mardi 28 octobre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 21 OCTOBRE 1914







 21 OCTOBRE 1914


I)
Le 21 octobre, un bombardement en régie fait rage sur Dixmude....
Marmites et shrapnells transforment le ciel en une voûte de fer et de feu. L'église et le beffroi s'embrasent, tandis que se multiplient dans les tranchées et dans la ville les hécatombes de Belges et de Français.
Puis des trombes d'infanterie Allemande s'élancent à l'assaut, dans un coude a coude qui se resserre sans cesse, malgré les sanglantes trouées que creusent les fusils et les mitrailleuses des marins.

Cet effort se brise contre la ligne infranchissable de nos tranchées, et c'est en vain que l'ennemi renouvelle ses tentatives... C'est en vain qu'il reprend le bombardement sauvage. Ses batteries lourdes sont habilement dissimulées derrière le château de la Tour Blanche, dénommé par notre État-major « château de Woumen. »

Une feinte à l'est ne réussit pas mieux. Prévenu à temps, Ronarc'h envoie des réserves qui, malgré leur faiblesse numérique, font rebrousser chemin à cette pointe d'attaque, imprudemment aventurée.

Tandis qu'à Dixmude 2 seules brigades tiennent ainsi tête au nord la boucle de l'Yser court les plus graves périls :
Les réserves Belges chargées du secteur situé entre Dixmude et Nieuport commencent à s'épuiser.
Heureusement, le 21 au soir, dans Furnes, où le roi Albert a établi son Quartier Général, retentit une fanfare Française : » Le Sidi-Brahim »... C'est le 16e bataillon de chasseurs qui accourt, en avant garde de notre 42e division. Elle est commandée par un chef dont la physionomie est vite devenue populaire, ce Grosetti ventru, jovial et intrépide, qui se bat à la manière de Henri IV, en faisant des mots et en cognant comme un sourd... Sans perdre une heure, il réoccupe Lombaertzyde et pousse vers Ostende, pendant que Mitry à sa droite, entraîne ses cavaliers vers la forêt d'Houthulst et enlève Bixschoote...

Les Allemands n'en foncent que plus rudement sur le centre et la ligne tenue par les Belges. Ils s'emparent de Tervaete, petit village situé en aval de Dixmude, et le conservent malgré une violente contre attaque déclenchée, dés le lendemain, par nos Alliés.
Les fusiliers marins de Ronarc'h ont pu secourir les Belges ,car, installées à Vladsloo, Eessen et Clercken, de nombreuses pièces lourdes les couvrent de feux dans Dixmude. La ville peut être prise à revers, maintenant que l'ennemi a forcé l'entrée de la vallée de l'Yser...

II)
Journée d'offensive Allemande, mais d'offensive repoussée sur toute la ligne, aussi bien sur les côtes de Meuse que sur le front Belge ou entre Somme et Oise.
Les nouvelles qui arrivent d'Arras sont navrantes. Si la ville n'a pas subi tout à fait le sort de Louvain, de Malines et de Termonde, nombreux sont les quartiers qui ont été mis en ruines.

Les informations de Petrograd attestent que la défaite des forces Allemandes sur la Vistule, entre Varsovie et Ivangorod, a été des plus caractérisées. Les troupes du kaiser ont laissé environ 30.000 hommes sur le terrain. Le tsar Nicolas II a adressé un second appel à la Pologne : Il fait appel au loyalisme de ce pays et annonce qu'il est prêt à reconstituer la nationalité déchirée, et à lui donner son autonomie sous la suzeraineté de la Russie.

Les Autrichiens essaient en vain de se servir de leurs avions devant Antivari et Cattaro.

III)
J’ai passé mon après-midi auprès d’une batterie de 155 longs établie entre Courcelles et Sampigny. Il faut être bien habile pour la repérer du haut du ciel, car j’étais à 50m d’elle que je ne l’avais pas encore vue.
Les deux pièces ont été mises en batterie au pied d’une colline, le long d’un chemin. Autour de chacune on a planté un petit bois de sapins, elles-mêmes sont recouvertes de branchages aux belles feuilles d’or : les abris des servants sont creusés dans le talus de la route et recouverts également de branchages. Tout le reste, caissons, avant-trains, chevaux sont dans des bois à 100m derrière.
Les obus sont couchés le long de la route et dissimulés par des herbes coupées. Ces pièces tirent sur Saint-Mihiel. Invisibles malgré les recherches des avions ennemis, par contre une fausse batterie composée de canons de zinc et de bois et placée en apparence à 600m de là reçoit constamment des obus...

Pendant le temps que je suis resté avec les artilleurs il est tombé plus de 100 gros obus de 105 sur la fausse batterie. C'est un tir acharné, les obus se suivent régulièrement à quelques secondes. Leur sifflement d’une tonalité que je n’ai jamais encore entendue ressemblent assez à celui de ces sirènes d’automobiles d’un effet si lugubre quand le sifflement se ralentit.

Ces gros obus venant de si loin (8 à 10 km) ont l’air de n’en plus pouvoir en arrivant au terme de leur course. Leur plainte devient intermittente comme la respiration d’un agonisant et après le dernier hoquet, soudain, rugit le bruit formidable de l’explosion. La chanson lugubre de ces 100 obus arrivant comme à la queue leu leu donne l’impression d’un cortège de femmes damnées descendant en hurlant du ciel vers l’enfer.

Et puis quand l’artillerie ennemie décide de se taire la nôtre lui répond par des tirs en rafales. Réponse terrible que celle de 6 canons tirant ensemble et coup sur coup pendant 5 minutes !
Quand je traverse Courcelles où le 1er bataillon est cantonné un biplan allemand apparaît très haut, perdu dans les brumes à peine transparentes. Au bruit de son moteur, un caporal, chargé de surveiller constamment le ciel, donne un coup de trompe et immédiatement les troupiers rentrent dans les granges, les chevaux sont conduits sous leurs abris de paille, les artilleurs se cachent dans leurs huttes de sapins.

IV)
La chanson reste au début du XXe siècle un support d’information privilégié :
Il n’est donc pas surprenant de la voir narrer les destructions des monuments historiques d’Arras, victimes d’une deuxième vague de bombardements lors de la seconde quinzaine d’octobre 1914.
Le 21 octobre, à 10h50, le beffroi d’Arras s’écroule et devient dès lors un symbole de la « barbarie » Allemande.
La propagande ne tarde pas à s’emparer du fait, relayé par les grands titres nationaux, et classe Arras parmi les villes martyres de France.
C’est dans ce contexte qu’Henri Augé (Douai, 22 juin 1888-Toulouse, 5 octobre 1966), marchand de piano, luthier, professeur de musique et compositeur touquettois, crée vers 1914 la mélodie La chute du beffroi, dédiée aux sinistrés d’Arras.
Les paroles de F. Guilbert poussent le désir de rendre l’Allemand responsable des destructions jusqu’à imaginer le Kaiser en personne donner l’ordre de brûler le beffroi et la cathédrale depuis Monchy-le-Preux.
Elles viennent en tout cas rappeler combien l’incendie puis la chute du beffroi d’Arras ont été cruellement ressentis, avec une intensité comparable à celle causée par l’incendie de la cathédrale de Reims.

La chute du Beffroi
Depuis près de huit jours on ne bombardait plus,
Et la vie reprenait peu à peu dans la ville
Les gens plus rassurés s’en allaient par les rues,
Avec le cœur plus libre et l’esprit plus tranquille.
Un beau soleil d’octobre éclairait les décombres.
Défiant l’ennemi notre antique clocher
Se dressait invaincu et projetait son ombre
Sur la vieille cité semblant la protéger.
Mais à Monchy-le-Preux, colline stratégique,
Les soldats Allemands entourent leur Kaiser,
Qui vient pour admirer la besogne tragique,
Et donner pour le crime d’altières croix de fer.
Mais lui, d’un air terrible, montrant le vieux clocher :
Rien de cette cité ne doit plus exister,
Brûlez leur cathédrale, abattez leur Beffroi
Répandez l’épouvante et déchaînez l’effroi.
Et tu fus obéi, ô Kaiser exécré,
Tes bandits ont détruit nos biens les plus sacrés !
Pendant de longues heures la mitraille fit rage
Le Beffroi paraissait résister sous l’outrage.
Mais soudain, ô prodige, s’apaise la tempête.
Une balle, peut-être, a touché la manette
De notre antique horloge et de son carillon
Et pendant que se tait un instant le canon,
Les airs, qui de tout temps ont bercé nos aïeux,
S’élèvent à nouveau sous la voûte des cieux.
Chacun en entendant ces chants mélodieux,
Essuyait en tremblant les larmes de ses yeux.
Mais c’est le chant du cygne, car il est condamné !
Le vieux Beffroi vacille et s’écroule entouré
De poussière formant un nuage vermeil,
Sublime apothéose, que dore le soleil.

V)
Au 56e RI de Chalon :
Pendant la nuit, un message venant de la 16e Division a apporté l’ordre pour le 56e RI de soutenir une attaque le lendemain, au petit jour...

L’ordre est immédiatement transmis au colonel qui fait prendre les dispositions nécessaires. Le 1er bataillon et la 5e compagnie sont mis en état d’alerte, puis le colonel se transporte aux avant-postes pour suivre l’attaque. Cette tentative se produit entre 6 et 7h, alors que le brouillard ne permet pas de voir la limite du Bois d’Ailly (Marne)... La Compagnie de 1 ère ligne a ouvert le feu, et l’a bientôt cessé, comme les unités à sa droite.
Le lieutenant-colonel a été alors avisé que le général commandant le 8e CA le convoque à Mécrin, où il se rend.

Visite du cantonnement par le général et le colonel, et départ un instant après. Les tranchées d’avant-postes, à la crête 332-284, ont été bombardées toute l’après-midi. Les tranchées de réserve des avant-postes ont été encadrées de très près et ont reçu de nombreux éclats. Pas de blessé. Les travaux de cheminement et fascinage ont dû être fréquemment interrompus. Vers 15h un obus isolé de 155 est arrivé à côté de la réserve des avant-postes.

VI)
 Journal du Rémois Alfred Wolff :
5 obus notamment tombent encore ce jour, à la réserve à la concentration militaire du boulevard Dauphinot au Cimetière de l’est, au passage à niveau, alentour, etc...

Les « laissez-passer » ne passent plus, de grands mouvements de troupe sont en route, l’autorité militaire ne laisse même pas passer des fournisseurs tailleurs militaires.

Le Sous-intendant militaire Lalande, rue Martin Peller est des plus aimable, il recherche la lettre écrite par le maître-tailleur Mr Prioux du 132e de ligne pour me délivrer un sauf conduit pour Chatelaudren où je dois reprendre au titre civil le poste de chef d’atelier tailleur, comme le stipulera bientôt ma demande que me signe le commandant de place Mr Portevin.
Mr Prudhomme, Commissaire de Police me donne mon certificat, fait par Mottet, secrétaire.

VII)
 Journal du Rémois Paul Hess (extraits)
Le Courrier reproduit quelques citations au journal officiel, en tête desquelles figure le nom du maire de Reims.
Le journal officiel publie une première liste des citations faites par le gouvernement pour honorer le courage et le dévouement des personnalités civiles : « M. le Dr Langlet, maire de Reims, qui a su donner à ses concitoyens le plus noble exemple de sang froid, de courage et de dignité pendant l’occupation de cette ville » (…)

Au cours de l’après-midi, quelques obus sont tombés dans le haut du faubourg Cérès et dans le cimetière de l’Est.
Le 94e arrive à Bray-Dunes.
La 42e Division est alors rattachée, au 32e Corps.
A la 83e Brigade, le 16e Bataillon de Chasseurs va bientôt remplacer le 19e.

« Le 20 et 21, longs jours d'angoisse : Dixmude est écrasé de bombes. Les Allemands, dont les effectifs se renouvellent à chaque instant, se ruent avec plus de fureur que jamais sur les lignes Belges qui finissent par plier.

Le Général Foch indique une ligne de repli et donne l’idée d’inonder le pays. On tiendra tant bien que mal jusqu’à ce que le pays soit inondé.
D’ailleurs, voici la 42e Division, celle des Marais de Saint-Gond.

VIII)
Lu dans Le Moniteur :
Le saviez-vous?
Champagne.
-Dans l’armée Britannique, selon le Vigneron Champenois du jour, « […] dans les pharmacies de campagne il est prévu pour 1 000 hommes, 150 boîtes de lait condensé et 10 bouteilles de champagne ».

Bataillon Franco-Canadien, Création du 22e Bataillon (Canadien-Français), qui deviendra après la Première Guerre mondiale le 22e Royal régiment.

IX)
Situation en France et en Belgique
Nous pouvons nous faire une idée assez précise des opérations en cours, en lisant la presse nationale du jour :

L’aile ouest du front est tracée par une ligne verticale passant par Nieuport, ville Belge située entre Dunkerque et Ostende, descendant par Dixmude, Ypres et la Bassée jusqu'à Arras.

Le point chaud de la bataille remonte vers le nord, la lutte est maintenant très vive, extrêmement violente, en Belgique depuis la jonction de l'armée Belge d'Anvers avec les forces Anglo-Françaises.
C'est donc au nord que pas à pas se transporte le gros de l'armée Allemande, en une longue colonne allant d'Ypres à la Meuse.
Cette armée est composée de deux groupes principaux.
L'un de ces groupes, le plus important, est stationné vers Lille, l'autre est autour de Verdun.
Toute cette armée est enveloppée au sud et à l'ouest par les troupes alliées.

Beaucoup d’autres actions séparées jalonnent le front : Au pied des Hauts-de-Meuse, aux abords de Verdun, près de Fresnes-en-Woëvre, sur la Meuse, où les Allemands tentent de repousser les troupes Françaises qui ont pénétré dans la presqu'île du Camp-des-Romains, entre la Meuse et l'Argonne, près de Varennes, entre Péronne et Albert.
Entre la forêt d'Argonne et l'Oise, la situation est assez calme, sauf les coups de canon que les Allemands continuent à diriger sur Reims.

Le journal Le Temps, fait le point sur la situation du front Russe. « La dernière situation, des armées Austro-Allemandes et Russes, nous les montre développées sur un front s'étendant du Niémen, au nord, jusqu’aux Carpates Orientales.
Ce front passe par Gumbinnen et les lacs de Mazurie en Prusse Orientale, Mlava, en Pologne Russe, atteignant la Vistule à Vlotslavsk, longeant la rive gauche de ce fleuve jusqu'à l'ouest de Varsovie, descendant au sud-est vers Radom et Sandomir, au confluent de la Vistule et du San, sur la frontière de la Galicie.
En Galicie, le front suit le San, passant par Przemysl assiégée, et atteignant Sambor, au pied des Carpates.

Sur ce front, d'une étendue d'au moins 1 000 kilomètres, combattent en ce moment environ 5 millions d'hommes. »

Le Temps publie une dépêche du correspondant du « Daily Telegraph » qui donne des détails sur la destruction systématique des mines et des usines des régions envahies.
« Les Allemands ont choisi les grands centres miniers du Nord pour y assouvir leur vengeance avant qu'ils soient repoussés de France, et leur artillerie ainsi que leurs réserves d'explosifs sont employées à détruire et à rendre impraticables les mines de charbon. »
Le correspondant ajoute :
« La bataille dans le Nord est simplement un combat autour des puits de mines, que les Allemands essayent de ruiner de fond en comble avant de quitter la contrée. »
Et il conclut :
« Depuis Denain jusqu'à Lille la moitié des villages sont en flammes, il y a 5 jours. Les Allemands comprennent qu'ils perdent du terrain et que la bataille tourne contre eux, avant de partir ils se sont vengés sur les villes sans défense et sur les mines désertes. »

Ordonnance du préfet de police :
Article 1er : Les dispositions de l'ordonnance de police du 15 août 1914, portant interdiction de vente de l'absinthe dans les débits de boissons et de l'ordonnance de police du 7 août 1914, étendant cette interdiction à la vente et au colportage de l'absinthe en général, sont applicables au même titre et sous les mêmes sanctions aux « boissons similaires » visées par les lois du 8 janvier 1907 et 26 décembre 1908. Le colportage de l'absinthe et des boissons similaires est également interdit.

X)
Le Courrier reproduit, aujourd'hui, quelques citations au Journal Officiel, en tête desquelles figure le nom du maire de Reims. Voici :
Hommage au courage civique
Le Journal Officiel publie une première liste des citations faites par le Gouvernement pour honorer le courage et le dévouement des personnalités civiles, la première liste est précédée du préambule suivant :
Le Gouvernement porte à la connaissance du pays la belle conduite de :

  1. M. le docteur Langlet,
  2. M. Colin, adjoint au maire de Saint-Dié,
  3. MM. Louis Paillard, commerçant, Nottin, curé-archiprêtre, Foureur, directeur d'école publique, membres de la Commission municipale de Vitry-le-François, etc.
  4. M. Regnault, procureur général à la Cour d'Appel d'Amiens, etc.
Le journal ajoute :
Nous sommes heureux de voir reconnaître officiellement les services rendus à nos concitoyens par M. le Dr Langlet.
En inscrivant le nom du maire de Reims en tête de la première liste des citations faites pour bravoure et courage civique, le gouvernement de la République a non seulement récompensé l'homme de devoir qui, dans les circonstances pratiques que nous avons traversées, s'est constamment dévoué au bien public, il a, en même temps, donné à notre ville si éprouvée et si courageuse un témoignage d'estime qui, en attendant d'autres compensations, va au cœur de tous les Rémois...

- La nuit et la matinée ont été calmes.
Au cours de l'après-midi, quelques obus sont tombés dans le haut du faubourg Cérès et dans le cimetière de l'Est.
Nuit silencieuse. Calme complet. Bombes l'après-midi, visite à Saint-Remi, à M. le Curé, à l'Orphelinat, bombes.
Enfin ! Carte de Marcel (10 octobre) qui nous rassurerait complètement si nous ne le savions englobé dans des masses de cavalerie qui guerroient dans le Nord qu’il en vienne vite une autre pour appuyer nos troupes !

Puis, 1 ère lettre de Marie-Thérèse (17 octobre) qui dépeint son immense douleur et sa résignation à la volonté de Dieu, sa vaillance est héroïque et m’émeut profondément.

Je décachette aussi un pli de Bar-le-Duc adressé à M. Legros qui, par avance, m’a donné l’autorisation de l’ouvrir : Il émane de Mme Baudart qui répond aux renseignements demandés.
Par l’infirmière qui l’a soigné, elle a pu savoir que blessé à la tête le 5 octobre à la bataille de Beauzée, André n’a été hospitalisé que le 6 à 23h. il a perdu connaissance au cours du pansement qui a aussitôt été fait... ses extrémités sont déjà froides et on lui enveloppe d’ouate les pieds et les mains.

Paul Dupuy. Document familial issu de la famille Dupuis – Pérardel - Lescaillon. Marie-Thérèse Pérardel, femme d'André Pérardel, est la fille de Paul Dupuis. Ce témoignage concerne la période du 1er septembre au 21 novembre 1914.
Source : site de la Ville de Reims, archives municipales et communautaires

XI)
21 octobre 1914 : Arras souffre sous les obus
Dans les Flandres, la puissante attaque des troupes du duc de Wurtemberg se heurte aux soldats de la 42e division d’infanterie du général Grosseti qui tente de contre-attaquer autour de Nieuport.

Arras se trouve une fois encore sous le feu de l’artillerie ennemie. Comme Reims la ville est une cible privilégiée des canons allemands.
Le centre-ville et le beffroi sont gravement endommagés.
La cité est un peu plus défigurée.

Le ministre Malvy reçoit les représentants de la presse parisienne décidés à signifier leur protestation solennelle contre l’ampleur de la censure.
Le ministre s’engage à améliorer les relations entre l’État et les journaux dans ce contexte très particulier.
Malvy déclare : «  Le gouvernement est décidé à concilier les exigences de la Défense nationale avec les droits et les libertés de la presse ».
Le président du Conseil René Viviani fait un effort en direction des indigents Belges réfugiés dans l’Hexagone et dont le soutien de famille est sur le front. Le chef du gouvernement décide qu’ils bénéficieront des mêmes secours que les Français.
XII)
Le Journal des Basses-Alpes, La Semaine religieuse de Digne et La Croix de Paris, publient le document que voici :
Certains individus font courir dans une commune du département des bruits stupides, prétendant que le clergé Français est l'auteur responsable de la guerre, et poussent à des représailles contre lui les familles dont les membres seraient victimes de la guerre.
Le commandant d'armes met en garde le public contre de pareilles nouvelles, il avertit charitablement leurs auteurs qu'une surveillance est exercée contre eux et que le Conseil de guerre les attend sous peu.
Le commandant d'armes, Lantoine.
C'est la troisième manifestation officielle de la vigilance publique à l'adresse des auteurs de faux bruits calomnieux et diviseurs.
La première venait du préfet de Savoie
La seconde du sous-préfet de Chateaubriand.
La troisième porte haut la marque de l'autorité militaire
La juste répression qu'elle annonce en termes excellents a aussi l'avantage de confirmer la réalité des rumeurs qui, dès le 1er ou le 2 août, ont couru le pays. À la veille des serments de trêve sacrée, la Révolution qui, souvent, vient d'Allemagne, mobilise tous ses espions, tous ses suppôts, conscients et inconscients, pour tenter de nous jeter les uns contre les autres.
Civils ou soldats, républicains, nationalistes ou royalistes, nous n'avons qu'un devoir : Prendre à la gorge les colporteurs de mensonges pernicieux et les forcer à signer leurs dires, à donner leurs raisons et à nommer leurs sources. L'unité nationale est certainement à ce prix.
La lettre de l'évêque de Dijon
Dans une lettre qu'il adresse à son clergé, Mgr l'évêque de Dijon vient de placer sur le véritable terrain la question de la propagande religieuse par les médailles et les scapulaires.
Agitée partout, même dans les conseils du gouvernement avec plus de passion que de raison, l'affaire n'a été abordée jusqu'ici qu'au point de vue des fauteurs ou des fautrices du « prosélytisme », on a toujours laissé de côté ceux qui en sont l'objet, à savoir nos blessés Français. Ou plutôt on les a traités par prétérition, en considérant comme accordé et hors de conteste que leurs convictions philosophiques ou religieuses ont du être offusquées.
Mais l'ont-elles été ?
Et pouvaient-elles l'être ?
C'est de ce point de fait que s'est occupé Mgr l'évêque de Dijon.
M. le ministre a été mal informé, dit-il :
« Ce ne sont pas les infirmières qui, habituellement, proposent les médailles, ce sont les militaires qui les demandent et qui s'empressent pour les recevoir ». « On a même vu des protestants en demander pour eux, la diversité de cultes ne les arrête pas. »
« Il suffit de s'être trouvé sur le quai d'une gare, au passage d'un train portant des troupes au feu ou ramenant des blessés, pour le constater. »
« On n'a jamais réduit par des circulaires un besoin instinctif de secours religieux dans la perspective d'un péril. »

C'est ce qu'il sera difficile de faire comprendre aux personnes que Mgr l'évêque de Dijon appelle des dénonciateurs « à l'affût de délits cultuels. »

Mais il reste le genre humain qui comprendra et sentira. Nous avons besoin de paix civile, il n'y en a point sans justice, sans bienveillance et sans intelligence. Nous avons besoin de toutes nos forces morales, et vouloir, à une heure pareille, retrancher de ce total précieux les précieuses forces morales inspirées par la loi catholique, serait, si la faille était volontaire, un crime contre la patrie.

Elle est involontaire ? Alors, ce n'est qu'une bêtise, mais énorme.
Hâtez-vous de la déplorer ou de la faire oublier.
Du commun point de vue national, abstraction faite des idées religieuses ou irréligieuses, c'est le moins que l'on puisse faire !

XIII
Situation de prise d'armes :
26 officiers 1 797 hommes.
Le régiment reçoit dans la journée l'Ordre Général n°7 du 19 octobre 1914 du général commandant la D.I, dont ci-dessous extrait.

Le général Commandant la 6e D.I. cite à l'ordre de la Division Gérard Charles :

« Le 14 septembre à Loivre,
A défendu les abords du pont du canal, contre les entreprises de l'ennemi. A tenu depuis 2 h quand il est blessé par un éclat d'obus,
A conservé le commandant de sa 1/2 section.
Ayant été obligé d'abandonner son arme, est allé puiser des seaux d'eau dans le canal pour refroidir le canon des fusils de sa 1/2 section.
Les obus ayant détruit la maison dans laquelle il se trouvait, a été blessé une 2e fois par l'écroulement de la maison.
Avant de se rendre à l'ambulance est venu rendre compte à son Ct de Cie. Brillante conduite aux combats de Loivre et de Villers-Franqueux. »

Sergt Blot Raymond, sergent Plat Joseph, sergent Colin René :
« Très belle conduite au feu ».

Saint Paul : Caporal, Méry 2e classe, Picolo 2e classe, Morel 2e classe :
« Très belle conduite au feu ».

Girault Lucien, caporal fourrier :
« A fait preuve de courage et d'énergie en forçant une centaine d'Allemands réfugiés dans une grange à se constituer prisonniers, sous menace d'incendie de la grange après l'attaque de nuit de Villers-Franqueux le 27 septembre. »

XIV)
A partir du 21 Octobre, le secteur du Régiment qui est occupé par le 28e et le 239e placés en lignes successives (28e en 1re ligne et le 239e en 2e 1igne est divisé en 2 secteurs occupés par les 2 régiments qui deviennent accolés, la ligne de séparation des 2 secteurs est marquées par le chemin de Toussicourt à Villers-Franqueux, la lisière N de ce village et le chemin de terre allant du cimetière de Villers-Franqueux au cimetière de Loivre. La partie Nord est affecté au 239e, la partie Sud au 28e.

Le secteur du 28e est occupé comme il suit :
Le 1er Bataillon reste chargé de la défense de Villers-Franqueux et de ses abords.
Le 2e et le 3e Bataillons occupant la partie du secteur, la droite de l'un d'eux couvrant le flanc S du village et assurant la liaison avec le secteur de Maison Ragot, l'autre assurant la défense avancée aux abords de la Route nationale. Ces deux bataillons alterneront entre eux pour ces deux missions.


Le 239e prend alors le secteur de gauche, avec ses deux bataillons. Des mesures analogues : un bataillon est chargé de la gauche de Toussicourt et du flanc de Villers-Franqueux en assurant la liaison avec le secteur de Cauroy, l'autre bataillon forme la défense avancée aux abords de la Route nationale. Ces bataillons alternant entre eux par jour... Dans la journée du 21, les travaux de la défense avancée n'ayant pas dépassé la Route nationale dans le secteur du 28e une compagnie du 2e Bataillon occupe seule les travaux de fortification effectués.

Pertes : néant.
Dans la nuit arrive du Dépôt commun des 129e et 329e I un renfort de 321 hommes comprenant :
1 adjudant
12 sergents
24 caporaux

284 soldats
Le Sous-lieutenant Noblesse, 5e Cie est évacué.

Le journal de campagne du 256e RI | Le 21 octobre 1914 ...
www.lejsl.com/edition-de.../21/le-21-octobre-1914-du-56e-ri-de-chalon
Il y a 5 jours - Le 21 octobre 1914 du 56e RI de Chalon. Pendant la nuit, un message venant de la 16e Division a apporté l'ordre pour le 56e RI de soutenir ...
78/ Journal de la grande guerre: le 21 octobre 1914 | 1914 ...
https://reims1418.wordpress.com/.../21/78-journal-de-la-grande-guerre-l...
Il y a 5 jours - Rediffusion ce soir sur France 3 à 3 h 10 Elles étaient en guerre (1914-1918) http://www.france3.fr/emission/elles-etaient-en-guerre-1914-1918 ...


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