samedi 14 novembre 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 561


31 OCTOBRE 2015

Cette page concerne l'année 561 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DES ÉMIGRANTS GUERRIERS DANS LE SILLAGE DES GOTHS : LES TAÏFALES

BOUCLIER TAÏFALES
Le peuple « barbare » des Taïfales est un ensemble de tribus probablement Germaniques qui tient une place de second plan dans l'histoire des Grandes Invasions. Nomades et guerriers cavaliers, liés aux Goths, ils ont combattu puis servi les armées Romaines, puis Mérovingiennes. Ils se sont établis en Gaule à partir de la fin du IVe siècle, principalement en Aquitaine et dans le Poitou.

Il va nous faire voyager ce saint-là. Vous êtes prêts ? C'est parti : Ce saint est un ermite du VIe siècle « en recherche », de nos jours on dit instable. C'est Senoch de Tiffauges (+ vers 576 ou 579), un moine-ermite qui vit en Touraine. Mais à cette époque, il porte sa recherche là où le portent ses pas. On le dit Poitevin mais ses aïeux sont originaires d'un pays plus éloigné, de la lointaine Russie. Ses ancêtres sont des « Taïfales ».

Vers le milieu du VIIe siècle, Sénoch (né en 535) fait rebâtir une minuscule
chapelle, et fait naître une communauté monastique d'inspiration martinienne. Pourquoi martinienne, ces ruines seraient un ancien « oratoire » où saint Martin priait, Sénoch y dresse un autel et fait une « ecclesia » (église) qu'Eufronius, évêque de Tours, vient bénir.

De nombreux disciples y viennent, Sénoch y pratique une austérité difficile : Pas plus d'une livre de nourriture par jour, prières et contemplations toute la journée dans une cellule séparée, ce qu'on lui offre est distribué aux pauvres... Quand l'évêque se déplace pour le voir, il l'accueille mais repart dans sa cellule : Il ne participe pas au repas.
Oups ! Pas du meilleur sens diplomatique ce saint. Toujours un peu extrême dans ses
décisions. Il finit même par ne plus sortir de sa cellule et ne reçoit plus que les malades et les plus pauvres.
Grâce à Grégoire qui est donc devenu évêque à son tour, et qui s'entend avec Sénoch car il comprend comment Senoch fonctionne, ce lieu devient une des voies de pèlerinage vers Tours, un relais (pour les malades mais aussi pour l'entretien des
chemins, des ponts)... Il ne faut pas oublier que traverser un cours d'eau signifie
faire confiance au passeur : Si c'est un brigand ou qu'il s'entend avec des
brigands de l'autre côté... On est à sa merci. Mais un pont, on peut
revenir en sens inverse. Donc Sénoch qui est prêtre fait aussi des miracles : Saint Grégoire de Tours (il est saint lui aussi) y assiste tandis que Sénoch est très malade... Il meurt a 40 ans. La fondation du lieu semble subsister quelque temps et son tombeau devient un pèlerinage local (dit Grégoire de Tours).

Les Taïfales drôle de nom, qu'est-ce donc que ce peuple ? Ils ne sont pas Germaniques.
Font-ils partie du peuple des Sarmates ? Ils se retrouvent avec eux en tout cas sur le Danube pour affronter les Goths qui cherchent à soumettre les Sarmates (de l'Oural jusqu'au sud de l'actuelle Russie).

Les Romains des Ve et VIe siècle de notre ère dégagent des stéréotypes semblables pour certains peuples qui frappent à la porte de la civilisation au moment où l’Empire chancelle sur ses fondations. Parmi les Goths qui se promènent le long des limes en provenance de la Germanie Orientale, il y a 2 peuples, les Hérules et les Taïfales. Ces derniers sont venus de Suède pour s'établir à l'embouchure de la Vistule... Au milieu du IIe siècle, ils parviennent, à travers un immense mouvement vers le sud-est, à s'établir entre le Don, la mer Noire et les Carpathes.
En voie de romanisation un siècle plus tard, les Taïfales sont bousculés à leur tour par l'arrivée des Huns qui les chassent vers le cœur de l'Empire Romain. Ils pillent les Balkans, l'Illyrie et le nord de l'Italie. Ammien Marcellin, chroniqueur de ces mouvements de peuples Barbares, donne un récit qui est longtemps le seul témoignages sur les Taïfales :
« Les Taïfales sont un peuple honteux, tellement scandaleux par leur vie obscène faite de libertinage que chez eux les adolescents sont liés à des hommes adultes dans une union d'un genre indicible, cela, pour consumer la fleur de la jeunesse dans les pratiques répugnantes qu'ils ont chez eux. Ajoutons que lorsque l'un d'entre eux, devenu adulte, est capable de capturer seul un sanglier, ou de terrasser un ours énorme, il est libéré de cette union de débauche » (Cité par Bernard Sergent. L'homosexualité initiatique dans l'Europe ancienne, Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1986, p. 150).

C'est cette opinion d'Ammien qui doit condamner, pour les siècles à venir, les mœurs des Taïfales.
Encore, en 1884, le co-fondateur du « matérialisme scientifique », Friederich Engels, les stigmatise. Pour l’orgueil Germanique du XIXe siècle, au moment où la sodomie est en train de devenir chez les autres peuples Européens, le « vice allemand » il y a là exagération : Ammien [Marcellin] ne dit pas la vérité;, il projette d'anciennes calomnies, son assertion est « une généralisation abusive de quelques faits particuliers » ou encore Friederich Engels dans son ouvrage fameux sur L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, assure que :
« dans leurs migrations, notamment vers le Sud-Est, chez les nomades des steppes qui bordent la mer Noire, les Germains se sont profondément dépravés, ils ont pris à ces peuples, en plus de leurs prouesses équestres, leurs vices contre nature, comme l'attestent expressément Ammien pour les Taïfales et Procope pour les Hérules ».

Pour Meier, « l'imputation est contredite par tout ce que nous savons de la chasteté des Allemands ». […] À ces dénégations du XIXe siècle succède au XXe siècle une autre politique, sans doute parce que le respect des documents a crû, et que les parallèles ethnographiques éclairent d'un jour révélateur les textes sur les Taïfales et les Hérules, il est devenu impossible de nier l'archaïsme de l'institution dans ces peuples. Et le résultat est stupéfiant : Les auteurs se taisent purement et simplement sur le problème !... Seule parmi les auteurs Allemands importants de la première moitié du siècle, Lily Weiser a pointé le texte d'Ammien, qu'elle compare au texte de Procope sur les Hérules, et, percevant nettement l'institution, elle rapproche les travaux de Bethe sur la pédérastie Dorienne.
Seul un auteur féminin pouvait-il donc assumer l'idée d'une homosexualité généralisée dans l'ancienne société Germanique ?… Tortueux sont les détours de l'honneur masculin » (B. Sergent. ibid.  pp. 168-169, 170).

Quoi qu’il en soit, nous n’en saurons guère plus au XXe siècle, sinon que, toujours poussés par les Huns qui les talonnent, les Taïfales traversent l'Europe, gravitent autour du royaume Franc et, selon le Cambridge Médiéval History (1913), les derniers éléments de ce peuple « is found in the Poitivin district of Tiffauges, were for long distinctly military colonies whose numbers took the field at the first alarm of war » (J. B. Bury (éd.) The Cambridge Medieval History, t. 2, New York, McMillan & Cie, 1913.
Ce qui laisse croire, en effet, qu'ils ont perdu beaucoup de leur vertu guerrière dans leurs pérégrinations. Pour sa part, Ferdinand Lot (1948) rappelle qu'aux temps Mérovingiens, « à l'ouest du Poitou, les Taïfales subsistent. On les voit, peu après 561, se révolter contre les exactions du duc Austrapius. Ils sont certainement en petit nombre et on n'entend plus, par la suite, parler d'eux.

Un auteur antique date de la fin du IIIe siècle de notre ère : Les premiers faits d'armes qui leur sont attribués remontent à leur participation aux campagnes du roi Goth Cniva sur le bas-Danube, en Dacie et Mésie, autour de l'an 250. Les textes anciens permettent de les situer approximativement sur le rive nord du Danube, des environs de Sirmium jusqu'aux bouches du Danube. Leur appartenance ethnique est incertaine : Politiquement et géographiquement, ils sont initialement proches des Goths, ce qui peut inciter à les affilier aux Germains orientaux, cependant leur non-assimilation à ceux-ci et la fréquence de leurs associations avec les Sarmates peut donner matière à les apparenter plutôt à ces derniers, établis dans la steppe Pontique (sud des actuelles Ukraine et Russie).
CHÂTEAU DE TIFFAUGES (GILLES DE RÉ)

Ils apparaissent en compagnie des Sarmates sur le Danube et on les retrouve affrontant les Goths en 332. Peu après, ils signent un contrat, un fœdus, avec Rome... Aux termes de ce contrat, certains clans sont autorisés à entrer légalement et pacifiquement dans l'Empire Romain, alors menacé de toute part et qui a besoin d'hommes comme mercenaires au service de sa défense.

Petit rappel : Ce peuple Gothique vit au nord de la Mer Noire. Parmi les Goths, il y a ceux à l'Est appelés les Ostrogoths (Ost =Est) et ceux à
l'Ouest, les Wisigoths (wiss = ouest). Comme ils n'arrêtent pas de passer les frontières et de piller, un traité est passé avec l'empereur Aurélien et c'est le suivant Constantin qui leur octroie le statut de fédérés... D'une pierre, deux coups, comme ça ils sont chargés de défendre l'empire sur le bord du Danube, en se mettant d'accord sur de la monnaie en échange...
Toute cette histoire se passe sur un fond de crise économique qui dure près
de 2 siècles, mais dans l'empire Romain, ils ont de quoi manger : Ces ressources attirent prodigieusement, normal ! Mettre des colons dans les zones dépeuplées et s'accorder sur de l'argent pour qu'ils la défendent, ça évite de faire bouger des armées... Manger, ça attire tout le monde, les Huns arrivent par l'Est après avoir
vaincu les Alains (sur la Volga).

On est en 370. Les Ostrogoths filent à l'Ouest, et les Wisigoths sont vaincus en 376 avant que Rome n'ait fourni armes, et, équipement... Ils sont très nombreux... La famine s'invite (ils sont alors en Serbie, et en Bulgarie). Au lieu de traiter les problèmes rapidement, les Romains accumulent les retards : La révolte se forme et ça
se termine à Andrinople...

Des Taïfales alliés à des Goths attaquent pourtant l'empire en 377 : Ils sont battus et les survivants sont installés dans le nord de l'Italie et en Gaule, comme colons-cultivateurs.

Ils font partie aussi des invasions du IVe siècle sur l'empire Gallo-Romain :
Quelques clans Taïfales sont cités comme alliés des Goths (origine
Scandinavie) en 377.

D'autres Taïfales sont mentionnés parmi les tribus qui accompagnent les Huns dans leur invasion de la Thrace, en 378. On retrouve leurs descendants en 451, combattant aux champs Catalauniques aux côtés d'Attila.

D'autres sont avec les Wisigoths, vainqueurs à Andrinople en 378 toujours
(=Edirne en Turquie) du temps de l'empereur romain Valens (c'est un
co-empereur qui soutient l'Arianisme, co-empereur avec son frère Flavinien
et ensuite avec ses neveux, il meurt en 378 à cette fameuse bataille). Cette
défaite sera un coup de tonnerre dans l'empire Romain. Il ne s'agit pas
d'une vraie invasion, mais bien plutôt d'une mutinerie : des fédérés Goths
qui étaient dans l'empire.

Ces clans se mêlent aux Wisogoths qui envahissent la Gaule en 412 et iront jusqu'en
Aquitaine. Sur ce trajet, on les retrouve au nord du Poitou, et dans le
bas-Poitou. Ils donnent probablement le nom de Tiffauges (tiens, tiens...).
Un autre lieu aussi, en Bourgogne : Chaufailles appelée avant Taïfailia. C'était
beau, il y avait de quoi cultiver, hop, ils se sont installés...

L'histoire de ces derniers, peu nombreux, se mêle dès lors à celle des Wisigoths, qu'ils suivent en Gaule, s'établissant en Aquitaine seconde... Peu après, probablement en accord avec Rome, ils s'installent dans le nord du Poitou : Une tribu est cantonnée à Poitiers, une autre s'installe dans le Bas-Poitou, à proximité des villes actuelles de Montaigu et des Herbiers (Vendée), ces Taïfales donnent leur nom au pays de Tiffauges (Vendée) et Tivauche (Côte-d'Or), qui remontent à l'archétype *Taifalicas. De même, le nom étrange de la localité de Taphaleschat (Corrèze), de *Taifalisca (Villa), est peut-être dû à ce peuple, comme ceux de Touffailles et Toufailloux (Aquitaine), voire celui de Chauffailles (Bourgogne).
On peut ajouter à cette liste le nom de Gourfaleur, (Normandie), qui remonte à *Curte Taifalorum devenu *Curte Falorum, puis Corphalour (1056-1066).

L'Histoire des Francs de Grégoire de Tours mentionne encore des Taïfales en Gaule au VIe siècle : Bien que peu nombreux, ils y apparaissent une dernière fois en tant que groupe distinct en l'an 561, soit 150 ans après leur établissement en Gaule.
Les Taïfales peuvent être à l'origine des rochers gravés de Saint-Aubin-de-Baubigné (Deux-Sèvres).n 561.

En Gaule, il ne reste plus que des adversaires de peu d’importance. Les Alains établis sur la Loire ont disparu sans laisser d’autres traces de leur séjour que le nom d’Alain adopté par leurs voisins les Bretons. Ceux-ci paient tribut aux rois Francs depuis le
règne de Clovis. Mais ils sont d’incorrigibles pillards et il faut diriger contre eux maintes expéditions dans la seconde moitié du siècle.
Les Anglo-Saxons établis dans le Bessin demeurent groupés, mais, soumis aux Francs, ils participent à leurs expéditions militaires.

De même, à l’ouest du Poitou, les Taïfales subsistent. On les voit, peu après 561, se révolter contre les exactions du duc Austrapius. Ils sont certainement en petit nombre et on n’entend plus, par la suite, parler d’eux. Ils ont laissé leur nom au pays de Tiffauges.
Par contre, une partie intéressante de la Gaule échappe encore longtemps aux Francs, la Septimanie. Conquise sur les Visigoths en 507, elle est enlevée aux Francs, on l’a vu, grâce aux secours envoyés... Ferdinand Lot – La naissance de la France (1948)

En 531, Childebert peut mettre en fuite le Wisigoth Amalric, qui s’obstine à demeurer au nord des Pyrénées, et l’obliger à se confiner dans l’Espagne, mais il ne
peut conserver la Septimanie. La région demeure sous l’autorité des rois Wisigoths d’Espagne et prend le nom de Gothie, qu’elle conservera pendant 4 ou 5 siècles, bien que le nombre des Goths qui y habitent n'est pas beaucoup plus considérable qu’ailleurs et bien qu’elle ait été enfin reprise par Pépin, Charlemagne et Louis le Pieux

Taifales - Dictionnaires et Encyclopédies sur le Akademik
fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/1601573
Taïfales Le « dragon à la perle », motif des boucliers des Equites Honoriani

Taifali iuniores ... 561 — Cette page concerne l année 561 du calendrier julien.
Le livre au format PDF - Les Classiques des sciences sociales
classiques.uqac.ca/classiques/lot_ferdinand/.../lot_naissance_france.pdf
30 mai 2006 - De même, à l'ouest du Poitou, les Taïfales subsistaient. On les ..... La période de trente ans comprise entre les années 561 et 591 est la.

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