mercredi 28 janvier 2015

EN REMONTANT LE TEMPS...846

 23 JANVIER 2015...

Cette page concerne l'année 846 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol 

LES RAIDS MEURTRIERS DES SARRASINS SUR LES CÔTES.

PÉPIN II
Cette thématique d'une Europe en voie de conquête mine les esprits, donc le dialogue. Le problème, c'est qu'elle est relayée par certains prédicateurs arabes :

Ainsi, Khaled Mashal al-Murabit (du mouvement Hamas) qui, de sa chaire d'une mosquée damascène, déclare : « La nation de l'islam prendra place sur le trône du monde et l'Ouest sera tout remords quand il sera trop tard. Ils pensent que l'histoire s'est terminée avec eux, ils ne savent pas que la Loi d'Allah ne peut pas être modifiée ou remplacée, vous ne devriez pas trouver de substituts à la Loi d'Allah » .

Ou, ici même :
Un Tariq Swaidan (Koweit) qui dans son intervention lors du 26e rassemblement des musulmans de France (organisé par l'UOIF au Bourget en 2009, et auquel participe Tareq Obrou en tant que membre fondateur NDMJ) , cite un hadith qui prédit la conquête de Rome en disant que les musulmans ne doivent pas craindre de le citer, et reçoit de la salle des applaudissements nourris. »
Réponse de Tareq Oubrou :
« Quant à la conquête (fath) évoquée dans le hadith bien précis, il n'est pas dit qu'elle doit être une opération militaire, mais pourrait être une simple présence pacifique, une « présence témoin ».

Aux IXe et Xe siècles, ce sont des raids navals qui sont lancés contre les côtes chrétiennes. Pechina, près d'Almeria, puis Dénia au sud-est de l'Espagne se transforment en bases arrière d'une piraterie de grande envergure et ce sont davantage des navires affrétés par de véritables entrepreneurs corsaires que les flottes de l'émir ou du calife Ommeyade de Cordoue qui créent une insécurité permanente entre le delta du Rhône et le sud de l'Italie.

L'occupation de la Sicile à partir de 827, celle de Malte en 870, enfin celle des Baléares en 902 aggravent encore ce danger alors que la Corse et la Sardaigne se retrouvent dangereusement isolées, leurs populations se voyant contraintes de se replier dans l'intérieur pour y mener une simple vie pastorale.

Le pape Léon III et Charlemagne mesurent le danger mais ne peuvent empêcher les attaques lancées en 812, au large de Naples, contre les îles de Ponza et d'Ischia et le raid de pillage effectué l'année suivante sur la côte de Toscane.

Dès l'an 820, le peuple sarrasin commence la conquête de la Sicile.
Après l'Afrique septentrionale et l'Espagne, l'Italie est une proie bien tentante pour l'islamisme et tout d'abord la grande île du Sud.
En 827, d'après Ibn-el-Athîr, un certain Eufemio, sur la vie duquel les auteurs ne sont pas d'accord, avait appelé les Arabes en Sicile.
Ased débarque à Mazara et commence la conquête de l'île.
En même temps des aventuriers musulmans visitent les côtes de l'Italie méridionale

Ils occupent Brindisi (838), infestent toute l'Adriatique et infligent une terrible défaite aux Vénitiens à Tarente (839)... Ce sont les Napolitains qui les ont appelés contre les ducs de Bénévent... Peu après ces mêmes ducs les appellent, le duc Radalchi, réclame à son tour leur aide : Ils s'emparent de Bari sur son rival Siconoifo qui, de son côté, appelle Apolofar et les Musulmans de Crète... Ainsi, grâce aux dissensions intestines des duchés, les Arabes s'infiltrent dans la Péninsule, leurs barques sillonnent l'Adriatique et la mer Tyrrhénienne.
Les rivalités des ducs chrétiens favorisent par ailleurs la tâche de ceux que les chroniques du temps désignent sous le nom de Saraceni, de Mauri de Fusci, « basanés » ou, tout simplement de Pagani.
Ils peuvent ainsi s'emparer en 840 de Tarente et de l'île de Ponza et établir une base au cap Licosa, près de Salerne.

Survenue en 841, la chute de Bari précède l'attaque lancée en 846 contre Ostie et Rome où sont pillées Saint-Pierre et Saint-Paul-hors-les-Murs et le fait que l'Empereur Louis II chasse la garnison sarrasine de Bénévent l'année suivante ne permet pas de conjurer la menace.

En 842, les forces arabes essaient de capturer Ponza, mais sont repoussées par une flotte combinée de Naples et de Gaeta... Cependant, la même année, ils prennent Messine, en Sicile. Vers la même époque Radelchis I de Bénévent et Siconulf de Salerno, tous deux rivaux, s'engagent dans une guerre civile et enrôlent des mercenaires sarrasins pour se battre en Campanie. Ils pénètrent jusqu'à Subiaco, détruisent le village et le monastère.

En 843 Messine est prise, et en 845 l'armée Byzantine du thème de Kharsianos est anéantie par Abbâs en Sicile, peut-être à Butera : Enhardis par ce succès les Musulmans s'établissent à Ponza (846). Bientôt délogés par les flottes réunies de Naples, Gaëte, Amalfi et Sorrente, ils reviennent en forces et occupèrent Misène, en vue de Gaëte .

Le pape Léon IV restaure les défenses de Rome mais Bari n'est reprise, avec l'aide des Byzantins, qu'en 871, après avoir subi 30 ans de domination musulmane.
C'est le tour de Tarente en 880 et la dernière place sarrasine de la région, celle de Santo Severino proche de Crotone, tombe en 886... Il faut attendre 890 et 916 pour voir reprises les bases musulmanes établies à Agropoli près de Salerne et à l'embouchure du Liri.
Les pirates établis sur la côte Campanienne sont responsables d'un lourd bilan : En 883 ils ont massacré les moines du Mont Cassin et ce n'est qu'au bout d'une quarantaine d'années que des monastères évacués par les moines peuvent être réoccupés en toute sécurité…
Pour le chroniqueur de Farfa, « les Sarrasins vont en razzia de la mer Tyrrhénienne à l'Adriatique et jusqu'au Pô et revenant sans cesse à ces monts de Sabine et de là au fleuve Liri où ils ont leurs navires et par où ils transportent tout dans leur pays. »
La disparition de ces bases d'opérations n'écarte pas totalement le danger puisque Gênes est enlevée par surprise et pillée en 932 et que Saint Nil de Rossano doit quitter la Calabre pour se réfugier au Mont Cassin en 980.
Seule l'intervention des marines Pisane et Normande permet de nettoyer la région de la piraterie sarrasine.

Les premières critiques occidentales de la religion mahométane viennent de
chroniqueurs tels que Bède le vénérable ou Frédégaire qui décrivent les horribles ravages perpétrés par les Sarrasins en Gaule. La « chronique prophétique » dite d’Alphonse III au IXe siècle relate et dénonce l’invasion de l’Espagne, ce qui justifie la Reconquista conçue comme guerre de libération. Un pas de plus est franchi après l’exécution des martyrs de Cordoue au milieu du IXe siècle. Pour avoir porté la contestation sur la légitimité de Mahomet en le qualifiant de faux prophète hérésiarque et libidineux en raison de sa pratique de la polygamie :
La translation des reliques de 3 de ces martyrs au monastère Saint Germain de
Paris sur ordre de Charles le Chauve popularise leur cause, non seulement dans
le peuple chrétien, mais dans les écrits monastiques de Ratbert de Corbie, de
Landelfus Sagax, de Sigebert de Gembloux, ou encore de la chanoinesse de
Gandersheim Roswitha qui développent le thème de la luxure d’un faux prophète prétendant dominer le monde par la violence et prêchant un paradis bassement matérialiste. On retrouve cette thématique dans la « Somme contre les gentils » de Saint Thomas d’Aquin...

Il y a 150 ans environ que Hassan a détruit Carthage. Le tour de Rome semble venu. Déjà les Sarrasins ont paru sur le rivage Romain. Se sentant appuyés par leurs établissements de Sicile et leur poste avancé de Misène, ils se hasardent à tenter l'aventure qui est probablement depuis longtemps leur objectif... Des flots de barques sortent des ports musulmans et font voile vers Ostie.
C'est un de ces moments qu'on décore du qualificatif de « solennels »

Au mois d'août de l'année 846, écrit le contemporain Prudence, évêque de Troyes, les Sarrasins et les Maures (lisez des Arabes et des Berbères) remontent le Tibre et investissent Rome. Ils dévastent la basilique de Saint-Pierre, enlèvent même l'autel qui est placé sur la tombe du prince des apôtres avec tous les ornements et trésors qui s'y trouvent. Puis ils occupent une colline très escarpée à 100 milles environ de Rome. Quelques ducs de l'empereur Lothaire les attaquent sans se garder suffisamment et sont taillés en pièces.
Un parti ennemi qui se présente devant la basilique Saint-Paul est surpris et anéanti par les gens de Campanie.
L'auteur de la Vie de Serge II en sait un peu plus, il nous apprend qu'Adalbert, gouverneur de Corse, envoie à Rome une lettre datée du 10 août dans laquelle il dit que des Sarrasins en grand nombre sont près de Rome, avec 73 vaisseaux qui portent 500 chevaux, et qu'ils déclarent se diriger sur Rome. La plupart des habitants de la Ville ne tiennent aucun compte de cette nouvelle, considérant comme impossible un événement si inattendu, mais les plus prudents envoient quand même des messagers et des lettres aux villes sujettes et dans les environs, pour demander que tout le monde vient en armes garder le littoral, on méprise en général leurs avis, et il n'y a que très peu de cités qui envoient leurs contingents armés... 12 jours se sont à peine écoulés que les musulmans touchent au rivage Romain, à Ostie (Gregoriopolis), et s'emparent de cette cité (le 23 août) malgré les murs dont Grégoire IV l'a récemment entourée.

Leurs éclaireurs et leurs avant-gardes commencent à battre le pays à l'entour et à prendre tout ce qui leur tombe sous la main. Ils vont jusqu'à Porto qu'ils trouvent abandonnée et sans vivres.
A cette nouvelle les Romains prennent conseil, et se décident à envoyer les pèlerins Saxons, Frisons et Francs (scholae Saxonum, Frisonum et Francorum) à Porto, mais aucun des citoyens de la Ville Éternelle ne bouge. Les gens des scholae arrivent le 24 août à Porto que viennent de quitter les musulmans. Ils y veillent toute la nuit et le lendemain, le 25, ils mettent en déroute quelques musulmans qui sont venus faire une razzia. Ceux-ci s'échappent grâce à un pont et à leurs embarcations, ils laissent sur place 12 des leurs. Pendant ce temps
les Romains gardent « infatigablement » les portes de leur cité.

Enfin comme ils ne voient pas revenir ceux sur lesquels ils comptaient pour les aider, et comme il n'y a personne qui puisse venir à leur secours dans une si grande adversité, les Romains confiants dans la protection de Dieu et des apôtres, ils sortent le 25 août avec ceux qui sont venus les joindre et vont à Porto, ils trouvent quelques musulmans : ils en tuent 7, et les autres s'enfuient par le fameux pont... Toute la journée on voit les cavaliers arabes parcourir les abords de la cité et même y pénétrer en essayant d'engager le combat. Lorsque les Romains s'aperçoivent de la multitude des ennemis, ils ont conscience de leur petit nombre, et il leur paraît dangereux de rester là pendant la nuit.
Réunissant donc les Saxons, les Frisons et tous les autres, ils décident que ceux-là garderont la cité et y veilleront. Quant à eux ils rentrent à Rome. C'était vouer ces malheureux pèlerins, qui se battaient pour autrui, à une mort certaine.
Dès le lendemain, 26, les musulmans les surprennent au moment où ils prennent leur repas et les tuent presque tous : Ceux qui peuvent s'enfuir sont poursuivis jusqu'à Ponte di Galera.
Les Musulmans reprennent alors rapidement leur marche sur Rome, les uns gardant la flotte qui remonte le Tibre, les autres à pied sur les bords, d'autres à cheval. Au bout d'une journée ils parviennent, à l'aube, aux Saints Lieux qu'ils ont décidé de « visiter ». Là ils sortent de leurs embarcations, les cavaliers musulmans pénètrent dans la basilique de Saint-Pierre où ils commettent, dit l'historien de Serge II, les plus indicibles horreurs... La cohue des troupes Romaines, assemblées sans chef dans le Campo di Nerone (Prati di Castello), s'avance à la rencontre de ces soldats bien armés...

Ici le manuscrit Farnesianus est mutilé, peut-être à dessein, en tout cas pour le plus grand désagrément du lecteur... Prudence de Troyes heureusement nous permet de compléter la phrase incomplète : Les Romains attaquent les Arabes inconsidérément, conduits par quelques ducs de l'empereur Lothaire, et ils sont taillés en pièces...
Alors commence le pillage de cette partie importante de la Rome chrétienne qui est en dehors de l'enceinte d'Aurélien. La ville murée paraît avoir échappé aux musulmans, si l'on s'en rapporte aux témoignages si succincts
de Prudence et des annalistes de Fulda et de Xanten.
Mais les Arabes massacrent les habitants qu'il trouvent au dehors sans distinction d'âge ni de sexe, et ils emmènent captifs des moines et des religieuses. Ils mettent à sac les basiliques des apôtres Pierre et Paul, et les dévastent complètement. C'est la plus grande insulte qui peut être faite au monde chrétien occidental.

Le moine Benoît de Saint-André au Mont Soracte, qui termine vers 967 une énorme chronique, raconte les choses un peu différemment : Son récit a des allures de légende et contient des inexactitudes. On a voulu pourtant lui attribuer une certaine valeur historique, nous le considérerons seulement comme un écho ancien et intéressant d'une tradition. Il commence par rapporter qu'à la mort de Lothaire, Charles, son fils, lui succède.
Deux inexactitudes: Lothaire ne meurt qu'en 855, et c'est Louis II qui lui succède en Italie. D'ailleurs un peu plus loin il se contredit lui-même en parlant de Louis II dont il fait le fils de Louis le Pieux. Donc à cette époque, selon Benoît, des querelles intestines éclatent à Rome, et il se trouve des « scélérats pour envoyer des messagers au roi de Babylone pour lui conseiller de venir s'emparer du royaume d'Italie ».
Là-dessus les musulmans débarquent à Centumcellce (Civitavecchia) et couvrent le pays « comme une nuée de sauterelles qui s'abat sur un champ »... Nouvelle inexactitude provenant d'une confusion entre la prise d'Ostie en 846 et le pillage de Centocelle en 813.

Les ennemis logent leurs chevaux dans les monastères. La mère de toutes les
églises est insultée et dépouillée de tous ses ornements. Les barbares viennent danser autour de l'autel en frappant des mains.

L'un d'eux saisissant sa lance la plante dans la poitrine d'une image en mosaïque du Seigneur, qui se trouve dans l'abside... La mosaïque n'est pas seulement détériorée, dit Benoît, mais la lance y pénètre, et du sang commence à couler comme s'il s'était agi d'un homme vivant, le miracle est encore visible ajoute le chroniqueur.

Les Musulmans détruisent tous les monastères, toutes les églises et la Cité Léonine (sic), la Toscane est désolée, les cités « gâtées... Les Romains perdent leur pape. Grégoire lui succède (sic) enflammé de l'Esprit Saint... Il réconforte tous les jours les Romains.

On prend conseil sur les moyens de se débarrasser de ces féroces barbares et de sauver l'église Saint-Pierre.
Un messager est envoyé au roi Louis pour lui demander de venir défendre Saint-Pierre et l'empire Romain (romanum regnum).

Que de même que Pépin, Charles et Louis, son père (sic), ont su créer le royaume d'Italie par la victoire, lui le pape le mérite, à son tour, par ses actes... Le roi Louis n'hésite pas plus longtemps, et vient à Rome avec les Francs.
Le pape Grégoire envoie aussi demander au marquis Gui III de Spolète de venir « au secours de la Sainte Église de la cité Romaine pour l'amour de laquelle le Seigneur a versé son sang », et il lui fait faire les plus belles promesses...
(probablement de Grégoire IV célèbre pour avoir fortifié Ostie contre les Sarrasins).
Dans la tradition du Xe siècle on considère sans doute la Cité Léonine comme l'œuvre du pape Léon (III) contemporain de Charlemagne.
Le marquis de Spolète vient en effet avec toutes les forces de la nation Lombarde, entre dans Rome, et commence à livrer combat au pont Saint-Pierre (Pont Saint-Ange) et à la porte de Saxe de la Cité Léonine (sic) où un grand nombre de barbares sont tués, par la « vertu de Saint Pierre ». Et la « gent pestiférée » s'écrie : « C'est parce que nous avons vu le sang du Dieu des chrétiens ! » (sic). Les musulmans et leur chef sont dispersés, leur impétuosité première émoussée. Le roi Louis vient avec son ost jusqu'au Monte Mario où est l'église Saint-Clément Voyant la multitude des ennemis, son « cœur commence à craindre, parce que son cœur n'est pas comme celui de son père (sic).

Les Francs entament l'attaque en sonnant de la trompe, leurs clameurs et leurs trompettes, mais surtout les rumeurs de Rome et les cloches des églises font un bruit de tonnerre.
Les Francs viennent jusqu'à Varcus Militorum . Le roi Louis, sortant du camp non loin de l'arc, lève les bras du côté des Francs pour qu'en le voyant ceux-ci viennent à sa suite. Les musulmans s'excitant entre eux, sortent de la Cité Léonine (sic) et de l'église du prince des apôtres, se précipitent sur les Francs et en tuent un nombre incalculable.

Le marquis Gui de Spolète avec le peuple Romain donne la chasse aux païens. Ceux-ci s'enfuient jusqu'à Civitavecchia. Les musulmans survivants prennent la mer sur leurs vaisseaux avec les dépouilles de la « Sainte Église » Gui de Spolète rentre à Rome avec tous les siens, et le roi Louis avec ceux des Francs qui ont échappé au combat, rentrent à Pavie, et il est spolié du royaume par son neveu Charles le Chauve...

Les attaquants sarrasins semblent avoir connaissance des trésors romains extraordinaires. Certaines basiliques, comme la Basilique de Constantin se trouvent à l'extérieur des murs d'Aurélien : Ce sont donc des cibles faciles. La basilique de Constantin est défendue par une garnison de soldats composée de Francs, de Lombards, de Saxons et de Frisons qui, malgré une résistance acharnée, sont exterminés.
Les basiliques visées sont « remplies à ras bord de riches vases liturgiques et de reliquaires parés de bijoux récemment amassés ».
En conséquence, les envahisseurs pillent les Lieux Saints, y compris la basilique de Constantin. Les historiens contemporains pensent que les voleurs savent exactement où chercher les trésors les plus précieux.

Après s'être retirés de Rome, les Sarrasins, qui ont pillé le Latium, sont défaits par Guy III de Spolète à Centumcellae et Fondi... Lors de la bataille de Gaeta, ils rencontrent des difficultés, mais ils font venir des troupes en renfort, envoyées par Serge Ier duc de Naples, menées par son fils Cesario.
En Novembre, la flotte arabe, au large de la côte du Latium, est lourdement endommagée par une tempête.

Ce récit très postérieur est loin d'être exact. Il contient un grand nombre d'invraisemblances, d'anachronismes, d'erreurs.
C'est une légende que Benoît a recueillie : Il nous l'apprend lui-même implicitement quand il dit que de son temps encore les Romains tournent les Francs en dérision à cause du massacre des gens de Louis II devant Rome.

Liutprand de Crémone, un moine Saxon, qui a eu à sa disposition une Vie de Serge II complète, l'abrège ainsi: « Les Sarrasins, survenant à l'improviste, tuent beaucoup d'hommes, mettent le feu à beaucoup de châteaux et de villes et se retirent chargés d'un énorme butin : Enfin, attaquant le roi, ils le mettent en fuite, et s'en retournent avec quantité de dépouilles et de captifs...

Cet abrégé ne correspond guère à ce que nous apprend le fragment de la Vie de Serge II que nous possédons : Il y manque une chose essentielle, le pillage de Saint-Pierre, le narrateur se contente de faire allusion à des villes nombreuses qui ont été prises. Cela ne va guère en faveur de son exactitude. Et les Sarrasins ont mis en fuite le roi... Mais quel roi ?
Veut-il dire l'empereur Lothaire qui est le 8 juillet à Aix-la-Chapelle, et qui, après le pillage de Saint-Pierre (25 août), décide d'envoyer son fils Louis avec une armée contre les Sarrasins, n'est certainement pas à Rome au moment du pillage de 846.
On peut croire que Liutprand a mal interprété une expression analogue à celle de duces Lotharii (les ducs de Lothaire) dont se sert Prudence pour désigner les adversaires malheureux des Sarrasins devant Rome. Il a alors compris que Lothaire était là. Il a pu aussi vouloir désigner le jeune Louis II par ce mot rex car Louis avait été couronné roi des Lombards par Serge II, le 15 juin 846.

Benoît du Mont-Socrate peut aussi nous le donner à penser. Mais c'est là une bien faible autorité. De plus Benoît fait cesser le règne de Louis II aussitôt après sa défaite devant Rome, et ne parle pas des expéditions postérieures de Louis contre les Sarrasins, enfin son récit est inacceptable au point de vue topographique, puisqu'il y est question de la Cité Léonine qui n'existe pas en 846.
Il y a lieu de croire que Benoît a accueilli une légende ou une tradition dans laquelle 2 faits indépendants ont été réunis, d'une part le pillage de Saint-Pierre et la défaite des duces Lotharii devant Rome, et d'autre part, une expédition malheureuse de Louis II contre les Sarrasins, le tout assaisonné de la haine que les Italiens ont eu pour ce prince qui a passé sa vie à châtier leurs mauvais procédés.

La confusion s'explique d'autant mieux que Louis II est envoyé peu après le pillage de Saint-Pierre par son père Lothaire, en vertu d'une décision communiquée dans une assemblée solennelle. Louis II est considéré, en effet, comme l'heureux défenseur de Rome

En 849, il est constaté la construction d'une nouvelle flotte arabe, qui, à partir de la côte Sarde, décide de frapper à nouveau Rome. À cette occasion, Gaeta, Naples, Amalfi et Sorrente positionnent leurs navires entre Ostie et l'embouchure du Tibre (Bataille d'Ostie).
La flotte est commandée par Cesario et passe à l'attaque lorsque l'ennemi se présente à l'horizon : De nombreux prisonniers sont faits.

Rome fortifie ses défenses après le saccage, la ville n'a depuis, jamais été attaquée par une flotte arabe.
À la demande du Pape Léon IV une enceinte est construite autour de la basilique de Constantin, entre 848 et 852 : La Cité Léonine. Celle-ci constitue la limite territoriale, de l'actuelle Cité du Vatican...

Le poème de la « Destruction de Rome »
la preuve de l'impression produite par cet événement sur l'imagination des contemporains, et surtout sur celle des Francs, qui, on l'a vu, jouent là comme toujours un des rôles principaux dans la lutte contre l'islamisme.

CAMÉE DE LOUIS II
Au XIIIe siècle, à la foire de Lendit qui se donne chaque année dans la plaine de Saint-Denis, des jongleurs débitent des chansons de geste qu'ils appellent la « Destruction de Rome » et « Fierabras »
Le premier titre est bien pompeux pour une chanson qui n'est dans la bouche du jongleur qu'une explication à l'usage des pèlerins venus à Saint-Denis révérer les reliques de la Passion (la couronne d'épines, les clous, le suaire) : Il leur raconte comment les reliques ont été enlevées de Rome par le païen Fierabras : C'est le prélude à l'histoire de leur reprise par Charlemagne et de leur transport à Saint-Denis-en-France. Mais il y a dans ces vers récités par des ignorants, peut-être crédules, des souvenirs très anciens et très précis de la fameuse invasion de 846 dans laquelle a figuré la scholae des pèlerins Francs.


La conquête de Rome par les musulmans | Le Salon Beige
www.lesalonbeige.fr/la-conquete-de-rome-par-les-musulmans/
16 oct. 2009 - Elle est en cours (la photo ci-dessus a été prise à Rome). ... alliance avec Isaac, que Sara t'enfantera à cette époque-ci de l'année prochaine. ... les musulmans::en 846, les pirates sarrasins d'Afrique du nord pillent Rome et ...

L'info par le bout de la lorgnette: La vérité sur les croisades
astuentendu.blogspot.com/2012/08/la-verite-sur-les-croisades.html
9 août 2012 - Quelques années après la mort de Mahomet ( mort en 632 ) commencent les ... De 793 à 813 - Conflits maritimes entre Charlemagne et les Arabes Sarrasins ... En 846 , la ville de Rome est mise à sac par les troupes sarrasines. Elles pillent les environs de Rome, y compris le Vatican, s'en prennent à ... Le poème de la Destruction de Rome et les origines de la ...
www.persee.fr/web/revues/.../mefr_0223-4874_1899_num_19_1_6195
de P Lauer - ‎1899 - ‎Cité 3 fois - ‎Autres articles
Au mois d'août de l'année 846, écrit le contemporain Prudence, éveque de Troyes, les ... L'auteur de la Vie de Serge II en sait un peu plus (2); il nous apprend .... Le pape Grégoire envoya aussi demander au marquis Guido (2) de venir " au ...

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