I)
La
bataille de l'Yser
Les
Flandres couvrent un terrain séculairement voué aux batailles.
Elles ont vu, à Bouvines, abattre l'orgueil d'un empereur Allemand
déjà assoiffé de conquêtes. Elles ont vu, à Roosebeke, le roi de
France Charles VI écraser Jacques Arteveld. Elles ont contemplé les
victoires de Turenne et de Villars et frémi devant la retraite des
soldats de Vendôme, battus par Marlborough.
En
1794, elles ont assisté à l'attaque irrésistible de Mac Donald sur
Roulers. Et elles ont regardé passer, éperdus et hagards, les
débris de la Grande armée, en fuite après Waterloo... Comment ces
vastes plaines, sans eaux profondes, sans forêts, sans monts,
n'auraient elles pas appelé irrésistiblement les grands
déchaînements de la guerre ? Il n'existe pas de champ de bataille
plus propice aux actions décisives.
La
campagne s'y déroule si unie et si plate que les rivières n'y
peuvent trouver de pente pour accélérer leur cours, et qu'elles
seraient inévitablement refoulées par la marée montante sans un
système compliqué d'écluses... Au dessus de ce sol flotte une
brume perpétuelle...
Cette
fin d'octobre 1914 va amener là, le plus formidable duel de
l'Histoire...
Le
marin de Bretagne, le poilu de Paris et des provinces y fraternisent
avec le goumier basané du Sahara et le Sikh de l'Inde à l'aspect
hiératique sous son énorme turban kaki. L’Écossais aux jambes
nues y est devenu le compagnon d'armes du Bambara Soudanais aux joues
tailladées.
Le
Marocain à l’œil d'escarboucle voisine, dans la tranchée, avec
le carabinier Wallon ou le mitrailleur Flamand au placide regard
bleu.
Des
hommes sont venus ici de tous les coins de la terre pour faire
reculer la ruée formidable de cette armée Germanique dont le cri de
guerre est devenu maintenant : « Nach Calais !! »
Maîtresse
de la côte, l'armée du Kaiser pourrait aisément se frayer un
chemin vers Paris par la Normandie et l’Île de France.
Les
Allemands ne doutent pas du succès, et Guillaume II, rentré à
Luxembourg le soir de la Marne, fait annoncer son retour au milieu de
ses troupes pour présider à leur triomphe... Mais les Alliés
attendent le choc avec calme et résolution.
Au
Grand Quartier Général Français, les généraux Belin et Berthelot
ont fait preuve d'une telle maîtrise dans l'organisation des
transports que, nuit et jour, les trains débarquent, à l'endroit et
au moment voulus, de nouvelles, troupes.
Ainsi,
l'armée d'Urbal reçoit de très gros renforts. Augmentée peu à
peu de quatre nouveaux corps d'armée, elle va constituer l'armée de
Belgique.
Notre
cavalerie atteint Roulers et Cortemark, et, vers le même temps,
notre extrême gauche, qui se trouvait à Noyon 6 semaines
auparavant, parvient jusqu'à Nieuport.
La
coordination voulue par Joffre est en train de se réaliser.
Une
solide barrière vient de s'établir à l'aide de 5 armées :
Trois Françaises, une Anglaise et une Belge.
Foch
s'est juré de ne pas céder, inaugurant ainsi cette guerre de
forteresse dont l'ennemi a déjà donné l'exemple sur d'autres
points, et qui va bientôt s'imposer comme une règle commune et
inévitable aux deux adversaires.
Forte
à peine de 49 000 fusils, l'armée Belge est arrivée, le 14
octobre, à Nieuport, dans un effroyable état d'épuisement. « Nous
sommes des morts vivants » répètent de malheureux fantassins qui,
depuis leur sortie d'Anvers, ont passé par les épreuves et les
privations les plus cruelles.
Maîtrisant
son abattement, cette petite armée s'établit au nord et à
l'extrême gauche de la ligne alliée, le long de l'Yser, de Nieuport
à Dixmude.
Les
Anglais, une fois leur concentration achevée, se forment au centre
et à droite, dans la région de la Lys, et occupent Ypres.
Les
Français, eux, furent répartis un peu partout, formant les gros
bataillons de résistance, étayant de tous côtés leurs alliés,
prêts à se porter, à chaque instant, au secours de l'un ou de
l'autre.
De
leur côté, les Allemands ont massé entre la Lys et la mer 15 corps
d'armée, qui vont bientôt grossir de 4 autres, et 4 corps de
cavalerie. Leur plan tient en deux opérations : D'abord, tourner
notre gauche en longeant la mer, ce qui provoquera la bataille de
l'Yser.
Ensuite,
percer notre front en quelque endroit de la grande plaine Flamande,
pour essayer, aussitôt après, de déborder notre droite, ce qui
déchaînera la bataille d'Ypres.
Et
il s'agit de pousser l'exécution de ce plan avec vigueur et
promptitude, car le Kaiser a signifié à ses soldats qu'il veut être
à Ypres le 1er novembre, pour y proclamer l'annexion de la Belgique.
La
bataille de l'Yser s'engage le 16 octobre. A cette date, le front
Franco-Belge entre Dixmude et la mer est jalonné par les villages de
Beerst, Keyem, Leke, Saint-Pierre-Capelle et Slype. Il suit à peu
prés la ligne du chemin de fer routier d'Ypres à Ostende.
L'ennemi
lance une première attaque, appuyée seulement par des batteries de
150 car il n'a pas eu le temps d'amener les grosses pièces qui ont
détruit les forts d'Anvers... Dés le lendemain, l'arrivée de nos
renforts d'artillerie permet d'enrayer cette offensive.
Après
les combats sur l’Aisne, le corps expéditionnaire Britannique se
déplace vers le nord-ouest pour épauler l’aile gauche de l’armée
Française. Il se heurte alors à l’armée Allemande, dans la phase
finale et septentrionale de la « course à la mer ».
Transportées
par autobus depuis Abbeville, les troupes Britanniques sont venues se
mettre en position entre Béthune et Ypres. Des renforts, regroupés
à Saint-Omer ou se repliant d’Anvers, viennent les rejoindre. Le
corps d’armée Britannique s’efforce de former une ligne de front
depuis Bixschoote, au nord d’Ypres, jusqu’à La Bassée...
La cavalerie Française s’est intercalée entre les deux corps
d’armées situés les plus au sud, entre La Bassée et Armentières.
Le paysage est plat, segmenté par de multiples fossés de
drainage.
Le 12 octobre, les Français perdent le contrôle de Vermelles, à la lisière du bassin minier, ce qui oblige les Britanniques à faire mouvement au sud, pour tenter de combler la brèche. Des combats violents éclatent entre Britanniques et Allemands, à Givenchy-les-La Bassée et Cuinchy, sur les deux rives du canal, entre le 13 et le 17 octobre. Les Britanniques progressent d’une dizaine de kilomètres vers l’est et viennent buter sur la crête d’Aubers. Des contre-attaques Allemandes les contraignent à reculer.
Plus au nord, les Britanniques sont parvenus à reprendre le Mont-des-Cats, le 13 octobre, puis Méteren et le Mont-Noir. Sous un temps pluvieux, interdisant la reconnaissance aérienne, ils poursuivent leur avance, prenant Bailleul, le Kemmel et Messines.
Le 12 octobre, les Français perdent le contrôle de Vermelles, à la lisière du bassin minier, ce qui oblige les Britanniques à faire mouvement au sud, pour tenter de combler la brèche. Des combats violents éclatent entre Britanniques et Allemands, à Givenchy-les-La Bassée et Cuinchy, sur les deux rives du canal, entre le 13 et le 17 octobre. Les Britanniques progressent d’une dizaine de kilomètres vers l’est et viennent buter sur la crête d’Aubers. Des contre-attaques Allemandes les contraignent à reculer.
Plus au nord, les Britanniques sont parvenus à reprendre le Mont-des-Cats, le 13 octobre, puis Méteren et le Mont-Noir. Sous un temps pluvieux, interdisant la reconnaissance aérienne, ils poursuivent leur avance, prenant Bailleul, le Kemmel et Messines.
Le
14, le front Anglais est devenu continu, d’Ypres au canal de La
Bassée.
Le
17, ils contrôlent Armentières, alors que plus au nord, les
Allemands font porter leur assaut sur les Français et les Belges,
qui tiennent le saillant de Dixmude.
Les opérations de la mi-octobre 1914 sont les dernières menées sur le sol Français selon les tactiques de la guerre de mouvement traditionnelle.
Le 18 octobre 1914, l’ensemble du front ouest est devenu continu. Désormais, toute opération de contournement de l’ennemi est devenue impossible et la seule option qui subsiste désormais est la tentative de percée des défenses ennemies, très puissantes, par des attaques frontales… Si les batailles menées par les Britanniques dans le secteur de la Lys, en octobre 1914, sont les dernières batailles de la guerre de mouvement, celle qui se déroule à Ypres, du 19 octobre au 22 novembre, est la première de la guerre de positions.
Commence alors, sur le « front oublié » de la Lys, une période très éprouvante : Le premier hiver dans des tranchées mal aménagées, avec un approvisionnement médiocre et des morts provoquées par de nouvelles méthodes, celles de la guerre de tranchées : Tireurs d’élite, mines, artillerie, attaques meurtrières limitées sur des secteurs du front adverse.
Les opérations de la mi-octobre 1914 sont les dernières menées sur le sol Français selon les tactiques de la guerre de mouvement traditionnelle.
Le 18 octobre 1914, l’ensemble du front ouest est devenu continu. Désormais, toute opération de contournement de l’ennemi est devenue impossible et la seule option qui subsiste désormais est la tentative de percée des défenses ennemies, très puissantes, par des attaques frontales… Si les batailles menées par les Britanniques dans le secteur de la Lys, en octobre 1914, sont les dernières batailles de la guerre de mouvement, celle qui se déroule à Ypres, du 19 octobre au 22 novembre, est la première de la guerre de positions.
Commence alors, sur le « front oublié » de la Lys, une période très éprouvante : Le premier hiver dans des tranchées mal aménagées, avec un approvisionnement médiocre et des morts provoquées par de nouvelles méthodes, celles de la guerre de tranchées : Tireurs d’élite, mines, artillerie, attaques meurtrières limitées sur des secteurs du front adverse.
Parmi
les premiers affrontements de cette guerre de tranchées, la défense
de Festubert par les troupes Indiennes, les 23 et 24 novembre 1914,
et celle de Givenchy, les 20 et 21 décembre, constituent les
répétitions, à petite échelle, de grandes épreuves à venir.
II)
Le
canon gronde assez lointain pendant la grand messe au Saint-Sépulcre.
D’après la direction, on suppose qu’on se bat dans la région
d’Armentières, Comines, Wervicq.
Au
prône, M. Le curé Duflo lit une lettre de M. François Roussel,
président de la chambre de commerce, et la commente en termes
patriotiques : la ville de Roubaix vient d’être frappée par
l’autorité militaire, elle demande une contribution de guerre de 5
millions.
Roubaix
traverse la période la plus critique de son histoire. Appel est donc
fait à tous les cœurs patriotes pour que cette somme énorme soit
réalisée au plus tôt afin de délivrer les 11 otages, et en même
temps pour sortir Roubaix de la pénible situation qui lui est faite
par l’occupation Allemande.
Il
ne s’agit pas de faire abandon à la ville de l’argent qu’on
possède, mais de lui faire le prêt de ce dont-on dispose... Le
receveur municipal délivrera aux déposants un reçu qui, dans le
plus bref délai possible, sera échangé contre des bons de monnaie
qui seront créés par la ville, de telle façon que les prêteurs
n’y perdront absolument rien.
Les
versements seront reçus à la Caisse d’Épargne, rue du Château,
à partir de demain.
Au
sortir de l’église, des groupes se forment et le ton des
conversations fait comprendre que l’appel aura d'heureux effets.
L’après-midi
ressemble à tous les après-midi des dimanches, avec la différence
qu’aux nombreux promeneurs se mêlent des groupes de 4, 5, 6
soldats, qui descendent de Croix pour visiter Roubaix, ou se répandre
dans les cabarets.
Monsieur
Ernest Chatiliez passe et raconte ses pérégrinations, 4 fois
prisonnier, il a toujours réussi à se dégager... La dernière
fois, échappé d’Haubourdin, il est rentré à Lille juste pour y
vivre à l’hôtel Belle Vue les terribles nuits du bombardement...
Entre
deux bombes, dit-il, qui trouent la façade, on sort pour en voir les
effets !...
Cela
contraste avec les récits de l’abbé Wattiez et autres. M.
Chatilliez croit savoir que les mobilisables faits prisonniers à
Fromelles ont été amenés le même jour à Carvin et le lendemain à
Douai, où ils sont entassés dans l’enceinte de l’église Saint
Pierre. Peut-être ont-ils été depuis dirigés sur Cambrai...
Dans
tous les cas, les Allemands ont fait passer un conseil de révision
aux captifs, et les ont classés en 4 catégories :
Les
hommes âgés
Les
valides
Les
trop jeunes
Les
épuisés.
250
de cette dernière classe sont déjà ou relâchés ou envoyés aux
ambulances. Quelques-uns ont même regagné Roubaix.
Sur
une indication, Élise se rend chez un nommé Lambart, rue
Malesherbes, qu’on dit évadé de Douai, elle s’y rencontre avec
MM. Chateleyn et Lesur et assiste au récit de l’échappé.
Il
n’y a eu, dit ce dernier : Ni tué, ni blessé, mais on les a
forcés à marcher pendant de dures étapes.
A
peine sustentés d’un peu de pain, soulagés de la bouteille de vin
blanc que certains, comme Félix, ont emporté, ils ont été
entassés dans l’église Saint-Pierre à Douai, où 2 d’entre eux
sont morts d’épuisement en arrivant.
Au
bout de peu de temps, la nef s’est remplie d’une odeur fétide.
Lambart n’en sait pas davantage car il a profité du premier moment
et de la complicité d’un soldat Wurtenbergeois, pour s’échapper.
Ces
messieurs décident séance tenante de louer une voiture et de filer
sur Douai à la recherche des leurs... Élise leur remet un bout de
lettre, à l’adresse de Félix, si la chose est possible.
Elle
revient à la maison toute confiante et comme nous avons appris par
M. Chatilliez que M. Catrice et son fils sont prisonniers mais bien
portants, nous nous empressons de rassurer la famille.
Monsieur
Henri Crombé a chez lui à Croix, 5 officiers allemands avec
lesquels il est contraint de partager les repas.
Il
dit à Antoinette qu’il a profité de cette accointance forcée
pour tâcher de savoir quelque chose de Jean.
Le
principal chef a aussitôt rédigé en Allemand une lettre à
l’adresse du gouverneur de la place de Maubeuge et invité M.
Crombé à y ajouter le texte qui lui plairait :
La
lettre a dû être déposée au courrier allemand le plus proche.
Parviendra-t-elle
?
Et
la réponse ?
II)
Entre
4 et 5h, quelques aéroplanes survolent la rue de Lille, semblant
faire des signaux. L’un d’eux laisse après lui une traînée de
poussières blanchâtres qui se dissipe bientôt dans le soleil
couchant.
Sur
la grand place, à l’heure du salut, nous avons la douleur de voir
hisser le drapeau rouge blanc et noir au-dessus de la porte
principale de l’hôtel de ville. Puis à peine de retour à la
maison, un défilé nombreux d’artillerie et de cavalerie passe à
travers une foule émue.
Des
fenêtres fermées de nos chambres, nous assistons à ce triste
spectacle d’une occupation plus importante.
Dans
l’obscurité qui contribue à la rendre plus lugubre, nous
entendons le chant des cavaliers mêlé au pas lourd des chevaux et
au roulement des canons et des caissons.
Par
moments, la troupe fait arrêt, nous voyons fort bien des chefs
donner le signal d’un hymne patriotique : Mais, au fond, cela
ressemble à un enthousiasme commandé.
Louise,
à l’aide de sa connaissance du flamand, nous traduit certains
mots, elle comprend :
«
Va, mon cheval, va devant toi vers Paris ! » Elle a aussi saisi
plusieurs fois qu’il s’agissait de Bruxelles... Les derniers qui
passent vers 7h30 semblent plus musiciens.
Ils
chantent un chœur à 3 voix, une sorte d’hymne de caractère
religieux qui impressionne et que nous ne pouvons nous empêcher,
malgré la situation, de trouver fort beau.
Enfin,
cette forêt de lances mouvante s’éloigne et disparaît dans la
nuit, laissant derrière elle un silence rendu plus émouvant.
Où
vont tous ces dragons ?
III)
Les
Archives départementales du Nord proposent un dossier pédagogique
sur la ville de Lille pendant la Grande Guerre. La cité est en effet
un cas particulier.
Déclarée
ville ouverte, elle est peu défendue en octobre 1914 et subit une
occupation militaire de près de 4 ans, avec ses privations, ses
drames, sa résistance, ses fusillés… A bien des égards,
l’occupation du début du siècle préfigure celle de la Seconde
Guerre mondiale.
Les
Lillois ont subi les restrictions de toutes sortes :
La
malnutrition laisse la ville exsangue en 1918.
Il
faut un programme spécial de nutrition et de remise en forme pour
faire face aux nombreux enfants souffrant de problèmes pulmonaires,
de tuberculose, de rachitisme…
Les
maux de l’occupation Allemande pendant la Grande Guerre ont
longtemps été sous-évalués.
Pour
beaucoup de Français, les « Boches du Nord » étaient à l’abri
des difficultés.
« C’est
cette image qu’il a fallu combattre et qui explique probablement le
nombre et l’importance des monuments commémoratifs de la Première
Guerre mondiale à Lille ».
Le
dossier sur « Lille envahi, 1914-1918 » s’organise
autour de 5 thèmes illustrés chacun par quelques images :
Guerre
et destructions,
Être
occupant, être occupé,
La
résistance à l’occupation et
Mémoire
et reconstitution.
Le
dossier s’inspire de l’exposition itinérante Le Nord en guerre
et de son catalogue réalisés par les Archives départementales du
Nord sous la direction de Claudine Wallart, conservateur en chef.
Les
établissements scolaires peuvent emprunter l’exposition et se
procurer le catalogue auprès du service éducatif des archives.
Le
service éducatif des Archives départementales du Nord accueille
également gratuitement les groupes scolaires, les adultes, les
associations… Pour des séances de découverte des archives. Une
bonne occasion de prolonger le travail sur la thématique de la
Première Guerre mondiale !...
IV)
L'afflux
massif d'exilés provoque, dès les premiers mois de la guerre, de
réelles difficultés logistiques en termes de gestion d'accueil de
ces réfugiés dans les villes. S'ajoutent à cela des problèmes de
rationnement de la population et des exilés.
Les
premiers convois d’exilés commencent début août 1914 avec
l’évacuation de Maubeuge.
Ce
mouvement est bientôt suivi de la fuite des civils Belges lors de
l’invasion : 300 000 personnes convergent alors vers la France, et
plus d’un million vers les Pays-Bas.
À
partir du 20 août, la vision des longs convois de réfugiés Belges
provoque une vague de panique chez les habitants du Nord qui prennent
à leur tour le chemin de l’exil, cherchant à atteindre le
littoral ou Paris.
Bien
souvent, la fuite des administrations incite les habitants à les
imiter.
Mais
c’est surtout le récit des atrocités commises par les Allemands
qui pousse les familles à tout quitter.
Début
octobre, une deuxième vague d’exode se produit, conséquence de
l’avancée Allemande dans la « course à la mer ».
Face
au peu de trains disponibles pour les civils, on voit se multiplier
le long des routes d’interminables défilés d’exilés, parfois
au plus près des zones de combats.
La
logistique d’un tel mouvement de population est complexe, d’autant
que de nombreuses routes sont fermées.
Le
18 octobre 1914, le préfet dresse un constat alarmant au ministre de
l’Intérieur :
Rapport
du préfet au ministre de l’Intérieur, 18 octobre 1914 État des
lieux dramatique.
Permettez-moi
de vous exposer la navrante détresse des populations qui ont dû
abandonner leurs demeures incendiées ou en ruines et qui vont de
commune en commune, couchant dans les fossés, n’ayant d’autre
nourriture que celle que les soldats partagent avec elles, d’autres
vêtements que ceux qu’elles ont pu revêtir dans leur fuite
hâtive.
Déjà,
il m’est revenu que des enfants ont été trouvés morts en plein
champ, au pied de meules de paille où le froid et la faim les ont
saisis.
Je
me suis efforcé, autant que je l’ai pu, d’arrêter cet exode,
mais l’incendie et la mitraille ont été plus forts que mes
exhortations.
Privé
depuis 10 jours de moyens de communication avec une grande partie du
Département,
dans l’impossibilité matérielle de faire parvenir à ces
misérables cheminant le long des routes encombrées le moindre
morceau de pain, j’ai informé l’autorité militaire de cette
situation pitoyable en la priant d’y remédier, mais je ne
m’illusionne pas :
Quelle
que soit sa bonne volonté, elle ne sera pas en mesure de soulager
toutes les infortunes errantes... Le Pas-de-Calais dont une
importante région forme actuellement le front de bataille, dont
l’autre donne asile à de nombreux mobilisables et réfugiés venus
des contrées envahies tant du Département que de celui du Nord, ne
peut conserver plus longtemps la foule des malheureux qui s’y
accroît chaque jour.
Ne
serait-il pas possible, Monsieur le Ministre, de former des trains
d’évacuation vers le Centre de la France où seraient recueillis
tout au moins les vieillards, femmes et enfants des communes occupées
par l’ennemi et qui traînent lamentablement leur misère ?
Il
resterait encore tant de pauvres gens dont il faut assurer
l’existence. Ces flux migratoires provoquent également des
difficultés de rationnement. Le préfet ne parvient pas à nourrir
tout le monde et il presse le ministre de mettre en place une
logistique en conséquence.
Rapport
du préfet au ministre de l’Intérieur, 18 octobre 1914
Organisation du ravitaillement :
J’ai
dû me borner jusqu’ici à pourvoir à l’alimentation de la
population indigente d’Arras et des étrangers qui s’y sont
réfugiés, les approvisionnements de la ville, limitée à quelques
jours, ne permettant pas de prélever sur eux ce qui pourrait être
nécessaire aux habitants des communes voisines avec lesquelles,
d’ailleurs, je suis dans l’impossibilité de communiquer.
L’Intendance de la I ère Région m’a expédié à cet effet
plusieurs wagons de pain, j’ai pu hier en faire parvenir dans un
village qui, depuis plusieurs jours, en était totalement dépourvu,
je m’efforcerai demain de répondre à d’autres besoins très
pressants...
Mais,
ainsi que j’ai eu l’honneur de le signaler à Monsieur le
Général, Directeur des Service de l’Arrière, il est
indispensable que, tant que durera leur situation critique, les
arrondissements d’Arras, de Béthune et de Saint-Pol, soient
ravitaillés par les soins de ses services, l’interdiction de la
circulation sur le front des armées y rendant impossible toute
espèce de transport civil. Je vous serais obligé de bien vouloir,
Monsieur le Ministre, insister pour que l’aide que j’ai
sollicitée nous soit donnée dans toute la mesure compatible avec
les exigences militaires.
V)
Le
drapeau Allemand flotte à la mairie, mais s'ils se figurent épater
les populations avec cela ils ont manqué leur effet, beaucoup de
gens le regardent bouche bée et ont bien de la peine à constater la
différence avec le drapeau français. Au milieu de la place quand
nous allons à la messe de midi se trouvent 9 tombereaux chargés de
bicyclettes qu'ils ont amenés de Bousbecque ; la rue de l’Hôtel
de Ville, qu'on a barrée, est remplie d'autos, la cour de l’Hôtel
de Ville ne suffisant plus à les contenir.
VI)
Journal
du Rémois Alfred Wolff (extraits)
Environ
40 femmes formant un groupe compact devant la fromagerie Michel le
Fohl attendent patiemment leur tour d’achats. Il en est de même
chez les boulangers en ce moment de pénurie.
Le
soldat Ricou du 320e de ligne me remet une lettre qu'il a trouvée.
Rue
Cérès, devant le siège de la Croix-Rouge, je rencontre Jules
Condette du 8e Génie, 52e Division caserné au Mont-Valérien.
Ex soprano-solo de la Maîtrise de la cathédrale où étaient
son père (baryton-solo), et son frère, Édouard, (organiste de
semaine au petit-orgue). Il me prie d’écrire à ses parents
ce que je fais immédiatement en rentrant au bureau...
Je
suis seul sur le boulevard de la Paix, aucun promeneur, le dos contre
le mur du magasin militaire je songe : A Cabay et sa
famille partis, à la caserne Colbert éventrée, (comme la jeune
fille de la rue de Bétheniville) qu'au 31 juillet cette cour
de caserne était pleine de mobilisés connus du département.
La
plupart camarades d’écoles et de sociétés musicales, on
s’interpellait, heureux de donner la secousse finale. Je
pensais aussi aux jours heureux passés pendant la période ayant
précédée la mobilisation qui avait été occupé à habiller les
officiers.
On tinte
bien loin un Lever-Dieu, sans doute une chapelle qui donne son salut
dominical... Mais un coup sec retentit, c’est le 75 qui
cherche à atteindre la batterie boche de Cernay
nouvellement établie... dans le silence du moment d’après un
nouveau coup retentit, j’entends le parcours de l’obus qui
fend l’air, cette fois le trajet est me semble-t-il plus court que
le précédent... La nuit arrive.
Extraits
des carnets d’Alfred Wolff, maître-tailleur spécialisé dans
l’habillement militaire, lequelle raconte son parcours et ses
journées en tant qu’agent auxiliaire de la police municipale.
Un
Taube abattu au-dessus de Paris (sur le site Brigade mobile spéciale)
VII)
18
octobre 1914 : le Lt De Gaulle rejoint Pontavert (Aisne)
Blessé
par balle au pont de Dinant (Belgique) le 15 août 1914 d’une
fracture du péroné, le lieutenant de Gaulle (11 e Compagnie)
est évacué sur Charleroi. Il est transféré à Arras avant d’être
opéré à Paris, à l’hôpital Saint-Joseph. On évacue ensuite
vers l’hôpital Desgenettes à Lyon puis il rejoint Cognac, où
se trouve le dépôt du 33e Régiment d’Infanterie et où de
nombreux blessés achèvent leur convalescence. Le lieutenant de
Gaulle rejoint son régiment sur l’Aisne dans la région de
Pontavert et y reçoit le commandement de la 7e compagnie.
VIII)
Lu
dans Le Moniteur :
France.
-
Nous occupons Fleurbaix, sur la Lys, tandis que les Anglais ont pris
Fromelles au sud-ouest de Lille.
En
Belgique nos fusiliers marins, de leur côté, ont repoussé
brillamment, une attaque Allemande sur le canal d’Ypres à la mer.
Prusse
Orientale. Les Allemands qui avaient repris l’offensive sont
réduits à la défensive.
En
Pologne, les forces Russes ont franchi la Vistule.
Une flottille Anglaise, composée d’un croiseur léger l’Undaunted, et de 4 contre-torpilleurs a coulé 4 contre-torpilleurs Allemands sur la côte Hollandaise.
Les
escadres Franco-Anglaises qui opèrent dans l’Adriatique ont coulé
un torpilleur Autrichien.
Le bombardement de Cattaro se poursuit, d’autre part, avec succès.
Le
gouvernent Russe, imitant l’exemple donné par le gouvernement
Allemand, a fait poser de nombreuses mines dans la mer Baltique et en
a avisé les puissances alliées.
L‘
Autriche est à peu près à court de subsistances, comme d’ailleurs
son alliée.
L’
Allemagne, a suspendu les droits sur les céréales, les légumineuses
et les farines.
Les
Japonais ont pris, à Kiao-Tcheou, la colline qui domine la place de
Tsin-Tao, dont la chute ne saurait plus être beaucoup différée.
Afrique
du Sud.-Une partie des soldats boers qui s’étaient rebellés au
Cap avec le colonel Maritz ont été capturés.
-
Au tout début de la grande guerre, 2 avions Allemands, un Taube et
un Albatros B, tentent de lâcher une bombe spéciale sur un
important dépôt de ravitaillement de Paris. Ils sont interceptés
par 2 avions français pilotés par des agents de la Brigade Mobile
Spéciale :
Un
Voisin 3 (Pilote : Agent Letalon (n°76), mitrailleur :
Agent Moreau (n°61) ) Un Morane L (Pilote : Agent Antiphon
(n°2), Mitrailleur : Agent Laspalès (n°1) ). Après plusieurs
tirs échangés à la carabine et au fusil-mitrailleur... le Voisin
descend le Taube qui s’écrase aux environs de Paris et constitue
une des premières victoires homologuées de l’aviation Française.
L’Albatros est de son côté mis en fuite.
Les
batailles de La Bassée, Messines et Armentières (12 au ...
www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr/.../les-batailles-de-la-bassee-...
Le
12 octobre, les Français perdent le contrôle de Vermelles, à la
lisière du bassin minier, ... Le 18 octobre 1914, l'ensemble du
front ouest est devenu continu.
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23/10/14
Le
journal de Paul Destombes, 18 octobre 1914 : «Nous ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../le-journal-de-paul-destombes-18-octobre-1914-n...
Il
y a 6 jours - Dimanche 18 octobre. Le canon gronde assez
lointain pendant la grand messe au Saint-Sépulcre. D'après la
direction, on suppose qu'on se ...
Lille
envahi, dossier 1914 -1918.
www.archivesdepartementales.lenord.fr/mini_site/cahiers.../index.html
Combat
devant Lille, octobre 1914, carte postale allemande, ... A l'approche
du centenaire de la déclaration de la guerre 14-18, et pour
inaugurer les différentes ...
Le
18 octobre 1914 : ravitaillement et exode - À l'écoute des ...
www.archivespasdecalais.fr
› ... › À l'écoute des témoins
Le
18 octobre 1914 : ravitaillement et exode. Le 18 octobre 2014.
L'afflux massif d'exilés provoque, dès les premiers mois de la
guerre, de réelles difficultés ...
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