Cette
page concerne l'année 313 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
L’ÉDIT DE MILAN : GRAND ÉDIT DE TOLÉRANCE
PLAQUE A SAINT GEORGES DU PALAIS |
La
religion devient une affaire individuelle.
L'édit
de Milan n'est pas le premier du genre. D'autres l'ont précédé,
y compris celui de Galère, 2 ans plus tôt. Mais il se singularise
par le fait qu'il introduit un élément nouveau dans la société
romaine, à savoir la liberté religieuse.
Jusque-là,
la religion est une affaire de communauté et d'identité
ethnique. On suit la religion de ses ancêtres et de son groupe.
L'édit
de Milan reconnaît à chaque individu la faculté de suivre la
religion de son choix. C'est un changement radical de paradigme que
relève Marie-Françoise Baslez, professeur d'histoire des religions
à la Sorbonne.
L'édit
de Milan lève par ailleurs les interdits qui pèsent sur la
communauté des chrétiens. Les Églises locales se voient restituer
les biens qui leur ont été confisqués, même lorsqu'ils ont été
vendus à des particuliers.
Dès
lors, tout change assez vite. Le christianisme rassemble à cette
date un 10e à peine de la population de l'empire Romain (50 millions
d'habitants environ). Il est surtout présent en Asie mineure
(actuelle Turquie) et en Afrique du Nord. Né dans les classes
populaires, il gagne de plus en plus la faveur des classes
supérieures et des élites intellectuelles et urbaines.
Fort
de la protection impériale, il va prendre son essor et s'imposer en
quelques décennies comme la seule religion officielle de l'empire...
Dans
un premier temps, Constantin, discret sur ses convictions
personnelles, continue de présider aux rituels païens en sa qualité
de pontifex maximus (grand pontife). Il ménage aussi le Sénat qui
siège à Rome et dont tous les membres sont restés fidèles au
paganisme traditionnel... Il se contente d'interdire les sacrifices
d'animaux, dont il a horreur.
L'Église
devient un élément de stabilité et un point de repère dans un
empire brinquebalant.
Tandis
que périclitent les institutions administratives, elle affirme sa
solidité, fondée sur la légitimité démocratique et une
hiérarchie respectée.
Les
évêques sont élus par le peuple et désignent eux-mêmes des
suppléants parmi les hommes âgés (prêtres) pour guider la
communauté.
Lors
de la fondation de la « Nouvelle Rome » (Constantinople),
l'empereur veille à en exclure toute présence du paganisme. Seul le
christianisme y a droit de cité... À Rome même, Constantin engage
la construction des basiliques de Saint-Pierre, du Latran et de
Saint-Paul-hors-les-murs.
CONSTANTIN Ier PAR LE BERNIN |
L’Édit
de Milan, de février 313, par lequel l’empereur Constantin
(306-337) reconnaît la liberté de culte à la religion chrétienne,
fête ses 1 700 ans...
Justin
(100–165) donne confirmation de cela dans deux passages de son
Apologie I, après avoir résumé la vie de Jésus: « Tout
s’est passé de manière à pouvoir démontrer les procès-verbaux
rédigés au temps de Ponce Pilate » (I, 35, 9).
L’autre
passage : « Tout ceci a été fait pour le Christ, vous êtes
en mesure de démontrer les procès-verbaux rédigés au temps de
Ponce Pilate ».
Tertullien
aussi (155 env. – 245 env.) nous donne cette information dans son
Apologétique (a. 197): « Pilate, déjà chrétien dans son
cœur, rapporte à César, qui alors est Tibère, tous les faits
relatifs au Christ » (21, 24).
Mais
la reconnaissance de la divinité du fondateur d’une religion,
condition indispensable afin que l’exercice de cette religion soit
admis dans l’Empire, relève de la compétence du sénat de Rome.
Tertullien en donne confirmation : « En vertu d’un
ancien décret selon lequel le commandant suprême n’a aucunement
le droit de déifier une personne sans l’approbation du sénat » »
(Ap., 5, 1).
Tibère
envoie le rapport de Pilate au sénat, montrant son désir que le
Christ soit reconnu comme Dieu... Ici entre en jeu un conflit de
compétences.
Le
sénat n’apprécie pas cette « pression de l’empereur et,
pour défendre sa propre autonomie, refuse de reconnaître au Christ
les prérogatives de divinité ». Il donne une réponse
négative à Tibère. Ce document remonte à l’an 35 et il est
entré dans l’histoire comme « Senatus Consultum »...
A
partir de ce moment-là, la religion chrétienne est considérée
dans l’empire comme une « Religio non licita ». Et
c’est encore Tertullien qui nous informe de cela: « Tibère,
après avoir appris que le Christ a révélé sa divinité en
Syrie-Palestine, soumet la question au sénat, en exprimant un avis
favorable.
Le
sénat, n’ayant pas donné son approbation à de tels faits, la
rejette » (Ap. 5, Par conséquent, depuis l’an 35. Car celle-ci
n’a pas été reconnue par le sénat.
Cette
situation dure jusqu’en 313. Les chrétiens ne doivent pas
forcément être poursuivis, la situation dépend de la mentalité
des empereurs en place et des convenances politiques. Durant les 3
premiers siècles, on enregistre plusieurs persécutions.
L’écrivain
Lactance (260-340 env.) dans son œuvre « La mort des
persécuteurs, écrite peu après 313, raconte les persécutions les
plus féroces, sur un territoire géographique étendu, sous les
empereurs suivants : Néron (54-68), Domitien (81-96), Dèce
(249-251), Valérien (253-260), Aurélien (270-275), Dioclétien
(284-305), Galère (305-311).
Mais
il y a tant d’autres oppressions, sur un territoire plus délimité,
sous les empereurs Trajan (98-117), Adrien (117-138), Antonin le
Pieux (138–161), Marc-Aurèle (161–180) Septime Sévère
(193-211), Gallus (251-253).
Après
la victoire de 312 contre Maxence, au Pont Milvius (Rome), Constantin
change le statut juridique des chrétiens, en émettant le fameux
Édit (février 313). A vrai dire, ce document n'est pas signé en
février 313 à Milan.
Après
la victoire, Constantin et Licinius (308-323) scellent des accords à
Milan en février, mais la signature et la publication de ces accords
ont lieu le 13 juin 313 dans la ville de Nicomédie, cet acte
entraînant l’abolition du document du sénat signé en 35...
SAINT CONSTANTIN |
Plus
que pour des motifs religieux, Constantin agit certainement par choix
politique. Il suffit de penser au fait qu’il ne décide de recevoir
le baptême que lorsqu’il est sur le point de mourir. (Certains
Historiens affirment que cela était courant à l'époque surtout
pour les monarques)
Cela
n’enlève rien au grand mérite et à la grande intuition qu’il a
eu en reconnaissant que la réalité de l’empire a désormais
changé, que le christianisme et l’Église ont une telle portée
sociale et juridique que l’interdiction du sénat a été
anachronique.
Pour
Constantin, le Dieu des chrétiens n’est pas une menace pour
l’empire, mais une aide pour garantir la durée de l’empire et
pour sauver la civilisation Romaine, étant donné que la religion
impériale se révèle insuffisante face aux nouvelles difficultés.
Cet
équilibre est malheureusement brisé par l’Édit de Thessalonique,
signé le 27 février 380, dans lequel la religion chrétienne est
reconnue comme l’unique vraie religion transmise par le divin
apôtre Pierre aux Romains :
« Nous
ordonnons que ceux qui suivent cette loi, prennent le nom de
chrétiens catholiques, alors que les autres fous et insensés …
doivent être frappés par la punition ».
Que
l'un adore Dieu, un autre Jupiter,
Que
l'un tende ses mains suppliantes vers le ciel, un autre vers l'autel
de la Bonne Foi
PIÈCE ORNÉE DU LABARUM |
Personne
ne veut être adoré à contre-cœur, pas même un humain.
Aussi
bien, on a accordé aux Égyptiens la liberté d'une superstition si
inepte qui consiste à sacraliser des oiseaux et des animaux...
Même
chaque province et chaque cité a son dieu à elle... Mais à nous
seuls il est interdit de posséder une religion à nous !
Nous
offensons les Romains et nous ne sommes pas considérés comme
Romains parce que nous adorons un dieu qui n'est pas celui des
Romains...
Heureusement
qu'il est le Dieu de tous les hommes, à qui, que nous le voulions ou
non, nous appartenons tous. Mais chez vous on a le droit d'adorer ce
qu'on veut, sauf le vrai Dieu. (Nous en sommes
presque revenu à cette époque hélas!)
Vous
avez beau nous condamner ! Elle ne sert à rien toute votre
cruauté si raffinée : Elle est plutôt un attrait pour notre
religion.
LE CULTE DE MITHRA |
Nous
adorons un seul Dieu, que vous connaissez tous naturellement, dont
les éclairs et les coups de tonnerre vous font trembler, dont les
bienfaits vous réjouissent. Vous pensez qu'il existe d'autres dieux
que nous savons être des démons. Cependant, il relève de la loi
humaine et du droit naturel que chacun adore ce qu'il croit,
et la religion de l'un ne lèse ni ne favorise autrui.
Mais
il n'appartient pas à la religion d'imposer la religion, qui doit
être adoptée volontairement, non par la contrainte car même les
victimes sacrificielles sont demandées à une âme qui l'accepte
volontiers. Aussi, même si vous nous forcez à sacrifier, vous ne
satisferez en rien vos dieux : En effet, ils ne désireront pas
des sacrifices de la part de gens qui y sont forcés, à moins qu'ils
n'aiment le conflit, or Dieu n'aime pas le conflit. D'ailleurs celui
qui est le vrai Dieu accorde tous ses bienfaits également aux impies
et aux siens. (D'après H. ZEHNACKER et J.-Cl. FREDOUILLE, Anthologie
de la littérature latine, PUF, 1998, pp. 358-359)...
De
l'édit de Galère à « l'édit de Milan » :
D'une
tolérance religieuse concédée à contre-cœur à une tolérance
généreusement accordée à tous
L'Édit
de Galère, en 311 :
Gendre
de Dioclétien, avec qui il partage le pouvoir, Galère (305-311)
fait persécuter les chrétiens avant de se résoudre, à la fin de
sa vie, à leur concéder le droit d'exister :
LE LABARUM AVEC LE CHRISME |
Bref,
après la publication de notre édit leur enjoignant de se conformer
aux usages des ancêtres, beaucoup ont été poursuivis, beaucoup
même ont été frappés. Mais comme un grand nombre persistent dans
leur propos ... Nous avons décidé qu'il faut étendre à leur cas
aussi, et sans aucun retard, le bénéfice de notre indulgence, de
sorte qu'à nouveau ils puissent être chrétiens et rebâtir leurs
lieux de réunion, à condition qu'ils ne se livrent à aucun acte
contraire à l'ordre établi... En conséquence, et en accord avec
l'indulgence que nous leur témoignons, les chrétiens devront prier
leur dieu pour notre salut, celui de l’État, et le leur propre,
afin que l'intégrité de l’État soit rétablie partout et qu'ils
puissent mener une vie paisible dans leurs foyers ». (Lactance,
De mortibus persecutorum, I, 34, texte et traduction J. Moreau,
« Sources chrétiennes », les Editions du Cerf, 1954).
En
février-mars, Constantin (Occident) et Licinius (Orient) se
rencontrent à Milan, ils conviennent de préciser par des lettres
adressées à leurs fonctionnaires respectifs l'édit de tolérance
de Galère, en l'élargissant, c'est ce qui a longtemps été appelé
« Édit de Milan ».
Le
15 juin de l'année où lui-même (Licinius) et Constantin sont
consuls pour la troisième fois, il fait afficher une lettre
circulaire adressée au gouverneur, concernant le rétablissement de
l'Église (de restituenda ecclesia huius modi litteras).
« Moi,
Constantin Auguste, ainsi que moi, Licinius Auguste, réunis
heureusement à Milan pour discuter de tous les problèmes relatifs à
la sécurité et au bien public, nous avons cru devoir régler en
tout premier lieu, entre autres dispositions de nature à assurer,
selon nous, le bien de la majorité, celles sur lesquelles repose le
respect de la divinité, c'est-à-dire donner aux chrétiens comme à
tous la liberté et la possibilité de suivre la religion de leur
choix afin que tout ce qu'il y a de divin au céleste séjour puisse
être bienveillant et propice, à nous-mêmes et à tous ceux qui se
trouvent sous notre autorité. »
« C'est
pourquoi nous avons cru, dans un dessein salutaire et très droit,
devoir prendre la décision de ne refuser cette possibilité à
quiconque, qu'il ait attaché son âme à la religion des chrétiens
ou à celle qu'il croit lui convenir le mieux, afin que la divinité
suprême, à qui nous rendons un hommage spontané, puisse nous
témoigner en toute chose sa faveur et sa bienveillance
coutumières. »
« Il
convient donc que ton excellence sache que nous avons décidé,
supprimant complètement les restrictions contenues dans les écrits
envoyés antérieurement à tes bureaux concernant le nom des
Chrétiens (super christianorum nomine), d'abolir les stipulations
qui nous paraissent tout à fait malencontreuses et étrangères à
notre mansuétude, et de permettre dorénavant à tous ceux qui ont
la détermination d'observer la religion des chrétiens, de le faire
librement et complètement, sans être inquiétés ni molestés. »
« ...ton
Dévouement sait que la même possibilité d'observer leur religion
et leur culte est concédée aux autres citoyens, ouvertement et
librement, ainsi qu'il convient à notre époque de paix, afin que
chacun ait la libre faculté de pratiquer le culte de son choix. Ce
qui a dicté notre action, c'est la volonté de ne point paraître
avoir apporté la moindre restriction à aucun culte ni à aucune
religion. »
« De
plus, en ce qui concerne la communauté des chrétiens, voici ce que
nous avons cru devoir décider : Les locaux où les chrétiens
ont auparavant l'habitude de se réunir... doivent leur être rendus
sans paiement. »
(Suit
toute une série de recommandations pratiques)
Dans
le centre historique de Milan, à l’emplacement de l’ancien
palais impérial d’où lui vient son nom, l’église San Giorgio
al Palazzo (Saint Georges du Palais) – église de l’Ordre
Équestre Constantinien de Saint Georges – s’enorgueillit d’avoir
été élevée sur les lieux de cette décision qui va insuffler de
profonds et durables bouleversements en Europe.
Pour
être rigoureusement exact, cet Édit de Milan est à
strictement parler la reprise d’un édit de tolérance plus ancien,
nommé Edit de Sardique, publié par Galère à Nicomédie le 30
avril 311, mais sans avoir consulté les trois autres tétrarques
(Constantin, Licinius et Maximin Daïa).
L’Edit de Milan est une sorte de lettre circulaire qui reprend les dispositions de Galère et les étend à tout l’Empire : la date du 13 juin 313 est celle à laquelle Licinius la fait afficher à Nicomédie après avoir vaincu Maximin Daïa ; à la suite de cela le texte est placardé dans tout l’Empire.
L’Edit de Milan est une sorte de lettre circulaire qui reprend les dispositions de Galère et les étend à tout l’Empire : la date du 13 juin 313 est celle à laquelle Licinius la fait afficher à Nicomédie après avoir vaincu Maximin Daïa ; à la suite de cela le texte est placardé dans tout l’Empire.
Sans
attendre cet accord avec Licinius, dans le cours de l’hiver
312-313, Constantin a écrit au gouverneur d’Afrique et à l’évêque
de Carthage pour organiser la restitution des biens confisqués aux
chrétiens et leur indemnisation (dans son « Histoire de la vie
de l’Empereur Constantin », Eusèbe de Césarée nous a
rapporté plus en détail ces décisions).
13
juin 313 - Constantin promulgue l'édit de Milan - Herodote.net
https://www.herodote.net/13_juin_313-evenement-3130613.php
9
juin 2016 - 13 juin 313 : Constantin promulgue l'édit de Milan - Le
... Après plusieurs années de guerres fratricides et l'élimination
de son rival Maximin ...
L'Edit
de Milan hier et aujourdhui (I/II) – ZENIT – Francais
https://fr.zenit.org/articles/l-edit-de-milan-hier-et-aujourdhui-i-ii/
3
mai 2013 - L'Edit de Milan, de février 313, par lequel l'empereur
Constantin (306-337) ... fête ses 1700 ans cette année:
l'archevêque de Milan, le cardinal ...
2013-55.
Du dix-septième centenaire de l' Edit de Milan. · Le blogue ...
leblogdumesnil.unblog.fr
› Memento
13
juin 2013 - 313 - 13 juin - 2013 Statue équestre de Constantin le
Grand ... ... de Dioclétien, avait été déclenchée en 303 et
avait duré quelque dix années. ... mémoire du fameux Edit de Milan
par lequel Constantin et Licinius, en l'an 313, ...
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