6
OCTOBRE 1914
I)
La
bataille bat son plein à l'aile gauche, au nord de l'Oise. Nous
avons dû, sur plusieurs points céder du terrain. Nous avons
repoussé des attaques dans l'Argonne.
Les détails qui parviennent sur la défaite Allemande dans la Russie occidentale sont extrêmement importants. Ils attestent que les 4 corps d'armée du kaiser ont du faire une retraite très précipitée.
Le tsar est arrivé sur le front pour prendre le commandement général de ses forces, tandis que Guillaume II se rend à Thorn.
Mais
c'est en Silésie Prussienne, à proximité de Cracovie, que selon
toute apparence se déploieront les grandes opérations.
Des engagements se sont produits à Kiao-Tcheou entre Allemands et Japonais.
La situation à Anvers est qualifiée de stationnaire.
II)
20
Officiers – 1 521 hommes
Rien de changé ni dans la situation ni dans la mission du détachement.
Le stationnement du 28e Régiment à Villers-Franqueux est mis à profit pour nettoyer et remettre en état les armes, pour renouveler les effets d'habillement et d'équipement dans la mesure des ressources mises à sa disposition.
Pertes : Néant.
Ordre n°1
Le Colonel cite à l'ordre du Régiment
Rien de changé ni dans la situation ni dans la mission du détachement.
Le stationnement du 28e Régiment à Villers-Franqueux est mis à profit pour nettoyer et remettre en état les armes, pour renouveler les effets d'habillement et d'équipement dans la mesure des ressources mises à sa disposition.
Pertes : Néant.
Ordre n°1
Le Colonel cite à l'ordre du Régiment
le
médecin Aide Major de 2e classe Gassiot :
« A, dans toutes les occasions de la campagne fait preuve de zèle, de dévouement, d'un savoir technique très avisé et en particulier à Loivre d'un beau courage qui l'a porté à secourir les blessés jusqu'aux premières lignes dans des circonstances critiques. »
Témoignage
d’une commerçante de la rue Saint-Géry.
III)
Mardi
matin des détonations formidables pareilles au roulement du tonnerre
mettent la ville en émoi. Carreaux, vitres, glaces des maisons de la
rue Saint-Géry volent en milliers d’éclats... Puis on voit
défiler les troupes Françaises qui repassent dans la ville en se
repliant.
Tout en marchant, les soldats jettent à la population des phrases brèves : « Rentrez dans vos maisons. Cachez-vous ! »
Toute
affolée, je descends dans ma cave, suivie de ma bonne. Depuis 10h00
jusqu’à 16h00, nous étions là plus mortes que vives, écoutant
anxieusement l’enfer qui faisait rage au-dessus de nos têtes.
Nous
entendions des masses de ferrailles exploser, des maisons s’écrouler
avec fracas. Mourir, oui ! Mais pas toute seule dans cette cave. Il
faut se sauver... Où ?
Cette
idée me taraude l’esprit, lorsque j’entend une voix dans une
cave voisine. Allons-y ! Nous remontons 3 fois l’escalier, mais
chaque fois nous redescendons, terrifiées et abasourdies par les
détonations formidables qui retentissent au dehors.
Le
courage prend le dessus. Je me risque, j’ouvre la porte de la cave
d’un trait et je traverse l’espace comme un éclair.
Enfin je ne suis plus toute seule. Il y a là dans la nouvelle cave 9 femmes. Mes nerfs se détendent, après cette émotion que je n’oublierai de ma vie, et je subis une terrible réaction...
Enfin je ne suis plus toute seule. Il y a là dans la nouvelle cave 9 femmes. Mes nerfs se détendent, après cette émotion que je n’oublierai de ma vie, et je subis une terrible réaction...
Lorsque
je reviens à moi, on me dit qu’il faut partir : La maison est en
feu. Pensez-donc ! Nous étions dans une cave pleine de barils
d’alcool.
Nous
voulons nous sauver dans une cave en face. Impossible d’y entrer :
Elle est en flammes.
Que faire ? Instinctivement, on traverse la place des États, arrosée à profusion d’éclats d’obus.
Que faire ? Instinctivement, on traverse la place des États, arrosée à profusion d’éclats d’obus.
Nous
voyons 3 de ces engins dont l’un incendiaire. Les flammes nous
jaillissent sur les pieds.
Nous
réussissons enfin à nous tapir dans une troisième cave, celle d’un
banquier.
Nous y restons deux jours et demi. On est à 16. Le pain manque. Nous nous soutenons avec du vin et du champagne.
Quel spectacle terrifiant ! L’Hôtel de Ville est en feu, la rue Saint-Géry n’est qu’un immense brasier, le ciel tout noir est sillonné par des projectiles.
Les
flammes me brûlent les yeux, mais je cours toujours avec d’autres
femmes, affamées, toutes en pleurs. Et nous faisons 35 kilomètres
jusqu’à Saint-Pol.
Toutes
mes économies, plusieurs milliers de francs en billets de banque, en
argent et en or, 30 000 francs de marchandises, sont devenues la
proie des flammes... Je suis restée sur le pavé avec ce que j’ai
sur le dos, sans pouvoir sauver même une chemise de rechange.
IV)
Ambulance
du Saint-Sacrement
On
apprend qu’une partie d’Arras brûle. Nous allons coucher ici
dans les caves, on cherche une installation et nous prenons
possession d’une cave avec Jean et Gabrielle Paris, les 3 petites
Paris, maman, l’abbé Lefebvre, Marguerite et moi... À côté,
s’installent Mmes Leclercq, Carpentier, Mlles Wartel, Gonsseaume,
Bracq, Thomas, des infirmiers, la gaieté la plus franche règne
parmi nous. Jamais plus d’entrain n'est vu dans aucun
pique-nique... Les fous rires se succédent sans relâche, souvent
déchaînés par l’abbé Lefebvre, qui plaisante drôlement. On ne
sait pas si on vivra encore le lendemain, on profite gaiement de ses
derniers instants.
V)
Lundi
5 octobre 1914 : Une trentaine d’enfants arrivent pour la classe.
Après une longue hésitation on les renvoie.
14h00,
apparition des Allemands. Les cuirassiers Français arrivés ici
depuis hier soir en blessent un qui réussit à fuir avec les autres.
16h00,
on voit une trentaine d’Allemands à l’entrée du village. Chacun
se renferme chez soi. Pour la première fois, on entend les fusils,
et le canon.
18h00
le village est complètement envahi. M. Louvet accompagne un officier
(Allemand) pour donner l’ordre de laisser les portes ouvertes et
les fenêtres et corridors éclairés.
9
officiers, dont le Commandant, soupent ici (dans la maison de
l’auteur), sans exigences. Du bœuf froid, des œufs au plat, des
fruits et 3 ou 4 bouteilles de vin (sont servis).
Pendant
le repas, des soldats nous arrivent par toutes les portes. La vue
d’un officier suffit pour leur faire rebrousser chemin. Le
Commandant et son fils occupent la chambre des étrangers (sans doute
chambre d’amis). Deux officiers, la chambre des machines (?) 3
sentinelles et une ordonnance couchent sur la paille dans le
corridor.
2h00,
on réveille le Commandant, les officiers descendent.
5h00,
tous prennent le café et une heure après , la maison est vide. Tous
les soldats se préparent au départ. Le cimetière est couvert de
paille non battue. Ils emmènent les chevaux, les chariots et les
voitures.
8h00,
passent les domestiques de la ferme, liés et emmenés comme otages.
Le
canon Français venant de Frelinghien éclate sur le nouveau
cimetière, vers l’arrière garde qui précipite la fuite (des
soldats Allemands). Le bras du grand Christ est cassé !...
VI)
Aubigny :
On ordonne au général de Maud'huy et lui demande de se maintenir à
tout prix autour d'Arras en attaquant par sa gauche avec la cavalerie
et le 21e corps nouvellement débarqué. Mais le lendemain, le 10e
corps perd Beaurains, et la division Barbot se replie jusque dans les
faubourgs d'Arras, qui va subir les horreurs du bombardement.
D'autre
part, nos troupes engagées entre l'Oise et les plateaux à l'est
d'Arras, ne maintiennent leur front qu'au prix des plus grandes
difficultés.
VII)
Dans
la région de Roye, elles perdent Parvilliers, Villiers lés Roye,
Andechy, Le Quesnoy en Santerre, une partie de Beuvraignes et de
Saint Aurin... Plus au nord, elles sont également forcées
d'abandonner Gommécourt.
A
gauche, l'armée de Maud'huy, qui devient la 10e armée, réussit à
maintenir ses positions au sud et à l'est d'Arras et à repousser, à
force de vigilance et de ténacité, les violentes tentatives
Allemandes pour la couper de la mer.
C'est
en vain que Bülow a déchaîné l'attaque brusquée d'une masse de
cavalerie, renforcée par des détachements d'infanterie transportés
en automobiles.
Cette
cavalerie pousse jusqu'à Hazebrouck, Bailleul et Cassel. Mais
l'ennemi échoue devant Arras dont il peut détruire les monuments,
mais non forcer l'enceinte vaillamment défendue par le corps mixte
du général d'Urbal.
C'est
tout juste si, au prix des plus grands sacrifices, les Allemands
s'infiltrent dans les faubourgs de Saint Laurent et de Blangy. Pour
que notre manœuvre débordante puisse continuer à se poursuivre
dans le nord, il faut, coûte que coûte, maintenir l'inviolabilité
de notre front.
Joffre
télégraphie aux commandants d'armée :
«
Fortifiez vous le plus possible sur tout votre front. Agissez avec le
maximum d'énergie. Nous étudions les moyens de vous amener des
renforts ».
Les
renforts ainsi annoncés vont être fournis, en grande partie, par
l'armée Anglaise, car une nouvelle phase d'opérations commence,
dans laquelle les Français, répartis un peu partout, vont agir en
liaison intime avec les Belges sortis d'Anvers et les Anglais
rassemblés face aux Flandres.
Le
roi Albert garde le commandement de ses troupes, tout en se déclarant
prêt à recevoir les instructions du généralissime Français. Le
maréchal French a accepté, en fait, la même nécessaire
subordination... Ce n'est ni sans lenteur ni sans obstacles que
l'armée Britannique a quitté la région de l'Aisne pour arriver par
voie ferrée en Flandre et en Belgique, dans le plat pays qui s'étend
de Béthune à Ypres.
La
mission de cette armée, dans l'ensemble des opérations, sera de
prolonger d'une manière incessante, au fur et à mesure de ses
débarquements, le front du dispositif général, afin de déborder
l'ennemi et d'entrer ainsi en liaison avec l'armée Belge. Elle a
trouvé à propos l'appui de nos corps de cavalerie parvenus au nord
de la Lys. Le but de ses premières opérations va consister à aider
les Belges à tenir sur l'Yser, et à empêcher toute offensive
Allemande sur Dunkerque et Calais, car la trouée s'ouvre toujours de
Dunkerque à Lens.
Il
est aussi urgent que les divisions Anglaises et Indiennes de French
apportent leur secours à de Maud'Huy Sans doute celui-ci a t il
progressé sur Ablain, Carency et la Targette.
Après
la défaite de Charleroi, les troupes Françaises doivent se replier.
Arras est alors déclarée ville ouverte. Les Allemands l’occupent
quelques jours, du 6 au 8 septembre 1914.
La
contre-offensive Française oblige les troupes Allemandes à
abandonner la ville mais ces dernières restent solidement
retranchées et durant un mois, de violents combats vont se dérouler
autour d’Arras.
Le
matin du 6 octobre 1914, l’artillerie lourde Allemande ouvre le feu
sur la ville. Ce ne sont là que des prémices des futurs
bombardements. Le 7 octobre 1914, des obus incendiaires tomberont sur
le centre-ville.
L’Hôtel
de Ville est en flammes... Le 21 octobre 1914, de 10h30 à 11h20, le
Beffroi sera pris pour cible. En seulement 50 minutes, il est réduit
en ruines. Du le palais et la cathédrale Saint-Vaast déjà touchés
lors des bombardement du 6 octobre, sont à leur tour
systématiquement pris pour cible. En 2 jours, les obus ont raison de
ces monuments, reconstruits au XVIIIe siècle par le cardinal de
Rohan.
D’autres
édifices prestigieux ont été partiellement ou totalement détruits
du fait des bombardements :
- Les églises Saint Jean-Baptiste, Saint Nicolas et Saint Géry
- Les chapelles Notre-Dame des Ardents, des Clarisses, des Chariottes, de la Providence, des Augustines…
- Les bâtiments du séminaire dont la chapelle du Saint-Sacrement
- Le Palais de Justice (ancien hôtel des États d’Artois), le Théâtre, l’ancien Noviciat des Jésuites, la Préfecture (ancien Palais épiscopal).
VIII)
L'atelier
du Luxembourg (École préparatoire à l’École nationale des
beaux-arts, section d'architecture), reprend ses cours le mardi 6
octobre 1914.
Les inscriptions peuvent être prises dès à présent, 18, rue du Luxembourg, de 1h00 à 17h00, tous les jours, sauf le dimanche. »
Les inscriptions peuvent être prises dès à présent, 18, rue du Luxembourg, de 1h00 à 17h00, tous les jours, sauf le dimanche. »
IX)
Minuit
trente- Tiii, iu iu iu iu iu iu i…….Pagnnne !
Réveil
en musique. C’est extraordinaire : Ce petit sifflement, qui
ressemble un peu au cri que fait la soie quand on la déchire, vous
tire du plus profond sommeil. Déjà le subconscient a enregistré le
danger que cache ce léger murmure… Avec quelle hâte on se jette
sur son pantalon, ses chaussures, sa montre et son portefeuille !…
Et voilà ! Toutes les 30 secondes : Tiii iu iu iu iu
Pagnnne !… Nous sommes là à attendre dans le grand
vestibule : il pleut, il fait un froid noir. Pas gaie, la guerre
aujourd’hui !
3h00
-Tiii iu iu iu iu … tiii iuiu iu iu … Pagnnne !…
Pagnnne !… Ca continue…
4h00
Cela cesse. Je monte me coucher.
6h00
Ça reprend ! Oh ! mais cette fois, c’est extrêmement
sérieux : Toutes les 5 minutes nous recevons sur notre
cantonnement un obus de 210. C’est ce que nous appelons les
« grosses marmites ». Une maison voisine vole en éclats
…
Nous
descendons nous réfugier dans la cave voûtée de la maison. C’est
là que j’écris, assis sur un tonneau, au milieu de voisins
terrifiés, d’enfants qui crient… le sifflement est
singulièrement effrayant, l’éclatement le suit à une seconde. Çà
fait « Pfuiii… », et immédiatement après c’est…
la fin du monde à quelques mètres de nous.
Jusqu’à
présent notre maison n’a rien. Mais la maison où nous prenons nos
repas est démolie, le joli chalet Fayard l’échappe belle, la
route « n’est qu’un trou » devant sa grille, un obus
explose exactement sur la tombe de 4 chasseurs dont les corps sont
éparpillés.
10h00
Ça cesse… jusqu’à quand ? Nous avons été trahis, c’est
évident : Tous les obus ont été envoyés sur notre
cantonnement et sur celui du 1er bataillon. La ville est remplie
d’espions, nous le savons et… voilà le résultat de notre
stupide indifférence.
Tous
les hommes de la ville rentrés depuis 2 jours fuient de nouveau, ils
laissent leur femme pour garder la maison. Et c’est dans le bureau
du commandant installé dans la cave un défilé incessant d’hommes
tremblants qui viennent chercher des laissez-passer.
Les
habitants risquent les uns après les autres un œil dans la rue. Ils
sont tout pâles, maigres, anxieux. L’impression que me laisse ce
bombardement est pénible, ces énormes torpilles font peur. Je
commence à comprendre le colonel démoralisé que nous recueillîmes
à Deyvillers, retour de Sarrebourg…
Pour
essayer de diminuer mon angoisse je gagne ma chère forêt. Elle est
sinistre aujourd’hui sous un ciel de brouillard très bas. Il fait
nuit à midi. Les troupiers sont tristes, ils ont froid. Le passage
des obus cette nuit au-dessus d’eux les a inquiétés. Ah !
dans la forêt ce n’est plus comme dans la plaine. On nage dans
l’inconnu. On s’y noie pour peu que la peur vous envahisse et si
on se laisse aller c’est bientôt une sorte de panique qui vous
saisit.
14h00
Le canon reprend par coups tantôt espacés, tantôt répétés.
Sont-ce des pièces Françaises ? Sont-ce des pièces ennemies ?
Cela vient de Cirey. Le père Alem très nerveux fume sa pipe et
cherche d’où viennent les obus et où ils vont.
16h00
Il fait de plus en plus noir. Le brouillard devient épais. Une vive
fusillade éclate du côté d’Herbaville… Nous sommes là, le
capitaine, le père Alem et moi, immobiles dans l’étroit potager,
l’oreille tendue.
Que
se passe-t-il ? On dirait que l’ennemi rôde tout autour de
nous. Oh ! comme ce cercle de sapins ressemble au collet du
braconnier ! A mesure que la nuit tombe on dirait qu’il se
resserre autour de nos poitrines…
18h00
Oh ! oh ! ça devient sérieux… Dans la nuit tombée
j’accompagne le capitaine dans une tranchée derrière l’étang…
Tout à coup, rumeur violente sur le chemin d’Alencombe. « Des
boches !… des boches !…» Entre les 8 hommes d’une
patrouille, 2 taches grises : 2 prisonniers. On nous les amène.
Ce sont 2 hommes de la landwehr. Ils ont été faits prisonniers dans
une des fermes d’Alencombe où ils se sont réfugiés quand notre
patrouille a attaqué la leur.
La
patrouille ennemie, composée de 7 hommes et un sergent, descendait,
au moment de la surprise, le chemin de la Chapelotte que je prends
chaque jour. Aussi bien était-ce moi qui les rencontrais et… qui
étais fait prisonnier. A nos questions, les prisonniers répondent
avec un sourire qui démontre qu’ils sont heureux de leur sort.
Nous
les fouillons : Dans leurs poches nous trouvons des cigarettes
jaunes, des calepins, un chapelet, des canifs… et des pastilles de
pippermint.
Mais
où sont les six autres ?… De nouveau, une violente fusillade
à gauche, vers le poste de l’adjudant Charpentier… Serait-ce
eux ?… Nous parlons à voix basse. Les hommes marchent sur la
pointe des pieds… Tout à coup, un cri immense et lugubre plane sur
la forêt endormie : Le cri du grand-duc, plusieurs fois répété.
Or, nous savons que c’est un cri de ralliement des Alsaciens…
Oh ! comme nous retenons nos souffles !… Quel silence
dans la forêt !… Mais qu’est-ce que la nuit nous réserve ?
Du moins, jusqu’à présent l’artillerie nous laisse en paix.
20h00
Le capitaine Lefolcalvez qui occupe la Chapelotte envoie au
capitaine Gresser la note suivante :
« Deux
de mes postes ont été attaqués simultanément à 16h15 environ par
une reconnaissance Allemande qui, après avoir manifesté beaucoup de
mordant, s’est repliée dans la direction générale d’Allencombe.
L’effectif vu est d’environ 25 hommes. Comme je ne sais pas au
juste ce que cela signifie, j’ai demandé au commandant de faire
rapprocher la réserve jusqu’à l’emplacement que nous occupions
il y a 5 jours. Elle y sera d’ailleurs mieux qu’à Badonviller
sous les pruneaux de 210 comme nous en avons reçu la nuit dernière.
Félicitations pour tes prisonniers. Nous nous sommes contentés d’en
dégringoler un. On ira voir au jour s’ils l’ont emporté.
Fais-moi connaître, au jour, les renseignements que tu auras pu
tirer de tes 2 boches.
Le
Folcalvez. »
20h30
La
fusillade Charpentier n’a pas été tirée par Charpentier, mais
par une reconnaissance de la première compagnie. Impossible de
téléphoner ces renseignements au commandant, à Badonviller :
cet agriculteur-guerrier ignore tout du téléphone et oublie de
raccrocher le récepteur.
Tout
cela ne nous empêche pas de manger : nous avons savouré une
langue sauce-piquante dont je vous dis que ça ! Et au dessert
une de ces compote de myrtilles, offerte par Mme Gény ! Et un
kirsch ! Et une eau de vie de betteraves !…
Minuit-
Je
me suis étendu par terre sur un matelas, et je n’essaie pas de
dormir : Sous l’assaut de 300 000 mouches, ce serait
impossible. D’ailleurs dès que je commence à perdre conscience,
j’entends siffler des 210 de rêve et j’aime mieux ne pas
entendre de 210 quand c’est possible. Le récepteur du téléphone
n’est toujours pas raccroché : Cette inadvertance pourrait
être la source d’une tragédie, en cas d’attaque nous ne
pourrions appeler les réserves à la rescousse.
X)
Au
66 jour de guerre, la formidable bataille qui se livre des portes de
Lille à Pont-à-Mousson, depuis 23 jours, n'a pas encore, donné de
solution, tant la résistance des Allemands est toujours aussi
acharnée.
Selon
les dépêches publiées dans le journal « Le Temps », en
Prusse Orientale les Allemands font des tentatives pour se maintenir
sur des positions qu'ils ont fortifiées le long de la frontière
entre Virzbolof et Lyck, c'est-à-dire en arrière des champs de
bataille de Mâriampol, de Souvalki et d'Augustof.
Les
gares voisines des frontières de la Prusse Orientale sont encombrées
de trains. Les Allemands reçoivent des renforts de la garnison de
Kœnigsberg.
Une
dépêche de Petrograd annonce que, les Allemands avancent en 4
colonnes. Parties de Kalisch, 3 d'entre elles marcheraient sur la
Vistule, avec pour objectif Varsovie d'une part et Ivangorod, place
très forte, plus au sud. La quatrième colonne, venant de Bendzin
(sur les confins de la Silésie Allemande et Autrichienne) ou de
Cracovie, suivrait, tant en Galicie qu'en Pologne, les deux rives de
la Vistule.
Une
dépêche de Tokio annonce qu’un détachement Japonais s'est emparé
de Jaluit, siège du gouvernement Allemand des îles Marshall.
Au
neuvième jour du siège d’Anvers, le Roi Albert I donne l’ordre
à l’armée de se retirer sur l’autre rive de l’Escaut. Tout se
passe pendant la nuit pour éviter que les Allemands se rendent
compte du retrait. Le gouvernement Belge se retire sur Ostende.
Les
Allemands enfoncent la ligne de la Nèthe, le bombardement direct de
la ville va commencer.
La
7e division de l’armée Anglaise débarque à Ostende et à
Zeebrugge pour coopérer avec l’armée Belge.
Arras
est lourdement bombardée.
La
bataille continue avec une grande violence. Les fronts opposés
s'étendent jusque dans la région de Lens La Bassée, prolongés par
des masses de cavalerie qui sont aux prises jusque dans la région
d'Armentières.
Selon
le Journal de Roubaix, les Allemands se sont fortement retranchés
dans les environs de Seclin, mais ils sont chassés par l’artillerie
Française.
10
uhlans qui se sont dissimulés dans un bâtiment industriel de Fives,
sont arrivés prisonniers à Lille.
Un
train de prisonniers Allemands passe par Saint-Omer, et se dirige
vers Calais.
Une
patrouille Allemande passe à Roubaix et à Tourcoing.
Voici
l’anecdote que l’on peut lire dans le Journal de Roubaix.
«
À Wattrelos, un cheval fourbu est abattu par un soldat Allemand...
Un homme pris de boisson, nommé Desmet, demande au soldat d’avoir
la bête en possession, ce qui lui est accordé. Desmet s’installe
près du cheval abattu. Vers 7h00, l’agent Tourneau et le garde
Lickens, envoyés par le Maire arrivent pour transporter l’animal à
l’abattoir. Desmet proteste et envoie des coups de tête au garde
Tourneau. Un groupe de cavaliers Allemands étant survenu, la lutte
est interrompue et Desmet se retire en son domicile, rue des Fleurs.
C’est là que M Boudadoux commissaire et le garde Tourneau viennent
le cueillir. »
XI)
Anvers
2e
classe Sylvain Vanbattel, il fait une chaleur à crever.
Les
artilleurs ont jeté leurs uniformes trempés de sueur dans un coin,
et c’est torse nu qu’ils s’activent à présent autour du canon
brûlant. Sylvain serre les dents en sentant sa blessure au bras se
rappeler à lui chaque fois qu’il pousse un obus dans la culasse du
canon.
À
peine s’est-il reculé que l’on fait feu. Le tube de l’obusier
recule dans un rugissement assourdissant et tout le wagon est secoué
comme un jouet dans les mains d’un enfant. Les servants Belges et
Anglais refont alors les mêmes gestes, encore et encore. Un
Britannique ouvre la culasse, un autre en sort la douille vide, un
Belge fait passer un nouvel obus à Sylvain, celui-ci le charge et
l’Anglais qui s’occupe de la culasse la referme. Le lieutenant
qui a accueilli Sylvain et Raymond quelques jours plus tôt, debout à
côté d’eux, lève la main, les yeux rivés à ses jumelles qui
dépassent du wagon :
« Un
degré plus à droite ! À mon commandement… feu ! »
Ce
sont là les rares mots d’Anglais que Sylvain comprend à force de
les entendre depuis des heures. Un servant tourne frénétiquement
les manivelles du canon pour répondre aux instructions, puis un
autre tire sur la cordelette de mise à feu.
Et
avant même que le wagon n’arrête de trembler sous la puissance de
la détonation, on recommence la même manœuvre. Les parois blindées
sont à présent si chaudes que Sylvain a même l’impression de les
voir rougeoyer.
« Convoi
sur le départ ! On cesse le feu ! » crie le
lieutenant en quittant ses jumelles pour la première fois depuis des
heures, au point que ses yeux sont cerclés de rouge. Un à un, les
artilleurs se hissent sur les parois du wagon découvert pour sentir
un peu d’air frais sur leur visage...
Sur
la voie parallèle à celle du H.M.A.T posté à la sortie de la gare
d’Anvers, un long convoi de voitures civiles peine à prendre de la
vitesse derrière une vieille locomotive. Sylvain et ses camarades
aperçoivent les visages apeurés ou perdus des militaires et des
civils que l’on évacue d’urgence. Il y a tant de gens à bord
que plus une fenêtre du convoi ne ferme. Sylvain a du mal à
détourner la tête de cette terrible vision qui lui rappelle ce que
tout le monde ne sait que trop bien :
Anvers
va tomber.
« Triste
spectacle », lance en Français le lieutenant, accoudé à la
paroi du wagon alors qu’il regarde le convoi accélérer avec
difficulté pour tenter de gagner les lignes alliées à l’ouest.
« C’était
pareil à Namur, dit Sylvain, se rappelant sa propre fuite.
— Ah oui ? s’étonne l’officier Anglais.
— J’étais dans le dernier train qui a quitté la ville. »
— Ah oui ? s’étonne l’officier Anglais.
— J’étais dans le dernier train qui a quitté la ville. »
Le
Britannique suit des yeux le convoi de réfugiés qui s’éloigne à
l’horizon puis sourit à Sylvain.
« La
Belgique n’est pas encore tombée. Il reste Ypres.
— Oui, mais Anvers… répond Sylvain attristé.
— Anvers tient encore, l’interrompt l’officier sans perdre son sourire. C’est la mission de notre train blindé : tenir la ville. Aussi longtemps que l’on pourra, pourvu que d’autres convois puissent partir vers nos lignes. Et s’il doit y avoir un dernier train, alors ce sera le nôtre. »
— Oui, mais Anvers… répond Sylvain attristé.
— Anvers tient encore, l’interrompt l’officier sans perdre son sourire. C’est la mission de notre train blindé : tenir la ville. Aussi longtemps que l’on pourra, pourvu que d’autres convois puissent partir vers nos lignes. Et s’il doit y avoir un dernier train, alors ce sera le nôtre. »
Sylvain
veut répondre mais une détonation fait retomber tous les artilleurs
dans l’abri de leur wagon. Un nuage noir vient d’apparaître à
une dizaine de mètres au-dessus du H.M.A.T, libérant une pluie de
projectiles qui ricochent en sonnant contre le blindage du convoi.
« Obus
fusant ! Ils nous ont repérés ! » crie une voix
étouffée, quelques secondes avant que tout le train ne tremble.
Plusieurs canons à bord entament la riposte. Le moteur de la
locomotive rugit pour changer de position.
Les
mains de Sylvain s’activent immédiatement, mécaniquement, autour
du canon. Le lieutenant est remonté à son poste, les yeux collés à
ses jumelles, malgré les nuages gris des munitions qui éclatent
au-dessus du H.M.A.T, tels d’immenses flocons charbonneux.
L’Anglais abat sa main tendue :
« On
leur répond ! Deux degrés à gauche… Feu ! »
XII
De
bon matin, mon infirmière (je n’ai pu retenir son nom) entre dans
ma chambre et, en me souhaitant le bonjour, me demande si j’ai
entendu les détonations de cette nuit. Elle me pose cette question
d’un air détaché, mais je vois très bien qu’elle est
préoccupée. Je n’ai, d’ailleurs, pas très longtemps à
attendre pour être fixé sur ce qui la rendait soucieuse, car dans
le courant de la matinée, commence un bombardement en règle qui ne
se ralentira pas de toute la journée. Les détonations succèdent
aux détonations et les obus, qui arrivent en rafales, ne sont pas de
petit calibre, c’est bel et bien du 210 dont je connais trop bien
le bruit qu’il fait en éclatant, pour l’avoir vu, en Lorraine,
tomber en déluge autour de moi.
Les
Allemands ont-ils donc déjà pu, si vite, amener et installer leurs
gros canons à proximité immédiate de la ville ?
Cet
ouragan de fer et de feu a jeté le désarroi et la perturbation dans
l’hôpital et, pendant au moins une heure, si ce n’est deux,
personne ne répond à mes appels. Aucun bruit dans les couloirs, ni
dans les escaliers, seuls, les obus se font entendre à intervalles
de plus en plus rapprochés et aussi … le carillon, à intervalles
fixes, lui. Pour le coup, je suis certainement abandonné et, avant
longtemps, je vais voir arriver des casques à pointe qui, peut-être,
m’achèveront dans mon lit. Ah, malheur ! pourquoi, aussi,
cette sotte blessure à la jambe qui me rend incapable du moindre
déplacement ? Ne pouvais-je donc pas, comme tant d’autres,
être blessé au bras, par exemple ?
Enfin,
vers midi, des infirmiers affairés et effarés envahissent ma
chambre et m’enlèvent en vitesse sur un brancard. Je voudrais
emporter avec moi mes armes et mes vêtements, mais ils ne veulent
rien entendre et me descendent dans un vaste sous-sol déjà occupé
par de nombreux blessés parmi lesquels je crois que je suis le seul
officier.
Au
milieu de cette foule lamentable, se démènent le Médecin-chef, le
Supérieur du Saint-Sacrement (l’abbé ou le père Gingembre),
l’infirmière-major (Mme Tailliandier), des bonnes sœurs, des
infirmières, des femmes de service, etc. qui me font tous, l’effet
d’être complètement affolés. A peine descendu et mon brancard
posé à terre sous un imposte, une détonation formidable retentit
je suis absolument couvert de plâtras et de débris de verre. C’est
un 210 qui vient d’éclater dans la cour de l’établissement, à
2 mètres à peine de l’imposte sous lequel je me trouve. Aussitôt,
autour de moi, un concert d’imprécations et de lamentations. Les
bonnes dames de la Croix Rouge s’écrient que les Boches ont,
exprès, tiré sur la Croix Rouge dont le pavillon flotte au-dessus
de l’hôpital.
Je
leur dirais bien que les Boches se moquent un peu de la Croix Rouge,
ils bombardent Arras, leurs obus tombent où ils peuvent, cela leur
est égal. Ce qu’ils cherchent, c’est à frapper un grand coup
sur le moral de la population.
Pensant,
sans doute, que la dernière heure de tous est venue, les prêtres
qui sont là, ainsi que les religieuses, récitent des prières
auxquelles répondent les infirmières et un bon nombre de blessés.
En ce qui me concerne, bien que je ne sois pas un mécréant, loin de
là, je préférerais de beaucoup voir tous ces braves gens occupés
à chercher des véhicules pour nous emmener bien loin. Aussi, le
médecin-chef passant à ma portée, je l’attrape par le bas de son
pantalon et lui demande ce que l’on va faire de nous. Ce brave
docteur, malgré ses 4 galons, me semble avoir un peu perdu la tête,
il me répond, néanmoins, qu’on s’occupe de notre évacuation.
Je
n’ai, cependant, pas bien envie de rire, mais il vient de se passer
un petit incident qui n’a pas manqué de m’égayer, malgré ma
triste situation. Il y a un instant, on sonne à la porte de
l’établissement, quelqu’un se dévoue pour aller ouvrir et
ramène le cocher de Madame Tailliandier qui fait son entrée en
donnant les signes de la plus grande épouvante et en criant à
tue-tête qu’il était grièvement blessé. Tant bien que mal on
lui fait raconter ce qui lui est arrivé et il dit qu’étant sur
son siège, un obus est tombé devant sa voiture du haut de laquelle
il a dégringolé de son cheval est parti affolé,
à
fond de train il ne sait où, quant à lui, il est certain d’avoir
reçu plusieurs éclats dans le corps. On le déshabille, on le palpe
sur toutes les coutures et ne lui découvre pas la moindre
égratignure… On voit bien que ce brave homme n’est pas encore
familiarisé avec les dragées que nous prodiguent les Boches et ne
sait pas ce que c’est que la guerre !
Enfin,
lorsque la nuit est complètement venue, le bombardement, qui s’est
bien ralenti depuis un certain temps, cesse tout à fait. On nous
apprend alors que des autos vont venir enlever les blessés qui ne
peuvent pas marcher quant aux autres, ils se dirigeront à pied sur
la gare d’Aubigny, distante d’Arras d’une douzaine de
kilomètres.
Sera-t-il,
décidément, dit que je parviendrai à ne pas rester ici ? En
apprenant cette nouvelle, je ne puis m’empêcher de pousser un
immense soupir de soulagement ! En attendant l’arrivée des
voitures, mon infirmière monte dans ma chambre pour chercher mes
affaires qu’elle me rapporte au bout de quelques minutes, mais elle
a oublié mon sabre, mon revolver et différents autres objets. Je le
lui fais remarquer, sans, toutefois, avoir le courage de lui demander
de remonter là-haut car je crois que la pauvre femme n’est pas
très rassurée. Avec beaucoup de difficulté, je parviens à me
vêtir à peu près et me voici prêt pour le départ, toujours
étendu sur mon brancard. Mais voilà, les autos ne sont pas en
nombre suffisant pour enlever tout le monde d’un coup, elles
devront faire plusieurs voyages et, naturellement, ce sont les plus
ingambes qui partent les premiers.
Deux
grandes heures se passent avant leur retour, mais, comme je vois que
l’histoire du premier départ va recommencer et que je vais être
encore oublié dans mon coin, je crie bien fort et appelle un
administrateur auquel je dis que ma grave blessure, d’abord, et mon
grade, ensuite, me donnant certains droits, je tiens absolument à
partir par ce convoi. On m’emmène donc, mais il ne reste plus
qu’une place libre à côté du chauffeur sur une espèce de taxi.
Tant pis, je ne veux à aucun prix rester et me fais asseoir sur ce
siège incommode, ma jambe toujours soutenue dans sa gouttière,
fixée à un montant de la toiture du moteur avec une de mes bandes
molletières. Je ne serai pas très à l’aise, mais la distance
n’est pas si grande et j’ai une telle hâte de fuir ces lieux
que, s’il l’avait fallu, je crois que j’aurais fait la route à
cloche-pied !
Nous
partons donc et tout le long du chemin, nous dépassons des blessés,
dont quelques uns tentent de monter dans l’auto qui est déjà plus
que pleine, et des groupes de pauvres gens abandonnant leurs villages
devant le flot envahissant des Boches.
Après
avoir failli nous égarer 2 ou 3 fois, nous arrivons à Aubigny qui
est occupé par des tirailleurs, leurs sentinelles faisant bonne
garde aux issues, il faut montrer patte blanche pour pénétrer dans
le bourg. Enfin, nous parvenons à la gare et, là, je suis de
nouveau étendu sur un brancard pour être conduit dans le train.
XIV)
6
octobre 1914 : Mort du Comte Albert de Mun, combattant du
Catholicisme Social
Publié
le 6 octobre 2014 par Eudes Turanel
« Mais
quelle voix ! », disait de lui Maurice Barrès pour souligner ses
remarquables qualités d’orateur. Même le Socialiste
anticlérical René Viviani (Président du Conseil en 1914) le
qualifiait de « plus grand orateur du Parlement, égal dans la
préparation et dans l’improvisation ». D’abord Légitimiste, un
temps boulangiste, finalement rallié à la IIIe République en
1892, anti-dreyfusard (mais non antisémite), toujours fidèle à
l’Église et à la France, Albert de Mun a lutté pour réconcilier
ouvriers et catholicisme, capital et travail.
- Né en 1841 au Château de Lumigny en Seine-et-Marne, Adrien Albert Marie de Mun choisit la carrière des armes sous le Second Empire et entre à Saint-Cyr, avant de choisir la cavalerie. Aux dires de Mme de Gramont, il mène « joyeuse vie » avant son mariage avec Simone d’Andlau (1867) à partir duquel il retourne à une vie « très chrétienne ».
- Né en 1841 au Château de Lumigny en Seine-et-Marne, Adrien Albert Marie de Mun choisit la carrière des armes sous le Second Empire et entre à Saint-Cyr, avant de choisir la cavalerie. Aux dires de Mme de Gramont, il mène « joyeuse vie » avant son mariage avec Simone d’Andlau (1867) à partir duquel il retourne à une vie « très chrétienne ».
-
En 1870, il combat les Prussiens et est capturé. Il partage la
captivité avec son ami légitimiste François-René de La Tour
du Pin Marquis de la Charce. C’est de l’autre côté du Rhin que
de Mun et La Tour du Pin font leur rencontre avec le mouvement
populaire catholique Allemand et l’Archevêque de Mayence, Mgr
Wilhelm Emmanuel Freiherr von Kettler, l’un des « Pères »
du Catholicisme social en Europe.
De
retour en France, Albert de Mun est témoin de la violente répression
ordonnée par Thiers contre la Commune de Paris. S’il ne nourrit
guère de sympathies pour les chefs de l’éphémère gouvernement
utopiste, il est en revanche choqué du traitement infligé au petit
peuple. Prenant conscience que l’Église ne peut rester insensible
au sort des ouvriers.
En
1878, Albert de Mun et François-René de La Tour du Pin fondent avec
Maurice Maignien, Félix de Roquefeuil-Cahuzac et des Frères de
Saint Vincent de Paul l’Oeuvre des Cercles Catholiques d’Ouvriers.
Cette organisation animée par des laïcs et des prêtres a plusieurs
objectifs : rechristianiser le milieu ouvrier, protéger et défendre
les travailleurs contre les dérives de l’industrialisation et du
capitalisme et enfin, proposer un contre-modèle de société fondé
sur le Corporatisme. Le terme fait explicitement référence aux «
Corporations de métiers » créées au XIIIe siècle par
Saint-Louis.
Ni
libéral, ni capitaliste, pas moins révolutionnaire, Albert de Mun
et ses amis se placent dans une logique d’une société organisée
fondée sur l’Équité et la Justice et plaident ainsi pour la
création de « Syndicats mixtes » qui associeraient à la fois
dirigeants et ouvriers.
En 1886,
se crée sous son égide l’Association Catholique de la Jeunesse
Française (ACJF). Enfin, Albert de Mun participe notamment à
l’Union de Fribourg de 1884 qui rassemble les principaux mouvements
du Catholicisme social en Europe (Allemagne, France, Autriche, Italie
et Belgique). Toutefois, l’idée de fonder un grand parti
catholique en France à l’image du très puissant Zentrum
Rhéno-Bavarois (fondé par Liebert et Windhorst) restera un échec.
En revanche, ses idées seront appliquées – quoique avec davantage
d’avant-garde -
-
S’engageant en politique, Albert de Mun est élu Député du
Morbihan en 1881 et sera constamment réélu jusqu’en 1893. Battu
par un candidat radical (soutenu par des royalistes locaux non
ralliés à la République), de Mun est cependant réélu lors d’une
législative partielle à Morlaix en 1894, mandat qu’il conserve
jusqu’à son décès.
D’un
point de vue des idées politiques, Albert de Mun, très proche de
Henri Comte de Chambord (l’un de ses fils, est filleul du Comte),
ne conçoit pas une société corporatiste sans une monarchie forte
et s’oppose en cela au régime parlementaire. « Le
parlementarisme, voilà l’ennemi ! » déclare-t-il lors
d’un discours. En cela, Albert de Mun ne peut nullement être
qualifié de « Démocrate-Chrétien ».
Sauf qu’en 1883, le Comte chef de file des Légitimistes meurt, ce qui ruine tout espoir d’une restauration. Albert de Mun soutient alors Georges Boulanger et fini par se rallier à la IIIe République après la publication par Léon XIII de l’Encyclique, Au milieu des sollicitudes. Peu de temps après, il fonde l’Action Libérale Populaire qui regroupe des catholiques ralliés. Lors de l’affaire Dreyfus il attaque violemment Emile Zola dans un discours à l’Assemblée et obtient des poursuites contre l’écrivain.
Il combat vigoureusement la politique anticléricale du « Petit Père Combes », la Loi de Séparation et celle sur les inventaires.
Sauf qu’en 1883, le Comte chef de file des Légitimistes meurt, ce qui ruine tout espoir d’une restauration. Albert de Mun soutient alors Georges Boulanger et fini par se rallier à la IIIe République après la publication par Léon XIII de l’Encyclique, Au milieu des sollicitudes. Peu de temps après, il fonde l’Action Libérale Populaire qui regroupe des catholiques ralliés. Lors de l’affaire Dreyfus il attaque violemment Emile Zola dans un discours à l’Assemblée et obtient des poursuites contre l’écrivain.
Il combat vigoureusement la politique anticléricale du « Petit Père Combes », la Loi de Séparation et celle sur les inventaires.
Les
dernières années de sa carrière politique est marquée par son
entrée à l’Académie Française et son soutien au Maréchal
Lyautey lors de la crise d’Agadir en 1911.
Lors de l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, il se rallie sans reculer à l’Union Sacrée et va même jusqu’à donner l’accolade au socialiste et ancien communard Edouard Vaillant. Après la victoire de la Marne il s’exclame :
« Dieu
sauve la France comme il l’a sauvée déjà à Poitiers, Bouvines,
Orléans, Denain et Valmy ».
Cet
orateur catholique de grand talent décède d’une crise cardiaque à
Bordeaux le 6 octobre 1914.
XV)
6
octobre 1914 : un abandon de nationalité qui fait du bruit
De
violents combats se produisent autour d’Arras, de Notre-Dame de
Lorette et de Loos. L’ennemi persiste et signe tandis que l’armée
Belge est en difficulté dans le secteur de Tarnemonde. Toutes ces
nouvelles préoccupent au plus haut point au Grand quartier général
de Joffre. De son côté la presse de l’Entente salue la décision
de la grande-duchesse de Mecklembourg-Schwerin, belle-mère du
Kronprinz qui abandonne la nationalité Allemande obtenue par son
mariage pour redevenir la grande-duchesse Anastasia de Russie.
XVI)
Les
lettres que l'on reçoit... De G..., qui se plaignait, voilà
15 jours, d'être inemployé et loin du combat avec sa batterie
lourde :
« Ma
batterie fait merveille. Mon cheval est un vrai cheval de bataille.
Partant en reconnaissance, botte à botte avec mon maréchal des
logis-chef, alors que le cheval de ce dernier est tué sous la
rafale, que le fourreau de mon sabre est traversé, mon bon cheval
n'a pas fait un écart et a continué au pas au milieu de la
danse...
Depuis
le matin, nous étions en batterie, bombardant une position ennemie,
tout le monde à son poste, le capitaine sur la crête; le lieutenant
Philibert en arrière commandait la batterie de tir. Les obus
allemands avaient piqueté la position et, depuis 3 heures, ils
tombent sans nous faire trop de mal, quand, tout à coup, un nuage de
fer et de feu se déroule... Les hommes de la batterie voisine
hésitent. Alors mon lieutenant se dresse de toute sa hauteur et
continue le feu des pièces... »
Et,
le lendemain, une autre carte apporte la suite :
« Mon
cher ami, mon confident, mon conseiller, mon lieutenant, dans toute
la force du mot, mon cher Philibert est mort, frappé à la poitrine,
mon sous-lieutenant blessé, une pièce fauchée. Rassurez-vous pour
moi. Le « gros malin » est tout entier à l'action... »
XVII)
De
Mme Thérèse Boissière, la fille du grand poète et conteur
Provençal Roumanille, et qui soigne des blessés en Avignon :
« Je
soigne des blessés, comme tout le monde. Nous leur avons installé
un splendide hôpital de 135 lits. Nous avons de merveilleuses
grandes salles blanches où entrent le soleil et la lumière de
Provence à profusion, de larges fenêtres d'où l'on voit de beaux
arbres et de vieux clochers. Il fait un commencement d'automne doux
et doré qui est une pure merveille. Nos soldats se croient au
paradis... J'ai pris en affection les plus à plaindre, 5 ou 6
mineurs du Pas-de-Calais, bien abîmés, bien malheureux que
l'on gâte comme des enfants. Je leur donne des bonbons et du tabac
et je leur fais des chaussettes de laine. Car ils vont repartir. Ils
veulent repartir pour le feu. Je croyais que c'était un mot d'ordre
et qu'on ne devait pas parler d'un blessé sans ajouter que son seul
désir est d'aller encore sur le champ de bataille. Mais non, c'est
une absolue vérité. Un de mes soldats ne sait pas écrire, et c'est
moi qui fais ses lettres. Quand je lui ai lu ce que j'avais mis sur
le papier, il m'a dit : « Ah ! c'est pas tout. Faut dire encore
que, ben, on est Français, tout de même, et qu'on veut y retourner,
pour qu'on en finisse, c'te fois ».
XVIII)
De
Robert de Boisfleury*, qui a retrouvé ses galons auxquels il
va en joindre d'ici peu un troisième, une carte dont une moitié est
effacée par la pluie et où nous déchiffrons :
« Je
mène une vie délicieuse au bruit du canon... La guerre est une
belle chose !... Je voudrais que vous fussiez des nôtres... Quelles
bonnes parties de rire nous nous payerions !... Nous nous livrons à
la guerre de siège en rase campagne.
Tout
à l'heure un gros morceau de fonte est tombé dans ma tranchée sans
que j'interrompe ma lecture. Ici on est heureux de vivre. Pourtant,
le lieutenant de B... va mourir : le capitaine de B... lui succède :
tant pis ! ».
6
octobre 1914 | À la vie, à la guerre
www.alaviealaguerre.fr/6-octobre-1914/
Anvers.
2e classe Sylvain Vanbattel. Il fait une chaleur à crever. Les
artilleurs ont jeté leurs uniformes trempés de sueur dans un coin,
et c'est torse nu qu'ils ...
6
octobre 1914. Tiii, iu iu iu iu iu iu i…….Pagnnne - NR Blogs
www.nrblog.fr/...14.../6-octobre-1914-tiii-iu-iu-iu-iu-iu-iu-i-pagnnne/
Il
y a 1 jour - 6 octobre 1914. -Minuit trente- Tiii, iu iu iu iu
iu iu i…….Pagnnne ! Réveil en musique. C'est extraordinaire : ce
petit sifflement, qui ressemble un ...
Mardi
6 octobre 1914 : Arras bombardée, les Belges ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../mardi-6-octobre-1914-arras-bombardee-les-belge...
Il
y a 1 jour - Mardi 6 octobre 1914 : Arras bombardée, les Belges
évacuent Anvers. Par la rédaction pour Il y a 100 ans - La Grande
Guerre, Publié le 06/10/ ...
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