OTTON
Ier POSE LES BASES DE L'ADMINISTRATION GERMANIQUE
Seth
et Osiris, Caïn et Abel, ou encore Romulus et Remus, deux ou
plusieurs fils, mais un seul trône, un héritage, un honneur, et
c’est le conflit. On en a de multiples exemples pour l’ensemble
du haut Moyen Âge, qu’il s’agisse des fils et des petits-fils de
Clovis, dont les guerres fratricides pimentent le récit de Grégoire
de Tours, ou des rivalités entre Charles le Chauve et ses frères
Lothaire et Louis le Germanique relatées par Nithard.
Il
n’en va pas autrement à l’époque Ottonienne (919-1024), où la
société accorde une importante marge de manœuvre aux femmes dans
la gestion de l’héritage ou même dans la politique. Dans ce
contexte, les sœurs ne sont pas absentes des conflits
« fraternels ». Les sources narratives sont certainement
celles qui permettent le mieux d’appréhender cette question à
travers des cas concrets qui concernent surtout la Saxe, « regnum
de Germanie » le mieux documenté pour la période, les
exemples les plus développés sont évidemment ceux qui concernent
la famille royale Ottonienne. L’étude de quelques cas devrait
permettre de s’interroger sur le rôle, la place dans la fratrie ou
encore le remariage d’un des parents après un veuvage dans les
processus conflictuels au sein des fratries...
La
famille est normalement un espace de paix et de solidarité. Y
dominent d’abord les relations entre parents et enfants puis les
liens qui unissent frères et sœurs entre eux : « frère »
et « sœur » représentent 27,5% des termes évoquant un
lien de parenté consanguine et 23,4% des termes de parenté toutes
catégories confondues dans la Chronique de Thietmar de Mersebourg,
avec néanmoins un net avantage à la relation entre frères... Or la
notion de fraternité renvoie à un lien horizontal, donc de type
égalitaire, unissant entre eux les membres d’une même fratrie.
Dans les sources, particulièrement chez Thietmar de Mersebourg, le
vocabulaire employé pour définir et décrire ce lien insiste sur sa
forte charge affective.
En
Saxe, dans les fratries nombreuses, le plus souvent deux frères au
moins restent dans le monde, et dans ce cas, soit ils se partagent la
puissance paternelle, soit l’héritage est maintenu en indivision
et la puissance est exercée conjointement par les frères... Dans
tous les cas, ils sont amenés à être solidaires. Ce type
d’arrangements, destiné à éviter les jalousies et à générer
une coopération, constitue le terreau de liens qui sont la plupart
du temps particulièrement privilégiés et forts :
Les
sources de l’époque proposent de nombreux exemples de frères
et/ou de sœurs qui se soutiennent et s’entraident. Le plus fameux
est sans doute celui de Brunon de Cologne, soutien indéfectible de
son frère Otton Ier :
Chancelier
à partir de 941
Archichapelain
à partir de 951,
On le voit aussi en 956 réconcilier son neveu Liudolf avec son père, Otton Ier. Sa mort en 965 laisse l’empereur affligé aux dires de Thietmar...
Henri
de Saxe autre frère de l'empereur et tout au contraire envieux et
vindicatif.
En
938, il se révolte avec Eberhard de Franconie et son beau-frère
Gislebert, duc de Lotharingie.
Ils
sont vaincus et Gislebert trouve la mort. Henri se réfugie à la
cour de Louis IV d'Outremer, roi de France.
Il
finit par se réconcilier avec son frère qui lui donne le duché de
Gislebert. Mais, ne pouvant établir son autorité face aux barons de
Lotharingie, il perd son duché que son frère donne au comte Otton
de Verdun.
Henri
cherche alors à faire assassiner son frère, le complot est
découvert et Henri emprisonné.
Après
la mort le 23 novembre 947 du duc Berthold Ier, oncle paternel de son
épouse, il est nommé duc de Bavière.
Entre
937 et 940, il épouse Judith (925 † 987), fille d'Arnulf le
Mauvais, duc de Bavière. Ils ont 3 enfants :
- Gerberge (v.940 † 1001), abbesse à Gandersheim
- Hedwige († 994), mariée à Bouchard III de Souabe († 973)
- Henri II le Querelleur (v.951 † 995), duc de Bavière
L'archevêque
de Mayence, Hildebert, présente le roi « élu de Dieu, désigné
par Henri l'Oiseleur, choisi par les princes », là-dessus,
l’archevêque de Mayence offre au roi les insignes du pouvoir et
lui donne l'onction, puis l’archevêque de Cologne place la
couronne sur sa tête... Les solennités de l’Église et la
consécration religieuse accréditent donc le nouveau roi d'Allemagne
comme naguère les empereurs Carolingiens. Après un solennel service
d'action de grâce dans la cathédrale, le roi prend place à la «
table de fête », en compagnie des évêques et de tout le peuple.
Les ducs, eux, assurant le service :
Celui
de Lorraine, comme camérier
Celui
de Souabe, comme écuyer tranchant
Celui
de Franconie, comme échanson
Arnoulf
de Bavière comme maréchal.
La
subordination des ducs à la suzeraineté royale est un fait
accompli.
Et
pourtant, les ducs n'ont pas l'intention de se soumettre en toute
chose, comme Othon Ier le souhaite... Ils ne voient dans le roi que
le premier parmi eux, tandis qu'Othon Ier poursuit l'idéal d'une
monarchie centralisée comme celle de Charlemagne.
Grâce
aux dons brillants dont l'a pourvu la nature, il peut compter
atteindre un but élevé : Les qualités maîtresses des ludolfiens
(Liudolf était le nom de l'un de ses ancêtres) revivent en lui
intactes :
Intelligence,
courage, persévérance.
Il
a plus d'intelligence et d'ouverture d'esprit que son père, son
premier souci n'est plus le patrimoine, le duché de Saxe, mais
l'empire, la royauté doit s'assurer la direction des affaires. Dès
le début, les puissances ennemies paraissent s'être conjurées
contre le jeune roi... Avec la mort d'Henri l'Oiseleur :
Les
Slaves croient que l’heure de la délivrance a sonné
Les
Hongrois se sentent libres de retourner au pillage.
En
Bohême, le vieil orgueil dynastique se dresse à nouveau contre
l'autorité Allemande et les autres Slaves se soulevent tout le long
de l'Elbe.
Quant
aux Hongrois, ils font de nouvelles irruptions et se répandent dans
toute l'Allemagne.
Il
faudra à Otton de nombreuses années de lutte pour se rendre, avec
l'aide de sa fidèle noblesse, maître de ces ennemis de l'empire.
Mais,
sur ces entrefaites, un grave conflit intérieur menace de mettre fin
à la royauté.
Otton
Ier, il est vrai, réussit de bonne heure à vaincre et à bannir le
séditieux duc Eberhard, fils du fier Arnoulf.
Mais
aussitôt après, une ligue ennemie se forme contre lui... La
Franconie se plaint de nouveau de l'arrogance Saxonne.
Le
duc Eberhard, frère de feu le roi Conrad, se refuse à comparaître
devant le tribunal d'Othon.
Au
même moment, le plus âgé des demi-frères du roi, Thankmar, se
révolte. Henri, frère cadet du roi, se déclare aussi son
adversaire.
Enfin,
l'ancienne félonie Lorraine se réveille :
Le
duc Giselbert, beau-frère d'Othon, excite à nouveau le roi de
France contre le roi d'Allemagne.
Mais
sa vaillance et sa bonne étoile le sauvent :
Thankmar
est tué.
Les
bandes ennemies, qui ont pillé la Westphalie, sont défaites de
l'autre côté du Rhin qu'Othon Ier a franchi.
Le
duc Eberhard de Franconie tombe sous les coups de l'adversaire
Giselbert
de Lorraine se noie
Son
frère Henri se soumet, obtient le pardon et, le duché de Lorraine.
Mais,
il prend la tête des Saxons mécontents qui complotent l'assassinat
d'Othon.
Le
projet est éventé, on arrêta les coupables et on les met hors
d'état de nuire.
Henri
s'enfuit, puis il sollicite la grâce de son royal aîné et
l'obtient, grâce à la reine Mathilde, implorant Othon Ier en faveur
de son fils préféré.
En
941, Othon fête Noël à Francfort. Tandis qu'entouré de ses gens,
il assiste au service divin dans la cathédrale, Henri de Saxe, pieds
nus, en robe de pénitent, se fraie tout à coup un chemin à travers
la foule et se jette aux pieds de son frère en lui demandant pardon.
Othon
le relève et lui donne le baiser de paix. Ainsi, le grave différend
qui a séparé les deux frères est oublié et la paix rétablie à
l’intérieur du royaume.
FRANCFORT SUR LE MAIN |
loyalement
attaché à son frère.
Othon
comme ses 2 prédécesseurs, a été amené à comprendre que les
prétentions des ducs à exercer leur pouvoir font peser sur la
royauté une menace constante.
Il
cherche à se rendre maître du danger, mais avec d'autres moyens que
ceux qu'ont employés les rois Conrad et Henri :
Il
diminue les droits des ducs et les fait passer aux mains de personnes
de confiance qui lui sont attachées par des liens de parenté.
Il
donne la Lorraine à un seigneur Franconien, Conrad le Rouge, auquel
il accorde sa fille Liutgard en mariage.
Il
installe son fils Ludolf en Souabe
Il
confie la Bavière à son frère Henri, désormais complètement
soumis.
Ainsi
son frère, son fils et son gendre sont les grands vassaux de la
couronne d'Allemagne.
Quant
à la Franconie, le roi la conserve en propre, à coté de la Saxe...
Enfin, il installe dans les duchés des comtes palatins, sortes
d'agents chargés d'un rôle de surveillants.
L'Allemagne
n'est plus, comme au temps d'Henri Ier, une agglomération d’États
rattachés les uns aux autres par un lien très lâche, elle se
rapproche d'une monarchie centralisée.
Une
fois de plus, pourtant, le désordre éclate :
Ludolf,
le jeune duc de Souabe, réclame publiquement une sorte de
participation au pouvoir. Il s'allie avec d'autres princes, le duc de
Lorraine notamment, et déchaîne une révolte qui met le roi en
danger, d'autant plus que les Hongrois saisissent l'occasion pour
entreprendre une nouvelle expédition de pillage de grand style.
La
félonie des ducs les pousse à faire cause commune avec les
Hongrois. Mais cette trahison sera favorable à la cause du roi par
l'indignation qu'elle soulève dans le pays et, bientôt, les
rebelles se trouvent seuls...
Les
deux chefs de la révolte, le fils et le gendre d'Otton Ier, font
leur soumission... Le roi les traite avec une bienveillance
inaccoutumée... il reprend leurs duchés, mais il leur laisse leurs
patrimoines.
La
Souabe est donnée à Burckhardt, qui épouse alors Hedwig, fille du
duc Henri de Bavière, c'est une princesse instruite qui, pendant un
temps, a eu pour maître le moine Ekkehard de Saint-Gall.
Otton
Ier fait cadeau du duché de Lorraine, à son plus jeune frère,
Bruno, qu'il a, peu de temps auparavant, élevé à la dignité
d'archevêque de Cologne.
Otton
Ier s'allie alors avec l’Église de façon plus étroite, dans le
but d'affermir la puissance royale et d'assurer l'unité de l’État.
Dans l'Empire Carolingien déjà, les évêques ont été les
colonnes-maîtresses supportant l'édifice impérial, ils ont défendu
l'unité de l'empire jusqu'à son triomphe définitif. L'empereur a
su tirer parti de la fidélité de l’Église en élevant le haut
clergé à une situation supérieure et en l'enchaînant à l’État
par des liens plus forts que ceux du passé.
Avec
une royale générosité, il distribue des terres aux évêques et
aux abbés, avec des droits régaliens, comme, par exemple, celui de
tenir marché, d'exiger péage, de battre monnaie, tous droits qui
comportent des revenus importants, plus tard, il leur octroie le
droit de haute juridiction qui était naguère le monopole des
comtes. Ainsi les évêques passent du rang de simples seigneurs
fonciers à celui de princes royaux, dont l'autorité s'exerce sur
des contrées et des populations, comme sur des forces militaires
importantes.
Ils
représentent une aristocratie spirituelle qui fait contre-pied à la
noblesse laïque, laquelle est alors un danger pour le royaume. Au
contraire des grands seigneurs, les princes d’Église sont des
vassaux fidèles au roi, et pendant des siècles, le meilleur soutien
du royaume... C'est qu'ils doivent leur dignité au seul souverain,
qu'ils ne laissent pas d'héritiers et ne se préoccupent donc pas de
fonder des dynasties avides de puissance. A la mort d'un évêque,
comme un fief sans maître, sa principauté fait retour au roi, qui
peut l'octroyer au plus fidèle ou au plus accommodant.
En
effet, comme jadis les Carolingiens. Otton Ier n'hésite pas à
instaurer lui-même des évêques et des abbés, à leur remettre
solennellement la crosse et à recevoir leur serment de fidélité.
La politique ecclésiastique ne lui est pas étrangère non plus, car
il a favorisé l'accès aux plus hautes charges de l’Église à des
hommes de sa famille... Son frère Bruno est archevêque de Cologne,
son fils Guillaume, archevêque de Mayence.
Ces
faits, considérés d'un point de vue strictement ecclésiastique,
constituent un abus, une intervention inadmissible du pouvoir civil
dans les affaires de l’Église, mais ils sont tolérés, tantôt
parce que les papes sont trop faibles, à cette époque, et trop peu
indépendants, tantôt parce que les intérêts de l’Église et
ceux du royaume se confondent alors, et aussi parce qu'Otton, et
encore plus son frère Brunon, se montrent très attentifs à
préserver la dignité de l’Église et ne revêtent de charges
ecclésiastiques que des hommes pieux et supérieurs. L’Église et
l’État travaillent en plein accord, se prêtant un appui
réciproque. Les évêques sont les conseillers et les ministres les
plus fidèles du roi.
Le
duc de Bavière refuse de faire hommage. Otton Ier entre en Bavière
avec une armée :
Il
réduit le duc à quelques terres allodiales.
Il
crée un des frères du duc, comte palatin en Bavière, et un autre
comte palatin vers le Rhin. (Cette dignité de comte palatin est
renouvelée des comtes du palais des empereurs Romains, et des comtes
du palais des rois Franc).
Il
donne la même dignité à un duc de Franconie.
Ces
palatins sont d'abord des juges suprêmes. Ils jugent en dernier
ressort au nom de l'empereur. Ce ressort suprême de justice est ,
après une armée , le plus grand appui de la souveraineté. Otton
Ier dispose à son gré des dignités et des terres... Le premier
marquis de Brandebourg étant mort sans enfants, il donne le
marquisat à un comte Gérard, qui n'est point parent du défunt.
OTTON Ier PARDONNANT A SON FRÈRE |
Les
ducs de Franconie, de Lorraine, le prince de Brunsvick s'adressent à
Louis d'Outremer, roi de Francie. Louis IV entre en Lorraine et en
Alsace, et se joint aux alliés. Il est défait vers le Rhin, auprès
de Brisach , les ducs de Franconie et de Lorraine sont tués. Otton
ôte le titre de palatin à la maison de Franconie, et en pourvoit
la maison de Bavière : Il attache à ce titre des terres et des
châteaux... C'est de là que se forme le palatinat du Rhin
d'aujourd'hui. C'est le contraire qui c'est produit en France...
Frères
et sœurs ennemis dans la Germanie du xe siècle
medievales.revues.org
› ... › 54 › Frères et sœurs. Ethnographie d'u...
Revenons
à Henri de Bavière, « premier dans le royaume après le roi »41 :
entre 938 et 941, il apparaît comme une sorte de révolté
récidiviste qui n'accepte ...
Atrium
- Othon Ier: Lutte contre les ennemis de l'intérieur
www.yrub.com/histoire/10sempireall2.htm
Quoique
Henri eût envisagé la royauté comme une réalité vague et mal
définie, d'une main ferme, ... écuyer tranchant, celui de
Franconie, comme échanson et Arnoulf de Bavière comme maréchal.
... En 941, Othon fêtait Noël à Francfort.
Otton
1er, un Saint empereur romain germanique épousant ...
taigong788.skyrock.com/3173402963-Otton-1er-un-Saint-empereur-ro...
10
juil. 2013 - Les rébellions de son frère, Henri, et du duc Eberhard
de Franconie prirent fin à la bataille de Andernach (939) et parla
soumission d'Henri (941). ... le frère d'Otton, Henri, qui avait été
fait duc de Bavière en 947, abouti à une ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire