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JUILLET 2016...
Cette
page concerne l'année 297 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
EUMENE,
OU TOUT FLATTEUR VIT AUX DÉPENS DE CELUI QUI L’ÉCOUTE
Eumenius :
Rhéteur, avocat et universitaire Gallo-Romain du IIIe siècle,
né vers 260 à Augustodunum (Autun), mort vers 311.
Petit-fils
d'un rhéteur Grec il part enseigner à Rome puis à Augustodunum
(aujourd'hui Autun), mais son nom est quasi oublié. Il doit
correspondre au profil d'un rhéteur comme Hermogène de Tarse, son
compatriote, lequel a vécu sous le règne de Marc Aurèle (de 161 à
180.).
Précepteur,
puis professeur d'éloquence dans sa ville natale, nommé directeur
des écoles méniennes (Scholæ menianæ) d'Augustodunum par
Constance Chlore qui l'estime. Eumenius est chargé de diriger les
écoles d'Augustodunum qui se relevant de la ruine du sac infligé
par Victorin en 269. Il prononce en 298 un discours Pro restaurandis
scholis (Pour la réparation des écoles), le plus important de ses
écrits.
Constance
Chlore incite la noblesse des Gaules à revenir s'installer à
Augustodunum et y fait transporter un grand nombre de colons. Nous
possédons une de ses lettres priant Eumène d'enseigner la
rhétorique et lui assignant 600 000 sesterces de
gratification, somme colossale qui montre l'importance de la matière
enseignée, l'état de la profession et la renommée de ce
professeur.
Un
discours célèbre, panégyrique des victoires de Constance devant
Maximien Hercule, fait remarquer les qualités de Constance et
contribue à son ascension, envers celui qui devient son père
adoptif.
Eumenius
est ensuite élevé à la charge de secrétaire d'État de Constance
Chlore puis invité à occuper une des premières dignités du palais
impérial à Rome et à Augusta Treverorum, « maître de la
mémoire sacrée », confident de l'empereur.
Il
reste de lui 4 discours :
le
panégyrique de Constance, prononcé à Augustodunum à la fin de
l'an 296 ou au commencement de 297, intitulé : « Panegyricus
Constantio Caesari dictus »
Le
discours pour la réparation des écoles, prononcé à Augusta
Treverorum à la fin de 297 ou peut-être au commencement de 298,
intitulé : « Pro restaurandis scholis oratio ».
Le
panégyrique de Constantin-Auguste, prononcé à Augusta Treverorum
en 309 ou 310, intitulé : « Panegyricus Constantino
Augusto dictus ».
Le
discours d'action de grâces, adressé à Constantin à Augusta
Treverorum en 311, intitulé : « Gratiarum Actio
Constantino Augusto Flaviensium nomine. »
Il
ne tarde pas à faire voir que l'éloquence est un bien héréditaire
dans sa famille. Il l'enseigne, comme son aïeul, à la jeunesse
d'Autun, et de cette chaire d'éloquence, il est élevé à la charge
de secrétaire d’État. Après l'avoir exercée quelque temps, on
lui permet de se retirer, et d'aller vivre en repos à la campagne.
Il
y goûte avec plaisir les douceurs de la retraite et de la vie
champêtre, occupé par des études particulières d'un de ses
enfants, lorsque le collège d'Autun vient à perdre son modérateur
ou principal.
Aussitôt
Constance Chlore jette les yeux sur Eumène, par l'estime qu'il a non
seulement de son éloquence, mais encore de la dignité de ses mœurs,
pour remplir cette place vacante.
Ce
Prince n'étant alors que César, il a recours à l'autorité des
Empereurs Maximien Hercule et Dioclétien, afin d'engager Eumène à
se charger de l'administration du collège et du soin d'y enseigner
de nouveau la rhétorique.
Il
en obtient une lettre ou rescrit adressé à Eumène même, aussi
glorieux à sa mémoire qu'honorable à la jeunesse d'Autun, en qui
l'on voit les plus belles dispositions du monde pour les sciences.
Comme
Eumène jouit encore de la pension de secrétaire d’État, (tient
un peu comme aujourd'hui où certains empochent des retraites
faramineuses alors que d'autre ont à peine de quoi vivre) les
Empereurs la lui doublent, et l'assurent qu'il ne perd rien du rang
ni des privilèges que ses autres emplois lui ont acquis.
EUMENE |
Ce
grand homme se rendant à de si puissantes sollicitations, accepte la
chaire d'éloquence avec les appointements que l'on y attache. Ils
sont considérables, faisant plus de 30 000 euros. Mais par un trait
de détachement et de générosité très louable, il ne veut pas en
profiter, et les applique au rétablissement du collège d'Autun.
Un
discours qu'il fait devant un des gouverneurs des Gaules, pour
demander que ce collège soit compris dans les édifices publics que
Constance fait rebâtir, afin de rendre à Autun sa première
splendeur...
Eumène
dans un autre de ses discours prononcé en 310, semble dire qu'il
n'est alors que dans la 50e année de son âge.
Eumène
n'a pas seulement mérité la qualité de rhéteur, pour avoir si
longtemps et si dignement enseigné l'art de bien parler. Il s'est
encore acquis le titre d'orateur et de panégyriste de l'empire par
l'usage qu'il a fait lui-même de l'éloquence dans plusieurs
panégyriques qu'il a prononcés en public.
Il
y parle aussi des dommages qu'Autun vient de recevoir par les
incursions des Bagaudes.
Il
y touche la magnificence qu'un Empereur a déjà fait paraître dans
les réparations de cette ville, et le soin que les Empereurs
régnants prennent de les faire continuer, en y employant des
ouvriers qu'ils ont fait venir d'au-delà la mer, c’est-à-dire, de
la Grande Bretagne.
Eumène
y fait mention de sa charge de secrétaire d'État, et des
appointements qui y sont attachés. C'est dans ce même discours
qu'il nous fait connaître son aïeul...
Il
le finit en priant le gouverneur devant lequel prononce, d'écrire
aux Empereurs, et de leur faire agréer le dessein de sa proposition
concernant le rétablissement du collège d'Autun.
On
croit que ce discours est prononcé en 296 quoique d'autres,
peut-être avec raison, ne le placent que 2 ans plus tard en 298.
On
y trouve insérée la lettre que les empereurs Maximien Hercule et
Dioclétien écrivent à Eumène, pour l'engager à se charger une
seconde fois d'instruire la jeunesse d'Autun, comme nous l'avons déjà
dit.
Le
P. de la Baune situe ce discourt en 296, après que Constance Chlore
eut recouvré les îles Britanniques, et avant la victoire de
Langres, dont il n'y est pas dit un mot.
Mr
de Tillemont, qui le compte pour le premier, le rapporte à l'année
suivante, sur ce qu'il y est parlé du premier jour de Mars, auquel
Constance a été fait César, et que l'on peut présumer qu'il est
prononcé à la solennité de sa 5e année, qui finit en 297.
Il
y est fait mention, comme dans le premier, des ouvriers que Constance
emploie au rétablissement de la ville d'Autun, après que ce Prince
les ait amenés de la Grande Bretagne.
CONSTANTIN |
Rhenanus
a attribué ce second discours à Claude Mamertin, ou à quelque
autre auteur de la Gaule Belgique. C'est pourquoi dans son édition
au lieu du terme latin Heduensium, il a mis
Cliviensium, lieu inconnu alors... Mais il
est certain qu'outre la ressemblance de style entre ce panégyrique
et le précédent, Eumène y est si bien caractérisé, qu'on ne peut
le lui refuser.
Le
3e est encore prononcé à Trêves en 309 ou 310, devant Constantin
le grand, au jour où il célèbre la fondation de cette ville. Il
appuie particulièrement sur les victoires de ce nouvel Empereur, et
sur l'éloge de Constance Chlore son père, qu'il place bien haut
dans le ciel, quoique mort dans le paganisme.
Eumène
témoigne que c'est Constantin lui-même qui le charge de ce
panégyrique, et qu'il le fait sur le champ.
En
parlant des victoires de ce Prince, il relève particulièrement
celles qu'il a remportées sur les Francs, dont il a défait les Rois
ou les Ducs.
Il
fait mention du siège qu'il a mis devant Marseille en 308 et de sa
marche contre Maximien Hercule, à qui il reproche avec véhémence
de ce que s'étant jusqu'à 3 fois volontairement démis de l'Empire,
il l'a repris autant de fois. Eumène y donne des marques non
équivoques de la religion Païenne qu'il professe.
Il
dit que les mauvaises actions des hommes sont des suites du destin,
et leurs vertus des dons de la divinité. (évidemment
le panégyriste ne peut sans doute s'abstenir de dire de bonnes
choses de l'empereur mais c'est aussi amenuiser sa valeur)
Sur
la fin de ce discours il invite Constantin à honorer d'une de ses
visites la ville d'Autun, et l'exhorte à achever de la rétablir.
Mais il n'ose pas se promettre que son âge avancé lui permettra de
voir ce rétablissement... Il semble néanmoins par un trait de cette
pièce, qu'Eumène n'a alors que 50 ans. Il finit en recommandant à
l'Empereur ses 5 enfants et ses disciples dont plusieurs sont déjà
employés dans les premières charges de la Cour et de l’État.
Le
4e et dernier panégyrique d'Eumène est un remerciement à
l'Empereur Constantin de la part des citoyens d'Autun. C'est pourquoi
le titre latin porte qu'il a été prononcé Flaviensium
nomine, parce que cette ville sensible aux bienfaits de ce
Prince, a pris le nom de Flavia, qui est
celui de la famille de Constantin.
En
effet sur la fin de l'an 311, cet Empereur passant par Autun,
décharge les Bourgeois d'une partie des impôts qu'ils paient, et
leur fait quelques autres gratifications.
En
faisant le caractère de l'éloquence telle qu'elle est en usage aux
IIIe et IVe siècles, nous avons donné une idée suffisante de celle
qui se trouve dans ces 4 panégyriques. On peut voir par les traits
que nous en avons rapportés, qu'ils sont encore plus considérables
pour les faits historiques qu'ils contiennent, que pour l'éloquence.
AUTUN PORTE ROMAINE |
Ils
ont été imprimés plusieurs fois avec les autres harangues des
anciens panégyristes de l'Empire. Nous en avons déjà marqué les
différentes éditions à l'article de Claude Mamertin, et il serait
inutile de les répéter ici.
Dans
l'édition qu'en publie Rhenanus en 1520, outre le défaut d'ordre
chronologique entre ces 4 harangues, il n'y a que la première qui
porte le nom d'Eumène. La seconde est attribuée à Mamertin, et les
deux autres à des inconnus.
Mais
il n'y a qu'à les lire avec attention, pour convenir qu'elles sont
d'un seul et même auteur, et que cet auteur est l'orateur Eumène.
C'est de quoi tous les modernes conviennent aujourd'hui.
Il
est à remarquer que dans ces temps-là, on ne trouve plus de traces
de l’éloquence latine, que dans les Gaules. Ce sont des Celtes qui
sont les successeurs d’Hortensius et de Cicéron.
Ce
peuple, si longtemps libre dans ses forêts, et qui souvent même a
fait trembler Rome, apprivoisé enfin par un long esclavage, et poli
par les vices même de ses vainqueurs, s’est livré aux arts, comme
au seul charme et au dédommagement de la servitude.
A
Autun, à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, on cultive l’éloquence,
souvent même les Romains les plus distingués envoient leurs enfants
dans ces villes pour s’y instruire. Il semble en effet que, depuis
Marc-Aurèle, les arts et les lettres peuvent difficilement habiter
dans Rome, qui pendant près de 100 ans, n'a vécu que de
conspirations, assassinats, tyrannie et révolte.
Les
provinces sont plus loin de ces orages. On y apprend plutôt qu’on
ne sent, les révolutions du trône. On y a moins à craindre, moins
à espérer, et les esprits ne sont pas sans cesse occupés, comme à
Rome, par cette espèce de férocité inquiète, que donne l’habitude
des dangers et le spectacle des crimes...
Les
gaules sont d’ailleurs remplies d’une foule de Romains. Leur
commerce y porte cette culture, et ce goût qui naît d’abord dans
les capitales, parce que le goût n’est que le résultat d’une
multitude d’idées comparées, et d’une foule d’idées qu’on
ne peut avoir que dans l’oisiveté, l’opulence et le luxe.
Ajoutez
la douceur du climat, et tous les monuments élevés dans ce pays par
la grandeur Romaine. Tout cela réuni, dispose peu à peu les esprits
à cette fermentation utile, d’où naît l’amour des lettres et
des arts.
Mais,
comme en même temps il y a dans chaque siècle un caractère qui
s’imprime à tout, la servitude de l’Asie s’étend dans les
Gaules, et l’éloquence corrompue et faible n’y est, comme
ailleurs, que le talent malheureux d’exagérer quelques vertus, ou
de déguiser des crimes.
Un
défaut naturel dans de pareils ouvrages, est le vide des idées, on
emploie de grands mots pour dire de petites choses.
(il en est de même aujourd'hui où nos « édiles »
s'amusent à inventer des mots et des fonctions remplaçants la
logique par des billevesées).
Ce
n’est plus d’ailleurs la langue de Cicéron et d’Auguste, elle
est altérée... Gaulois, Germains, Ibères, Sarmates, tous se
précipitent dans la patrie commune. L’univers se mêle. Ces
idiomes barbares corrompent nécessairement la langue romaine.
Formée
par des conquérants, elle n’a jamais été une langue de
philosophes, mais alors elle n’est plus même une langue
d’orateurs. (curieuses similitudes)
Il
y en a pourtant, dans ce siècle, trois de célèbres ; Eumène,
Nazaire et Mamertin, tous 3 panégyristes de princes, et tous 3
comblés de bienfaits par les empereurs : Car, si la vérité a
souvent nui à ceux qui ont eu le courage de la dire, il faut
convenir que la flatterie et le mensonge ont presque toujours été
utiles à ceux qui ont voulu échanger leur honneur contre de la
fortune. (Combien sont-ils aujourd'hui à
rejouer le même scénario)
Mamertin
prononce deux panégyriques devant Maximien. Pour bien juger et des
discours et de l’orateur, il est bon de se rappeler que Maximien,
d’abord paysan, ensuite simple soldat, quand il devient prince veut
avoir un nom, et prend celui d’Hercule... On ne manque pas de le
faire descendre, en droite ligne, de cet Hercule, qui, du temps
d’Evandre, est venu ou n’est pas venu en Italie.
Son
seul mérite est d’aimer la guerre, et d’y réussir. D’ailleurs,
dur et impitoyable, avide d’or et de sang, en même temps féroce
et faible, c’est un lion à la chaîne, que gouverne Dioclétien,
et qu’il a approché du trône, pour le lancer de là sur les
ennemis de l’empire. Voilà l’homme sur lequel nous avons 3
pompeux panégyriques. Voilà celui qu’on appelle empereur très
sacré, à qui on parle de sa divinité, du culte qui lui est dû, du
palais auguste et vénérable qui lui sert de temple. (j'ai
l'impression toute proportion gardée d'entendre un journaliste faire
l'éloge de notre mollasson de François Hollande). Il faut convenir
que le premier de ces éloges, prononcés à Trèves, est, d’un
bout à l’autre, un chef-d’œuvre d’impertinence et de
flatterie.
Le
second est plus raisonnable, il y a moins de mensonges exagérés,
moins de ces bassesses qui révoltent. Les louanges sont plus fondées
sur les faits. Il y a même en général de l’éloquence, du style,
de l’harmonie, mais nulle philosophie et très peu de goût.
De
Rome il vient à Autun, dont les citoyens lui témoignent tant
d'ardeur pour l'éloquence, qu'il fixe sa demeure dans cette ville,
et y continue sa profession de rhéteur jusqu'à l'âge de 80 ans et
au-delà...
Eumène
d'Autun : Discours - retour à l'entrée du site
remacle.org/bloodwolf/orateurs/eumene/oeuvres.htm
Eumène
cet illustre orateur et professeur d'éloquence, dont nous avons déjà
fait si souvent mention, fleurissait sur la fin du IIIe siècle et au
commencement du ...
Eumène
(rhéteur) — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Eumène_(rhéteur)
Eumenius
(en latin, Eumenius) un est rhéteur, avocat et universitaire
gallo-romain du III siècle, né vers 260 à Augustodunum, mort vers
311.
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