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JUILLET 2016...
Cette
page concerne l'année 305 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LE MYSTÈRE DES FIOLES DE SAINT JANVIER
Saint
Janvier (San Gennaro en italien ou Januarius en latin, saint à deux
têtes comme Janus, le dieu dont il tire le nom), évêque de
Bénévent, c'est un saint martyr reconnu par les traditions
catholique et orthodoxe, surtout célèbre pour ses reliques qui sont
conservées dans la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption, à
Naples.
Il
meurt en martyr en 305 près de Pouzzoles, pendant la grande
persécution de Dioclétien.
Saint
Janvier est célébré le 19 septembre et est l’un des Saints
Patrons de la ville de Naples.
Saint
Janvier est évoqué par plusieurs sources anciennes :
– La
liste épiscopale de Bénévent.
– Une
lettre du prêtre Uranius qui relate la mort de Saint Paulin en 431.
– Une
peinture du Ve siècle qui orne ses catacombes à Capodimonte
(Naples) et représente le saint nimbé entre deux cierges.
-
Sa passion est décrite dans les Acta Bononiensia (VIe siècle ?)
ainsi que dans les Acta Vaticana (IXe siècle ?)...
Par
ailleurs, Alexandre Dumas a consacré 3 chapitres à Saint Janvier
dans son ouvrage Le Corricolo qui relate le voyage de l’écrivain
de Rome à Naples en 1835.
La
légende
Saint
Janvier né vers 270 à Naples est le descendant d’une ancienne
famille Romaine patricienne, la Gens Januari. Il est ordonné prêtre
puis élu évêque de Bénévent en 302.
Vers
303-304, au début de la grande persécution de Dioclétien, 2 de ses
diacres, Sosius diacre de Misène et Proculus, diacre de Pouzzoles,
sont arrêtés avec 2 gentilshommes, Eutyche et Acuce et jetés dans
les prisons de Cumes par Dragonce (Dragontius), proconsul de
Campanie.
En
305, lorsque Constance et Galère succédent à Dioclétien et
Maximien, Dragonce est rappelé à Rome et remplacé par Timothée et
les chrétiens emprisonnés à Cumes sont relâchés.
Apprenant
cette libération, Saint Janvier, qui a partagé la douleur des
prisonniers, quitte son diocèse accompagné du diacre Festus et du
lecteur Desiderius pour venir partager leur joie... Ils se rejoignent
dans une église aux environs de Pouzzoles et l’évêque, assisté
de Sosius et Proculus y célèbre la messe quand il se fait au-dehors
un grand bruit, suivi d’un long silence : Une voix lit le
décret de persécution de Dioclétien que Timothée a remis en
vigueur.
À
la sortie de l’église, Janvier guérit une de ses parentes
paralytique et lui confie les deux burettes qui lui servent à
célébrer la messe, alors, avec ses compagnons et la foule, il se
rend à Nola lors d’une marche qui paraît un triomphe.
Mais
Timothée l’attend sur la place de Nola et l’interroge...
Condamné à mort à l’issue de cet interrogatoire, Saint Janvier
sort indemne du bûcher où on l’a précipité... Il est alors
fouetté au sang et jeté en prison avec Sosius, Proculus, Eutyche,
Acuce, Festus et Desiderius.
Puis
les sept condamnés sont menés à l’amphithéâtre de Pouzzoles
pour être donnés en pâture aux fauves... Mais les lions, les
tigres et les hyènes, bien qu’affamés, se couchent à leurs
pieds… Timothée, pris d’un coup de sang, en perd la vue mais
Janvier la lui rend…
Devant
ce miracle, 5 000 des 30 000 spectateurs présents demandent à être
baptisés par le saint.
Timothée,
quelque peu agacé, ordonne alors qu’on coupe la tête de Janvier,
Proculus et Sosius et rentre dans son palais à Nola.
Les
deux diacres sont ainsi décapités le 19 septembre 305 dans le forum
proche du volcan de Pouzzoles (Solfatara), puis il en est de même
pour Janvier après que le saint ait demandé, ordonné et prié le
bourreau, car ce dernier ne trouve plus de forces pour faire sa
funeste besogne. Ainsi revigoré, le bourreau coupe non seulement la
tête du saint mais également un de ses doigts. Le bourreau et les
hommes de troupe, partis faire leur rapport à Timothée, l’ont
trouvé dans son palais pillé et déserté : Le proconsul n’est
plus qu’un cadavre informe et pourri… et le bourreau et ses
comparses ont péri asphyxiés par les émanations pestilentielles
qu’exhale le corps de Timothée...
Pendant
la nuit qui suit le martyre, la parente paralytique que Janvier a
soignée (la tradition cite sa nourrice Eusébia) recueille du sang
de l’évêque martyr avec une éponge, comme il est d’usage à
l’époque, et en remplit les deux fioles qui ont servi à Janvier à
célébrer sa dernière messe puis elle emmène les ampoules chez
elle, à Antignano à Naples.
Un
aveugle de Pouzzoles à qui Saint Janvier a rendu la vue à l’issue
de son martyre récupère la tête, le corps et le doigt du martyr et
les place dans un coffre qu’il emporte à l’Agro Marciano
(Fuorigrotta) à Naples, puis, le corps est ultérieurement transféré
dans la crypte dite de Saint Janvier, toujours à Naples.
Selon
la tradition, cela s'est passé le samedi précédant un premier jour
de mai au début du IVe siècle. Ce jour-là, sur le chemin de
Capodimonte, lorsque la relique passe à Antignano, la femme place
les ampoules près du corps et le sang desséché du saint se
liquéfie.
Selon
une autre tradition, c’est le pape Jean Ier qui fait placer les
restes du saint dans cette crypte au début du Ve siècle.
LA TRANSLATION DU CORPS DE SAINT JANVIER |
Dans
son récit de la vie de Saint Paulin évêque de Nola (353-431), le
prêtre Uranius indique que Paulin reçoit, la veille de sa mort, la
vision de Saint Janvier et de Saint Martin, évêque de Tours, venus
le chercher pour le conduire au ciel.
Dès
le début du Ve siècle, les Napolitains vénèrent les reliques
de Saint Janvier comme en atteste la peinture d’époque
représentant le saint nimbé entre deux cierges, dans sa sépulture
à Naples.
Saint
Janvier vient en tête de la petite centaine de Saints Patrons que
les habitants de Naples se sont donnés.
Ceux-ci
considèrent que le Saint leur a accordé sa protection en 1497
contre la peste de même qu’en 1631, 1698, 1767, 1779… Contre les
destructions qu’auraient pu causer les éruptions du Vésuve.
La
dépouille de Saint Janvier est placée en 306 dans une sépulture
souterraine de Capodimonte dédiée au saint évêque martyr, à
Naples.
En
831, Sicon, prince de Bénévent, assiège Naples et, victorieux,
laisse la vie sauve aux habitants car ceux-ci acceptent de lui donner
le corps de Saint Janvier.
À
Bénévent, le corps de Saint Janvier change d’église en 1129 puis
est secrètement caché et muré en 1156 sous le maître autel de
l’abbaye de Montevergine à Avellino où on le redécouvre en 1480
en restaurant l’autel.
En
1490, le roi Ferdinand Ier de Naples ne parvient pas à obtenir du
pape Innocent VIII l'autorisation de ramener le corps de Saint
Janvier dans la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Naples.
Ce
n'est qu'en 1497 que le cardinal Napolitain Oliviero Carafa obtient
du nouveau pape, Alexandre VI, la permission de procéder à la
translation, les reliques entrent solennellement dans la cathédrale
Napolitaine le 13 janvier 1497 et sont déposées dans une urne de
bronze dans la chapelle du Succorpo, crypte de style Renaissance
spécialement aménagée à cet effet par le cardinal Carafa.
Sous
le maître-autel, la « Confessio de San Gennaro »
(appelée aussi Cappella Carafa) sont toujours les os du saint, à
l'exception de son crâne...
LE MARTYRE DE SAINT JANVIER |
En
effet, le crâne et les fioles contenant le sang du saint sont
transférées dans la chapelle San Gennaro (chapelle de Saint Janvier
appelée aussi chapelle du Trésor) dont la construction est décidée
le 13 janvier 1527 par les notables Napolitains dans le but
d’épargner leur ville de la peste.
Cette
date voit en effet la conclusion d'un contrat insolite établi devant
notaire entre le saint protecteur et le peuple de Naples (représenté
par ses notables) qui s’engagent à travers lui à constituer un
trésor et à lui construire une nouvelle chapelle... Les gardiens de
cette chapelle sont la Députation, institution laïque créée en
1601 et constituée de 10 représentants de la noblesse et de 2 du
peuple.
Le
25 février 1964, le cardinal Alfonso Castaldo fait l'inventaire de
l'urne.
Un
vase de terre qui porte l'inscription calligraphiée « Corpus
Sancti Jannuarii Ben EP5 » contenant des ossements analysés
par le professeur G. Lambertini qui établit en 1965 que le squelette
correspond à un homme d’environ 35 ans et d’une taille
approximative de 1,90 m...
La
chapelle terminée, les notables de la ville décident de l’orner
de fresques représentant les principales actions de la vie du saint
en faisant appel aux plus grands peintres de l’époque.
Mais
selon le récit d’Alexandre Dumas (chapitre XXI du Corricolo), les
peintres Napolitains décident que la chapelle ne sera décorée que
par des artistes indigènes et jurent que tout rival qui répondra à
l’appel s’en repentira cruellement :
« Soit
qu'ils ignorassent ce serment, soit qu'ils ne crussent pas à son
exécution, le Dominicain, le Guide et le chevalier d’Arpino
accourent, mais le chevalier d’Arpino est obligé de fuir avant
même d’avoir mis le pinceau à la main, le Guide, après 2
tentatives d’assassinat quitte Naples à son tour : Le
Dominicain seul […] n’écoute ni insultes ni menaces, et continue
de peindre. […] Lorsqu’un jour il se trouve mal sur son
échafaud : on le transporte chez lui, il est
empoisonné...
Alors, les peintres Napolitains se croient délivrés de toute concurrence mais il n’en est point ainsi : Un matin, ils voient arriver Gessi, qui vient avec deux de ses élèves pour remplacer le Guide, son maître... Huit jours après, les deux élèves, attirés sur une galère, ont disparu, sans que jamais plus depuis on n’entend reparler d’eux, Alors Gessi abandonné perd courage et se retire à son tour, et l’Espagnol et, Corenzio, Lanfranco et Stanzione se trouvent maîtres à eux seuls de ce trésor de gloire et d’avenir, à la possession duquel ils sont arrivés par des crimes. »
Alors, les peintres Napolitains se croient délivrés de toute concurrence mais il n’en est point ainsi : Un matin, ils voient arriver Gessi, qui vient avec deux de ses élèves pour remplacer le Guide, son maître... Huit jours après, les deux élèves, attirés sur une galère, ont disparu, sans que jamais plus depuis on n’entend reparler d’eux, Alors Gessi abandonné perd courage et se retire à son tour, et l’Espagnol et, Corenzio, Lanfranco et Stanzione se trouvent maîtres à eux seuls de ce trésor de gloire et d’avenir, à la possession duquel ils sont arrivés par des crimes. »
Les
reliques de Saint Janvier sont conservées dans une niche qui se
trouve derrière le maître-autel de la chapelle séparée en deux
par une cloison de marbre : Une demi-niche contient les
ossements du saint, l’autre un ostensoir en argent offert par
Robert d'Anjou et exposant les deux ampoules dans lesquelles, selon
la tradition, le sang desséché du saint est collé sur les parois.
Cette niche est close par deux portes d’argent massif sculptées
aux armes du roi Charles II d'Espagne et fermées par deux clefs dont
l’une est gardée par le cardinal archevêque de Naples et l’autre
par une compagnie tirée au sort qu’on appelle les députés du
Trésor... Une des fioles en verre est remplie aux 3/4, tandis que
l'autre est à moitié vide depuis que la partie supérieure de son
contenu a été volée par le roi d'Espagne Charles III.
Saint
Janvier, d’origine patricienne, se doit d’avoir sa cour en tant
que Saint Patron de Naples : Il a donc un cortège de saints
inférieurs qui reconnaissent sa suprématie et l’accompagnent
quand il sort en procession, ce sont les Patrons secondaires de la
ville de Naples.
Voici
comment se recrute cette armée de saints « courtisans » :
Toute confrérie, tout ordre religieux, toute paroisse ou tout
particulier qui tient à faire déclarer un saint qu’il affectionne
Patron de Naples (sous la présidence de Saint Janvier) doit faire
fondre une statue de ce saint en argent massif et d’un poids requis
et à en faire don à la chapelle du Trésor de la cathédrale.
La
légende du saint raconte qu’à Antignano, le samedi précédent le
1er jour de mai du début du IVe siècle, lors du transfert de
son corps vers sa sépulture, le sang s'est liquéfié lorsque les
deux ampoules contenant le sang desséché sont approchées de sa
dépouille par sa parente.
Ce
phénomène a ensuite été attesté pour la première fois à Naples
le 17 août 1389.
À
noter que la liquéfaction ne nécessite pas ce jour-là que les
fioles soient approchées de la dépouille puisque, de 1156 jusqu’en
1480, celle-ci est secrètement dissimulée sous le maître autel de
l’abbaye de Montevergine à Avellino.
Depuis,
le phénomène se produit régulièrement lors de cérémonies
organisées spécifiquement à Naples.
Néanmoins,
à ce jour, l’Église ne s’est pas prononcée officiellement sur
le caractère miraculeux du phénomène.
LA MAISON DE SAINT JANVIER |
Le
« miracle » de la liquéfaction du sang de saint Janvier
est célébré habituellement trois fois par an :
Le
samedi précédant le premier dimanche de mai, date anniversaire du
transfert de la dépouille du saint de Fuorigrotta à Capodimonte, au
début du IVe siècle, où le phénomène se produisit pour la
première fois. Cette cérémonie correspond à la procession jusqu'à
basilique Santa Chiara
Le
19 septembre, date anniversaire de son martyre en 305, cérémonie la
plus importante dans la cathédrale de Naples qui est alors pleine.
Le
16 décembre, date anniversaire de l’éruption du Vésuve de 1631
qui a fait 4 000 morts mais en épargnant la ville de Naples,
cette cérémonie se déroulant dans la chapelle San Gennaro.
La
liquéfaction du sang de Saint Janvier fait l’objet d’une
cérémonie à la cathédrale de Naples : Le sang, contenu dans
les 2 ampoules hermétiques disposées dans une châsse fait l’objet
d’ostensions, face à la foule. La cérémonie se déroule en
présence de l’archevêque de Naples, de personnalités de la
région et de milliers de fidèles massés dans la cathédrale et sur
son parvis.
Généralement
au cours des ostensions, le sang se liquéfie et même parfois entre
en ébullition en changeant de couleur et de volume (du simple au
double), puis les reliques sont précieusement remises sous clefs.
En
septembre et en mai, la cérémonie se répète 8 jours durant.
Si
le sang se liquéfie rapidement, c’est le signe que Naples
bénéficie de toutes sortes de bénédictions et c’est la liesse
générale dans la ville.
Par
contre, si le sang tarde à se liquéfier ou ne se liquéfie pas,
c’est signe de malheurs à venir pour la ville et le moral des
Napolitains s'en ressent...
Le
6 mai 2000, alors que le cardinal ouvre la niche pour prendre la
châsse contenant les ampoules pour la cérémonie, il constate que
le sang est déjà partiellement liquéfié…
Et
il existe aussi des cas où la liquéfaction ne s’est pas
produite... Ainsi, en 1976, en dépit de 8 jours d’invocations et
d’ostensions, le contenu des précieuses ampoules refuse de se
liquéfier, c'est le cas également en 1849 alors que le pape Pie IX
est venu assister à l’événement…
UNE DES SAINTES AMPOULES |
Au
printemps 1799, alors que Naples est tombé aux mains des soldats
Français, le nouveau gouvernement Napolitain, installé par le
consulat, veut asseoir son pouvoir en s’en remettant au jugement de
Saint Janvier... Un non-accomplissement du miracle de la liquéfaction
a signifié le rejet divin du nouvel ordre républicain instauré par
la France. Le général Français Macdonald et son état-major sont
venus assister à la cérémonie... À six heures du soir, aucune
trace de début de liquéfaction ne s’est manifestée et les
Napolitains commencent à vociférer contre les Français... À huit
heures toujours rien et le climat tourne à l’émeute.
Selon
le récit qu’en fait Alexandre Dumas dans le chapitre XXIII du
Corricolo, Macdonald voyant l’ambiance s’échauffer se penche sur
un aide de camp et lui dit quelques mots à l’oreille.
L’aide
de camp… se mêle à la foule des fidèles qui se pressent pour
aller baiser la fiole, arrive jusqu’à la balustrade, se met à
genoux et attend son tour. Au bout de 5 minutes, le chanoine prend
sur l’autel la fiole renfermant le sang parfaitement coagulé, ce
qui est, vu l’heure avancée, une grande preuve de la colère de
Saint Janvier contre les Français, la lève en l’air, pour que
personne ne doute de l’état dans lequel elle est puis il commence
à la faire baiser à la ronde.
Lorsqu’il arrive devant l’aide de camp, celui-ci, tout en baisant la fiole, lui prend la main. Le chanoine fait un mouvement… Je veux vous dire, de la part du général en chef, reprend l’aide de camp, que si dans 10 minutes le miracle n’est pas fait, dans un quart d’heure vous serez fusillé… Puis il se lève, et revient prendre sa place près du général.
Lorsqu’il arrive devant l’aide de camp, celui-ci, tout en baisant la fiole, lui prend la main. Le chanoine fait un mouvement… Je veux vous dire, de la part du général en chef, reprend l’aide de camp, que si dans 10 minutes le miracle n’est pas fait, dans un quart d’heure vous serez fusillé… Puis il se lève, et revient prendre sa place près du général.
Eh
bien ? dit Macdonald. Eh bien ! dit l’aide de camp, soyez
tranquille, général, dans 10 minutes le miracle sera fait...
L’aide de camp a dit la vérité : Seulement il s'est trompé... Au bout de 5 minutes, le chanoine lève la fiole en criant : Il miracolo è fatto ! Le sang est en train de se liquéfier...
L’aide de camp a dit la vérité : Seulement il s'est trompé... Au bout de 5 minutes, le chanoine lève la fiole en criant : Il miracolo è fatto ! Le sang est en train de se liquéfier...
LE RELIQUAIRE D'ARGENT |
Mais,
finalement, les troupes Françaises évacuent Naples quelques jours
après – le 7 mai – à la suite de l'ordre du Directoire donné
le 4 mai : Saint Janvier n’a-t-il pas eu raison, en fin de
compte ? On peut se demander de plus si Saint Janvier n'est pas
finalement anti-républicain... Ce qui s’explique par ses
origines ! En 1849, devant Pie IX, lorsque le sang ne veut pas
se liquéfier, c’est aussi une période où se joue l’unification
républicaine de l’Italie.
Le
21 mars 2015, le cardinal Crescenzio Sepe annonce, exhibant aux
fidèles le reliquaire, que le sang s’est de nouveau liquéfié
mais « à moitié ».
Le
pape François, présent à la cérémonie, relève alors avec
humour : « On voit que le saint nous aime seulement à
moitié. Nous devons tous un peu nous convertir, pour qu’il nous
aime davantage ! »
Le
rituel de la procession de Saint Janvier a commencé dès la fin du
XVe siècle. Il se déroule à Naples, selon un ordre bien
établi.
Le
cortège se rend de la chapelle du Trésor du Duomo San Gennaro
(domicile habituel de Saint Janvier) à la cathédrale Santa Chiara
(Sainte-Claire) (lieu de culte des rois de Naples). En quelque sorte,
Janvier, Saint martyr de noble souche, rend régulièrement une
visite de courtoisie à ses successeurs temporels.
En
1712 la Députation de la chapelle du trésor de San Gennaro passe
commande à l’orfèvre Matteo Treglia, d’une mitre de soie et
d'or en l’honneur du saint. Constituée de 3 692 pierres
précieuses dont 3 326 diamants, 198 émeraudes et 168 rubis,
elle est placée sur son buste-reliquaire lors de la procession en
avril 1713.
Le
cortège est actuellement constitué ainsi :
Des
portes étendards représentant les chapelles et églises des
quartiers de Naples ouvrent la marche.
Différentes
confréries religieuses suivent, portant les statues des saints et
des saintes en argent et en or qui constituent « la cour »
de Saint Janvier.
Suit
ensuite l’archevêque cardinal avec le buste en argent de
Saint-Janvier et le reliquaire abritant les ampoules.
Les
notables suivis de la foule ferment la procession…
La
description qu’en fait Alexandre Dumas dans le chapitre XXI du
Corricolo laisse cependant à penser que ce bel ordre n’est pas
toujours vraiment respecté…
En
cours de route, les différents saints de la cour de Janvier se
dispersent pour aller faire un tour dans leurs quartiers ou leurs
paroisses puis rejoignent Santa Chiara où ils s’inclinent en
rentrant devant Saint Janvier pour lui rendre hommage.
Ces
processions se déroulent le samedi précédant le premier dimanche
de mai ainsi que le 19 septembre si c’est un dimanche ou le
dimanche suivant le 19 septembre lorsque ce n’est pas le cas.
En
septembre, la fête de San Gennaro est célébrée par tous les
Napolitains du monde, notamment à New York où a lieu une grande
parade.
La
liquéfaction du sang de Saint Janvier constitue un sujet de
controverse : Ce n’est pas un miracle véhiculé par une
simple tradition orale et auquel on ne peut apporter ni preuve, ni
démenti mais au contraire un phénomène bien matériel qui se
produit plusieurs fois par an, depuis des siècles et sur demande. Il
est donc propice à ce que tout un chacun, des plus grands penseurs
aux gazettes locales s’y intéresse passionnément, ont ainsi, et
entre autres, évoqué le miracle de Saint Janvier :
Voltaire
(Pensées, Remarques et Observations ; ouvrage posthume, 1802) :
« Il
est égal pour le peuple non pensant qu’on lui donne des vérités
ou des erreurs à croire, de la sagesse ou de la folie, il suivra
également l’un ou l’autre : Il n’est que machine aveugle.
Il n’en est pas ainsi du peuple pensant, il examine quelquefois, il
commence par douter d’une légende absurde, et malheureusement
cette légende est prise par lui pour la religion, alors il dit :
Il n’y a point de religion, et il s’abandonne au crime. Celui qui
doute à Naples de la réalité du miracle de Saint Janvier est près
d’être athée, celui qui s’en moque en d’autres pays peut être
un homme très religieux. »...
Alexandre
Dumas (Le Corricolo, conclusion du chapitre XXI, 1843) :
« Maintenant,
que le doute dresse sa tête pour nier, que la science élève sa
voix pour contredire, voilà ce qui est, voilà ce qui se fait, ce
qui se fait sans mystère, sans supercherie, sans substitution, ce
qui se fait à la vue de tous. La philosophie du XVIIIe siècle et la
chimie moderne y ont perdu leur latin... Voltaire et Lavoisier ont
voulu mordre à cette fiole, et, comme le serpent de la fable, ils y
ont usé leurs dents.
Maintenant,
est-ce un secret gardé par les chanoines du Trésor et conservé de
génération en génération depuis le IVe siècle jusqu’à nous ?
Cela est possible. Mais alors cette fidélité, on en conviendra, est
plus miraculeuse encore que le miracle.
J’aime
donc mieux croire tout bonnement au miracle ; et, pour ma part,
je déclare que j’y crois. »
Alain
(Propos d’économique, 1934) :
« Oui,
reprit Castor, … L’argent n’est pas mieux connu que le miracle
de Saint Janvier. On se hausse pour voir, on raconte ce qu’on n’a
pas vu, et les millions vont par centaines. Chacun peut pêcher dans
ce fleuve-là. On ne se lasse pas, dis-je, de laver le sable, dès
que l’on a entendu dire qu’on y peut trouver de l’or. »
Sigmund
Freud qui utilise une allusion au miracle de la liquéfaction du sang
de Saint Janvier pour mener à bien une de ses analyses (Du mécanisme
psychique de la tendance à l’oubli, 1898).
Le
fait qu’une substance solide puisse devenir liquide et inversement
n’est pas une chose surnaturelle en soi : L'eau, comme
d'autres substances, peut se solidifier si on abaisse sa température
et redevenir liquide si on la réchauffe
Il
en est ainsi que toute modification énergétique apportée à une
substance peut provoquer de tels changement de phases : Ainsi
d'une modification de température ou de pression (telle la
thixotropie qui peut expliquer la liquéfaction du sang) mais aussi
plus généralement de toute modification apportée à l’énergie
interne de la substance quelle qu’en soit l’origine…
E.
Salverte a donné au XIXe siècle la recette d'une substance qui
passe de l'état solide cireux à l'état fluide par une élévation
de température, et inversement lorsque la température diminue. Il
s'agit de mélanger du blanc de baleine (lipides) teinté d'un
colorant rouge pour faire sanguinolent...
Le
professeur Henri Broch a reproduit le phénomène dès 1981, il
conseille notamment d'enfermer dans une ampoule de l'huile de jojoba
ou de coco pour obtenir le même résultat.
Les
choses sont plus complexes dans le cas de substances organiques.
Ainsi, ce n’est pas en réchauffant du sang desséché qu’on
réussira à le liquéfier, on réussira tout au plus (si l’on
s’acharne) à le calciner : Le sang s’est desséché parce
que de l’eau qu’il contenait s’est évaporée et ce n’est pas
en le réchauffant qu’il va la retrouver.
Néanmoins,
il est possible de liquéfier du sang coagulé en brisant la fibrine
qui emprisonne les globules : La dissolution du sang par de
l’alcool ou d’autres substances est une conséquence de ce
mécanisme mais le sang ainsi dissous ne redevient pas solide dans la
même gamme de température et le phénomène ne peut se produire
qu'une seule fois. En outre, personne n’a constaté, que le
cardinal de Naples injectait de l’alcool ou autre substance dans
les ampoules pendant les ostensions.
Tout
d’abord, les capsules contiennent-elles vraiment le sang de Saint
Janvier ? On n’en possède bien sûr aucune preuve. Une
analyse ADN pourrait éventuellement indiquer si les ossements et le
contenu des fioles proviennent ou non de la même personne, mais même
si c’était un renseignement intéressant, ça ne prouverait ni que
les reliques proviennent d’un illustre descendant d’une famille
patricienne Romaine (de qui plus est évêque et mort en martyr), ni
que les fioles contiennent bien de l’hémoglobine de Saint Janvier.
En
1989, pour montrer qu’il n’y avait pas de supercherie de sa part,
le cardinal de Naples a fait procéder par le professeur Pier Luigi
Baima Bollone, directeur de l’Institut de médecine légale de
l’université de Turin, à des analyses spectrographiques qui ont
montré que les fioles contenaient bien de l’hémoglobine (cet
éminent professeur a également mené des investigations sur le
Saint-Suaire) cette analyse ne démontre pourtant pas que les fioles
ne contiennent que du sang.
Certaines
sources indiquent que, dès 1902, des analyses par spectrographie
avait déjà montré cela, mais la spectrographie permettait-elle de
mener, en 1902, de telles investigations ?
En
1991, afin de tenter d’expliquer le miracle de Saint Janvier, sans
courir le risque d’être excommuniés, trois chercheurs Italiens
ont réalisé l’expérience suivante : Préparation d’une
solution contenant 25 g de chlorure ferrique hexahydrate dans
100 ml d’eau et ajout lent de 10 g de carbonate de calcium.
après dialyse de 4 jours, la solution est évaporée jusqu’à
obtenir un volume de 100 ml. L’ajout de 1,7 g de chlorure de
sodium donne un sol brun foncé qui subit une transition sol-gel au
bout d’une heure.
Par
simple agitation mécanique, ce gel se liquéfie et le cycle
liquéfaction-solidification est hautement reproductible. Pour cela,
ils ont reproduit l’expérience avec du chlorure de fer, de la
cendre de bois, du sel de cuisine, de l’eau et du parchemin en
guise de membrane de dialyse, ingrédients tous connus et disponibles
au Moyen Âge.
En
fait, l'hypothèse d'une substance à consistance sensible au choc
avait déjà été avancée en 1890 par le professeur Albini et
reprise en 1949 dans un livre sur la science des colloïdes avec
l'expression de « gel thixotrope » pour le sang de Saint
Janvier.
Les
croyants répliquent toutefois que rien ne prouve que les fioles
contiennent une telle mixture et les sceptiques leur répondant qu’il
n’y a qu’à les ouvrir pour vérifier...
Pour
d'autres auteurs qui se sont rendus à la cérémonie du 3 mai 2008,
2 conditions doivent nécessairement être remplies pour assister à
la liquéfaction du sang du saint : Une température-seuil et
une contrainte mécanique minimale. Une messe quotidienne a lieu dans
la semaine suivant la cérémonie. Les fidèles sont bénis avec le
reliquaire et le sang reste fluide pendant toute la semaine. Une
agitation même minime retarde la solidification d'un fluide
thixotrope.
Janvier
de Bénévent — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Janvier_de_Bénévent
Aller
à Le miracle de saint Janvier - La légende du saint (voir plus
haut) raconte qu'à Antignano, ... Le « miracle » de la
liquéfaction du sang de saint Janvier est célébré ... date
anniversaire de son martyre en 305, cérémonie la plus ...
La
légende de Saint Janvier (le protecteur de Naples)
dominiquedecobecq.perso.sfr.fr/StjanvierDumas.html
La
légende de Saint Janvier, le saint patron de la ville de Naples, par
... fut par une belle matinée d'automne, le 19 septembre de l'année
305, que saint Janvier, ...
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