14
OCTOBRE 1914
I)
Hier,
vers 9h15 un « Taube », survolant Nancy, a lancé 3 bombes qui sont
tombées dans la gare, entre le pont de Mon-Désert et le pont du
Montet.
Le premier engin est tombé dans les voies de garage, creusant un trou en. terre peu profond. En explosant, les projectiles atteignent un wagon de première classe, les vitres du dernier compartiment sont brisées et les tôles, traversées.
Le premier engin est tombé dans les voies de garage, creusant un trou en. terre peu profond. En explosant, les projectiles atteignent un wagon de première classe, les vitres du dernier compartiment sont brisées et les tôles, traversées.
Fait curieux, un rail, est entièrement traversé par un des projectiles. Le second engin est tombé sur le quai devant la guérite des hommes d'équipe. Faisant encore un cratère. Des fils télégraphiques sont coupés... Enfin, la dernière bombe s'est abattue sur les voies, à quelques mètres du pont de Mon-Désert, brisant simplement le marche-pied d'un wagon de marchandises... 3 employés ont été blessés... L'apparition de l'avion Allemand a suscité en ville un vif mouvement de curiosité.
II)
Nous
avons le regret d'apprendre, d'une source que nous croyons sûre,
bien qu'elle ne soit pas officielle, la mort du général Sibille,
qui possède tant de sympathies, à Nancy et dans toute notre
région... Il a été tué, sur un des champs de bataille de la
Woëvre, et les détails de sa fin glorieuse sont donnés dans une
lettre de l'aumônier qui l'a assisté à ses derniers moments :
« C'est en chargeant à la tête de sa division, (le général Sibille venait d'être nommé, en effet, divisionnaire par intérim) pour l'entraîner dans une attaque très difficile, qu'il est tombé, frappé par un obus et couvert d'éclats. Son corps a été enfermé dans un cercueil, et a été inhumé vers le mur nord du cimetière de Mandres-aux-Quatre-Tours... Une croix porte son nom et son grade. II a été inhumé par l'aumônier Birot, qui l'aimait particulièrement, comme tous ceux qui l'ont connu. »
Officier d'une grande valeur, il était adoré de ses hommes, et son souvenir restera vivant au 26e d'infanterie, dont il était, récemment encore, colonel, avant d'aller commander une brigade à Rodez. Ses concitoyens de Sarreguemines lui feront certainement de grandioses funérailles, lorsque la victoire nous aura rendu notre chère Alsace-Lorraine.
Parmi
les pertes qui frappe aussi le plus douloureusement Nancy et la
Lorraine, il faut citer celle du commandant Jean-Simon Mercuzot, du
279e, tombé à la tête de son bataillon, au combat de Courbesseaux.
Le commandant Mercuzot, qui est longtemps capitaine au 69e, est très
connu à Nancy, où il ne compte que des sympathies. Il est né à
Montoillot (Côte-d'Or), le 24 mars 1863.
III)
Les
communes éprouvées :
M.
Emile Hogard, maire de Xermaménil, nous déclare que, contrairement
à ce qu'on a prétendu, il est resté dans sa commune pendant
l'occupation Allemande. Nous regrettons que l'on ait rapporté le
bruit de son départ, et nous le félicitons très sincèrement de sa
vaillante énergie.
On sait que les Allemands ont occupé Briey dès le quatrième jour de la guerre, la ville est aussitôt enfermée dans un cercle de sentinelles qu'on ne peut franchir sous peine d'être fusillé... M. André Magre, le sous-préfet, est à son poste, et il défend, pendant tous les jours qui suivent, les intérêts de ses administrés, avec un dévouement au-dessus de tout éloge.
Mais
le 20 août, comme il semble y avoir un mouvement d'évacuation des
troupes Allemandes dans la région, il résout d'en profiter pour
télégraphier à son préfet, et porter le courrier des habitants
isolés de la France depuis 16 jours. Accompagné de son ami, M.
W..., pharmacien, ils partent en automobile pour Etain, dont le
bureau de poste fonctionne encore, et ils reviennent quelques heures
après... Le lendemain matin, un peloton de uhlans, commandé par un
capitaine, arrive au galop à la pharmacie de M. W... Celui-ci sort
sur sa porte.
- C'est bien vous qui avez accompagné à Etain le sous-préfet de Briey ? lui demande l'officier.
- Oui, répond-il.
Aussitôt, sans autre explication, on le pousse contre un mur, et devant sa femme et ses enfants qui sont sortis avec lui, on le fusille.
- C'est bien vous qui avez accompagné à Etain le sous-préfet de Briey ? lui demande l'officier.
- Oui, répond-il.
Aussitôt, sans autre explication, on le pousse contre un mur, et devant sa femme et ses enfants qui sont sortis avec lui, on le fusille.
Les
habitants, témoins de la scène, ayant entendu le capitaine donner
l'ordre aux uhlans de se rendre chez le sous-préfet, peuvent les
précéder et prévenir M. André Magre, quelques minutes avant
l'arrivée des Allemands... Le sous-préfet de Briev peut se retirer
en automobile à l'instant précis où les uhlans apparaissent à
quelques mètres de sa demeure.
IV)
Les
avions Allemands nous rendent visite. Notre cavalerie prend
l'offensive dans les régions d'Hazebrouck et de Béthune contre des
éléments ennemis venus de Bailleul – Estaires-la-Bassée.
Un corps d'armée Allemand a occupé Lille qui n'est défendu que par un détachement territorial.
Nous avons progressé notablement entre Albert et Arras, comme dans la région de Berry-au-Bac, à Souain, à l'est de Reims, dans l'Argonne et sur les Hauts-de-Meuse.
Un sous-marin allemand a coulé, dans la Baltique, le croiseur Pallada, une unité Russe qui datait à 1906, et qui jaugeait 7.000 tonnes.
ARRAS |
Le choc s'accentue entre Russes et Austro-Allemands sur la moyenne Vistule, entre Varsovie et Ivangorod.
Le prince Oleg, fils du grand-duc Constantin, qui a été blessé sur les champs de bataille de la Prusse Orientale, a succombé à ses blessures
Les Monténégrins ont infligé un sanglant échec aux Autrichiens, prés de Sarajevo. De concert avec les Serbes, ils assiègent Raguse.
Le gouvernement Belge est arrivé au Havre où il s'installe provisoirement. A la suite de ses négociations avec le gouvernement Français, qui l'a accueilli chaleureusement, il a obtenu toutes facilités pour l'organisation de ses services.
V)
« L’Éclaireur »
d’aujourd’hui publie un avertissement, émanant très
probablement de la mairie, qui vient assez à propos. Il concerne la
question importante du ravitaillement de la population civile et vise
les agissements de certains commerçants. Voici ce texte :
Les
approvisionnements à Reims, différentes communications nous ont été
transmises pour nous signaler, soit des difficultés
d’approvisionnement, soit encore des abus de la part de certains
commerçants qui rançonnent les acheteurs.
On
sait que depuis l’occupation Allemande, la municipalité de Reims a
eu pour principal souci de veiller à l’approvisionnement aussi
régulier que possible de la ville. On conçoit que cela n’a pas
toujours été une chose aisée. Depuis la réoccupation de la ville
par les armées Françaises, le service de ravitaillement a été
facilité.
Les
moyens de transport sont encore très réduits quoique le chemin de
fer de banlieue soit maintenant d’un concours très efficace. Des
laissez-passer spéciaux ont été délivrés à des commerçants
Rémois, leur permettant de se rendre soit dans les environs, soit à
Paris, pour obtenir des compagnies de chemin de fer, le matériel
nécessaire à ramener les denrées d’approvisionnement à Reims.
De cette façon, la population peut trouver en quantité à peu près
suffisante les marchandises nécessaires à son alimentation.
Nous
savons que la municipalité s’est entourée de certaines
précautions pour prévenir la spéculation sur les marchandises
ainsi mises en vente. Il est bon d’ajouter que les achats se font à
un cours à peu près normal. Le prix des denrées doit donc reste
sensiblement le même qu’auparavant. Il serait tout à fait
scandaleux que des commerçants abusent de la situation critique dans
laquelle nous nous trouvons pour spéculer odieusement sur le prix
des denrées.
Aussi,
la municipalité interviendra-t-elle énergiquement chaque fois que
des abus lui seront signalés. Elle retirera immédiatement aux
commerçants les permis qui leur ont été délivrés dans un but
d’intérêt public d’approvisionnement.
Nous
le répétons, le cours des denrées doit être sensiblement le même
que précédemment : L’alimentation de la ville doit se faire,
de plus en plus, dans des conditions normales. Tans pis pour ceux qui
soigneraient trop leur intérêt particulier au préjudice de
l’intérêt général, vers lequel doivent tendre tous les efforts
des autorités municipales.
-
On lit encore, dans le même journal, ceci :
Avis
aux propriétaires sinistrés. La municipalité met des bâches à la
disposition des propriétaires sinistrés. Ces bâches leur sont
allouées au prix de 0.18 f par mètre carré et par mois. S’adresser
20 rue des Augustins.
-
Dans Le Courrier, nous voyons cette information :
Au
conseil des Ministres. M. Malvy a informé le Conseil qu’il a fait
établir des notices individuelles, concernant toutes les personnes
réfugiées dans certains départements Français. Le classement de
ces notices, dont le nombre atteint environ un million, est
aujourd’hui à peu près terminé... Des listes sont dressées pour
la Belgique et pour chaque département d’origine, elles seront
incessamment publiées.
-
Et, sous le titre : Dans Reims, cette chronique locale :
Parmi
les réclamations que l’on recueille, au cours du chemin, une
domine : « Quand nous rendra-t-on le gaz et l’électricité ? ».
Certains
quartiers jouissent encore de l’électricité, mais tous sont
privés de gaz qui rend tant de services.
Puis,
à nouveau, une longue lettre « à propos de la reconstruction des
quartiers, incendiés et démolis », du correspondant ayant signé «
un lecteur assidu », qui voit, dit-il, avec grand plaisir que l’on
a commencé à commenter son projet...
Au
cours d’une courte promenade faite avant de rentrer au bureau, j’ai
salué, boulevard de la République, vers 13h30 la dépouille d’un
soldat conduite au cimetière. Bien triste enterrement, où le plus
simple corbillard, orné uniquement de drapeaux aux coins et précédé
par le prêtre, est suivi seulement des 4 porteurs des Pompes
funèbres. Il est visible que toutes les personnes qui croisent ce
pauvre convoi, éprouvent une très pénible impression. La matinée
de ce jour a été calme.
VI)
C’est
postérieurement aux faits qu’elle décrit qu’a été forgée
l’expression « course à la mer ». Elle désigne les combats
confus qui se déroulent, en septembre et octobre 1914 dans les
plaines du nord de la France, après la défaite de l’armée
Allemande sur la Marne et son repli sur l’Aisne.
Il
s’agit pour les deux belligérants, les Allemands et les
Franco-Britanniques, de tenter de prendre à revers l’aile de
l’armée adverse située le plus au nord, pour réaliser une
manœuvre d’encerclement... Il en résulte une série de mouvements
qui remontent progressivement vers la frontière Belge et les rivages
de la Mer du Nord, où la « course à la mer » vient mourir à la
fin d’octobre pour céder la place à la guerre de position.
Dans
cette phase de près de 2 mois, les Allemands ont presque toujours
l’initiative, les Alliés étant amenés à colmater dans l’urgence
et l’improvisation des brèches susceptibles de menacer les ports
de la Manche, devenus vitaux pour maintenir la liaison avec la
Grande-Bretagne.
Plusieurs épisodes de cette guerre de mouvement improvisée, ponctuée d’innovations tactiques qui annoncent la guerre de tranchées, se déroulent en Artois, autour d’Arras. Des combats opposent des éléments appartenant fréquemment à l’élite de l’armée Allemande et à des unités Françaises souvent épuisées et mal équipées. Malgré des pertes considérables, celles-ci ne rompent pas... Arras ne tombera jamais aux mains de l’ennemi.
Ce sont des unités composées de territoriaux, épaulées parfois d’unités de cavalerie, qui s’efforcent, entre le 28 septembre et le 11 octobre, d’enrayer la progression Allemande en provenance de Picardie, qui, dans les environs de Bapaume, menace directement Arras. Il s’agit notamment du 14e régiment d’infanterie territoriale, qui, disposant de fusils pour tout armement et de maigres réserves de munitions tente de tenir une ligne de défense reliant les villages situés au nord-ouest de Bapaume.
Le corps de cavalerie que commande le général Conneau est amené à intervenir à l’ouest de Bapaume à partir du 27 septembre pour combler la brèche ouverte par la dislocation de plusieurs unités territoriales bousculées par l’infanterie Allemande.
Plusieurs épisodes de cette guerre de mouvement improvisée, ponctuée d’innovations tactiques qui annoncent la guerre de tranchées, se déroulent en Artois, autour d’Arras. Des combats opposent des éléments appartenant fréquemment à l’élite de l’armée Allemande et à des unités Françaises souvent épuisées et mal équipées. Malgré des pertes considérables, celles-ci ne rompent pas... Arras ne tombera jamais aux mains de l’ennemi.
Ce sont des unités composées de territoriaux, épaulées parfois d’unités de cavalerie, qui s’efforcent, entre le 28 septembre et le 11 octobre, d’enrayer la progression Allemande en provenance de Picardie, qui, dans les environs de Bapaume, menace directement Arras. Il s’agit notamment du 14e régiment d’infanterie territoriale, qui, disposant de fusils pour tout armement et de maigres réserves de munitions tente de tenir une ligne de défense reliant les villages situés au nord-ouest de Bapaume.
Le corps de cavalerie que commande le général Conneau est amené à intervenir à l’ouest de Bapaume à partir du 27 septembre pour combler la brèche ouverte par la dislocation de plusieurs unités territoriales bousculées par l’infanterie Allemande.
Des
combats indécis se déroulent à Irles et à Courcelles-le-Comte, où
les Dragons viennent en l’aide aux territoriaux. Après avoir
contribué à la fixation des Allemands sur une ligne Bapaume -
Arras, les unités de cavalerie remontent vers le nord pour
participer aux opérations de blocage des attaques Allemandes sur
Arras et Lens et tenter une manœuvre de débordement de l’aile
droite Allemande... Des renforts Français affluent, entre le 29
septembre et le 2 octobre, amenés par autobus depuis les gares de la
région d’Amiens.
Le
2 octobre, les Français subissent une puissante attaque à
Monchy-le-Preux, aux portes d’Arras, et s’efforcent de contenir
la progression Allemande au nord de la ville en direction de Lens. Au
même moment, des combats font rage à l’ouest de Bapaume entre la
Garde Prussienne et des unités Françaises constituées de
territoriaux, d’éléments de cavalerie et du 37e régiment
d’infanterie. Des mêlées sauvages se déroulent dans plusieurs
villages que les deux adversaires s’efforcent de fortifier de
manière improvisée, les Allemands s’emparent de Gommecourt le 5,
mais le lendemain, ils échouent dans leur tentative de prendre
Hébuterne, laissant 350 tués et 297 prisonniers sur le terrain.
En
revanche, le 69e régiment d’infanterie ne peut, les 7 et 8
octobre, investir Gommecourt que la Garde Prussienne a transformé en
réduit avec des tranchées profondes, des lignes de barbelés, des
nids de mitrailleuses et de l’artillerie de campagne.
Le
10, les Allemands prennent Monchy-au-Bois, Hannescamps et une partie
de Foncquevillers.
A
partir du 11, une mêlée sanglante oppose les Français qui tentent
de reprendre Foncquevillers, à des unités de la Garde prussienne et
à un régiment Bavarois, le village doit être « nettoyé » maison
par maison, en utilisant parfois des canons de 75 en tir tendu.
A partir du 14 octobre, les combats s’arrêtent entre Arras et Bapaume. Les Allemands ont entrepris de se retrancher derrière une ligne orientée nord-sud et d’édifier un réseau de positions défensives, sur les hauteurs et dans les ruines des villages. La guerre de tranchées a commencé....
A partir du 14 octobre, les combats s’arrêtent entre Arras et Bapaume. Les Allemands ont entrepris de se retrancher derrière une ligne orientée nord-sud et d’édifier un réseau de positions défensives, sur les hauteurs et dans les ruines des villages. La guerre de tranchées a commencé....
Yves
LE MANER,
Directeur de La Coupole,
Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais
Directeur de La Coupole,
Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais
VII)
J’ai
un nouveau cheval. C’est une grande joie. Un beau cheval tout
blanc, et qui était celui du général Pau. Je l’ai baptisé
Altkirch, naturellement. Quand il voit des pantalons rouges il
s’élance vers eux d’un élan superbe. Tout le monde dans le pays
le connaît : il était soigné par un homme d’ici pour une
synovite... Les gamins s’arrêtent étonnés de me voir sur « le
cheval du général Pau ». Et cet après-midi durant un match
que je disputais sur Altkirch contre le cheval Allemand du capitaine
Lefolcalvez j’avais pour moi la foule et j’eus aussi la victoire.
VIII)
Comme
la Lorraine m’a tout de suite séduit ! Comme j’aime les
collines Mosellanes, avec leurs vignes, leurs petits villages nichés
dans des creux, leurs routes bordées de peupliers ! Florémont,
Ubexy, Bouxurulles !… Déjà je suis l’ami de vos clochers
et le calme de vos campagnes me fait oublier la guerre.
IX)
Les
communiqués sont muets en ce qui concerne la région Roye-Lassigny,
les Allemands sont-ils renoncé à rompre cet angle de notre ligne de
bataille ? », se demande un journaliste du Temps. Sur tout le front,
de Noyon à la Moselle, la bataille fait rage...
Une
escadrille de monoplans et de biplans sillonnent le ciel de Paris.
C’est la première des mesures prises par le gouvernement pour
éviter des incursions de « Taube ».
X)
Le
Figaro publie un communiqué officiel du gouvernement pour aider la
population de Paris à identifier les aéroplanes qui survolent la
ville.
Pour
reconnaître les avions Allemands :
-Tous
les appareils Allemands, biplans ou monoplans en service, ont le
fuselage en toile. Donc aucun appareil à fuselage non entoilé, et
par conséquent transparent, n'est Allemand...
-Tous
les biplans Allemands ont horizontalement la forme d'un V,
c'est-à-dire les extrémités des ailes fuyantes vers l'arrière.
Donc, aucun biplan à ailes rectilignes à l'avant n'est Allemand.
-Tous
les monoplans Allemands ont des ailerons très prononcés vers
l'arrière. Donc, aucun monoplan à ailes rectilignes à l'arrière
n'est Allemand.
Tous
les appareils Allemands, biplans ou monoplans, ont l'hélice à
l'avant. Donc, aucun appareil ayant l'hélice à l'arrière des ailes
n'est Allemand.
Il
est probable que les aéroplanes Français qui, depuis lundi 12
octobre 1914, traversent le ciel de Paris, nous empêcheront de
constater de visu l'exactitude de cette description des Taube...
En
Belgique, c’est le début de la bataille d’Ypres.
En
Prusse Orientale, l'avance Allemande en Pologne Russe se poursuit
dans la région de Varsovie et sur la ligne de la Vistule, selon les
dépêches publiées dans Le Temps.
En
Galicie, le combat continue au sud de Przemysl ainsi que le siège de
la ville.
Dans
la campagne Austro-Serbe, sur la Drina, les troupes Serbes remportent
quelques succès. Tandis que sur la Save, les Autrichiens attaquent
les positions Serbes.
En
Bosnie, dans la bataille de Kabinovich-Moakimo, les Monténégrins se
sont emparés d'un grand nombre de mitrailleuses et de fusils, ainsi
que d'une certaine quantité de munitions.
Vu
de Paris, la situation reste confuse dans la région de Lille, les
dernières nouvelles des combats ne sont pas arrivées aux
journalistes du Temps :
«
La place est réoccupée par un corps ennemi dont la cavalerie s'est
avancée au sud-ouest jusqu'à une ligne jalonnée par Bailleul -
Estaires-la Bassée. »
Dans
le village de Foncquevilliers, près d’Arras les combats
continuent.
Dans
la Flandre, la cavalerie Française progresse et s’empare de
Vieux-Berquin et de La Gorgue.
Les
Britanniques progressent sur le territoire Belge et s’emparent du
Mont Kemmel, Messines et Warneton. D’autre part, ils sont bloqués
sur une ligne Armentières - La Bassée.
Le
Temps publie une dépêche d’un correspondant de Nancy, indiquant
qu’un avion Allemand survole la ville, et lance 3 bombes... Puis
l'avion s'éloigne, laissant choir une longue banderole aux couleurs
Allemandes qui porte l'inscription suivante :
«
Nous regrettons d'entrer en relation d'une façon aussi excentrique
avec les habitants de Nancy, qui sera bientôt Allemande. Nous vous
saluons au nom des officiers du 3e escadron de Bavière. Lieutenants
Gimmer et Schneider.»
XI)
Communiqués
officiels dans la presse nationale
Les
alliés à Ypres
Dans
la région de Gand, quelques engagements ont eu lieu dans la nuit du
12 au 13 et dans la journée du 13. Des troupes Anglo-Françaises ont
occupé Ypres.
Aile
gauche, jusqu'à l'Oise, les opérations se poursuivent normalement.
Au
centre, les progrès de nos armées dans la région de Berry-au- Bac
sont confirmés.
Aile
droite, rien de nouveau.
Ce
matin, je me mets en route à 6h30 avec le cheval pour aller
rejoindre ma Compagnie à Charmont. Je passe par Bignicourt,
Jussecourt, Heltz – Maurupt
De
Brignicourt à Villers-le-Sec, marécages où il y a de belles forêts
de peupliers plantés à 4m X 6.
Départ
de Villers-le-Sec à 12h30. Arrivée à Charmont à 14h30. Durant ce
trajet, 7,5 km, pas une seule maison, mais des forêts de chênes, de
charmes, un mélange d'aulnes et de bouleaux coupés par des vallées
de prairies où paissent de nombreux troupeaux de vaches. Cela
constitue la ressource du pays, mais c'est pauvre.
Charmont
est à 41 km de Châlons et à 28 km de Bar-le-Duc.
XII)
Hermonville :
Ludivine
Chevalier « Infirmière ? »
Dans
la nuit, l’appel est si faible qu’il évoque une voix lointaine
portée par un courant d’air qui aurait filé entre les pierres de
l’imposante demeure où est installé l’hôpital de campagne.
Pourtant, Ludivine l’a parfaitement entendu : après plus de 2
mois passés au front, elle se surprend elle-même à percevoir la
moindre voix qui la sollicite, si basse soit-elle. L’hôpital
résonne toujours des gémissements des blessés qui attendent que
l’on vienne s’occuper d’eux et des cris de ceux que l’on
emmène vers la table d’opération.
La
voix a repris, affaiblie, mais toujours de ce ton très poli. C’est
un grand blessé, elle en est sûre. Pour des raisons qu’elle
ignore, Ludivine a constaté que plus les hommes sont gravement
blessés, plus ils sont polis... La mort approchant, ils souhaitent
peut-être l’affronter aussi dignement que possible.
Ludivine
court maintenant dans le couloir où s’entassent les civières
faites de bric et de broc autour desquelles des soldats aux bandages
sales offrent des paroles de réconfort à leurs camarades allongés.
Enfin,
elle pousse la porte de la petite salle où s’entassent ceux qui
ont été le plus sévèrement touchés.
Entre
eux, les blessés l’appellent « le mouroir ».
Ludivine
allume une chandelle pour révéler 4 lits branlants, récupérés
dans le village, et où des figures aux yeux clos respirent
difficilement sous les draps blancs. Seule l’une d’entre elles
s’agite : Un militaire aux cheveux blonds dont la tête
dodeline en regardant l’infirmière...
À
l’arrière, Ludivine a appris qu’il faut s’habituer à la
pâleur des patients, lorsque la maladie les ronge de l’intérieur...
Mais au front, on ne s’occupe plus de malades, mais de blessés. Et
lorsque la mort vient, leur peau prend une couleur terreuse, jaune et
brune, leurs veines serpentent en fleuves noirs, là où le sang
s’épaissit autour de plaies monstrueuses que l’on ne peut
imaginer...
Le
soldat dans le lit est de ceux-là.
Les
brancardiers l’ont ramené dans la nuit : Il a fallu attendre
l’obscurité pour aller le chercher entre les lignes. Aux dires de
ceux qui l’ont rapatrié, quelqu’un a planté une baïonnette
surmontée d’un mouchoir près de l’endroit où il est tombé...
On l’a découvert inconscient, il ouvre les yeux pour la première
fois depuis son arrivée... De grands yeux pâles animent son visage,
affreusement jaune à la lueur de la bougie. Le soldat regarde
Ludivine avec une sorte de profonde révérence et murmure plus qu’il
ne parle.
« Infirmière…
s’il vous plaît.
— Que puis-je faire pour vous ? répond Ludivine en chuchotant à son tour.
— J’aurais besoin d’une faveur. Ce serait vraiment très aimable de votre part. »
— Que puis-je faire pour vous ? répond Ludivine en chuchotant à son tour.
— J’aurais besoin d’une faveur. Ce serait vraiment très aimable de votre part. »
Ludivine
hoche la tête silencieusement et pose sa main sur la sienne :
Elle est déjà glacée.
« Je
vais partir ? dit-il en réprimant un sanglot. Je vais partir,
n’est-ce pas ? »
Ludivine
hésite à lui mentir... Il a probablement 22 ou 23 ans, guère
plus... Le médecin qui l’a opéré a dit qu’il ne verrait pas
l’aube... À quoi bon lui mentir ? Il n’a repris conscience
que pour mourir... Ludivine sent une boule se former dans sa gorge à
l’idée de devoir confirmer quelque chose d’aussi difficile, elle
ne peut qu’approuver d’un simple signe de tête. Sur le visage
imberbe du jeune homme, un sourire se dessine péniblement...
« Merci.
C’est bien ce que je pensais. »
Une
larme roule sur sa joue et ses lèvres se tordent alors qu’il se
bat pour ne pas se laisser aller à pleurer comme un
enfant.
« Faites-moi une faveur, s’il vous plaît. Il faut que vous écriviez que je suis mort très vite, d’accord ? ».
« Faites-moi une faveur, s’il vous plaît. Il faut que vous écriviez que je suis mort très vite, d’accord ? ».
Il
s’arrête un instant, et parvient à hisser sa main libre jusqu’à
son visage pour le dissimuler un instant alors que des sanglots le
secouent.
« C’est
pour ma mère, dit-il alors que ce mot crispe les doux traits de son
visage, elle ne doit pas apprendre que je suis mort comme ça...
Dites-lui que je suis mort là-bas, avec mes hommes autour de moi...
Dites-lui que je n’ai pas eu le temps de m’en rendre compte...
Elle ne doit pas savoir que j’ai fini comme ça ! »
Il
gémit et de nouvelles larmes coulent sur ses joues. Ludivine se
penche vers lui pour le rassurer dans ses derniers instants. Elle
chuchote suffisamment bas pour que sa propre gorge serrée ne la
trahisse pas :
« Je le ferai, ne vous inquiétez pas. »
« Je le ferai, ne vous inquiétez pas. »
Le
soldat sourit, et essuie une larme de sa main.
« Je
ne m’inquiète pas. Plus maintenant », dit-il avec
difficulté.
Ses
yeux se perdent un peu, puis se fixent avec difficulté sur la
bougie. Il est en train de perdre la vue. Il part.
« Merci
pour tout. »
Ses
yeux s’éteignent peu après ces derniers mots et sa tête
s’enfonce mollement dans l’oreiller alors que sa main retombe sur
son torse... Ses yeux sont fixés sur la bougie. L’infirmière lui
abaisse les paupières puis se redresse. Elle prend une grande
inspiration : Elle a encore beaucoup de difficultés à
accompagner les mourants.
Et
pourtant, elle ne s’imaginerait pas ailleurs.
Ludivine
pose la bougie sur une table de nuit, prend son calepin et note :
« Lieutenant
Nicolas Charbonnet. Mort le 14 octobre 1914. »
XIII)
M.J.Lepage,
inspecteur de salubrité au bureau d’hygiène, chargé de
l’enlèvement en ville des chevaux et autres animaux morts estime à
230/235 chevaux et quelques autres animaux, tués pour la plupart (…)
Nous
nous couchons au bruit du canon, il en est ainsi presque tous les
jours. Ce soir, la fusillade et les mitrailleuses s’entendent
parfaitement et l’action paraît surtout très active vers le nord
et l’est tandis que nos pièces tonnent sans discontinuer dans la
direction de la petite montagne, du côté de Saint-Thierry,
Pouillon, semble t-il.
XIV)
On
demande de Suite :
Un
bon domestique, connaissant la culture de la vigne.
S'adresser,
67, boulevard Pont-Achard.
Brevet
Supérieur.
Les
épreuves écrites du brevet supérieur ont commencé ce matin. 15
aspirantes et 5 aspirants y prennent part.
Les
avions Allemands à Paris, le 12 octobre, sept bombes ont été
à nouveau jetées ce matin sur Paris. L'une d'elles est tombée sur
la gare du Nord, où elle a fait quelques dégâts, une autres est
tombée à Clichy. On ne signale aucune victime.
XV)
Le
couvent de Corbara en Haute-Corse :
C’est
là qu’en octobre 1914, les autorités militaires Françaises
ouvrent un camp d’internement de civils Allemands et Autrichiens.
Les premiers incarcérés sont 400 Alsaciens, manifestement envoyés
là par erreur…
Qui
sont-ils, pourquoi étaient-ils prisonniers ?
Cent
ans après, l’énigme reste entière…
Les
DNA ont rappelé l'affaire récemment, « révélant un fait
oublié, tabou même, de l’histoire de la guerre 1914-1918 :
l’internement en France de civils Alsaciens. »
Mais les faits semblent avérés, Que disent-ils ?
Les voici tels que notre confrère Alsacien les décrit :
Mais les faits semblent avérés, Que disent-ils ?
Les voici tels que notre confrère Alsacien les décrit :
Dès
la déclaration de guerre, le 3 août 1914, la France prend des
mesures d’arrestation des ressortissants des pays ennemis se
trouvant sur son territoire. Soit par crainte d’espionnage, soit
tout simplement pour les empêcher de servir sous leur drapeau
national. Si femmes et enfants sont en grande majorité
rapatriés dans leur pays d’origine, les hommes, eux, restent
prisonniers durant tout le conflit, servant parfois même
d’otages.
Des
« dépôts d’internés », que les rares historiens spécialistes
de la question, notamment l’universitaire Jean-Claude Farcy,
appellent « camps de concentration », ouvrent alors dans des zones
situées loin du front :
L’ouest
de la France,
Le
centre et la Corse.
La
France a détenu 60 000 civils. Parmi eux, des Alsaciens
Mosellans puisque la région appartient à l’Allemagne depuis 1871.
Les historiens estiment leur nombre à 8 000, répartis dans
plusieurs camps. Ces prisonniers Alsaciens sont plutôt gênants
pour la France qui a une attitude ambigüe face à eux : Elle
s’en méfie alors même qu’elle se pose en «libératrice des
provinces perdues ». D’où, sans doute, l’épisode rocambolesque
que vont vivre les « 400 Alsaciens de Corbara ».
Cette commune de Balagne, en Haute-Corse, abrite un couvent désaffecté que les autorités transforment en colonie pénitentiaire dès l’ouverture des hostilités. Début octobre 1914, tout y est prêt pour y accueillir les premiers internés... Le 14 octobre 1914, le préfet des Bouches-du-- Rhône sollicite alors son homologue de Corse... Il lui fait savoir qu’il va faire embarquer sur le navire Le Pelion, les 400 premiers détenus du « dépôt de Corbara ».
Le
préfet de Marseille parle « d’Austro-Hongrois ». Le ministère
de l’Intérieur, replié à Bordeaux, est informé de l’opération.
Le
16 octobre 1914 au soir, le Pelion accoste à Bastia. Le
lendemain matin, les prisonniers sont acheminés par le train jusqu’à
L’Île-Rousse puis à pied jusqu’à Corbara où il est alors
procédé à leur installation.
Ils
sont même comptés précisément. Ils sont 409 et
regroupés selon leur
résidence
d’origine (Altkirch et Mulhouse sont souvent mentionnées).
Manifestement, il s’agit d’un aller simple.
Le
17 octobre 1914, le préfet de Corse télégraphie au ministère que
l’opération s’est bien déroulée... Sauf qu’entre le 14
octobre et le 16 octobre, le 15 donc, le préfet des Bouches-du-Rhône
a, lui, informé l’Intérieur que ce premier convoi se compose
exclusivement d’Alsaciens-Lorrains.
Or
cette information provoque visiblement un fort courroux au
ministère où l’on s’inquiète beaucoup de l’image donnée
par une France qui emprisonne des Alsaciens. Dans un télégramme
codé, le ministère reproche vertement au préfet de Marseille
sa confusion entre « Austro-Hongrois » et « Alsaciens-Lorrains ».
Il évoque la « fâcheuse impression produite » par l’incarcération
d’Alsaciens. Dans ce même télégramme, l’Intérieur parle
de ces prisonniers comme « d’Alsaciens évacués pour
les soustraire à la mobilisation Allemande, qu’il faut
traiter avec bienveillance et qu’il importe de distinguer
complètement des Austro-Allemands proprement dits ».
En clair, pour les hautes autorités Françaises, il n’est pas question du tout que ces Alsaciens partent pour un camp de prisonniers en Corse. Le problème, c’est que lorsque le préfet de Marseille s’est rendu compte de sa bévue, le navire voguait déjà en direction de l’île... Impossible donc de faire machine arrière. Il ne reste donc plus qu’à organiser un nouveau voyage retour pour le continent cette fois... Et c’est ce que fait l’État Français, en dépit de l’avis contraire du préfet de Corse qui suggère alors, tout compte fait, de laisser ces Alsaciens à Corbara le temps que durera la guerre. Le préfet Corse dit même « que la douceur de l’hiver est la négation de l’idée de sévérité que laisserait supposer un internement dans l’île ».
Mais
l’Intérieur ne veut rien entendre et ordonne au préfet de se
rendre personnellement sur place pour organiser le retour de ces
Alsaciens. Ce qui sera finalement fait le 19 octobre 1914. Ce
jour-là, les 400 Alsaciens de Corbara reprennent à pied
la route de l’Île Rousse, puis le train pour Bastia et le
vapeur Pelion pour Marseille.
Ce
voyage marque la fin de cette rocambolesque affaire qui suscite
encore bien des questions aujourd’hui :
Qui
sont ces gens ?
Que
leur reproche-t-on ?
Comment
sont- ils arrivés jusqu’à Marseille ?
Pourquoi
a-t-on songé à les expédier en Corse ?
Où
sont-ils allés ensuite ?...
«
On ne sait pratiquement rien de cette histoire. Seule la chronologie
nous est connue grâce à cet échange de télégrammes entre
préfets conservé aux archives d’Ajaccio », explique le maire
de Corbara, Paul Lions, également féru d’histoire
locale et qui s’étonne d’une chose :
«
Jusqu’en 1918, Corbara a servi de colonie pénitentiaire pour
des Allemands dont toutes les identités ont été soigneusement
répertoriées sur des listes. Curieusement, pour les 400 Alsaciens,
cette liste n’existe pas ou n’existe plus. En tous les cas,
pas dans les archives en Corse. »
«
Il existe une description de ces gens qui n’est pas très élogieuse
», complète encore Simon Giuseppi, un historien d’Ajaccio
qui a publié, en mai dernier, une étude très fouillée sur le
camp d’internement de Corbara :
L’internement
en Corse à Corbara de civils Austro -Allemands *. « Ces
archives évoquent les Alsaciens comme étant des gens de
condition modeste, voire miséreuse. Selon ces documents,
une soixantaine d’entre eux sont assez peu recommandables et
ont vécu à la frontière de l’Est sans se livrer
régulièrement au travail », explique cet historien dans son
ouvrage.
Mais
là encore, pas de noms et encore moins de photos.
«
Il s’agit vraisemblablement d’hommes arrêtés dans les secteurs
Alsaciens repris par la France dès le début de la guerre. Mais
l’identité de ces personnes reste un mystère », avance le maire
de Corbara.
Un
mystère que Paul Lions ne désespère pas de percer un jour. «
Peut-être qu’un article dans la presse Alsacienne
facilitera l’enquête et qu’il existe des familles qui se
souviennent de cet événement »,
conclut
l’élu... L’appel a été lancé à la fin de l'été par les
DNA.
oct
1914 début de l'occupation allemande dans le Nord
www.histoire-en-journal.com/index.php?...id...1914...
Dimanche
4 octobre 1914 : On signale des allemands à Frelinghien vers 2
heures (14 ... Mardi 13 octobre 1914 : A 11 heures, convoi allemand
vers Comines.
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