Beerst, Fossey, est tué.
L'enseigne de vaisseau de Blois blessé grièvement.
Hebert reçoit une balle dans le bras,
Une centaine de ses hommes sont blessés ou tués. Le reste de la compagnie reste cloué au sol.
Une troisième compagnie immobilisée... Le commandant Pugliesi-Conti fait alors appeler le capitaine Gamas et lui donne un ordre analogue à celui qu'il a donné au lieutenant de vaisseau Hebert...
Le capitaine Gamas, aprés une reconnaissance rapide du terrain, se rend compte que la seule façon de dégager les compagnies de Pertus, et de Maussion de Cande est de prendre le village de Beerst de front pour obliger les Boches à l'évacuer.
Le village évacué, les restes de ces deux compagnies pourront alors sans risque faire leur retraite... Pour réaliser son plan, le lieutenant de vaisseau Gamas doit faire marcher sa compagnie vers Dixmude, ce qui donne l'allure d'une section qui s'enfuit...
Le commandant Pugliesi-Conti l'interpelle vigoureusement et lui dit : « Que faites-vous ?! »
 Ayant mis sa compagnie à l'abri dans un fossé, le capitaine Gamas se rend à l'appel du commandant et entre eux s'engage le dialogue suivant :
- Gamas, que faites-vous ?
- Je prends mes disposition pour remplir ma mission.
- Mais que comptez-vous faire ?
- Me rendre sur le flanc des Allemands sans être vu par eux, à la faveur d'une marche dans un fossé très profond qui borde la route conduisant à Beerst.
- Mais, si vous faites cela, il ne vous restera pas un seul homme quand vous reviendrez à Beerst.
- Au contraire, Commandant, c'est à mon avis la meilleur façon de procéder.
- Gamas, je vous donne l'ordre de passer par ici... Et du poing il désigne la bissectrice par laquelle s'est engagé le lieutenant de vaisseau Hebert...
Non, Commandant, je ne puis prendre ce chemin, pour 2 raisons, d'abord parce que je ne suis pas plus intelligent que le capitaine Hebert.
Où il a échoué, j'échouerai si j'utilise les mêmes moyens.
Deuxièmement, mes hommes ne sont pas assez aguerris pour traverser impunément un champs de mort.
- Gamas, je vous donne l'ordre de passer par là !.
Je n'écouterai pas cette ordre, Commandant, je suis chef d'unité.
Vous m'avez donné une mission, je l'ai naturellement acceptée. Mais c'est à moi et non à vous de choisir les moyens de la remplir. Tel est le règlement de l'infanterie.
Gamas, je vous donne l'ordre... Et il esquisse le geste de sortir son revolver...

(Beaucoup plus tard, au hasard d'une conversation avec un des ses poilus, Édouard Gamas apprit qu'avant même que le commandant Pugliesi-Conti n'eut sorti son revolver, il aurait été descendu par des matelots qui avaient déjà leur fusil en joue, ils n'auraient pas laisser tuer leur « capitaine »)
.
Gamas termine en disant « je ne veux pas qu'on puisse dire à mes enfants, que leur père menait ses hommes à la boucherie »
Le capitaine de vaisseau Varney, qui se trouve à une vingtaine de mètres de nous abrité par un pan de mur, Varney qui commande le 2e régiment de fusiliers-marins auquel appartient le bataillon Pugliesi-Conti, voyant ce geste, et devinant ce qui se passe, accourt et demande ce qu'il y a.

Très loyalement, le commandant Pugliesi-Conti qui n'a pas de formation spéciale de fantassin raconte ce qui vient de se passer.
Le capitaine de vaisseau Varney dit alors : « Gamas a raison, laissez-le faire. »
Le capitaine emploie alors le moyen qu'il a décidé de suivre. Ayant bien expliqué à ses hommes que l'essentiel est de produire un effet de surprise pour tomber sur le flanc des Boches, et qu'en conséquence ils doivent bien se cacher au fond du fossé qui conduit à Beerst... Il se dirige vers le village.

Ayant massé sa première section derrière les murs d'une maison de Beerst, il débouche brusquement dans le village et les Allemands s'enfuient à toutes jambe,; puis, il arrive dans le cimetière qui entoure l'église.
Les Allemands qui se sont repris, envoient des shrapnells sur le cimetière. Gamas ordonne à ses hommes de faire la tortue... Pas un homme n'est blessé.

Les Allemands, estimant que les Fusiliers-marins avancent, raccourcissent leurs tirs et c'est seulement lorsque le tir est trop court d'environ 50 mètres que la compagnie reprend sa marche en avant.
Elle occupe alors entièrement et sans férir, le village de Beerst. Tous les Allemands qui sont tués, le sont avec une balle dans le dos.
Le reste de la compagnie de Maussion de Cande se met sous les ordres du capitaine Gamas... Le village de Beerst étant pris, les lisières occupées, ce qui reste des compagnies Pertus et Hebert peut battre en retraite.
Quand l'ordre de retraite générale est donné, à la tombée de la nuit, le commandant Pugliesi-Conti dit au lieutenant de vaisseau Gamas : « c'est vous qui aviez raison, permettez-vous que je vous embrasse ? »
Telle est l'affaire de Beerst, le 19 octobre 1914. Le capitaine Gamas perd dans cette action 1 tué et un blessé  (cf. carnet de guerre)


19 Octobre 1914 ... Les Allemands sont allés à Meaux et ils ...
lafautearousseau.hautetfort.com/.../19/19-octobre-1914-5458341.html
19 oct. 2014 - Pierre Lasserre* fait devant moi cette remarque : "Rien de ce qu'on avait coutume d'annoncer ne s'est réalisé et les choses qui sont...
Le journal de Paul Destombes, 19 octobre 1914 : « Les ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../le-journal-de-paul-destombes-19-octobre-1914-le...
Il y a 6 jours - Lundi 19 octobre. Jean-Paul et Marcel font leur rentrée au collège ; seules les classes inférieures à la troisième ouvrent pour le moment en ...

76/Journal de la grande guerre: le 19 octobre 1914 | 1914 ...
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19 oct. 2014 - François Laurent de Mellionnec fusillé le 19 octobre 1914 à Châlons-sur-Marne Entre les deux guerres, plusieurs procédures, toujours très ...
19 octobre 1914. Toute la nuit, très violente canonnade, sur ...
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19 oct. 2014 - 19 octobre 1914. Toute la nuit, très violente canonnade, sur la ligne de la Meuse. Il devait y avoir une offensive générale sur Saint-Mihiel.

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