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OCTOBRE 2015...
Cette
page concerne l'année 571 du calendrier julien. Ceci est une
évocation
ponctuelle
de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !
DE
LA DIVISION NAÎT LE CHAOS (Ve VIe SIÈCLE)
SAINT PIERRE ET SES CLES |
L'Henotikon
(acte d'union), parfois Hénotique en français, est un formulaire
rédigé en 482 par Acacius, patriarche de Constantinople, à la
demande de l'empereur d'Orient Zénon pour mettre un terme aux
controverses christologiques entre Chalcédoniens et Monophysites.
Pour
Zénon, il s'agissait d'un texte de compromis en vue d'apaiser les
luttes entre les tenants et les détracteurs du concile de
Chalcédoine. Ce texte voulu par l'empereur est promulgué sans avoir
l'approbation du pape ou d'un synode d'évêques. Il doit être
contresigné par tous les évêques d'Orient sous peine de déposition
et d'exil.
Les
articles de l'Henotikon comportent :
- La condamnation des thèses d'Eutychès et Nestorius, conformément au concile,
- L'approbation explicite des 12 anathèmes de Cyrille d'Alexandrie,
- En revanche, il n'est pas fait état de la controverse sur la nature ou les deux natures de Jésus et du Symbole adopté au concile, pensant ainsi satisfaire à la fois les monophysites et les chrétiens orthodoxes.
« C'est
pourquoi nous souhaitons que vous sachiez, que nous, ni les Églises,
qui sont répandues par toute la terre, n'ont point, et n'ont jamais
eu d'autre Symbole, d'autre doctrine, d'autre définition de foi, que
celle qui a été faite par les 318 Évêques du Concile de Nicée,
et confirmée par les 150 de Constantinople, et que nous ne savons
personne, qui en tienne d'autre. Que si quelqu'un en tient une autre,
nous le tenons lui-même pour un étranger, et pour un homme séparé
de nous, parce que nous sommes persuadés, comme nous l'avons dit,
que cette foi est l'appui et le soutien de notre état. Tous les
peuples, qui reçoivent le Saint Baptême, le reçoivent avec la foi
de ce Symbole.
Les
Saints Pères, qui se sont assemblés depuis à Éphèse, et qui ont
condamné l'impiété de Nestorius, et de ses Sectateurs, ont tenu le
même Symbole. Nous prononçons l'anathème contre Nestorius, et
contre Eutychès, parce qu'ils suivent une doctrine contraire à
celle des Saints Pères. Nous recevons les 12 Chapitres composés par
Cyrille d'heureuse mémoire, et autrefois Archevêque de l'Église
Sainte, et Catholique d'Alexandrie.
Nous
confessons que notre Seigneur Jésus-Christ étant Dieu s'est fait
vrai Homme, qu'il est de même substance que son Père selon la
Divinité, et de même substance que nous selon l'Humanité, qu'il
est descendu du Ciel, qu'il a pris un corps par l'opération du divin
Esprit dans le sein de la Vierge Marie Mère de Dieu, et qu'il est
unique et seul. Car les miracles qu'il a opérés, ou les douleurs
qu'il a souffertes dans le corps, sont les miracles et les douleurs
d'une seule personne.
« Nous
ne recevons point ceux qui le divisent, ou qui le confondent, ou qui
en inventent un autre qui n'est que fantastique et imaginaire.
L'Incarnation qui a été accomplie sans aucune tâche de péché
dans la personne de la Mère de Dieu, n'a pas produit un nouveau
Fils. La Trinité est toujours demeurée Trinité, bien qu'une des
personnes, savoir le Verbe Dieu, se soit incarnée. »
« Nous
prononçons anathème contre ceux qui ont eu autrefois, ou qui ont
maintenant des sentiments contraires, soit dans le Concile de
Chalcédoine, ou dans un autre, et principalement contre Nestorius,
contre Eutychès, et contre ceux qui les suivent. »
L'EMPEREUR ZENON |
En
518, le pape Hormisdas et le nouvel empereur Justin Ier trouvent un
compromis qui met fin au schisme. Connu sous le nom de formule
d'Hormisdas, le texte reconnaît un droit de regard de l'empereur
dans les affaires de l'Église, mais affirme aussi nettement les
prérogatives de l'autorité pontificale. Justin reconnaît le
bien-fondé de l'excommunication d'Acacius et en contrepartie le
nouveau patriarche de Constantinople est élevé à la dignité de
« vicaire du pape » pour tout l'Orient, ce qui est une
façon d'affirmer la suprématie de l'évêque de Rome.
Euphémius
et Macédonius, qui, malgré leurs faiblesses et leurs concessions,
sont demeurés orthodoxes de doctrine et ont même souffert l'exil
pour leur orthodoxie. Ces dernières circonstances rendent plus
délicate leur condamnation, dont les noms viennent, du reste, d'être
rétablis dans les diptyques par Jean II. Pourtant, le Pape insiste
sur la nécessité de condamner Acace « avec ses adhérents ».
Pour
atténuer cette difficulté, on a recours à un expédient, que le
Pape a consigné dans les instructions à ses légats. Dans le cas où
l'empereur et le patriarche consentent à la condamnation d'Acace,
mais non à celle d'Euphémius et de Macédonius, les envoyés
devront d'abord déclarer qu'ils ne sont point autorisés à modifier
la formule mentionnant les partisans du condamné avec le condamné
lui-même, si les Grecs persistent dans leur manière de voir, les
légats feront cette concession que, dans l'anathème spécial contre
Acace, les noms de ses successeurs ne seront point mentionnés, mais
ils seront néanmoins rayés des diptyques. Quant aux évêques
orientaux en général, le Pape tient avant tout à ce qu'ils
souscrivent à son formulaire : Les légats ne doivent aucunement
demeurer en communion avec ceux qui refusent de le signer.
La
cour Byzantine a désiré la présence d'Hormisdas en personne. Le
Pape se contente de députer, selon l'usage de ses prédécesseurs,
une légation spécialement solennelle, composée des évêques
Germain et Jean, du prêtre Blandus, des diacres Félix et Dioscore.
Il
adresse en même temps des lettres à l'empereur, à l'impératrice
Euphémie, au très influent comte Justinien, au patriarche.
A
ce dernier il· recommande de sceller l'œuvre de la paix
ecclésiastique par la condamnation d'Acace « avec ses adhérents »
(cum sequacibus suis). Il insiste, avant tout, sur cette idée qu'il
ne demande rien de nouveau, ni d'insolite, ni d'injuste, puisque
l'antiquité chrétienne a toujours évité ceux qui se sont attachés
à la communion avec les condamnés.
Quiconque
enseigne la même doctrine que Rome doit condamner ce qu'elle
condamne, quiconque révère ce que révère le Pape, doit abhorrer
ce qu'il abhorre. Une paix parfaite ne laisse derrière elle aucune
divergence, et l'adoration d'un seul et même Dieu ne peut avoir sa
vérité que dans l'unité de la profession de foi.
Il
serait difficile de ne pas admirer sans restriction la claire et
ferme logique de ces instructions pontificales. Sous la plume
d'Hormisdas, les formules se multiplient, qui expriment sa joie du
retour de la concorde ecclésiastique, mais qui en maintiennent
toujours les nécessaires conditions.
Qui
s'intéresse à la question (actuelle aujourd'hui comme alors) de la
« réunion des Églises » ne peut se défendre d'une émotion
profonde à relire ces documents où se livre, constamment identique
à elle-même, une âme de Père et de Pasteur universel. « Achevez
votre œuvre, écrit-il au basileus, en lui enlevant ce qu'elle a
encore d'indécis, et mettez le comble à ma joie... Que la réunion
des Églises réalise pleinement les vœux de l'ensemble des cœurs.
»...
Le
Pape écrit de même à l'impératrice Euphemie.
Au
clergé de Constantinople, il dit sa joie de voir venu le temps où
l'Église catholique peut enfin recouvrer ses fils et ses soldats: :
Aux nobles dames Anastasia et Palmatia, qui même aux jours mauvais
sont demeurées fermes dans l'orthodoxie, il demande de ne point
épargner leur peine et leurs efforts pour favoriser le retour
complet à la communion Romaine :
NESTORIUS |
Le
patriarche Jean II accepte le formulaire, il lui donne seulement la
forme d'une lettre, celle-ci lui paraissant plus honorable pour lui
que celle d'un libellus.
C'est
pourquoi il place en tête de cet acte un prologue très respectueux
à l'égard du Pape. Quant à la formule elle-même, elle est
entièrement acceptée. Acace y est condamné, en même temps que «
ceux qui ont persisté dans sa communion », expression où sont
implicitement compris Euphémius et Macédonius, en conformité avec
les dernières concessions permises sur ce point aux légats. En
raison de la grande importance de ce document, qui peut être
considéré comme le véritable Hénotique catholique, le lecteur
aimera en trouver ici le texte et la traduction.
« « Domino
meo per omnia sanclissimOj et beatissimo fratri et comministro
Hormisdœ, Joannes episcopus in Domino salutern.
Redditis
mini litteris vestrae Sanctitatis in Christo, frater charissime, per
Gratum clarissimum comitem, et nunc per Germanum et Joannem
reverendis- simos episcopos, Felicem et Dioscorum sanctissimos
diaconos, et Blandum presbyterum, lsetatus sum de spiritual!
charitate vestrœ Sanctitatis, quod uni- tatem sanctissimarum Dei
Ecclesiarum, secundum veterem Patrum requiris traditionem, et
laceratores rationabilis gregis Christi animo repulsare festinas.
Certus igitur scito, per omnia Sanctissime, quia secundum quod vobis
scripsi, una tecum cum veritate sentiens, oranes a te repudiatos
hasreticos renuo et ego, pacem diligens. Sanctissimas enim Dei
Ecclesias, id est superioris vestrae et novellas istius Romas, unam
esse accipio, illam Sedem Apostoli Pétri, et istius Augustas
civitatis, unam esse definio. Omnibus actis a sanctis Ulis quatuor
Synodis, id est Nicasna, Constantinopolitana, Ephesina et
Chalcedonensi, de confirmatione fidei et statu Ecclesias assentio, et
nihil titubare de bene. » »
« « A
mon Seigneur, en tout très saint et bienheureux frère et collègue
Hormisdas, Jean, évêque, salut dans le Seigneur.
CONCILE DE CHALCEDOINE |
J'ai
souscrit de ma main cette profession, et je l'ai envoyée par écrit
à vous, Hormisdas, saint et bienheureux frère, Pape de la grande
Rome, par les susdits Germain et Jean, vénérables évêques, Félix
et Dioscore, diacres, et Blandus, prêtre, Jean, par la miséricorde
de Dieu, évêque de Constantinople, j'adhère à tout ce que dessus,
et j'ai souscrit le 28 mars, sous le consulat de l'empereur Justin et
du clarissime Eutharic.
Moi,
Jean, par la miséricorde de Dieu évêque de Constantinople, la
nouvelle Rome, adhérant à cette mienne profession de foi, j'ai
souscrit à tout ce qui est dit ci-dessus, en pleine liberté dans le
Seigneur. Donné le 27 mars, indiction douzième, d'accord avec le
seigneur Justin empereur auguste, sous le consulat du glorieux
Eutharic. » »
La
souscription a lieu le Jeudi-Saint, au cours d'une réunion tenue au
palais impérial et à laquelle assistent la cour, le sénat, les
évêques, les archimandrites.
On
se rend ensuite à l'église. En présence des légats Romains, qui
racontent eux-mêmes au Pape tous ces détails, on efface des
diptyques les noms des patriarches Acace, Flavitas , Euphémius,
Macédonius et Timothée, ainsi que ceux des empereurs Zenon et
Anastase. Tous les évêques présents souscrivent aussi le
formulaire d'Hormisdas, de même les archimandrites, bien que
quelques-uns de ceux-ci aient d'abord déclaré que la signature du
patriarche suffit. L'allégresse est générale.
Un
office solennel fut célébré le dimanche de Pâques pour achever
publiquement l'acte de la réconciliation. Les légats envoient à
Rome deux exemplaires de la profession de foi souscrite par le
patriarche, l'un en grec, l'autre en latin. Le sous- diacre Pollion
est désigné pour porter à Rome, avec ces pièces, les lettres des
légats, de l'empereur, du patriarche, du comte Justinien et d'autres
personnages importants.
Grâce
au zèle et à l'action de la cour, les souscriptions au formulaire
d'Hormisdas se multiplient rapidement : Le diacre Rusticus, qui écrit
un peu plus tard, sous le règne de Justinien, les évalue
(approximativement, il est vrai) à 2 500. Ainsi se termine le
premier schisme byzantin : il a duré trente-cinq ans, depuis la
condamnation d'Acace.
C'est
la victoire complète de Rome, et la thèse est solennellement
reconnue, que quiconque ne reste pas et ne meurt pas dans la
communion Romaine n'a aucun droit à la commémoraison dans les
diptyques, c'est-à-dire, en d'autres termes, ne fait point partie de
l'unité catholique.
LE CONCILE DE CHALCEDOINE |
Pour
souligner plus explicitement encore l'importance (historique et
dogmatique tout ensemble) de ce triomphe de l'orthodoxie pontificale,
il ne sera pas hors de propos, croyons-nous, de reproduire ici les
réflexions qu'a inspirées à Bossuet le formulaire d'Hormisdas :
«
Toutes les Églises, en signant cette formule, professent que la foi
romaine, la foi du Siège apostolique et de l'Église Romaine, est
assurée d'une entière et parfaite solidité, et que, pour qu'elle
ne manque jamais, elle a été affermie par une promesse certaine du
Seigneur.
Car
c'est cette profession de foi que les évêques ont obligés
d'envoyer aux métropolitains, ceux-ci aux patriarches, et les
patriarches au Pape, afin que lui seul, recevant la profession de
tous, leur donne à tous en retour la communion et l'unité.
Nous
savons que dans les siècles suivants on se sert de la même
profession de foi, avec le même exorde et la même conclusion, en y
ajoutant les hérésies et les hérétiques qui, aux diverses
époques, troublent l'Église. De même que tous les évêques l'ont
adressée au saint pape Hormisdas, à saint Agapet et à Nicolas Ier,
de même nous lisons qu'au 8e concile on l'adresse, dans les mêmes
termes, à Adrien II, successeur de Nicolas. Or, ce qui a été
répandu partout, propagé dans tous les siècles et consacré par un
concile œcuménique, quel chrétien le rejette. »
Ajoutons,
pour continuer les observations historiques de Bossuet, que le
concile du Vatican, dans sa Constitution dogmatique de Ecclesia
Christi, ch. iv, du magistère infaillible du Pontife Romain, a
inséré toute la première partie de la formule d'Hormisdas, telle
qu'elle est adoptée par les Pères du 8e concile œcuménique
(quatrième de Constantinople).
L'historien
Rohrbacher a donc été l'interprète du véritable sens catholique
en exprimant dans les termes suivants son appréciation sur cette
formule de Saint Hormisdas, « une des plus importantes de toute
l'histoire de l'Église » :
«...
A aucune époque, ni sous aucune forme, cette vérité fondamentale
de l'Église de Dieu (à savoir la primauté du siège de Pierre)
n'est proclamée d'une manière plus solennelle que sous le pape
Saint Hormisdas et dans la formule juridique de réunion avec
l'Église Romaine. Orient et Occident, empereurs et sénats, pontife
et peuple y reconnaissent avec des larmes de joie que cette parole du
Christ : Tu es- pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, a
eu son entier accomplissement, et qu'il est impossible qu'elle ne
l'ait pas, qu'en conséquence, la religion catholique est toujours
demeurée inviolable dans la chaire de Saint Pierre, que dans cette
chaire réside la vraie et entière solidité de la religion
chrétienne, que ceux-là sont séparés de la communion de l'Église
catholique, qui ne sont pas d'accord en toutes choses avec cette
chaire, qu'enfin, pour mériter d'être dans cette communion, il faut
suivre cette chaire en toutes choses, et condamner toutes les autres.
Bossuet,
Défense de la Déclaration, ]. X, c. vu, (2) Denzinger-Banwart,
Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationutn de rebus fidei
et morum. Kribourg, 19 1 3, n° 1 833 (ne 1678 des précédentes
editions')».
Les
hérésies et tous les hérétiques qu'elle condamne. Voilà ce que
professent solennellement les pontifes et les peuples de l'Orient et
de l'Occident, voilà ce que souscriront et ce que proclameront des
conciles œcuméniques.
Ce
n'est pas qu'on observe toujours fidèlement cette règle si
solennellement proclamée. Mais toujours est-il qu'elle a été
proclamée à la face de l'univers, pour diriger les peuples et les
pontifes, et servir à les juger dans le temps et dans l'éternité...
»
Ajouter une légende |
Les
légats prolongent jusqu'en 520 leur séjour à Byzance, où leur
présence paraît nécessaire jusqu'à la pleine consolidation de
l'union rétablie.
Le
patriarche Jean II meurt en réputation de sainteté au début de
l'année 520. Son successeur, Épiphane, prêtre orthodoxe et
vertueux, est confirmé par Saint Hormisdas, qui l'établit même son
vicaire en Orient et s'en remet à lui du soin de recevoir dans la
communion catholique les clercs isolés qui en sont encore séparés.
La paix et la concorde se raffermissent ainsi de plus en plus. Le
danger hérétique n'existe plus qu'à Alexandrie et à Antioche.
Sévère s'est enfui de cette dernière ville et s'est réfugié en
Égypte avec Julien d'Halicarnasse, autre chef des monophysites
(septembre 519).
Nous
avons un intéressant témoignage du profond retentissement qu'ont
ces bonnes nouvelles d'Orient sur la catholicité occidentale, dans
les lettres de Saint Hormisdas à Saint Césaire d'Arles, son vicaire
dans les Gaules, et aux évêques Espagnols. Au métropolitain
d'Arles, le pape demande de s'associer à sa joie de l'union
rétablie, après avoir partagé sa douleur de la persistance du
schisme, et il lui annonce la conversion, sincère cette fois, des
prélats orientaux :
Aux
évêques Espagnols, Hormisdas envoie copie de la profession de foi
souscrite par Jean de Constantinople et que devront souscrire
pareillement tous les clercs orientaux se trouvant en Espagne et se
réclamant de la communion catholique.
Quelques
années après les événements qui viennent d'être racontés, les
circonstances amènent à Constantinople le Pape lui-même, Jean 1er
successeur de Saint Hormisdas (depuis août 523). A la suite du
dissentiment survenu entre l'empereur Justin et le roi des Wisigoths
ariens, Théodoric, à cause de la persécution infligée aux Ariens
dans l'empire Byzantin, Jean 1er se trouve dans une position
extrêmement difficile
En
524, Théodoric contraint le pape, qui s'y oppose, à entreprendre le
voyage de Constantinople. C'est la première fois qu'un pape fait son
entrée dans la capitale Byzantine. Il y reçoit de l'empereur, du
patriarche et du peuple le plus brillant accueil.
Le
dimanche de Pâques, Jean Ier célèbre solennellement selon le rite
romain à la grande église, et le chroniqueur Marcellin note ce fait
en termes d'un enthousiasme où se mêle une pointe de naïveté :
La
primauté du Pontife Romain est reconnue publiquement, à cette
occasion : Un trône plus élevé que celui du patriarche Épiphane
lui est dressé.
Le
lecteur se rappelle peut-être qu'au début de ce travail, pour
souligner l'utilité. (toujours actuelle) d'une étude impartiale de
cette affaire de l'Hénotique et du schisme Acacien, on cite
l'appréciation d'un prélat Grec orthodoxe, Nectaire Képhalas, qui
s'est enhardi à poser les questions suivantes :
«
Nous le demandons, où apparaît dans toute cette histoire la
puissance du Pape ?
Où
voit-on la reconnaissance de l’infaillibilité pontificale ?
Où
est le droit divin ?
Où
est la docilité et la soumission des autres Églises ?
Où
sont tous ces privilèges que le Pape d'aujourd'hui prétend lui
avoir été attribués par les Pères antérieurs au schisme de
Photius ! »
Le
lecteur de bonne foi n'a point de peine à trouver dans les pages qui
précèdent, notamment dans les toutes dernières concernant la
réconciliation de Byzance avec Rome et le formulaire du pape Saint
Hormisdas, les plus, catégoriques réponses aux interrogations
railleuses du métropolite oriental. On y a vu l'attitude toujours
identique de tous les papes qui se succèdent pendant la durée du
schisme Acacien, depuis Saint Simplicius jusqu'à Saint Hormisdas et
à Saint Jean Ier : Fermeté, constamment semblable à elle-même,
sur la doctrine et sur la discipline générale, logique rigoureuse
et esprit de suite continu, dont le résultat est le triomphe
définitif de l’Église Romaine après 35 ans de la plus déplorable
séparation. Les réflexions de Bossuet et de Rohrbacher sur le
formulaire de Saint Hormisdas, que nous avons citées plus haut, ont
peut montrer aux esprits exempts de préjugés comment le sens
historique et le sens catholique s'accordent à voir dans ce document
la « reconnaissance de la primauté et de l'infaillibilité
pontificale », pour emprunter précisément les expressions de Msr
Nectaire Képhalas.
Les
fêtes Byzantines du rétablissement de l'union, présidées d'abord
par les légats de Saint Hormisdas à la Pâque de 519, puis par le
pape Jean Ier en personne à la Pâque de 525, demeurent comme une
consécration historique de cette « reconnaissance » des droits
romains, de cette « soumission » du patriarche, de l'empereur et
des prélats orientaux à la suprême autorité doctrinale et
disciplinaire au successeur de Pierre.
En
face de ces heureux résultats de la conduite des papes dans toute
cette affaire, les funestes conséquences de l'Hénotique continuent,
aujourd'hui encore, à juger devant l'histoire l'attitude du
patriarche Acace, du basileus Zenon et de ceux qui ont été leurs
partisans. L'Hénotique a, en réalité, partagé l'empire romain en
deux communions ennemies. Lorsque, à l'avènement de Justin Ier, la
paix est rétablie entre Constantinople et Rome, cette reprise de
relations ne peut guérir le mal sur tous les points. « Les
arrangements pris à Constantinople sont une chose, l'exécution dans
les provinces orientales une autre chose.
Nous
ne savons trop comment on s'y est pris en Égypte, ce qui est sûr,
c'est que le concile de Chalcédoine n'y est pas proclamé alors.
En
Syrie, avec quelques tâtonnements et beaucoup de prudence, on
parvient à éliminer les évêques anti-chalcédoniens, mais la
plupart des moines résistent et se laissent chasser de leurs
couvents plutôt que d'accepter les décrets impériaux... Telles
sont les conséquences directes ou indirectes de l'Hénotique de
Zenon.
Hénotique
veut dire édit d'union. On voit combien le nom répond à la chose.
En deux patriarcats sur quatre, des organisations dissidentes,
chancres ecclésiastiques dont on peut constater les ravages quand
Mahomet paraît à l'horizon.
LE PAPE ET SAINT LÉON Ier A CONSTANTINOPLE |
Rien
ne saurait prouver plus péremptoirement combien Rome avait raison de
ne point accepter l'Hénotique et les essais de conciliation entre
orthodoxes et hérétiques. Les faits n'ont que trop confirmé ce que
la claire logique des papes n'a cessé de répéter à Acace et à
ses partisans, savoir, que ce n'est pas en taisant la vérité que
l'on étouffe l'erreur ! Il n'est point besoin de chercher
ailleurs la justification de la constante sévérité des Pontifes
Romains à l'égard d'Acace et de ses successeurs — même
orthodoxes — qui ne consentent pas à rayer son nom des diptyques
comme ayant été un fauteur d'hérésie...
Persée
: L'affaire de l'Hénotique ou le premier schisme ...
www.persee.fr/.../rebyz_1146-9447_1920_num_19_...
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S Salaville - 1920 - Cité 3 fois - Autres articles
L'affaire
de l'Hénotique ou le premier schisme byzantin au Ve siècle (suite)
... Depuis plusieurs années nous voulons communier. ..... C'est sous
cette seconde forme que cette profession de foi a été insérée
dans YEnchiridion de Denzinger- ...
Termes
manquants : 571
Persée
: La géographie de l'Illyricum ecclésiastique et ses ...
www-persee.ens-lyon.fr/web/.../efr_0000-0000_1984_act_77_1_2508
Les
difficultés des régions danubiennes après la seconde guerre
d'Attila et l'évacuation ..... Pendant une quarantaine d'années, de
multiples raisons renforcent l'éloignement de ... légats ont été
circonvenus à Constantinople, au point d'accepter l'hénotique de
Zenon; en ..... 565-571; elle y répond, Ep., 40, ibid., 140, p.
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