dimanche 11 janvier 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 868


1 JANVIER 2015...

Cette page concerne l'année 868 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

MORCELLEMENT D'UNE DÉCOUVERTE INESTIMABLE.

PAUL PELLIOT
Le Sūtra du diamant est l'un des grands textes du bouddhisme mahāyāna. C’est l’un des plus courts parmi les sutras Prajnaparamita. Il joue un rôle particulièrement important dans les courants méditatifs comme le chan et le zen et serait selon la tradition le sutra préféré du maître chan Huineng.

Le titre complet sanskrit de l’œuvre est वज्रच्छेदिकाप्रज्ञापारमितासूत्र / Vajracchedikā Prajñāpāramitā Sūtra. छेदिका / chedikā veut dire « ce qui coupe », वय्र / vajra signifie à la fois « diamant » et « foudre », une force inouïe, irrésistible, capable de faire voler en éclats, de démolir, de pulvériser tout ce qui est sur son chemin, de même qu'en pratique, le diamant est capable de couper le verre ou la roche la plus dure mais aussi de briller comme l'eau pure ou l'éclair, प्रज्ञापारमिता / prajñāpāramitā signifie « perfection de la sagesse » ou « connaissance transcendante »...

Le Sūtra du Diamant a fait l’objet de 6 traductions en chinois entre les Ve et VIIIe siècles, celle de référence étant la première, effectuée par Kumarajiva.
Au Tibet, le texte a été traduit au IXe siècle par Yéshé Dé et Śīlendrabodhi.
Le Sūtra du diamant prend la forme d’un dialogue entre le Bouddha et son disciple Subhuti. Le thème central est la vacuité, l'absence de caractère fixe et inchangeable de toute chose, de tout état d'esprit, de toute pensée.
En tant que matière précieuse, le diamant est recherché mais il représente ici ce qui empêche le sage de progresser et d'atteindre finalement l'éveil.

Les grottes de Mogao (莫高窟 ; pinyin : mògāo kū, « grottes d'une hauteur inégalée »), ouvertes au public depuis 1980 (seules 40 grottes restent ouvertes au public, par roulement, dont 10 en permanence), forment un système de 492 temples bouddhistes près de Dunhuang, dans la province de Gansu en Chine, en marge du désert de Gobi. Ces temples ont été élaborés dans 492 grottes, creusées dans la paroi rocheuse par des moines à partir du IVe siècle. Les premières grottes ne sont pas plus grandes que des cercueils. Des communautés monastiques commencent vite à percer des cavités plus grandes pour des actes de dévotion publique, et à orner les sanctuaires d'effigies de Bouddha.
C'est de ces premières grottes que vient le nom de grottes des mille Bouddhas, ou grottes de Dunhuang. Certaines de ces grottes abritent des statues de Bouddha de très grande dimension.
Les moines bouddhistes ont placé des dizaines de milliers de manuscrits et de peintures dans une petite salle attenante à l'une des grottes.

Ces grottes constituent des lieux de culte d'une grande importance, sur la route de la soie. Leur réalisation s'est étalée sur une longue période allant du IVe au XIVe siècle, avec un point culminant sous la dynastie des Tang, entre le VIIe et le Xe siècle.
C'est d'ailleurs de cette époque que datent les plus belles grottes. Ce sont probablement les plus anciennes grottes recouvertes de peintures murales de Chine, depuis l'antiquité, après les Grottes de Kizil.

Au cours de l'année 1900, une petite grotte murée est découverte de façon accidentelle, elle s'avère contenir plusieurs dizaines de milliers de documents, de statuettes et d'objets divers, souvent vieux de plus de 1 000 ans. Une grande partie de ces trésors culturels ont été achetés par les explorateurs occidentaux, en particulier Sir Aurel Stein et Paul Pelliot.

Premiers contacts et mise au jour de la « bibliothèque murée »
Les premiers étrangers à visiter Mogao sont l'explorateur russe Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski lors de sa grande expédition tibétaine, en 1879, ainsi qu'une expédition géologique Hongroise, la même année.

Au cours de l'année 1900, un prêtre taoïste chinois du nom de Wáng Yuánlù, dit l'« abbé Wang », se fait gardien de ces temples où il découvre un ensemble considérable de manuscrits antérieurs au XIe siècle, dans l'une des grottes, appelée ensuite la « bibliothèque murée ».
Des rumeurs les concernant attirent des explorateurs Européens, qui traversent l'Asie pour tenter de les voir et de les obtenir. Wang commence une ambitieuse rénovation des temples, avec l'aide de donations issues des villes voisines, mais surtout avec les fonds provenant de la vente de manuscrits à des explorateurs Européens, tels que l'Anglais Sir Aurel Stein en 1907, et le Français Paul Pelliot en 1908.

La quantité et la variété des textes qui se trouvent là défie l'entendement : Il s'y trouve de l'ordre de 50 000 documents, peintures et objets bouddhistes, dont des manuscrits, écrits en Chinois, en Tibétain, en Ouïghour, en Sogdien, en Sanscrit, ainsi qu'une version imprimée du Soutra du Diamant, datant de 868 (ce qui en fait un des plus anciens livres imprimés du monde, aujourd'hui au British Museum).
Un autre texte célèbre est le compte-rendu du pèlerinage en Inde de Hyecho, un moine bouddhiste Coréen... On dit que le prix payé par Pelliot s'éleva à 90 livres, et celui payé par Stein à 220 livres.

Sir Aurel Stein vient explorer les grottes de Mogao pour la première fois en 1907. Avec l'aide de son interprète Chinois Jiang Xiaowan, il négocie avec Wáng Yuánlù l'achat à bas prix de 24 boîtes de manuscrits, 5 boîtes de peintures sur soie et d'autres objets.

Plus tard, en 1913-1915, il revient à Mogao, où il achète 570 autres manuscrits à Wáng Yuánlù. À lui seul, il emporte au total peut-être 20 000 documents et peintures, qui sont dispersés entre le British Museum, la British Library, la Library of Indian Affairs et le Musée national de New Delhi.

Paul Pelliot, quant à lui, arrive aux grottes de Mogao le 25 février 1908. Venant après Sir Aurel Stein, il s'appuie pour analyser les documents restant sur sa formation de sinologue, ancien élève de l'Institut des Langues Orientales, et membre de l'École Française d'Extrême-Orient, parlant et lisant couramment le chinois : Avec l'autorisation de Wáng Yuánlù, il passe donc plusieurs semaines dans la bibliothèque murée, pour sélectionner les documents et peintures les plus précieux qu'il peut trouver, et en particulier de nombreux documents non chinois, tels qu'une version Nestorienne de l'Évangile selon Saint-Jean, une hymne chinoise à la Trinité et une croix Nestorienne dessinée sur un document Tibétain, qui datent du VIe et du IXe siècles.
Il a également trouvé des offices religieux dits en Chinois, composés par Adam-Jingjing, auteur du texte de la Stèle Nestorienne. Les documents d'inspiration chrétienne sont communément désignés sous le nom de Sutras de Jésus... Cette collection, estimée à environ 10 000 objets, se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France et au Musée Guimet.

Outre ces manuscrits et peintures, Paul Pelliot ramène également un certain nombre de statues, les petites effigies cultuelles proviennAnt en général également de la bibliothèque murée.
Il est à noter qu'à l'automne de l'année 1909, Paul Peillot emmène quelques manuscrits à Pékin pour les présenter à des lettrés Chinois.
L'attention de ceux-ci est ainsi attirée sur l'importance des manuscrits de Dunhuang : Ils télégraphient aussitôt au gouverneur de la région pour lui demander de sceller la grotte, avant d'organiser en 1910 le transport à Pékin d'une grande partie des textes Chinois restants, abandonnant sur place les pothi (manuscrits) Tibétains. Cependant, quelques fonctionnaires Chinois malhonnêtes profitent de l'occasion pour en dérober un nombre substantiel.

Le comte Ōtani Kōzui fils aîné du 21e patriarche de l'école Jōdo shinshū (« École véritable de la Terre Pure ») du bouddhisme Japonais, envoie vers la fin de 1911 2 émissaires Japonais aux grottes de Mogao, où ils restent 8 semaines, prenant de nombreuses photos des grottes, et gravant au passage leur nom dans les grottes 428 et 444.
Ils achètent quelque 400 documents auprès de Wáng Yuánlù, qui se trouvent aujourd'hui à l'université de Ryūkoku et à l'université Ōtani.

À son tour, le Russe Sergei Feodorovitch Oldenburg monte une expédition à Dunhuang en 1914, au cours de laquelle il relève les plans de 443 grottes. Il négocie auprès de divers résidents de Dunhuang l'achat de plus de 300 manuscrits, qui se trouvent aujourd'hui à l'Institut Oriental de l'Académie des Sciences de Saint-Petersbourg.

Enfin, en 1924, arrive à Dunhuang Langdon Warner, à la tête d'une expédition montée par l'université de Harvard, aux États-Unis. Son intervention s'avère la plus désastreuse pour les trésors artistiques des grottes de Mogao, car faute de pouvoir obtenir de précieux manuscrits (la bibliothèque murée est désormais pratiquement vide) il refuse de s'en aller les mains vides et cherche à décoller les peintures murales des grottes 335, 321, 329, 323 et 320 au moyen de bandes enduites de colle. Malheureusement, les peintures murales ainsi décollées ne survivent pas à l'opération.
Lors de sa deuxième expédition à Dunhuang en 1925, les autorités locales s'opposent à toute intervention de sa part.

Les premiers dessins de ces grottes sont initiés par un artiste Syrien. Des recherches plus récentes ont permis de découvrir une bible chrétienne écrite en Syrien et datant de la dynastie Yuan (1271-1368)

Le voyage de Zhang Qian vers l'ouest, grottes de Mogao, 618-712 PC
Les grottes de Mogao sont les mieux connues parmi les grottes bouddhistes Chinoises, et sont avec Longmen et Yungang l'un des 3 sites chinois notoires pour leurs sculptures et leurs peintures.
Les peintures murales, notamment des tempera (jusqu'à la dynastie Yuan où apparaissent des fresques véritables), sont à thématique religieuse (vies antérieures jātaka du Bouddha), mais retracent également la vie quotidienne des moines.
Les grottes sont de tailles très diverses et ont été creusées dans une falaise en grès. Seules une trentaine de cavités sont visitables par le public.
La plupart des grottes sont rectangulaires et communiquent entre elles par des passerelles ou des couloirs.

Les grottes des dynasties successives :
Les grottes de la dynastie Wei (386-581) : Ce sont les plus anciennes, et représentent des personnages bouddhiques dans un style marqué par l'influence Gréco-Indienne.
Les grottes de la dynastie Sui (581-618) : Elles sont décorées de scènes mythologiques Chinoises, les peintures bouddhiques ne montrent plus trace de l'influence de l'art Gréco-Indien du Gandhâra.
Les grottes de la dynastie Tang (618-907) : La décoration est plus riche, et on voit apparaître les apsara volants, sorte d'anges qui ont rendu Dunhuang célèbre. Peintures comme sculptures sont de très grande qualité.
Les grottes des Cinq Dynasties (907-960), et surtout, des dynasties Song (960-1279) : Pour ces grottes, il a fallu réutiliser d'anciennes grottes et les agrandir, car il ne restait plus assez de place sur la falaise.
Les grottes de la dynastie Mongole des Yuan (1279-1368) : Elles consistent en grottes restaurées, et peintes avec de véritables fresques, selon une technique importée d'Occident, alors que les peintures des autres grottes sont en fait des tempera.

Quelques-unes des grottes les plus connues/
La grotte 16 est une double grotte de grande taille, et très haute dans sa deuxième partie (la plus éloignée de l'entrée), où se trouve un Sakyamuni entouré de 4 Arhats mal restaurés. Elle date de l'époque Tang.
Dans le mur droit du large passage reliant les deux parties de cette grotte est creusée une toute petite grotte, de 3 mètres sur 3 environ... Cette petite grotte est la grotte 17, aujourd'hui mondialement connue.
La grotte 17 est la renommée « bibliothèque murée » découverte par le taoïste Wáng Yuánlù, et dont les quelque 50 000 documents, manuscrits, peintures et objets bouddhistes ont été vendus pour la plus grande part aux explorateurs occidentaux venus chasser le trésor à Dunhuang au début du XXe siècle.
Cette petite grotte est creusée à la fin de la dynastie Tang en l'honneur du « donateur » de la grotte 16, Hongbian, abbé des moines de la région de Hexi. Elle sert ultérieurement de bibliothèque, ou plutôt d'entrepôt, pour de précieux manuscrits et autres objets bouddhistes, pour être finalement murée.
De nombreuses théories existent sur les raisons qui poussent, aux alentours du XIe siècle, à condamner cette grotte, mais aucune n'est totalement convaincante.
Quoi qu'il en soit, la porte de la grotte est alors recouverte de plâtre, puis peinte, en dissimulant complètement l'entrée pendant près de 1 000 ans...
(Le Projet international Dunhuang, qui implique le musée Guimet et la BnF, numérise les manuscrits épars de la grotte et les rend disponibles sur internet).
La bibliothèque murée n'est découverte accidentellement que le 22 juin 1900, par Wáng Yuánlù, alors qu'il travaille à rénover les statues de ce qui sera appelé plus tard la grotte 16, et que des ouvriers sont amenés à enlever le sable accumulé dans le large passage reliant les deux parties de la grotte 16.
Dans la grotte 46, un bouddha allongé occupe une niche entourée de milliers d'effigies de Bouddha
.
Grotte 96 : Datant de l'époque Tang, elle contient un gigantesque Maitreya, le Bouddha du futur, de 35 mètres de haut, du VIIe siècle. Cette statue, la plus grande des grottes de Mogao, construite à l'aide d'échafaudages dont on voit encore l'emplacement, produit une impression spectaculaire par le contraste entre son impressionnante hauteur et le peu de recul dont on dispose pour la découvrir dans cette grotte étroite, ce qui oblige à chercher très haut en l'air le visage du Bouddha.
On dit que cette statue serait une représentation de l'impératrice Tang Wu Zetian. Les registres indiquent que sa construction, au début de la dynastie des Tang, a duré 12 ans et coûté 12 000 taels.
Grotte 130 : Elle date aussi de l'époque Tang, et recèle également une grande statue de Maitreya, de 26 mètres de haut, remontant au VIIIe siècle. Aux plafonds, des motifs très élaborés sont censés imiter du linge suspendu, comme dans une tente.
Grotte 148 : Elle contient un très grand Bouddha couché, datant du VIIIe siècle (dynastie Tang), ainsi que les statues de 72 Arhats qui se tiennent derrière lui. La grotte a la forme d'un long cercueil rectangulaire, à la voûte bombée.

Grotte 158 : Datant du milieu de la dynastie Tang, elle mesure 18,1 mètres de long, 7,2 mètres de large, et 6,80 mètres de haut. Elle abrite un Bouddha couché, entouré à gauche du Bouddha du passé, et à droite du Bouddha du futur, Maitreya.

Dans la grotte 217, une fresque murale représente une ville imaginaire, conçue par le guide d'un pèlerinage pour que ceux qui le suivent puissent récupérer.
Des figures Indiennes et Chinoises tournoient autour d'un démon sur le plafond de la grotte 249. Ce joyau du VIe siècle montrent comment d'autres divinités sont incorporées dans le panthéon bouddhiste.
Dans la grotte 273 se trouve une représentation du Ruru jātaka (Le futur Bouddha, incarné sous la forme d'une gazelle dorée fuyant des chasseurs, est sauvé de la noyade par un homme qui livre la gazelle au roi, malgré sa promesse. Ce dernier punit alors l'homme et épargne la gazelle, qu'il chassait).
Les couleurs, limitées au rouge, brun, blanc et vert, sont posées en aplat, sans véritable volume donné, qui n'est évoqué que par des traits de contours épais. L'influence de l'Asie centrale est claire.
Grotte 259 : Elle date des Wei du Nord, et contient une peinture murale affichant un sourire rappelant l'art du Gandhara, que Paul Pelliot avait surnommé la « Joconde orientale ».

La grotte 260, qui date du VIe siècle, sert de « laboratoire » au Courtauld Institute of Art, de l'université de Londres.
Dans la grotte 273 se trouve une représentation de la jātaka du roi de Shivi, qui illustre le don de soi (une des qualités essentielles du bodhisattva). Les traits de contours cernent des volumes très ronds, caractéristiques de l'époque Tang, et il y a un grand usage de riches bijoux et de guirlandes de fleurs, souvenir d'une influence du monde Indien.
Dans la grotte 427, les vêtements à fleurs portés par des statues du VIe siècle reflètent l'influence de la Perse et témoignent de la circulation des idées et des modes le long de la route de la Soie.
Dans la grotte 465, les fresques tantriques du XIIIe siècle comptent parmi les dernières qui sont créées à Mogao et les plus imprégnées de sexualité.
De nos jours, le site est une importante attraction touristique, et l'objet de recherches archéologiques.
La conservation des lieux pose cependant de nombreux problèmes dont celui d'un ensablement progressif auquel l'installation de portes pour accéder aux grottes tente de remédier.

Les grottes de Mogao sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987.

Fuyant la pauvreté de sa ville natale, (Macheng dans le Hubei), Wáng Yuánlù mène une vie vagabonde, puis est enrôlé dans l'infanterie de l'armée Qing...
Après avoir quitté l'armée, il est initié au taoïsme, sous le nom taoïste de Fazhen.

Il continue alors sa vie errante, qui le conduit finalement jusqu'aux grottes de Mogao, où il décide de s'installer.
Absolument inconscient de la valeur réelle des dizaines de milliers de manuscrits et objets qu'il y trouve (on parle de 50 000), il les utilise pour faire de petits cadeaux aux autorités locales afin de faciliter ses relations avec eux.
Mais en 1904, l'administration du Gansu, informée des trouvailles réalisées par Wáng Yuánlù, ordonne au magistrat chargé de Dunhuang de vérifier le contenu de la fameuse grotte et de la murer de nouveau.

C'est alors que le taoïste Wáng Yuánlù est chargé de garder la grotte en veillant à ce que plus rien n'en disparaisse.
Malheureusement, la nouvelle de la découverte s'est répandue fort loin, et, 7 ans après cette découverte, les explorateurs occidentaux commencent à arriver à Dunhuang pour ce qui s'avère une véritable chasse au trésor... Parmi les objets achetés par Sir Aurel Stein se trouve par exemple le Soutra du Diamant, imprimé en 868 après Jésus-Christ.
Ce petit cahier broché aux coins très légèrement arrondis est le seul exemplaire complet de la version en 32 sections du Sûtra du diamant et pourrait avoir été écrit à l'aide d'un calame. Malgré le format réduit, l'artiste a su représenter d'un trait fin et soigné les huit porteurs de vajra sur deux registres.
Les images ont été rehaussées de rouge grenat et de taches d'ocre jaune. Leur expression farouche, la variété de leurs attitudes, l'usage d'un rouge évoquant la couleur du sang séché contribuent à l'intérêt de ce livret.
L'inscription finale, datée du 30 avril 906, nous apprend que le texte est copié par un vieillard âgé de 83 ans qui se sert de son sang mélangé à l'encre pour écrire de sa main le sûtra, afin de le diffuser auprès de tous les croyants de Shazhou (région de Dunhuang).

8 copies du texte calligraphiées par le même dévot octogénaire sont connues. L'une d'elles mentionne également une encre mêlée de sang. Cette pratique est, par ailleurs, attestée chez les bouddhistes.
Le sang, qui mérite de figurer dans l'inventaire des encres précieuses au même titre que les encres d'or et d'argent, mélangé à de l'encre présente une teinte noire assez pâle.

Longtemps restés dans l'ombre, les débuts de l'imprimerie Chinoise nous sont mieux connus grâce aux documents retrouvés au début du siècle à Dunhuang, cette « Perle de la Route de la soie », aux confins du désert de Gobi.
Les premiers témoins, que l'on s'accorde à dater du VIIIe siècle, en sont des images.
Images pieuses, ces effigies bouddhiques aux contours parfois maladroits sont apposées à l'infini en de longs rouleaux. Comme les ex-voto d'argile contemporains, ces reproductions répondent à la prescription de diffusion des Images Saintes pour s'acquérir des mérites.
 
Au IXe siècle, quelques caractères malhabiles apparaissent aux côtés d'images déjà élaborées, bodhisattvas riches de tous leurs attributs ou vastes compositions de grand format aux qualités esthétiques et techniques évidentes. Parfois aussi, les caractères « étrangers » (quelquefois approximatifs) des prières talismaniques Tibétaines ou Sanskrites participent largement au décor.

De la même époque date le fameux « Sûtra du Diamant », retrouvé à Dunhuang lui aussi et conservé à Londres.Toutefois, il nous transmet, outre la certitude d'une production locale, le nom de l'un des plus anciens graveurs qui nous ait été conservé : Lei Yanmei.

Au même moment, à partir de 953, l'empereur Song Taizu (960-976) fait graver à Yizhou, l'actuelle Chengdu, capitale du Sichuan, l'édition des « Neuf classiques », puis de 971 à 983, les 130 000 planches de l'édition princeps du « Canon bouddhique », d'une toute autre qualité.

Cette première gravure fait référence et sert de modèle aux éditions ultérieures du « Canon bouddhique » publiées du XIIe au XVIIIe siècle, mais aussi aux éditions du « Canon Taoïque » dont la seule gravure conservée date du milieu du XVe siècle.
On y trouve la même disposition des caractères, de 14 à 17, en colonnes sans réglure. La seule différence notable tient au montage : Alors que l'édition Song se présente en rouleaux, comme les copies manuscrites qui l'ont précédée, les suivantes seront le plus souvent reliées en accordéon.
Les frontispices illustrés (une autre constante) gagneront en ampleur, couvrant jusqu'à 7 panneaux.
Parce que les imprimés de Dunhuang ont été conservés en nombre et sont les plus anciens spécimens connus, n'en concluons pas que Dunhuang est un centre actif de l'imprimerie, encore moins le lieu de naissance de l'invention.
La province du Sichuan et les villes de Luoyang et de Chang'an la capitale, (l'actuelle Xi'an) assurent une production xylographique déjà importante dans des ateliers impériaux mais aussi locaux et commerciaux.

Il est impossible de connaître l'exacte provenance de la plupart des imprimés recueillis à Dunhuang. Les pages de dictionnaires et certaines illustrations assez élaborées peuvent provenir du Sichuan.
On peut tout de même supposer que la plupart des représentations votives de divinités sont imprimées à Dunhuang même, comme en témoignent 3 documents commandités par le gouverneur régional... Ces précieux témoignages permettent de faire sortir de l'anonymat un certain Lei Yanmei, l'un des premiers graveurs connus.

Il faut distinguer 3 types de documents parmi les plus anciennes xylographies : la dhâranî (charme magique aux formules brèves), l'image sacrée et enfin le texte.
Les plus anciens imprimés retrouvés sont des charmes, qu'il s'agisse des charmes taoïques, des dhâranî d'une impératrice Japonaise ou des dhâranî en sanskrit du Sichuan et de Dunhuang.
Ces formules incantatoires, incompréhensibles au fidèle ou au copiste ordinaire, sont difficilement copiables sans erreur.
Or une formule n'est supposée efficace que si elle est scrupuleusement reproduite.
Pour éviter une faute qui en annulerait toute efficacité, mais aussi pour diffuser les images saintes auprès du plus grand nombre, la xylographie se révèle une technique idéale.
Les rouleaux aux « mille bouddhas » s'apparentent à ce type d'impressions. Même si certains copistes sont aussi des peintres, copier un texte manuscrit est certainement bien plus rapide et aisé que dessiner fidèlement une image sainte.
La xylographie permet de populariser ces images et de toucher une population illettrée.
Faut-il attribuer le développement de la xylographie au prosélytisme de la religion bouddhique ?
On peut tout au moins affirmer que celle-ci y a fortement contribué.
En effet, toute copie de sûtra, toute multiplication de dessin religieux constitue pour le croyant une manifestation majeure de piété, et même un devoir.
Contrairement à la diversité picturale visible dans les grottes de Dunhuang, les xylographies qui circulent sont pour la plupart dépourvues d'originalité.
Qu'il s'agisse des textes ou des images, ces documents destinés à une large diffusion sont d'une très grande banalité. Ils démontrent à l'évidence que la xylographie sert de moyen efficace et peu onéreux pour diffuser la foi bouddhique et multiplier les connaissances.

S'ils n'avaient bénéficié des conditions climatiques exceptionnelles de sécheresse au Turkestan, ces documents si ordinaires ne nous seraient jamais parvenus.

Le tracé très simple se limite à la silhouette du bouddha et à un plissé schématisé important du vêtement. Le souci quantitatif, au détriment de la qualité picturale, est évident sur ces impressions souvent trop ou pas assez encrées, parfois brouillées.
L'acte de piété se manifeste moins par le soin apporté que par le nombre d'images saintes reproduites.
On constate une volonté délibérée d'emplir tout l'espace disponible, les figures juxtaposées se chevauchent parfois et ne sont pas toujours rigoureusement parallèles. Cela témoigne à la fois d'une grande rapidité d'exécution de ces séries mais plus encore du mode d'impression qui reste encore celui du sceau appliqué à main levée.

La seule matrice qui nous soit parvenue a une surface de préhension très restreinte. Elle est tenue entre les doigts à la manière d'un sceau. Les bois de plus grandes dimensions doivent être pourvus de poignées pour plus de commodité. On comprend aisément que, par suite de l'impossibilité technique de ce mode d'apposition pour des pièces encore plus grandes, on ait inversé le procédé en positionnant la feuille sur la matrice de bois restée fixe.
Une référence textuelle du début du VIIe siècle rapporte que des prêtres Taoïstes impriment des charmes magiques à l'aide de petites plaques gravées. Les impressions se font probablement à l'encre rouge et ont une valeur protectrice.
Des charmes bouddhiques imprimés de formules sanskrites magiques ont aussi été retrouvés. Les rouleaux aux « mille bouddhas » qui conservent cette valeur constituent essentiellement un acte de piété à la fois pour celui qui en l'imprimant a participé à la diffusion de l'image révérée.

Des effigies similaires mais peintes à la main s'observent sur des manuscrits, du tissu ou les parois des sanctuaires, ou bien encore en séries moulées en relief sur des plaques votives d'argile.
A l'évidence, l'impression à l'aide d'un bois apposé sur le matériau relativement peu coûteux qu'est le papier entraîne une économie de moyens et un gain de temps substantiels par rapport à l'exécution au pinceau. Parfois quelques couleurs sont ajoutées manuellement.

La composition d'un des rouleaux cherche à rompre la monotonie habituelle de ces séries en présentant un jeu de deux dessins différents inscrits à l'intérieur de chaque feuille qui sert d'unité : 8 impressions rectangulaires placées verticalement sur les bords alternent avec 15 autres impressions apparentées mais sans cadre placées horizontalement.

On distingue une quinzaine de motifs différents dans l'ensemble des documents conservés à Paris. Certains dessins sont plus élaborés telle la composition à trois personnages. Malgré la schématisation du tracé, on note une diversité dans le traitement du vêtement, de la coiffure, du nimbe simple ou double, de la position rituelle des mains, et des postures des bouddhas représentés assis sur un trône de lotus, jambes croisées ou un pied posé à terre.
Le bouddha peut également être assis à l'occidentale, les deux pieds reposant sur le sol. Cette posture se retrouve sur les huit représentations en relief d'une plaque votive en argile. Draperie ou fleurettes ornent le fond du dessin qui peut ou non être délimité par un encadrement.

Le bois gravé découvert par Pelliot aux environs de Koutcha en Asie centrale est de petite taille, comme le sont ceux qui servent à confectionner les rouleaux. La plus petite impression mesure 5 cm x 3,2 cm, la plus grande 9 cm x 5 cm, ce qui confirme la filiation existant entre le sceau et la gravure des véritables planches xylographiques.

Ces impressions très rudimentaires sont difficilement datables. Pelliot attribue le petit bois gravé au VIIIe siècle. Cette datation semble confirmée par l'étude des caractéristiques techniques des feuilles de papier imprimées.

On peut admettre que ces rouleaux continuent à être confectionnés jusqu'au Xe siècle, date proposée par Whitfield. Ces humbles témoignages permettent de fixer les premiers jalons de l'histoire de l'imprimerie en Chine mais ne doivent toutefois pas faire oublier le développement rapide de la technique xylographique, en effet, le frontispice illustré du sûtra imprimé en 868, conservé à Londres, manifeste déjà une totale maîtrise technique.

Plusieurs grandes éditions de textes bouddhiques entreprises peu après, à l'époque des Song, confirment l'essor de la xylographie et la pleine maîtrise de sa technique.
Il faut brièvement mentionner aussi quelques éditions sans caractère religieux telles que celles des Classiques publiées par Feng Dao au Sichuan au Xe siècle dont il ne subsiste rien ou des éditions de dictionnaires. Dès avant l'avènement des Song, la xylographie tant dans le domaine religieux que laïque a acquis une place qui ne cesse de croître pendant plus d'un millénaire.

Les chrétiens sont mes frères. Je ne veux pas faire d'eux de nouveaux bouddhistes. Je veux les aider à approfondir leur propre tradition.
  • Thich Nhat Hanh


BnF - Chine - Repères : Impressions de Chine
expositions.bnf.fr/chine/reperes/2/index4.htm
De la même époque -868 de notre ère- date le fameux "Sûtra du Diamant", ... cette même province avant l'année 865 des éditions imprimées de dictionnaires.
Sūtra du Diamant — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Sūtra_du_Diamant
Ce Soutra du Diamant, daté de 868 ap. ... gratuitement à tous, au bénéfice de ses parents, le 15e jour du 4e mois, 9e année de l'ère Xiantong (11 mai 868) ».

Le Soutra du diamant | Institut de Pleine Conscience ...
www.mpcmontreal.org/?q=fr/node/551
Frères et soeurs, lisez le Soutra du Diamant avec un esprit serein, un esprit libre de tout point de vue.Toutefois, ne vous précipitez ... Ainsi, gardez bien à l'esprit le nom complet du soutra, Le Diamant qui coupe l'illusion. ...... daté de 868 ap.
Termes manquants : année

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