lundi 19 janvier 2015

EN REMONTANT LE TEMPS... 858

 11 JANVIER 2015...


Cette page concerne l'année 858 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

FAITS DIVERS DOUTEUX DEVENUS LÉGENDES.

Légende : La chronique de Sigebert donne comme un fait certain qu'en l'an 858 il apparaît, dans un village du diocèse de Mayence, un fantôme malfaisant, qui bat les voisins, et trouble la paix des ménages par des révélations indiscrètes, il met le feu aux cabanes, ce qui est beaucoup plus sérieux, et brûle les moissons.

Les écrits de Sigebert relèvent de trois genres différents :
Écrits hagiographiques : répondant à la demande spirituelle de l’époque : Il a rédigé de nombreuses « vies de saints » qui n’ont guère de valeur historique ou même biographique étant donné leur absence quasi totale d’esprit critique. Le merveilleux et miraculeux y occupent une grande place :
Vie de Thierry, fondateur de l’abbaye de Metz,
Passion et prophétie de Sainte Lucie,
Vie du roi Sigebert d’Austrasie,
De Saint Guibert, fondateur de Gembloux,
De Saint Lambert, évêque martyr de Liège, etc...

Sigebert laisse également un De viris illustribus, écrit vers la fin de sa vie, qui rassemble une série de notices biographiques sur des écrivains contemporains.

Écrits polémiques : En 1075 Sigebert s’oppose une première fois au pape Grégoire VII (le vigoureux moine Hildebrand) qui a déclaré invalides les actes sacramentels accomplis par des prêtres simoniaques ou fornicateurs. Plus retentissante encore est son opposition au même Grégoire VII dans la querelle des Investitures.

Sigebert est un des très rares hommes d’Église à prendre la défense de l’empereur Henri IV du Saint-Empire (Germanique), lorsque, en 1076, il est déposé et excommunié par Grégoire VII pour avoir enfreint l’ordre de ne pas nommer lui-même des évêques. Plus tard (vers 1102), nouvelle querelle, cette fois avec le pape Pascal II qui a engagé le comte de Flandre à se lancer dans une « croisade » contre les clercs réfractaires de la principauté de Liège et autres complices de Henri IV le Germanique. Le ton est acerbe, il s’élève contre les ambitions des pontifes Romains.
Écrits historiques : C’est surtout comme chroniqueur cependant que Sigebert est passé dans l'histoire. En fait toutes les grandes abbayes du Moyen-Âge ont leur chroniqueur de fonction, mais Sigebert est éminent dans le genre.
Il compose des Gesta abbatum Gemblacensium (1071) qui rapportent ce qu’il connaît de la gestion de l'abbaye par ses premiers abbés.
Ce travail est continué après sa mort (jusqu'en 1136).
Son ouvrage le plus célèbre, et historiquement très précieux, reste cependant sa « Chronographia », une chronique universelle des événements les plus importants entre 379 ou 381 à 1111, qui continue en fait celle de Saint Jérôme.

Commencée après 1083, il la publie en 1105, et la continue ensuite.
Il cite quantité de sources qui sont maintenant perdues. La chronique est très populaire pendant la fin du Moyen-Âge. Elle est souvent recopiée, utilisée par de nombreux écrivains et finalement imprimée lorsque la nouvelle technologie de Gutenberg est disponible (1513).

Sigebert est un des auteurs que l'on cite pour la fable de la papesse Jeanne, mais le père Pagi prouve que les plus anciens manuscrits de Sigebert n'en font aucune mention, et dans les manuscrits qui en parlent, on n'y trouve que ces mots, « Fama est hunc Joannem fuisse fœmam, au rapport de Spanheim, qui en conclut que ce témoignage ne saurait être d'aucune autorité ».

Où l'on peut remarquer premièrement qu'on croit, qu'il y a des gens qui mangent les hommes vivants, qu'on les fait mourir et brûler, qu'on en mange quelque soit leurs chairs, comme en Russie on mange du pain pétri avec le sang des Vampires, et que d'autre exposent leurs cadavres aux bêtes carnassières, comme on fait encore dans les lieux où se trouvent de ces « Revenaras » , après les avoir empalés , ou leur avoir coupé la tête...
Les Lois des Lombards défendent de même de faire mourir la servante de quelqu'un comme Sorcière , Strix ou masca. Ce dernier mot masca, d'où vient masque, a la même signification que le latin Larva, un Esprit, un Fantôme, un Spectre.
On peut ranger au nombre des Revenants celui dont il est parlé dans la Chronique de Sigebert en 858.
Dans le Diocèse de Mayence on voit cette année un Esprit, qui se manifeste d'abord en jetant des pierres, frappant les murailles des maisons, comme à grands coups de maillets, puis parlant et découvrant des choses inconnues, les Auteurs de certains larcins, et d'autres choses propres à répandre la peur et la discorde parmi les voisins. A la fin il porte sa fureur contre un particulier qu'il affecte de persécuter et de rendre odieux à tout le voisinage publiant que c'est lui qui excite la colère de Dieu contre tout le village. Il le poursuit en tout lieu, sans lui donner la moindre relâche, il brûle ses moissons rassemblées dans sa maison, et met le feu dans tous les lieux où il entre.
Les Prêtres l’exorcisent, font des prières » jettent de l'eau bénite, l'Esprit leur jette des pierres et blesse plusieurs personnes. Après que les Prêtres se soient retirés, on l'entend comme se lamentant disant, qu'il s'est caché sous sa chape d'un Prêtre qu'il nomme, et qu'il accuse d'avoir corrompu la fille d'un homme d'affaire du lieu : Il continue ses exactions pendant 3 ans » et ne cesse pas avant d'avoir brûlé toutes les maisons du village...

Voici un Exemple qui se peut rapporter à ce qu'on raconte des Revenants de Hongrie, qui viennent annoncer la mort à leurs proches.
Evode Evêque en Afrique écrit à Saint Augustin qu'un jeune homme qu'il a près de lui, et qui lui sert d’écrivain est d'une innocence d'une pureté extraordinaire. Peu avant son décès à l'âge de 22 ans une veuve voit en songe un certain diacre qui avec d'autre serviteurs et servantes de Dieu, préparent un palais qui paraît brillant, comme de l'argent. Elle demande pour qui on le prépare... On lui dit, que c'est pour ce jeune homme qui est mort la veille.

Elle voit ensuite dans le même Palais un Vieillard vêtu de blanc, il ordonne à 2 personnes de tirer ce jeune homme du tombeau et de le conduire au Ciel. Dans la même maison, où ce jeune homme est mort, un Vieillard à demi-endormi voit un homme avec une branche de laurier à la main, sur laquelle il y a quelque chose d'écrit... 3 jours après la mort du jeune homme son Père qui est prêtre, et se nomme Armene, s'étant retiré dans un monastère, pour se consoler avec le Saint Vieillard Thease Evêque de Manblose, le fils trépassé apparaît au moine de ce monastère et lui dit, que Dieu l'a reçu au nombre des bienheureux, et qu'il l'a envoyé quérir son Père. En effet 4 jours après son père montre un peu de fièvre , mais si légère que le médecin assure qu'il n'y a rien à craindre... Il se met au lit, et en même temps alors qu'il parle encore avec le médecin, il expire...

Le même Evêque Evode raconte, qu'on a vu plusieurs personnes après leur mort aller et venir dans leurs maisons, comme auparavant » ou la nuit, ou même en plein jour. On dit aussi, ajoute-t-il que dans les lieux où il y a des corps enterrés, et surtout dans les Églises, on entend souvent du bruit à une certaine heure de la nuit, comme des personnes priant à haute voix. Je me souviens, dit toujours Evode, de l'avoir entendu dire à plusieurs, et entre autres à un Saint Prêtre, lequel est témoin de ces apparitions, pour avoir vu sortir du baptistère un grand nombre de ces âmes avec des corps éclatants de lumière, et les avoir ensuite entendu prier au milieu de l’Église.

Saint Augustin après avoir rapporté ce que disait Evode, reconnaît, qu'il y a beaucoup de distinctions à faire entre les visions vraies ou fausses, et témoigne qu'il voudrait bien avoir un moyen sûr pour en faire le juste discernement.

Mais qui nous donnera les lumières nécessaires pour faire ce discernement si difficile, et néanmoins si nécessaire, puisque nous n'avons pas même des caractères certains pour distinguer infailliblement les vrais miracles d'avec les faux, ni pour faire la différence entre les œuvres du Tout Puissant, des illusions de l'Ange des ténèbres.


Thomas Bartholin le fils dans son traité « causes du mépris » que les anciens Danois faisaient de la mort, remarque qu'un certain Hordus Islandais voyant des Spectres, se bat contre eux et leur résiste. Ces peuples ne doutent pas, que les âmes des morts reviennent avec leurs corps » qu'ils abandonnent ensuite retournant dans leurs tombeaux, Bartholin raconte en particulier, qu'un nommé Asmond fils d'Alfus s'étant fait mettre tout vif dans le même sépulcre avec son ami Asvite, et y ayant fait porter à manger, en est tiré quelque temps après tout en sang à la suite d'un combat qu'il a eu à soutenir contre Asvite qui ressuscité l’avait cruellement assailli.

Il rapporte après cela ce que les Poètes évoquent que les âmes par les forces de la magie, reviennent dans les corps qui ne sont pas corrompus, quoique morts depuis longtemps.

Blondel rapporte plusieurs exemples de fausses traditions, et nommément celle du siège de Paris sous le règne de Louis le Débonnaire, par le Géant Isaure, dont on montre la sépulture, puis il conclut ainsi : « Qu’il nous suffise, que tous ces contes soit contes et rien de plus, que quand tout le monde les tient pour oracles, il n'est pas en son pouvoir de leur faire changer de nature. Cela apparaît si évident du coté des auteurs, qui ont écrit entre les années 850 et 1050 de notre Seigneur, que toutes leurs positions s’accordant composent un récit bien ajusté, proposant des événements dont on discute, avec une aussi grande clarté que s’ils avaient été tiré au crayon comme un ray (rayon) de soleil...

Les auteurs qui ont écrit pour démontrer la fausseté de l’histoire de la Papesse, en ont recherché l’origine, et ont allégué plusieurs conjectures, dont la plus raisonnable nous semble celle-ci...
On a relaté que le pape Jean VIII montre tant de lâcheté dans l’affaire de Photius, qu’on juge qu’il doit être plutôt nommé femme qu’homme, dit Baronius...
Bellarmin veut que cette fable soit venue de ce qu’il court un bruit qu’une femme a été patriarche de Constantinople.
Allatius prétend qu’une certaine Thiota, qui s’érige en prophétesse en Allemagne au IXe siècle, est l’occasion du conte de la papesse Jeanne.
Blondel, qui réfute ces conjectures et bien d’autres encore, relatives à la même fable, déclare que l’on ne doit point exercer son esprit en des enquêtes inutiles pour un sujet qui n’en vaut pas la peine.
« Où en serions-nous, ajoute-t-il, s’il nous fallait deviner sur quoi se sont fondés les auteurs de tant de romans qui trouvent jusques à présent du crédit dans l’opinion du commun ? » Il en rapporte plusieurs exemples. Nous ne croyons point qu’il ait raison de rejeter tout ce que l’on a conjecturé sur l’origine de la fable de la Papesse...

« J’oserai bien dire (c’est Bayle qui parle) que les protestants, qui ont tant crié contre Blondel, et qui l’ont considéré comme un faux frère, n’ont été ni équitables, ni bien éclairés sur les intérêts de leur parti. Il leur importe peu que cette femme ait existé ou qu’elle n’ait pas existé : un ministre, qui n’est pas des plus traitables (Jurieu), l’avoue...

Ils ont pu objecter légitimement le conte de la Papesse pendant qu’il n’est pas réfuté. Ils n’en sont pas les inventeurs, ils le trouvent dans plusieurs ouvrages composés par de bons papistes : Mais depuis qu’il a été réfuté par des raisons très valables, ils ont dû l’abandonner... »

De tout ce qu’on vient de lire (et ce n’est pas la dixième partie de ce qui a été écrit), on peut donc hardiment conclure que la tradition de la papesse Jeanne est un mensonge flagrant.
Non seulement les catholiques, mais même les protestants ont réfuté victorieusement cette honteuse fable.
Nous aurons lieu d’admirer, dans d’autres études de ce genre, l’unanimité avec laquelle les hérétiques ont souvent condamné des mensonges, qui auraient pourtant servi énergiquement leur cause, mais que la puissance de la vérité leur a fait combattre, contre leur intérêt même.
Il est donné aux philosophes, aux libres penseurs et aux incrédules de notre temps de relever ces vieux mensonges et de tenter de les rajeunir. Mais, comme par le passé, et plus facilement encore que jadis, on les verra s’évanouir à la lumière du flambeau de la vérité, porté haut par ceux mêmes qui se sont déclarés ses plus grands ennemis.

Charles Barthélemy Erreurs et mensonges historiques,
Première série, 1881.
 
La papesse Jeanne : une femme au Vatican ?
Rome. IXe siècle. Le pape, chef de l’église catholique, chevauche en tête d’une procession, bénissant les fidèles rassemblés sur son passage. Les vivats saluent sa progression, mais soudain il chute lourdement de sa monture en poussant des cris de souffrance. Malaise ? Attentat ? Non, sous le regard ébahi des fidèles, le souverain pontife est tout simplement en train d’accoucher !

Il ne s’agit pas d’un miracle mais d’une formidable imposture, celui que tout le monde connaît sous le nom de Jean VIII est en réalité une femme ! Arrivée à Rome vers 850 déguisée en homme, Jeanne s’y fait rapidement connaître sous le nom de Johannes Anglicus (Jean l'Anglais), occupant le poste de lecteur des Écritures Saintes, avant d'entrer à la Curie. Là, sa culture et son érudition la distinguent aux yeux de ses pairs, et elle ne tarde pas à être nommée cardinal. A la mort du pape Léon IV en 855, elle est élue par acclamation (pratique courante à cette époque) pour monter à sa place sur le siège pontifical. Mais en accédant à cette charge, Jeanne a aussi enfreint toutes les règles de l’église, elle doit désormais veiller à protéger son incroyable secret... jusqu’à cet épisode stupéfiant de la procession qui révèle l’incroyable supercherie.

Pour Rosalind Miles, historienne spécialiste du rôle de la femme dans la société médiévale, ce risque considérable pris par Jeanne est tout à fait calculé. Au cours de ses années passées sous l’identité de Johannes Anglicus, elle a eu tout le loisir de se familiariser avec son rôle d’homme et peut donc jouer celui-ci à la perfection. Elle en maîtrise parfaitement les usages et la gestuelle, ayant appris à marcher et à parler comme un homme. Mais sous la robe papale, Jeanne reste une femme, les chroniques rapportent ainsi qu’elle a une liaison à l’issue de laquelle elle tombe enceinte. La suite est connue : Quelques mois plus tard la papesse Jeanne accouche en public tandis qu’elle monte à cheval en tête de la procession de la Fête-Dieu, entre la basilique Saint-Jean-de-Latran et la basilique Saint-Pierre. Selon certaines sources, l’usurpatrice est lapidée sur place par la foule ivre de colère, tandis que d’autres affirment qu’elle meurt des conséquences de sa chute, ou qu’elle est simplement déposée de ses fonctions et contrainte à l’exil.

Que peut-on dire aujourd’hui de cette histoire ? Une femme s’est-elle réellement retrouvée à la tête de l’église catholique ou toute l’affaire n’est-elle qu’une fable inventée par les protestants pour discréditer le pouvoir pontifical ? Grâce à l’analyse des archives d’époque et d’un certain nombre de pièces à conviction, ce numéro de l’émission « Dossiers Secrets » revient sur ce fait divers qui a longtemps secoué la Chrétienté et alimente aujourd'hui encore de nombreuses spéculations d’historiens...

Telle est du moins la légende. Les archives papales comportent de nombreuses références à la papesse Jeanne, mais la plupart se contredisent, ce qui laisse penser aux experts que cette anecdote a été inventée de toutes pièces. Pour certains, l’histoire de Jeanne symbolise le potentiel caché des femmes dans la société médiévale, d’autres, ennemis de l’église catholique, y voient une allégorie stigmatisant les dérives du catholicisme.
Incarnation de l’Église, Jeanne est perçue comme le réceptacle des pêchés qui gangrènent cette institution.
Sous la plume des détracteurs du pouvoir pontifical, elle devient la « prostituée de Babylone » mentionnée dans l'Apocalypse de Jean, figure de la Rome papiste dévoyée et décadente.

Mais que nous dit l’histoire à propos de Jeanne ? Son pontificat, que les historiens placent généralement entre 855 et 858, c'est-à-dire entre ceux de Léon IV et Benoît III, n’est officiellement mentionné dans aucun des registres de l’Église. Il existe cependant une curieuse pièce à conviction, conservée au Vatican, prouvant que le pontificat de Jeanne a bien existé et que l’Église, après le scandale qu’il provoque, cherche à se prémunir contre toute autre tentative de mystification. Cette pièce dont il est question est un trône de couronnement utilisé afin de vérifier la virilité des papes après leur nomination... Ce siège est percé en son centre d’un trou de 21cm de diamètre avec une ouverture vers l’avant. Le nouveau pape doit s'y asseoir écartant les jambes sous sa robe, tandis qu’un diacre passe une main en dessous, vérifiant la présence de testicules, dénommés à juste titre les « Pontificales ». Après avoir effectué ce contrôle, le diacre est censé prononcer les paroles latines suivantes : « Habet duos testiculos et bene pendentes ! », cri de victoire qui signifiait : « Il en a deux et qui pendent bien ! ».

Même si cette scène est évoquée dans certaines chroniques de l’époque, il n’existe cependant aucune preuve tangible que cette pratique ait fait partie de la cérémonie de couronnement des nouveaux papes.
D’après le Vatican ce siège est en réalité une chaise percée tout ce qu’il y a de plus normal qui servait aux besoins naturels des souverains pontifes.

Mais alors comment expliquer les nombreuses mentions de la papesse Jeanne dans les textes du Moyen-Âge ?
L’un de ces ouvrages, daté de 1250, est l’œuvre d’un moine Dominicain, Jean de Mailly, considéré comme le premier à évoquer la Papesse Jeanne dans sa « Chronica universalis » en 1255. Sa liste de souverains pontifes mentionne en effet une femme, et le religieux rapporte qu’elle a donné la vie durant son pontificat. Il émet cependant des doutes quant à l’authenticité de cette histoire en l’annotant du mot latin « require », qui signifie « à vérifier ». De Mailly ne nomme pas la papesse, mais il situe son pontificat en 1099, soit beaucoup plus tardivement que ce que dit la légende.

A peine 20 ans après Jean de Mailly, un autre auteur, Martinus Polonus, fait référence à Jeanne dans sa chronique des pontifes Romains et des empereurs... Chapelain de son état, Polonus a été le confesseur de plusieurs papes, il est donc intimement lié aux sphères de la papauté, ce qui rend ses écrits crédibles. Il nomme la papesse sous le nom de Johannes – Jean – et elle sera connue plus tard sous le nom de Jeanne. Il situe celle-ci 200 ans plus tôt que Jean de Mailly, soit juste après le pontificat de Léon IV, qui est mort en 855. Or les historiens savent avec certitude que ce pape a existé, on lui attribue la construction des remparts léonins ainsi que celle de la basilique Saint Pierre. Les dates proposées par Polonus paraissent donc plus plausibles que celles de Jean de Mailly.
Qui plus est, un registre officiel fait mention d’une succession papale houleuse en 855, après la mort de Léon IV, c’est dans cet intervalle historiquement flou que Jeanne aurait accédé au pontificat.

Polonus donne de nombreux détails sur l’arrivée de Jeanne à Rome, travestie en homme, et sur son ascension au sein du pouvoir religieux. Il donne également quelques indications sur les amants possibles de Jeanne après son couronnement en tant que pape.
Le père de son enfant serait ainsi l’un des cardinaux qui, ayant percé à jour sa véritable identité, en aurait profité pour lui soutirer des faveurs sexuelles en échange de son silence.
Fait curieux, Martinus Polonus s’abstient de tout jugement moral sur Jeanne, disant au contraire dans sa chronique qu’elle a été un bon pape et qu’elle était très aimée de la population. Il évoque enfin son accouchement en public et la disgrâce qui s’ensuit.

Son récit donne aussi des précisions importantes sur les antécédents de Jeanne avant son arrivée à Rome... Elle est originaire de Mayence, qui est à l’époque l’un des plus grands centres religieux d’Europe.
Non loin se trouve l’abbaye de Fulda, fondée en 744 et considérée comme l’un des plus importants foyers d’érudition du Moyen-Âge. Mais cette abbaye est fermée aux femmes, pour beaucoup d’historiens, c’est là que se trouve la clé de la « métamorphose » de Jeanne.
En effet, dans la société médiévale, la femme ne bénéficie d’aucun statut au sein de l’église. Quelques nonnes, comme Hildegarde de Bingen (1098-1179), ont bien eu une destinée hors du commun, accédant à des charges importantes, mais elles restent cependant une exception.
Les hommes sont les seuls vrais détenteurs du pouvoir au sein des sphères religieuses, et c’est probablement cette considération qui conduit Jeanne à prendre une identité masculine. Elle souhaitait sans doute aussi échapper à la vie de labeur et d’enfantements successifs qui est dévolue à bon nombre de femmes de son époque.

Atteindre ce but n'est peut-être pas aussi difficile qu’il n’y parait à une époque où la plupart des tenues ecclésiastiques sont assez androgynes. Comme déguisement, l’habit de moine est en effet presque parfait, le capuchon dissimule le visage et le cou, les longues manches mettent les poignets délicats à l’abri des regards, et l’ampleur du vêtement recouvre entièrement la silhouette féminine. De fait il existe des précédents, voire une tradition de femmes qui se travestissent au sein de l’Église. Les historiens spécialistes de ce sujet recensent pas moins d’une vingtaine de récits qui ont pour protagoniste une sainte travestie. Ainsi, au IVe siècle, le moine Pelage était en réalité une certaine Marguerite Pélagie. Elle parvient à conserver le secret de sa véritable nature jusqu’à sa mort, ceux qui ont été chargés de laver sa dépouille réalisent qu’elle est une femme en ôtant ses habits.
Ce genre de travestissement n’est pas forcément mal vu, il s’agit seulement d’un stratagème auquel certaines saintes doivent avoir recours pour accomplir leur vocation.

A Rome, Jeanne ne doit pas avoir beaucoup de mal à dissimuler son secret, même en tant que pape. Son autorité naturelle, son assurance, son érudition, son esprit brillant et son sens de la répartie lui permettent très certainement de jouer son rôle masculin à la perfection.
Mais comment dissimuler certaines caractéristiques physiologiques inhérentes à la femme, et notamment le cycle menstruel ? Les historiens qui se sont penchés sur la question pensent que le régime extrêmement frugal auquel étaient soumis les religieux à cette époque peut faire office d'explication, si Jeanne jeûnait, son flux menstruel devait être inexistant, ou en tout cas suffisamment faible pour qu’elle puisse le dissimuler sans problème.

Ce n’est pas qu’elle se soit fait passer pour un homme qui voue Jeanne aux gémonies de l’Église que le fait qu’elle soit tombée enceinte, signe qu’elle a commis le pêché de chair.
Selon les chroniques qui mentionnent Jeanne, son accouchement public serait intervenu durant une procession papale reliant la basilique Saint Jean de Latran, la cathédrale de Rome, au Colisée, en passant par le Vatican.
Or cet itinéraire est modifié au XIIe siècle. Pourquoi ?
Certains historiens pensent que cette décision est prise pour éradiquer le souvenir du lieu où s'est produit cet accouchement sacrilège.
Aujourd’hui la ruelle correspondant à l’ancien tracé de la procession est connue sous le nom de « Vicus Papissa », que certains traduisent par la « rue de la Papesse ». On y trouve une petite chapelle cadenassée qui, selon certains récits, a abrité à une époque une statue de la papesse Jeanne. Toutefois, une raison bien plus simple peut expliquer ce changement d’itinéraire : La ruelle était tout simplement devenue trop étroite pour accueillir une grande procession.

Si on accorde du crédit à ce récit d’accouchement public, une question se pose inévitablement : Comment une femme instruite comme Jeanne a-t-elle pu ignorer sa grossesse au point d’accoucher en pleine rue pendant une procession ?
Pour certains historiens, l’explication tient au fait que le savoir dispensé aux religieux de cette époque est essentiellement livresque. La plupart possèdent de solides notions bibliques et théologiques, sont versés en philosophie et dans les sciences, mais ignorent tout du fonctionnement de leur corps. Considéré comme le siège du pêché charnel, celui-ci est au mieux traité avec mépris ou ignorance, au pire mortifié au point de le mettre en danger.
Dans ce contexte, on peut donc supposer que Jeanne ait pu ne rien savoir de son état jusqu’à ce que se déclenche l’accouchement, ou qu’elle ait pu être victime d’une fausse couche.

Cet accouchement est cependant loin de faire l’unanimité parmi les chercheurs qui se sont intéressés à la légende de Jeanne. L’idée d’un accouchement public donne en effet un côté grotesque à l’histoire, faisant basculer celle-ci dans le domaine de la faribole. Qui a intérêt à fabriquer et à colporter un tel récit, et dans quel but ?
Pour tenter de répondre à ces questions il faut se pencher sur le statut des femmes aux XIIe et XIIIe siècles. A l’époque, celles-ci commencent à revendiquer plus de fonctions et de pouvoir au sein de l’Église, exerçant une pression de plus en plus forte sur les hommes qui en sont les principaux dignitaires.

C’est dans ce contexte de tensions que l’histoire de Jeanne a pu être écrite, non pas comme un épisode véridique de l’histoire des papes, mais comme une leçon de morale donnée aux femmes par certains membres de l’Église pour les encourager à rester à leur place.
L’allégorie est transparente : Jeanne, la travestie qui est parvenue à gravir tous les degrés de la hiérarchie religieuse pour s’asseoir sur le trône pontifical, finit par être trahie par son propre corps.
Sa féminité est soudainement révélée par un accouchement public infamant.

300 ans plus tard, l’histoire de Jeanne va faire l’objet d’une nouvelle récupération. A cette époque qui voit les franges catholique et protestante de l’Église se déchirer violemment, la papesse va en effet devenir le symbole de cette division morale.
Les protestants pensent que l’église catholique est corrompue, qu’elle s’est coupée de ses origines christiques, jusqu’à oublier le message du célibat. A travers le personnage de Jeanne, les protestants trouvent un angle d’attaque idéal : Elle est en effet la preuve que le catholicisme favorise le mensonge et la corruption, son existence même remet en question l’autorité morale du pape.

l’Église clame en effet l’infaillibilité du pape en matière de foi et de morale, de ce fait, il est gênant pour elle qu’une femme ait pu dissimuler sa véritable nature pour se hisser sur le trône pontifical. Et cette gêne prend l’allure d’un scandale moral quand la papesse en question finit par accoucher en pleine rue, ajoutant au grotesque de la situation la révélation de ses mœurs dissolues.

Cette dimension scandaleuse explique pourquoi de nombreux efforts sont faits au sein de l’Église, au cours des siècles suivants, pour nier l’histoire de la papesse Jeanne et la travestir en légende.
Pour les réformateurs, le pontificat de Jeanne a en effet rompu l’ordre légitime de succession.
LA FAMEUSE CHAISE PERCÉE
Courant le risque de voir la papesse se transformer en un redoutable instrument aux mains des protestants dans la bataille que ceux-ci mènent pour contrôler l’Église, les catholiques, qui jusque là toléraient l’histoire de Jeanne, la renient désormais en bloc. Son nom doit être effacé des chroniques pontificales, son souvenir doit sombrer dans l’oubli pour toujours.

A Mayence, où il existe une rare copie des chroniques des Pontifes Romains de Martinus Polonus, Jeanne ne figure pas dans ce texte, qui fait seulement référence au pape Jean. Mais la marge présente des annotations griffonnées en latin disant ceci : « le pape était une femme ». Datées, ces annotations ont révélé qu’elles étaient bien antérieures à la Réforme protestante, éliminant du même coup la théorie d’une machination visant à discréditer l’église catholique. Leur véritable auteur demeure cependant inconnu. S’agissait-il d’un moine copiste qui, en faisant cela voulait que la véritable histoire de la papesse Jeanne se transmette aux générations futures ?

Impossible à dire. La légende de la papesse Jeanne est l’un des épisodes les plus embarrassants de l’histoire de l’Église.
Pendant le Moyen-âge nul n’a remis en question son existence, mais elle peut avoir été transformée en personnage de fiction des siècles plus tard à des fins qui font l’objet de nombreux débats entre historiens.
Aujourd’hui, l’église catholique moderne ne reconnaît pas l’existence de Jeanne et continue d’affirmer que nulle femme ne peut devenir prêtre, et encore moins pape... Mais on dit que quelque part au fond des archives secrètes du Vatican se trouvent des documents sur la papesse Jeanne.
S’agit-il d’une autre légende ou ces écrits révéleront-ils un jour la véritable histoire de la papesse Jeanne ? ..

858 — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/858

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Papesse Jeanne — Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Papesse_Jeanne
La papesse Jeanne est un personnage légendaire, qui, au IX siècle, aurait accédé à la papauté en dissimulant son sexe féminin. Son pontificat est ...

Histoire des Vampires/Texte entier - Wikisource
fr.wikisource.org/wiki/Histoire_des_Vampires/Texte_entier
3 déc. 2013 - Histoire d'un Fantôme du diocèse de Mayence, et d'un Revenant du Pérou. ... l'an 858 il apparut, dans un village du diocèse de Mayence, un fantôme ..... Il vécut ainsi pendant une année ; mais au bout de ce temps la fille ...
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Histoire des Vampires/Texte entier - Wikisource
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