mardi 27 janvier 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 847

22 JANVIER 2015...

Cette page concerne l'année 847 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol 

RENAISSANCE DE LA SCOLARITÉ GRÂCE A CHARLEMAGNE ET SES FILS.


A une époque où près de la moitié des élèves qui entrent en 6e maîtrisent
mal la lecture et l'écriture, on se demande s'il faut incriminer des
programmes inadaptés ou le triomphe d'une idéologie privilégiant
«l'épanouissement» de l'élève au détriment des connaissances. Tournons
nos regards vers le passé pour voir comment a évolué notre culture
scolaire dont notre " vivre ensemble " est tellement tributaire.
L'école n'est pas une donnée immédiate, mais une construction longue
et progressive. Dans le présent article, notre propos portera sur
l'écolier médiéval. Il ne s'agit pas là de recréer en totalité, la vie des
écoliers au Moyen-âge. Ce serait totalement illusoire. A ce jour, nos
sources trop sporadiques, à l'exception de l'Angleterre, s'y prêtent mal.
Pour cette longue traversée des siècles, nous avons choisi des exemples
qui donnent de l'épaisseur au temps, sachant que les cas particuliers
connus, sont loin de constituer la règle commune.

Notre école est l'héritière de la Rome antique, avec les temps barbares (Ve siècle), période de profonde régression culturelle, les dernières écoles municipales romaines disparaissent, tandis que l'éducation se réfugie dans des écoles d'un type nouveau : Les écoles monastiques et épiscopales.
L'enseignement y est différent, alors que les arts libéraux (grammaire, rhétorique, logique, arithmétique, astronomie, géométrie, musique) sont la base de l'école antique, la Bible et elle seule, doit être étudiée au monastère.

Cesaire, évêque d'Arles, fait décider par le concile de Vaison la Romaine en 529, la création d'écoles rurales : « Que tous les prêtres qui sont installés
dans la paroisse... Reçoivent des jeunes et qu'ils les éduquent spirituellement
comme de bons pères en leur apprenant à lire les psaumes (chants liturgiques), en leur expliquant les textes divins… Lorsque les jeunes gens arriveront à leur majorité, si certains veulent se marier, qu'on ne leur
refuse pas la permission de le faire… »
Cependant, n'imaginons pas un réseau d'écoles jeté sur la Gaule. La culture reste le monopole des moines et des clercs (lettrés savants), de moins en moins nombreux au VIIe siècle et dans la première partie du VIIIe
siècle.

Ceci nous prouve que Charlemagne ne part pas de rien, mais aussi nous permet de mieux comprendre ses efforts pour promouvoir l'école.
Sacré sacré Charlemagne la chanson comme la légende dorée nous le disent : créateur de l'école.
La seconde nous le présente inspectant l'école du Palais, morigénant les jeunes nobles paresseux et félicitant les élèves travailleurs de condition modeste : Cette anecdote moralisante est inventée de toutes pièces par le moine Notker de Saint Gall à la fin du IXe siècle...
Néanmoins, le rôle de Charlemagne dans l'histoire des écoles en Occident est loin d'être négligeable : « Nous voulons que des écoles soient créées pour apprendre à lire aux enfants…
Dans tous les monastères et évêchés.
Enseignez les psaumes, les notes, le calcul, et la grammaire ».

Cette exhortation est tirée du vaste programme de réformes, adressé par Charlemagne aux chefs religieux et dignitaires laïcs (comtes) en 789.

Au Moyen-Age, les enfants n’apprennent pas tous à lire et à écrire. Beaucoup d’enfants de paysans doivent aider leurs parents dans leur travail. Les enfants des familles riches sont généralement plus instruits que les autres, mais au cours du Moyen-Age des écoles gratuites ont été créées et des enfants de familles modestes ont pu en profiter.

Charlemagne a encouragé la création d’écoles en dehors des monastères, il souhaite qu’un plus grand nombre d’enfants puisse apprendre à lire, à écrire, à compter et à réciter des prières. Les enfants des monastères sont pensionnaires : Ils sont confiés aux moines pour quelques années, le temps de savoir bien lire, compter, chanter et réciter les prières.
Les parents donnent aux religieux de l’argent et parfois des terres pour qu’ils prennent bien soin de leur enfant et se chargent de leur instruction.
Les élèves des petites écoles apprennent seulement l’essentiel : La lecture, le calcul et parfois l’écriture. Généralement, ils ne sont pas pensionnaires : Ils arrivent tôt le matin, avec leur déjeuner dans leur panier et rentrent chez eux le soir.

Les petites écoles sont dirigées par des prêtres qui en principe enseignent gratuitement. Ils accueillent beaucoup de jeunes enfants destinés à devenir clercs (religieux) et aussi des élèves pauvres ou de futurs commerçants... Certains enfants entrent au monastère définitivement, leurs parents voulant en faire des moines dans ce cas les pères acceptent d’accueillir les enfants pauvres qui peuvent ainsi être instruits et échapper définitivement à la misère.

Les petites filles, peuvent aller dans des monastères de femmes où les religieuses (les moniales) leurs enseignent en plus la couture et la broderie.
L'empire Carolingien en gestation, a besoin d'écoles pour former son clergé et ses fonctionnaires.
Au clergé est dévolu le rôle d'enseigner la lecture, l'écriture et d'instruire un peuple encore prisonnier d'habitudes païennes.
Avec l'école, Charlemagne espère également établir une administration efficace où l'écrit redevient un moyen de gouvernement...

A côté de ces écoles, que Charlemagne veut voir ouvrir partout, rayonne une institution que l'on connaît mieux : « L'école du palais d'Aix La Chapelle » . Charlemagne y accueille écrivains et savants d'Irlande, d'Italie et surtout en 782 l'Anglo-Saxon Alcuin qui devient une sorte de ministre de l’Éducation.

Dans cette école, les enfants de l'empereur, des rois, de la haute aristocratie, des scribes et notaires bénéficient de ces maîtres prestigieux, véritables auteurs de la renaissance culturelle. A côté de ces éminents pédagogues,
Charlemagne joue un rôle décisif : Il faut lire, avec quelle insistance, il a, tout
au long de sa vie, renouvelé ses recommandations en faveur des écoles. Cependant, ne nous leurrons pas sur leur impact... Si c'est le signe de l'opiniâtreté d'un empereur, c'est aussi celui de la résistance de la réalité : L'école n'intéresse encore qu'une mince élite.

Le moine savant, Heric d'Auxerre présente ainsi, la cour du plus cultivé des Carolingiens, Charles le Chauve (847-877) : « C'est une école où chacun se livre chaque jour, aux exercices scolaires autant que militaires ». Or ce souverain n'a pas légiféré une seule fois sur les écoles, comme si, une fois les élites
éduquées, le besoin ne s'en faisait plus sentir.

Au temps de la renaissance Carolingienne et jusqu'au XIe siècle, les écoles situées dans les monastères sont particulièrement brillantes. Les abbayes conservent et transmettent le savoir, grâce à l'enseignement, mais aussi grâce à leur scriptorium et à leur bibliothèque. Parmi les écoles monastiques de l'époque, les plus réputées sont celles de l'abbaye du Bec (en Normandie), de l'abbaye de Cluny (en Bourgogne), des abbayes parisiennes de Saint-Victor et Sainte-Geneviève. Les abbayes étant souvent établies à la campagne, l'enseignement qui y était dispensé pouvait apparaître comme lointain et isolé. Au XIIe siècle, les écoles épiscopales, situées en ville près de la cathédrale, connaissent un succès et un rayonnement qui éclipsent la renommée des écoles monastiques.

L'écolier issu de l'aristocratie : Dans le milieu de la chevalerie, l'éducation
est réputée pour sa dureté.
Souvent les hagiographes louent les mères qui enseignent en secret la lecture dans leur psautier à leurs enfants et font le procès des pères qui se plaignent de trop d'études intellectuelles...

Précisons que de nombreux moines cultivés, comme le dominicain
Vincent de Beauvais, n'ont jamais déconseillé aux parents de donner de l'instruction à leurs filles, contrairement à de nombreux laïques qui jugent qu'il leur suffit d'apprendre à filer et broder car « beaucoup de maux sont nés parce qu'une femme sait lire et écrire ».

Au XIVe siècle, Christine de Pisan, femme de lettres, féministe avant l'heure, s'adresse à toutes les femmes, de la princesse à la villageoise, leur donnant des conseils pour l'éducation de leurs enfants et notamment de leurs petites filles, afin qu'elles aient des « clartés de tout »...

L'enfance populaire connaît souvent la misère et dans ces conditions, le monastère apparaît comme un refuge pour notre petit écolier.
Là, il trouve de quoi se vêtir, se nourrir et étudier.
Jusqu'au XIe siècle, arrivent dans les monastères, des enfants de tout âge. Après, le législateur va réagir contre cette tendance qui transforme l'école
monastique en nurseries et fixe l'âge de l'admission à 7 ans.
Les enfants qui entrent ainsi au monastère, peuvent soit y rester le temps de leurs études, soit y demeurer toute leur vie.

Beaucoup de textes nous renseignent sur l'éducation de nos « moinillons ». comme ce manuel Anglo-Saxon, écrit peu après l'an mil, le Colloque d'Aelfric Bata.
C'est un merveilleux fragment du passé, arraché aux griffes du
temps, qui surgit devant nous dans sa réalité.
« Debout, mon frère, il est temps de se lever, de se laver les mains, et après sa toilette de faire oraison ».
Le jeune moine s'habille alors en hâte et va chanter Nocturnes. Mais certains restent au lit :
« Pourquoi n'es-tu pas venu cette nuit avec tes camarades à l'office ?
Je n'ai pas entendu la cloche, mon père.
Pourquoi ne pas avoir demandé à un camarade de te réveiller ?
Je l'ai fait, mais il a oublié ».

Lorsque vient le moment du travail scolaire, les enfants attendent le maître : « Va dehors, cours et regarde prudemment où est notre maître.
S'il approche, avertis-nous aussitôt.
Camarades, j'ai vu le maître traverser le cimetière près de l'église.
Où est-il maintenant ?
Il arrive ! Attention, prenez vos livres, lisez et chantez avant qu'il ne soit
là, pour qu'il ne vous trouve pas en arrivant, paresseux et bavards. Le voilà ! ».

Scène vieille de plus de mille ans qui mérite d'être évoquée, tant elle rappelle des instants scolaires vécus par chacun d'entre nous. Ils nous permettent de comprendre que nous ne sommes pas si différents de nos lointains ancêtres...

Après la classe, vient l'office, puis les enfants se dirigent vers le réfectoire. Quelques jeunes servent aux cuisines ou font office de lecteurs. Le repas fini, les enfants font la sieste… Puis, nouvel office et nouveau temps de travail
jusqu'aux vêpres.
Après le repas, encore un temps de lecture en commun avant de
se coucher.
Soyons rassurés, nos petits écoliers auront droit à des récréations : Ils
jouent avec des bâtons en guise d'épées, des cerceaux ou vont s'initier au jardinage dans le potager.
Certains textes Anglo-Saxons nous font même part des joyeux bains du samedi.
La rigueur de cet emploi du temps est également adoucie, à l'occasion
des fêtes liturgiques, très nombreuses au Moyen-âge : Ainsi les écoliers peuvent sortir du cloître sous la conduite du surveillant...

L'arrivée d'un hôte illustre, donne également lieu à des fêtes.
En 910, quand le roi de Germanie visite le monastère Saint Gall, il octroie aux écoliers 3 jours de vacances.
La fête des Saints Innocents est considérée comme la fête des enfants, aussi
nos écoliers sont-ils dispensés du règlement habituel.

Toujours au Xe siècle, ceux de Saint Gall savent en profiter joyeusement,
puisqu'ils vont jusqu'à faire « prisonnier » l'évêque de Constance venu les visiter à cette occasion.
Certes, en dehors de ces moments d'espièglerie et de détente, la discipline
est maintenue sévèrement.
Des méthodes coercitives telles que le jeûne et l'emploi du fouet sont utilisées pour contraindre les plus rebelles. Cependant, il est erroné de répéter à l'envi, après tant d'autres, que les éducateurs médiévaux ne connaissent que les méthodes brutales...

Attardons-nous un peu sur les conseils que prodigue Anselme de Canterbury qui enseigne au XIIe siècle dans la célèbre abbaye bénédictine du Bec Hellouin (Eure) et que beaucoup de monastères reprendront à leur compte.

« O maîtres, ne provoquez pas vos fils à la colère par une rigueur excessive, mais mesurez-la avec bienveillance tantôt en les blâmant, tantôt en leur faisant voir leur erreur, et qu'ainsi, ils fassent des progrès…
Que les anciens accordent aux jeunes une affection paternelle, qu'ils leur donnent des ordres en leur faisant confiance ».

Quel savoir est transmis ? Précisons tout de suite que l'enseignement médiéval est essentiellement répétitif.
La lecture est enseignée à partir des lettres de l'alphabet, puis de leur assemblage par syllabes. Cette initiation se fait le plus souvent
dans un livre écrit en gros caractères qui comprend : l'Ave, le Pater, le Credo, le Confiteor et le Bénédicité… C'est donc en latin que nos petits écoliers apprennent à lire. Le premier ouvrage que l'écolier découvre en « franc » est souvent un livre de civilité qui enseigne les bonnes mœurs tant chrétiennes que civiles.
Ensuite, vient le temps de l'écriture qui porte essentiellement
sur les psaumes mais aussi sur des obligations, des baux…
Parallèlement à la diffusion de l'écrit, se poursuit la diffusion du calcul, mais, au XIIe siècle, « compter est chose vulgaire, affaire de serviteurs, de vilains, de prévôts chargés dans les campagnes de percevoir taxes et redevances ». (Georges Duby historien médiéviste).

C'est l'utilisation plus grande de la monnaie qui oblige à compter avec précision.
Les chiffres romains, dont on use alors, se prêtent mal au calcul écrit : On
additionne, ou soustrait en déplaçant des jetons sur les cases d'un damier avant d'effectuer les opérations sur le papier...
Avec le temps, les lettrés deviennent plus nombreux. L'école, naguère exclusivement monastique ou annexe de la cathédrale, devient aussi paroissiale. Certes, cette dernière prépare à servir Dieu, mais elle est également professionnelle, destinée en priorité aux fils de laboureurs et d'artisans,
la gestion d'une ferme ou d'une boutique, imposant un recours régulier au calcul, comme à l'écriture.
Pour finir, précisons qu'en ces temps lointains, l'école n'est certes pas encore le principal organe de diffusion de la culture et de la formation professionnelle : Elles se répandent davantage par la prédication, par l'art, (valeur pédagogique des statues et vitraux qui couvrent églises et cathédrales), par la poésie (chansons de geste), par le contact direct avec
l'adulte sur le champ de bataille, dans l'atelier, aux champs, par le préceptorat pour les plus nantis.

Un petit nombre de ces écoliers deviendront des étudiants, non pas de joyeux
drilles, compagnons des truands et des ribaudes comme nous les décrit Villon
mais bien plutôt comme des conformistes qui mettent leur savoir au service de l’État naissant. Accordons leur donc, malgré les joyeux sarcasmes de Rabelais, d'avoir contribué aux progrès du pays.

Traité historique des écoles episcopales et écclésiastiques
https://books.google.fr/books?id=zwGmjl0RsL8C
Claude Joly - 1678
Depuis 'il sut fait Abbé de Fulde, 8c Archevêque de Maience en !année 847. A Rabanus succeda Srrabus son disciple 8c son scribe a en l'Ecole pu— blique de ...

L'école au moyen-âge.
www.ac-grenoble.fr/ecole/laplaine.albertville/ex/ecolemoyage.htm
Chaque groupe est indissociable de l'autre. C'était aussi l'époque où les rois se construisent des grands châteaux forts, c'est le début des cathédrales et ...

Éducation au Moyen Âge - Wikimini, l'encyclopédie pour ...
fr.wikimini.org/wiki/Éducation_au_Moyen_Âge
7 mai 2014 - L'éducation au Moyen Âge était généralement une affaire familiale. La plupart des enfants n'allaient en effet pas à l'école. On ne leur donnait ...

Ecoles et instruction au Moyen Age - La France pittoresque
www.france-pittoresque.com › Histoire des Français
23 sept. 2012 - On a cru longtemps que le Moyen Age n'avait connu rien qui ressemblât à ce que nous appelons l'instruction primaire. C'est une grave erreur ...

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