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JANVIER 2015...
Cette
page concerne l'année 866 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
UNE
ERREUR TACTIQUE DOUBLÉE D'UNE DÉBANDADE INCOMPRÉHENSIBLE...
En
866, le roi breton Salomon s'est allié au Danois Hasting (Hásteinn)
pour une expédition contre l'Anjou, le Maine, et la Touraine. La
ville du Mans est saccagée.
Robert
le Fort, dont le marquisat couvre les régions touchées, parvient à
réunir une armée Franque alors que les Bretons et Scandinaves se
replient avec leur butin. Il a avec lui les comtes Ramnulf Ier de
Poitiers, Gauzfrid du Maine et son fils, Hervé.
Robert
le Fort ne peut empêcher la mise à sac du Mans, mais il connaît le
trajet de retour des Vikings, qui sont obligés de repasser par
Brissarthe, un des rares endroits où il est possible de passer la
rivière... En effet, l'étymologie du mot Brissarthe est passage sur
la Sarthe (Bria = pont)
Les
Vikings sont obligés de se réfugier dans une église, à
Brissarthe, et repoussent un assaut, grâce aux murs de pierre.
Robert
le Fort poste des sentinelles, et pendant qu’une partie de ses
hommes pille les drakkars, il pose ses armes et retire sa broigne...
À la tombée de la nuit, Hasting tente une sortie :
Robert
le Fort, sans protection, est au premier rang des Francs qui, plus
nombreux, les repoussent sans peine... Un coup de hache l’abat...
Le comte de Poitiers est lui aussi grièvement blessé d’une flèche
et meurt au cours du mois d'octobre qui suit...
REGINON DE PRÜM |
«
Les Normands, occupant les rives de la Loire, entreprennent de
nouveau de dépeupler avec cruauté les provinces de Nantes, d’Anjou,
de Poitou et de Touraine.
Robert,
qui tient la Marche, et Ramnulf, duc d’Aquitaine, ayant rassemblé
une multitude d’hommes, leur livrent bataille. Ceux-ci, se sentant
poursuivis par l’armée, cherchent à se retirer en toute hâte
vers leur flotte. Mais, comme ils voient que la multitude, les
poursuivant, approche, sachant que la fuite ne les sauvera pas, ils
pénètrent dans une villa où, dans le peu de temps qu’il reste,
ils se fortifient. Il y a dans cette villa une très grande église
construite en pierres, dans laquelle entre une grande partie des
Normands avec leur chef, Hasting.
ROBERT LE FORT |
Robert
et Ramnulf, avec leurs compagnons, fondent sur eux, massacrant tous
ceux qu’ils trouvent à l’extérieur de l’église. Parvenant
auprès de l’édifice, ils voient que celui-ci est fortifié et
constatent que de nombreux païens se trouve à l’intérieur. Après
une courte délibération, ils plantent leurs tentes tout autour,
afin que le lendemain, après avoir établi des levées de terre et
amené leurs machines, ils réduisent l’ennemi.
Le
soleil est couchant. Robert, indisposé par la chaleur, retire son
casque et sa cuirasse pour se rafraîchir un moment. Comme tous
s’affairent au montage du camp, les Normands sortent soudainement
de leur abri et, avec une clameur immense, se ruent sur Robert et ses
compagnons.
Mais,
bien qu’un événement aussi soudain puisse impressionner jusqu’aux
hommes les plus aguerris, les Francs se saisissent de leurs armes et
se tournent vers les ennemis qu’ils forcent à refluer dans
l’église. Robert, accourant sans casque et sans cuirasse, combat
sans prudence et, poursuivant très en avant l’ennemi, est tué au
seuil de l’église. Les Normands traînent son corps à
l’intérieur.
Peu
après, Ramnulf, observant la scène, est gravement blessé par une
flèche, envoyée par un Normand depuis une fenêtre de la basilique,
emmené par les siens hors de la bataille, il survit à peine 3
jours, Geoffroy est tué, Hervé est blessé. Une aussi
malheureuse infortune met fin au combat. L’armée, ayant perdu ses
chefs et remplie d’une profonde tristesse, lève aussitôt le siège
et retourne chez elle. Les Normands triomphants rejoignent leur
flotte. »
C'en
est fini de la détermination des francs. Sans leurs chefs, ils se
débandent et rentrent chez eux. C'est le triste épilogue de cette
bataille, peu connue, mais qui eut un réel impact sur l'avenir de
notre pays. Le surnom de Le Fort ne sera attribué que par la suite à
Robert, ce qui est le lot habituel des héros, encensés post
mortem...
A
Compiègne, Charles le Chauve, entreprend des négociations avec
Pascweten envoyé par son beau-père, Salomon. Le roi des Francs
reconnaît la souveraineté de Salomon et de son fils Riwallon sur la
Bretagne, et leur concède le Cotentin et l’Avranchin. Hasting
ravage encore plusieurs années la Loire : Bourges en 867,
Orléans en 868, Angers en 872, et Charles le Chauve doit alors faire
appel aux Bretons de Salomon. Pour la dynastie Robertienne naissante
les conséquences faillirent être plus importantes, ses fils Eudes
et Robert sont mis sous la tutelle d'Hugues l'Abbé, qui se voit
attribuer leurs honneurs... Qui faillirent alors passer au lignage
Welf.
HASTING |
En
cette même époque, les riverains de la Seine, de la Loire et de
bien d'autres fleuves, voient passer de drôles de bateaux, peuplés
de drôles de marins, pas très sympathiques, c'est le moins qu'on
puisse dire Quand ils s'arrêtent, ils pillent, violent, torturent et
font passer de vie à trépas bon nombre de ressortissants locaux.
Ces hommes du nord (Normands) deviennent très encombrants.
Depuis
852, Robert est comte d'Anjou et de Touraine. Plus tard il sera
également comte d'Orléans et de Blois. Le roi lui confie
également la charge de protéger une partie de la Neustrie, contre
les Bretons. C'est ce qu'on appelle une Marche, et cela lui octroie
les prérogatives d'un Marquis.
Une autre marche est créée, en Neustrie également mais plus au nord. Elle est confiée à Adalard le Sénéchal. Elle est tournée vers ces hommes du nord, déjà incrustés dans cette contrée à laquelle ils donneront leur nom, la Normandie.
Une autre marche est créée, en Neustrie également mais plus au nord. Elle est confiée à Adalard le Sénéchal. Elle est tournée vers ces hommes du nord, déjà incrustés dans cette contrée à laquelle ils donneront leur nom, la Normandie.
A
la fin de l'été 866, les Normands font alliance avec les Bretons
pour retourner au Mans, dévasté une première fois en 865 et où il
doit bien rester quelques trésors à piller.
Ils
partent de Saint-Florent-le-Vieil, où ils ont une base permanente,
remontent la Sarthe jusqu'à Brissarthe, traversent à gué, et vont
au Mans.
Pourquoi
Brissarthe me direz-vous? Et bien , à cette époque, c'est le seul
endroit où on peut traverser la rivière avec des chevaux, des
chariots et autres objets lourds.
[Bris
veut dire pont, passage ou gué, en gaulois, et il est admis que
c'est l'étymologie du nom de ce village. (briva (= pont) ou variante
bria : Brive, Chabris, Samarobriva (ancien nom d’Amiens),
Briva Isara (ancien nom de Pontoise), Briovera (ancien nom de
Saint-Lô), etc...)]
Notez
bien que ce qui est vrai à l'aller, le sera au retour, et Robert le
Fort a le temps de préparer un accueil musclé pour les compères
pensant, à juste titre qu'ils vont réapparaître dans quelques
jours... Il est flanqué de Rannoux (Ramnulf), comte de Poitiers, et
de Hervé et Geoffroy, des comtes du Maine. Cela fait environ 800
hommes décidés à en découdre avec les Bretons et les Normands.
Histoire
romancée de la bataille de Brissarthe. Mort de Robert le Fort et du
comte Ramnulf de Poitiers.
La branche de coudrier résonne sur le bouclier rond. Sans ménagements, Robert a abattu de nouveau son arme de fortune sur l’umbo central et l’enfant fléchit sur ses jambes. Protégeant sa tête avec le fragile rempart en bois, il tente de cingler les mollets de son frère avec une badine de saule mais ne parvient pas à ses fins.
Eudes se
mord les lèvres pour ne pas demander grâce sous les assauts de son
aîné et recule sous les coups répétés. Âgé de 7 ans, il
possède déjà la rude noblesse de cœur des Robertiens, une famille
Franque des bords de Meuse qui a essaimé ses descendants auprès des
rois Mérovingiens puis Carolingiens, en cette chaude journée de
septembre, les deux enfants suent sous leurs robes serrées à
la taille par une ceinture de cuir.
La
chaleur de fin d’été vient à bout de la vaillance de Robert. Il
pose enfin son bâton et relève Eudes. Robert domine son frère
de toute la hauteur de ses 9 ans. Il le domine et le protége,
conscient de ses devoirs. Il débarrasse les genoux du gamin des
brindilles qui y sont accrochées et passe ses doigts dans
l’abondante chevelure blonde pour la rejeter vers la nuque. Rageur,
le puîné tente de se soustraire à cette tardive sollicitude.
Laisse-moi !
Eudes se
dégage et prend la direction du château, si tant est qu’on puisse
ainsi nommer la motte castrale dans laquelle leur père, le comte
Robert, a pris ses quartiers d’été. On aperçoit, à quelques
lieues, le donjon en bois de la demeure seigneuriale.
Après
quelques minutes et tout en poursuivant leur querelle d’enfants,
Robert et Eudes débouchent auprès d’une haute palissade de pieux
entourée par une fosse profonde. Ils la longent et franchissent la
douve par un escalier en chêne au sommet duquel deux gardes les
saluent. Des bâtiments agricoles et des logis apparaissent. Le
donjon est séparé de ces bâtiments par une autre palissade, un
fossé et un pont levis.
Jamais, les deux gamins ne s’aventurent du côté de la tour, domaine de leur père. Il n’aurait pas toléré leur présence au milieu des rudes guerriers Francs. Les femmes, occupées aux tâches ménagères, à la cuisine ou dans la basse-cour, sont logées à même enseigne.
Près
de la porte de la demeure principale, une forte femme, les mains sur
les hanches, guette leur approche l’air renfrogné. L’escapade
des deux gamins a duré trop longtemps à son goût et elle en a
éprouvé une sourde inquiétude. Par les temps troublés de cette
année 866, de mauvaises rencontres sont à craindre en chemins de
campagne, même aux alentours du castel.
Elle
les accueille sans ménagements et, leur haute lignée ne leur
épargne pas force taloches sur la route du baquet d’eau qui attend
ces seigneuries en sueur,
l’épreuve
du baquet les réconcilie de leurs fraternelles chamailleries et ils
envient, de concert, les garnements du village, parfois frères de
lait, qui ont droit aux taloches mais pas au bain !
Ermengarde
a été leur nourrice puis leur gouvernante et, malgré le nombre de
coups et de frictions qu’elle leur a donnés, ils aiment la matrone
et surtout, ses galettes de sarrasin... Une servante est promptement
envoyée dans les appartements seigneuriaux pour avertir la comtesse
Adélaïde que ses fils sont rentrés. Ce n’est là que mission de
pure forme. La comtesse, une Alsacienne de la lignée des Etichonides
ayant, depuis belle lurette, délégué ses prérogatives maternelles
à Ermengarde...
Cent
ans plus tôt, la ruée des Alamans a été brisée par la violente
résistance de cette famille Franque, rempart des Mérovingiens puis
des Carolingiens aux marches de l’est. Il leur en reste un
caractère ombrageux et farouche ainsi que de nombreux domaines en
bordure du Rhin.
Etrillés
et habillés de propre, Eudes et Robert gagnent la cuisine où
Bereswinde, la cuisinière, leur permet de grappiller quelques
miettes du repas du soir. Il y règne une atmosphère tendue en
raison de la présence au château de Ramnulf, comte de Poitiers et
d’une centaine de ses guerriers. Ces gens là ne se satisferont pas
de quelques galettes et des oies grasses rôtissent sur la braise
ainsi que des jambons et épaules de porcs.
La
soirée sera joyeuse, arrosée de cervoise et d’hypocras. Même si
les Poitevins entendent mal les accents gutturaux de leurs alliés
Germains, l’alcool déliera les langues et les servantes auront de
plus en plus de mal à échapper aux bras robustes des convives.
Bougonne,
Bereswinde chasse les enfants de sa cuisine et revient au chaudron
dans lequel elle a jeté des choux. Elle goûte peu ces ambiances
débraillées au cours desquelles la soldatesque s’intéresse plus
aux poitrines de ses aides, ou aux fesses de ses marmitons, qu’aux
rôts et aux volailles... Demain, la troupe disparate quittera le
château et tout rentrera dans l’ordre... Elle ne se doute pas à
quel point l'ordre des choses sera bouleversé dans cette partie de
la Neustrie, proche des limites orientale de la turbulente Bretagne
et des eaux de la Loire, infestées de Normands.
Adélaïde sait que le comte est entré dans la pièce, d'où elle contemple parfois les basses collines d'Anjou, par les odeurs de sueur qui assaillent ses délicates narines. Son époux, massif et de carrure imposante, la contemple sans aménité depuis le seuil de ses appartements. Il se fait rare auprès d'elle et encore plus rare dans sa couche depuis la naissance de Robert ,comme si les deux fils qu'elle lui a donnés suffisent amplement à combler ses soucis de descendance...
Par
ailleurs, le surcot que la dame a passé au dessus de vêtements, à
peine plus luxueux que ceux de ses servantes, n'avantage guère sa
corpulente silhouette...
Elle
n'en a cure et se satisfait de cette situation, les étreintes du
compagnon de Charles le Chauve ressemblant plus à des
investissements de remparts qu'à des joutes amoureuses.
Son
premier époux, Conrad 1er de Bourgogne, l'a habituée à plus
d'égards. Lorsqu'il est mort, il y a près de 10 ans, la famille
d'Adélaïde a jugé bon de rechercher une alliance avec la famille
des comtes de Hesbaye et de Worms, qui, après avoir servi les rois
Mérovingiens s'est bien implantée dans les cours Carolingiennes.
L'un des ancêtres du comte d'Anjou n'est-il pas Chrodobert,
référendaire de Dagobert 1er ?
Pour
l'heure, les pensées de la comtesse vagabondent en pays Souabe, sur
les bords du fleuve majestueux et au cœur des profondes forêts
Germaniques de son enfance.
Robert
fait trois pas vers son épouse :
-
Mon amie, j'apprécierais que vous fassiez honneur à mes hôtes en
revêtant pour le diner une de ces robes que je vous ai choisies dans
les coffres d'Hasting !
3
mois auparavant, Robert a surpris 8 drakkars embossés dans une
courbe de la Loire. Désertés quelques heures par le gros de la
bande, occupé à piller un monastère voisin, ils ont été aisément
investis, pillés puis incendiés par les Francs... Au milieu des
calices en or et autres objets de culte entassés dans les cales, le
comte a découvert des vêtements de femmes dont les précédentes
propriétaires se passeraient aisément (De là où les vikings les
ont envoyées, dûment violées puis éventrées, elles ne viendront
pas réclamer leurs oripeaux).
La
comtesse a un haut le cœur mais fait signe qu'elle accepte. Les
désirs de Robert ne souffrent jamais le refus, qu'il vienne de sa
femme ou d'une servante à trousser.
Demain,
je partirai à l'aurore avec le comte Ramnulf et tous nos
guerriers. Les Bretons ont passé la Sarthe et sont en route vers la
ville du Mans. J'ai fait projet de donner une leçon à ces porcs !
En
861, Robert a fait soumission à Charles le Chauve en échange du
marquisat de Neustrie. Cette charge implique bien des bénéfices
mais lui donne le devoir de défendre la Francie Occidentale contre
les nombreuses incursions des Bretons et, accessoirement, des
Normands. Le roi des bretons, Salomon, n'a guère de parole... Bien
que le territoire situé entre les rivières Mayenne et Sarthe lui
ait été octroyé, en 863, en gage de paix, il a repris la
mauvaise habitude d'envoyer ses guerriers piller la rive gauche de la
Sarthe. Il n'hésite pas, pour cela, à s'allier avec les Normands,
installés à demeure sur une île de la Loire.
-
A mon retour, soyez prête à rejoindre notre bonne ville de Tours,
nous y prendrons quartier pour l'automne
Abbé
laïque de l'abbaye de Marmoutiers, le comte a coutume d'y passer
quelques jours, en automne, pour en recevoir les bénéfices
Charles le Chauve lui a octroyé les revenus de l'abbaye pour
s'assurer ses services depuis que son fils, le prince Louis le Bègue,
s'est avéré incapable de contenir les ravages des Normands.
Robert
sort de la pièce comme il y est entré... Son odeur subsiste un
instant puis Adélaïde peut respirer un air moins chargé d'effluves
désagréables...
A
moins de cent lieues de la motte castrale de Robert, la horde
sanguinaire des Bretons et des Normands, conduite par Hasting lui
même, longe la rive gauche de la Sarthe, semant la terreur sur son
passage. Les paysans fuient à son approche et vont se réfugier dans
les forêts avoisinantes, avec leurs femmes, leurs enfants et leurs
bêtes. De loin, ils observent cette troupe hétéroclite et
bruyante qui remonte la rivière en direction du Mans.
Déjà,
l'année précédente, une même cohorte est allée piller la
capitale du Maine, brûlant les églises et étripant les
imprudents. Les barbares sont à pied, certains à cheval. Les
drakkars des Normands sont restés en Loire. Partis de la
Batailleuse, une île où ils se sont installées depuis quelques
années, les Normands ont rejoint un groupe de près de 200 Bretons
qui les attend en amont d'Angers. De là, ils ont remonté la Sarthe
jusqu'à un village nommé Briserthe (Brissarthe).
Sur
la rive droite de la rivière ils sont en territoire Breton depuis
que Charles le Chauve, par le traité d'Entrammes, a octroyé le pays
d'entre deux eaux au roi Salomon.
Cependant,
les villages sont déserts lors de leur passage car l'approche de la
horde incite à la prudence... A Briserthe, ils ont traversé la
rivière et désormais sont en Francie Occidentale, le royaume de
Charles le Chauve. Il leur faut près d'une semaine pour rejoindre Le
Mans et en revenir... La nouvelle de ce raid est parvenue à Robert
en une journée grâce à ses guetteurs postés le long de la
rivière. Il résout de leur tendre un piège.
Hasting
chevauche en tête de ses farouches guerriers : Il aime ces
raids sanglants, bien qu'il ne soit pas de la race des Vikings, il a
fini par devenir leur chef en raison de sa bravoure et de son
charisme.
Dans
chaque embouchure de fleuve, dans les îles, en Méditerranée et
jusqu'en Italie, on a subi ses attaques, ses pillages et ses
meurtres.
Les
moines des abbayes proches des côtes ont été obligés d'emmener
les reliques des saints et les objets précieux à l'intérieur des
terres, le plus loin possible de ces rivages visités par les
drakkars, des bateaux dont le faible tirant d'eau permet de remonter
les fleuves.
En
845, les Normands ont saccagé Amboise... Rien ne peut arrêter ces
barbares... Rome n'a du son salut que parce que Hasting a pris Luna
pour la capitale de l'Italie.
Les
faubourgs du Mans apparaissent au détour d'une voie romaine sur
laquelle les roues cerclées de fer des chariots font un bruit
abominable... Une clameur féroce monte des rangs des barbares...
Elle glace le sang des habitants qui n'ont pas encore fui, ils se
ruent vers la ville haute, dans un désordre indescriptible,
piétinant les enfants et abandonnant leurs maigres baluchons...
Le
diable n'est rien en comparaison du démon qui approche.
Les
deux enfants qui voient défiler la troupe guerrière en partance
pour la bataille ne sont pas princes mais, ils seront rois...
Personne n'aurait pu leur prédire cette destinée...
Eudes
refusera un jour de détruire un pont, à Paris, pour permettre à
700 drakkars d'aller piller la Bourgogne, les Grands de Francie
Occidentale l'éliront roi, en 888, en lieu et place de Charles le
Gros, un Carolingien sans âme guerrière.
Robert
portera cette même couronne en 922 après que Charles le Simple, un
autre Carolingien, soit déposé. Il mourra l'année suivante dans
des circonstances mystérieuses. La légende colporte que c'est lors
d'un duel avec Charles le Simple.
Pour
l'heure, le comte Robert, marquis de Neustrie, chevauche à la tête
de ses guerriers Francs en compagnie de Ramnulf. Il a décidé de
gagner rapidement les rives de la Sarthe. Les paysans le regardent
passer et le saluent bas. Les Francs composent l'aristocratie
dominante du royaume et nul ne songe à s'opposer à leur hégémonie.
Ils ont remplacé depuis 4 siècles les soldats Romains,
repartis en Italie sous la poussée des barbares venus du Nord et de
l'Est.
Derrière
lui, la troupe sue sang et eau sous les casques et les grossiers
vêtements de cuir. Les peaux cousues qui servent de chausses
protègent mal des cailloux des mauvais chemins qu'ils empruntent.
Parfois, une voie romaine bien orientée offre ses larges dalles à
leur avance mais, pour rejoindre au plus vite Brissarthe, ils
empruntent le plus court chemin... Car les deux comtes ont fait le
pari que le parti adverse repassera par ce village, là où la Sarthe
moins profonde propose un gué. C'est le seul endroit où des
chariots chargés de butin peuvent traverser.
Inutile
d'épuiser la troupe à une vaine poursuite, les francs fondront sur
les barbares au moment même où ils penseront retrouver la sécurité
du royaume Breton. Au détour d'un dernier tronçon de voie romaine,
les Francs aperçoivent le clocher d'une église. Elle est immense
et, fait encore plus rare, elle est en pierres. Ils traversent la
rivière. Les paysans les accueillent sans animosité car, ils
ne sont devenus Bretons que par la volonté de leur roi, en 863. Ils
apprécient peu leurs nouveaux maîtres. Frustes et avides, ces
derniers leur laissent une part dérisoire des récoltes. Ils
désignent à Robert ceux qui pourraient dénoncer sa présence. Ces
derniers sont promptement occis. Brissarthe est entouré de hautes
collines. Les francs s'installent sur ces promontoires naturels d'où
ils pourront surveiller l'autre rive. Puis, ils attendent.
Robert
le Fort, comme l'appelleront bien plus tard les historiens qui
relateront cette histoire, a disposé ses guerriers sur les flancs
des collines jouxtant le village, dans des chemins creux et derrière
les masures paysannes.
Une
centaine des francs sont restés sur la rive opposée, cachés avec
les mêmes précautions. Il leur est interdit de bivouaquer, de
parler, de faire du feu.
De
loin, Robert peut apercevoir une partie de la voie romaine .
Perpendiculaire à la rive, elle s'enfonce dans les terres entre deux
haies d'aubépine. Les eaux sont très basses, après un mois d'août
frappé par une sévère sécheresse. La voie semble continuer son
chemin sous les eaux, comme si les romains, 4 siècles auparavant,
ont voulu paver la rivière elle même.
Les
Bretons et les Normands ont laissé Le Mans dans un état de chaos
indescriptible.
La
cathédrale... ou tout au moins l'édifice en bois qui en tient lieu
à l'époque, est en feu.
Des
corps gisent dans les ruelles basses et les ruisseaux charrient du
sang.
Traînant
de lourds chariots, attelés de bœufs, les barbares ont repris la
voie qui les a amenés dans la capitale du Maine. Le butin est
important. Des calices et des ostensoirs débordent des coffres de
l'évêque, mêlés à des
bijoux
d'or et d'argent. L'une de ces charrettes emmène des captives
enchaînées.
Ivres
d'hydromel et de vin, les Vikings regardent d'un mauvais œil les
Bretons qui s'approchent trop des richesses pillées. Le partage ne
sera pas aisé entre ces deux partis, aussi différents dans leurs
mœurs qu'ils sont semblables dans la cruauté.
La
meute est talonnée par le comte du Maine, Gauzfrid, arrivé trop
tard dans la ville mais bien décidé à en découdre. Près de 400
guerriers Francs suivent la trace, écumant de rage. Gauzfrid est un
lointain cousin de Robert, de la branche cadette des Robertiens,
animé par le même orgueil et le même courage.
Hasting
presse l'allure pensant mettre la Sarthe entre ses poursuivants et
ses guerriers et organiser sa défense sur la rive droite, en pays
Breton. Parvenu à 2 lieues du « bria », le passage, il
envoie des éclaireurs qui ne voient rien d'anormal. Une lieue
correspondant, à cette époque, à la distance parcourue en une
heure par un homme à pied, ils seront à Brissarthe dans 2 heures.
Robert
et Ramnulf ont entendu la horde des pillards bien avant de
l'apercevoir. Ils revêtent leur broigne, une grossière cuirasse
faite d'anneaux de bronze, cousus sur du cuir, qui descend jusqu'aux
genoux et se porte sur une tunique légère.
En
début de soirée, les premiers bœufs apparaissent en fin de chemin.
Poussant une clameur de joie, les bretons engagent les chariots dans
le gué, piquant les bœufs de leurs épées. Le désordre est grand,
chacun voulant mettre sa carcasse à l'abri des poursuivants. Alors
que le dernier chariot est au milieu de la rivière, les guerriers de
Gauzfrid apparaissent sur la berge, rejoints aussitôt par ceux que
Robert a laissés en place.
Hasting
et ses guerriers achèvent la traversée puis, font face aux
arrivants. Sortis de la rivière ils pensent être en position de
force. Lorsqu'ils entendent les vociférations de la troupe que
Robert a massée dans le village, ils comprennent que le sort bascule
dans le camp des Carolingiens. Ils sont pris entre deux groupes plus
nombreux... Les francs débouchent dans leur dos en poussant des
hurlements de damnés et entrent dans la masse des Bretons et des
Normands. Robert, dont la stature impressionnante domine la scène
de la bataille, exhorte ses soldats de la voix et du geste, taillant
dans la masse à grands coups d'épée. Les barbares refluent,
abandonnant leur butin et leurs captives.
Il
existe, à Brissarthe, une ancienne et vaste villa romaine, dominée
en son centre par une grande église de pierre. On appelait
« villas », à cette époque, des domaines agricoles, de
plusieurs acres, comprenant des maisons d'habitations, des
dépendances agricoles et des terrains cultivés. Robert comprend
trop tard son erreur tactique lorsqu'il voit les survivants des
pillards s'engouffrer dans la grande bâtisse et s'y enfermer.
Hasting est lui même entré dans l'église et, rapidement, ses
hommes se sont barricadés et placés aux hautes et étroites
fenêtres de l'édifice.
La
soirée est bien avancée mais encore très chaude en ce mois de
septembre caniculaire. Les 3 comtes, rejoints bientôt par Hervé, un
autre seigneur du Mans, se concertent. L'église est cernée mais, le
combat sera rude pour investir cette véritable forteresse.
L'approche en est dangereuse car de hautes et étroites fenêtres ont
été prévues, tout autour de la nef, pour défendre l'église...
Ils décident de reporter l'assaut final au lendemain, de laisser
leurs troupes se reposer, la décision est accueillie avec
soulagement par les soldats.
Une
sorte de bivouac s'organise sous les murs de l'église. Certains
restent vigilants, debout près de leurs armes, d'autres se laissent
tomber sur le sol, terrassés par la fatigue du combat... Robert, lui
même, ôte sa broigne et regarde, songeur, les hauts murs qui
protègent désormais Hasting de sa vengeance. Le misérable ne perd
rien pour attendre. Demain, il l'égorgera de sa propre main !
Hasting,
réfugié derrière une des meurtrières de la nef, observe les
Carolingiens.
Ainsi
disséminés en petits groupes dont certains semblent démobilisés,
ils offrent des chemins de fuite inespérés.
Il
rassemble les plus vaillants de ses hommes près du porche principal
et, silencieusement, fait ôter les étais qui empêchent son
ouverture.
Soudain,
une clameur énorme jaillit de 100 gorges lorsque les Bretons et les
Normands jaillissent dans le camp. Le diable s'invitant sur la scène
n'aurait pas eu d'effet plus désastreux... L'effet de surprise joue,
les barbares vont dénouer l'étau de leurs ennemis lorsque Robert
bondit, entraînant de la voix ses hommes, dont certains sont aussi
vulnérables que lui, revêtu de sa simple tunique de drap... Ils
sont sur le point de vaincre lorsque Robert, frappé d'un coup de
lance en travers de la poitrine s'écroule. Les bandits le traînent
dans les murs et referment le porche.
Ramnulf
est resté à l'écart, médusé. Il ressent une vive douleur dans la
poitrine et, baissant la tête, constate qu'une flèche y est fichée,
tirée par une des meurtrières de l'église, elle le couche sur le
sol, blessé mortellement. En cette époque où la discipline ne
faisait pas encore la force des armées, il est impossible de retenir
les survivants du parti Franc. La panique gagne leurs rangs et ils
passent en désordre sur la rive opposée.
Les
vikings accompagnent cette retraite jusqu'à la rive et en frappant
en cadence du plat de leurs épées sur leurs boucliers ronds, ils
font connaître à toute la contrée que Robert, comte d'Anjou, vient
de croiser sa destinée !
Le
corps du marquis disparut, nul ne peut lui rendre hommage... De nos
jours, on le cherche encore.
La
nouvelle du désastre met plusieurs jours à gagner la cour de
Charles le Chauve. Il vient de perdre son meilleur rempart contre les
Bretons et les Normands. L'année suivante il octroie à Salomon les
terres du Cotentin, achetant ainsi une paix relative...
Épilogue:
Eudes
et Robert sont confiés à leur oncle, Hugues l'Abbé. C'est le
puîné, Eudes, qui accède le premier à la royauté. Son frère
aîné, Robert, est d'abord un fidèle vassal de Charles le Simple
avant de le combattre puis de lui succéder.
ROI SALOMON DE BRETAGNE |
Le
fille de Robert, Emma, épouse Raoul, fils du duc de Bourgogne. Raoul
sera roi en 923.
Le
fils de Robert, Hugues le Grand, préfère faire revenir d'Angleterre
un descendant des Carolingiens qui est roi sous le nom de Louis
d'Outremer.
Le
fils d'Hugues le Grand, Hugues Capet est élu roi en 987
Bataille
de Brissarthe — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Brissarthe
La
bataille de Brissarthe eut lieu à Brissarthe (Neustrie) le 2 juillet
866 entre ... L'année de l'incarnation du Seigneur 867, les
Normands, occupant les rives de la ...
Robert
le Fort et la bataille de Brissarthe - Sauvegarde ...
sauvegardepatrimoinebrissarthois.blogspot.com/2010/.../robert-le-fort.ht...
8
oct. 2010 - Il fut commandé par Louis Philippe vers 1837 et illustre
la bataille de Brissarthe. Robert le Fort y trouva la mort en 866. On
notera le portail de ...
Quand
les Vikings bataillaient à Brissarthe - Ouest-France
www.ouest-france.fr/quand-les-vikings-bataillaient-brissarthe-1610388
6
oct. 2013 - Dans une de ses BD, Eriamel relate les combats de 866,
près de l'église de Brissarthe ... dans l'histoire des Vikings;
21/092014 Quand la bataille de Brissarthe s'expose en ... Révisez
l'actu de l'année dans notre quiz décalé !
Ranulf
I d'Auvergne (d'Aquitaine), Duc d'Aquitaine Comte de ...
www.geni.com/...I-d.../6000000003097891610Traduire
cette page
14
nov. 2014 - Death: Died July 5, 866 in Brissarthe, Maine-et-Loire,
France ... he died in 866 in Aquitaine from wounds received in the
Battle of Brissarthe against ..... Adémar de Chabannes racontent
qu'au début des années 850s, Ramnulf, ...
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