mercredi 18 novembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 553

7 NOVEMBRE 2015

Cette page concerne l'année 553 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES MALHEURS DE L'ITALIE DEVANT L’APPÉTIT DE L'EMPIRE ROMAIN D'ORIENT

Pendant la période allant de 535 à 553, Les guerres entre l'empire Romain d'Orient et le royaume Ostrogoth vont ravager la Péninsule Italienne.

Depuis 535 l'empereur Byzantin Justinien Ier cherche à reconquérir l'Italie. Son général Bélisaire vient de prend Ravenne, la capitale des Ostrogoths en 540 et s'empare de Vitigès leur souverain.

Le casus belli est offert à Justinien (selon un schéma déjà utilisé contre les Vandales de Gélimer en Afrique) par l’exil puis l’assassinat en 535 d’Amalasonte, fille et héritière de Théodoric, dont les ambassadeurs ont signé un pacte avec Justinien selon lequel les troupes impériales peuvent utiliser les ports Siciliens du royaume contre les Vandales.
Le chef militaire Byzantin chargé de diriger les opérations est Bélisaire, tout auréolé de son succès contre les Vandales. Avec des troupes peu nombreuses au départ, ainsi que des contingents de Vandales intégrés à son armée, Bélisaire conquiert rapidement la Sicile et après la prise de Palerme, débarque dans la péninsule Italienne pour s'emparer, fin 536, du Rhegium (Reggio di Calabria) et de Naples. En décembre 536, il est déjà devant Rome, contraignant à la fuite le nouveau roi des Goths Vitigès, qui s'est emparé du pouvoir par l'assassinat du meurtrier d'Amalasonte, Théodat...

Totila est le prince Ostrogoth qui est élu roi en remplacement de Vitigès. Doué d'indéniables qualités militaires il est victorieux à Faenza puis reprend aux Byzantins la Toscane, l'Ombrie et l'Italie du sud (prise de Naples en 543).
Ces succès s'expliquent aussi par un choix politique habile... Totila en effet se présente comme le défenseur de l'Italie et de la Romanité face à l'« étranger » Grec et son imposante fiscalité.


L’année suivante, Bélisaire, n’ayant pas suffisamment de troupes pour affronter l’ennemi en terrain découvert, se réfugie dans Rome et défend la cité au cours du long siège que les Goths entreprennent (de janvier 537 à mars 538), siège qu’il entrecoupe de quelques incursions en dehors des murailles de la ville (comme lors de la bataille de la porte Pinciana). L’absence en Italie de Bélisaire et les dissensions entre les généraux Byzantins permettent aux Goths de réorganiser leurs forces dans le nord de la péninsule, forts de leur succès à Milan.
Par ailleurs, Procope souligne que Bélisaire s’est contenté de la prise de Ravenne en estimant qu’aucun danger ne peut venir d'au-delà du Pô.

Il se trompe : en 541, les Ostrogoths acclament Badùila (passé dans les chroniques comme Totila, l’Immortel), chef de la garnison de Trévise, comme leur nouveau chef après que celui-ci ait assassiné son prédécesseur, coupable d’avoir négocié avec l’empereur.

Totila tire tout de suite les leçons des erreurs commises par Vitigès : Il évite de s’épuiser en d’incessants sièges où les Byzantins peuvent avoir l’avantage et profite de sa supériorité numérique en contraignant Bélisaire à l’affronter en venant par la mer.
Il comprend aussi que la guerre ne peut pas être gagnée sans le soutien des Italiens, majoritairement favorables aux Byzantins.
Comme il ne parvient pas à gagner le soutien des propriétaires terriens et des patriciens (tous, peu ou prou, fidèles à l’empereur), il cherche à obtenir celui de la population rurale en mettant en place une réforme agraire de type égalitaire.

Il cherche aussi à se concilier les Catholiques et rencontre, selon Grégoire le Grand, Benoît de Nursie, l'abbé du Mont-Cassin, qui lui dit :
« Tu fais beaucoup de mal, tu as fait beaucoup de mal. Cesse enfin de te montrer aussi cruel ».

De plus il esquisse une « révolution sociale » en libérant les esclaves présents sur les grands domaines.
Totila assiège la ville de Rome en 544 et, après un siège de 2 ans, s'empare de la ville en 546. Il tente alors d'entamer des négociations avec Justinien et essaye de rallier les sénateurs Romains à sa politique. C'est un échec et Totila abandonnant Rome, vide la ville de tous ses habitants... Bélisaire reprend alors la ville mais est bientôt rappelé à Constantinople. Totila profite du départ du plus célèbre général Byzantin de l'époque et reprend l'offensive. Rome est reprise en 552.

Peu après (549), Totila arme une flotte qu'il place sous la direction d'Indulf, un déserteur Byzantin, et s'empare de la Corse, de la Sardaigne (549), d'une partie de la Sicile (550) et de la Dalmatie ; Corfou et l'Épire sont elles-mêmes menacées en 551.

Pour Justinien c'en est trop. Il envoie en Italie son général Narsès avec une armée composée en grande partie de contingents de mercenaires « Barbares » (Huns, Gépides, Lombards,Hérules...).
Une bataille décisive a lieu à Taginae (Gualdo Tadino dans l'Apennin près d'Urbino en Ombrie) en 552.

Du point de vue militaire, il s’engage avec succès dans une campagne contre les Byzantins et reconquiert toute l’Italie Septentrionale, descendant le long de la via Flaminia (laissant aux mains des Grecs quelques forteresses comme Spolète et Pérouse), évitant Rome, attaquant et prenant Naples (543).
Il ne faut donc pas s’étonner si Totila, roi d’un peuple arien, décidé et cruel ennemi des propriétaires terriens (entre autres les ecclésiastiques), est décrit sous des couleurs sombres par les membres de l’Église en Italie, y compris lorsque Justinien a brutalement remplacé (et fait assassiner, comme l’insinue perfidement Procope) le Saint-Père Silvère par le bien plus « doux » pape Vigile :

SOLDAT OSTROGOTH
Le pape Grégoire Ier présente Totila comme un Antéchrist et Saint Benoît qui, selon la légende, a reçu à Monte-Cassino la visite du roi Goth peu de temps avant la prise de Naples, lui prédit la conquête de Rome suivie de sa chute s’il ne revient pas sur ses « propositions criminelles » (parmi lesquelles, peut-être, la réforme agraire).

Compte tenu de la situation désespérée, Bélisaire est rappelé en Italie en 544 et essaie en 545 (la deuxième fois depuis le début de la guerre) de défendre Rome contre Totila qui y installe un siège après la prise d’Assise et de Spolète. Rome est conquise le 17 décembre 546 par les Goths dont les offres de paix, transmises par l’intermédiaire du prélat Pélage (futur pape Pélage Ier), sont refusées par Justinien qui leur répond de « traiter directement avec Bélisaire », en enjoignant de ne pas porter préjudice à la beauté de Rome...

Totila, magnanime, épargne la ville et s’en retire momentanément. Ceci lui coûte encore une fois un siège (le troisième) à Rome et sa prise par Bélisaire en 547 qui envoie les clés de la ville à Constantinople.
Justinien, jaloux et effrayé par les succès de Bélisaire (d’après les écrits de l’historien Procope, secrétaire du général), se fait prier pour envoyer des renforts supplémentaires. Bélisaire cherche alors l’appui de l’impératrice Théodora en se servant de sa femme Antonina, une de ses proches.

C'est une cuisante défaite pour les Ostrogoths et Totila est blessé mortellement après la bataille par un jeune Gépide nommé Asbad.
Même s'ils résistent encore 3 ans sous la direction d'un nouveau chef, Theia ou Teias, la mort de Totila marque le début de la fin de la domination des Ostrogoths en Italie.

Naesès rassemble une armée importante sans témoigner beaucoup de scrupules pour enrôler dans ses troupes (en se montrant généreux) des barbares Slaves, des Lombards et des Francs, avec lesquels il se dirige directement vers Rome. Comme il ne peut traverser la Via Flaminia à Fano, à cause de la forteresse de la gorge du Furlo, il prend probablement la route de Sassoferrato et Fabriano, et vainc Totila à la bataille de Taginae (Gualdo Tadino), bataille dite des Busta Gallorum...

TOTILA
Totila, blessé, réussit à les faire fuir mais meurt peu de temps après à un endroit appelé Caprae, correspondant à l’actuelle frazione de Caprara (où est situé un « tombeau de Totila »).
Après ce combat décisif, Narsès contraint les Goths à la reddition en occupant encore Rome.

C'est ici que Procope place son fameux commentaire qui voit dans la victoire Byzantine un malheur pour les habitants de Rome.
En effet, les barbares enrôlés dans les troupes de Narsès se sont livrées au saccage de la ville (au point de « violer les femmes dans les églises »), tant et si bien que le général s’est hâté de les renvoyer dans leurs foyers (en particulier les Lombards : Paolo Diacono, Lombard, a évité dans son Historia Langobardorum de parler de cet épisode).

Lors de la bataille suivante, la Bataille du Mont Lactarius, Narsès a raison de Teias (successeur de Totila) et de ce qui reste de l’armée des Goths en Italie. Teias est ainsi le dernier des rois goths.

Une partie des Ostrogoths survivants a quitté l'Italie.

SOLDAT OSTROGOTH
Au Moyen Âge et jusqu'au XVIIIe siècle au moins, les habitants du canton d'Uri en Suisse, et particulièrement ceux de la vallée d'Urseren, se disent descendre des Ostrogoths contraints de quitter l'Italie dans les années 550, lorsque leur royaume est définitivement détruit par Narsès.

La Pragmatique Sanction de 554 remet tous les territoires de l’Italie sous la législation de l’Empire Byzantin et redonne aux propriétaires terriens les terres qui ont été aliénées par l’« immonde » Totila en faveur des paysans. Ceci aggrave par la suite les conditions déjà précaires des Italiens. En 555, les dernières troupes Gothiques capitulent dans la forteresse de Conza, au nord-est de Salerne. Au Moyen Âge, Totila rejoint la liste des nefandissimi, monstrueux ennemis de l'Église, qui avec Alaric et Attila doivent devenir des symboles d'adversité et des figures littéraires et artistiques.
Comme conséquence de la guerre, des privations et des taxes, une terrible épidémie de peste s’abat sur l’Italie de 559 à 562.

La reconquête Italienne est éphémère pour les Byzantins. Selon les écrits de Paul Diacre, les dissensions entre Narsès et le nouvel empereur Justin II (ou plus exactement, comme l’indique Paul Diacre avec ironie, les insultes continuelles de l’impératrice Sophie) poussent le général à appeler en Italie le roi des Lombards Alboïn. Selon des recherches historiques récentes, il s'agit peut-être d'une exagération : La présence de Lombards commandés par Alduin (le père d’Alboïn) est déjà attestée par Procope à la bataille de Taginae.

BATAILLE DU MONT LACTARIUS
Selon la tradition rapportée par Paul Diacre, le jour de Pâques 568 Alboïn entre en Italie. Les Byzantins sont contraints de se retirer face à l’avance des Lombards, si bien qu’en 571, l’exarchat de Ravenne ne contrôle plus en tout et pour tout que quelques centres côtiers. La brève domination Byzantine a été particulièrement dure, d’une part par la levée de taxes exorbitantes aux Italiens, et d’autre part parce que les violences qui ont suivi le conflit ont prélevé des caisses de l’Empire Romain d’Orient des fonds qui ont été plus utiles pour contrer les menaces apparues alors à l’Est.

Les conséquences de la guerre se feront sentir sur l’Italie pendant très longtemps après la fin de la guerre. La population, pour ne pas être impliquée, a abandonné les villes pour se réfugier dans les campagnes, rompant ainsi d’un coup le processus d’agrégation et d’urbanisation.
Même si les chiffres rapportés par Procope sont probablement exagérés, on peut estimer qu’à peu près la moitié de la population d’Italie a été décimée lors des batailles ou des sièges, par les famines et par la peste. Les détails, relatés par Procope, des souffrances subies par la population de Milan durant le siège de 539 sont particulièrement horribles. On ne pourra parler d’un renouveau de l’Italie qu’avec la naissance des « communes », au cœur du Moyen-Âge.

D’autre part, la différence entre les domaines Lombards en pleine terre, typiquement organisés en duchés (Cividale, Vérone, Pavie, Milan, Spolète, Bénévent), et les domaines Byzantins sur la côte (Venise, Naples, Ravenne, la Pentapole Byzantine) initie le processus de fragmentation politique qui sera la caractéristique de l’Italie au cours des mille ans qui suivent.

La plupart des informations aujourd’hui disponibles sur la guerre des Goths ont été transmises par Procope de Césarée, le secrétaire de Bélisaire, qui les relate dans quatre des 8 livres composant son Histoire de la guerre.
Procope a participé directement aux premières phases des opérations, en particulier durant le premier siège de Rome (537-538). Mais Procope n’était pas un ami de Justinien et pour cette raison, selon certains historiens, ses affirmations et ses commentaires sont à prendre avec réserve.
Un témoignage important est fourni par l’ouvrage « De origine actibusque Getarum », de l’historien Jordanès, lequel, Goth d’origine, donne une vision complémentaire de celle de Procope.


Guerre des Goths (535-553) — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Goths_(535-553)
Guerre entre Ostrogoths et Byzantins ... 1.1 Débarquement de Bélisaire en Italie et conquête de Rome; 1.2 Chute de Milan et ... contraignant à la fuite le nouveau roi des Goths Vitigès, qui s'est emparé du ... L'année suivante, Bélisaire, n'ayant pas suffisamment de troupes pour .... Teias est ainsi le dernier des rois goths.

Éphémérides universelles, ou tableau religieux, politique, ...
https://books.google.fr/books?id=HTLrjlSB1EEC
A.V. Arnauld, ‎Monnais - 1834
Ce signe, à . l'époque de l'année , où le plaçaient les anciens , correspondait probablement à l'état de l'air ... Ier octobre 553. Mort de Teïa, dernier roi des Ostrogoth.s. La domination des Ostrogoths en Italie durait depuis soixante ans : il y en avait ... Après que Totila eut été défait à Tagina par Narsès, en 552, Teïa, vaillant ...

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