4
OCTOBRE 1914
I)
Dans
l'Argonne, l'armée du kronprinz (16e corps Allemand) a été
refoulée au nord de Varennes et de Vienne-la-Ville. Nette
progression continue sur les Hauts-de-Meuse et en Woëvre. La
situation apparaît dans l'ensemble favorable.
En Belgique, les Allemands n'ont obtenu aucun avantage sérieux dans leur attaque d'artillerie contre les forts d'Anvers. Leurs attaques d'infanterie ont toutes été brisées.
Une note officielle confirme l'échec total de l'entreprise Allemande dans les gouvernements de la Russie Occidentale.
Les
Russes ont pris Augustovo, forcé les troupes du kaiser à abandonner
le siège d'Ossowietz.
En
Galicie les arrière-gardes Autrichiennes ont reculé, derrière la
Vistule, en pleine déroute.
Deux
croiseurs Allemands, le Scharnhorst et le Gneisenau ont bombardé
Papeete, ville ouverte, capitale de Tahiti dans le Pacifique, et
coulé une canonnière désarmée qui se trouve dans le port.
Monsieur
Asquith, dans son discours de Cardiff, a fait de curieuses
révélations sur les tentatives multipliées à Londres depuis 1913,
par la diplomatie Teutonne, en vue de neutraliser le Royaume-Uni.
On reparle de l'abdication du roi Carol de Roumanie.
II)
Situation
de prise d'armes : 16 officiers 1 525 hommes.
Même situation et même mission que précédemment. Le détachement de Villers-Franqueux subit un changement de composition :
le Bataillon de Guillebon, du 310e, retourne sous les ordres du Lieutenant-Colonel Pigault commandent le 310e et quitte Villers-Franqueux. Il est remplacé par un Bataillon (Capitaine Mathieu) du 239e.
Même situation et même mission que précédemment. Le détachement de Villers-Franqueux subit un changement de composition :
le Bataillon de Guillebon, du 310e, retourne sous les ordres du Lieutenant-Colonel Pigault commandent le 310e et quitte Villers-Franqueux. Il est remplacé par un Bataillon (Capitaine Mathieu) du 239e.
Les 2e et 3e Bataillons (Capitaines Cotinaud et Lascroux) du 28e conservent leurs emplacements et leurs missions, le 1er Bataillon (Capitaine Nicot) prend la place du Bataillon de Guillebon, il est lui-même remplacé dans sa position en réserve, sur la lisière 0uest de Villers-Franqueux, par le Bataillon Mathieu du 239e... Le Bataillon Mathieu détache une de ses compagnies pour renforcer le Bataillon Nicot.
Les défenses de Villers-Franqueux sont améliorées au courant de la journée par une compagnie du génie, qui établit des fougasses en avant du bois de Chauffour et des réseaux de fils barbelés en avant des tranchées. Ces travaux ont été entravés par la canonnade ennemie, ils ont été repris dans la nuit.
Vers 23h00 un feu imprudemment allumé par des cuisiniers provoque une violente canonnade de l'artillerie lourde ennemie, une fusillade qui se produit au même moment en avant de tranchées est la cause d'une alerte, d'ailleurs sans autres suites.
III)
Le
régiment est « enlevé » en 3 échelons et transporté
dans l'est. Le régiment débarque à Vouziers.
4h00,
l'ennemi reprend très violemment son offensive sur Neuville sud. Le
bataillon Braconnier vient appuyer l'action des bataillons Moreaux et
« Digne » en portant la compagnie de tête à hauteur du
moulin de Neuville. Nos troupes supportent d'abord le choc...
7h00,
le 71e régiment privé de la plupart de ses officiers et gradés
fléchit et déclenche un mouvement de repli qui, de proche en
proche, s'étend à toutes les fractions qui occupent Neuville et ses
abords.
Les
unités, très éprouvées par le feu et très mélangées,
retraitent vers Mercatel et vers la côte 89 (passage à niveau), où
elles se réorganisent et enrayent la progression de l'ennemi...
Le
Commandant Digne, les Capitaines Richard et Locquin, le Lieutenant
« Le Manay Lant Blener », le Lieutenant Bleu et les
Sous-Lieutenants Roulet et Auzur disparaissent...
Le
bataillon Braconnier tient la lisière est de Mercatel (route de
Beaurains- Boyelle) et abords avec des fractions du 71e (1ère
compagnie environ), 2 compagnies du 25e, 1 compagnie du 54e Chasseurs
Alpins, sous les ordres du Général commandant la 40e Brigade.
Des
éléments des bataillons Moreaux et Daix (remplace le Commandant
Digne à la tête du 3ème bataillon), se retranchent sur le chemin
de terre « GIN », vers le nord-ouest de Mercatel à ...
de ces 2 bataillons (1er,9e,10e et 12e compagnies) occupent la côte
89 et s'y fortifient.
22h00,
la compagnie du bataillon Braconnier (compagnie Dore, la 8e) qui
tient la route Neuville – Vitasse – Mercatel est assaillie par
une colonne Allemande qui tente une surprise en faisant crier dans la
nuit : « Ayez pitié de pauvres soldats Français blessés et
qui, aussitôt, s'élance à l'assaut en ??? des « hourrah ! ».
Mais nos hommes et nos mitrailleuses ouvrent un feu nourri et la
charge est brisée.
Pendant
le reste de la nuit, l'ennemi bombarde violemment Mercatel, mais ne
tente aucune nouvelle attaque d'infanterie.
IV)
Lens :
Depuis
début août la guerre est déclarée, la ville et les puits de la
Société des Mines tournent au ralenti depuis le départ des
nombreux mineurs mobilisés.
Les
Allemands sont aux portes de Lens. Certes, nous en avons déjà vu
depuis le début de la guerre : d’abord ce jeune officier
arrogant venus avec quelques complices début septembre pour menacer
et voler les Lensois et les Lensoises.
Puis
ces mouvements de troupes, ces officiers envahissant l’ambulance
installée dans l’école Condorcet pour y faire prisonniers les
soldats Français blessés.
Nous
avons vu passer aussi dans notre ville ces malheureux réfugiés
fuyant Douai et ses environs. Ils prennent la direction de Saint Pol
sur Ternoise où ils pensent être en sécurité. Ces jours derniers,
ils sont de plus en plus nombreux...
Ils
font une halte devant la mairie où Emile Basly, notre maire, leur
donne un peu de nourriture avant qu’ils ne reprennent la route.
Depuis
hier, d’autres groupes qui veulent fuir l’ennemi viennent de
communes voisines : Sallaumines, Méricourt, Harnes ou Loison.
Les événements qu’ils nous relatent incitent aussi beaucoup de
Lensois à prendre le chemin de l’exode... Aujourd’hui,
nous ne sommes plus que 16 000 en ville contre 35 000 il y
a encore un mois.
Les
troupes Allemandes qui ont traversé Lens nous ont laissé une
mauvaise impression et nous font craindre le pire en cas d’invasion.
Il y a quelques jours, nous avons repris espoir en voyant arriver un
régiment de goumiers Nord-Africains. Mais ils sont repartis
avant-hier en nous promettant toutefois de revenir bientôt.
Nous
avons peur. La ville est isolée : aucun train ne circule, la
navigation est interdite sur le canal, la poste ne fonctionne plus...
Comme il n’y a plus de journaux il nous est impossible d’obtenir
des nouvelles des combats dans la région.
Aurons-nous
encore du pain pour longtemps ? Nous avons appris que les frères
Deligne, les derniers meuniers de Lens, se sont enfuis hier emportant
des pièces de leur moulin à gaz afin de l’empêcher de
fonctionner.
Hier
dans la journée, un escadron de dragons est arrivé et s’est
dirigé vers Loison en prenant position à la sortie de Lens sur la
route de Lille et dans le quartier du Marais... Cette nuit, une
compagnie de chasseurs à pied cyclistes est entrée en ville. Les
soldats se sont postés entre le pont de Douai et la gare, le long du
canal. Ils veulent, nous a-t-on dit, reprendre le cimetière où se
trouve des troupes Allemandes.
Ce
matin peu avant la messe de 6 heures, nous avons entendu les premiers
tirs d’artillerie du côté du pont de Douai et vers Loison. Les
allemands avancent vers le canal. Quelques groupes tentent de le
traverser en barque mais sont encore repoussés par nos soldats qui
utilisent les wagons des mines comme abri. La fosse 5 vers Avion est
déjà occupée par l’ennemi...
6h00,
les cloches de l’église Saint-Leger ont sonné pour annoncer la
messe. Peu de Lensois s’y sont rendus. Le chanoine Occre a
d’ailleurs aussitôt renvoyé ses fidèles et leurs a conseillé de
rester chez eux... Les seuls qui osent sortir ne le font que pour
fuir vers Saint Pol sur Ternoise.
Pourtant,
on raconte que quelques Lensois intrépides sont montés au sommet du
clocher de l’église Saint Léger pour assister aux combats...
Cette bataille faisait rage le long du canal. Nous avons appris que
Madame Julia Olivier, qui habite le chemin du Halage a été la
première Lensoise à périr sous les tirs Allemands.
Dans
la matinée, les soldats de l’escadron de dragons se replient dans
la cité du Vieux Condé, près de la fosse 2. L’ordre leur a été
donné de se regrouper avec les chasseurs sur la place de la
République. Les premiers soldats Allemands ont alors réussi à
traverser le canal.
11h00,
les troupes Françaises reçoivent l’ordre de se replier vers
Liévin et les collines de Lorette. L’un des dragons, Henri
Fernand, originaire de Blois n’en eut pas le temps, il a été
abattu sur la place de la Gare... Il est le premier soldat Français
mort à Lens. A midi, toutes les troupes Françaises avaient
abandonné la ville nous laissant à la merci des envahisseurs.
Pourtant
les Allemands continuent à pilonner la place de la République
faisant une deuxième victime civile, Monsieur Brutsaert. A la
fin de la journée, on compte 6 victimes civiles Lensoises. Les
habitants se sont terré dans les caves. On a vu des maisons en
flamme dans le quartier de l’Abattoir.
Dans
l’après midi, on constate une légère accalmie. Il n’y a plus
aucun soldat Français en ville. Des troupes Allemandes se sont
positionnées au pont de Douai, dans le quartier du Marais et sur la
route d’Avion. Elles attendent l’ordre d’entrer en ville.
De
nombreux Lensois profitent de ce répits pour entasser ce qu’ils
peuvent sur des chariots de fortune qu’ils attellent rapidement
pour fuir la ville. Monsieur Thellier de Poncheville est allé à
Sallaumines où il tient une brasserie. Il a aussitôt été
intercepté par un colonel ennemi qui l’a promptement renvoyé à
Lens afin de remettre à Emile Basly l’ordre de se présenter
rapidement au quartier militaire Allemand.
Le
maire est arrivé à Sallaumines à 4h00. Il a immédiatement été
fait prisonnier, l’officier Allemand le rendant responsable du fait
que des civils Lensois auraient tiré sur des soldats de l’armée
Germanique et seraient montés dans le clocher de l’église. Il a
ordonné à Basly de parapher deux messages pour la population que
Thellier de Poncheville a apportés à Lens et fait afficher à la
mairie :
Le
premier concerne l’interdiction faite à la population de pénétrer
dans l’église, le second menace les Lensois des pires répressions
en cas de manifestations.
C’est
après avoir obtenu l’assurance qu’aucun soldat Français ne
reste dans la ville que, vers 17h00, le commandant des forces
Allemandes donne l’ordre à ses troupes d’entrer dans Lens.
Toute
la soirée, les Lensois assistent au défilé de militaires ennemis.
Par groupe, les soldats du Reich se rendirent dans les écoles et
autres bâtiments publics ou privés afin d’y installer leur
bivouac.
Les
officiers choisissent les plus belles maisons de Lens comme logement,
exigeant de l’habitant gîte et repas bien arrosé. D’autres se
sont rendus à l’hôtel des Voyageurs et ont exigé de se faire
servir un copieux repas... Pendant ce temps, du côté de la cité de
la fosse, le médecin-chef de l’hôpital des mines évacue vers
Arras dans un train de marchandises 48 militaires Français gravement
blessés afin de les soutirer à l’ennemi.
21h00,
dans la nuit, on a pu distinguer un convoi de civils encadrés de
militaires venant de Sallaumines, longer le canal et prendre la route
d’Arras. Parmi ces civils se trouve Emile Basly...
On
ne sait aujourd’hui combien de temps durera cette occupation :
des jours, des semaines, des mois ?
Mais
on imagine qu’elle sera pénible et difficile à vivre pour les
Lensois. Ce que nous ont rapporté les réfugiés des communes
voisines nous font craindre le pire... Ils définissent les soldats
Allemands comme ivrognes rustres, arrogants, tyranniques, voleurs et
même violeurs …
V)
Le
Nord de la France est occupé :
Témoignage
d'une habitante de Bousbecques, à partir de son journal personnel.
Bousbecques est un petit village entre Lille et la frontière Belge
(poste frontière de Warneton)... Villages alentours qui sont cités :
Warneton (Belgique), Frelinghien, Deûlemont, Wambrechies,
Comines, Pérenchies, Marquette.
On
signale des Allemands à Frelinghien vers 14h00. Panique pendant les
vêpres. Tout le monde quitte l’Église, les parents viennent
chercher leurs enfants. Dans l’après midi, quelques cavaliers
Allemands entrent à Warneton, l’un d’eux est tué par les jeunes
volontaires qui gardent la ville depuis quelques temps. Un jeune
homme de Wambrechies est tué à l’Hérouville (lieu dit).
VI)
Un
peu avant le jour, nouvelle attaque au nord et au sud de
Neuville. La baïonnette est au bout du canon, mais, grâce au
feu violent de nos fantassins qui font preuve d'un
grand enthousiasme, l'ennemi est arrêté à 50 mètres de nous
et se blottit dans les replis du terrain... Malheureusement, les
munitions manquent, le lieutenant-colonel Delmas est tué
6h00
le commandant Grobert prend le commandement du régiment.
7h00,
après une préparation d'artillerie formidable, les Allemands
donnent l'assaut aux tranchées occupées par le 1er bataillon,
entre le moulin et Hénin.
Le
commandant Gilquin, le capitaine de Tressans sont tués, les 3e
et 4e compagnies livrent un combat corps à corps où presque
tous les hommes sont tués ou blessés, succombant sous le
nombre des assaillants.
Le lieutenant-colonel Bordeaux, qui commande les défenseurs de Neuville (60e bataillon de chasseurs à pied), envoie à ce moment au commandant Grobert l'ordre de retraite immédiate par échelons... Bien que l'ennemi ne soit qu'à une cinquantaine de mètres d'eux, les 2e et 3e bataillons réussissent à se décrocher...Vers midi, les débris du régiment sont reformés sur la voie ferrée à l'ouest de Mercatel, où ils se retranchent.
Il n'y a plus autour du drapeau que 650 combattants...
VII
Je
sors de la grand’messe à Neufmaisons. Voilà un des rares villages
où il y ait encore une église (aussi accuse-t-on le curé de
faiblesses envers les Allemands)
Je
sors d’une grand’messe pendant laquelle chants liturgiques et
prières murmurées se mêlent au bruit terrible du canon... Pendant
le Credo ç’a été un éclatement incessant d’obus, comme si les
sinistres iconoclastes qui n’ont plus qu’un pied en France
voulaient briser jusqu’à la voix de nos croyances.
Mais
le Credo n’en est chanté qu’avec plus de vigueur et c’est une
minute poignante, ce duel entre un idéal de beauté et de bonté et
un idéal de brutalité et de grossièreté... C’est cependant le
premier qui triomphera du second quelque puissants que soient les
canons…
12h00,
Nous quittons Neufmaisons pour reprendre nos avant-postes de
Pierre-Percée, de la Chapelotte et d’Alencombe. Je retrouve avec
plaisir ma belle chambre de Badonviller. Là du moins je n’entendrai
plus les souris se battre avec les biscuits abandonnés par les
Allemands et que j’ai découverts sous mon lit de Neufmaisons....
VIII)
Après
avoir repoussé toutes les attaques ennemies sur notre aile gauche,
nous avons repris l'offensive sur plusieurs points.
Au centre
Rien à signaler jusqu'à l'Argonne, où nous avons refoulé l'ennemi vers le nord.
Nous progressons, mais très lentement.
En Lorraine et en Vosges, notre aile droite rien de nouveau...
IX)
Rentrée
de la Cour et des Tribunaux :
Vendredi
matin, le tribunal civil a tenu son audience de rentrée, sous la
présidence de M. Barrabino, qui a donné la parole à M. Schuler,
procureur de la République, pour la déclaration d'ouverture de
l'année.
Cette formalité accomplie, M. le Président en a donné acte au procureur de la République. Il a ensuite fait connaître que M. Lacroix, greffier du tribunal étant mobilisé, M. Larivière, le plus ancien commis-greffier, a été désigné pour le remplacer.
Après la fixation des audiences : mercredi pour les affaires civiles, jeudi pour le tribunal correctionnel, l'audience de rentrée a été levée.
X)
Nancy :
Un nouveau mais glorieux deuil vient de frapper notre ville en la
personne du capitaine André Dennery, tombé au champ d'honneur dans
un récent combat.
Le capitaine Dennery sort de Saint-Cyr. Il est en outre licencié en droit. Les vieux Nancéiens se rappelleront, non Sans émotion, son père, M. Dennery, chef de musique de notre cher 26e, qui est entré à Nancy à la tête de ce régiment, en 1873, et qui reste ensuite des nôtres pendant près de 15 ans.
Que la veuve de son fils et toute la famille veuillent bien accepter l'hommage de ce souvenir ému, avec nos condoléances...
X)
Un
de nos concitoyens, M. Charles Bronner, architecte-paysagiste. rue de
Strasbourg, lieutenant de réserve au 6e d'infanterie. a été blessé
au combat de Vitrimont. Atteint une première fois au bras gauche, il
continue néanmoins à commander sa section pendant 6 heures après.
Il reçoit bientôt un éclat d'obus qui lui fracture le pied
gauche... Malgré sa souffrance, Charles Bronner encourage ses hommes
jusqu'au moment où il est relevé pour être conduit à
l'ambulance... Ce brave est actuellement en traitement à Nice.
XI
Marché
de Nancy :
Samedi matin, le marché de Nancy est bien approvisionné en légumes frais : salades, carottes, flageolets, et en fruits, poires, noix et quelques quetsches.
Samedi matin, le marché de Nancy est bien approvisionné en légumes frais : salades, carottes, flageolets, et en fruits, poires, noix et quelques quetsches.
Aux halles, quelques volailles, dont les prix varient suivant grosseur et qualité...
XII
Le
front de la bataille s'étend sur une ligne formant un angle droit et
ayant plus de 300 kilomètres... Elle va de la Moselle au-delà
d’Arras, le sommet de l'angle est aux environs de Lassigny.
La
lutte continue à se concentrer aux deux ailes. En Woëvre, les
Français avancent un peu. Sur notre aile gauche, les Allemands
cherchent à rompre notre ligne par de violentes attaques dans la
région de Roye, ils sont repoussés.
En
Lorraine et Alsace les combats continuent.
En
Belgique, les opérations Allemandes contre les forts avancés se
précisent nettement, il ne s'agit pas d'une attaque générale
Allemande contre l'immense camp retranché Belge, mais d'une attaque
en force sur un front très restreint au sud et au sud-est entre la
Senne et la Nèthe, c'est-à-dire sur le front du camp retranché
défendu par les forts de Waelhem, de Wayre-Sainte-Catherine, de
Koningshoyckt et de Lierre, et les redoutes intermédiaires de
Dorreveldt, de Boschbeck et de Tallaert.
En
Prusse Orientale et en Pologne selon Le Temps, « la grande bataille
sur le Niémen, où l'aile droite de l'armée Russe opère sur
l'immense front qui s'étend des rivages de la mer Baltique jusqu'aux
monts de Bohême, s'est terminée par une belle victoire pour nos
vaillants alliés. »
La
bataille d'Augustow se termine dans un acharnement extrême. Les
Allemands battent en retraite selon les dépêches que l’on peut
lire dans les différents journaux.
Les
troupes Serbes et Monténégrines s’approchent des avant-postes des
forts de Sarajevo.
Au
quatrième jour de la Bataille d’Arras, l’armée Française
réussit à tenir la ville, malgré l’échec de l’offensive
Française pour reprendre Douai.
Les
Allemands se déplacent rapidement vers les Flandres. Lens, Comines,
Poperinge, Bailleul sont occupées par les Allemands.
À
Lille, les bruits de la guerre s’imposent à la population :
11h30
une bombe tombe dans la rue des Pénitentes, traverse une toiture, y
creusant un large trou et blessant une vieille dame et sa fille.
Le
journaliste du Réveil du Nord précise qu’un autre obus tombe à
17h00 sur la façade intérieure de l’hôtel de ville. Plus loin
dans son article, il raconte que 4 civils, de tout jeunes gens,
victimes de leur imprudence, sont tués, l’après-midi au cours de
l’engagement livrés aux alentours de Lille.
Un
violent incendie détruit les bâtiments de la ferme du
Château-Rouge, à Marcq-en-Barœul.
Le
Général Joffre adresse une circulaire ayant pour titre :
Ramassons
les douilles !
L’attention
des commandants d’armée et des commandants de région a déjà été
appelée sur l’intérêt de premier ordre qu’il y a à recueillir
et à envoyer vers l’arrière toutes les douilles de 75 après le
tir.
D’autre
part le ministre a décidé d’accorder une prime de 2 francs par
douille remise au service des directions des étapes.
XIII
Mort
du général Marcot :
Les
combats d’août et de septembre 1914 ont relativement épargné le
territoire du Pas-de-Calais. Mais après la victoire de la Marne à
la mi-septembre, les différents belligérants tentent de déborder
leurs positions respectives... C’est la « course à la
mer », qui voit le front s’étendre comme une large cicatrice
à travers la France du Nord.
La
première bataille d’Artois s’engage du 1er au 26 octobre 1914
entre Lens et Arras... La France découvre alors dans les communiqués
officiels des noms de communes qui deviendront célèbres pour le
restant du conflit :
Souchez,
Carency, Ablain-Saint-Nazaire, la colline de Notre-Dame de Lorette,
Vimy, Vermelles, etc...
Mais, malgré d’effroyables combats, la perte d’une partie du bassin minier, la chute de Lens, les premières destructions d’Arras, aucune des deux armées n’arrive à prendre le dessus sur l’autre... À la fin du mois, à bout de souffle, les armées s’enterrent, le front se fige et coupe le Pas-de-Calais en deux.
En
ce début octobre, les Français reculent sous la pression de l’armée
Allemande, qui enlève Lens le 4.
Ce
même 4 octobre voit la mort de Louis Marcot, général commandant la
81e division d’infanterie territoriale, tombés aux
Essarts-lès-Bucquoy, alors que ses territoriaux ont ordre de tenir
leurs positions dans l’attente de renforts.
XIV)
Manifeste
des 93 intellectuels Allemands en 1914 (Extraits)...
La « Grande Guerre » a commencé...
Le
manifeste des 93 proclame le soutien des intellectuels
Allemands à l'empereur et l'armée Allemands.
Appel
au monde civilisé !...
En
qualité de représentants de la science et de l'art Allemand, nous,
soussignés, protestons solennellement devant le monde civilisé
contre les mensonges et les calomnies dont nos ennemis tentent de
salir la juste et noble cause de l'Allemagne dans la terrible lutte
qui nous a été imposée et qui ne menace rien de moins que notre
existence...
Il
n'est pas vrai que l'Allemagne a provoqué cette guerre. Ni le
peuple, ni le Gouvernement, ni l'empereur allemand ne l'ont voulue...
Maintes fois pendant son règne de 26 ans, Guillaume II a sauvegardé
la paix, fait que maintes fois nos ennemis mêmes ont reconnu.
Ce n'est qu'au moment où il est menacé d'abord et attaqué ensuite
par 3 grandes puissances en embuscade, que notre peuple s'est levé
comme un seul homme.
Il
n'est pas vrai que nous fassions la guerre au mépris du droit des
gens. Nos soldats ne commettent ni actes d'indiscipline ni cruautés.
Ceux qui s'allient aux Russes et aux Serbes, et qui ne craignent pas
d'exciter des Mongols et des nègres contre la race blanche, offrant
ainsi au monde civilisé le spectacle le plus honteux qu'on puisse
imaginer, sont certainement les derniers qui aient le droit de
prétendre au rôle de défenseurs de la civilisation Européenne.
Sans
notre militarisme, notre civilisation serait anéantie depuis
longtemps. C'est pour la protéger que ce militarisme est né dans
notre pays, exposé comme nul autre à des invasions qui se sont
renouvelées de siècle en siècle... L'armée Allemande et le peuple
Allemand ne font qu'un.
C'est
dans ce sentiment d'union que fraternisent aujourd'hui 70 millions
d'Allemands sans distinction de culture, de classe ni de parti
.
Croyez-nous !
Croyez que dans cette lutte nous irons jusqu'au bout en peuple
civilisé, en peuple auquel l'héritage d'un Goethe, d'un Beethoven
et d'un Kant est aussi sacré que son sol et son foyer. Nous vous en
répondons sur notre nom et sur notre honneur.
93
signataires.
XV)
A
15 Km d’Arras, sur la commune d’Ablain-Saint-Nazaire du
Pas-de-Calais, se trouve Notre-Dame-De-Lorette une colline de 165m
dominant l’Artois.
Ce lieu de mémoire est l’un des champs de bataille les plus disputés entre octobre 1914 et septembre 1915...
Ce lieu de mémoire est l’un des champs de bataille les plus disputés entre octobre 1914 et septembre 1915...
Le
cimetière et mémorial de Notre-Dame-De-Lorette regroupe 20.000
corps identifiés (sépulture individuelle) et 22.000 inconnus
répartis sur 8 ossuaires, ce qui en fait la plus grande nécropole
Française.
Depuis
le décret du 27 décembre 1928, Notre-Dame-de-Lorette est classé
site historique.
Ce
lieu de commémoration est constitué de la Tour-Lanterne, de La
Chapelle-Basilique et du musée vivant 1914-1918.
188 000
soldats, dont 100 000 Français sont morts pour défendre ou
prendre l’éperon de Notre-Dame-de-Lorette.
Un
carré musulman compte 576 tombes.
Plus
de 40 000 corps reposent dans les tombes et les 8 ossuaires
Le
11 novembre 2014 sera inauguré un mémorial en anneau d’un
périmètre de 345m sur lequel seront gravés les noms de 600 000
soldats mort en Flandre Française...
C’est
un lieu stratégique qui oppose l’armée Allemande et l’armée
Française grâce à sa vue panoramique sur le bassin minier au nord,
et sur la plaine d’Arras au sud.
Les
troupes Allemandes conduites par le Prince héritier Rupprecht de
Bavière (1869-1955) ayant échoué à prendre Arras défendue par
les hommes du Général Barbot (1855-1915), elles se trouvent
refoulées plus au nord et s’établissent sur la crête de Vimy et
l’éperon de Lorette.
Le
Kronprinz de Bavière fait fortifier la crête... Après la chute de
Lens, le 4 octobre 1914, le front se stabilise avec l’arrivée des
renforts Belges et Britanniques.
La
guerre de position commence et avec elle les tranchées voient le
jour durant cet hiver rigoureux de 1914-1915. Les assauts incessants
contre le plateau d’Albain coûtent des milliers de vie.
Pendant
un mois et demi, du 9 mai au 24 juin 1915, plusieurs offensives sont
lancées... Le 24 juin 1915, le Maréchal Foch décide de mettre fin
aux attaques... Les pertes sont de 102 500 hommes dont le
Général Barbot.
XVI)
Huitième
jour de la bataille d'Achiet-le-Grand
Quel
beau dimanche ! Le soleil se lève radieux, mais dès 3h00 on
entend une violente canonnade. L’ennemi occupe le bois de Langeas,
Ablainzevelle, et même, paraît-il, la ferme d’Ebreville à la
sortie de Bucquoy. Le bombardement commence aussi de bonne heure sur
Bucquoy, dont les habitants, affolés, se terrent dans les caves.
Probablement parce que nous sommes 1 batteries de territoriale, on ne nous ravitaille pas en munitions... Il ne nous reste que 250 obus par batterie. Au loin, on entend de plus en plus tonner le canon. Il est probable que c’est le 10e corps... Il faut ménager nos munitions. On assure que les Allemands ont su par leurs espions avoir affaire à des territoriaux, et que leur principal effort s’est porté sur nous...
C’est notre 8e jour de bataille aujourd’hui, et sans répit...
...J’ai profité d’avant-hier, à Bucquoy, pour me confesser au doyen. Devant la gravité de l’heure présente et la permanence du danger, on se sent tout petit.
Nous
partons faire une mise en batterie près de Bucquoy, mais les balles
commencent à nous siffler aux oreilles. Il faut déguerpir et
reculer un peu. C’est une nouvelle musique, moins agréable que les
obus, on dirait de grosses abeilles qui passent en bourdonnant...
L’ordre arrive donc de se replier, mouvement voulu, paraît-il, par
l’état-major.
On nous cite cette phrase pour nous remonter :
« La
situation, tout en n’étant pas aussi brillante qu’elle pourrait
l’être, sur ce point, est cependant satisfaisante. »
Cela
rend du courage à ceux qui commencent à désespérer. On nous a
demandé de tenir 4 jours, nous en avons tenu 8 et nous ne reculons
que pied à pied...
En nous repliant, je rencontre le 16e territorial. Je demande le 1er bataillon et la 1re compagnie pour avoir des nouvelles de Léon Pellet. Son capitaine m’apprend qu’il a été tué hier matin à Courcelles-le-Comte d’une balle à la tempe à côté de lui... Il est tombé sans dire un mot... On lui a enlevé son alliance et ses papiers personnels pour les renvoyer à sa famille...
A
partir du présent numéro, le Supplément illustré du Petit Journal
reprend régulièrement sa publication hebdomadaire.
Depuis le commencement de la guerre, les difficultés d'expédition et la pénurie du papier nous avaient mis dans la nécessité d'espacer cette publication.
Depuis le commencement de la guerre, les difficultés d'expédition et la pénurie du papier nous avaient mis dans la nécessité d'espacer cette publication.
Mais
tous nos efforts ont tendu à ne pas l'interrompre. Et nous avons pu,
en dépit de toutes les difficultés, publier en août et en
septembre deux numéros qui, dans la collection de l'année, devront
prendre place entre notre dernier numéro régulier (n°1238 - 9 Août
1914) et le numéro d'aujourd'hui (n° 1241).
Nous avons mis à profit cette interruption momentanée pour satisfaire aux vœux d'un grand nombre de lecteurs et effectuer sur les machines les modifications nécessaires à la réduction de notre format.
Nous espérons que sous cette forme plus pratique, plus maniable, le Supplément illustré du Petit Journal, toujours soucieux comme par le passé de donner à ses lecteurs de superbes compositions en couleurs, des gravures inspirées de la plus vive actualité et des pages littéraires de nos meilleurs écrivains, retrouvera auprès du public le succès qui depuis un quart de siècle, ne l'a jamais abandonné.
Mes
bien chers lecteurs et lectrices, je reviens à vous remplie de
confiance et d'une confiance très justifiée, dans le triomphe final
de notre France et de ses Alliés. Soyons donc animés de courage et
de vaillance, nous surtout les femmes, dont le devoir est de soutenir
notre pays que les jeunes hommes défendent.
Ne
cessez pas de « vivre », c'est-à dire de travailler, de faire
travailler, de dépenser dans la mesure de vos moyens. L'Argent qui
circule ne sort pas de notre territoire et l'alimente, dites-vous-le
bien... L'action est plus utile que les larmes pour la résurrection
de notre admirable Patrie... Soignez vos santés, soigner vos
enfants, l'espoir de l'avenir.
Pour occuper vos loisirs, faites au crochet ou au tricot, des cache-nez ayant 1 m 20 de long sur 0 m 85 de large, et des « poignets » de 0m. 20 de hauteur sur 0 m. 15 de largeur. Ces dimensions ne sont pas rigoureuses, puisqu'il y a des hommes de tailles très différentes.
Cousine
Jeanne...
La
course à la mer ; septembre - octobre 1914
chtimiste.com/batailles1418/course%20a%20la%20mer.htm
(18
septembre - 19 octobre 1914) ... la bataille de la Marne et aboutit à
la stabilisation du front, à l'enfouissement des armées adverses en
2 réseaux démesurés ...
Lens,
le 4 octobre 1914 | Le Lensois Normand Tome 5
lelensoisnormandtome4.unblog.fr/2014/10/04/lens-le-4-octobre-1914/
Il
y a 55 minutes - Aujourd'hui, nous sommes à Lens le dimanche 4
octobre … 1914. ... de dragons se replièrent dans la cité du
Vieux Condé, près de la fosse 2.
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