mercredi 15 octobre 2014

LA GRANDE GUERRE AU JOUR LE JOUR 8 SEPTEMBRE 1914

 8 OCTOBRE 1914


I)
Toutes les attaques Allemandes ont été repoussées à l'aile gauche et en Woëvre, la cavalerie Allemande a été maintenue au nord de Lille où elle a été refoulée. Nous avons repris du terrain entre Chaulnes et Roye, nous avons également progressé au centre.

Le Président de la République a adressé un hommage éloquent à nos armées et échangé des télégrammes cordiaux avec Georges V.
Les Allemands essaient vainement de résister à la poussée Russe, dans la Prusse Orientale.

Guillaume II a exigé que son état-major général se substitue à l'état-major Austro-Hongrois en Autriche. Le général Conrad de Hotzendorf, chef d'état-major général Austro-Hongrois, se retire, et François-Joseph est très mortifié d'avoir à céder aux instances très pressantes de Guillaume II.
Un contre-torpilleur Allemand a été coulé par un sous-marin Anglais près de l'embouchure de l'Ems.

II)
Il peut être à ce moment 00h45. Il fait un superbe clair de lune.
La fusillade éclate du côté du château d’où une immense flamme s’élève. Heureusement, ce  n’est que la ferme près du château qui brûle, incendiée par l’ennemi suivant son habitude.
La fusillade reprend à plusieurs reprises, et on entend le tic-tac de nos mitrailleuses. C’est bon signe, car les Allemands ne tirent jamais dans leurs attaques de nuit. J’en ai fait l’expérience en Lorraine.

Tout à coup, vers 1h30 éclatent des « Hurrah », sur notre droite, accompagnés de la sonnerie lugubre des clairons boches sonnant la charge. Ce sont les Allemands qui, débouchant de la zone boisée, montent à l’assaut de la hauteur 106. Une vive fusillade crépite aussitôt, partant de nos tranchées.
C’est la 6e Compagnie du 160e R.I. qui prend sous son feu l’assaillant et je me rends compte bientôt que l’attaque n’a mordu nulle part sur notre position.
A ce moment, je vois surgir sur ma gauche un officier de haute taille.
C’est le lieutenant Godard, arrivé au front seulement depuis 5 jours, et qui a pris immédiatement le commandement de la 9e compagnie. Il me dit qu’entendant la fusillade du côté de la cote 106, il vient se mettre à ma disposition, avec la majorité de sa compagnie. C’est la troupe de contre-attaque qui me manquait, elle me tombe du ciel d’une façon tout à fait imprévue, au moment précis où son intervention  peut être décisive.
Aussi, sans prendre le temps de lui demander ce qu’il a laissé à la garde des tranchées, je lui réponds : « Vous arrivez à pic, nous allons contre-attaquer dans le flanc de l’ennemi, dont l’attaque vient de se briser sous le feu des tranchées qui sont à notre droite ».
Et comme le lieutenant Godard semble un peu désorienté sur ce terrain inconnu, où il débouche de nuit en pleine bataille, j’ajoute aussitôt « Suivez-moi ».
Il n’y a en effet pas un instant à perdre...
Le lieutenant  Godard, plein d’allant, entraîne sa Compagnie à ma suite, sur ce terrain que je connais bien, en direction de la lisière ouest du bois, au sud de la route.
L’effet est immédiat. Toute la ligne Allemande reflue dans le parc et disparaît dans les fourrés avant même qu’il y ait eu abordage. Tout le terrain en avant des tranchées est couvert de cadavres, l’ennemi a subi des pertes sévères et son moral n’a pas tenu devant la menace d’une attaque de flanc.

DRAGONS FRANÇAIS
Je prescris alors au lieutenant Godard de rallier sa Compagnie à la lisière des bois, et d’envoyer des patrouilles à l’intérieur, pour ne pas perdre le contact.
J’ajoute : « Vous pousserez ensuite jusqu’au château en prenant comme direction l’incendie que vous voyez ».

Il hésite et me dit : « Que faudra-t-il faire ensuite ? »
Je lui réponds : « Prendre la liaison avec les défenseurs du château, et me rendre compte ».
Comme ce brave garçon parait embarrassé (c’est son premier combat) j’ajoute aussitôt : « Vous agirez suivant les circonstances, avec votre bon sens. Je ne peux pas tout prévoir, C’est le rôle du chef de faire face à l’imprévu. Vous êtes intelligent, vous réussirez ».

Il se redresse et d’un air décidé : « vous avez raison, mon commandant » et il disparaît dans la nuit.
Ce jeune professeur agrégé, jeté ainsi brusquement dans la mêlée, a douté un instant de ses capacités comme chef, mais il devait bientôt justifier pleinement ma confiance.

Tranquille de ce côté, je retourne auprès de la meule, où m’appellent d’autres préoccupations... En effet, le lieutenant Lediberder m’aborde en me disant d’un air inquiet : « La 6e Compagnie vient de rendre compte qu’elle n’a plus de cartouches ».
En attendant que je puisse la ravitailler avec mon T.C., nous lui faisons porter toutes les cartouches de nos « liaisons » ainsi qu’une partie de celles de la 4e Compagnie, qui n’a pas été attaquée et n’a pas eu à tirer.
Le lieutenant Lediberder s’emploie très activement à ce ravitaillement de munitions.

Il pouvait être 2h00. A peine cette question réglée, je vois arriver un capitaine qui se présente à moi, en m’annonçant qu’il m’amène une Compagnie de renfort : c’est la 11e Compagnie du 160e R.I.
Il ajoute qu’il m’amène aussi une section du 26e R.I. qui a retraité jusqu’à Meaulte.
C’était celle de l’adjudant T… qui a reçu l’attaque ennemie (7 Compagnies arrivant par surprise par le ravin de Contalmaison, comme je le sus par la suite) et qui s’est repliée d’une traite sur Bécordel... Évidemment, cet adjudant a perdu la tête par suite de la surprise et de la violence de l’attaque. Il faut qu’il se réhabilite, lui et son unité… l’honneur du Régiment est en jeu.
J’appelle l’adjudant, qui me semble mal remis de son émotion et incapable d’entraîner de nouveau ses hommes. Aussi, sans plus réfléchir, et sous l’impulsion des circonstances, je me décide à remettre moi-même cette troupe en main.
M’avançant vers la section arrêtée à quelques pas, à gauche de la meule, je commande : « Baïonnette au canon, par 4 derrière moi, en avant ! ». Et me voilà parti en tête de la section T…

D’aucuns diront que ce n’est guère le rôle d’un commandant de Régiment de prendre le commandement d’une section après avoir pris peu de temps auparavant le commandement d’une Compagnie. Peut-être ! Quand on discute dans le calme d’une Kriegspiel.

Mais j’affirme que quand on est au combat, et qu’il se présente des événements d’une gravité exceptionnelle, on ne réfléchit pas tant : ce sont les réflexes qui agissent. On sent ce qu’il est indispensable de faire, dans telle ou telle circonstance.
Et bien ! dans la circonstance présente, j’avais senti que l’action personnelle du chef ayant la confiance de ses hommes et connaissant le terrain, était nécessaire pour emporter le succès.

Dans les combats de nuit surtout, c’est l’action du chef qui est tout. La nuit au combat, il ne faut pas se contenter d’envoyer des ordres, il faut s’assurer de la façon dont ils peuvent être exécutés. Si un chef n’entraîne pas sa troupe, celle-ci n’attaque pas. J’ai rendu la main au lieutenant Godard dès que j’ai vu qu’il était capable de continuer seul l’attaque. Je vais faire de même avec l’adjudant T.

A ce moment, la situation est la suivante : j’ai à la cote 106 trois Compagnies du 160e R.I. (6e et 7e dans les tranchées, 11e Compagnie en réserve à la meule).

La compagnie Godard du 26e est à la lisière du bois B.

Je prends la décision de prolonger vers la gauche l’action de cette Compagnie, avec la section T…. En arrivant face au bois A, je me rends compte, la nuit étant très claire, que les Allemands organisent la lisière.
On les entend piocher. Je me souviens du combat de nuit du Petit Léomont. Aussi pour bien remettre mes hommes en main, je déploie la section en ligne, et je lui commande un feu sur la lisière du bois A dont nous n’étions guère qu’à 100 ou 150 mètres.
Des cris se font entendre, l’ennemi, surpris en plein travail, ne riposte pas et s’enfuit. J’en profite pour entraîner toute la ligne en avant, et la progression se poursuit à travers bois, sous la direction du lieutenant Godard, à cheval sur la route, refoulant les Allemands vers le château.

Ma place n’étant plus avec ce petit détachement, qui est en bonne voie, je retourne à la meule pour reprendre la direction de l’ensemble. Je mets les commandants d’unités au courant de la situation, et leur expose mon plan : l’ennemi est refoulé sur le château, il faut l’encercler.
La Compagnie Godard va lui fermer la porte vers le Nord. Le capitaine de la 11e Compagnie va faire la même opération au Sud.

Il pouvait être à ce moment entre 3 et 4h00, et je vient de recevoir par un agent de liaison la nouvelle que le commandant Weiller tient toujours dans le château.
Au petit jour, je m’aperçois que la 11e Compagnie s’est arrêtée dans les tranchées situées dans le prolongement de celles de la 6e Compagnie, sans aller jusqu’à la lisière des bois... Je lui envoie par écrit l’ordre de se porter en avant, et vers 5h00 elle commence son mouvement saluée par quelques 77.

A ce moment, je reçois coup sur coup deux bonnes nouvelles.
 D’abord du commandant Weiller par l’agent de liaison Goret, qui m’annonce qu’il a déjà fait 96 prisonniers, dont le lieutenant-colonel qui a dirigé l’attaque, puis du lieutenant Godard qui me rend compte qu’il est arrivé au château et qu’il a exécuté entièrement mes ordres... Il a aussi fait des prisonniers dans les bois.
Enfin, un jeune capitaine du 45 R.I. (dont j’ai oublié le nom) se présente à moi et me dit qu’il arrive en renfort avec sa Compagnie, pour se mettre à ma disposition.

C’est parfait. Je lui donne l’ordre de prolonger à droite l’action de la 11e Compagnie du 160e et de contourner Bécourt par le sud. Il se portera ensuite à l’est de la localité afin d’achever l’encerclement des Allemands, en occupant la seule porte de sortie qu’ils aient par le ravin de Contalmaison. Il exécute parfaitement les ordres donnés  poussant dans les bois au Sud-est du château pendant que la 11e Compagnie du 160e, sans avancer plus avant, recueille les Allemands qui viennent se rendre.
Ceci fait, j’envoie un compte rendu sommaire au général Gérôme, lui indiquant les dispositions prises et les résultats obtenus avec un nombre respectable de prisonniers.

Puis je me rends au château de Bécourt, en parcourant le terrain de l’attaque de nuit, jonché de cadavres feldgrau. Je rencontre dans les bois près du château l’adjudant T… tout ragaillardi, puis le lieutenant Godard que je félicite vivement... Enfin dans la cour du château, c’est le commandant Weiller que j’embrasse avec joie. Il me raconte comment il a repoussé 3 attaques sur le château.

En effet, après l’avoir quitté, pendant que je me rendais à la cote 106, l’ennemi avait contourné le château par le Sud et s’était présenté par la rue du village. Le commandant a eu le temps d’installer une mitrailleuse devant le château, au débouché des voies d’accès, et l’attaque a été immédiatement fauchée. L’ennemi, sans plus insister de ce côté s’est alors présenté par l’avenue venant du parc et a été reçu de la même façon. Il a alors fait une nouvelle tentative par la route de la ferme, mais étant pour la troisième fois fauché par les feux de mitrailleuse, il a renoncé à attaquer le château. Après avoir incendié la ferme, il s’est dirigé sur la cote 106 qui est son objectif.

Je savais le reste... En somme, la belle résistance du château a commencé à dissocier l’attaque et après l’échec des Allemands sur les tranchées de la cote 106, les contre-attaques les ont refoulés dans la zone boisée et ils se sont trouvés pris entre 2 feux. En cherchant à fuir, ils ont erré par petits groupes qui ont été aisément cueillis par nos patrouilles... Perdus dans la nuit ils n’ont opposé aucune résistance et au jour, il y a entre nos mains plus de 400 prisonniers, dont le lieutenant-colonel qui commande l’attaque et 7 autres officiers.

Je trouve en arrivant, entre la grille et le château, un grand nombre de prisonniers qu’on évacue par petits groupes, car ils sont bien plus nombreux que nous. Toute la cour est pleine d’armes et d’équipements jetés en tas au fur et à mesure de l’arrivée des prisonniers.

Comme j’interroge un des officiers blessé à la jambe pendant qu’un infirmier lui fait un pansement, un caporal du 26e me dit : « C’est moi qui l’ai fait prisonnier. Il se sauvait, je lui ai tiré dessus, et après, il a fallu que je le porte sur mon dos jusqu’ici…. »
Toujours braves types nos poilus !

Sur une table, sont tous les brownings pris aux officiers. On en a trouvé 7 sur le lieutenant-colonel. Dans la journée, on m’apporte l’ordre d’attaque Allemand, trouvé sur le cadavre d’un officier. Je l’envoie au général Gérôme, mais j’en conserve la traduction, L’attaque a été exécutée par 7 Compagnies sous les ordres du lieutenant-colonel Weiss du 111e R.I. : 2 Compagnies du 40e R.I., 3 Compagnies du 11e R.I. et 2 Compagnies du 14e chasseurs à pied de la réserve. Elle avait pour objectif l’occupation de la cote 106. C’est un désastre pour l’ennemi, comme le dit un officier prisonnier.
En effet n’ayant percé le front qu’en un seul point, quand les groupes qui ont échappé à nos patrouilles ont voulu fuir, ils ont trouvé la porte fermée. Après avoir erré le long de nos tranchées et s’être faits fusiller à bout portant, les survivants se sont rendus, 400 prisonniers, un nombre égal de cadavres et de blessés restent sur le terrain...

Je vais voir dans l’après midi Mme et Melle de V…. Toujours dans leur cave, où elles sont restées en prière toute la nuit, pendant qu’on se bat au-dessus de leurs têtes. Elles sont maintenant rassurées, mais sont passées par bien des angoisses. A la nuit, la Compagnie du 45 R.I. et la 11e Compagnie retournent à Meaulte.

III)

Un deuil s’abat sur la France ! Le comte Albert de Mun est mort.
Hier au soir, encore, dit, « l’Écho de Paris » » il travaillait à son article quotidien à 22h00, il se couche, à 00h15 il est mort d’une affection cardiaque.
C’est une perte cruelle pour l’Église et pour la France.

Né en 1841, le comte de Mun a embrassé la carrière militaire, et il fait vaillamment la campagne de 1870. Il est capitaine lorsqu’il démissionne pour se jeter dans l’armée politique où (député du Finistère) il apporte à la Chambre son remarquable talent d’orateur qu’il met, sans compter, au service de l’Église et de la Patrie. Fondateur des cercles catholiques d’ouvriers. L’Académie Française l’appelle dans ses rangs, il y apporte une belle figure de gentilhomme, lettré, délicat et recherché. Ardent patriote, et un des plus ardent défenseur de la loi de 3 ans. La France (à l’heure actuelle) lui doit sa force et son union.

Depuis le commencement de la guerre, chaque jour - dans « l’Écho de Paris », à son poste, il lance à tous les coins de la France, sa parole ardemment belle, par dessus tout entraînante. Les articles sont empreints du plus pur patriotisme et son langage est celui d’un apôtre qui relève les courages abattus (cela est arrivé)... Il redonne la confiance et prêche la patience. Quels articles entraînants !

Il est mort à son poste, sa plume à peine posée, son dernier article encore frais écrit. Et aujourd’hui « l’écho de Paris » publie ce dernier appel du comte de Mun intitulé :
« Sur les deux fronts », en même temps qu’il annonce sa mort...

« Ainsi, en France, dit le vaillant patriote, une bataille acharnée, dont les Allemands n’espèrent plus qu’elle se terminera par la victoire, en Pologne, l’offensive Moscovite prête à envahir le territoire Allemand, voilà comment se présente l’ensemble de la situation militaire. Il n’y a pas de quoi pousser au pessimisme. »

Telles sont ses dernières paroles dans « l’écho de Paris », puissent-elles conserver la confiance jusqu’au bout, jusqu’à la victoire. La France, après Déroulède, après Pie X, après Jules Lemaître, vient d’envoyer un de ses défenseurs au ciel, auprès de Dieu il plaidera la cause Sainte de la Patrie.
De telles morts sont cruelles, mais elles sont précieuses pour le salut de la Patrie. Holocaustes choisies pour obtenir le pardon de Dieu, elles assureront la victoire et la grandeur de la France…

IV)
Dans ces sentiments de tristesse et de réconfort je me rends ce soir à mon poste de l’ambulance de la Croix-Rouge (à l’École normale des instituteurs). Je trouve un des pauvres blessés - n° 12 - de la salle 2 - Bellot, très malade, le pauvre garçon qui a été atteint par un éclat d’obus, lequel lui a déchiré la mâchoire inférieure, a été opéré hier. On lui a ouvert la gorge pour lui retirer les os brisés, en de nombreux fragments, de la mâchoire, [et] lui recoudre les extrémités. Cette douloureuse opération a duré 2 heures ! Le pauvre jeune homme !! est bien abattu.

Tous les 2 h, avec un entonnoir en verre, par un petit tube, je lui fais prendre du lait tiède pour l’alimenter, ensuite (la bonne sœur, de garde la nuit) que je vais chercher lui lave la bouche et la gorge avec de l’eau oxygénée lancée par une petite seringue. Pauvre cher garçon !

À un autre : n° 11 - sergent – je lui donne une cuillerée de terpine toutes les 3 heures. Aux autres il s’agit des soins habituels... Mon compagnon de veille est M. Vigoureux, négociant en blanc à Blois. Il veille la première moitié de la nuit, je prends mon service à minuit 30 jusqu’au jour. Mais, dans la première moitié je ne peux dormir, tellement j’ai froid.

Ce matin, au petit jour, les toits sont blancs d’une première gelée blanche.
Je ne me plains pas, pensant aux pauvres soldats qui couchent dehors, dans les tranchées, exposés aux intempéries du temps et de la guerre : pluies, gelées, vent, obus, balles, mitrailles, alertes, charges, etc...

V)
Tout cela est terrible, et chaque jour de nouveaux et nombreux morts sont signalés. Je quitte mon service de veille à 7h00. Le petit Parisien (n° 10), Foulquet, qui a une balle dans la poitrine, et l’a encore - est actuellement en convalescence au château de Chitenay.

Au train de 8h59, je vais saluer madame Corby et sa famille, qui partent pour Paris.
Le tantôt, avec Berthe et Robert alors qu’il fait un beau soleil, nous allons par les métairies, le moulin et les ponts Saint Michel, le val, l’allée verte en forêt de Russy, le carroir de la Croix-Rouge, où nous nous reposons sur l’herbe, et retour par Saint-Gervais.
Ce soir, nous nous couchons tôt, car j’ai sommeil (d’une nuit passée à blanc) et je suis fatigué.

VI)
8 octobre 1914 – Marne. – M. le Président de la République, accompagné de MM. Viviani et Millerand, visite la région d’Épernay.

    – Épernay. – Un taube lance une bombe qui détruit la toiture d’un hangar de la maison de champagne Gallice et Co.

    – Montigny-sur-Vesle. – Des bombes lancées d'un taube blessent plusieurs soldats.
VII)
Ne trouvez-vous pas que nous avons à Rome une situation ridicule ? Ce fut jadis celle du Carthaginois quand on lui reprochait de savoir vaincre sans savoir profiter de la victoire...
Nous venons de remporter un avantage d'autant plus brillant qu'il nous a coûté peu d'efforts... Les intrigues de l'ancienne Triplice n'auront servi de rien, autant que le feu pape, le pape élu est un ami déterminé de la France. Tous ceux qui représentent une amitié Française dans la Ville éternelle témoignent ouvertement de leur joie, le jour où le corps diplomatique est présenté à Sa Sainteté Benoît XV, c'est-à-dire hier même, il doit y avoir et il y a eu, du côté de l'Allemagne et de ses rares alliés dans le monde, quelques figures merveilleusement allongées.
C'est un triomphe pour nous, mais à la condition d'y être, à la condition d'avoir là un représentant qui peut s'épanouir devant la déception des autres et lui faire un pendant d'allégresse victorieuse…

Cette condition n'a pas été remplie. Ce contraste n'a pas eu lieu. Bien que S. S. Benoît XV ait fait sentir le regret de ne pas trouver devant lui un ambassadeur de France (ce qui nous sauve un peu la face et ce qui entr'ouvre une porte à quelque retour de sagesse) notre absence est plus qu'un scandale et qu'une sottise, c'est une inconvenance et une laideur. Un peuple peut avoir le droit d'ignorer ou de mépriser ses intérêts les plus importants. Un peuple comme la France n'a pas le droit de se donner en risée, de faire mépriser son nom, de se laisser prendre pour un hurluberlu sans sagesse. L'heure est trop grave, les moments vécus sont trop durs pour que nous adoptions ce luxe d'imbéciles, qui consiste à dilapider son propre trésor.
Il n'y a qu'un trait de plume à donner, un représentant à nommer, un voyage rapide à lui faire faire, ne serait-ce que pour aller respirer les beaux lauriers déjà fauchés en notre honneur par des mains amies, l'ambassadeur au Vatican doit être en chemin depuis quelque 24 heures !
M. Poincaré, M. Delcassé, M. Viviani, leurs collègues auront-ils ce bon mouvement ? Plus il sera spontané, vif et prompt, plus il ressemblera à la France, à la France de cette année-ci, de ce mois-ci, et mieux il vaudra !

L'attaque de nuit de Bécourt (Somme) en octobre 1914
chtimiste.com/batailles1418/combats/1914becourt.htm
7 octobre 1914. Le temps est superbe, c'est une magnifique journée d'automne. Le médecin-major Viry, l'aumônier Martin et le sous-lieutenant Tourtel sont ...
Octobre 1914 - La grande guerre au jour le jour
grande.guerre.pagesperso-orange.fr/octobre141.html
Mercredi 7 octobre. Le front s'étend de plus en plus à l'aile gauche de nos armées. De la cavalerie allemande, précédant d'autres éléments, apparaît en force ...
Vous avez consulté cette page de nombreuses fois. Date de la dernière visite : 13/10/14
Culture 41 - 7 et 8 octobre 1914
www.culture41.fr › ... › Octobre 1914
7 et 8 octobre 1914. 7 octobre et 8 octobre. Un deuil s'abat sur la France. Le comte Albert de Mun est mort. Hier au soir, encore, dit, « l'Écho de Paris » » il ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire