dimanche 4 janvier 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 877

Cette page concerne l'année 877 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

UN PHILOSOPHE IRLANDAIS

Jean Scot Erigène, (Iohannes Scottus) est un clerc et philosophe Irlandais du IXe siècle né entre les années 800 et 815. Il meurt vers 877 sur le continent, comme nombre de moines Celtes venus d'Irlande, « l'île des saints et des savants » et du christianisme Celtique.
De Scot (Jean), dit « Érigène », philosophe et théologien du IXe siècle, il est impossible de fixer davantage les éléments relatifs à sa date de naissance, sa jeunesse et la fin de sa vie. On cumule sur le continent ses surnoms Scotus et l'Érigène ou, en latin, Eriugena.

La dénomination Jean Scot Erigène dissimule une redondance toponymique. En effet, dans son pays d'origine, on le nommait Hibernia, Scottia ou Eriu. Erigène signifiant qu'il est originaire d'Irlande, alors que Scot indique qu'il vient de la terre des Scots, la Scotia étant à l'époque le mot latin pour designer l'Irlande.
Sa vie et son œuvre.

Érigène gagne le continent vers 845. Il vient en Francie, appelé par Charles le Chauve, et il passe presque 30 ans à la cour de ce prince, enseigne les arts libéraux à l'école palatine, devient le philosophe officiel du petit-fils de Charlemagne.
Avec le règne de Charles le Chauve, le cadre des études officielles dispensées s'élargit. Jean Scot Érigène exalte le zèle religieux du souverain qui, au milieu de ses soucis politiques (attaques des Normands et guerres intestines), sait garder un intérêt pour les études des Pères Grecs et ne pas se contenter des Pères Latins.

Les Irlandais, qui sont à la cour de Charles le Chauve les plus nombreux parmi les savants étrangers, touchent également aux formations patristiques et philosophiques. Le simple désir de Charlemagne de voir des prêtres parler correctement le latin est vite dépassé par le talent de personnalités telles que Sedulius, Jean Scot Erigène ou Martin Scot. Se rendant souvent à Laon, où résident de nombreux compatriotes, Érigène s'adjoint les services de Martin Scot dans les traductions du grec nécessaires à ses études.

À la cour du petit-fils de Charlemagne, Érigène participe à la demande d'Hincmar de Reims à la querelle autour de la prédestination en rédigeant « De prædestinatione » (de la prédestination) et y enseigne librement les arts libéraux.
C'est à cet homme cultivé que l'on doit l'expression d’arts mécaniques. Ce terme est utilisé dans un de ses commentaires sur un ouvrage de Martianus Capella.
Ce commentaire accorde déjà aux arts mécaniques un statut presque égal à celui des arts libéraux.

Penseur original, sachant le grec, nourri de la lecture des écrits d'Augustin, d'Origène..., traducteur de textes alors attribués à Denys l'Aréopagite, Scot Érigène est à la fois philosophe et théologien.
C'est bien le seul de son époque à connaître et à traduire les « Ambigua » et les « Quaestiones ad Thalassium » de Maxime le Confesseur auquel il doit des éléments importants de sa pensée.

Il a une culture exceptionnelle pour son temps. Féru de grec, il traduit et annote les œuvres de Maxime le Confesseur ainsi que « Sur les images » de Grégoire de Nysse. Il étudie Origène et Saint Augustin, annote et commente Martianus Capella et Boèce.
Il reste, encore aujourd'hui, reconnu pour avoir été un traducteur et commentateur brillant du Pseudo-Denys l'Aréopagite.

Ce laïc Irlandais a su en extraire une quintessence qui prolonge des traditions antérieures, chrétiennes et païennes. Sa pensée pourrait être redécouverte pour renouveler la pensée sur des thèmes comme l'imaginaire, la théologie apophatique (L'apophatisme est une approche philosophique fondée sur la négation. En dérive la théologie négative, c'est-à-dire une approche de la théologie qui consiste à insister plus sur ce que Dieu n’est pas que sur ce que Dieu est. ... ), le symbolisme, etc... Pour lui, toutes les aspirations humaines au savoir ont pour origine la question de la foi en la révélation. C'est à la raison humaine en tant que miroir du Verbe qu'incombe néanmoins dans le temps le devoir d'expliquer le sens de la révélation. Il s'ensuit qu'aucune contradiction ne peut surgir entre foi et raison humaine sans incompréhension, et entre foi et raison divine.

Il faut suivre l'autorité des Pères de l'Église aussi longtemps que celle-ci est en accord avec la révélation, en cas de contradiction, c'est l'écriture et la raison divine qui l'emportent… L'homme n'a de raison que comme miroir et ressemblance du Verbe, qui est la vraie Raison qui mesure toute réflexion humaine. Et bien sûr une tradition fragile est moins que le Verbe, mais cela ne fait pas de Scot un rationaliste moderne, car sa « raison » est très éloignée de la raison des modernes.

L’Irlandais, agile d'esprit, conçoit la nature sous 4 catégories dont le point de départ est Dieu et dont le terme aboutit à Dieu, donc comme un cercle qui part du Suprême et fait retour à lui. Tout part du Suprême et retourne au Suprême. Tous les êtres créés se résorbent ainsi en leur créateur.
La notion de bien et de mal est propre à la manifestation comme le temps et l'espace, innocents et coupables devant connaître un destin temporel étranger ou non à leur destinée éternelle.
L'Enfer n'est pas un lieu terrestre, de la manifestation spatiale, car rien n'est hors de l'Espace de la nature divine, il n'en est pas moins Être, Douleur et Aveuglement. Les 4 catégories sont :
  • « ce qui n'est pas créé et qui crée » (Dieu comme origine de toutes choses);
  • « ce qui est créé et qui crée » (idées, causes premières);
  • « ce qui est créé et ne crée pas » (ce qui est soumis à un temps et à un lieu : L'homme).
  • « ce qui n'est pas créé et qui ne crée pas » (Dieu comme point de retour de l'humanité).
Dans son traité Periphyseon (« De divisione naturae », terme du XVIIe siècle), il fait une compilation et une synthèse de la culture Grecque païenne au travers de la tradition des pères Grecs. Il s'agit essentiellement de la culture Grecque, en y ajoutant cependant des auteurs Latins imprégnés de culture néo-platonicienne, Boèce, Martianus Capella et Saint Augustin.

Théologien émérite, il glose l'Évangile selon Jean, analyse la pensée d'Augustin d'Hippone et prend part aux grandes querelles théologiques sur la nature divine.
Il s'oppose à Godescalc au sujet de la prédestination. Il encourt les foudres de plusieurs conciles locaux pour le panthéisme et le pandéisme qui, selon une incompréhension tenace, se dégage de ses œuvres.
Ce panthéisme est une accusation ancienne mais qui n'a jamais, et pour cause, été confirmée... Jean Scot Erigène est lu et étudié pendant tout le Moyen Âge, entre autres par Thomas d'Aquin mais qui le confond avec Origène.

Jean Scot apporte aussi une manifestation, rare et précieuse, de la culture Celte, avec son goût pour l'imaginaire conçu comme une force positive, une direction vers la lumière des Lumières.
Vers 865 ou 867, il est dénoncé comme hérétique par le pape Nicolas Ier. L'accusation n'est pas confirmée.
Au lieu de se retirer dans un couvent, il demeure en France, et meurt sur sa terre d'accueil vers 876/877.

Ses œuvres sont censurées par l'Église, puis réhabilitées par le pape Benoît XVI lors de l'Audience générale du 10 juin 2009.

Jean Scot est aujourd'hui réclamé par certains libres penseurs comme un des leurs, bien que ce terme n'ait aucun sens au IXe siècle.

En 851, Jean Scot Érigène écrit par exemple dans « De la prédestination » :
  • Dieu ne prévoit ni peines, ni péchés : Ce sont des fictions.
  • L'enfer n'existe pas, ou alors il se nomme le remords.
C'est à Jean Scot Erigène qu'on attribue en général les idées directrices du mouvement du Libre-Esprit (XIIIe siècle) - (XIVe siècle).

Mouvement férocement pourchassé par l'Inquisition et dont la première condamnation papale remonte à 1204.
Sa grande prêtresse Marguerite Porète finit brûlée vive en place de Grève à Paris, le 1er juin 1310 avec son unique livre le « Mirouer des simples ames anienties » (livre qui reprend nombre d'idées d'Érigène).

Les attributions de postérité « sectaire » à Jean Scot Erigène résultent d'une incompréhension de son œuvre. Jean Scot est strictement le continuateur de la tradition néoplatonicienne de la basse antiquité, en particulier de Proclus, relu et christianisé par Denys l'Aéropagite.

Le 10 Juin 2009 le pape Benoit XVI a parlé de Jean Scot Erigène dans une catéchèse en mettant en avant la relation entre la foi et la raison. En effet Jean Scot prétend que la raison humaine n'entre pas en contradiction avec la foi.

L'œuvre de Jean Scot dit l'Érigène représente sans doute l'ensemble littéraire, philosophique, exégétique et théologique le plus considérable et le plus élaboré de la pensée occidentale latine entre le VIe et le XIIe siècle. On y retrouve l'empreinte profonde des auteurs de l'Antiquité profane et surtout celle des Pères de l'Église qui ont le mieux assimilé les thèmes néo-platoniciens, sans que l'essor de la pensée personnelle d'Érigène en ait été aucunement entravé.

Si l'ampleur et la vigueur de cette pensée l'imposent à l'admiration des contemporains et des générations qui suivent, en revanche la hardiesse et la « nouveauté » de plusieurs de ses thèses lui valent plusieurs condamnations des conciles et des papes, soit du vivant de Jean Scot (thèses sur la prédestination), soit plusieurs siècles après sa mort (thèses réputées « panthéistes », reprises par Amaury de Bène et ses disciples au début du XIIIe siècle).

Né en Irlande (Hibernia, Scottia, Eriu, d'où le pléonasme : Scot Érigène) dans le premier quart du IXe siècle, placé avant 847 à la tête de l'école du palais de Charles le Chauve, Jean Scot parfait sur le continent sa formation littéraire, philosophique et théologique. Il apparaît vite comme une autorité de premier plan.
Contre Godescalc d'Orbais et sa doctrine de la double prédestination, il compose le De divina praedestinatione liber (851).
Il écrit les Annotationes in Martianum Capellam (859-860).
Traduit les œuvres du pseudo-Denys (860-862).
Les Ambigua de Maxime le Confesseur.
Le « De hominis opificio » de Grégoire de Nysse (862-864).
Les Quaestiones ad Thalassium de Maxime (864-866).
L'Ancoratus d'Épiphane (traduction non retrouvée).
L'œuvre majeure De divisione naturae (Periphyseon) est composée entre 864 et 866.
Suivent les Expositiones in ierarchiam (sic) caelestem sancti Dionysii (865-870).
L'Homilia sur le Prologue de Jean et le Commentarius (interrompu) sur ce même Évangile sont les derniers écrits de Jean Scot.

En substance, le Saint-Père rappelle qu’« en réalité, Jean Scot représente un platonisme radical qui semble mener à une vision panthéiste, mais ses intentions personnelles suggèrent qu’il est toujours orthodoxe  ».

Jean Scot dit d’ailleurs  : «  Notre salut commence avec la foi. Nous ne pouvons pas parler de Dieu en partant de nos inventions humaines, mais nous pouvons parler de Dieu tel qu’il se révèle dans l’Écriture Sainte. »
Puisque seul Dieu dit la vérité, Scot Erigène est convaincu que la vraie religion et la vraie philosophie coïncident.

En outre, Benoît XVI souligne chez Scot l’affirmation de la valeur de la raison, fondée sur la certitude que l’autorité vraie est rationnelle. Le Pape poursuit sur la méthode à suivre selon Érigène pour interpréter la Sainte Écriture  :
CLOITRE DE L'ABBAYE
«  Un tel exercice consiste à cultiver une disponibilité constante à la conversion. Pour accéder à une vision en profondeur du texte, il est nécessaire de progresser simultanément dans la conversion du cœur et dans l’analyse conceptuelle du texte biblique, qu’il soit de caractère cosmique, historique ou doctrinal. C’est seulement grâce à une purification constante du cœur ou de l’intelligence que nous pouvons conquérir la compréhension exacte.  »
Puis le Pape reconnaît la hardiesse de Jean Scot qui entraîne une mauvaise compréhension de sa philosophie car «  en utilisant un vocabulaire cher à la tradition chrétienne de langue grecque, il a qualifié cette expérience vers laquelle nous tendons de theosis, ou de divinisation, avec des affirmations si hardies qu’elles le font suspecter de panthéisme hétérodoxe.  »

Qui est donc Jean Scot  ? Un laïc Irlandais commensal du roi Charles le Chauve qui l’appelle à enseigner les arts libéraux à l’École Palatine fondée par son grand-père Charlemagne.

Exégète inspiré du Prologue et de l’Évangile de Saint Jean, premier commentateur en Occident de la Hiérarchie céleste de Denys l’Aréopagite, Jean Scot est surtout connu pour son De praedestinatione (De la prédestination divine, daté de 851) et son œuvre majeure, De la division de la Nature ou Periphyseon, rédigée, entre 864 et 866, que le médiéviste Étienne Gilson qualifiera «  d’immense épopée métaphysique  ». Ces œuvres sont condamnées par l’Église, notamment au concile de Sens en 1225, et le Pape Honorius III ordonne qu’elles soient brûlées...

Elles sont pourtant parvenues jus­qu’à nous. Le cinquième et dernier livre du chef-d’œuvre d’Érigène vient de paraître. Nous devons à Francis Bertin cette version intégrale du Periphyseon, traduit, annoté et commenté au prix d’un labeur considérable, dont les 4 volumes sont maintenant disponibles en librairie. On espère au moins un succès de curiosité intellectuelle... Mais, pour qui n’a aucune notion de philosophie, ces livres sont difficiles d’accès. On peut cependant tenter un résumé qui donnera à tout un chacun une idée des questions posées et l’intuition des mauvaises interprétations qui ont pu en être faites, certains faisant de Scot un panthéiste, voire un athée... Le Periphyseon s’ouvre sur une défi­nition de la Nature, prise comme concept générique, qui englobe à la fois ce qui est et ce qui n’est pas, l’étant et le non-étant.

L’Irlandais s’intéresse aussi à l’exégèse des six jours intelligibles de la
Création. Quant aux 5 autres jours de la Création, ils sont déjà impliqués dans le Fiat Lux du premier jour.

Sacré empereur à Rome, à la Noël 875, Charles, fait de Compiègne Carlopolis , le substitut d’Aix-la-Chapelle, aux termes de la fameuse Bulle d’or du 5 Mai 877, dont le legimus tracé au cinabre, imite les usages de la chancellerie impériale Byzantine. Il donne un statut, en 876, à la Chapelle Sainte-Marie, qui devient la collégiale Sainte-Marie, puis « l’abbaye Notre-Dame de Karlopole, SS. Cornelius et Cyprianus Compendiens, ou Compendiense Monasterium ».

Il établit à l'emplacement de l'ancien palais Mérovingien, tandis que lui-même se fait construire un nouveau palais situé vers l'Oise, auquel l'abbaye sert de chapelle impériale. Il s'inspire fortement du modèle de palais de son grand-père Charlemagne, à Aix-la-Chapelle. Le regroupement des différents bâtiments est nécessaire à l'exercice du pouvoir et à la vie d'une cour.
Le plan de l’église fondée par Charles le Chauve est-il octogonal comme le décrit J. Scot Erigène, à l’image de la chapelle palatine d’Aix La Chapelle ? En tous les cas 40 jours après le diplôme de fondation, le Capitulaire de Quierzy nous dit que le monastère est construit, ce qui confirme que les travaux ont commencé bien avant 876.

ÉGLISE DE VERBERIE
Les successeurs de Charles le Chauve, les Carolingiens de Francie Occidentale vont continuer à considérer leurs palais de Compiègne et de Verberie et cette abbaye comme les successeurs du palais d'Aix-la-Chapelle et de la chapelle palatine.


SCOT ÉRIGÈNE - Encyclopædia Universalissco
www.universalis.fr/encyclopedie/jean-scot-erigene/
JEAN SCOT ÉRIGÈNE (810 env.-env. 877). L'œuvre de Jean Scot dit l'Érigène représente sans doute l'ensemble littéraire, philosophique, exégétique et ...
Termes manquants : année
Scot Érigène réhabilité - France Catholique
www.france-catholique.fr › Actualités › L'article du jour
28 juil. 2009 - L'œuvre théologique de Jean Scot (810-870), qui eut son heure de gloire, fut durement ... Puisque seul Dieu dit la vérité, Scot érigène est convaincu que la vraie religion et la vraie philosophie coïncident. .... 815–877) et Duns Scot (c. ... Sans catastrophisme, l'année 2014 aura été une année difficile.

Les études philosophiques - ResearchGate
www.researchgate.net/journal/0014-2166_Les_etudes_philosophiques
Fondées en 1926, Les Études philosophiques publient chaque année quatre ... de la pensée mystique de Jean Scot Érigène (810-877) et de Maître Eckhart (1260-1328). ... Article: JEAN SCOT ÉRIGÈNE, LA CONNAISSANCE DE SOI ET LA ...

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