7
OCTOBRE 1914
I)
Le
front s'étend de plus en plus à l'aile gauche de nos armées. De la
cavalerie Allemande, précédant d'autres éléments, apparaît en
force autour de Lille, Tourcoing, Armentières.
Notre
situation n'a pas changé autour d'Arras et sur la rive droite de la
Somme.
Entre
cette rivière et l'Oise, il y a eu des avances et des reculs.
L'ennemi
a été repoussé près de Lassigny.
Au
nord de Soissons, nous avons progressé avec la coopération
Anglaise, comme d'ailleurs à Berry-au-Bac et sur les
Hauts-de-Meuse.
Les
attaques Allemandes ont échoué, contre les forces Belges, sur la
Nèthe et la Ruppel en aval d'Anvers.
Les
armées Russes marchent à nouveau par deux lignes sur Allenstein
dans la Prusse orientale.
Là
le général en chef Allemand, von Hindenburg a été remplacé.
Les
soldats Anglais de l'infanterie de marine ont pris la colonie
Allemande du Marshall en Océanie.
Le gouvernement Bulgare a décidé de congédier une des deux classes actuellement sous les drapeaux.
II)
Le
passage de l’historique du 26eRI (résumé de l’attaque) :
« Le
26e, relevé dans Fricourt, est ensuite porté un peu plus au Nord et
cueille, dans la nuit du 7 au 8 octobre, à Bécourt de nouveaux
lauriers...
C’est
l’affaire célèbre du château de Bécourt où le 3e bataillon
(Weiller), attaqué par surprise à minuit par 7 compagnies
Allemandes, résiste non seulement avec la dernière énergie, mais
permet au commandant Colin (commandant le 26e) d’exécuter deux
contre-attaques à la baïonnette et une manœuvre d’encerclement
qui force les assaillants, cernés dans le parc du château, à se
rendre.
Un
lieutenant-colonel, 7 officiers et 400 prisonniers restent entre nos
mains. Un nombre égal de cadavres et de blessés Allemands jonchent
le champ de bataille. »
« Les
Gars du 26e » :
Le
temps est superbe, c’est une magnifique journée d’automne. Le
médecin-major Viry, l’aumônier Martin et le sous-lieutenant
Tourtel sont avec moi dans la cour du château.
Le
secteur est si calme (on n’entend ni un coup de fusil, ni un coup
de canon) que la conversation engagée entre nous et Mmes de V..
(propriétaires du château) qui sont dans la cave, par un soupirail,
se continue bientôt en plein air.
Melle
de V… sort la première, pour profiter du bon soleil, et sa mère
la suit de près. Ainsi mises en confiance, nous causons agréablement
comme en temps de paix.
Cette
après-midi ensoleillée et paisible est pour nous comme un intermède
dans la guerre, Mme de V… se préoccupe de faire réparer sa
toiture crevée en certains endroits par les obus, et je fais faire
des travaux de force pour extraire le cadavre d’un cheval tombé
dans un puits.
Et
nous n’étions qu’à moins de 500 mètres de l’ennemi !
Celui-ci va bientôt nous rappeler à la réalité.
17h00,
quelques 77 commencent à siffler et à tomber aux alentours du
château, forçant Mmes de V… à réintégrer rapidement leur cave.
Petit à petit le bombardement s’intensifie et devient
particulièrement violent à la nuit. Il diminue un peu vers 22h00.
23h00,
le calme semblant revenir, je me décide à prendre un peu de repos.
Je pose mon revolver sur une table et, enveloppé dans mon grand
manteau à pèlerine, je m’allonge tout habillé sur un lit, dans
une chambre du 1er étage, sans me déchausser comme d’habitude.
A
minuit, je commençais à m’assoupir quand j’entends frapper
violemment aux volets du rez-de-chaussée, puis c’est une galopade
dans l’escalier. Un agent de liaison entre tout essoufflé et me
crie : « V’là les boches ! »
On
frappe toujours à coups de crosse aux volets de cette façade, mais
ils sont solides, toutes les fermetures sont closes : Et je me
rends rapidement compte qu’il n’y a pas d’accès facile pour
l’ennemi de ce côté.
On
ne peut pénétrer dans le château que par la façade ouest.
Tranquille
de ce côté, je vais dans la cour du château où je suis rejoint
par le commandant Weiller.
Ma
décision est prise, elle est basée sur l’étude du terrain du
parc et du château que j’ai faite à loisir depuis 2 jours :
Le commandant Weiller va organiser la défense du château qui, situé
au point d’aboutissement de 3 routes convergentes forme le réduit
de la défense. Pendant que l’ennemi sera arrêté par cette
défense, et par la région boisée inconnue de lui, difficile à
traverser de nuit, je le contre-attaquerai avec ma réserve de la
cote 106.
J’explique
rapidement mon plan au commandant Weiller que je laisse, rameutant
autour de lui ce qui est dans Bécourt, cuistots et liaison, une
cinquantaine d’hommes, avec une section de mitrailleuses.
Celle-ci
vient d’arriver par le Nord du château sans avoir été inquiétée,
ce qui me prouve que l’ennemi contourne la localité par le Sud.
Je
pars donc directement par la route menant à la cote 106, accompagné
du sergent-major Gourier, du sergent Maubeuche et de 4 agents de
liaison et, revolver au poing, je m’engage dans le bois, bien
décidé à arriver coûte que coûte à ma réserve.
Je
m’attend à chaque instant à rencontrer l’ennemi, ce qui serait
arrivé immanquablement s’il ne s’était pas attardé devant la
face Est du château, complètement close, au lieu de chercher tout
de suite à contourner l’obstacle.
Nous
sortons sans encombre de la partie boisée et arrivons aux abords de
la cote 106, où j’alerte les deux compagnies du 160e R.I.
endormies dans leurs tranchées situées de part et d’autre de la
route d’Albert.
Puis,
je me rends à la meule de paille où je mets le lieutenant
Lediberder au courant de la situation.
Les
2 compagnies du 160e R.I. ont un effectif très réduit, elles ont
été très éprouvées et leur encadrement est bien jeune et
inexpérimenté... Elles tiendront, mais je ne peux prélever sur
elles la plus petite fraction pour contre-attaquer, de l’avis de
leur chef.
Je
lui prescris donc de tenir solidement sur sa position qui barre la
route d’Albert et d’envoyer des patrouilles dans la partie boisée
pour me renseigner sur les mouvements de l’ennemi. Il importe en
effet avant de tenir solidement cette position de barrage, et quand
je verrai un peu clair dans la situation je contre-attaquerai.
Mais
pour cela, il me faut une troupe de contre-attaque que je n’ai pas.
Sans perdre une minute, j’envoie par cycliste un premier compte
rendu à Meaulte au général Gérôme, en lui demandant de m’envoyer
au moins une compagnie pour contre-attaquer.
III)
Le
front prend une extension de plus en plus grande vers le nord, les
troupes Allemandes sont aux environs de Tourcoing et d'Armentières.
La bataille est très violente, notamment près de Lens, La Bassée
jusqu’au sud d’Armentières.
Les
journaux comme les communiqués officiels, ne parlent pas des autres
batailles qui se déroulent sur le reste du front Français. Toute
l’attention est tournée, en ce début octobre 1914, sur le Nord de
la France.
En
Prusse Orientale, les Allemands font venir des renforts de
Kœnigsberg, et continuent à opposer une résistance tenace sur les
frontières de la Prusse Orientale.
Le
front se trouve sur la ligne Vladislavof-Raczki. Le Tsar rend visite
à la forteresse d'Ossovietz pour féliciter en personne la garnison
de défense de cette place.
Dans
les Carpates, face à l’armée Austro-Hongroise les Russes avancent
rapidement en Hongrie, selon une dépêche publiée dans Le Temps.
On
peut lire aussi dans le même journal, que les détachements
Monténégrins opérant en Herzégovine ont infligé aux Autrichiens
de grandes pertes et ont occupé des positions stratégiques
importantes près de Gatzko.
Au
dixième jour du siège d’Anvers, les Allemands bombardent la ville
de nuit. L’évacuation d’Anvers commence.
Les
Allemands forcent le passage de Scheldt et menacent la retraite des
alliés.
4
convois de fusiliers marins Français partent de Villetaneuse et de
Saint-Denis pour renforcer Anvers.
Selon
le Journal de Roubaix, un détachement Allemand s’est retranché à
3 km de Lesquin, un autre occupe une tranchée à
Sainghin-en-Mélantois près de Fretin.
De
Marquette à Émmerin, les coups de canons se font entendre, puis
s’amenuisent tout au long de la journée.
Roubaix
et Tourcoing voient passer des troupes allemandes.
A
Wambrechies, l’église est endommagée.
Le
long de la Deûle, les combats sont très violents et plusieurs
maisons sont incendiées.
D’après
le Journal de Roubaix, une patouille de Uhlans auraient été
anéantie à Frelinghien.
«
Un appel aux cyclistes » C'est le titre de cette petite annonce
publiée dans le Journal de Roubaix. : « La Société de la
Croix-Rouge, 42 rue des Fabricants, manquant actuellement de
cyclistes, par suite de la rentrée des classes, fait appel au
concours de quelques jeunes gens, libres de leurs temps, pour le
service de ses diverses ambulances. »
IV)
Écluse
du Godat 2e classe Eugen Koch, garde la bouche sous l’eau pour ne
pas gémir de dégoût. Autour de lui, le canal a charrié les corps
de Français et d’Allemands, sans distinction. Ils sont des
dizaines, morts la veille ou il y a plusieurs semaines, à s’entasser
contre l’écluse. Certains flottent sur le dos, l’uniforme ouvert
laissant apparaître un ventre jaune et vert gonflé par les gaz.
D’autres ont le visage immergé, et seule la couleur de leur capote
permet de déterminer le camp des morts.
D’une
main tremblante, Eugen repousse un cadavre au visage bleu qui le
regarde de ses yeux vides, puis il nage silencieusement entre les
corps. L’espace d’un instant, Eugen s’imagine traverser le lieu
d’un immense naufrage, mais la raison de sa présence dans ce
cimetière à la dérive est tout autre : il y a des Français
sur l’écluse.
Eugen
repense au mauvais sort qui l’a mené là. Des préparatifs de
mouvement ont été repérés en fin de journée, et un officier a eu
la formidable idée de proposer d’envoyer à la nuit tombée une
patrouille pour vérifier de quoi il retournait. Et pour plus de
sécurité, quoi de mieux que de faire passer la patrouille par le
canal ? Il y avait eu un tirage au sort.
Eugen
et Wim se sont retrouvés désignés pour aller prendre un bain de
minuit. Nus pour mieux nager, avec seulement un couteau pour se
défendre, ils doivent remonter de Loivre jusqu’à l’écluse du
Godat afin d’estimer le nombre d’ennemis en mouvement.
La
première inquiétude d’Eugen a été, plus que d’être tué,
d’être pris. Les Français, en le trouvant nu et désarmé,
raconteront partout cette histoire ridicule. Les généraux Allemands
ne voudront plus jamais entendre parler d’un si misérable soldat.
Mais, en se rapprochant de l’écluse, les pensées d’Eugen ne
s’inquiétent plus des moqueries des vivants... Car à présent, il
faut nager parmi les morts.
Sur
l’écluse, des troupes ennemies vont et viennent. Le bruit des
gamelles, des outils et des boîtes de munitions qui s’entrechoquent
couvrent les rares bruits qu’Eugen et Wim font en s’avançant.
Ils doivent être des centaines. Peut-être plus...
« Ah ! »
Eugen
sort brièvement la bouche de l’eau pour relâcher un soupir
d’effroi : un corps qui dérive vient d’écraser la peau
froide de son front mort contre sa nuque... Aussitôt, une silhouette
qu’Eugen n’a pas aperçue se met à remuer... Une allumette
illumine la nuit pour mieux embraser une lanterne. Sans perdre une
seconde, le jeune soldat allemand plonge sous l’eau... Au-dessus de
lui, le faisceau de la lampe balaie le champ des morts flottants et
découpe leurs silhouettes gonflées sur la surface verdâtre de
l’eau. À la lueur de la lanterne, Eugen distingue un Français au
cou à demi tranché le regarder avec stupeur, comme s’il voulait
crier à ses camarades qu’un Allemand se cache sous son corps...
Enfin, la lampe s’éteint et, très lentement, Eugen refait
surface.
Deux
sentinelles Françaises s’entretiennent à voix basse sur le bord
du canal. L’une d’elles repousse de son fusil un corps près de
la berge. À la grande stupeur d’Eugen, le cadavre semble soupirer.
L’Allemand ne crie pas : il se couvre la bouche avec force,
craignant à tout instant de voir les morts se remettre à respirer
et leurs mains glacées se tendre vers lui. Mais à son grand
soulagement, plus rien ne se passe.
Les
sentinelles Françaises se séparent. L’une d’elles tourne le dos
au canal pour suivre du regard une automobile venant de s’engager
sur l’écluse. Le bruit du moteur est si fort que l’on n’entend
plus rien, et Eugen sent sa main se serrer sur son couteau.
La
sentinelle n’est qu’à deux mètres de lui. Avec la voiture, le
soldat ne l’entendra pas sortir de l’eau, pas plus que l’on
n’entendra son corps y tomber. Eugen peut renverser la situation :
s’il tue un Français, nu avec son seul couteau, au contraire,
c’est tout le pays qui racontera son histoire. Il s’avance
lentement vers le Français, puis sent une main lui saisir le poignet
dans l’eau.
C’est
Wim.
« Non.
On en a assez vu. Rentrons », murmure-t-il à l’oreille
d’Eugen avant de s’éloigner de l’écluse. Eugen regarde une
dernière fois le dos de la sentinelle. Il sent le pouvoir grisant de
vie et de mort qu’il a, à cet instant précis, sur le soldat.
Il
s’imagine faire une faveur à cet inconnu qui ne le saura jamais
et, lentement, écarte les morts devant lui pour nager en silence en
direction de Loivre...
V)
Monsieur
de Mun est mort brusquement, d’une crise cardiaque, à Bordeaux.
Journal
d’Alfred Wolff, maître tailleur, policier auxiliaire à
Reims... Maître-tailleur spécialisé dans l’habillement
militaire, raconte son parcours et ses journées en tant qu’ agent
auxiliaire de la police municipale. Affecté au commissariat du 2ème
arrondissement (Cérès), il se retrouve planton-cycliste et
auxiliaire au secrétariat.
On
enterre ce matin Mr Eugène Thiébaux chef de la sûreté décédé
après une courte maladie, il exerçait encore étant souffrant.
Étant de service je ne puis assister aux obsèques de cet ami
sincère et dévoué. Je suis parvenu tout de même, allant au
rapport à saluer longuement au passage la dépouille mortelle
de l’ancien ami de défunt mon frère Victor, le cortège
funèbre passe le Boulingrin.
Les
bombes tombent dans les ruines (photo archives de Reims en en-tête
d’article) et place de l’Hôtel de Ville blessant des soldats.
Elles tombent encore dans le Centre sur les ruines des bâtiments
Laurent et Carré soulevant d’épais nuages de poussière.
Après la fuite des habitants des faubourgs celle de ceux du Centre
est bien en route. »
VI)
Somme
: Attaque de nuit de Bécourt des 26e et 160e régiment d’infanterie
Toujours
bien portant, plein de confiance et le moral excellent. Journées
bien occupées depuis 2 jours et résultats heureux. Je pense bien à
vous tous et suis content chaque soir de dire : Encore un de
moins, chaque minute nous rapproche du retour... Quel jour béni que
celui-là et combien désiré !
Je
suis tellement fait au régime qu’il me semble que je suis ici pour
un temps infiniment long. Je me crois encore au service et rajeuni de
15 ans. C’est l’effet de l’uniforme. Néanmoins, inutile
de te dire que la libération sera accueillie avec joie... Reçu hier
nombreuses lettres, bien heureux, écrivez souvent.
VII)
Nous
apprenons la mort d'Albert de Mun. Je le revois encore, quinze jours
peut-être après l'ouverture des hostilités, entrant au ministère
de la Guerre, si droit, une flamme dans les yeux... Sur le champ de
bataille, et hors du champ de bataille, les morts vont vite en
ce moment.
Les
émotions sont violentes, et il est des physiologies que les émotions
abattent aussi sûrement qu'un éclat d'obus. Qui sait si Albert de
Mun n'a pas succombé à l'anxiété que trahissait son dernier
article ? Les nouvelles sont un peu moins bonnes, le jour où il est
mort. Nous paraissions avoir éprouvé un échec aux mines d'Arras,
et les Allemands faisaient un effort désespéré pour se dégager de
l'étreinte de notre aile gauche et, en même temps, s'emparer
d'Anvers.
Le
mot suprême qu'il a tracé sur le papier, c'est « pessimisme ».
L'effort qu'il fait pour se défendre lui-même contre une impression
de pessimisme et pour conserver au public le ton de confiance où,
pendant les plus mauvais jours, son éloquence l'a maintenu aura tué
Albert de Mun. Ainsi le clairon dont le cœur se brise pour avoir
trop longtemps sonné la charge...
Albert
de Mun aura une page dans l'histoire de cette guerre. Il est celui
qui aura le mieux donné, le mieux marqué le tonus national... Et la
pensée va vers ceux qui seront morts avant d'avoir vu ces grands
événements : la revanche peut-être obtenue demain par la force des
choses, sans que personne en France l'ait expressément voulu. Ce
sont surtout les survivants de l'Empire qui paraissent, au milieu de
cette réparation de 1870, comme des personnes choisies et protégées
par le destin.
Emile
Ollivier est mort l'an dernier au mois d'août. Mais l'impératrice
Eugénie vit encore... On me rapporte, à son sujet, ce souvenir.
Après le congrès de Berlin, où est semé le germe de dissentiment
entre la Russie et l'Allemagne, l'empereur Alexandre, ayant rencontré
l'impératrice Eugénie, lui baise la main en pleurant. « Puissé-je
réparer la faute que nous avons commise en 1870 en laissant écraser
la France ! » s'écria le tsar...
Avec
le temps, le vœu d'Alexandre a été exaucé. Mais quelle vision
Shakespearienne des responsabilités pour les grands acteurs de
l'histoire à qui la longévité permet d'assister au déroulement de
la chaîne d'airain où s'attachent les effets et les causes.
Après
la bataille de la Marne (5-12 septembre) qui sauve Paris, ruine le
rêve impérial Allemand et fait reculer les armées ennemies de 75 à
100 kilomètres jusqu’à Soissons et Sainte-Menehould, la poursuite
de l’ennemi se ralentit, en raison de la fatigue des troupes et du
manque de munitions... Les Allemands, installés sur les deux rives
de l’Aisne, gardent encore l’espoir de reprendre la marche sur la
capitale et les forces alliées se donnent maintenant pour objectif
de rejeter l’envahisseur au nord de l’Aisne, de lui disputer la
Picardie, l’Artois et les Flandres, et de l’arrêter dans sa
course à la mer vers Dunkerque et Calais...
VIII)
La
visite du président de la République à l’ambulance américaine
(7 octobre 1914)
Empêchera-t-on
les bêtises de recommencer ? Sans l'espérer, nous le
désirions, nous le demandions, puisque c'est au gouvernement en
personne que nous nous adressions pour mettre fin aux infamies
débitées d'un bout à l'autre du pays sur la complicité des
prêtres, des nobles ou des riches avec l'envahisseur Allemand. Le
gouvernement se serait honoré en imitant les deux fonctionnaires qui
ont protesté publiquement, par circulaire, contre ces diffamations,
beaucoup plus offensantes pour les diffamateurs que pour les
diffamés. Une parole adressée de haut à l'ensemble du pays et
généralisant les deux protestations locales eût montré qu'il y a,
sous les mots prononcés de concorde et d'union les sentiments réels,
les volontés concrètes tendant à une politique digne des extrêmes
besoins de la nation.
Un
témoignage officiel ! Encore un coup, nous y tenions infiniment
plus pour l'honneur et la paix de la France que pour les Français
visés par l'outrage.
Le
courageux évêque de Montauban, Mgr Marty, a jugé cet outrage
trop inepte et trop odieux pour être même discuté :
— Quoi
donc ? Le pape meurt de la tristesse que lui cause la guerre,
20 000 prêtres sont occupés à défendre la France et 10 000
vont être appelés. Le premier fusillé des Allemands est un prêtre…
Nous multiplions nos efforts pour soulager nos blessés, nous faisons
des prières solennelles pour que Dieu nous donne la paix et la
victoire… Et nous sommes avec les Prussiens ?
Il
y a pourtant des parties du territoire où il a fallu élever la voix
aussi haut que possible. Ainsi Mgr l'archevêque de Tours a-t-il
dû adresser à ses diocésains une lettre pastorale émue
d'indignation où il énumère les dévouements sacerdotaux qui lui
tiennent le plus à cœur, puisqu'ils sont l'œuvre de son propre
clergé :
Ce
vicaire de Bléré, frappé au front et qu'il a fallu trépaner,
Ce
bénédictin, dom Moreau, accouru de Belgique, blessé, prisonnier,
revenu à son poste à peine guéri, dignes frères de tous ces
nobles fils de l'Église de France qui renouvellent, en les
multipliant, les fastes d'un héroïsme quatorze fois séculaire…
Une
âpre iniquité envers d'irréprochables serviteurs de la France n'a
point paru chose Française à l'archevêque de Tours, il écrit avec
autant de vérité que de sainte hardiesse :
« De
quelle officine sortent ces odieux mensonges ? Tout ce que nous
pouvons dire, c'est que l'officine est trop ténébreuse et trop
ignoble pour être de création Française. »
La
« marque » Allemande y est sensible et claire. Il eût
été fort sage au gouvernement de le dire. Il eût été politique
de montrer qu'on était armé et bien armé, non pas contre de
pauvres distributions de médailles ou d'objets de piété qui n'ont
jamais fait de mal à qui que ce soit, mais contre les entreprises de
divisions semées par l'Ennemi sur notre territoire.
Un
acte de ce genre aurait montré que nous sommes aussi forts au dedans
qu'au dehors, puisque nous avons enfin reconnu quelle est la
condition principale de la puissance d'un État, à savoir la
concorde entre ses citoyens.
On
se trompe de la façon la plus complète et la plus malheureuse quand
on se figure que l'expression de la concorde et de la paix peut se
trouver dans les formules de l’État neutre... Il y a dans ce mot
le contraire du sentiment que les meilleurs des républicains
voudraient y renfermer.
Dans
un langage plus mesuré que celui que nous avons dû critiquer
dernièrement
Le
Temps se figure que « la neutralité absolue » est un
acte de « déférence égale » envers toutes les
philosophies et toutes les religions. D'abord ce n'est pas neutralité
qu'il faudrait dire, mais respect profond, mais vénération intime
et active, l'abstention et l'inhibition sont procédés trop
négatifs.
On
n'unit pas un peuple avec des exclusions, des refus, des
interdictions, il faut à l'union, à l'accord, des sentiments plus
larges et plus cordiaux, des idées plus positives et plus précises.
Ensuite, la distribution à part égale de ces sentiments de respect,
entre le méthodisme ou l'anglicanisme de nos alliés et amis
Britanniques, l'Islamisme de nos sujets Marocains, Algériens et
Sénégalais, le catholicisme de la multitude immense de nos vivants
et de nos morts, cette égalité-là dans le pays qui a construit et
qui a vu détruire la cathédrale de Reims, pourrait un jour porter
un nom :
Elle
pourrait se dénommer le reniement par les Français de l'Histoire de
France, et leur suicide moral.
Si
j'avais eu l'honneur d'approcher M. Millerand quand il fait sa
circulaire à la Croix-Rouge, je n'aurais pas manqué de lui proposer
énergiquement la méditation de ces vérités... L'erreur politique
est commise. On en commet une autre en refusant d'apporter aux
victimes de la monstrueuse calomnie dénoncée ici la réparation
juste, la réparation vengeresse que l'intérêt de la Patrie exige
pour elles. Plus on tarde, plus on encourage des passions sans aveu
et des intérêts sans honneur. Plus on expose, plus on découvre
« l'union sacrée ».
Assurément,
je ne crois pas à la fonction spirituelle et dogmatique de l'État,
mais je crois à son influence morale. Une certaine tenue de l'esprit
dans les sphères supérieures pourraient décourager certains
débraillés cérébraux. Je le dis sans illusion, mais aussi sans
faux fuyant, il dépendrait non pas certes des prohibitions d'une
censure ou des mots d'ordre du gouvernement, mais du langage, de
l'attitude et de l'allure du « ministère national » que
certaines offenses, que certaines insultes, ne vissent pas le jour.
Il
suffirait d'en décourager les auteurs.
Il
suffirait qu'on sût le désir et la volonté de paix du gouvernement
pour qu'à La Dépêche de Toulouse, par exemple, personne, n'eût
songé à écrire l'apostrophe haineuse qui fait le tour de la presse
Française avant d'aller réjouir et réchauffer les espérances de
nos grossiers ennemis.
« Battez-vous
maintenant, petits soldats ! Donnez votre chair, donnez votre
vie ! Et mourez en pensant que la cloche de l'église sonnera
peut-être des carillons quand les Allemands entreront dans votre
village. »
Cette
façon de dénoncer dans le clergé, dans ses cloches, dans ses
églises un élément intéressé à la défaite Française et à la
victoire Allemande réalise le plus cruel, le plus impie, le plus
diviseur des scandales. Cette division doit être conjurée et ce
scandale doit finir, tous les bons citoyens ont le droit de l'exiger,
comme le respect de la loi, comme l'exécution des sentences
judiciaires, au nom du peuple Français !
L'attaque
de nuit de Bécourt (Somme) en octobre 1914
chtimiste.com/batailles1418/combats/1914becourt.htm
7
octobre 1914. Le temps est superbe, c'est une magnifique journée
d'automne. Le médecin-major Viry, l'aumônier Martin et le
sous-lieutenant Tourtel sont ...
Octobre
1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/octobre141.html
Mercredi
7 octobre. Le front s'étend de plus en plus à l'aile gauche de nos
armées. De la cavalerie allemande, précédant d'autres éléments,
apparaît en force ...
Vous
avez consulté cette page de nombreuses fois. Date de la dernière
visite : 13/10/14
Jeudi
7 octobre 1914 : les Belges évacuent Anvers, la ...
www.il-y-a-100-ans.fr/.../jeudi-7-octobre-1914-les-belges-evacuent-anvers-...
Il
y a 7 jours - Jeudi 7 octobre 1914 : les Belges évacuent
Anvers, la métropole ... Toute l'attention est tournée, en ce début
octobre 1914, sur le Nord de la ...
7
octobre 1914 | À la vie, à la guerre
www.alaviealaguerre.fr/7-octobre-1914/
Écluse
du Godat. 2e classe Eugen Koch. Eugen garde la bouche sous l'eau pour
ne pas gémir de dégoût. Autour de lui, le canal a charrié les
corps de Français ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire