7
NOVEMBRE 2015
Cette
page concerne l'année 553 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LES
MALHEURS DE L'ITALIE DEVANT L’APPÉTIT DE L'EMPIRE ROMAIN D'ORIENT
Pendant
la période allant de 535 à 553, Les guerres entre l'empire Romain
d'Orient et le royaume Ostrogoth vont ravager la Péninsule
Italienne.
Depuis 535 l'empereur
Byzantin Justinien Ier cherche à reconquérir
l'Italie. Son général Bélisaire vient de prend Ravenne,
la capitale des Ostrogoths en 540 et s'empare de Vitigès leur
souverain.
Le casus
belli est offert à Justinien (selon un schéma déjà utilisé
contre les Vandales de Gélimer en Afrique) par l’exil
puis l’assassinat en 535 d’Amalasonte, fille et héritière de
Théodoric, dont les ambassadeurs ont signé un pacte avec Justinien
selon lequel les troupes impériales peuvent utiliser les ports
Siciliens du royaume contre les Vandales.
Le
chef militaire Byzantin chargé de diriger les opérations
est Bélisaire, tout auréolé de son succès contre les
Vandales. Avec des troupes peu nombreuses au départ, ainsi que des
contingents de Vandales intégrés à son armée, Bélisaire
conquiert rapidement la Sicile et après la prise de Palerme,
débarque dans la péninsule Italienne pour s'emparer, fin 536,
du Rhegium (Reggio di Calabria) et de Naples. En décembre 536,
il est déjà devant Rome, contraignant à la fuite le nouveau
roi des Goths Vitigès, qui s'est emparé du pouvoir par
l'assassinat du meurtrier d'Amalasonte, Théodat...
Totila
est le prince Ostrogoth qui est élu roi en remplacement de Vitigès.
Doué d'indéniables qualités militaires il est victorieux
à Faenza puis reprend aux Byzantins la Toscane,
l'Ombrie et l'Italie du sud (prise de Naples en 543).
Ces
succès s'expliquent aussi par un choix politique habile... Totila en
effet se présente comme le défenseur de l'Italie et de la Romanité
face à l'« étranger » Grec et son imposante fiscalité.
L’année
suivante, Bélisaire, n’ayant pas suffisamment de troupes pour
affronter l’ennemi en terrain découvert, se réfugie dans Rome et
défend la cité au cours du long siège que les Goths entreprennent
(de janvier 537 à mars 538), siège qu’il
entrecoupe de quelques incursions en dehors des murailles de la ville
(comme lors de la bataille de la porte Pinciana). L’absence en
Italie de Bélisaire et les dissensions entre les généraux
Byzantins permettent aux Goths de réorganiser leurs forces dans le
nord de la péninsule, forts de leur succès à Milan.
Par
ailleurs, Procope souligne que Bélisaire s’est contenté
de la prise de Ravenne en estimant qu’aucun danger ne peut venir
d'au-delà du Pô.
Il
se trompe : en 541, les Ostrogoths acclament Badùila (passé
dans les chroniques comme Totila, l’Immortel), chef de la garnison
de Trévise, comme leur nouveau chef après que celui-ci ait
assassiné son prédécesseur, coupable d’avoir négocié avec
l’empereur.
Totila
tire tout de suite les leçons des erreurs commises par Vitigès :
Il évite de s’épuiser en d’incessants sièges où les Byzantins
peuvent avoir l’avantage et profite de sa supériorité numérique
en contraignant Bélisaire à l’affronter en venant par la mer.
Il
comprend aussi que la guerre ne peut pas être gagnée sans le
soutien des Italiens, majoritairement favorables aux Byzantins.
Comme
il ne parvient pas à gagner le soutien des propriétaires terriens
et des patriciens (tous, peu ou prou, fidèles à l’empereur), il
cherche à obtenir celui de la population rurale en mettant en place
une réforme agraire de type égalitaire.
Il
cherche aussi à se concilier les Catholiques et rencontre,
selon Grégoire le Grand, Benoît de Nursie, l'abbé
du Mont-Cassin, qui lui dit :
« Tu
fais beaucoup de mal, tu as fait beaucoup de mal. Cesse enfin de te
montrer aussi cruel ».
De
plus il esquisse une « révolution sociale » en libérant
les esclaves présents sur les grands domaines.
Totila
assiège la ville de Rome en 544 et, après un
siège de 2 ans, s'empare de la ville en 546. Il tente alors
d'entamer des négociations avec Justinien et essaye de rallier les
sénateurs Romains à sa politique. C'est un échec et Totila
abandonnant Rome, vide la ville de tous ses habitants... Bélisaire
reprend alors la ville mais est bientôt rappelé à Constantinople.
Totila profite du départ du plus célèbre général Byzantin de
l'époque et reprend l'offensive. Rome est reprise en 552.
Peu
après (549), Totila arme une flotte qu'il place sous la direction
d'Indulf, un déserteur Byzantin, et s'empare de la Corse, de
la Sardaigne (549), d'une partie de la Sicile (550)
et de la Dalmatie ; Corfou et l'Épire sont
elles-mêmes menacées en 551.
Pour
Justinien c'en est trop. Il envoie en Italie son général Narsès avec
une armée composée en grande partie de contingents de mercenaires
« Barbares » (Huns, Gépides, Lombards,Hérules...).
Une bataille
décisive a lieu à Taginae (Gualdo Tadino dans
l'Apennin près d'Urbino en Ombrie) en 552.
Du
point de vue militaire, il s’engage avec succès dans une campagne
contre les Byzantins et reconquiert toute l’Italie Septentrionale,
descendant le long de la via Flaminia (laissant aux mains
des Grecs quelques forteresses comme Spolète et Pérouse), évitant
Rome, attaquant et prenant Naples (543).
Il
ne faut donc pas s’étonner si Totila, roi d’un peuple arien,
décidé et cruel ennemi des propriétaires terriens (entre autres
les ecclésiastiques), est décrit sous des couleurs sombres par les
membres de l’Église en Italie, y compris lorsque Justinien a
brutalement remplacé (et fait assassiner, comme l’insinue
perfidement Procope) le Saint-Père Silvère par le bien
plus « doux » pape Vigile :
SOLDAT OSTROGOTH |
Le
pape Grégoire Ier présente Totila comme un
Antéchrist et Saint Benoît qui, selon la légende, a reçu
à Monte-Cassino la visite du roi Goth peu de temps avant
la prise de Naples, lui prédit la conquête de Rome suivie de sa
chute s’il ne revient pas sur ses « propositions
criminelles » (parmi lesquelles, peut-être, la réforme
agraire).
Compte
tenu de la situation désespérée, Bélisaire est rappelé en Italie
en 544 et essaie en 545 (la deuxième fois depuis le début de la
guerre) de défendre Rome contre Totila qui y installe un siège
après la prise d’Assise et de Spolète. Rome est conquise le 17
décembre 546 par les Goths dont les offres de paix, transmises par
l’intermédiaire du prélat Pélage (futur
pape Pélage Ier), sont refusées par Justinien qui leur
répond de « traiter directement avec Bélisaire », en
enjoignant de ne pas porter préjudice à la beauté de Rome...
Totila,
magnanime, épargne la ville et s’en retire momentanément. Ceci
lui coûte encore une fois un siège (le troisième) à Rome et sa
prise par Bélisaire en 547 qui envoie les clés de la ville à
Constantinople.
Justinien,
jaloux et effrayé par les succès de Bélisaire (d’après les
écrits de l’historien Procope, secrétaire du général), se fait
prier pour envoyer des renforts supplémentaires. Bélisaire cherche
alors l’appui de l’impératrice Théodora en se servant de
sa femme Antonina, une de ses proches.
C'est
une cuisante défaite pour les Ostrogoths et Totila est blessé
mortellement après la bataille par un jeune Gépide nommé Asbad.
Même
s'ils résistent encore 3 ans sous la direction d'un nouveau chef,
Theia ou Teias, la mort de Totila marque le début de la fin de la
domination des Ostrogoths en Italie.
Naesès
rassemble une armée importante sans témoigner beaucoup de scrupules
pour enrôler dans ses troupes (en se montrant généreux) des
barbares Slaves, des Lombards et des Francs, avec lesquels il se
dirige directement vers Rome. Comme il ne peut traverser la Via
Flaminia à Fano, à cause de la forteresse de la gorge du
Furlo, il prend probablement la route de Sassoferrato et Fabriano,
et vainc Totila à la bataille de Taginae (Gualdo Tadino),
bataille dite des Busta Gallorum...
TOTILA |
Totila,
blessé, réussit à les faire fuir mais meurt peu de temps après à
un endroit appelé Caprae, correspondant à l’actuelle frazione de
Caprara (où est situé un « tombeau de Totila »).
Après
ce combat décisif, Narsès contraint les Goths à la reddition en
occupant encore Rome.
C'est
ici que Procope place son fameux commentaire qui voit dans la
victoire Byzantine un malheur pour les habitants de Rome.
En
effet, les barbares enrôlés dans les troupes de Narsès se sont
livrées au saccage de la ville (au point de « violer les
femmes dans les églises »), tant et si bien que le général
s’est hâté de les renvoyer dans leurs foyers (en particulier les
Lombards : Paolo Diacono, Lombard, a évité dans son Historia
Langobardorum de parler de cet épisode).
Lors
de la bataille suivante, la Bataille du Mont Lactarius, Narsès
a raison de Teias (successeur de Totila) et de ce qui reste
de l’armée des Goths en Italie. Teias est ainsi le dernier des
rois goths.
Une
partie des Ostrogoths survivants a quitté l'Italie.
SOLDAT OSTROGOTH |
Au Moyen
Âge et jusqu'au XVIIIe siècle au moins, les habitants
du canton d'Uri en Suisse, et particulièrement ceux
de la vallée d'Urseren, se disent descendre des Ostrogoths
contraints de quitter l'Italie dans les années 550, lorsque
leur royaume est définitivement détruit par Narsès.
La Pragmatique
Sanction de 554 remet tous les territoires de l’Italie sous la
législation de l’Empire Byzantin et redonne aux propriétaires
terriens les terres qui ont été aliénées par l’« immonde »
Totila en faveur des paysans. Ceci aggrave par la suite les
conditions déjà précaires des Italiens. En 555, les dernières
troupes Gothiques capitulent dans la forteresse de Conza, au nord-est
de Salerne. Au Moyen Âge, Totila rejoint la liste
des nefandissimi, monstrueux ennemis de l'Église, qui avec
Alaric et Attila doivent devenir des symboles d'adversité et des
figures littéraires et artistiques.
Comme
conséquence de la guerre, des privations et des taxes, une terrible
épidémie de peste s’abat sur l’Italie de 559 à 562.
La
reconquête Italienne est éphémère pour les Byzantins. Selon les
écrits de Paul Diacre, les dissensions entre Narsès et le nouvel
empereur Justin II (ou plus exactement, comme l’indique
Paul Diacre avec ironie, les insultes continuelles de l’impératrice
Sophie) poussent le général à appeler en Italie le roi des
Lombards Alboïn. Selon des recherches historiques récentes, il
s'agit peut-être d'une exagération : La présence de Lombards
commandés par Alduin (le père d’Alboïn) est déjà
attestée par Procope à la bataille de Taginae.
BATAILLE DU MONT LACTARIUS |
Selon
la tradition rapportée par Paul Diacre, le jour de Pâques 568
Alboïn entre en Italie. Les Byzantins sont contraints de se retirer
face à l’avance des Lombards, si bien qu’en 571, l’exarchat de
Ravenne ne contrôle plus en tout et pour tout que quelques
centres côtiers. La brève domination Byzantine a été
particulièrement dure, d’une part par la levée de taxes
exorbitantes aux Italiens, et d’autre part parce que les violences
qui ont suivi le conflit ont prélevé des caisses de l’Empire
Romain d’Orient des fonds qui ont été plus utiles pour contrer
les menaces apparues alors à l’Est.
Les
conséquences de la guerre se feront sentir sur l’Italie pendant
très longtemps après la fin de la guerre. La population, pour ne
pas être impliquée, a abandonné les villes pour se réfugier dans
les campagnes, rompant ainsi d’un coup le processus d’agrégation
et d’urbanisation.
Même
si les chiffres rapportés par Procope sont probablement exagérés,
on peut estimer qu’à peu près la moitié de la population
d’Italie a été décimée lors des batailles ou des sièges, par
les famines et par la peste. Les détails, relatés par Procope, des
souffrances subies par la population de Milan durant le siège de 539
sont particulièrement horribles. On ne pourra parler d’un
renouveau de l’Italie qu’avec la naissance des « communes »,
au cœur du Moyen-Âge.
D’autre
part, la différence entre les domaines Lombards en pleine terre,
typiquement organisés en duchés (Cividale, Vérone, Pavie, Milan,
Spolète, Bénévent), et les domaines Byzantins sur la côte
(Venise, Naples, Ravenne, la Pentapole Byzantine) initie le
processus de fragmentation politique qui sera la caractéristique de
l’Italie au cours des mille ans qui suivent.
La
plupart des informations aujourd’hui disponibles sur la guerre des
Goths ont été transmises par Procope de Césarée, le
secrétaire de Bélisaire, qui les relate dans quatre des 8 livres
composant son Histoire de la guerre.
Procope
a participé directement aux premières phases des opérations, en
particulier durant le premier siège de Rome (537-538). Mais Procope
n’était pas un ami de Justinien et pour cette raison, selon
certains historiens, ses affirmations et ses commentaires sont à
prendre avec réserve.
Un
témoignage important est fourni par l’ouvrage « De origine
actibusque Getarum », de l’historien Jordanès, lequel,
Goth d’origine, donne une vision complémentaire de celle de
Procope.
Guerre
des Goths (535-553) — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Goths_(535-553)
Guerre
entre Ostrogoths et Byzantins ... 1.1 Débarquement de Bélisaire en
Italie et conquête de Rome; 1.2 Chute de Milan et ... contraignant à
la fuite le nouveau roi des Goths Vitigès, qui s'est emparé du ...
L'année suivante, Bélisaire, n'ayant pas suffisamment de troupes
pour .... Teias est ainsi le dernier des rois goths.
Éphémérides
universelles, ou tableau religieux, politique, ...
https://books.google.fr/books?id=HTLrjlSB1EEC
A.V.
Arnauld, Monnais - 1834
Ce
signe, à . l'époque de l'année , où le plaçaient les anciens ,
correspondait probablement à l'état de l'air ... Ier octobre 553.
Mort de Teïa, dernier roi des Ostrogoth.s. La domination des
Ostrogoths en Italie durait depuis soixante ans : il y en avait ...
Après que Totila eut été défait à Tagina par Narsès, en 552,
Teïa, vaillant ...
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