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CONVERSION ET RÈGNE D'ÆTHELBERHT...
Æthelberht
(vers 560 ? – 616) est roi de Kent de 580 ou 590 jusqu’à sa
mort. Il est le premier souverain Anglo-Saxon à se convertir au
christianisme. Il est le fils d’Eormenric, à qui il succède comme
roi selon la Chronique Anglo-Saxonne, épousant probablement avant
son avènement, une princesse Mérovingienne, Berthe, fille du roi de
Paris Caribert, il s’allie ainsi au plus puissant royaume d’Europe
Occidentale.
Æthelberht
lui-même semble avoir dominé l’Angleterre en son temps :
Bède le Vénérable le mentionne comme le 3e roi à exercer
l’imperium sur les autres royaumes
Anglo-Saxons, et la Chronique Anglo-Saxonne lui attribue le titre de
bretwalda, ou « souverain de Bretagne ».
C’est
peut-être l’influence de Berthe qui incite le pape Grégoire Ier à
envoyer le moine Augustin évangéliser la Grande-Bretagne. Augustin
arrive dans le Kent en 597 à la tête de la mission Grégorienne.
Peu de temps après, Æthelberht reçoit le baptême, des églises
sont fondées et les conversions massives au christianisme commencent
dans son royaume.
Æthelberht
pourvoit la nouvelle église de terres à Cantorbéry, où est fondée
la future abbaye Saint-Augustin.
Æthelberht
a laissé un code de lois qui constitue le plus ancien document
législatif écrit dans une langue Germanique connu. Sous son règne,
le Kent est un pays prospère, commerçant intensivement avec le
continent et recommençant à battre monnaie, pour la première fois
depuis l’invasion Anglo-Saxonne.
Æthelberht
a été canonisé pour son rôle dans la propagation du christianisme
parmi les Anglo-Saxons.
Au
Ve siècle, les raids des peuples continentaux sur l’île de
Bretagne évoluent pour devenir de véritables migrations. Les
nouveaux arrivants, qui comptent des Angles, des Saxons, des Jutes et
des Frisons, entre autres, s’emparent de terres dans le sud et
l’est de l’Angleterre, mais à la fin du Ve siècle, la
victoire Bretonne au mont Badon interrompt la progression
Anglo-Saxonne pendant une cinquantaine d’années.
Cependant,
au début des années 550, les Bretons recommencent à perdre du
terrain, et les envahisseurs semblent avoir pris le contrôle de tout
le sud de l’Angleterre en l’espace d’un quart de siècle.
La
conquête du Kent est apparemment antérieure à la bataille du mont
Badon. Des preuves archéologiques comme littéraires montrent que le
Kent a d’abord été colonisé par les Jutes, venus du sud de la
péninsule du Jutland. D’après la légende, les frères Hengist et
Horsa ont débarqué en 449 comme mercenaires au service du roi
Breton Vortigern. Ils se sont révoltés pour une question de solde
impayée, et après la mort de Horsa au combat, Hengist a fondé le
royaume de Kent.
Certains
historiens considèrent aujourd’hui ce récit comme purement
légendaire, bien que l’histoire d’une révolte de mercenaires
semble plausible, et que la date de la fondation du royaume de Kent
soit située vers le milieu du Ve siècle, ce qui correspond à
la légende.
À
cette date, les Romains n’ont quitté le sol de l’île que depuis
quelques décennies à peine, ce qui suggère que la civilisation
Romaine s’est peut-être mieux perpétuée dans le Kent que dans le
reste de l’Angleterre.
Il
est possible que les invasions Anglo-Saxonnes aient impliqué une
coordination militaire entre les différents groupes d’envahisseurs,
avec un chef disposant d’une certaine autorité sur l’ensemble
des Anglo-Saxons : Le mystérieux Ælle de Sussex a pu être un
tel chef. La naissance des nouveaux royaumes est suivie des premiers
conflits entre eux, et la domination d’un royaume sur un autre peut
se traduire sous la forme d’un tribut. Un royaume faible peut aussi
demander la protection d’un voisin plus fort contre un tiers
belliqueux. Pour toutes ces raisons, l’hégémonie est une
caractéristique centrale de la politique Anglo-Saxonne, avant même
l’époque d’Æthelberht et jusqu’au IXe siècle.
Une
source importante pour cette période de l’histoire du Kent est
l’Histoire ecclésiastique du peuple Anglais, écrite en 731 par
Bède le Vénérable, un moine bénédictin de Northumbrie.
Son
sujet est en premier lieu la christianisation de l’Angleterre, mais
il offre également des informations sur l’histoire séculière, et
Æthelberht, en tant que premier roi Anglo-Saxon converti,
l’intéresse tout particulièrement. Un des correspondants de Bède
est Albinus, abbé du monastère Saint-Pierre et Saint-Paul de
Cantorbéry. Une autre source importante est la Chronique
Anglo-Saxonne, une collection d’annales assemblée vers 890 dans le
royaume de Wessex, qui mentionne plusieurs événements survenus sous
le règne d’Æthelberht.
Le
Kent est également évoqué par des sources extérieures. C'est le
cas de l’Histoire des Francs, écrite à la fin du VIe siècle
par Grégoire de Tours, qui est ainsi la plus ancienne source connue
mentionnant un royaume Anglo-Saxon. Il subsiste également
quelques-unes des lettres du pape Grégoire le Grand concernant la
mission d’Augustin dans le Kent. Elles permettent d’élaborer des
hypothèses sur la situation du Kent à l’époque et sur les
relations entretenues par ce royaume avec ses voisins.
Enfin,
il existe également des listes de rois de Kent et des chartes. Ces
dernières sont des documents rédigés pour enregistrer les
donations faites par les rois à leurs fidèles ou à l’Église, et
représentent une des sources les plus anciennes en Angleterre. Aucun
original d’une charte du règne d’Æthelberht ne subsiste, mais
des copies ultérieures existent. Le code de lois d’Æthelberht
nous est également parvenu dans une copie du XIIe siècle.
Selon
Bède, Æthelberht est un descendant direct d’Hengist. Il donne la
généalogie suivante : « Ethelbert est le fils
d’Irminric, fils d’Octa, et d’après son grand-père Oeric,
surnommé Oisc, les rois du peuple de Kent sont connus sous le nom
d’Oiscings.
Le
père d’Oeric est Hengist. » Une autre forme de cette
généalogie, qui se trouve entre autres dans l’Historia
Brittonum, inverse les positions d’Octa et d’Oisc dans la
lignée. Le premier de ces rois qui peut être considéré comme
historique est vraisemblablement le père d’Æthelberht, dont le
nom s’écrit habituellement Eormenric. La seule référence directe
à Eormenric se trouve dans les généalogies des rois de Kent, mais
Grégoire de Tours indique que le père d’Æthelberht est roi de
Kent, sans toutefois donner de date.
Ce
nom d’Eormenric montre une parenté avec le royaume Franc, de
l’autre côté de la Manche : La racine Eormen est rare dans
les noms de l’aristocratie Anglo-Saxonne, mais elle est plus
fréquente parmi les nobles Francs.
Un
autre membre de la famille d’Æthelberht est connu : Sa sœur,
Ricula, est citée par Bède et par la Chronique anglo-saxonne comme
la mère de Sæberht, roi des Saxons de l’Est, royaume voisin du
Kent.
La
date de naissance d’Æthelberht et celle de son avènement sont
toujours sujettes à débat. Bède, le premier à donner des dates,
tire probablement ses informations de sa correspondance avec Albinus.
Il indique qu’à sa mort, en 616, Æthelberht règne depuis 56 ans,
ce qui situe son avènement en 560.
Bède
dit aussi qu’Æthelberht est mort 21 ans après son baptême,
événement qui aurait donc eu lieu en 595. Or, on sait que la
mission d’Augustin de Canterbury est arrivée dans le Kent en 597
et, selon Bède, la conversion d’Æthelberht est due à cette
mission.
Par
conséquent, les dates que donne Bède ne sont pas cohérentes. La
Chronique Anglo-Saxonne, une source importante pour les dates les
plus reculées, ne s’accorde pas avec les dates de Bède, et ses
différentes versions ne s’accordent pas non plus entre elles. En
assemblant les différentes dates de la Chronique, il apparaît
qu’Æthelberht a régné soit de 560 à 616, soit de 565 à 618,
mais les sources ultérieures ont pu mélanger les 2 traditions.
Dans
son Historia Francorum, Grégoire de Tours
écrit que Berthe, fille du roi Franc Caribert, a épousé le fils du
roi de Kent, Bède indique qu’Æthelberht a reçu Berthe « de
ses parents ». Les dates traditionnelles du règne d’Æthelberht
impliqueent que le mariage a eu lieu soit avant 560, soit avant 565,
et si l’on interprète Bède littéralement, les noces ont
nécessairement eu lieu avant la mort de Caribert, en 567.
Il
est possible qu’Æthelberht se soit converti avant la venue
d’Augustin. La femme d’Æthelberht est chrétienne, et un évêque
Franc l’assiste à la cour, de sorte qu’Æthelberht doit
connaître quelque chose du christianisme avant l’arrivée de la
mission. Il est aussi possible que la date de mort donnée par Bède
soit fausse : Si Æthelberht est mort en 618, la date devient
cohérente avec le baptême en 597, ce qui s’accorde avec la
tradition selon laquelle c’est Augustin qui a baptisé le roi
l’année même de son arrivée.
La
durée particulièrement longue du règne d’Æthelberht est
également considérée avec méfiance par les historiens. Certains
ont suggéré qu’il soit mort en fait dans sa 56e année et non au
bout de 56 ans de règne. Cela place donc sa naissance vers 560 (le
manuscrit F de la Chronique Anglo-Saxonne, rédigé au XIe siècle,
la place en 552), et il n’a pas pu se marier avant le milieu des
années 570.
Selon
Grégoire de Tours, Caribert est déjà roi au moment de son mariage
avec Ingeberge, la mère de Berthe, ce qui implique que cette
dernière n’a pas pu naître avant 561. Il est de ce fait peu
probable que Berthe ait été mariée avant 580. Ces dates plus
tardives permettent de résoudre un autre problème de datation :
Æthelburg, fille d’Æthelberht, semble être aussi la fille de
Berthe, mais la date supposée de sa naissance donne pour Berthe un
âge de 60 ans à sa naissance.
Toutefois,
Grégoire de Tours pense également qu’Ingeberge avait 70 ans en
589, ce qui implique qu’elle serait âgée de 40 ans au moment de
son mariage. C’est possible, mais peu probable, d’autant plus que
Caribert semble avoir eu une préférence pour les jeunes femmes,
toujours selon Grégoire. D’autre part, ce dernier qualifie
simplement Æthelberht d’« homme de Kent » au moment de
son mariage avec Berthe, et dans le passage de 589 où il relate la
mort de la reine Ingeberge, qu’il rédige vers 590-591, il
mentionne Æthelberht comme le fils du roi de Kent. Si cela ne
reflète pas simplement l’ignorance de Grégoire à propos de la
situation du Kent, chose peu probable en raison des liens entre le
Kent et les Francs, cela pourrait impliquer que le règne
d’Æthelberht n’a pas débuté avant 589.
Il
est impossible de concilier toutes ces contradictions. Les dates les
plus probables que l’on puisse déduire de ces données situent la
naissance d’Æthelberht vers 560, son mariage avec Berthe vers 580
et son avènement vers 589 ou 590.
L’histoire
tardive du Kent met clairement en évidence un système de royauté
conjointe, où le royaume est partagé entre Kent Oriental et Kent
Occidental, bien qu’il semble y avoir généralement un roi
dominant l’autre. L’existence de ce système est moins certaine
aux débuts du royaume : Les chartes qui présentent Æthelberht
régnant conjointement avec son fils Eadbald sont en réalité des
faux. Néanmoins, il est possible qu’Æthelberht ait été roi du
Kent Oriental et Eadbald roi du Kent Occidental : Le souverain
dominant semble avoir été le plus souvent celui du Kent Oriental.
Qu’Eadbald
ait régné conjointement ou non avec Æthelberht, il ne fait aucun
doute que l’autorité de ce dernier s’exerce sur tout le royaume.
La
division en 2 royaumes date vraisemblablement du VIe siècle :
Il est possible que le Kent Oriental ait conquis le Kent Occidental
et préservé les institutions du royaume vaincu sous la forme d’un
sous-royaume. Ce schéma est fréquent dans l’Angleterre
Anglo-Saxonne, lorsque les royaumes les plus puissants absorbent les
plus faibles.
Le
Kent présente une particularité : Seuls les fils de rois
peuvent légitimement prétendre au trône, ce qui n’empêche
toutefois pas les luttes de succession.
Les
principales villes du royaume sont Rochester dans le Kent Occidental,
et Cantorbéry dans le Kent Oriental. Bède ne précise pas si
Æthelberht possède un palais à Cantorbéry, mais il se réfère à
cette ville comme « métropole » d’Æthelberht, et il
est clair que cette ville est le centre du pouvoir.
Les
principales villes du royaume sont Rochester dans le Kent Occidental,
et Cantorbéry dans le Kent Oriental.
De
nombreux indices témoignent de relations étroites entre le Kent et
les Francs. Le mariage d’Æthelberht a certainement noué un lien
entre les deux cours, mais elles ne sont pas sur le même plan :
Les Francs considèrent Æthelberht comme un roi mineur. Aucun
document n’indique qu’Æthelberht ait reconnu la suzeraineté
d’un roi du continent, et les historiens sont divisés quant à la
nature réelle des relations entre les deux royaumes. Une lettre
écrite par le pape Grégore le Grand à Thierry II (ou Théodoric),
roi de Bourgogne, et à Thibert II (ou Théodebert), roi d’Austrasie,
semble témoigner d’une suzeraineté Franque explicite sur le Kent.
Cette
lettre concerne la mission d’Augustin dans le Kent, et Grégoire
dit qu’il croit « que vous souhaitez que vos sujets à tous
égards soient convertis à la foi dans laquelle, vous, vos rois et
vos seigneurs, vivez ». Toutefois, il s’agit cependant
peut-être plus d’une flatterie que d’une description précise
des relations entre ces royaumes.
Il
est également possible que Luidhard, le chapelain de Berthe, soit le
représentant de l’Église Franque dans le Kent.
Le
désir des Francs de se rapprocher de la cour de Kent est peut-être
lié au fait qu’un roi Franc, Chilpéric Ier, est dit avoir soumis,
au milieu du VIe siècle, un peuple connu sous le nom
d’Euthiones. Si, comme leur nom semble l’illustrer, ces Euthiones
sont une branche continentale des envahisseurs Jutes du Kent, il est
possible que le mariage ait été conclu dans le but d’unifier
politiquement les deux branches du même peuple. Par ailleurs,
Æthelberht n’est pas encore roi au moment de son mariage avec
Berthe : Il est possible que cette union lui ait apporté le
soutien des Francs et ait facilité son accession au trône.
Indépendamment
des liens politiques entre Æthelberht et les Francs, de nombreux
éléments témoignent de relations étroites entre les 2 rives de la
Manche. Il existe un commerce de produits de luxe entre le Kent et
les Francs, et les sépultures du Kent ont livré des vêtements, des
récipients et des armes qui reflètent l’influence culturelle des
Francs. Elles révèlent une plus grande gamme de produits importés
que celles des autres régions Anglo-Saxonnes, ce qui n’est guère
surprenant, la situation du royaume lui permettant de commercer plus
facilement avec le continent. En outre, les objets trouvés dans les
tombes sont plus précieux et plus nombreux dans les tombes du Kent,
impliquant une plus grande richesse matérielle, issue du commerce.
L’influence Franque apparaît également dans l’organisation
sociale et agraire du Kent. Les sépultures témoignent encore
d’autres influences culturelles, mais on ne pas peut en déduire
nécessairement qu’il y a des établissements Francs dans le Kent.
Dans
son Histoire ecclésiastique, Bède donne la liste de 7 rois qui,
dit-il, ont exercé un imperium sur les
autres royaume au sud de l’Humber. La traduction habituelle de ce
terme est « hégémonie ». Bède nomme Æthelberht en
troisième place dans cette liste, après Ælle de Sussex et Ceawlin
de Wessex. Le compilateur anonyme de la Chronique Anglo-Saxonne
reprend la liste des 7 rois de Bède et y ajoute le roi Egbert de
Wessex. La Chronique précise également que ces rois portent le
titre de bretwalda, ou « souverain de Bretagne ». La
nature exacte du rôle de bretwalda est encore sujette à débat :
simple terme de poésie élégiaque pour certains, il semble
néanmoins impliquer un rôle concret de domination militaire.
La
Chronique Anglo-Saxonne indique que le bretwalda précédent,
Ceawlin, a affronté Æthelbert en 568.
Le
passage précise qu’Æthelbert a perdu la bataille et qu’il a été
repoussé vers le Kent. La datation des mentions concernant les
Saxons de l’Ouest dans cette partie de la Chronique est sujette à
caution, et des travaux récents préfèrent dater le règne de
Ceawlin des années 581-588, et non 560-592 comme l’indique la
Chronique. La bataille entre les 2 rois s’est déroulée à
Wibbandun, nom que l’on peut traduire par « mont de Wibba »,
mais sa localisation est inconnue.
À
un certain moment, Ceawlin cesse de porter le titre de bretwalda,
peut-être après la bataille de Stoke Lyne, que la Chronique date de
584, 8 ans environ avant qu’il ne soit déposé en 592, toujours
selon la datation peu fiable de la Chronique. Æthelberht est
certainement devenu un souverain puissant vers 601, quand le pape
Grégoire le Grand lui écrit pour lui demander de propager le
christianisme parmi les rois et les peuples qu’il a soumis. Si l’on
accepte une date approximative de 590 pour la bataille de Wibbandun,
alors Æthelberht doit avoir acquis sa position de suzerain au cours
des années 590. Cette datation n’est pas vraiment compatible avec
les dates de 581-588 pour le règne de Ceawlin, mais ces dernières
ne sont qu’une estimation, considérée comme la plus plausible
compte tenu des données disponibles.
Outre
la mention d’Æthelberht dans la liste des bretwaldas de la
Chronique Anglo-Saxonne, d'autres éléments témoignent de son
hégémonie sur plusieurs autres royaumes du sud de l’Angleterre.
En Essex, Æthelberht apparaît capable de faire peser son autorité
peu après 604 : Son interversion favorise la conversion du roi
Sæberht, son neveu, au christianisme. Plus encore, c’est
Æthelberht et non Sæberht qui construit et dote l’église
Saint-Paul de Londres. Bède affirme d’ailleurs explicitement
qu’Æthelberht est le suzerain de Sæberht.
Bède
décrit les relations d’Æthelberht avec le roi d’Est-Anglie
Rædwald dans un passage dont le sens n’est pas totalement clair.
Il semble dire que Rædwald conserve le ducatus,
la direction militaire de son peuple, alors qu’Æthelbert en
détient l'imperium, la domination. Il
semble ainsi que le rôle de bretwalda implique davantage qu’un
simple commandement militaire, puisque Rædwald reste à la tête de
ses troupes.
Rædwald
se convertit au christianisme durant un séjour dans le Kent, mais il
n’abandonne pas ses pratiques païennes. Ces éléments impliquent
que la suzeraineté d’Æthelbert sur l’Est-Anglie est plus faible
que celle qu’il exerce sur l’Essex. Cependant, il est également
possible d’interpréter le passage de Bède d’une autre façon :
« Rædwald, roi des Angles de l’Est, qui du vivant
d’Æthelbert, lui concède même la direction militaire de son
peuple ». Si c’est là ce que veut dire Bède, alors la
domination d’Æthelberht sur l’Est-Anglie est totale.
Rien
ne prouve qu’Æthelberht est suffisamment influent dans les autres
royaumes pour exiger la conversion des autres rois au christianisme,
mais c’est en partie dû au manque de sources : On ne connaît
rien de l’histoire du Sussex, par exemple, pour la plus grande
partie des VIIe et VIIIe siècles.
En
602, Æthelberht est en mesure d’organiser une rencontre dans la
vallée de la Severn, à la frontière nord du Wessex, ce qui indique
peut-être l’extension de son influence à l’ouest. Il ne
subsiste aucune trace d’une domination du Kent sur la Mercie, mais
celle-ci étant indépendante de la Northumbrie, il est plausible
qu’elle se trouve alors sous la suzeraineté du Kent.
Les
Bretons ont été convertis au christianisme pendant l’occupation
Romaine, mais les invasions Anglo-Saxonnes ont séparé l’Église
Bretonne de celle de Rome pendant plusieurs siècles.
Rome
n’a ainsi ni présence ni autorité en Grande-Bretagne, et possède
si peu d’informations sur l’Église Bretonne qu’elle ignore
même que ses rites sont différents du canon.
Toutefois,
Æthelberht doit connaître l’Église Romaine grâce à sa femme
Berthe, qui a amené avec elle l’évêque Liudhard. Æthelberht
fait construire une chapelle pour son épouse.
En
596, le pape Grégoire le Grand envoie en Angleterre Augustin, prieur
du monastère Saint-André à Rome. L’année suivante, un groupe de
40 moines, menés par Augustin, aborde à l’île de Thanet, dans le
Kent. Selon Bède, Æthelberht est tellement méfiant vis-à-vis de
ces nouveaux arrivants qu’il insiste pour les rencontrer à ciel
ouvert, de peur qu’ils pratiquent la sorcellerie. Les moines
impressionnent le roi, mais celui-ci ne se convertit pas tout de
suite. Il accepte que la mission s’installe à Cantorbéry, et les
autorise à prêcher.
On
ne sait pas quand Æthelberht se fait chrétien. Il est possible,
malgré le récit de Bède, qu’il l’ait déjà été avant
l’arrivée de la mission grégorienne. Liudhard et Berthe ont
probablement incité Æthelberht à envisager de se convertir avant
cette date, il est même possible que cela ait été une condition de
son mariage avec Berthe. Toutefois, une conversion sous l’influence
de son épouse a pu être perçue comme une reconnaissance de la
suzeraineté Franque, et il est possible qu’Æthelberht ait préféré
attendre, afin d’affirmer son indépendance vis-à-vis des Francs.
D’un
autre côté, les hésitations d’Augustin (il revient à Rome et
demande à être déchargé de sa mission, ce que le pape refuse)
impliquent peut-être qu’Æthelberht est encore païen à l’arrivée
d’Augustin. Quoi qu’il en soit, Æthelberht s’est converti au
plus tard en 601, date à laquelle Grégoire le Grand lui écrit en
tant que roi chrétien. Selon une ancienne tradition, il se serait
converti le 1er juin de l’année de l’arrivée d’Augustin.
Le
roi d’Essex Sæberht se convertit également au christianisme sous
l’influence d’Æthelberht, mais la mission n’est pas un succès
total. Toute la cour du Kent n’est pas baptisée : Le fils et
héritier d’Æthelberht, Eadbald, est encore païen lorsqu’il
succède à son père
En
Est-Anglie, seul le roi Rædwald se convertit (apparemment lors d’un
séjour à la cour d’Æthelberht), et il maintient un temple païen
aux côtés du nouvel autel chrétien. Augustin ne réussit pas non
plus à rallier le clergé Breton à l'obédience Romaine.
Quelque
temps après l’arrivée de la mission d’Augustin, peut-être en
602 ou en 603, Æthelberht publie un recueil de lois divisé en 90
sections. Ces lois sont l’un des premiers code de lois d’origine
Germanique connus, ainsi que l’un de tout premiers documents
rédigés dans la langue Anglo-Saxonne, car l’alphabétisation
semble être arrivée en Angleterre avec la mission d’Augustin. Le
plus ancien manuscrit connu des lois d’Æthelberht se trouve dans
le Textus Roffensis, un recueil du
XIIe siècle conservé au Medway Studies Center de Strood, dans
le Kent.
Le
code d’Æthelberht fait référence à l’Église dans le premier
item, qui énumère les compensations requises pour les biens d’un
évêque, d’un diacre, d’un prêtre, et ainsi de suite.
Dans
l’ensemble, les lois semblent remarquablement influencées par les
principes chrétiens. Bède affirme qu’elles ont été composées
« selon la manière romaine », mais l’influence Romaine
est peu perceptible. Les sujets abordés se rapprochent de la Loi
salique des Francs, mais le code d’Æthelberht ne semble pas être
directement inspiré d’un modèle antérieur.
Les
lois fixent les sanctions en cas de transgression, à tous les
niveaux de la société. Le roi a un intérêt financier dans
l’application, pour la fraction des amendes qui lui revient, mais
il est aussi responsable de la loi et de l’ordre, d’éviter les
querelles de sang par l’application des lois et des compensations
pour les injures.
Les
lois d’Æthelberht sont reprises par Alfred le Grand pour son
propre code de lois, qui s’inspire de ceux d’Æthelberht, d’Offa
de Mercie et d’Ina de Wessex.
Une
des lois d’Æthelberht semble conserver la trace d’une très
ancienne loi Germanique : La troisième section stipule que « si
le roi boit dans la résidence d’un homme, et que quelqu’un
commet un acte interdit, il devra payer double pénalité ».
Cela se réfère probablement à une ancienne coutume des rois
voyageant dans le pays, reçus et logés par leurs sujets à leur
arrivée.
Les
sections 77 à 81 sont interprétées comme une description de l’état
financier des femmes après leur divorce ou leur séparation. Ces
clauses définissent la manière et la quantité des biens du ménage
que la femme peut conserver selon les circonstances, par exemple si
elle conserve la garde des enfants.
Cependant,
il a été récemment suggéré qu’il faut interpréter ces clauses
plus dans le cas d’une femme devenant veuve que s’étant séparée
ou ayant divorcé.
Faute
de sources, il est difficile de décrire le commerce dans le royaume
de Kent à l’époque d’Æthelberht. On sait que les rois de Kent
contrôlent le commerce à la fin du VIIe siècle, mais on
ignore à partir de quand.
Des
découvertes archéologiques suggèrent que l’influence royale est
antérieure aux premières sources écrites. Il est possible
qu’Æthelberht ait su prendre le contrôle du commerce aux dépens
de l’aristocratie et en ait fait un monopole royal.
Le
commerce avec le continent fournit au Kent un accès aux marchandises
de luxe et lui octroie une position avantagée par rapport aux autres
royaumes Anglo-Saxons, et les revenus du commerce sont très
importants. Les productions du Kent avant 600 comprennent des bols en
verre et aussi des bijoux : Les joailliers du Kent sont très
réputés et ont accès à de l’or avant la fin du VIe siècle.
Des marchandises provenant du Kent ont été découvertes dans des
nécropoles de l’autre côté de la Manche et jusqu’à l’estuaire
de la Loire.
On
ignore ce que les habitants du Kent achètent, mais l’existence
d’un commerce d’esclaves florissant semble plausible. Ces
échanges fructueux sont probablement le fondement de la puissance
d’Æthelberht, mais son hégémonie, à travers les tributs que
doivent lui verser ses vassaux, y contribue probablement également.
Les
premières pièces de monnaies anglaises ont peut-être été
frappées au cours du règne d’Æthelberht : On n’en connaît
aucune qui porte son nom, mais il est très probable que les plus
anciennes remontent à la fin du VIe siècle. Ces premières
pièces sont en or, et ce sont probablement les shillings (scillingas
en vieil anglais) mentionnées dans les lois d’Æthelberht. Ces
pièces sont aussi connues des numismates sous le nom de thrymsas.
LE BAPTÊME D' ÆTHELBERHT |
La
première bataille livrée par Ceawlin en tant que roi est datée de
568 par la Chronique, lorsqu'il affronte Æthelberht de Kent avec
Cutha. L'entrée indique : « Alors Ceawlin et Cutha
affrontent Aethelberht et le repoussent dans le Kent, et ils tuent
deux ealdormen, Oslaf et Cnebba, à Wibbandun ». L'emplacement
de Wibbandum (« mont de Wibba ») n'a pas été
définitivement identifié, on a longtemps pensé qu'il s'agissait de
Wimbledon, une hypothèse désormais considérée comme fausse.
Cette
bataille est particulière, car il s'agit de la première connue
opposant les envahisseurs entre eux : Toutes les batailles
antérieures que recense la Chronique opposent les Anglo-Saxons aux
Bretons.
Il
existe de nombreux exemples de royauté partagée dans l'histoire
Anglo-Saxonne, et la présence de Cutha aux côtés de Ceawlin en est
peut-être un autre. Leurs relations ne sont pas claires, mais il est
possible que Cutha ait lui aussi été roi.
Æthelberht
de Kent — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Æthelberht_de_Kent
Æthelberht
(vers 560 ? – 616) est roi de Kent de 580 ou 590 jusqu'à sa mort.
Il est le premier souverain anglo-saxon à se convertir au
christianisme. Il est le fils ...
Law
of Æthelberht - Wikipedia, the free encyclopedia
https://en.wikipedia.org/wiki/Law_of_Æthelberht
Traduire
cette page
The
Law of Æthelberht is a set of legal provisions written in Old
English, probably dating to the early 7th century. It originates in
the kingdom of Kent, and is the ...
Bertha
and Æthelberht
www.missionstclare.com/english/people/may27b.html
Traduire
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Bertha
and Aethelberht with Augustine. Bertha or Aldeberge (539 – c. 612)
was the Queen of Kent whose influence led to the introduction of
Christianity to ...
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