mardi 24 novembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 548

12 NOVEMBRE 2015...


Cette page concerne l'année 548 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES CHEF-D’ŒUVRE DE LA BASILIQUE DE RAVENNE

La basilique Saint-Vital (en italien Basilica di San Vitale) est une basilique Italienne datant du VIe siècle, située à Ravenne, en Émilie-Romagne. C'est l'un des monuments les plus représentatifs de l'architecture et de l'art Byzantin en Europe Occidentale. Connue pour son ensemble de mosaïques du VIe siècle, elle est inscrite, avec d'autres monuments de Ravenne, sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

La légende rapporte que l'édifice a été érigé sur les lieux du martyre de Saint Vital. Cependant, il n'est pas certain qu'il s'agisse de Saint Vital de Milan ou d'un autre Saint Vital dont les reliques sont découvertes en même temps que celles de Saint Agricola par Saint Ambroise, en 393, à Bologne.

Sa construction est commencée par l'évêque Ecclesius en 527, et terminée en 548 par le 27e évêque de Ravenne, Maximien, pendant la période de l'exarchat. L'édifice combine des éléments architecturaux Romains (le dôme, la forme des portails, les tours) avec des éléments Byzantins (l'abside polygonale, les chapiteaux, la construction en briquettes, etc.).
L'église est d'une importance majeure, car elle est la seule à dater de la période Justinienne, et à n'avoir pratiquement subi aucune transformation jusqu'à nos jours.

Sa construction a été financée par un banquier Grec, Julien l'Argentier, dont on sait très peu de choses, si ce n'est qu'il finance également la construction de la basilique Saint-Apollinaire de Classis vers la même époque. Le véritable bienfaiteur peut aussi avoir été l'empereur Byzantin lui-même, qui considère la fondation d'églises comme un outil de propagande et comme une façon de renforcer les liens de certains territoires avec l'empire.
Le plan de l'édifice passe parfois pour avoir été inspiré par celui de l'Anastasis, l'église de la Résurrection que Constantin Ier fait construire à Jérusalem sur le site du Saint-Sépulcre (et qui est détruite par les Perses en 614).
Plus probablement le plan s'inspire-t-il de l'église de Saint-Laurent de Milan, monumental édifice de plan centré construit dans la seconde moitié du IVe siècle, dans une ville qui était devenue la capitale de facto de l'Empire Romain. Mais la dette la plus importante est à chercher à Constantinople, dans l'église des Saints-Serge-et-Bacchus, mise en chantier dans les mêmes années, qui présente un plan, une élévation et un système de couvrement très proches : Saint-Vital témoigne du rayonnement de l'art constantinopolitain à Ravenne, avant même la prise de Ravenne par les Byzantins (540). La place importante que Saint-Vital occupe dans l'histoire de l'architecture tient aussi au fait que l'édifice a été pris comme modèle pour la chapelle palatine de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle, construite de 790 à 805, autour du couronnement impérial de 800.

Le monument est mondialement connu et tire l'essentiel de sa renommée de ses somptueuses mosaïques, de facture Byzantine, qui décorent la chapelle absidale. Ravenne possède d'ailleurs l'ensemble de mosaïques le plus impressionnant de tout le domaine Byzantin, celles de la capitale ayant beaucoup souffert de la crise iconoclaste : Il a valu à la ville d'être inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité établi par l'UNESCO depuis 1996.
On retrouve sur les mosaïques un goût très important pour les détails, ainsi que pour l'ornement. Le fond d'or, caractéristique de l'art Byzantin, dématérialise les scènes et les sort d'un contexte historique. Cependant, la simplification des formes permet la lisibilité de la scène.

Un arc triomphal sépare la chapelle de la partie centrale du bâtiment, il est orné de 15 médaillons figurant le Christ, les 12 Apôtres, dont Paul, et les deux fils de Saint Vital, Saint Gervais et Saint Protais. L'arc triomphal marque l'entrée dans la chapelle, afin d'apercevoir toute la splendeur des mosaïques.

Une des premières réalisations magistrales sera le mausolée de Galla Placida puis, à partir de cette époque, la construction de plusieurs églises magnifiquement décorées de mosaïques dans le plus pur style Byzantin. La première grande église sera celle de Saint Appolinaire-le-neuf (493-526) puis viendront Saint Vital (525-548) et Saint Apollinaire en Classis (540). C'est à Ravenne que ces œuvres se concentreront, mais il faut également noter l'église de Parenza en Istrie (Croatie) qui date, approximativement également, de 553-563.

La mosaïque Byzantine devient l'élément essentiel de la décoration des intérieurs des lieux de culte, allant jusqu'à couvrir presque entièrement les voûtes et les parois.
Dans une première période, les personnages sont souvent placés devant des paysages, agrémentés de la présence de fleurs stylisées ou d'animaux, puis, à partir du VIe siècle, le paysage laissera la place à un fond d'or, symbole d'éternité. L'utilisation des tesselles d'or donnera à ces mosaïques une brillance et une vivacité remarquables.

La construction à Ravenne du tombeau, orné de mosaïques, de Galla Placidia
a été décidée quelque 20 années auparavant par l'impératrice elle-même, mais elle meurt à Rome et y est ensevelie près de Saint-Pierre de Rome.
Si le monument est petit (12,75m sur 10,25m) les mosaïques exceptionnelles de l'intérieur du mausolée sont les plus anciennes de Ravenne.
Elles comptent parmi les plus impressionnantes de l'art Byzantin et constituent une des réussites majeures de cet art.

Le début de la construction de la basilique Saint Appolinaire-le-neuf à Ravenne
destinée, à l'origine, au culte arien, et consacrée ensuite au culte catholique après la conquête Byzantine.
L'église est divisée en 3 nefs par deux rangées de colonnes en marbre, fabriquées en Grèce. De nombreuses mosaïques reprenant le style Byzantin représentent la vie du Christ, des Saints, des Apôtres et des Martyrs, mais aussi le palais de Théodoric et du port de Classis près de Ravenne.
La richesse du décor végétal du premier temps des réalisations (mausolée de Galla Placidia) cède le pas à une utilisation de frises (palmiers) symbolisant la liturgie, sur fond d'or représentant l'éternité. La représentation des corps se fait plus hiératique, aspirant au mysticisme.

Évolution des décors dans l'art de la mosaïque l'art Byzantin acquiert de l'originalité par rapport aux représentations de l'art paléochrétien. Alors que dans ce dernier les scènes naturalistes, telles des scènes pastorales, dominées par des bleus et des verts, sont très présentes, l'évolution va s'orienter vers des scènes solennelles se détachant sur des fonds or. Les personnages sont emprunts de gravité et hiératiques, la frontalité devient la règle. Cette tendance s'impose sous Justinien.

Début de la construction de l'église Saint-Vital à Ravenne L'église constitue aujourd'hui un des meilleurs exemples de la mosaïque Byzantine. En effet, sa situation géographique la préserve, tant de la fureur des iconoclastes que des transformations apportées aux églises par les Ottomans...
Elle comprend, entre autres, des représentations de Justinien et de Théodora accompagnés de leur suite.
De plan octogonal, les fresques et mosaïques se développent sur deux étages. Elles appartiennent à deux écoles différentes, l'une, de tradition Hellénistico- Romaine, représente les personnages dans des positions diverses alors que l'autre, Byzantine, les place debout en position frontale et plus hiératique. La première la décoration est fastueuse, emplie de fleurs, de fruits et d'animaux, tandis que dans l'autre la décoration est plus discrète et les fonds plus uniformes, les mosaïques sont sur fond d'or, les tesselles posées de façon irrégulière selon des angles différents afin de permettre des jeux de lumière.
La distanciation avec le réel, qui émerge dans cette représentation des personnages aux yeux hypnotiques, est une des caractéristiques de ce que sera l'évolution de l'art Byzantin. L’église sera consacrée en 547/548.

La construction de Saint Apollinaire en Classis à Ravenne construite à quelques kilomètres de Ravenne, constitue une basilique à 3 nefs avec un presbytère surélevé. La décoration de la coupole de l'abside, toute de mosaïques, peut-être divisée en 2 zones. La partie basse est constituée d'une décoration florale parsemée de rochers, de plantes et d'oiseaux, tandis que la partie haute est constituée d'un ciel d'or parcouru de nuages et de symboles de la chrétienté.

Construction de la basilique de Parenza (Porec) en Istrie (Croatie)
La réalisation des mosaïques des murs de l'abside est confiée à des artistes Byzantins. Elles présentent un chef-d’œuvre de l'art Byzantin. Ainsi qu'à Saint Apollinaire en Classis (Ravenne) la décoration de la coupole est divisée en deux zones, la partie basse comportant une décoration florale alors que la partie supérieure est constituée d'un ciel d'or parcouru de nuages. Les personnages ont une attitude hiératique et entourent une Vierge de Majesté.

Ciselage des grandes mosaïques de l'église Saint Démétrios à Thessalonique
Entièrement rebâtie après un incendie selon un plan à 5 travées, l'église sera dotée des plus grandes mosaïques de l'époque. Elles représentent la vie du saint, contrairement aux mosaïques des autres églises de cette période qui représentaient des scènes bibliques.
Elles sont en grande partie détruites par un autre incendie en 1917.
Aucune autre mosaïque Byzantine de cette époque ne nous est parvenue.
De nombreux artistes Byzantins émigrent vers Venise par suite de la Querelle des Images (iconoclaste)
Les liens artistiques ont toujours été très forts entre Venise et Byzance. L'exil des artistes chassés de Constantinople sera un des facteur de l'adoption, à Venise, du plan en Croix Grecque des églises. Les motifs des mosaïques seront également fortement influencés par l'art Byzantin. Cette influence perdure, renforcée par la conquête de l'empire au XIIIe siècle lorsque les croisés rapporteront de Byzance les trésors qu'ils y déroberont. (Se trouvant à Venise cela leur aura évité d'être démolies ou masquées par les musulmans)
Les décors réalisés pour la basilique Saint-Marc en seront peut-être le meilleur exemple.

Destructions massives de mosaïques, fresques et icônes à Byzance
En 754 l’empereur Constantin V réunit un concile pour condamner le culte des images. Il s’en suivra des persécutions iconoclastes. La possession et la vénération des icônes seront interdites et s’en suivront de nombreuses destructions d’œuvres d’art.

Début de la création des Mosaïques du Chœur de Sainte-Sophie. En 855
L'impératrice Théodora II proclame solennellement à Sainte-Sophie le rétablissement de l'orthodoxie et du culte des images. La première image n’apparaît cependant qu’à la fin du siècle et il faut attendre le XIe siècle pour que se développent de nouvelles images.

Réalisation des mosaïques de la chapelle palatine à Palerme elle s’inspirent de la tradition la plus orthodoxe des mosaïstes Byzantins des Xe et XIe siècle, alors que l'inspiration de la chapelle elle même est un chef d’œuvre de mixité des inspirations Arabo-Normande.
Les inscriptions sont en lettres grecques pour les plus anciennes, alors que pour les mosaïques plus tardives les inscriptions sont latines (1154-68).
L'ensemble sera complété au XIVe siècle par 2 petites nefs latérales.
(circa) L'art Byzantin de la mosaïque atteint le sommet de sa perfection
Parmi les réalisations les plus célèbres de cette époque :
Les mosaïques de la basilique de Torcello, près de Venise. Face à une majestueuse Vierge à l’enfant sur fond d’or décorant l’abside, au dos de la façade principale se déroule un Jugement dernier se lisant de haut en bas. Les personnages, représentés sans perspective ont une taille relative à leur importance.
C’est en cette même époque que seront également réalisées les principales mosaïques de Saint-Marc à Venise.

Mosaïque de « La vie de la Vierge » de Pietro Cavallini, dans cette mosaïque du Trastevere, l'artiste marque subtilement le passage du byzantinisme à un certain « réalisme », alors nouveau. Si la dimension spatiale de l'architecture reste strictement Byzantine (perspective inversée), l'artiste introduit le mouvement dans la pose des personnages, ce qui est éloigné de l'art de Byzance.
Par ailleurs, dans la scène de la « Nativité », il place ses personnages, qui ont des proportions corporelles normales et non plus hiératiques, de manière libre et naturelle dans l'espace. Cette redistribution, qui rejoint l'art de Giotto, est totalement nouvelle...

Début de la réalisation des mosaïques de Saint-Sauveur-en-Chora à Constantinople 1320
Le savant et humaniste Théodore Métochite, doit investir sa fortune afin de faire restaurer l'église. Il y fera travailler les plus grands artistes de l'époque.
L'art de la mosaïque Byzantine est ici à sa dernière époque. Contrairement aux réalisations des périodes précédentes, l'idée d'une profondeur apparaît et les fonds ne sont plus uniformes. On peut également noter la volonté de se libérer des mouvements figés, ainsi que l'agrandissement des figures.
Après la conquête de Constantinople l'église sera transformée en mosquée et les mosaïques seront recouvertes de volets ou de chaux. Elles seront dégagées entre 1948 et 1958.

Réalisation des mosaïques du baptistère de Saint-Marc à Venise qui constitue l'aboutissement du programme iconographique de la décoration de la Basilique, elle couvre toute l'histoire de la chrétienté.
Les travaux ont commencé dans les années 1071-1084, l'essentiel ayant été réalisé au cours du XIIIe siècle par des maître Byzantins. L'ensemble couvre une surface de plus de 4 200 m2, ce qui constitue un des plus grands ensembles de mosaïques au monde.
Le Baptême du Christ, représenté dans le baptistère, marque une évolution dans le style, qui s'éloigne un peu du hiératisme Byzantin traditionnel et s'oriente vers plus de réalisme.

En Italie, après la chute de Rome, la ville de Ravenne devient la capitale de l’Empire d’Occident sous Onorius et Galla Placidia et la religion principale est la religion chrétienne.
Puis, Rome est assiégée par les rois barbares d’Odoacre à Théodoric jusqu’en 540.
Pour finir, dès le milieu du VIe siècle l’Italie est gouvernée par des empereurs Byzantins, faisant ainsi le lien entre Constantinople, capitale du royaume de l’Orient, et Rome, puis Ravenne qui la remplace comme capitale du royaume de l’Occident.
Cette dernière ville, durant le VIe siècle, est sous la domination des Goths lorsque la construction de l’église de San Vitale est commencée. Une notice donne la date de 526 pour le début des travaux et précise qu’ils commencent après le retour de l’évêque Ecclesius de Byzance, où il s’est rendu en mission avec le Pape Jean : Donc, probablement, quand Théodoric est déjà mort ». Il semble que la construction est favorisée par Julien Argentarius qui accepte la proposition de l’évêque, mais ce dernier meurt en 534 et l’église n'est pas achevée avant la reprise des travaux par l’évêque Maximien qui, pour finir, consacre l’édifice octogonal entre 547 et 548.
Afin de décorer l’édifice, dans la veine Byzantine, les murs sont recouverts de mosaïques aux multiples couleurs miroitantes représentant des scènes de l’Ancien Testament ainsi que les figures des Douze Apôtres sous forme de médaillons et une Majestas Domini dans la calotte de l’abside.
Mais deux scènes se différencient dans tout ce décor, car elles ne représentent pas des figures bibliques, mais des figures terrestres. Il s’agit des deux panneaux impériaux représentant Justinien et Théodora avec leur suite sur les deux côtés de l’abside, restaurés au cours du XIXe siècle, car certaines parties manquaient dues à une destruction partielle en 1545...

Observant le panneau de l’impératrice, celui-ci soulève plusieurs questions : Est-ce une simple représentation d’un rituel liturgique ou faut-il aussi voir un passage de Théodora à travers le monde des vivants vers le monde des morts ?
Les mosaïques de San Vitale sont réalisées en opus tesselatum et les bandes de plomb, servant à réaliser des lignes continues fines, sont absentes. Le mur sur lequel ces tesselles ont été appliquées est composé de briques basses de couleur jaune ou rouge, intercalées d’une couche de mortier de la même épaisseur, au-dessus est présente une première couche de mortier rosé de chaux et de différents types, tel que de sable, de gravier ou de fragments de terre cuite, avec un intacco afin de favoriser l’accrochage de la couche suivante.
Ensuite, suit la couche préparatoire de la mosaïque à base de chaux blanche, constituée de chaux éteinte et de fibres végétales, d’une épaisseur entre 2 et 4 cm, et enfin la couche dite d’alitement, car sur cette dernière les tesselles de mosaïque sont posées.
Les tesselles employées sont en verre, comportant une fine lame métallique d’or ou d’argent en-dessous. D’autres tesselles sont à base de marbre, de pierre calcaire, de perle et de terre cuite. Pour la réalisation des visages, les tesselles utilisées sont de très petites dimensions allant de 7 à 11 mm, contrairement aux autres zones qui font entre 11 et 15 mm. Les dégradés sont composés de 3 à 8 tons et sont de couleur pourpre, gris, vert, rose, ocre, jaune, bleu et bleu-clair ainsi que bleu cobalt, orange et une couleur à base de verre transparent ambré.
La plupart des tesselles sont de forme carrée, voire rectangulaire, tandis que celles employées pour réaliser les pupilles ou les perles des bijoux sont de forme ronde. Le chromatisme de la mosaïque de cet édifice est vif en couleur, notamment sur le panneau impérial de Théodora et sa suite.
La scène se découpe sur un fond or dégradé en vert vers le bas, créant ainsi une ambiguïté concernant les éléments architecturaux sur la partie centrale et latérale droite du panneau. Les volumes semblent aplatis contre ce fond, supprimant ainsi toute tridimensionnalité.
Seule la fontaine sur la gauche tente de créer une superposition de plans. Les figures ne possèdent pas d’ombre portée au sol, mais tout de même les plis des vêtements exaltent certains effets de lumière sur certaines parties. Cet effet de lumière est notamment réalisé par les tesselles de verre qui se dégradent en quelques tons sur les visages et les vêtements.

Le cadre réalisé pour le panneau impérial ressemble à celui réalisé à l’église Saint-Demetrius à Nikopolis, au VIIe siècle. Un bord noir et blanc vient encadrer un décor de perles et pirouettes tandis qu’un bord blanc vient contenir la scène en question.
A San Vitale, un bord noir et blanc vient décorer le bas du cadre, puis suit un encadrement fait de gemmes et de perles ainsi qu’un autre cadre de couleur noire. Ensuite, des colonnes décorées de gemmes et de perles surmontées d’un chapiteau probablement Corinthien soutiennent une architrave décorée d’oves et de fers de lances dans la scène-même.
Le rideau déplacé par le prélat pourrait faire référence au Temple voilé qui permet dans les documents juifs d’accéder au Saint des Saints et le tissu représenté sur la mosaïque est réalisé tels les vêtements des dames de cours. Ce voile dans l’Antiquité sert dans les temples, d’après Pausanias, auteur du IIe siècle, dans sa Descriptio Graeciae, vol. V, 12,4, à cacher la statue de la divinité.
Tandis que le récit du Pentateuque, de tradition juive et comportant les cinq premiers livres de la Bible, différencie 3 types de voiles :
Le premier est celui qui marque l’entrée de la Cour.
Le second, à l’entrée de la Tente : Est le voile de l’êlâm dans le temple de Salomon.
Enfin le troisième est celui qui sépare du reste de la Tente la partie la plus sacrée du Sanctuaire, le « Saint des Saints ».

Mais ces rideaux, d’après cette tradition, sont attachés en leur centre et se trouvent dans les Synagogues pour représenter cet édifice-même.
Le tissu employé pour le rideau de San Vitale est comparable aux rideaux qui se trouvent entre les ouvertures du palais de Théodoric, à Sant-Apollinaire in Nuovo à Ravenne, dont la mosaïque a été réalisée au Ve et le VIe siècle, mais les rideaux ne sont pas accrochés sur les côtés, sauf sur l’entrée principale du palais.
Ces rideaux qui s’ouvrent sur le côté pour permettre le passage ou la sortie d’un temple ou d’un palais, se retrouvent sur la mosaïque de Santa Maria Maggiore à Rome, réalisée au Ve siècle, sur la scène de l’Annonce faite à Marie.
Une fontaine constituée d’un bassin sur une colonne cannelée se trouve devant l’entrée. Cet élément fait référence au bassin où les âmes viennent s’abreuver, mais sur le panneau de Théodora, aucune colombe n’est présente.
Ce type de fontaine se retrouve dans le Mausolée de Galla Placidia, se trouvant aussi à Ravenne et réalisé vers le tout début du Ve siècle, et représente le lieu de purification de l’âme avant son passage dans l’au-delà.
Cet élément architectural est donc employé afin de focaliser l’attention sur le personnage principal, tels les canons byzantins, et ce motif a été aussi employé dans le monde tardo-antique et souvent il est complété par une tête d’aigle tenant une rangée de perles dans son bec, comme dans les figures apostoliques du Mausolée de Galla Placidia, dans les stucs du Baptistère des Ortodoxes, à Saint- Apollinaire in Nuovo et à Saint-Apollinaire in Classis, mais aussi sur des sarcophages, sur l’ambon de Salonique et sur le diptyque de l’impératrice Ariane, réalisé au début du VIe siècle et conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne et au Bargello de Florence.
Cette utilisation de niche à forme de coquille ou velarium se retrouve sur la mosaïque de Poséidon et Amphitrite à Herculanum, réalisé avant 79 et permet de concentrer l’attention sur les dieux qui s’y trouvent en-dessous.
Plusieurs bijoux viennent enrichir les figures, tels que des colliers et un diadème richement décoré qui ont été faits par des ateliers de Constantinople. D’après Pline L’Ancien, auteur du Ier siècle, dans son Histoire Naturelle au livre XXXVII, chapitre 16, les Romains considèrent les perles comme étant les joyaux les plus précieux.
Ensuite, vient l’émeraude et d’autres pierres vertes. Ces deux sortes de pierres sont très estimées à la cour Byzantine car elles expriment la richesse et la splendeur.
Parmi ces parures portées par Théodora et les dames de cour il faut noter un collier qui rappelle un collier se trouvant à l’Antikenmuseum de Berlin et qui lui ressemble beaucoup dans les perles tombantes ainsi que dans les pierres ornant la plaque métallique. Ce collier vient d’après Brown, du grand trésor de Tomet, près d’Assiout dans la Haute Égypte datant du IIIe au VIIe siècle, dont la majeure partie appartient au VIe et au VIIe siècle. Un deuxième collier est porté par l’impératrice et il semble que ce soit un autre bijou de ce trésor découvert en 1909 ou un autre similaire, dont le collier d’émeraude se trouve aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art. Pour finir avec les bijoux, les boucles d’oreilles de Théodora et des dames de cour sont toutes semblables et il semble que ce soient les bijoux réalisés à la manière du trésor de Carthage du British Museum de Londres et datent d’environ 400.

Pour conclure, l’art de la mosaïque est employé différemment durant la période Byzantine. Non seulement cette technique va être employée sur les murs, comme dans les nymphées de l’Antiquité, mais avant tout elle a une fonction architectonique qui enlève à la structure naturelle sa plasticité, et la change en une vision transcendantale. Cette vision a été notamment réalisée à travers l’emploi des tesselles vitrifiées qui permettent de jouer avec la lumière et crée ainsi un thème symbolique dans le cas de San Vitale, mais aussi sur les autres édifices Byzantins, dès le IVe siècle. Les panneaux impériaux, réalisés sous Justinien, sont les seuls à représenter des personnes terrestres dans toute la conception du décor de cette église et à travers l’iconographie, surtout du panneau de l’impératrice Théodora, il est possible d’y voir un rituel eucharistique auquel le couple participe en apportant d’un côté une patène et de l’autre un calice décoré de gemmes. Mais sur le panneau de l’impératrice plusieurs éléments dégagent un deuxième sens, tel que la représentation du passage de Théodora dans le monde des morts, qui permet de comprendre pour quelle raison elle est représentée sur la mosaïque, étant décédée la même année, en 548...
(J'ai eu il y plusieurs années l'immense plaisir de visiter cette basilique de Ravenne, j'en suis sortie émerveillée.)




Basilique Saint-Vital (Ravenne) — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Saint-Vital_(Ravenne)
Image illustrative de l'article Basilique Saint-Vital (Ravenne) ... et terminée en 548 par le vingt-septième évêque de Ravenne, Maximien, pendant la ... dans l'église des Saints-Serge-et-Bacchus, mise en chantier dans les mêmes années, qui …

Le panneau impérial de Théodora à San Vitale - ArteHistoire
artehistoire.over-blog.com/.../le-panneau-imperial-de-theodora-a-san-vit...
18 juin 2015 - En Italie, après la chute de Rome, la ville de Ravenne devint la capitale de l'Empire ... musivi », La Basilica di San Vitale a Ravenna, Patrizia Angiolini Martinelli (dir.) ..... sur la mosaïque, étant décédée la même année, en 548.
Les arts au moyen âge: en ce qui concerne principalement ...
https://books.google.fr/books?id=tuRYAAAAYAAJ
Alexandre Du Sommerard, ‎Edmond Du Sommerard - 1841 - ‎Art, Medieval
ceux de Ravenne 1 ), exemple remarquable de la puissance d'art qui tent-ils à ... de mosaïques avec celles de Saint-Vital, authentifiées par Procope, tradition qui ... l'année suivante, mais encore accompagné de l'archevêque saint Maximien ; et ... la mosaïque de l'autel de Sainte-Marie ad Prœsepe dela basilique Vaticane, ...

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