samedi 25 octobre 2014

941... EN REMONTANT LE TEMPS


Cette page concerne l'année 941 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !


OTTON Ier POSE LES BASES DE L'ADMINISTRATION GERMANIQUE

Le thème des frères ennemis est omniprésent dans la littérature comme dans l’histoire :
Seth et Osiris, Caïn et Abel, ou encore Romulus et Remus, deux ou plusieurs fils, mais un seul trône, un héritage, un honneur, et c’est le conflit. On en a de multiples exemples pour l’ensemble du haut Moyen Âge, qu’il s’agisse des fils et des petits-fils de Clovis, dont les guerres fratricides pimentent le récit de Grégoire de Tours, ou des rivalités entre Charles le Chauve et ses frères Lothaire et Louis le Germanique relatées par Nithard.
Il n’en va pas autrement à l’époque Ottonienne (919-1024), où la société accorde une importante marge de manœuvre aux femmes dans la gestion de l’héritage ou même dans la politique. Dans ce contexte, les sœurs ne sont pas absentes des conflits « fraternels ». Les sources narratives sont certainement celles qui permettent le mieux d’appréhender cette question à travers des cas concrets qui concernent surtout la Saxe, « regnum de Germanie » le mieux documenté pour la période, les exemples les plus développés sont évidemment ceux qui concernent la famille royale Ottonienne. L’étude de quelques cas devrait permettre de s’interroger sur le rôle, la place dans la fratrie ou encore le remariage d’un des parents après un veuvage dans les processus conflictuels au sein des fratries...
La famille est normalement un espace de paix et de solidarité. Y dominent d’abord les relations entre parents et enfants puis les liens qui unissent frères et sœurs entre eux : « frère » et « sœur » représentent 27,5% des termes évoquant un lien de parenté consanguine et 23,4% des termes de parenté toutes catégories confondues dans la Chronique de Thietmar de Mersebourg, avec néanmoins un net avantage à la relation entre frères... Or la notion de fraternité renvoie à un lien horizontal, donc de type égalitaire, unissant entre eux les membres d’une même fratrie. Dans les sources, particulièrement chez Thietmar de Mersebourg, le vocabulaire employé pour définir et décrire ce lien insiste sur sa forte charge affective.

L’auteur lui-même, membre d’une importante fratrie, évoque à de nombreuses reprises ses frères, toujours dans des termes affectueux : par exemple, il s’adresse à son jeune frère Siegfried « lié et cher à [lui] par l’amour de la douce fraternité ». Cette solidarité fraternelle, conçue et présentée comme la norme, s’explique en grande partie par le maintien des droits des cadets et des filles à l’héritage en Germanie Ottonienne.

En Saxe, dans les fratries nombreuses, le plus souvent deux frères au moins restent dans le monde, et dans ce cas, soit ils se partagent la puissance paternelle, soit l’héritage est maintenu en indivision et la puissance est exercée conjointement par les frères... Dans  tous les cas, ils sont amenés à être solidaires. Ce type d’arrangements, destiné à éviter les jalousies et à générer une coopération, constitue le terreau de liens qui sont la plupart du temps particulièrement privilégiés et forts :

Les sources de l’époque proposent de nombreux exemples de frères et/ou de sœurs qui se soutiennent et s’entraident. Le plus fameux est sans doute celui de Brunon de Cologne, soutien indéfectible de son frère Otton Ier :
Chancelier à partir de 941
Archichapelain à partir de 951,
Archiduc de Lotharingie après la révolte de Liudolf et du duc Conrad le Rouge en 953.


On le voit aussi en 956 réconcilier son neveu Liudolf avec son père, Otton Ier. Sa mort en 965 laisse l’empereur affligé aux dires de Thietmar...

Henri de Saxe autre frère de l'empereur et tout au contraire envieux et vindicatif.
En 938, il se révolte avec Eberhard de Franconie et son beau-frère Gislebert, duc de Lotharingie.
Ils sont vaincus et Gislebert trouve la mort. Henri se réfugie à la cour de Louis IV d'Outremer, roi de France.
Il finit par se réconcilier avec son frère qui lui donne le duché de Gislebert. Mais, ne pouvant établir son autorité face aux barons de Lotharingie, il perd son duché que son frère donne au comte Otton de Verdun.
Henri cherche alors à faire assassiner son frère, le complot est découvert et Henri emprisonné.
Après la mort le 23 novembre 947 du duc Berthold Ier, oncle paternel de son épouse, il est nommé duc de Bavière.
Entre 937 et 940, il épouse Judith (925 † 987), fille d'Arnulf le Mauvais, duc de Bavière. Ils ont 3 enfants :
  • Gerberge (v.940 † 1001), abbesse à Gandersheim
  • Hedwige († 994), mariée à Bouchard III de Souabe († 973)
  • Henri II le Querelleur (v.951 † 995), duc de Bavière

L'archevêque de Mayence, Hildebert, présente le roi « élu de Dieu, désigné par Henri l'Oiseleur, choisi par les princes », là-dessus, l’archevêque de Mayence offre au roi les insignes du pouvoir et lui donne l'onction, puis l’archevêque de Cologne place la couronne sur sa tête... Les solennités de l’Église et la consécration religieuse accréditent donc le nouveau roi d'Allemagne comme naguère les empereurs Carolingiens. Après un solennel service d'action de grâce dans la cathédrale, le roi prend place à la « table de fête », en compagnie des évêques et de tout le peuple. Les ducs, eux, assurant le service :
Celui de Lorraine, comme camérier
Celui de Souabe, comme écuyer tranchant
Celui de Franconie, comme échanson
Arnoulf de Bavière comme maréchal.
La subordination des ducs à la suzeraineté royale est un fait accompli.

Et pourtant, les ducs n'ont pas l'intention de se soumettre en toute chose, comme Othon Ier le souhaite... Ils ne voient dans le roi que le premier parmi eux, tandis qu'Othon Ier poursuit l'idéal d'une monarchie centralisée comme celle de Charlemagne.

Grâce aux dons brillants dont l'a pourvu la nature, il peut compter atteindre un but élevé : Les qualités maîtresses des ludolfiens (Liudolf était le nom de l'un de ses ancêtres) revivent en lui intactes :
Intelligence, courage, persévérance.
Il a plus d'intelligence et d'ouverture d'esprit que son père, son premier souci n'est plus le patrimoine, le duché de Saxe, mais l'empire, la royauté doit s'assurer la direction des affaires. Dès le début, les puissances ennemies paraissent s'être conjurées contre le jeune roi... Avec la mort d'Henri l'Oiseleur :
Les Slaves croient que l’heure de la délivrance a sonné
Les Hongrois se sentent libres de retourner au pillage.
En Bohême, le vieil orgueil dynastique se dresse à nouveau contre l'autorité Allemande et les autres Slaves se soulevent tout le long de l'Elbe.
Quant aux Hongrois, ils font de nouvelles irruptions et se répandent dans toute l'Allemagne.
Il faudra à Otton de nombreuses années de lutte pour se rendre, avec l'aide de sa fidèle noblesse, maître de ces ennemis de l'empire.
Mais, sur ces entrefaites, un grave conflit intérieur menace de mettre fin à la royauté.
Otton Ier, il est vrai, réussit de bonne heure à vaincre et à bannir le séditieux duc Eberhard, fils du fier Arnoulf.
Mais aussitôt après, une ligue ennemie se forme contre lui... La Franconie se plaint de nouveau de l'arrogance Saxonne.
Le duc Eberhard, frère de feu le roi Conrad, se refuse à comparaître devant le tribunal d'Othon.
Au même moment, le plus âgé des demi-frères du roi, Thankmar, se révolte. Henri, frère cadet du roi, se déclare aussi son adversaire.
Enfin, l'ancienne félonie Lorraine se réveille :
Le duc Giselbert, beau-frère d'Othon, excite à nouveau le roi de France contre le roi d'Allemagne.

Mais sa vaillance et sa bonne étoile le sauvent :
Thankmar est tué.
Les bandes ennemies, qui ont pillé la Westphalie, sont défaites de l'autre côté du Rhin qu'Othon Ier a franchi.
Le duc Eberhard de Franconie tombe sous les coups de l'adversaire
Giselbert de Lorraine se noie
Son frère Henri se soumet, obtient le pardon et, le duché de Lorraine.
Mais, il prend la tête des Saxons mécontents qui complotent l'assassinat d'Othon.
Le projet est éventé, on arrêta les coupables et on les met hors d'état de nuire.
Henri s'enfuit, puis il sollicite la grâce de son royal aîné et l'obtient, grâce à la reine Mathilde, implorant Othon Ier en faveur de son fils préféré.

En 941, Othon fête Noël à Francfort. Tandis qu'entouré de ses gens, il assiste au service divin dans la cathédrale, Henri de Saxe, pieds nus, en robe de pénitent, se fraie tout à coup un chemin à travers la foule et se jette aux pieds de son frère en lui demandant pardon.
Othon le relève et lui donne le baiser de paix. Ainsi, le grave différend qui a séparé les deux frères est oublié et la paix rétablie à l’intérieur du royaume.

FRANCFORT SUR LE MAIN
Une fois de plus, la loyauté l'emporte sur l'obstination, l'esprit chrétien sur les passions Germaniques... La scène émouvante de la cathédrale de Francfort porte en elle-même une bénédiction, dès lors, Henri reste
loyalement attaché à son frère.

Othon comme ses 2 prédécesseurs, a été amené à comprendre que les prétentions des ducs à exercer leur pouvoir font peser sur la royauté une menace constante.
Il cherche à se rendre maître du danger, mais avec d'autres moyens que ceux qu'ont employés les rois Conrad et Henri :
Il diminue les droits des ducs et les fait passer aux mains de personnes de confiance qui lui sont attachées par des liens de parenté.
Il donne la Lorraine à un seigneur Franconien, Conrad le Rouge, auquel il accorde sa fille Liutgard en mariage.
Il installe son fils Ludolf en Souabe
Il confie la Bavière à son frère Henri, désormais complètement soumis.
Ainsi son frère, son fils et son gendre sont les grands vassaux de la couronne d'Allemagne.

Quant à la Franconie, le roi la conserve en propre, à coté de la Saxe... Enfin, il installe dans les duchés des comtes palatins, sortes d'agents chargés d'un rôle de surveillants.

L'Allemagne n'est plus, comme au temps d'Henri Ier, une agglomération d’États rattachés les uns aux autres par un lien très lâche, elle se rapproche d'une monarchie centralisée.

Une fois de plus, pourtant, le désordre éclate :
Ludolf, le jeune duc de Souabe, réclame publiquement une sorte de participation au pouvoir. Il s'allie avec d'autres princes, le duc de Lorraine notamment, et déchaîne une révolte qui met le roi en danger, d'autant plus que les Hongrois saisissent l'occasion pour entreprendre une nouvelle expédition de pillage de grand style.

La félonie des ducs les pousse à faire cause commune avec les Hongrois. Mais cette trahison sera favorable à la cause du roi par l'indignation qu'elle soulève dans le pays et, bientôt, les rebelles se trouvent seuls...

Les deux chefs de la révolte, le fils et le gendre d'Otton Ier, font leur soumission... Le roi les traite avec une bienveillance inaccoutumée... il reprend leurs duchés, mais il leur laisse leurs patrimoines.
La Souabe est donnée à Burckhardt, qui épouse alors Hedwig, fille du duc Henri de Bavière, c'est une princesse instruite qui, pendant un temps, a eu pour maître le moine Ekkehard de Saint-Gall.
Otton Ier fait cadeau du duché de Lorraine, à son plus jeune frère, Bruno, qu'il a, peu de temps auparavant, élevé à la dignité d'archevêque de Cologne.

Otton Ier s'allie alors avec l’Église de façon plus étroite, dans le but d'affermir la puissance royale et d'assurer l'unité de l’État. Dans l'Empire Carolingien déjà, les évêques ont été les colonnes-maîtresses supportant l'édifice impérial, ils ont défendu l'unité de l'empire jusqu'à son triomphe définitif. L'empereur a su tirer parti de la fidélité de l’Église en élevant le haut clergé à une situation supérieure et en l'enchaînant à l’État par des liens plus forts que ceux du passé.
Avec une royale générosité, il distribue des terres aux évêques et aux abbés, avec des droits régaliens, comme, par exemple, celui de tenir marché, d'exiger péage, de battre monnaie, tous droits qui comportent des revenus importants, plus tard, il leur octroie le droit de haute juridiction qui était naguère le monopole des comtes. Ainsi les évêques passent du rang de simples seigneurs fonciers à celui de princes royaux, dont l'autorité s'exerce sur des contrées et des populations, comme sur des forces militaires importantes.

Ils représentent une aristocratie spirituelle qui fait contre-pied à la noblesse laïque, laquelle est alors un danger pour le royaume. Au contraire des grands seigneurs, les princes d’Église sont des vassaux fidèles au roi, et pendant des siècles, le meilleur soutien du royaume... C'est qu'ils doivent leur dignité au seul souverain, qu'ils ne laissent pas d'héritiers et ne se préoccupent donc pas de fonder des dynasties avides de puissance. A la mort d'un évêque, comme un fief sans maître, sa principauté fait retour au roi, qui peut l'octroyer au plus fidèle ou au plus accommodant.

En effet, comme jadis les Carolingiens. Otton Ier n'hésite pas à instaurer lui-même des évêques et des abbés, à leur remettre solennellement la crosse et à recevoir leur serment de fidélité. La politique ecclésiastique ne lui est pas étrangère non plus, car il a favorisé l'accès aux plus hautes charges de l’Église à des hommes de sa famille... Son frère Bruno est archevêque de Cologne, son fils Guillaume, archevêque de Mayence.

Ces faits, considérés d'un point de vue strictement ecclésiastique, constituent un abus, une intervention inadmissible du pouvoir civil dans les affaires de l’Église, mais ils sont tolérés, tantôt parce que les papes sont trop faibles, à cette époque, et trop peu indépendants, tantôt parce que les intérêts de l’Église et ceux du royaume se confondent alors, et aussi parce qu'Otton, et encore plus son frère Brunon, se montrent très attentifs à préserver la dignité de l’Église et ne revêtent de charges ecclésiastiques que des hommes pieux et supérieurs. L’Église et l’État travaillent en plein accord, se prêtant un appui réciproque. Les évêques sont les conseillers et les ministres les plus fidèles du roi.
Le duc de Bavière refuse de faire hommage. Otton Ier entre en Bavière avec une armée :
Il réduit le duc à quelques terres allodiales.
Il crée un des frères du duc, comte palatin en Bavière, et un autre comte palatin vers le Rhin. (Cette dignité de comte palatin est renouvelée des comtes du palais des empereurs Romains, et des comtes du palais des rois Franc).
Il donne la même dignité à un duc de Franconie.
Ces palatins sont d'abord des juges suprêmes. Ils jugent en dernier ressort au nom de l'empereur. Ce ressort suprême de justice est , après une armée , le plus grand appui de la souveraineté. Otton Ier dispose à son gré des dignités et des terres... Le premier marquis de Brandebourg étant mort sans enfants, il donne le marquisat à un comte Gérard, qui n'est point parent du défunt.

OTTON Ier PARDONNANT A SON FRÈRE
Plus Othon Ier s'approche du pouvoir absolu, plus les seigneurs des grands fiefs s'y opposent : et dès-lors s'établit la coutume d'avoir recours à la Francie pour soutenir le gouvernement féodal en Germanie contre l'autorité des rois Allemands.
Les ducs de Franconie, de Lorraine, le prince de Brunsvick s'adressent à Louis d'Outremer, roi de Francie. Louis IV entre en Lorraine et en Alsace, et se joint aux alliés. Il est défait vers le Rhin, auprès de Brisach , les ducs de Franconie et de Lorraine sont tués. Otton ôte le titre de palatin à la maison de Franconie, et en pourvoit la maison de Bavière : Il attache à ce titre des terres et des châteaux... C'est de là que se forme le palatinat du Rhin d'aujourd'hui. C'est le contraire qui c'est produit en France...

Frères et sœurs ennemis dans la Germanie du xe siècle
medievales.revues.org › ... › 54 › Frères et sœurs. Ethnographie d'u...
Revenons à Henri de Bavière, « premier dans le royaume après le roi »41 : entre 938 et 941, il apparaît comme une sorte de révolté récidiviste qui n'accepte ...

Atrium - Othon Ier: Lutte contre les ennemis de l'intérieur
www.yrub.com/histoire/10sempireall2.htm
Quoique Henri eût envisagé la royauté comme une réalité vague et mal définie, d'une main ferme, ... écuyer tranchant, celui de Franconie, comme échanson et Arnoulf de Bavière comme maréchal. ... En 941, Othon fêtait Noël à Francfort.

Otton 1er, un Saint empereur romain germanique épousant ...
taigong788.skyrock.com/3173402963-Otton-1er-un-Saint-empereur-ro...
10 juil. 2013 - Les rébellions de son frère, Henri, et du duc Eberhard de Franconie prirent fin à la bataille de Andernach (939) et parla soumission d'Henri (941). ... le frère d'Otton, Henri, qui avait été fait duc de Bavière en 947, abouti à une ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire