20
DECEMBRE 2014...
Cette
page concerne l'année 879 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
OPPOSITION
ACHARNEE D'UN MULADIS ESPAGNOL...
RUINE DE BOBASTRO |
La
légende dit que le jeune Omar est querelleur, et dans une lutte il
tue un voisin, il doit s'enfuir et se réfugie dans les montagnes
inaccessibles du Haut Guadalhorce (défilé des Gaitanes), dans les
ruines d'un vieux château qui sera le Bobastro (Bubaštrū en arabe)
inexpugnable.
Avec
d'autres fugitifs il commence à rapiner dans les sierras de Rayya et
de Takoronna jusqu'à ce qu'il soit capturé par le wali (gouverneur)
de Malaga, qui ignorant le meurtre qu’il a commis à Ronda, lui
inflige une simple amende... Omar décide de s’exiler en Afrique du
nord afin de fuir la justice, il travaille comme tailleur de pierre,
encouragé par d'autre muladi (chrétien converti à l'islam) qui lui
prédit qu'il va être roi d'un grand royaume, il décide de revenir
vers l’an 879, en profitant du chaos interne croissant
d'al-Andalus.
Avec
l'appui de son oncle Mohadir il réunit ses alliés et des mécontents
avec lesquels il restaure les ruines du château de Bobastro et
commence à harceler le secteur.
Cela
inquiète l'émir de Cordoue, Muhammad Ier, qui envoie un fort
contingent. Omar négocie et entre au service de l'émir avec ses
hommes en 883. Avec l'armée omeyyade il prend part au siège
d’Alava, après une rébellion du wali local.
Mais
le muladí qu’il est, et non l’arabe, font qu’après une
période de 2 ans il abandonne Cordoue, et retourne à Bobastro, en
accueillant des centaines de partisans mozarabes, muladís et aussi
quelques Berbères unis contre l'aristocratie d'origine arabe qui les
domine.
Il
s’empare rapidement d'Auta (avec Riogordo), Mijas, Comares et
Archidona.
En
886, il pactise avec d'autres rebelles, les Banu Rifá qui dominent
Alhama et sa montagne et doit faire face aux troupes de l’émir,
commandé par le prince héritier Al-Mundhir.
Alors
qu'il est sur le point d'être mis en échec, l'émir Muhammad Ier
meurt le 4 août 886 et al-Mundir doit retourner à Cordoue pour
prendre en charge l’émirat.
Pendant
cette pause Omar, en profite pour réorganiser ses troupes, en
recrutant des campagnards, prend le contrôle absolu des sierras de
Takoronna (montagne de Ronda) et de Rayya (Málaga-Axarquía),
s’empare d'Iznájar et de Priego, et fait des incursions vers Cabra
et Jaén
L'émir
Al-Mundhir (886-888) envoie 3 généraux pour le soumettre, il ne
peut récupérer qu'Iznájar.
Au
début de l'année 888, l'émir lui-même doit prendre le
commandement de ses troupes, assiège Archidona, les muladis se
rendent, après qu'il ait exécuté les défenseurs mozarabes, dont
le chef est crucifié entre un chien et un porc.
Le
même fait se produit à Priego, qui est aussi reprise. Après ces
victoires, Al-Mundir continue le harcèlement de Bobastro. Omar
négocie à nouveau avec l’émir et se rend en échange de
l'amnistie.
Omar
rompt la trêve quand l'émir se retire, ce qui provoque l’ire
d'Al-Mundir qui promet de ne pas lever le siège tant que le rebelle
ne se rendra pas. L'émir malade, doit faire appel à son frère 'Abd
Allāh ibn Muhammad. Lorsque celui-ci arrive le 29 juin 888, il le
trouve déjà mort.
'Abd
Allāh ibn Muhammad essaye de dissimuler le décès de son frère
pendant 3 jours, mais Bobastro ne se rendant pas, il l’annonce aux
troupes, qui retournent à Cordoue en cortège funèbre... Omar
attaque ce cortège. Le nouvel émir 'Abd Allāh lui demande de
respecter le défunt, ce qu'Omar accepte.
Sous
l’émirat d'Abd Allāh les rébellions internes en Al-Andalus
s’intensifient. Omar en profite pour signer des alliances avec
d'autres rebelles muladís, comme Ibn Mastana dans les montagnes de
Cordoue, et Ibn al Saliya à Jaén, des berbères comme les Banu Jalí
de Cañete et aussi des Arabes comme les Banu Hayyay de Séville.
Cette
alliance est une menace mortelle pour l’émirat, bien ce ne soit
pas un « royaume uni » sous le seul commandement d'Omar
comme quelques historiens l’affirment, ni une révolte exclusive de
muladis contre les Arabes comme le démontre la composition ethnique
de l'alliance.
Omar
prend Estepa, Osuna et Ecija en 889, conquiert Baena en massacrant
ses défenseurs, Priego et le reste de la Bétique se rendent sans
combattre, ses troupes font des incursions près de la capitale,
Cordoue.
Le
vaste État que contrôle Omar établit des impôts, et cherche une
légitimité en envoyant des émissaires en 891 aux Aghlabides de
Tunis, les informant qu'il reconnaît le califat de Bagdad.
De
même en 910 aux Fatimides, lorsque ces derniers prendront la
succession des Aghlabides, sans informer la population qu’ils sont
chiites. De fait, depuis les mosquées contrôlées par Omar on lance
des proclamations chiites bien que la population suivent la doctrine
sunnite.
En
même temps il installe un évêque chrétien à Bobastro, construit
une église, et se convertit au christianisme en 899, ayant pris
comme prénom Samuel... Il essaye aussi de faire reconnaître son
État par le roi d'Asturies Alphonse III le Grand (866-910).
Pendant
ce temps, l'émir 'Abd Allāh ibn Muhammad ayant remporté le 16 mai
891 à Poley une importante victoire, avec 14 000 hommes, sur les 30
000 d'Omar qui marchent sur Cordoue, récupère Ecija et d'autres
places fortes proches du Guadalquivir.
Le
nouveau siècle voit le début du déclin, aggravée par sa
conversion contestée, Séville et Carmona dominées par l’Arabe
Ibrahim ibn Hayyay rompent l’alliance. La nouvelle défaite d'Omar
à Estepa permet à l'émir de reconquérir Jaén en 903.
Les
Berbères Banu Jali l'abandonnent et se soumettent à l’émir.
Bobastro et tout son royaume sont attaqués par les armées ennemies
et perd Martos en 906.
Le
décès de l'émir 'Abd Allāh ibn Muhammad et l'arrivée au trône
de son petit-fils 'Abd al-Rahmān III al-Nāsir, aggravent encore
plus la situation.
Le
jeune omeyyade veut pacifier son émirat, il organise une grande
armée avec laquelle il conquiert de nouveau Ecija, puis marche sur
la sierra d'Elvira, prenant Baza et Salobreña en évitant l'attaque
directe contre Bobastro. Pendant cette première expédition 'Abd
al-Rahmān III récupère 70 places fortes et 300 « husún »
ou forteresses mineures.
En
914, nouvelles attaques d 'Abd al-Rahmān III, par la sierra de
Takoronna il vainc Omar à Ojén, et suit par la côte vers
Algésiras, puis il se dirige vers Séville qui se soumet.
Carmona
sous les Banu Hayyay est assiégée et tombe en 917.
La
perte de Baeza en 916 et ses défaites devant Jaén et Antequera,
oblige Omar à attaquer l’émir, le voyant perdu, son fils Chafar
(aussi chrétien), ne lui n'obéit plus et pour démontrer sa
franchise et son obéissance au califat, Omar attaque son propre
fils, qui a repris la place forte de Ubeda en 917, il tombe toutefois
malade et avant de mourir en septembre de cette même année se
convertit au christianisme.
Son
état passe à son fils aîné Chafar, après avoir perdu plusieurs
places en 919, il est assassiné en octobre 920.
Lui
succède son frère Sulayman qui récupère brièvement Ojén, perd
Jete y Almuñécar en 921, il est capturé lors d’un combat en 927
et décapité, comme son frère Abd al-Rahmán.
Son
autre frère Hafs est aussi prisonnier. Après avoir perdu Malaga,
Bobastro la place mythique se rend le 19 janvier 928.
Après
avoir pris Bobastro, Abd al-Rahmán III ordonne d’exhumer les
cadavres d'Omar et de son fils Chafar, pour les exposer au public de
Cordoue.
Puis
il se dirige jusqu’à Malaga en démolissant les châteaux
inutiles, et exile les partisans mozarabes de Hafs, dernier fils de
Omar.
Avec
cette victoire définitive, il atteint un grand prestige qui
l’encourage à se proclamer calife en 929.
Selon
Manuel Acién Almansa, Omar ben Hafsún n'est pas le rebelle glorieux
comme l’ont affirmé les historiens du XIXe siècle.
Non
plus le « chef de toute la race Espagnole méridionale »
comme l’a appelé l’historien Néerlandais Reinhart Dozy, ni « le
caudillo de la nationalité Espagnole opprimée » de Simonet
dans son expression maximale du nationalisme conservateur Espagnol du
franquisme, théorie qu’a aussi partagé Sanchez Albornoz en
écrivant « la race Hispanique a été illuminé par un grand
capitaine populaire (...) que les Espagnols, chrétiens ou musulmans
ont aimé avec passion ».
Évariste
Lévi-Provençal souligne la déprédation et le manque d'éthique
d'Omar ben Hafsún, alors que Pierre Guichard voit dans la rébellion
la survivance d'une société feudataire occidentale face à l'Orient
Andalou. Les versions nationalistes Andalouses voient dans cette
révolte « l'indépendance et l'autonomie Andalouse face au
pouvoir central » et Omar comme « un pur Andalou »
(Domínguez Ortiz).
'Umar
ibn Ḥafṣū n
Le
plus grand ennemi de'Abd al-Rahman a été un rebelle
crypto-chrétien,'Umar ibn Hafsun, seigneur de Bobastro. La stratégie
de'Abd al-Rahman est un harcèlement continu des forts d'Ibn Hafsun.
Commençant par la campagne de Monteleón,'Abd al-Rahman capture 70
forts dans les provinces de Elvira, ...
Les
troupes d'Ibn Hafsun deviennent de plus en plus conscientes de leur
pouvoir, ils ont augmenté la révolte dans le nord de la péninsule,
dirigé par le puissant clan Banu Qasi, et dans le sud (879), dirigé
par'Umar ibn Hafsun bien protégé dans Bobastro et dans les
montagnes de Malaga.
Umar
ibn Hafsun ibn Ja'far ibn Salim, connu dans l'histoire Espagnole
comme Omar ben Hafsun, est un leader chrétien IXe siècle des forces
anti Ummayad dans le sud de la péninsule Ibérique.
Son
contemporain, le poète Ibn Abd Rabbih fait de lui un Sawada, un
descendant des Africains noirs. Un texte d'Ibn Hayyan un siècle plus
tard trace pour Umar ibn Hafsan, son ascendance à un arrière
grand-père, Ja'far ibn Salim, converti à l'Islam, installés dans
la région de Ronda de la province de Malaga dans le sud de
l'Espagne. Mais il aurait également pour ascendance le comte de
Marcellus, fils d'Alphonse, apparemment un Wisigoth chrétien.
« Ils
aiment l'orthodoxie, disent-ils, mais ils se plaignent que ses jeûnes
soient trop longs.
Ils
aiment l'orthodoxie, mais les offices sont trop longs.
Les
barbes sont trop longues aussi, et les soutanes sont de trop.
De
plus, l'orthodoxie a trop de vigiles, trop de prosternations, trop
d'épitimies, trop de saints canons dans le Pedalion…
Et
enfin, elle a trop d'anathèmes, contre trop d'hérésies. »
Photios
Kontoglou
Ce
que les Ottomans et les communistes n'ont pas réussi à faire,
méfions-nous, les relativistes avec leur dogmatisme « branché »
(car s'ils n'aiment ni les canons (sauf pour condamner ceux qui leur
déplaisent), ni les dogmes, ils exigent l'œcuménolatrie) préparent
les nouvelles apostasies et les nouvelles « églises
vivantes. » Et c'est parce que nous les aimons aussi, que nous
avons le devoir d'Amour de leur dire qu'ils se trompent et trompent
les brebis du Christ.
Vitam impendere vero… « Donner sa vie à la Vérité », car la Vérité, c'est le Christ Qui est Amour!
C.
L.-G.
La
vie rêvée des Chrétiens au paradis perdu Andalou
On
ne répétera jamais assez à quel point cette société idéale de
l'Andalousie médiévale dont on nous rebat tant les oreilles, où
auraient déjà régné les Lumières avant l'heure et une si
enviable tolérance universelle, donc un prétendu modèle pour nos
sociétés contemporaines, n'est qu'un mythe d'autant plus dangereux
qu'il est constamment relayé sous forme de matraquage par toutes
sortes d'instances politiques, religieuses et médiatiques au point
que c'est devenu une sorte de dogme indubitable.
Il
faut faire savoir que la vie des dhimmi, chrétiens et juifs, était
majoritairement pour le moins difficile si bien qu'il s'en est suivi
une résistance réelle dont on ne parle jamais, comme si le
peuple avait subi avec délices cet asservissement.
Il
est plus que temps aujourd'hui, quand des groupes djihadistes du
Maghreb comme du Moyen-Orient prêchent la reconquête de ce
qu'ils considèrent comme leur appartenant de droit, de connaître la
réalité des faits et de ce que nous promettent ces fanatiques
nostalgiques de leur pouvoir totalitaire oppressif passé, et qu'ils
cherchent, déjà sur place, en Europe, à imposer...
Le
drame des chrétiens Mozarabes
« Dès
la conquête, Juifs et Chrétiens ont été soumis à la dhimma, un
impôt spécial assorti de mesures vexatoires et de brutalités ce
qui entretient les ferments de résistance.
En
réalité, les libertés dont peuvent jouir les Chrétiens demeurent
très limitées. Les dhimmi doivent respecter très
scrupuleusement le pacte conclu avec les vainqueurs.
Si
l'un d'entre eux ne s'acquitte pas du tribut, il peut être réduit
en esclavage ou puni de mort. Le pouvoir musulman peut décréter
en ce domaine la responsabilité collective de ses sujets chrétiens
et supprimer les privilèges accordés à toute la communauté en cas
de défaillance de l'un de ses membres.
Les
Chrétiens doivent également se garder de toute action pouvant être
interprétée comme une provocation par les Musulmans.
Ils
doivent dissimuler les croix, faire en sorte que, dans les campagnes,
les Musulmans ne puissent voir les porcs qu'ils élèvent, car cela
est considéré comme une injure faite au Prophète.
Quand
des troubles éclatent, les communautés chrétiennes en font souvent
les frais, comme c'est le cas lors de la révolte de la garnison
arabe de Séville en 891.
La
sécurité des musta'rib (ceux « qui vivent comme les
Arabes ») est ainsi, parfois, un vain mot.
Les dhimmi se
voient interdire le port d'une arme, ils ne peuvent monter à cheval
et doivent se contenter de mulets ou d'ânes sous peine du fouet et
de la prison.
Diverses
obligations vestimentaires doivent permettre de distinguer les
Croyants des « protégés ».
Ceux-ci
doivent s'effacer quand ils croisent dans la rue un fidèle de
Mahomet. Leurs maisons doivent être moins hautes que celles de leurs
voisins musulmans, ils doivent l'hospitalité à tout Croyant qui la
demande et le paiement de la capitation les contraint à se prêter à
des rituels humiliants, les dhimmi devant se prosterner devant le
percepteur, qui leur assène parfois un soufflet avant de les
repousser violemment.
Les
Chrétiens ont conservé la plupart de leurs églises, mais il leur
est interdit d'en construire de nouvelles.
Le
son des cloches est tout juste toléré, à condition d'être le plus
discret possible.
Les
cortèges de funérailles doivent être silencieux, les croix sont
confinées à l'intérieur des églises et des maisons privées.
Les
processions et les cierges sont interdits quant aux cimetières des
fidèles des diverses religions, ils doivent être rigoureusement
séparés.
Tout
Musulman abjurant sa religion pour se convertir à celle du Christ
est condamné à mort. La même peine est appliquée à tout Chrétien
mettant en cause les croyances transmises par le Coran et la Sunna.
Les
discriminations judiciaires font que, pour un crime identique,
musulmans et dhimmi encourent des peines différentes et les
indemnités dues aux familles varient du simple au double, voire au
triple, selon la confession de la victime et du coupable.
Les
autorités musulmanes respectent généralement les conditions fixées
lors de la conclusion du pacte de soumission des dhimmi car elles ont
intérêt à ménager une population procurant une ressource fiscale
précieuse mais, à l'inverse, le peuple des « vrais
Croyants », soumis à l'influence des prédicateurs malékites
locaux, se montre beaucoup plus hostile, et les muwalladun, les
nouveaux convertis, sont parfois les plus intransigeants vis-à-vis
de leurs anciens coreligionnaires.
Les
discriminations et vexations subies quotidiennement vont contribuer
au développement d'une volonté de résistance.
Celle-ci
est d'abord spirituelle et s'exprime à travers le recours au
martyre. Le moine Perfectus, qui a dénoncé Mahomet comme un
imposteur, est ainsi exécuté mais la mort rapide de celui contre
qui il a lancé une malédiction, contribue à entretenir un climat
d'exaltation religieuse qui explique, au milieu du IXe siècle,
l'épisode des « martyrs de Cordoue ».
Le
mouvement qui pousse alors de nombreux Chrétiens au martyre dure
ainsi pendant près d'une dizaine d'années, jusqu’à l'exécution
de Saint Euloge, égorgé en 859.
La
résistance n'est pas seulement spirituelle et l'histoire
d'Al-Andalus est ponctuée de nombreuses révoltes.
Outre
celles des Berbères, de certains clans arabes associés à la
conquête ou des muwalladun fraichement convertis, il
faut compter aussi avec celles des Mozarabes.
Tolède
se soulève ainsi en 852 et peut bénéficier pendant 3 quarts de
siècle d'une large autonomie.
Mérida
entre également à plusieurs reprises en rébellion au cours du IXe
siècle. La dissidence la mieux connue et la plus importante par son
ampleur et sa durée est celle d'Omar ibn Hafsun, qui persiste de 879
à 927.
Le
chef rebelle installe une base inexpugnable à Bobastro, véritable
nid d'aigle de la Serrania de Rondo et lance à partir de là de
multiples raids jusqu'à Séville, Cordoue, Grenade et Jaén, en
regroupant sous son autorité muwaladun mécontents et Mozarabes.
Lui-même
converti, il se rallie au christianisme en 898 et, après sa mort,
son fils poursuit pendant plusieurs années la résistance.
La
révolte armée demeure cependant le plus souvent vouée à l'échec
et c'est le choix de l'exil que font certains.
Ils
partent vers la marche d'Espagne, la future Catalogne, établie par
les Carolingiens au début du IXe siècle, ou vers le Nord-Ouest
de la péninsule, vers le réduit Asturien où se développe un petit
royaume appelé à constituer l'un des premiers noyaux de la
reconquête à venir.
En
872, des réfugiés fondent ainsi le monastère de Sahagùn qui sera
bientôt l'un des grands centres de rayonnement Ibérique.
Au
fil du temps, l'arrivée de ces Mozarabes dans les royaumes chrétiens
du nord contribue au développement d'un idéal de lutte contre
l'Islam, perçu comme la Bête qui orne les « Commentaires »
que le moine Beatus de Liébana fait alors de l'Apocalypse de
Saint-Jean.
Le
pouvoir musulman veille également à l'éloignement des populations
insoumises et quelques indices laissent supposer l'existence de
déportations massives vers l'Afrique du Nord, un procédé
généralisé par les Almoravides au cours du XIIe siècle.
Les
spécialistes ne sont pas pleinement d'accord à propos de
l'évolution respective des communautés chrétienne et musulmane,
mais il semble admis que l'équilibre qui s'était maintenu, quant au
volume de la population, en faveur des Mozarabes jusqu'au début
du Xe siècle se trouve inversé à la fin de celui-ci.
En
1126 cependant, les Mozarabes de Grenade se révoltent contre les
nouveaux maîtres almoravides de l'Espagne musulmane et appelleront à
leur secours le roi d'Aragon, mais celui-ci ne remporte qu'une
victoire sans lendemain et ne peut s'emparer de la ville.
Les
rebelles sont alors contraints de se replier avec Alphonse le
Batailleur jusqu'à la vallée de l'Èbre où ils vont contribuer au
peuplement chrétien d'une région restée très longtemps musulmane
et où les Mudejares devenus les Morisques demeurent
nombreux jusqu’au début du XVIIe siècle »
(extrait
d'un article de Jean Kappel)
Le
bandit dont je veux vous parler, ‘Umar ibn Ḥafṣûn, vécut au
IXe siècle, mais naît dans l’œuvre de José Antonio Conde,
Historia de la dominación de los Arabes en España publiée en 1820.
Non
pas que l’auteur soit un de ces romanciers dont Walter Scott est le
modèle, à peu de temps de là, et qui s’autorisent à incarner
l’attente de leurs lecteurs dans un héros d’imagination. Tout au
contraire, il s’en tient scrupuleusement aux textes, et même,
comme pour satisfaire une des plus rudes des exigences de l’histoire
positiviste à venir, à des textes neufs.
Conde
est en effet de ceux qui traduisent et révèlent au public Européen,
par le biais de l’usage qu’il en fait dans la rédaction de son
Historia, nombre de chroniques Arabes, Andalouses ou Orientales.
Professeur d’arabe à l’Université de Salamanque, Conde a
l’ambition d’écrire la première histoire des Arabes en Espagne.
J’entends
la première qui a pour objet central l’époque de la présence
arabe dans la péninsule, la première aussi, par conséquent, qui
ose adopter la vision des vaincus arabes, alors que toute
l’historiographie antérieure, même lorsqu’elle mentionne leur
rôle, même lorsqu’elle exalte leurs mérites, ne les considère
que du point de vue des chrétiens victorieux.
La
nouveauté de son entreprise ne lui avait pas échappé. Il le dit
dès le prologue (Conde, 1874 : 3) :
C’est
semble-t-il une fatalité des choses humaines que les événements
les plus importants de la vie des peuples, les mutations des empires,
les révolutions et les bouleversements des dynasties les plus
fameuses soient destinés à passer à la postérité par les récits
suspects qu’en donne le parti vainqueur (…) Voilà pourquoi je me
suis consacré à illustrer l’histoire de la domination des Arabes
en Espagne en la compilant dans les mémoires et les écrits arabes,
de sorte qu’on puisse la lire telle qu’ils l’écrivent
eux-mêmes, et qu’on y voie de quelle sorte ils y relatent les
événements de cette époque si mémorable.
Cette
histoire de la domination des Arabes en Espagne est compilée de
divers mémoires et livres arabes choisis, anciens et authentifiés.
Je me suis donné pour but de dire ce qu’ils relatent, et je le
fais le plus souvent dans leurs propres mots fidèlement traduits.
Ainsi, en même temps que l’on verra les hauts faits de cette
nation, on pourra s’informer du génie et du style dont ils usent
pour en faire eux-mêmes l’histoire (…)
« Dans
tout le cours de cette histoire, j’ai employé les dates et les
années des Arabes » (Conde, (…)
Et
il promet de limiter son texte à une « traduction fidèle et
exacte » de sources arabes, et de donner au lecteur la saveur
véritable d’un discours musulman que cette histoire sera contée
selon le calendrier de l’Hégire. En somme un livre arabe, bien
qu’écrit en espagnol (Conde, 1874 : 6-7) :
Notre
riche langue doit tant à la langue arabe, non seulement quant au
vocabulaire, mais quant à sa syntaxe, à ses phrases et à ses
locutions métaphoriques, qu’on peut la considérer sous ce rapport
comme un dialecte arabe déformé (aljamiado). .
Cette
détermination à écrire « en arabe » rappelle d’abord
cette inversion du regard qui porte l’exotisme et la critique sur
soi, et dont le XVIIIe siècle est si friand à la suite des Lettres
Persanes de Montesquieu. Mais on y retrouve surtout une douloureuse
expérience personnelle. Lié aux cercles afrancesados –
c’est-à-dire aux admirateurs des idées nouvelles illustrées par
les « philosophes » Français
« L’année
898 est la plus importante dans l’histoire de Omar ibn Hafsun. Il y
a déjà longtemps que le chef Espagnol était chrétien au fond de
son âme, et qu’il y agitait la pensée de restaurer en Espagne la
vieille religion, bien qu’il ne s’y soit jusque-là pas résolu
pour des raisons politiques, et surtout pour ne pas perdre ses alliés
musulmans.
Mais
dessillé peut-être sur le fait que cette aide n’était ni sincère
ni durable, et connaissant l’importance du facteur religieux,
unique et puissant mobile et lien qui puisse unir la race Espagnole
divisée, cédant enfin aux impulsions de sa conscience, il embrasse
le christianisme avec toute sa famille.
Tout
cela dit pour venger la mémoire d’un héros et d’un paladin
aussi relevé de la nation Espagnole et chrétienne dans ces moments
si hasardeux de son histoire.
C’est
vers la fin du siècle qu’il se convertit au christianisme de ses
ancêtres. Il meurt insoumis en 917. Ses fils ne rendront la
forteresse de Bobastro qu'en 927, et l’événement est directement
lié, dans les chroniques omeyyades, à la proclamation du califat, à
Cordoue, en 929. C’est sans doute dans la Chronique anonyme du
calife al-Nâṣir que ce lien est le plus clairement établi.
En
316/928, celui qui n’est encore qu’émir d’al-Andalus, ‘Abd
al-Raḥmân III, se rend à Bobastro dont il vient d’obtenir la
capitulation, fait exhumer le corps d’Ibn Ḥafṣûn, mort 10 ans
auparavant, et constate qu’il a été enterré selon l’usage
chrétien. Puis, il fait rétablir l’invocation de son nom dans la
mosquée de Bobastro (Lévi-Provençal-Garcia Gomez, 1950 : éd.
77-78, trad. 151-152) :
Les
mosquées désertes se peuplent de nouveau et à l’inverse, on
démolit les églises où tous accourraient.
Le
bel ornement de ces églises et leur densité dans les domaines du
maudit ‘Umar, à côté de l’abandon des mosquées de Bobastro et
de la ruine qui y règne, sont les preuves les plus simples de
l’apostasie du maudit ‘Umar et les plus éloquentes dans la
dénonciation de son infidélité.
Cette
année-là, al-Nâṣirli-dîni-llah ordonne qu’on le nomme dans
les lettres qu’on lui adresse et qu’on l’invoque dans les
chaires sous le titre de « Prince des Croyants » pour ce
qu’il est digne de ce nom, qui en réalité n’appartient qu’à
lui seul, et qui n’est pour tout autre que plagiat et postiche. Il
s’en vêt donc comme d’une tunique adéquate à sa dignité et
comme l’héritage … qui lui revenait… (lacune).
Ainsi
le califat s’oppose à l’apostasie d’Ibn Ḥafṣûn. À la
légitimité des Arabes omeyyades, fidèles à leur religion,
l’islam, oppose l’usurpation des convertis, et l’incertitude de
leur conversion. Ce qui est vrai pour les muwallad Ibériques, ne
l’est pas moins pour les Berbères qui soutiennent les Fatimides et
pour les Persans qui entourent les Abbassides. Il n’est d’islam
sûr qu’arabe, et donc de califat légitime qu’omeyyade.
Mais
de bandit, il n’est toujours pas question. Et pour cause. Dans les
chroniques omeyyades, Ibn Ḥafṣûn est l’avatar des convertis
Persans qui ont triomphé autrefois en Orient et y ont offert le
califat aux Abbassides. Il est donc implicitement l’incarnation
Ibérique du califat dominant.
Contre
toutes les apparences, qui tromperont Conde, Ibn Ḥafṣûn assume
l’ordre impérial, et les califes de Cordoue sa contestation.
La
rébellion n’est pas du côté du muwallad, mais plutôt dans le
camp des Omeyyades, dissidents de l’empire universel dont Bagdad
demeure le centre aux yeux du plus grand nombre en ce Xe siècle.
ʿUmar
ibn Ḥafṣūn - Britannica
www.britannica.com/EBchecked/.../Umar-ibn-HafsunTraduire
cette page
...
of their power, they rose in revolt in the north of the peninsula,
led by the powerful Banū Qāsī clan, and in the south (879), led by
ʿUmar ibn Ḥafṣūn.
Histoire/chronologie
- Tecfa
tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/9900/bin08/chrono.htm
879
Soulèvement de Umar ben Hafsun contre l'émirat omeyyade. ... Le roi
de Séville Al-Mutamid demande de l'aide aux Almoravides, et une
année plus tard il ...
Blogs
frères, Amour de l'Orthodoxie dans la Vérité...
orthodoxologie.blogspot.com/.../blogs-freres-amour-de-lorthodoxie-dan...
21
janv. 2013 - ... près d'une dizaine d'années, jusqu'à l'exécution
de Saint Euloge, ... et sa durée est celle d'Omar ibn Hafsun, qui
persiste de 879 à 927.
Ibn
Ḥafsûn ou la construction d'un bandit populaire
remmm.revues.org
› Numéros › 129
de
G Martinez-Gros - 2011 - Cité 1 fois - Autres articles
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Ibn Hafsûn, le plus fameux rebelle de l'époque omeyyade (act. vers
..... L'année 898 est la plus importante dans l'histoire de Omar ibn
Hafsun.
Termes
manquants : 879
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