mardi 26 juillet 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 305

6 JUILLET 2016...

Cette page concerne l'année 305 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE MYSTÈRE DES FIOLES DE SAINT JANVIER

Saint Janvier (San Gennaro en italien ou Januarius en latin, saint à deux têtes comme Janus, le dieu dont il tire le nom), évêque de Bénévent, c'est un saint martyr reconnu par les traditions catholique et orthodoxe, surtout célèbre pour ses reliques qui sont conservées dans la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption, à Naples.
Il meurt en martyr en 305 près de Pouzzoles, pendant la grande persécution de Dioclétien.
Saint Janvier est célébré le 19 septembre et est l’un des Saints Patrons de la ville de Naples.

Saint Janvier est évoqué par plusieurs sources anciennes :
La liste épiscopale de Bénévent.
Une lettre du prêtre Uranius qui relate la mort de Saint Paulin en 431.
Une peinture du Ve siècle qui orne ses catacombes à Capodimonte (Naples) et représente le saint nimbé entre deux cierges.
- Sa passion est décrite dans les Acta Bononiensia (VIe siècle ?) ainsi que dans les Acta Vaticana (IXe siècle ?)...

Par ailleurs, Alexandre Dumas a consacré 3 chapitres à Saint Janvier dans son ouvrage Le Corricolo qui relate le voyage de l’écrivain de Rome à Naples en 1835.

La légende
Saint Janvier né vers 270 à Naples est le descendant d’une ancienne famille Romaine patricienne, la Gens Januari. Il est ordonné prêtre puis élu évêque de Bénévent en 302.

Vers 303-304, au début de la grande persécution de Dioclétien, 2 de ses diacres, Sosius diacre de Misène et Proculus, diacre de Pouzzoles, sont arrêtés avec 2 gentilshommes, Eutyche et Acuce et jetés dans les prisons de Cumes par Dragonce (Dragontius), proconsul de Campanie.

En 305, lorsque Constance et Galère succédent à Dioclétien et Maximien, Dragonce est rappelé à Rome et remplacé par Timothée et les chrétiens emprisonnés à Cumes sont relâchés.
Apprenant cette libération, Saint Janvier, qui a partagé la douleur des prisonniers, quitte son diocèse accompagné du diacre Festus et du lecteur Desiderius pour venir partager leur joie... Ils se rejoignent dans une église aux environs de Pouzzoles et l’évêque, assisté de Sosius et Proculus y célèbre la messe quand il se fait au-dehors un grand bruit, suivi d’un long silence : Une voix lit le décret de persécution de Dioclétien que Timothée a remis en vigueur.

À la sortie de l’église, Janvier guérit une de ses parentes paralytique et lui confie les deux burettes qui lui servent à célébrer la messe, alors, avec ses compagnons et la foule, il se rend à Nola lors d’une marche qui paraît un triomphe.
Mais Timothée l’attend sur la place de Nola et l’interroge... Condamné à mort à l’issue de cet interrogatoire, Saint Janvier sort indemne du bûcher où on l’a précipité... Il est alors fouetté au sang et jeté en prison avec Sosius, Proculus, Eutyche, Acuce, Festus et Desiderius.
Puis les sept condamnés sont menés à l’amphithéâtre de Pouzzoles pour être donnés en pâture aux fauves... Mais les lions, les tigres et les hyènes, bien qu’affamés, se couchent à leurs pieds… Timothée, pris d’un coup de sang, en perd la vue mais Janvier la lui rend…
Devant ce miracle, 5 000 des 30 000 spectateurs présents demandent à être baptisés par le saint.
Timothée, quelque peu agacé, ordonne alors qu’on coupe la tête de Janvier, Proculus et Sosius et rentre dans son palais à Nola.

Les deux diacres sont ainsi décapités le 19 septembre 305 dans le forum proche du volcan de Pouzzoles (Solfatara), puis il en est de même pour Janvier après que le saint ait demandé, ordonné et prié le bourreau, car ce dernier ne trouve plus de forces pour faire sa funeste besogne. Ainsi revigoré, le bourreau coupe non seulement la tête du saint mais également un de ses doigts. Le bourreau et les hommes de troupe, partis faire leur rapport à Timothée, l’ont trouvé dans son palais pillé et déserté : Le proconsul n’est plus qu’un cadavre informe et pourri… et le bourreau et ses comparses ont péri asphyxiés par les émanations pestilentielles qu’exhale le corps de Timothée...

Pendant la nuit qui suit le martyre, la parente paralytique que Janvier a soignée (la tradition cite sa nourrice Eusébia) recueille du sang de l’évêque martyr avec une éponge, comme il est d’usage à l’époque, et en remplit les deux fioles qui ont servi à Janvier à célébrer sa dernière messe puis elle emmène les ampoules chez elle, à Antignano à Naples.
Un aveugle de Pouzzoles à qui Saint Janvier a rendu la vue à l’issue de son martyre récupère la tête, le corps et le doigt du martyr et les place dans un coffre qu’il emporte à l’Agro Marciano (Fuorigrotta) à Naples, puis, le corps est ultérieurement transféré dans la crypte dite de Saint Janvier, toujours à Naples.

Selon la tradition, cela s'est passé le samedi précédant un premier jour de mai au début du IVe siècle. Ce jour-là, sur le chemin de Capodimonte, lorsque la relique passe à Antignano, la femme place les ampoules près du corps et le sang desséché du saint se liquéfie.
Selon une autre tradition, c’est le pape Jean Ier qui fait placer les restes du saint dans cette crypte au début du Ve siècle.

LA TRANSLATION DU CORPS DE SAINT JANVIER
Dans son récit de la vie de Saint Paulin évêque de Nola (353-431), le prêtre Uranius indique que Paulin reçoit, la veille de sa mort, la vision de Saint Janvier et de Saint Martin, évêque de Tours, venus le chercher pour le conduire au ciel.

Dès le début du Ve siècle, les Napolitains vénèrent les reliques de Saint Janvier comme en atteste la peinture d’époque représentant le saint nimbé entre deux cierges, dans sa sépulture à Naples.

Saint Janvier vient en tête de la petite centaine de Saints Patrons que les habitants de Naples se sont donnés.
Ceux-ci considèrent que le Saint leur a accordé sa protection en 1497 contre la peste de même qu’en 1631, 1698, 1767, 1779… Contre les destructions qu’auraient pu causer les éruptions du Vésuve.

La dépouille de Saint Janvier est placée en 306 dans une sépulture souterraine de Capodimonte dédiée au saint évêque martyr, à Naples.

En 831, Sicon, prince de Bénévent, assiège Naples et, victorieux, laisse la vie sauve aux habitants car ceux-ci acceptent de lui donner le corps de Saint Janvier.
À Bénévent, le corps de Saint Janvier change d’église en 1129 puis est secrètement caché et muré en 1156 sous le maître autel de l’abbaye de Montevergine à Avellino où on le redécouvre en 1480 en restaurant l’autel.

En 1490, le roi Ferdinand Ier de Naples ne parvient pas à obtenir du pape Innocent VIII l'autorisation de ramener le corps de Saint Janvier dans la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Naples.
Ce n'est qu'en 1497 que le cardinal Napolitain Oliviero Carafa obtient du nouveau pape, Alexandre VI, la permission de procéder à la translation, les reliques entrent solennellement dans la cathédrale Napolitaine le 13 janvier 1497 et sont déposées dans une urne de bronze dans la chapelle du Succorpo, crypte de style Renaissance spécialement aménagée à cet effet par le cardinal Carafa.
Sous le maître-autel, la « Confessio de San Gennaro » (appelée aussi Cappella Carafa) sont toujours les os du saint, à l'exception de son crâne...

LE MARTYRE DE SAINT JANVIER
En effet, le crâne et les fioles contenant le sang du saint sont transférées dans la chapelle San Gennaro (chapelle de Saint Janvier appelée aussi chapelle du Trésor) dont la construction est décidée le 13 janvier 1527 par les notables Napolitains dans le but d’épargner leur ville de la peste.
Cette date voit en effet la conclusion d'un contrat insolite établi devant notaire entre le saint protecteur et le peuple de Naples (représenté par ses notables) qui s’engagent à travers lui à constituer un trésor et à lui construire une nouvelle chapelle... Les gardiens de cette chapelle sont la Députation, institution laïque créée en 1601 et constituée de 10 représentants de la noblesse et de 2 du peuple.

Le 25 février 1964, le cardinal Alfonso Castaldo fait l'inventaire de l'urne.
Un vase de terre qui porte l'inscription calligraphiée « Corpus Sancti Jannuarii Ben EP5 » contenant des ossements analysés par le professeur G. Lambertini qui établit en 1965 que le squelette correspond à un homme d’envi­ron 35 ans et d’une taille approximative de 1,90 m...

La chapelle terminée, les notables de la ville décident de l’orner de fresques représentant les principales actions de la vie du saint en faisant appel aux plus grands peintres de l’époque.
Mais selon le récit d’Alexandre Dumas (chapitre XXI du Corricolo), les peintres Napolitains décident que la chapelle ne sera décorée que par des artistes indigènes et jurent que tout rival qui répondra à l’appel s’en repentira cruellement :
« Soit qu'ils ignorassent ce serment, soit qu'ils ne crussent pas à son exécution, le Dominicain, le Guide et le chevalier d’Arpino accourent, mais le chevalier d’Arpino est obligé de fuir avant même d’avoir mis le pinceau à la main, le Guide, après 2 tentatives d’assassinat quitte Naples à son tour : Le Dominicain seul […] n’écoute ni insultes ni menaces, et continue de peindre. […] Lorsqu’un jour il se trouve mal sur son échafaud : on le transporte chez lui, il est empoisonné...

Alors, les peintres Napolitains se croient délivrés de toute concurrence mais il n’en est point ainsi : Un matin, ils voient arriver Gessi, qui vient avec deux de ses élèves pour remplacer le Guide, son maître... Huit jours après, les deux élèves, attirés sur une galère, ont disparu, sans que jamais plus depuis on n’entend reparler d’eux, Alors Gessi abandonné perd courage et se retire à son tour, et l’Espagnol et, Corenzio, Lanfranco et Stanzione se trouvent maîtres à eux seuls de ce trésor de gloire et d’avenir, à la possession duquel ils sont arrivés par des crimes. »

Les reliques de Saint Janvier sont conservées dans une niche qui se trouve derrière le maître-autel de la chapelle séparée en deux par une cloison de marbre : Une demi-niche contient les ossements du saint, l’autre un ostensoir en argent offert par Robert d'Anjou et exposant les deux ampoules dans lesquelles, selon la tradition, le sang desséché du saint est collé sur les parois. Cette niche est close par deux portes d’argent massif sculptées aux armes du roi Charles II d'Espagne et fermées par deux clefs dont l’une est gardée par le cardinal archevêque de Naples et l’autre par une compagnie tirée au sort qu’on appelle les députés du Trésor... Une des fioles en verre est remplie aux 3/4, tandis que l'autre est à moitié vide depuis que la partie supérieure de son contenu a été volée par le roi d'Espagne Charles III.

Saint Janvier, d’origine patricienne, se doit d’avoir sa cour en tant que Saint Patron de Naples : Il a donc un cortège de saints inférieurs qui reconnaissent sa suprématie et l’accompagnent quand il sort en procession, ce sont les Patrons secondaires de la ville de Naples.
Voici comment se recrute cette armée de saints « courtisans » : Toute confrérie, tout ordre religieux, toute paroisse ou tout particulier qui tient à faire déclarer un saint qu’il affectionne Patron de Naples (sous la présidence de Saint Janvier) doit faire fondre une statue de ce saint en argent massif et d’un poids requis et à en faire don à la chapelle du Trésor de la cathédrale.

La légende du saint raconte qu’à Antignano, le samedi précédent le 1er jour de mai du début du IVe siècle, lors du transfert de son corps vers sa sépulture, le sang s'est liquéfié lorsque les deux ampoules contenant le sang desséché sont approchées de sa dépouille par sa parente.
Ce phénomène a ensuite été attesté pour la première fois à Naples le 17 août 1389.

À noter que la liquéfaction ne nécessite pas ce jour-là que les fioles soient approchées de la dépouille puisque, de 1156 jusqu’en 1480, celle-ci est secrètement dissimulée sous le maître autel de l’abbaye de Montevergine à Avellino.
Depuis, le phénomène se produit régulièrement lors de cérémonies organisées spécifiquement à Naples.
Néanmoins, à ce jour, l’Église ne s’est pas prononcée officiellement sur le caractère miraculeux du phénomène.
LA MAISON DE SAINT JANVIER
Le « miracle » de la liquéfaction du sang de saint Janvier est célébré habituellement trois fois par an :
Le samedi précédant le premier dimanche de mai, date anniversaire du transfert de la dépouille du saint de Fuorigrotta à Capodimonte, au début du IVe siècle, où le phénomène se produisit pour la première fois. Cette cérémonie correspond à la procession jusqu'à basilique Santa Chiara
Le 19 septembre, date anniversaire de son martyre en 305, cérémonie la plus importante dans la cathédrale de Naples qui est alors pleine.
Le 16 décembre, date anniversaire de l’éruption du Vésuve de 1631 qui a fait 4 000 morts mais en épargnant la ville de Naples, cette cérémonie se déroulant dans la chapelle San Gennaro.
La liquéfaction du sang de Saint Janvier fait l’objet d’une cérémonie à la cathédrale de Naples : Le sang, contenu dans les 2 ampoules hermétiques disposées dans une châsse fait l’objet d’ostensions, face à la foule. La cérémonie se déroule en présence de l’archevêque de Naples, de personnalités de la région et de milliers de fidèles massés dans la cathédrale et sur son parvis.
Généralement au cours des ostensions, le sang se liquéfie et même parfois entre en ébullition en changeant de couleur et de volume (du simple au double), puis les reliques sont précieusement remises sous clefs.
En septembre et en mai, la cérémonie se répète 8 jours durant.

Si le sang se liquéfie rapidement, c’est le signe que Naples bénéficie de toutes sortes de bénédictions et c’est la liesse générale dans la ville.
Par contre, si le sang tarde à se liquéfier ou ne se liquéfie pas, c’est signe de malheurs à venir pour la ville et le moral des Napolitains s'en ressent...

Le 6 mai 2000, alors que le cardinal ouvre la niche pour prendre la châsse contenant les ampoules pour la cérémonie, il constate que le sang est déjà partiellement liquéfié…
Et il existe aussi des cas où la liquéfaction ne s’est pas produite... Ainsi, en 1976, en dépit de 8 jours d’invocations et d’ostensions, le contenu des précieuses ampoules refuse de se liquéfier, c'est le cas également en 1849 alors que le pape Pie IX est venu assister à l’événement…

UNE DES SAINTES AMPOULES
Au printemps 1799, alors que Naples est tombé aux mains des soldats Français, le nouveau gouvernement Napolitain, installé par le consulat, veut asseoir son pouvoir en s’en remettant au jugement de Saint Janvier... Un non-accomplissement du miracle de la liquéfaction a signifié le rejet divin du nouvel ordre républicain instauré par la France. Le général Français Macdonald et son état-major sont venus assister à la cérémonie... À six heures du soir, aucune trace de début de liquéfaction ne s’est manifestée et les Napolitains commencent à vociférer contre les Français... À huit heures toujours rien et le climat tourne à l’émeute.
Selon le récit qu’en fait Alexandre Dumas dans le chapitre XXIII du Corricolo, Macdonald voyant l’ambiance s’échauffer se penche sur un aide de camp et lui dit quelques mots à l’oreille.
L’aide de camp… se mêle à la foule des fidèles qui se pressent pour aller baiser la fiole, arrive jusqu’à la balustrade, se met à genoux et attend son tour. Au bout de 5 minutes, le chanoine prend sur l’autel la fiole renfermant le sang parfaitement coagulé, ce qui est, vu l’heure avancée, une grande preuve de la colère de Saint Janvier contre les Français, la lève en l’air, pour que personne ne doute de l’état dans lequel elle est puis il commence à la faire baiser à la ronde.
Lorsqu’il arrive devant l’aide de camp, celui-ci, tout en baisant la fiole, lui prend la main. Le chanoine fait un mouvement… Je veux vous dire, de la part du général en chef, reprend l’aide de camp, que si dans 10 minutes le miracle n’est pas fait, dans un quart d’heure vous serez fusillé… Puis il se lève, et revient prendre sa place près du général.
Eh bien ? dit Macdonald. Eh bien ! dit l’aide de camp, soyez tranquille, général, dans 10 minutes le miracle sera fait...
L’aide de camp a dit la vérité : Seulement il s'est trompé... Au bout de 5 minutes, le chanoine lève la fiole en criant : Il miracolo è fatto ! Le sang est en train de se liquéfier...
LE RELIQUAIRE D'ARGENT
Mais, finalement, les troupes Françaises évacuent Naples quelques jours après – le 7 mai – à la suite de l'ordre du Directoire donné le 4 mai : Saint Janvier n’a-t-il pas eu raison, en fin de compte ? On peut se demander de plus si Saint Janvier n'est pas finalement anti-républicain... Ce qui s’explique par ses origines ! En 1849, devant Pie IX, lorsque le sang ne veut pas se liquéfier, c’est aussi une période où se joue l’unification républicaine de l’Italie.

Le 21 mars 2015, le cardinal Crescenzio Sepe annonce, exhibant aux fidèles le reliquaire, que le sang s’est de nouveau liquéfié mais « à moitié ».
Le pape François, présent à la cérémonie, relève alors avec humour : « On voit que le saint nous aime seulement à moitié. Nous devons tous un peu nous convertir, pour qu’il nous aime davantage  ! »
Le rituel de la procession de Saint Janvier a commencé dès la fin du XVe siècle. Il se déroule à Naples, selon un ordre bien établi.
Le cortège se rend de la chapelle du Trésor du Duomo San Gennaro (domicile habituel de Saint Janvier) à la cathédrale Santa Chiara (Sainte-Claire) (lieu de culte des rois de Naples). En quelque sorte, Janvier, Saint martyr de noble souche, rend régulièrement une visite de courtoisie à ses successeurs temporels.

En 1712 la Députation de la chapelle du trésor de San Gennaro passe commande à l’orfèvre Matteo Treglia, d’une mitre de soie et d'or en l’honneur du saint. Constituée de 3 692 pierres précieuses dont 3 326 diamants, 198 émeraudes et 168 rubis, elle est placée sur son buste-reliquaire lors de la procession en avril 1713.

Le cortège est actuellement constitué ainsi :
Des portes étendards représentant les chapelles et églises des quartiers de Naples ouvrent la marche.
Différentes confréries religieuses suivent, portant les statues des saints et des saintes en argent et en or qui constituent « la cour » de Saint Janvier.
Suit ensuite l’archevêque cardinal avec le buste en argent de Saint-Janvier et le reliquaire abritant les ampoules.
Les notables suivis de la foule ferment la procession…

La description qu’en fait Alexandre Dumas dans le chapitre XXI du Corricolo laisse cependant à penser que ce bel ordre n’est pas toujours vraiment respecté…
En cours de route, les différents saints de la cour de Janvier se dispersent pour aller faire un tour dans leurs quartiers ou leurs paroisses puis rejoignent Santa Chiara où ils s’inclinent en rentrant devant Saint Janvier pour lui rendre hommage.
Ces processions se déroulent le samedi précédant le premier dimanche de mai ainsi que le 19 septembre si c’est un dimanche ou le dimanche suivant le 19 septembre lorsque ce n’est pas le cas.
En septembre, la fête de San Gennaro est célébrée par tous les Napolitains du monde, notamment à New York où a lieu une grande parade.

La liquéfaction du sang de Saint Janvier constitue un sujet de controverse : Ce n’est pas un miracle véhiculé par une simple tradition orale et auquel on ne peut apporter ni preuve, ni démenti mais au contraire un phénomène bien matériel qui se produit plusieurs fois par an, depuis des siècles et sur demande. Il est donc propice à ce que tout un chacun, des plus grands penseurs aux gazettes locales s’y intéresse passionnément, ont ainsi, et entre autres, évoqué le miracle de Saint Janvier :
Voltaire (Pensées, Remarques et Observations ; ouvrage posthume, 1802) :
« Il est égal pour le peuple non pensant qu’on lui donne des vérités ou des erreurs à croire, de la sagesse ou de la folie, il suivra également l’un ou l’autre : Il n’est que machine aveugle. Il n’en est pas ainsi du peuple pensant, il examine quelquefois, il commence par douter d’une légende absurde, et malheureusement cette légende est prise par lui pour la religion, alors il dit : Il n’y a point de religion, et il s’abandonne au crime. Celui qui doute à Naples de la réalité du miracle de Saint Janvier est près d’être athée, celui qui s’en moque en d’autres pays peut être un homme très religieux. »...

Alexandre Dumas (Le Corricolo, conclusion du chapitre XXI, 1843) :
« Maintenant, que le doute dresse sa tête pour nier, que la science élève sa voix pour contredire, voilà ce qui est, voilà ce qui se fait, ce qui se fait sans mystère, sans supercherie, sans substitution, ce qui se fait à la vue de tous. La philosophie du XVIIIe siècle et la chimie moderne y ont perdu leur latin... Voltaire et Lavoisier ont voulu mordre à cette fiole, et, comme le serpent de la fable, ils y ont usé leurs dents.
Maintenant, est-ce un secret gardé par les chanoines du Trésor et conservé de génération en génération depuis le IVe siècle jusqu’à nous ? Cela est possible. Mais alors cette fidélité, on en conviendra, est plus miraculeuse encore que le miracle.
J’aime donc mieux croire tout bonnement au miracle ; et, pour ma part, je déclare que j’y crois. »

Alain (Propos d’économique, 1934) :
« Oui, reprit Castor, … L’argent n’est pas mieux connu que le miracle de Saint Janvier. On se hausse pour voir, on raconte ce qu’on n’a pas vu, et les millions vont par centaines. Chacun peut pêcher dans ce fleuve-là. On ne se lasse pas, dis-je, de laver le sable, dès que l’on a entendu dire qu’on y peut trouver de l’or. »

Sigmund Freud qui utilise une allusion au miracle de la liquéfaction du sang de Saint Janvier pour mener à bien une de ses analyses (Du mécanisme psychique de la tendance à l’oubli, 1898).
Le fait qu’une substance solide puisse devenir liquide et inversement n’est pas une chose surnaturelle en soi : L'eau, comme d'autres substances, peut se solidifier si on abaisse sa température et redevenir liquide si on la réchauffe
Il en est ainsi que toute modification énergétique apportée à une substance peut provoquer de tels changement de phases : Ainsi d'une modification de température ou de pression (telle la thixotropie qui peut expliquer la liquéfaction du sang) mais aussi plus généralement de toute modification apportée à l’énergie interne de la substance quelle qu’en soit l’origine…

E. Salverte a donné au XIXe siècle la recette d'une substance qui passe de l'état solide cireux à l'état fluide par une élévation de température, et inversement lorsque la température diminue. Il s'agit de mélanger du blanc de baleine (lipides) teinté d'un colorant rouge pour faire sanguinolent...

Le professeur Henri Broch a reproduit le phénomène dès 1981, il conseille notamment d'enfermer dans une ampoule de l'huile de jojoba ou de coco pour obtenir le même résultat.

Les choses sont plus complexes dans le cas de substances organiques. Ainsi, ce n’est pas en réchauffant du sang desséché qu’on réussira à le liquéfier, on réussira tout au plus (si l’on s’acharne) à le calciner : Le sang s’est desséché parce que de l’eau qu’il contenait s’est évaporée et ce n’est pas en le réchauffant qu’il va la retrouver.
Néanmoins, il est possible de liquéfier du sang coagulé en brisant la fibrine qui emprisonne les globules : La dissolution du sang par de l’alcool ou d’autres substances est une conséquence de ce mécanisme mais le sang ainsi dissous ne redevient pas solide dans la même gamme de température et le phénomène ne peut se produire qu'une seule fois. En outre, personne n’a constaté, que le cardinal de Naples injectait de l’alcool ou autre substance dans les ampoules pendant les ostensions.
Tout d’abord, les capsules contiennent-elles vraiment le sang de Saint Janvier ? On n’en possède bien sûr aucune preuve. Une analyse ADN pourrait éventuellement indiquer si les ossements et le contenu des fioles proviennent ou non de la même personne, mais même si c’était un renseignement intéressant, ça ne prouverait ni que les reliques proviennent d’un illustre descendant d’une famille patricienne Romaine (de qui plus est évêque et mort en martyr), ni que les fioles contiennent bien de l’hémoglobine de Saint Janvier.

En 1989, pour montrer qu’il n’y avait pas de supercherie de sa part, le cardinal de Naples a fait procéder par le professeur Pier Luigi Baima Bollone, directeur de l’Institut de médecine légale de l’université de Turin, à des analyses spectrographiques qui ont montré que les fioles contenaient bien de l’hémoglobine (cet éminent professeur a également mené des investigations sur le Saint-Suaire) cette analyse ne démontre pourtant pas que les fioles ne contiennent que du sang.
Certaines sources indiquent que, dès 1902, des analyses par spectrographie avait déjà montré cela, mais la spectrographie permettait-elle de mener, en 1902, de telles investigations ?

En 1991, afin de tenter d’expliquer le miracle de Saint Janvier, sans courir le risque d’être excommuniés, trois chercheurs Italiens ont réalisé l’expérience suivante : Préparation d’une solution contenant 25 g de chlorure ferrique hexahydrate dans 100 ml d’eau et ajout lent de 10 g de carbonate de calcium. après dialyse de 4 jours, la solution est évaporée jusqu’à obtenir un volume de 100 ml. L’ajout de 1,7 g de chlorure de sodium donne un sol brun foncé qui subit une transition sol-gel au bout d’une heure.
Par simple agitation mécanique, ce gel se liquéfie et le cycle liquéfaction-solidification est hautement reproductible. Pour cela, ils ont reproduit l’expérience avec du chlorure de fer, de la cendre de bois, du sel de cuisine, de l’eau et du parchemin en guise de membrane de dialyse, ingrédients tous connus et disponibles au Moyen Âge.
En fait, l'hypothèse d'une substance à consistance sensible au choc avait déjà été avancée en 1890 par le professeur Albini et reprise en 1949 dans un livre sur la science des colloïdes avec l'expression de « gel thixotrope » pour le sang de Saint Janvier.
Les croyants répliquent toutefois que rien ne prouve que les fioles contiennent une telle mixture et les sceptiques leur répondant qu’il n’y a qu’à les ouvrir pour vérifier...
Pour d'autres auteurs qui se sont rendus à la cérémonie du 3 mai 2008, 2 conditions doivent nécessairement être remplies pour assister à la liquéfaction du sang du saint : Une température-seuil et une contrainte mécanique minimale. Une messe quotidienne a lieu dans la semaine suivant la cérémonie. Les fidèles sont bénis avec le reliquaire et le sang reste fluide pendant toute la semaine. Une agitation même minime retarde la solidification d'un fluide thixotrope.


Janvier de Bénévent — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Janvier_de_Bénévent
Aller à Le miracle de saint Janvier - La légende du saint (voir plus haut) raconte qu'à Antignano, ... Le « miracle » de la liquéfaction du sang de saint Janvier est célébré ... date anniversaire de son martyre en 305, cérémonie la plus ...

La légende de Saint Janvier (le protecteur de Naples)
dominiquedecobecq.perso.sfr.fr/StjanvierDumas.html
La légende de Saint Janvier, le saint patron de la ville de Naples, par ... fut par une belle matinée d'automne, le 19 septembre de l'année 305, que saint Janvier, ...

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