mardi 14 octobre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR LE 7 OCTOBRE 1914

7 OCTOBRE 1914

I)
Le front s'étend de plus en plus à l'aile gauche de nos armées. De la cavalerie Allemande, précédant d'autres éléments, apparaît en force autour de Lille, Tourcoing, Armentières.

Notre situation n'a pas changé autour d'Arras et sur la rive droite de la Somme.

Entre cette rivière et l'Oise, il y a eu des avances et des reculs.

L'ennemi a été repoussé près de Lassigny.

Au nord de Soissons, nous avons progressé avec la coopération Anglaise, comme d'ailleurs à Berry-au-Bac et sur les Hauts-de-Meuse.
Les attaques Allemandes ont échoué, contre les forces Belges, sur la Nèthe et la Ruppel en aval d'Anvers.
Les armées Russes marchent à nouveau par deux lignes sur Allenstein dans la Prusse orientale.

Là le général en chef Allemand, von Hindenburg a été remplacé.
Les soldats Anglais de l'infanterie de marine ont pris la colonie Allemande du Marshall en Océanie.

Le gouvernement Bulgare a décidé de congédier une des deux classes actuellement sous les drapeaux.

II)
Le passage de l’historique du 26eRI (résumé de l’attaque) :
« Le 26e, relevé dans Fricourt, est ensuite porté un peu plus au Nord et cueille, dans la nuit du 7 au 8 octobre, à Bécourt de nouveaux lauriers...
C’est l’affaire célèbre du château de Bécourt où le 3e bataillon (Weiller), attaqué par surprise à minuit par 7 compagnies Allemandes, résiste non seulement avec la dernière énergie, mais permet au commandant Colin (commandant le 26e) d’exécuter deux contre-attaques à la baïonnette et une manœuvre d’encerclement qui force les assaillants, cernés dans le parc du château, à se rendre.
Un lieutenant-colonel, 7 officiers et 400 prisonniers restent entre nos mains. Un nombre égal de cadavres et de blessés Allemands jonchent le champ de bataille. »

« Les Gars du 26e » :

Le temps est superbe, c’est une magnifique journée d’automne. Le médecin-major Viry, l’aumônier Martin et le sous-lieutenant Tourtel sont avec moi dans la cour du château.
Le secteur est si calme (on n’entend ni un coup de fusil, ni un coup de canon) que la conversation engagée entre nous et Mmes de V.. (propriétaires du château) qui sont dans la cave, par un soupirail, se continue bientôt en plein air.
Melle de V… sort la première, pour profiter du bon soleil, et sa mère la suit de près. Ainsi mises en confiance, nous causons agréablement comme en temps de paix.
Cette après-midi ensoleillée et paisible est pour nous comme un intermède dans la guerre, Mme de V… se préoccupe de faire réparer sa toiture crevée en certains endroits par les obus, et je fais faire des travaux de force pour extraire le cadavre d’un cheval tombé dans un puits.
Et nous n’étions qu’à moins de 500 mètres de l’ennemi ! Celui-ci va bientôt nous rappeler à la réalité.

17h00, quelques 77 commencent à siffler et à tomber aux alentours du château, forçant Mmes de V… à réintégrer rapidement leur cave. Petit à petit le bombardement s’intensifie et devient particulièrement violent à la nuit. Il diminue un peu vers 22h00.

23h00, le calme semblant revenir, je me décide à prendre un peu de repos. Je pose mon revolver sur une table et, enveloppé dans mon grand manteau à pèlerine, je m’allonge tout habillé sur un lit, dans une chambre du 1er étage, sans me déchausser comme d’habitude.

A minuit, je commençais à m’assoupir quand j’entends frapper violemment aux volets du rez-de-chaussée, puis c’est une galopade dans l’escalier. Un agent de liaison entre tout essoufflé et me crie : « V’là les boches ! » 
On frappe toujours à coups de crosse aux volets de cette façade, mais ils sont solides, toutes les fermetures sont closes : Et je me rends rapidement compte qu’il n’y a pas d’accès facile pour l’ennemi de ce côté.

On ne peut pénétrer dans le château que par la façade ouest.
Tranquille de ce côté, je vais dans la cour du château où je suis rejoint par le commandant Weiller.
Ma décision est prise, elle est basée sur l’étude du terrain du parc et du château que j’ai faite à loisir depuis 2 jours : Le commandant Weiller va organiser la défense du château qui, situé au point d’aboutissement de 3 routes convergentes forme le réduit de la défense. Pendant que l’ennemi sera arrêté par cette défense, et par la région boisée inconnue de lui, difficile à traverser de nuit, je le contre-attaquerai avec ma réserve de la cote 106.

J’explique rapidement mon plan au commandant Weiller que je laisse, rameutant autour de lui ce qui est dans Bécourt, cuistots et liaison, une cinquantaine d’hommes, avec une section de mitrailleuses.
Celle-ci vient d’arriver par le Nord du château sans avoir été inquiétée, ce qui me prouve que l’ennemi contourne la localité par le Sud.
Je pars donc directement par la route menant à la cote 106, accompagné du sergent-major Gourier, du sergent Maubeuche et de 4 agents de liaison et, revolver au poing, je m’engage dans le bois, bien décidé à arriver coûte que coûte à ma réserve.

Je m’attend à chaque instant à rencontrer l’ennemi, ce qui serait arrivé immanquablement s’il ne s’était pas attardé devant la face Est du château, complètement close, au lieu de chercher tout de suite à contourner l’obstacle.
Nous sortons sans encombre de la partie boisée et arrivons aux abords de la cote 106, où j’alerte les deux compagnies du 160e R.I. endormies dans leurs tranchées situées de part et d’autre de la route d’Albert.
Puis, je me rends à la meule de paille où je mets le lieutenant Lediberder au courant de la situation.

Les 2 compagnies du 160e R.I. ont un effectif très réduit, elles ont été très éprouvées et leur encadrement est bien jeune et inexpérimenté... Elles tiendront, mais je ne peux prélever sur elles la plus petite fraction pour contre-attaquer, de l’avis de leur chef.

Je lui prescris donc de tenir solidement sur sa position qui barre la route d’Albert et d’envoyer des patrouilles dans la partie boisée pour me renseigner sur les mouvements de l’ennemi. Il importe en effet avant de tenir solidement cette position de barrage, et quand je verrai un peu clair dans la situation je contre-attaquerai.
Mais pour cela, il me faut une troupe de contre-attaque que je n’ai pas. Sans perdre une minute, j’envoie par cycliste un premier compte rendu à Meaulte au général Gérôme, en lui demandant de m’envoyer au moins une compagnie pour contre-attaquer.

III)
Le front prend une extension de plus en plus grande vers le nord, les troupes Allemandes sont aux environs de Tourcoing et d'Armentières. La bataille est très violente, notamment près de Lens, La Bassée jusqu’au sud d’Armentières.
Les journaux comme les communiqués officiels, ne parlent pas des autres batailles qui se déroulent sur le reste du front Français. Toute l’attention est tournée, en ce début octobre 1914, sur le Nord de la France.

En Prusse Orientale, les Allemands font venir des renforts de Kœnigsberg, et continuent à opposer une résistance tenace sur les frontières de la Prusse Orientale.

Le front se trouve sur la ligne Vladislavof-Raczki. Le Tsar rend visite à la forteresse d'Ossovietz pour féliciter en personne la garnison de défense de cette place.

Dans les Carpates, face à l’armée Austro-Hongroise les Russes avancent rapidement en Hongrie, selon une dépêche publiée dans Le Temps.

On peut lire aussi dans le même journal, que les détachements Monténégrins opérant en Herzégovine ont infligé aux Autrichiens de grandes pertes et ont occupé des positions stratégiques importantes près de Gatzko.

Au dixième jour du siège d’Anvers, les Allemands bombardent la ville de nuit. L’évacuation d’Anvers commence.

Les Allemands forcent le passage de Scheldt et menacent la retraite des alliés.
4 convois de fusiliers marins Français partent de Villetaneuse et de Saint-Denis pour renforcer Anvers.

Selon le Journal de Roubaix, un détachement Allemand s’est retranché à 3 km de Lesquin, un autre occupe une tranchée à Sainghin-en-Mélantois près de Fretin.

De Marquette à Émmerin, les coups de canons se font entendre, puis s’amenuisent tout au long de la journée.

Roubaix et Tourcoing voient passer des troupes allemandes.

A Wambrechies, l’église est endommagée.

Le long de la Deûle, les combats sont très violents et plusieurs maisons sont incendiées.

D’après le Journal de Roubaix, une patouille de Uhlans auraient été anéantie à Frelinghien.

« Un appel aux cyclistes » C'est le titre de cette petite annonce publiée dans le Journal de Roubaix. : « La Société de la Croix-Rouge, 42 rue des Fabricants, manquant actuellement de cyclistes, par suite de la rentrée des classes, fait appel au concours de quelques jeunes gens, libres de leurs temps, pour le service de ses diverses ambulances. »

IV)
Écluse du Godat 2e classe Eugen Koch, garde la bouche sous l’eau pour ne pas gémir de dégoût. Autour de lui, le canal a charrié les corps de Français et d’Allemands, sans distinction. Ils sont des dizaines, morts la veille ou il y a plusieurs semaines, à s’entasser contre l’écluse. Certains flottent sur le dos, l’uniforme ouvert laissant apparaître un ventre jaune et vert gonflé par les gaz. D’autres ont le visage immergé, et seule la couleur de leur capote permet de déterminer le camp des morts.

D’une main tremblante, Eugen repousse un cadavre au visage bleu qui le regarde de ses yeux vides, puis il nage silencieusement entre les corps. L’espace d’un instant, Eugen s’imagine traverser le lieu d’un immense naufrage, mais la raison de sa présence dans ce cimetière à la dérive est tout autre : il y a des Français sur l’écluse.

Eugen repense au mauvais sort qui l’a mené là. Des préparatifs de mouvement ont été repérés en fin de journée, et un officier a eu la formidable idée de proposer d’envoyer à la nuit tombée une patrouille pour vérifier de quoi il retournait. Et pour plus de sécurité, quoi de mieux que de faire passer la patrouille par le canal ? Il y avait eu un tirage au sort.
Eugen et Wim se sont retrouvés désignés pour aller prendre un bain de minuit. Nus pour mieux nager, avec seulement un couteau pour se défendre, ils doivent remonter de Loivre jusqu’à l’écluse du Godat afin d’estimer le nombre d’ennemis en mouvement.

La première inquiétude d’Eugen a été, plus que d’être tué, d’être pris. Les Français, en le trouvant nu et désarmé, raconteront partout cette histoire ridicule. Les généraux Allemands ne voudront plus jamais entendre parler d’un si misérable soldat. Mais, en se rapprochant de l’écluse, les pensées d’Eugen ne s’inquiétent plus des moqueries des vivants... Car à présent, il faut nager parmi les morts.

Sur l’écluse, des troupes ennemies vont et viennent. Le bruit des gamelles, des outils et des boîtes de munitions qui s’entrechoquent couvrent les rares bruits qu’Eugen et Wim font en s’avançant. Ils doivent être des centaines. Peut-être plus...

« Ah ! »
Eugen sort brièvement la bouche de l’eau pour relâcher un soupir d’effroi : un corps qui dérive vient d’écraser la peau froide de son front mort contre sa nuque... Aussitôt, une silhouette qu’Eugen n’a pas aperçue se met à remuer... Une allumette illumine la nuit pour mieux embraser une lanterne. Sans perdre une seconde, le jeune soldat allemand plonge sous l’eau... Au-dessus de lui, le faisceau de la lampe balaie le champ des morts flottants et découpe leurs silhouettes gonflées sur la surface verdâtre de l’eau. À la lueur de la lanterne, Eugen distingue un Français au cou à demi tranché le regarder avec stupeur, comme s’il voulait crier à ses camarades qu’un Allemand se cache sous son corps... Enfin, la lampe s’éteint et, très lentement, Eugen refait surface.
Deux sentinelles Françaises s’entretiennent à voix basse sur le bord du canal. L’une d’elles repousse de son fusil un corps près de la berge. À la grande stupeur d’Eugen, le cadavre semble soupirer. L’Allemand ne crie pas : il se couvre la bouche avec force, craignant à tout instant de voir les morts se remettre à respirer et leurs mains glacées se tendre vers lui. Mais à son grand soulagement, plus rien ne se passe.

Les sentinelles Françaises se séparent. L’une d’elles tourne le dos au canal pour suivre du regard une automobile venant de s’engager sur l’écluse. Le bruit du moteur est si fort que l’on n’entend plus rien, et Eugen sent sa main se serrer sur son couteau.

La sentinelle n’est qu’à deux mètres de lui. Avec la voiture, le soldat ne l’entendra pas sortir de l’eau, pas plus que l’on n’entendra son corps y tomber. Eugen peut renverser la situation : s’il tue un Français, nu avec son seul couteau, au contraire, c’est tout le pays qui racontera son histoire. Il s’avance lentement vers le Français, puis sent une main lui saisir le poignet dans l’eau.

C’est Wim.
« Non. On en a assez vu. Rentrons », murmure-t-il à l’oreille d’Eugen avant de s’éloigner de l’écluse. Eugen regarde une dernière fois le dos de la sentinelle. Il sent le pouvoir grisant de vie et de mort qu’il a, à cet instant précis, sur le soldat.

Il s’imagine faire une faveur à cet inconnu qui ne le saura jamais et, lentement, écarte les morts devant lui pour nager en silence en direction de Loivre...

V)
Monsieur de Mun est mort brusquement, d’une crise cardiaque, à Bordeaux.
Journal d’Alfred Wolff, maître tailleur, policier auxiliaire  à Reims... Maître-tailleur spécialisé dans l’habillement militaire, raconte son parcours et ses journées en tant qu’ agent auxiliaire de la police municipale. Affecté au commissariat du 2ème arrondissement (Cérès), il se retrouve planton-cycliste et auxiliaire au secrétariat.

« Beau soleil, et l’on se tue par ce temps magnifique, combien ne verront plus la lumière ?...

On enterre ce matin Mr Eugène Thiébaux chef de la sûreté décédé après une courte maladie, il exerçait encore étant souffrant. Étant de service je ne puis assister aux obsèques de cet ami sincère et dévoué. Je suis parvenu tout de même, allant au rapport à saluer longuement au passage la dépouille mortelle de l’ancien ami de défunt mon frère Victor, le cortège funèbre passe le Boulingrin.

Les bombes tombent dans les ruines (photo archives de Reims en en-tête d’article) et place de l’Hôtel de Ville blessant des soldats. Elles tombent encore dans le Centre sur les ruines des bâtiments Laurent et Carré soulevant d’épais nuages de poussière. Après la fuite des habitants des faubourgs celle de ceux du Centre est bien en route. »

VI)
 Somme : Attaque de nuit de Bécourt des 26e et 160e régiment d’infanterie

Toujours bien portant, plein de confiance et le moral excellent. Journées bien occupées depuis 2 jours et résultats heureux. Je pense bien à vous tous et suis content chaque soir de dire : Encore un de moins, chaque minute nous rapproche du retour... Quel jour béni que celui-là et combien désiré !
Je suis tellement fait au régime qu’il me semble que je suis ici pour un temps infiniment long. Je me crois encore au service et rajeuni de 15 ans. C’est l’effet de l’uniforme. Néanmoins, inutile de te dire que la libération sera accueillie avec joie... Reçu hier nombreuses lettres, bien heureux, écrivez souvent.

VII)
Nous apprenons la mort d'Albert de Mun. Je le revois encore, quinze jours peut-être après l'ouverture des hostilités, entrant au ministère de la Guerre, si droit, une flamme dans les yeux... Sur le champ de bataille, et hors du champ de bataille, les morts vont vite en  ce moment.

Les émotions sont violentes, et il est des physiologies que les émotions abattent aussi sûrement qu'un éclat d'obus. Qui sait si Albert de Mun n'a pas succombé à l'anxiété que trahissait son dernier article ? Les nouvelles sont un peu moins bonnes, le jour où il est mort. Nous paraissions avoir éprouvé un échec aux mines d'Arras, et les Allemands faisaient un effort désespéré pour se dégager de l'étreinte de notre aile gauche et, en même temps, s'emparer d'Anvers.

Le mot suprême qu'il a tracé sur le papier, c'est « pessimisme ». L'effort qu'il fait pour se défendre lui-même contre une impression de pessimisme et pour conserver au public le ton de confiance où, pendant les plus mauvais jours, son éloquence l'a maintenu aura tué Albert de Mun. Ainsi le clairon dont le cœur se brise pour avoir trop longtemps sonné la charge...

Albert de Mun aura une page dans l'histoire de cette guerre. Il est celui qui aura le mieux donné, le mieux marqué le tonus national... Et la pensée va vers ceux qui seront morts avant d'avoir vu ces grands événements : la revanche peut-être obtenue demain par la force des choses, sans que personne en France l'ait expressément voulu. Ce sont surtout les survivants de l'Empire qui paraissent, au milieu de cette réparation de 1870, comme des personnes choisies et protégées par le destin.

Emile Ollivier est mort l'an dernier au mois d'août. Mais l'impératrice Eugénie vit encore... On me rapporte, à son sujet, ce souvenir. Après le congrès de Berlin, où est semé le germe de dissentiment entre la Russie et l'Allemagne, l'empereur Alexandre, ayant rencontré l'impératrice Eugénie, lui baise la main en pleurant. « Puissé-je réparer la faute que nous avons commise en 1870 en laissant écraser la France ! » s'écria le tsar...

Avec le temps, le vœu d'Alexandre a été exaucé. Mais quelle vision Shakespearienne des responsabilités pour les grands acteurs de l'histoire à qui la longévité permet d'assister au déroulement de la chaîne d'airain où s'attachent les effets et les causes.

 Après la bataille de la Marne (5-12 septembre) qui sauve Paris, ruine le rêve impérial Allemand et fait reculer les armées ennemies de 75 à 100 kilomètres jusqu’à Soissons et Sainte-Menehould, la poursuite de l’ennemi se ralentit, en raison de la fatigue des troupes et du manque de munitions... Les Allemands, installés sur les deux rives de l’Aisne, gardent encore l’espoir de reprendre la marche sur la capitale et les forces alliées se donnent maintenant pour objectif de rejeter l’envahisseur au nord de l’Aisne, de lui disputer la Picardie, l’Artois et les Flandres, et de l’arrêter dans sa course à la mer vers Dunkerque et Calais...

VIII)
La visite du président de la République à l’ambulance américaine (7 octobre 1914)
Empêchera-t-on les bêtises de recommencer ? Sans l'espérer, nous le désirions, nous le demandions, puisque c'est au gouvernement en personne que nous nous adressions pour mettre fin aux infamies débitées d'un bout à l'autre du pays sur la complicité des prêtres, des nobles ou des riches avec l'envahisseur Allemand. Le gouvernement se serait honoré en imitant les deux fonctionnaires qui ont protesté publiquement, par circulaire, contre ces diffamations, beaucoup plus offensantes pour les diffamateurs que pour les diffamés. Une parole adressée de haut à l'ensemble du pays et généralisant les deux protestations locales eût montré qu'il y a, sous les mots prononcés de concorde et d'union les sentiments réels, les volontés concrètes tendant à une politique digne des extrêmes besoins de la nation.
Un témoignage officiel ! Encore un coup, nous y tenions infiniment plus pour l'honneur et la paix de la France que pour les Français visés par l'outrage.

Le courageux évêque de Montauban, Mgr Marty, a jugé cet outrage trop inepte et trop odieux pour être même discuté :
— Quoi donc ? Le pape meurt de la tristesse que lui cause la guerre, 20 000 prêtres sont occupés à défendre la France et 10 000 vont être appelés. Le premier fusillé des Allemands est un prêtre… Nous multiplions nos efforts pour soulager nos blessés, nous faisons des prières solennelles pour que Dieu nous donne la paix et la victoire… Et nous sommes avec les Prussiens ?
Il y a pourtant des parties du territoire où il a fallu élever la voix aussi haut que possible. Ainsi Mgr l'archevêque de Tours a-t-il dû adresser à ses diocésains une lettre pastorale émue d'indignation où il énumère les dévouements sacerdotaux qui lui tiennent le plus à cœur, puisqu'ils sont l'œuvre de son propre clergé :
Ce vicaire de Bléré, frappé au front et qu'il a fallu trépaner,
Ce bénédictin, dom Moreau, accouru de Belgique, blessé, prisonnier, revenu à son poste à peine guéri, dignes frères de tous ces nobles fils de l'Église de France qui renouvellent, en les multipliant, les fastes d'un héroïsme quatorze fois séculaire…

Une âpre iniquité envers d'irréprochables serviteurs de la France n'a point paru chose Française à l'archevêque de Tours, il écrit avec autant de vérité que de sainte hardiesse :
« De quelle officine sortent ces odieux mensonges ? Tout ce que nous pouvons dire, c'est que l'officine est trop ténébreuse et trop ignoble pour être de création Française.  »

La « marque » Allemande y est sensible et claire. Il eût été fort sage au gouvernement de le dire. Il eût été politique de montrer qu'on était armé et bien armé, non pas contre de pauvres distributions de médailles ou d'objets de piété qui n'ont jamais fait de mal à qui que ce soit, mais contre les entreprises de divisions semées par l'Ennemi sur notre territoire.

Un acte de ce genre aurait montré que nous sommes aussi forts au dedans qu'au dehors, puisque nous avons enfin reconnu quelle est la condition principale de la puissance d'un État, à savoir la concorde entre ses citoyens.

On se trompe de la façon la plus complète et la plus malheureuse quand on se figure que l'expression de la concorde et de la paix peut se trouver dans les formules de l’État neutre... Il y a dans ce mot le contraire du sentiment que les meilleurs des républicains voudraient y renfermer.

Dans un langage plus mesuré que celui que nous avons dû critiquer dernièrement
Le Temps se figure que « la neutralité absolue » est un acte de « déférence égale » envers toutes les philosophies et toutes les religions. D'abord ce n'est pas neutralité qu'il faudrait dire, mais respect profond, mais vénération intime et active, l'abstention et l'inhibition sont procédés trop négatifs.

On n'unit pas un peuple avec des exclusions, des refus, des interdictions, il faut à l'union, à l'accord, des sentiments plus larges et plus cordiaux, des idées plus positives et plus précises. Ensuite, la distribution à part égale de ces sentiments de respect, entre le méthodisme ou l'anglicanisme de nos alliés et amis Britanniques, l'Islamisme de nos sujets Marocains, Algériens et Sénégalais, le catholicisme de la multitude immense de nos vivants et de nos morts, cette égalité-là dans le pays qui a construit et qui a vu détruire la cathédrale de Reims, pourrait un jour porter un nom :
Elle pourrait se dénommer le reniement par les Français de l'Histoire de France, et leur suicide moral.

Si j'avais eu l'honneur d'approcher M. Millerand quand il fait sa circulaire à la Croix-Rouge, je n'aurais pas manqué de lui proposer énergiquement la méditation de ces vérités... L'erreur politique est commise. On en commet une autre en refusant d'apporter aux victimes de la monstrueuse calomnie dénoncée ici la réparation juste, la réparation vengeresse que l'intérêt de la Patrie exige pour elles. Plus on tarde, plus on encourage des passions sans aveu et des intérêts sans honneur. Plus on expose, plus on découvre « l'union sacrée ».
Assurément, je ne crois pas à la fonction spirituelle et dogmatique de l'État, mais je crois à son influence morale. Une certaine tenue de l'esprit dans les sphères supérieures pourraient décourager certains débraillés cérébraux. Je le dis sans illusion, mais aussi sans faux fuyant, il dépendrait non pas certes des prohibitions d'une censure ou des mots d'ordre du gouvernement, mais du langage, de l'attitude et de l'allure du « ministère national » que certaines offenses, que certaines insultes, ne vissent pas le jour.

Il suffirait d'en décourager les auteurs.
Il suffirait qu'on sût le désir et la volonté de paix du gouvernement pour qu'à La Dépêche de Toulouse, par exemple, personne, n'eût songé à écrire l'apostrophe haineuse qui fait le tour de la presse Française avant d'aller réjouir et réchauffer les espérances de nos grossiers ennemis.
« Battez-vous maintenant, petits soldats ! Donnez votre chair, donnez votre vie ! Et mourez en pensant que la cloche de l'église sonnera peut-être des carillons quand les Allemands entreront dans votre village. »
Cette façon de dénoncer dans le clergé, dans ses cloches, dans ses églises un élément intéressé à la défaite Française et à la victoire Allemande réalise le plus cruel, le plus impie, le plus diviseur des scandales. Cette division doit être conjurée et ce scandale doit finir, tous les bons citoyens ont le droit de l'exiger, comme le respect de la loi, comme l'exécution des sentences judiciaires, au nom du peuple Français !

Question de force ou de faiblesse, autant dire de vie ou de mort pour notre nation envahie !

L'attaque de nuit de Bécourt (Somme) en octobre 1914
chtimiste.com/batailles1418/combats/1914becourt.htm
7 octobre 1914. Le temps est superbe, c'est une magnifique journée d'automne. Le médecin-major Viry, l'aumônier Martin et le sous-lieutenant Tourtel sont ...
Octobre 1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/octobre141.html
Mercredi 7 octobre. Le front s'étend de plus en plus à l'aile gauche de nos armées. De la cavalerie allemande, précédant d'autres éléments, apparaît en force ...
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Jeudi 7 octobre 1914 : les Belges évacuent Anvers, la ...
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Il y a 7 jours - Jeudi 7 octobre 1914 : les Belges évacuent Anvers, la métropole ... Toute l'attention est tournée, en ce début octobre 1914, sur le Nord de la ...
7 octobre 1914 | À la vie, à la guerre
www.alaviealaguerre.fr/7-octobre-1914/
Écluse du Godat. 2e classe Eugen Koch. Eugen garde la bouche sous l'eau pour ne pas gémir de dégoût. Autour de lui, le canal a charrié les corps de Français ...




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