lundi 6 octobre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 4 OCTOBRE 1914

4 OCTOBRE 1914


I)
Les attaques Allemandes quotidiennes ont été repoussées dans la région de Roye.
Dans l'Argonne, l'armée du kronprinz (16e corps Allemand) a été refoulée au nord de Varennes et de Vienne-la-Ville. Nette progression continue sur les Hauts-de-Meuse et en Woëvre. La situation apparaît dans l'ensemble favorable.

En Belgique, les Allemands n'ont obtenu aucun avantage sérieux dans leur attaque d'artillerie contre les forts d'Anvers. Leurs attaques d'infanterie ont toutes été brisées.

Une note officielle confirme l'échec total de l'entreprise Allemande dans les gouvernements de la Russie Occidentale.

Les Russes ont pris Augustovo, forcé les troupes du kaiser à abandonner le siège d'Ossowietz.

En Galicie les arrière-gardes Autrichiennes ont reculé, derrière la Vistule, en pleine déroute.
Deux croiseurs Allemands, le Scharnhorst et le Gneisenau ont bombardé Papeete, ville ouverte, capitale de Tahiti dans le Pacifique, et coulé une canonnière désarmée qui se trouve dans le port.

Monsieur Asquith, dans son discours de Cardiff, a fait de curieuses révélations sur les tentatives multipliées à Londres depuis 1913, par la diplomatie Teutonne, en vue de neutraliser le Royaume-Uni.

On reparle de l'abdication du roi Carol de Roumanie.

II)
Situation de prise d'armes : 16 officiers 1 525 hommes.

Même situation et même mission que précédemment. Le détachement de Villers-Franqueux subit un changement de composition :
le Bataillon de Guillebon, du 310e, retourne sous les ordres du Lieutenant-Colonel Pigault commandent le 310e et quitte Villers-Franqueux. Il est remplacé par un Bataillon (Capitaine Mathieu) du 239e.

Les 2e et 3e Bataillons (Capitaines Cotinaud et Lascroux) du 28e conservent leurs emplacements et leurs missions, le 1er Bataillon (Capitaine Nicot) prend la place du Bataillon de Guillebon, il est lui-même remplacé dans sa position en réserve, sur la lisière 0uest de Villers-Franqueux, par le Bataillon Mathieu du 239e... Le Bataillon Mathieu détache une de ses compagnies pour renforcer le Bataillon Nicot.

Les défenses de Villers-Franqueux sont améliorées au courant de la journée par une compagnie du génie, qui établit des fougasses en avant du bois de Chauffour et des réseaux de fils barbelés en avant des tranchées. Ces travaux ont été entravés par la canonnade ennemie, ils ont été repris dans la nuit.

Vers 23h00 un feu imprudemment allumé par des cuisiniers provoque une violente canonnade de l'artillerie lourde ennemie, une fusillade qui se produit au même moment en avant de tranchées est la cause d'une alerte, d'ailleurs sans autres suites.

III)
Le régiment est « enlevé » en 3 échelons et transporté dans l'est. Le régiment débarque à Vouziers.

4h00, l'ennemi reprend très violemment son offensive sur Neuville sud. Le bataillon Braconnier vient appuyer l'action des bataillons Moreaux et « Digne » en portant la compagnie de tête à hauteur du moulin de Neuville. Nos troupes supportent d'abord le choc...
7h00, le 71e régiment privé de la plupart de ses officiers et gradés fléchit et déclenche un mouvement de repli qui, de proche en proche, s'étend à toutes les fractions qui occupent Neuville et ses abords.
Les unités, très éprouvées par le feu et très mélangées, retraitent vers Mercatel et vers la côte 89 (passage à niveau), où elles se réorganisent et enrayent la progression de l'ennemi...
Le Commandant Digne, les Capitaines Richard et Locquin, le Lieutenant « Le Manay Lant Blener », le Lieutenant Bleu et les Sous-Lieutenants Roulet et Auzur disparaissent...
Le bataillon Braconnier tient la lisière est de Mercatel (route de Beaurains- Boyelle) et abords avec des fractions du 71e (1ère compagnie environ), 2 compagnies du 25e, 1 compagnie du 54e Chasseurs Alpins, sous les ordres du Général commandant la 40e Brigade.
Des éléments des bataillons Moreaux et Daix (remplace le Commandant Digne à la tête du 3ème bataillon), se retranchent sur le chemin de terre « GIN », vers le nord-ouest de Mercatel à ... de ces 2 bataillons (1er,9e,10e et 12e compagnies) occupent la côte 89 et s'y fortifient.

22h00, la compagnie du bataillon Braconnier (compagnie Dore, la 8e) qui tient la route Neuville – Vitasse – Mercatel est assaillie par une colonne Allemande qui tente une surprise en faisant crier dans la nuit : « Ayez pitié de pauvres soldats Français blessés et qui, aussitôt, s'élance à l'assaut en ??? des « hourrah ! ». Mais nos hommes et nos mitrailleuses ouvrent un feu nourri et la charge est brisée.
Pendant le reste de la nuit, l'ennemi bombarde violemment Mercatel, mais ne tente aucune nouvelle attaque d'infanterie.
IV)
Lens :
Aujourd’hui, nous sommes à Lens le dimanche 4 octobre … 1914.
Depuis début août la guerre est déclarée, la ville et les puits de la Société des Mines tournent au ralenti depuis le départ des nombreux mineurs mobilisés.

Les Allemands sont aux portes de Lens. Certes, nous en avons déjà vu depuis le début de la guerre : d’abord ce jeune officier arrogant venus avec quelques complices début septembre pour menacer et voler les Lensois et les Lensoises.

Puis ces mouvements de troupes, ces officiers envahissant l’ambulance installée dans l’école Condorcet pour y faire prisonniers les soldats Français blessés.

Nous avons vu passer aussi dans notre ville ces malheureux réfugiés fuyant Douai et ses environs. Ils prennent la direction de Saint Pol sur Ternoise où ils pensent être en sécurité. Ces jours derniers, ils sont de plus en plus nombreux...

Ils font une halte devant la mairie où Emile Basly, notre maire, leur donne un peu de nourriture avant qu’ils ne reprennent la route.

Depuis hier, d’autres groupes qui veulent fuir l’ennemi viennent de communes voisines : Sallaumines, Méricourt, Harnes ou Loison. Les événements qu’ils nous relatent incitent aussi beaucoup de Lensois  à prendre le chemin de l’exode... Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 16 000 en ville contre 35 000 il y a encore un mois.

Les troupes Allemandes qui ont traversé Lens nous ont laissé une mauvaise impression et nous font craindre le pire en cas d’invasion. Il y a quelques jours, nous avons repris espoir en voyant arriver un régiment de goumiers Nord-Africains. Mais ils sont repartis avant-hier en nous promettant toutefois de revenir bientôt.

Nous avons peur. La ville est isolée : aucun train ne circule, la navigation est interdite sur le canal, la poste ne fonctionne plus... Comme il n’y a plus de journaux il nous est impossible d’obtenir des nouvelles des combats dans la région.

Aurons-nous encore du pain pour longtemps ? Nous avons appris que les frères Deligne, les derniers meuniers de Lens, se sont enfuis hier emportant des pièces de leur moulin à gaz afin de l’empêcher de fonctionner.

Hier dans la journée, un escadron de dragons est arrivé et s’est dirigé vers Loison en prenant position à la sortie de Lens sur la route de Lille et dans le quartier du Marais... Cette nuit, une compagnie de chasseurs à pied cyclistes est entrée en ville. Les soldats se sont postés entre le pont de Douai et la gare, le long du canal. Ils veulent, nous a-t-on dit, reprendre le cimetière où se trouve des troupes Allemandes.

Ce matin peu avant la messe de 6 heures, nous avons entendu les premiers tirs d’artillerie du côté du pont de Douai et vers Loison. Les allemands avancent vers le canal. Quelques groupes tentent de le traverser en barque mais sont encore repoussés par nos soldats qui utilisent les wagons des mines comme abri. La fosse 5 vers Avion est déjà occupée par l’ennemi...

6h00, les cloches de l’église Saint-Leger ont sonné pour annoncer la messe. Peu de Lensois s’y sont rendus. Le chanoine Occre a d’ailleurs aussitôt renvoyé ses fidèles et leurs a conseillé de rester chez eux... Les seuls qui osent sortir ne le font que pour fuir vers Saint Pol sur Ternoise.

Pourtant, on raconte que quelques Lensois intrépides sont montés au sommet du clocher de l’église Saint Léger pour assister aux combats... Cette bataille faisait rage le long du canal. Nous avons appris que Madame Julia Olivier, qui habite le chemin du Halage a été la première Lensoise à périr sous les tirs Allemands.
Dans la matinée, les soldats de l’escadron de dragons se replient dans la cité du Vieux Condé, près de la fosse 2. L’ordre leur a été donné de se regrouper avec les chasseurs sur la place de la République. Les premiers soldats Allemands ont alors réussi à traverser le canal.

11h00, les troupes Françaises reçoivent l’ordre de se replier vers Liévin et les collines de Lorette. L’un des dragons, Henri Fernand, originaire de Blois n’en eut pas le temps, il a été abattu sur la place de la Gare... Il est le premier soldat Français mort à Lens. A midi, toutes les troupes Françaises avaient abandonné la ville nous laissant à la merci des envahisseurs.

Pourtant les Allemands continuent à pilonner la place de la République faisant une deuxième victime civile, Monsieur Brutsaert.  A la fin de la journée, on compte 6 victimes civiles Lensoises. Les habitants se sont terré dans les caves. On a vu des maisons en flamme dans le quartier de l’Abattoir.
Dans l’après midi, on constate une légère accalmie. Il n’y a plus aucun soldat Français en ville. Des troupes Allemandes se sont positionnées au pont de Douai, dans le quartier du Marais et sur la route d’Avion. Elles attendent l’ordre d’entrer en ville.

De nombreux Lensois profitent de ce répits pour entasser ce qu’ils peuvent sur des chariots de fortune qu’ils attellent rapidement pour fuir la ville. Monsieur Thellier de Poncheville est allé à Sallaumines où il tient une brasserie. Il a aussitôt été intercepté par un colonel ennemi qui l’a promptement renvoyé à Lens afin de remettre à Emile Basly l’ordre de se présenter rapidement au quartier militaire Allemand.

Le maire est arrivé à Sallaumines à 4h00. Il a immédiatement été fait prisonnier, l’officier Allemand le rendant responsable du fait que des civils Lensois auraient tiré sur des soldats de l’armée Germanique et seraient montés dans le clocher de l’église. Il a ordonné à Basly de parapher deux messages pour la population que Thellier de Poncheville a apportés à Lens et fait afficher à la mairie :

Le premier concerne l’interdiction faite à la population de pénétrer dans l’église, le second menace les Lensois des pires répressions en cas de manifestations.

C’est après avoir obtenu l’assurance qu’aucun soldat Français ne reste dans la ville que, vers 17h00, le commandant des forces Allemandes donne l’ordre à ses troupes d’entrer dans Lens.

Toute la soirée, les Lensois assistent au défilé de militaires ennemis. Par groupe, les soldats du Reich se rendirent dans les écoles et autres bâtiments publics ou privés afin d’y installer leur bivouac.
Les officiers choisissent les plus belles maisons de Lens comme logement, exigeant de l’habitant gîte et repas bien arrosé. D’autres se sont rendus à l’hôtel des Voyageurs et ont exigé de se faire servir un copieux repas... Pendant ce temps, du côté de la cité de la fosse, le médecin-chef de l’hôpital des mines évacue vers Arras dans un train de marchandises 48 militaires Français gravement blessés afin de les soutirer à l’ennemi.

21h00, dans la nuit, on a pu distinguer un convoi de civils encadrés de militaires venant de Sallaumines, longer le canal et prendre la route d’Arras. Parmi ces civils se trouve Emile Basly...

On ne sait aujourd’hui combien de temps durera cette occupation : des jours, des semaines, des mois ?
Mais on imagine qu’elle sera pénible et difficile à vivre pour les Lensois. Ce que nous ont rapporté les réfugiés des communes voisines nous font craindre le pire... Ils définissent les soldats Allemands comme ivrognes rustres, arrogants, tyranniques, voleurs et même violeurs …

V)
Le Nord de la France est occupé :
Témoignage d'une habitante de Bousbecques, à partir de son journal personnel. Bousbecques est un petit village entre Lille et la frontière Belge (poste frontière de Warneton)... Villages alentours qui sont cités :  Warneton (Belgique), Frelinghien, Deûlemont, Wambrechies, Comines, Pérenchies, Marquette.

On signale des Allemands à Frelinghien vers 14h00. Panique pendant les vêpres. Tout le monde quitte l’Église, les parents viennent chercher leurs enfants. Dans l’après midi, quelques cavaliers Allemands entrent à Warneton, l’un d’eux est tué par les jeunes volontaires qui gardent la ville depuis quelques temps. Un jeune homme de Wambrechies est tué à l’Hérouville (lieu dit).

VI)
Un peu avant le jour, nouvelle attaque au nord et au sud de Neuville. La baïonnette est au bout du canon, mais, grâce au feu violent de nos fantassins qui font preuve d'un grand enthousiasme, l'ennemi est arrêté à 50 mètres de nous et se blottit dans les replis du terrain... Malheureusement, les munitions manquent, le lieutenant-colonel Delmas est tué

6h00 le commandant Grobert prend le commandement du régiment.

7h00, après une préparation d'artillerie formidable, les Allemands donnent l'assaut aux tranchées occupées par le 1er bataillon, entre le moulin et Hénin.

Le commandant Gilquin, le capitaine de Tressans sont tués, les 3e et 4e compagnies livrent un combat corps à corps où presque tous les hommes sont tués ou blessés, succombant sous le nombre des assaillants.

Le lieutenant-colonel Bordeaux, qui commande les défenseurs de Neuville (60e bataillon de chasseurs à pied), envoie à ce moment au commandant Grobert l'ordre de retraite immédiate par échelons... Bien que l'ennemi ne soit qu'à une cinquantaine de mètres d'eux, les 2e et 3e bataillons réussissent à se décrocher...Vers midi, les débris du régiment sont reformés sur la voie ferrée à l'ouest de Mercatel, où ils se retranchent.
Il n'y a plus autour du drapeau que 650 combattants...

VII
Je sors de la grand’messe à Neufmaisons. Voilà un des rares villages où il y ait encore une église (aussi accuse-t-on le curé de faiblesses envers les Allemands)

Je sors d’une grand’messe pendant laquelle chants liturgiques et prières murmurées se mêlent au bruit terrible du canon... Pendant le Credo ç’a été un éclatement incessant d’obus, comme si les sinistres iconoclastes qui n’ont plus qu’un pied en France voulaient briser jusqu’à la voix de nos croyances.

Mais le Credo n’en est chanté qu’avec plus de vigueur et c’est une minute poignante, ce duel entre un idéal de beauté et de bonté et un idéal de brutalité et de grossièreté... C’est cependant le premier qui triomphera du second quelque puissants que soient les canons…

12h00, Nous quittons Neufmaisons pour reprendre nos avant-postes de Pierre-Percée, de la Chapelotte et d’Alencombe. Je retrouve avec plaisir ma belle chambre de Badonviller. Là du moins je n’entendrai plus les souris se battre avec les biscuits abandonnés par les Allemands et que j’ai découverts sous mon lit de Neufmaisons....
VIII)
Après avoir repoussé toutes les attaques ennemies sur notre aile gauche, nous avons repris l'offensive sur plusieurs points.

Au centre
Rien à signaler jusqu'à l'Argonne, où nous avons refoulé l'ennemi vers le nord.
Nous progressons, mais très lentement.

En Lorraine et en Vosges, notre aile droite rien de nouveau...

IX)
Rentrée de la Cour et des Tribunaux :
Vendredi matin, le tribunal civil a tenu son audience de rentrée, sous la présidence de M. Barrabino, qui a donné la parole à M. Schuler, procureur de la République, pour la déclaration d'ouverture de l'année.

Cette formalité accomplie, M. le Président en a donné acte au procureur de la République. Il a ensuite fait connaître que M. Lacroix, greffier du tribunal étant mobilisé, M. Larivière, le plus ancien commis-greffier, a été désigné pour le remplacer.

Après la fixation des audiences : mercredi pour les affaires civiles, jeudi pour le tribunal correctionnel, l'audience de rentrée a été levée.

X)
Nancy : Un nouveau mais glorieux deuil vient de frapper notre ville en la personne du capitaine André Dennery, tombé au champ d'honneur dans un récent combat.

Le capitaine Dennery sort de Saint-Cyr. Il est en outre licencié en droit. Les vieux Nancéiens se rappelleront, non Sans émotion, son père, M. Dennery, chef de musique de notre cher 26e, qui est entré à Nancy à la tête de ce régiment, en 1873, et qui reste ensuite des nôtres pendant près de 15 ans.

Que la veuve de son fils et toute la famille veuillent bien accepter l'hommage de ce souvenir ému, avec nos condoléances...

X)
Un de nos concitoyens, M. Charles Bronner, architecte-paysagiste. rue de Strasbourg, lieutenant de réserve au 6e d'infanterie. a été blessé au combat de Vitrimont. Atteint une première fois au bras gauche, il continue néanmoins à commander sa section pendant 6 heures après. Il reçoit bientôt un éclat d'obus qui lui fracture le pied gauche... Malgré sa souffrance, Charles Bronner encourage ses hommes jusqu'au moment où il est relevé pour être conduit à l'ambulance... Ce brave est actuellement en traitement à Nice.

XI
Marché de Nancy :
Samedi matin, le marché de Nancy est bien approvisionné en légumes frais : salades, carottes, flageolets, et en fruits, poires, noix et quelques quetsches.

Aux halles, quelques volailles, dont les prix varient suivant grosseur et qualité...

XII
Le front de la bataille s'étend sur une ligne formant un angle droit et ayant plus de 300 kilomètres... Elle va de la Moselle au-delà d’Arras, le sommet de l'angle est aux environs de Lassigny.
La lutte continue à se concentrer aux deux ailes. En Woëvre, les Français avancent un peu. Sur notre aile gauche, les Allemands cherchent à rompre notre ligne par de violentes attaques dans la région de Roye, ils sont repoussés.

En Lorraine et Alsace les combats continuent.

En Belgique, les opérations Allemandes contre les forts avancés se précisent nettement, il ne s'agit pas d'une attaque générale Allemande contre l'immense camp retranché Belge, mais d'une attaque en force sur un front très restreint au sud et au sud-est entre la Senne et la Nèthe, c'est-à-dire sur le front du camp retranché défendu par les forts de Waelhem, de Wayre-Sainte-Catherine, de Koningshoyckt et de Lierre, et les redoutes intermédiaires de Dorreveldt, de Boschbeck et de Tallaert.

En Prusse Orientale et en Pologne selon Le Temps, « la grande bataille sur le Niémen, où l'aile droite de l'armée Russe opère sur l'immense front qui s'étend des rivages de la mer Baltique jusqu'aux monts de Bohême, s'est terminée par une belle victoire pour nos vaillants alliés. »

La bataille d'Augustow se termine dans un acharnement extrême. Les Allemands battent en retraite selon les dépêches que l’on peut lire dans les différents journaux.

Les troupes Serbes et Monténégrines s’approchent des avant-postes des forts de Sarajevo.

Au quatrième jour de la Bataille d’Arras, l’armée Française réussit à tenir la ville, malgré l’échec de l’offensive Française pour reprendre Douai.

Les Allemands se déplacent rapidement vers les Flandres. Lens, Comines, Poperinge, Bailleul sont occupées par les Allemands.

À Lille, les bruits de la guerre s’imposent à la population :

11h30 une bombe tombe dans la rue des Pénitentes, traverse une toiture, y creusant un large trou et blessant une vieille dame et sa fille.

Le journaliste du Réveil du Nord précise qu’un autre obus tombe à 17h00 sur la façade intérieure de l’hôtel de ville. Plus loin dans son article, il raconte que 4 civils, de tout jeunes gens, victimes de leur imprudence, sont tués, l’après-midi au cours de l’engagement livrés aux alentours de Lille.

Un violent incendie détruit les bâtiments de la ferme du Château-Rouge, à Marcq-en-Barœul.

Le Général Joffre adresse une circulaire ayant pour titre :
Ramassons les douilles !
L’attention des commandants d’armée et des commandants de région a déjà été appelée sur l’intérêt de premier ordre qu’il y a à recueillir et à envoyer vers l’arrière toutes les douilles de 75 après le tir.
D’autre part le ministre a décidé d’accorder une prime de 2 francs par douille remise au service des directions des étapes.

XIII
Mort du général Marcot :
Les combats d’août et de septembre 1914 ont relativement épargné le territoire du Pas-de-Calais. Mais après la victoire de la Marne à la mi-septembre, les différents belligérants tentent de déborder leurs positions respectives... C’est la « course à la mer », qui voit le front s’étendre comme une large cicatrice à travers la France du Nord.
La première bataille d’Artois s’engage du 1er au 26 octobre 1914 entre Lens et Arras... La France découvre alors dans les communiqués officiels des noms de communes qui deviendront célèbres pour le restant du conflit :

Souchez, Carency, Ablain-Saint-Nazaire, la colline de Notre-Dame de Lorette, Vimy, Vermelles, etc...

Mais, malgré d’effroyables combats, la perte d’une partie du bassin minier, la chute de Lens, les premières destructions d’Arras, aucune des deux armées n’arrive à prendre le dessus sur l’autre... À la fin du mois, à bout de souffle, les armées s’enterrent, le front se fige et coupe le Pas-de-Calais en deux.
En ce début octobre, les Français reculent sous la pression de l’armée Allemande, qui enlève Lens le 4.

Ce même 4 octobre voit la mort de Louis Marcot, général commandant la 81e division d’infanterie territoriale, tombés aux Essarts-lès-Bucquoy, alors que ses territoriaux ont ordre de tenir leurs positions dans l’attente de renforts.

XIV)
Manifeste des 93  intellectuels Allemands en 1914 (Extraits)...

La   « Grande Guerre » a commencé...

Le manifeste des 93 proclame le soutien  des intellectuels Allemands à l'empereur et  l'armée Allemands.

 Appel au monde civilisé !...

En qualité de représentants de la science et de l'art Allemand, nous, soussignés, protestons solennellement devant le monde civilisé contre les mensonges et les calomnies dont nos ennemis tentent de salir la juste et noble cause de l'Allemagne dans la terrible lutte qui nous a été imposée et qui ne menace rien de moins que notre existence...
Il n'est pas vrai que l'Allemagne a provoqué cette guerre. Ni le peuple, ni le Gouvernement, ni l'empereur allemand ne l'ont voulue... Maintes fois pendant son règne de 26 ans, Guillaume II a sauvegardé la paix, fait que maintes fois nos ennemis mêmes ont reconnu.  Ce n'est qu'au moment où il est menacé d'abord et attaqué ensuite par 3 grandes puissances en embuscade, que notre peuple s'est levé comme un seul homme.
Il n'est pas vrai que nous fassions la guerre au mépris du droit des gens. Nos soldats ne commettent ni actes d'indiscipline ni cruautés. Ceux qui s'allient aux Russes et aux Serbes, et qui ne craignent pas d'exciter des Mongols et des nègres contre la race blanche, offrant ainsi au monde civilisé le spectacle le plus honteux qu'on puisse imaginer, sont certainement les derniers qui aient le droit de prétendre au rôle de défenseurs de la civilisation Européenne.
Sans notre militarisme, notre civilisation serait anéantie depuis longtemps. C'est pour la protéger que ce militarisme est né dans notre pays, exposé comme nul autre à des invasions qui se sont renouvelées de siècle en siècle... L'armée Allemande et le peuple Allemand ne font qu'un.

C'est dans ce sentiment d'union que fraternisent aujourd'hui 70 millions d'Allemands sans distinction de culture, de classe ni de parti
.
Croyez-nous ! Croyez que dans cette lutte nous irons jusqu'au bout en peuple civilisé, en peuple auquel l'héritage d'un Goethe, d'un Beethoven et d'un Kant est aussi sacré que son sol et son foyer. Nous vous en répondons sur notre nom et sur notre honneur.
93 signataires.

XV)
A 15 Km d’Arras, sur la commune d’Ablain-Saint-Nazaire du Pas-de-Calais, se trouve Notre-Dame-De-Lorette une colline de 165m dominant l’Artois.
Ce lieu de mémoire est l’un des champs de bataille les plus disputés entre octobre 1914 et septembre 1915...

Le cimetière et mémorial de Notre-Dame-De-Lorette regroupe 20.000 corps identifiés (sépulture individuelle) et 22.000 inconnus répartis sur 8 ossuaires, ce qui en fait la plus grande nécropole Française.
Depuis le décret du 27 décembre 1928, Notre-Dame-de-Lorette est classé site historique.

Ce lieu de commémoration est constitué de la Tour-Lanterne, de La Chapelle-Basilique et du musée vivant 1914-1918.

188 000 soldats, dont 100 000 Français sont morts pour défendre ou prendre l’éperon de Notre-Dame-de-Lorette.

Un carré musulman compte 576 tombes.

Plus de 40 000 corps reposent dans les tombes et les 8 ossuaires
Le 11 novembre 2014 sera inauguré un mémorial en anneau d’un périmètre de 345m sur lequel seront gravés les noms de 600 000 soldats mort en Flandre Française...

C’est un lieu stratégique qui oppose l’armée Allemande et l’armée Française grâce à sa vue panoramique sur le bassin minier au nord, et sur la plaine d’Arras au sud.

Les troupes Allemandes conduites par le Prince héritier Rupprecht de Bavière (1869-1955) ayant échoué à prendre Arras défendue par les hommes du Général Barbot (1855-1915), elles se trouvent refoulées plus au nord et s’établissent sur la crête de Vimy et l’éperon de Lorette.

Le Kronprinz de Bavière fait fortifier la crête... Après la chute de Lens, le 4 octobre 1914, le front se stabilise avec l’arrivée des renforts Belges et Britanniques.

La guerre de position commence et avec elle les tranchées voient le jour durant cet hiver rigoureux de 1914-1915. Les assauts incessants contre le plateau d’Albain coûtent des milliers de vie.

Pendant un mois et demi, du 9 mai au 24 juin 1915, plusieurs offensives sont lancées... Le 24 juin 1915, le Maréchal Foch décide de mettre fin aux attaques... Les pertes sont de 102 500 hommes dont le Général Barbot.

XVI)
Huitième jour de la bataille d'Achiet-le-Grand
Quel beau dimanche ! Le soleil se lève radieux, mais dès 3h00 on entend une violente canonnade. L’ennemi occupe le bois de Langeas, Ablainzevelle, et même, paraît-il, la ferme d’Ebreville à la sortie de Bucquoy. Le bombardement commence aussi de bonne heure sur Bucquoy, dont les habitants, affolés, se terrent dans les caves.

Probablement parce que nous sommes 1 batteries de territoriale, on ne nous ravitaille pas en munitions... Il ne nous reste que 250 obus par batterie. Au loin, on entend de plus en plus tonner le canon. Il est probable que c’est le 10e corps... Il faut ménager nos munitions. On assure que les Allemands ont su par leurs espions avoir affaire à des territoriaux, et que leur principal effort s’est porté sur nous...

C’est notre 8e jour de bataille aujourd’hui, et sans répit...
...J’ai profité d’avant-hier, à Bucquoy, pour me confesser au doyen. Devant la gravité de l’heure présente et la permanence du danger, on se sent tout petit.

Nous partons faire une mise en batterie près de Bucquoy, mais les balles commencent à nous siffler aux oreilles. Il faut déguerpir et reculer un peu. C’est une nouvelle musique, moins agréable que les obus, on dirait de grosses abeilles qui passent en bourdonnant... L’ordre arrive donc de se replier, mouvement voulu, paraît-il, par l’état-major.

On nous cite cette phrase pour nous remonter :
« La situation, tout en n’étant pas aussi brillante qu’elle pourrait l’être, sur ce point, est cependant satisfaisante. »

Cela rend du courage à ceux qui commencent à désespérer. On nous a demandé de tenir 4 jours, nous en avons tenu 8 et nous ne reculons que pied à pied...

En nous repliant, je rencontre le 16e territorial. Je demande le 1er bataillon et la 1re compagnie pour avoir des nouvelles de Léon Pellet. Son capitaine m’apprend qu’il a été tué hier matin à Courcelles-le-Comte d’une balle à la tempe à côté de lui... Il est tombé sans dire un mot... On lui a enlevé son alliance et ses papiers personnels pour les renvoyer à sa famille...

XVII)
A partir du présent numéro, le Supplément illustré du Petit Journal reprend régulièrement sa publication hebdomadaire.
Depuis le commencement de la guerre, les difficultés d'expédition et la pénurie du papier nous avaient mis dans la nécessité d'espacer cette publication.
Mais tous nos efforts ont tendu à ne pas l'interrompre. Et nous avons pu, en dépit de toutes les difficultés, publier en août et en septembre deux numéros qui, dans la collection de l'année, devront prendre place entre notre dernier numéro régulier (n°1238 - 9 Août 1914) et le numéro d'aujourd'hui (n° 1241).

Nous avons mis à profit cette interruption momentanée pour satisfaire aux vœux d'un grand nombre de lecteurs et effectuer sur les machines les modifications nécessaires à la réduction de notre format.

Nous espérons que sous cette forme plus pratique, plus maniable, le Supplément illustré du Petit Journal, toujours soucieux comme par le passé de donner à ses lecteurs de superbes compositions en couleurs, des gravures inspirées de la plus vive actualité et des pages littéraires de nos meilleurs écrivains, retrouvera auprès du public le succès qui depuis un quart de siècle, ne l'a jamais abandonné.

Mes bien chers lecteurs et lectrices, je reviens à vous remplie de confiance et d'une confiance très justifiée, dans le triomphe final de notre France et de ses Alliés. Soyons donc animés de courage et de vaillance, nous surtout les femmes, dont le devoir est de soutenir notre pays que les jeunes hommes défendent.
Ne cessez pas de « vivre », c'est-à dire de travailler, de faire travailler, de dépenser dans la mesure de vos moyens. L'Argent qui circule ne sort pas de notre territoire et l'alimente, dites-vous-le bien... L'action est plus utile que les larmes pour la résurrection de notre admirable Patrie... Soignez vos santés, soigner vos enfants, l'espoir de l'avenir.

Pour occuper vos loisirs, faites au crochet ou au tricot, des cache-nez ayant 1 m 20 de long sur 0 m 85 de large, et des « poignets » de 0m. 20 de hauteur sur 0 m. 15 de largeur. Ces dimensions ne sont pas rigoureuses, puisqu'il y a des hommes de tailles très différentes.
Cousine Jeanne...

La course à la mer ; septembre - octobre 1914
chtimiste.com/batailles1418/course%20a%20la%20mer.htm
(18 septembre - 19 octobre 1914) ... la bataille de la Marne et aboutit à la stabilisation du front, à l'enfouissement des armées adverses en 2 réseaux démesurés ...
Lens, le 4 octobre 1914 | Le Lensois Normand Tome 5
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Il y a 55 minutes - Aujourd'hui, nous sommes à Lens le dimanche 4 octobre … 1914. ... de dragons se replièrent dans la cité du Vieux Condé, près de la fosse 2.










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