samedi 13 février 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 459

8 FÉVRIER 2016...

Cette page concerne l'année 459 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

PARTICULARITÉ DES SAINTS DE SYRIE

Saint Siméon le Stylite, dit Siméon l'Ancien (c. 388 ou c. 389 - 459) est un saint chrétien. Son nom vient du mot grec stylos signifiant colonne.
Saint Siméon a vécu toute sa vie de façon austère, en Syrie, se retranchant régulièrement et longuement du monde. On retient de lui qu'il se retire au sommet d'une colonne, d'où son surnom. Chaque jour, des pèlerins viennent lui apporter des victuailles qu'ils hissent jusqu'à Siméon avec une corde soulevant un panier.
L'espace dont il dispose au sommet de sa colonne est tout juste suffisant pour se tenir debout ou assis, jamais allongé. On raconte que le roi Nu'man prince des Arabes (pas musulman cela n'existait pas encore) voulut empêcher les visites des foules de pèlerins mais en est dissuadé par une vision. Siméon le Stylite meurt en position de prière, les mains jointes et les yeux fermés, de sorte que ses fidèles mettent deux jours à se rendre compte de sa mort...
Parmi les ruines de l'église Saint-Siméon-le-Stylite, il reste un vestige de cet édifice au Djébal Sim'an (montagne de Simon) non loin d'Alep en Syrie. Son principal biographe est son contemporain Théodoret de Cyr.
Il est fêté le 26 janvier en Occident et le 1er septembre en Orient.

Siméon, qui est né à Sisan (soit probablement la ville de Samandağ en Turquie) au nord de la Syrie, est le fils d'un berger.
Avec la division de l'Empire Romain en 395, la Syrie est incorporée dans ce qui va devenir l'Empire Byzantin et le christianisme s'y développe rapidement.
Apparemment sous l'influence de sa mère, Martha (qui est aussi une sainte) , Siméon développe son zèle pour le christianisme à l'âge de 13 ans, à la suite d'une lecture des Béatitudes. Dès son plus jeune âge, il se soumet à une austérité croissante, en particulier par le jeûne et il entre au monastère avant l'âge de 16 ans.
«  Son père étant berger, il passe les premières années de sa vie à garder les troupeaux. Il a 13 ans, quand un jour, à l'église, il entend lire ces paroles : « Bienheureux ceux qui pleurent !... Bienheureux ceux qui ont le cœur pur ! » Éclairé par la grâce, embrasé du désir de la perfection, il se met en prière, s'endort et fait un songe : « Il me semble, dit-il, que je creuse les fondements d'un édifice, quand je penserai la fosse assez profonde, je m'arrêterai : « Creuse encore ! » me dit une voix. Par 4 fois j'ai repris mon travail et me suis m’arrêtai, et par 4 fois j'entends la même parole : «  creuse encore ! » Enfin la voix me dit : « assez ! Maintenant tu peux élever un édifice aussi haut qu'il te plaira. » Ce songe signifie sans doute l'humilité, base de toutes les vertus et mesure de la perfection, mais il fait aussi allusion au genre de vie que doit mener le pieux jeune homme. »...
— Abbé Jaud

Cependant, bien que connue par ce témoignage de qualité, la vie de Syméon reste si exceptionnelle que même son contemporain hésite à croire que l'on peut donner quelques créances à son récit :
« Quant à moi, dit-il, qui ai pour ainsi dire tous les hommes pour témoins, je redoute de faire le récit de sa vie de peur qu'aux gens à venir il ne paraisse une fable totalement dénuée de vérité. Car il y a des choses qui dépassent la nature humaine ».
 Si cela est exact au Ve siècle, combien cela est encore plus vrai pour un Occidental de la fin du XXe siècle.

Et pourtant, c'est ce que dit Théodoret, il affirme le tenir de la bouche même du saint ou de ce qu'il a vu :
« Syméon naît en 389 à Sis, aux confins de la Cilicie et de la Syrie. Ses parents sont chrétiens et le font baptiser au berceau. Un jour que la neige a tenu le troupeau renfermé à l'étable, Syméon accompagne ses parents à l'église et entend les paroles de l'Évangile qui déclare bienheureux ceux qui pleurent et sont dans le deuil mais traite de malheureux ceux qui rient et nomme digne d'envie ceux qui possèdent une âme pure. Il demande à une personne qui est là ce qu'il faut faire pour gagner chacun de ces biens : Elle lui suggère la vie solitaire.
« Ayant reçu les germes de la parole divine et les ayant enfouis soigneusement dans les profonds sillons de son âme il court au sanctuaire des martyrs du voisinage. Là, prosterné, il supplie celui qui veut sauver tous les hommes de le mener vers le chemin de la piété.
S'étant levé il se rend dans une retraite d'ascète du voisinage. Après avoir passé 2 ans en leur compagnie et s'être épris d'une vertu plus parfaite, il se rend au bourg de Teleda pour entrer au monastère dirigé par l'admirable Héliodore. Syméon passe là 10 ans à combatte contre le péché. Il a 80 compagnons de lutte et les surpasse tous.

« Après avoir passé quelque temps chez ces moines il se rend au bourg de Telanissos (aujourd'hui Deir Seeman) où il demeure enfermé 3 ans. Après cela, il vient occuper ce fameux sommet où il s'enferme dans un espace entouré d'une clôture circulaire. « Les visiteurs venaient donc en nombre incalculable. Fatigué il imagine de se tenir debout sur une colonne. Il la fait d'abord tailler de 6 coudées, ensuite de 12 après cela de 22 et enfin de 36… » (ce qui représente une hauteur d'environ 12 mètres). C'est ainsi que débute sa carrière de « stylite »...

Entré au monastère, il commence un jeûne sévère de 40 jours pour le Grand Carême qui le laisse exsangue, il est visité par l'abbé du monastère qui lui laisse de l'eau et des pains. Quelques jours plus tard, Siméon est découvert inconscient, avec l'eau et les pains intacts. Lorsqu'il est ramené au monastère, on découvre qu'il a lié sa taille avec une ceinture de feuilles de palmiers faite de sorte que plusieurs jours de trempage sont nécessaires pour enlever les fibres de sa blessure.
Les autres moines l'accusent de se relever la nuit pour manger et de les faire passer pour gloutons. Aussi Siméon est enjoint de quitter le monastère. Il renouvelle ce jeûne chaque année.
Il se retire pour un an et demi dans une cabane où il réussit à passer le carême sans manger ni boire. Lorsqu'il est sorti de la cabane, c'est comme un miracle. Plus tard, il reste debout en prière tant que ses membres peuvent le soutenir.
Après un an et demi passé dans sa cabane, Siméon cherche un promontoire rocheux sur les pentes de ce qui est maintenant le mont Cheik Barakat et se contraint lui-même à rester prisonnier dans cet espace étroit de moins de 20 mètres de diamètre. Les foules de pèlerins envahissent les parages, réclamant prières et intercessions et lui laissant trop peu de temps pour ses propres dévotions.

Cela le conduit à adopter un nouveau mode de vie : Afin de pouvoir voir venir de loin le nombre sans cesse croissant de fidèles quêtant ses prières et conseils et lui laissant si peu de temps pour ses austérités et dévotions privées, Siméon découvre un pilier qui demeure parmi les ruines, il y a une petite plate-forme à son sommet sur laquelle il décide de passer sa vie. Comme il lui est impossible d'échapper au monde « horizontalement », il tente de lui échapper « verticalement ». Pour sa subsistance, les petits garçons du village doivent grimper en haut du pilier et lui remettre du pain et du lait de chèvre.
Lorsque ses aînés, les moines vivant dans le désert, entendent parler de Siméon qui a choisi cette forme nouvelle et étrange d'ascétisme, ils veulent le rencontrer afin de déterminer si ses prouesses extrêmes sont fondées sur l'humilité ou si elles tiennent à l'orgueil. Ils exigent de Siméon de descende de son pilier.
S'il désobéit, ils le forceront à en descendre, mais s'il est disposé à se soumettre, ils le laisseront vivre sur son pilier.
Saint Siméon fait preuve d'une complète obéissance, montrant par là son humilité, aussi les moines le laissent vivre comme il le souhaite...

Ce premier pilier a un peu plus de 4 mètres de haut, d'autres le remplacent ensuite et le dernier de la série est semble-t-il haut de plus de 15 mètres. À la partie supérieure du pilier se trouve
e une plate-forme avec un balustre, dont on pense qu'elle faisait environ 1 m².
Selon ce que dit son hagiographe, Siméon ne permet à aucune femme de venir près de son pilier, pas même sa propre mère on prétend qu'il lui dit :
« Si nous en sommes dignes, nous nous verrons dans la vie à venir. » Martha se soumet à ce dictât. Restant dans son domaine, elle adopte également une vie monastique de silence et de prière. Lorsqu'elle meurt, Siméon demande que ses restes lui soient apportés. Il dit adieu à sa mère morte, et un sourire apparaît sur son visage.

Edward Gibbon dans son histoire du déclin et de la chute de l'Empire Romain décrit ainsi l'existence de Siméon :
« Dans cette noble position, cet anachorète Syrien résiste à la chaleur de 30° durant les étés et au froid d'autant d'hivers. Il prend l'habitude de maintenir sa position périlleuse sans crainte et adopte des attitudes et postures successives différentes de prière et de méditation. Il prie parfois debout, avec les bras en croix, mais sa pratique la plus familière est la flexion de son maigre squelette abaissant son front jusqu'aux pieds, et un spectateur curieux, ayant compté 1 244 métanies successives, insiste longuement sur ce compte à l'infini. La progression d'un ulcère dans sa cuisse a pu les diminuer, mais ne perturbe pas cette vie céleste et le patient ermite expire, sans quitter sa colonne. »
Même sur la plus élevée de ses colonnes, Siméon ne s'est pas retiré du monde. Le nouveau pilier a attiré plus de personnes, non seulement les pèlerins mais aussi les spectateurs. Siméon lui-même se tient à la disposition de ces visiteurs tous les après-midis. Au moyen d'une échelle, les visiteurs peuvent monter le voir. On sait qu'il a écrit des lettres et a des disciples, leur prêchant en particulier d'éviter les jurons et l'usure. »

L'empereur Théodose II et son épouse Eudoxie ont grandement respecté le saint et écouté ses paroles, tandis que l'empereur Léon envoie une lettre en faveur du concile de Chalcédoine. La vie de Siméon a coïncidé avec celle de Sainte Geneviève de Paris. il prend de ses nouvelles et lui envoie ses salutations.
Siméon devient tellement influent qu'une délégation de l'Église est envoyée pour qu'il descende de son pilier comme un signe de soumission... Lorsque, toutefois, il est disposé à s'y conformer, la demande est retirée.
Une fois il tombe malade, Théodose envoie les médecins, mais Siméon préfère laisser sa guérison dans les mains de Dieu, et il retrouve la santé.
Après avoir passé 39 ans sur son pilier, Siméon décède le 2 septembre 459.
À sa mort, il donne sa mélote (tunique de berger) à l'empereur Léon. Il a inspiré de nombreux imitateurs et adeptes et, au siècle suivant, des ascétiques vivent sur les piliers, comme stylites, menant une vie commune, ceci tout au long de l'Empire Byzantin.

Il est commémoré comme un saint par les Coptes orthodoxes le 29 Bashans (mi-juin). Il est commémoré le 1er septembre par les Orthodoxes Orientaux et Catholiques Byzantins et le 5 janvier dans l'Église catholique romaine... Une dispute est survenue en 468 entre le patriarche d'Antioche et l'empereur Léon à Constantinople pour la possession des restes et reliques de Siméon. L'empereur obtient gain de cause, en échange il fait ériger le martyrium cruciforme de Saint Syméon.
Les ruines d'un vaste édifice érigé en son honneur et connu en arabe, comme la « Qala‘at Simân » (« la Citadelle de Siméon »), peuvent encore être vues. Situé à environ 30 km au nord-ouest d'Alep 36° 20′ 03″ N 36° 50′ 38″ E) et composé de 4 basiliques aux 4 points cardinaux pour former une grande croix. Au centre de la cour se trouve la base du style ou colonne sur laquelle se serait tenu Saint Siméon.
Une statue commémorant l'ascétisme de Saint Siméon se trouve dans le centre ville de Grimsby, en Angleterre : La communauté chrétienne Syrienne orthodoxe de la ville a commandé la statue, qui a un motif en jade de 39 cercles concentriques représentant chacun une des années de Saint Simeon et le sommet du pilier qui est construit en 1971.

Cette pratique s’explique par le fait que le christianisme est devenu la religion officielle de l’empire Byzantin, ce qui ne permet plus aux chrétiens les plus fervents d’accéder au martyre que par un acte volontaire extrême.
Les Pères de l’Église condamnent ces pratiques, mais elles jouissent néanmoins d’une grande popularité. Après sa mort, en 459, l’endroit où Siméon a passé sa vie devient un lieu de pèlerinage très fréquenté, et l’on y construit au Ve siècle une très vaste église dont les ruines, situées au nord de la Syrie à 35 km à l’ouest d’Alep, sont un joyau de l’art paléochrétien.

Le charme nostalgique du site, les proportions harmonieuses de l’église et la finesse des décors sculptés ont laissé un souvenir impérissable... L’église se compose de 4 ailes ayant chacune le plan basilical à 3 nefs, l’ensemble formant une immense croix. Le carré situé au milieu de cette croix avait en son centre la colonne de Saint Siméon, dont il ne reste que la base imposante. Trois de ces basiliques sont réservées aux pèlerins, la 4e à l’est servant à l’office proprement dit.

L'Égypte a vu naître à la fin du IVe siècle le monachisme avec Saint Antoine, le père des moines. Ce mouvement s'est rapidement développé dans tout l'Orient, mais a acquis en Syrie des formes et des aspects particuliers dont les stylites confirment le caractère.
Les moines Syriens, loin de fuir le monde qui les entoure veulent pour la plupart d'entre eux rester en contact avec celui-ci et devenir pour leurs frères, comme un levain dans la pâte. Leur vie doit donc concilier l'isolement et la discipline la plus sévère avec la participation la plus directe à toutes les manifestations de la vie temporelle, en contact journalier avec le peuple. Le stylitisme créé par Syméon correspond bien à cet objectif.

«… En plus de sa modestie, il est des plus accessibles, doux, gracieux, répondant à chacun de ceux qui lui adressent la parole, que ce soit un artisan, un mendiant ou un paysan. D'ailleurs, il a reçu du Maître le don de l'enseignement. 2 fois par jour, en donnant ses exhortations, il verse dans les oreilles de ses auditeurs, le flot d'une parole abondante et charmante et leur offre la science de l'esprit divin ».

Théodoret dit que son apostolat est particulièrement fécond auprès des Sarrasins, transcription d'un mot grec qui signifie « ceux qui vivent sous la tente » et qui évoque les nomades arabes qui vivent nombreux en bordure du désert Syrien et qui sont encore païens au milieu du Ve siècle.
«  Ils arrivent par bande de 200 ou 300 à la fois, parfois même 1 000 ils renient à grands cris leurs erreurs ancestrales, brisant devant ce grand luminaire les idoles qu'adoraient leurs pères, ils participent au mystère divin, acceptent des lois de cette bouche sacrée, disent adieu aux coutumes de leurs pères… »

Quotidiennement, ces païens demandent à Syméon de formuler une prière, de trancher un conflit, de guérir un chef malade.
Syméon, loin de vivre hors du temps, s'intéresse également à la vie de l'Église et aux grandes querelles du moment :
«… Il lutte contre l'impiété des Grecs, pourfend les hérétiques... Un jour il écrit à l'empereur à ce sujet, un autre jour, il exhorte les fonctionnaires à prendre à cœur les intérêts de Dieu, d'autres fois, c'est même aux pasteurs des églises qu'il recommande de prendre plus de soin de leurs troupeaux… »

La gloire de Syméon éclate le jour de ses funérailles. L'évêque d'Antioche Martyrius accourt, accompagné de 6 évêques et du maître de la milice d'Antioche suivi de 600 soldats pour empêcher qu'on enlève le corps... La dépouille est descendue de la colonne et mise dans un cercueil de plomb.
C'est à ce moment que se répand dans le peuple la nouvelle de la mort du stylite...
Aussitôt, arrivent sur les chameaux les Sarrasins en armes, décidés à s'emparer du corps saint.
Mais Ardaburius, le maître de la milice est là avec une force suffisante.
Une foule énorme fait retentir l'air de ses gémissements.
On dépose le cercueil sur un char et le cortège se met en marche, suivi de la foule portant les cierges, de l'encens et chantant des psalmodies.
En chemin, le passage de la sainte dépouille provoque de nombreux miracles.

Toute la population d'Antioche se porte à sa rencontre en habits blancs, avec des cierges et des torches. Déposée d'abord dans l'église de Kassianos, elle est portée un mois après dans la cathédrale.
L'empereur Byzantin Léon réclame bientôt pour Constantinople ces précieuses reliques, mais les habitants d'Antioche le supplient de ne pas les priver de ce trésor :
« Notre ville n'a plus de murailles lui disent-ils, nous l'avons cherché pour nous en tenir lieu et pour nous protéger de ses prières. » L'empereur renonce à son projet pour ne pas indisposer les habitants d'Antioche dont la ville vient d'être détruite par un tremblement de terre.
Ce qui semble évident aujourd'hui aux archéologues qui ont travaillé sur le site, c'est que malgré l'ampleur des pèlerinages, aucune construction n'est réalisée autour de la colonne pendant un quart de siècle tandis qu'il existe déjà 2 centres officiels de culte, l'un à Antioche et l'autre à Constantinople. D'un seul coup, vraisemblablement à partir de 476, jaillissent de terre autour de la colonne du stylite, d'immenses constructions : Le martyrium cruciforme de Saint Syméon qui couvre à lui seul une surface de près de 5 000 mètres carrés, entouré d'un monastère, d'une église et d'un grand tombeau conventuel. Plus au sud, à l'entrée du sanctuaire, c'est un baptistère avec ses annexes qui jaillit du sol. L'ensemble de la construction se réalise pendant une période très courte...
Cette réalisation n'est pas due à l'initiative des moines de Télanissos, l'importance des sommes requises pour une telle construction dépassant leurs moyens. Elle ne peut non plus revenir au clergé d'Antioche qui, possédant les reliques du saint, n'ont aucun intérêt à créer un autre centre de pèlerinage. C'est vers Constantinople qu'il faut se tourner.
L'empereur Zénon, très influencé par le stylite Daniel, l'un des anciens disciples de Syméon, a pensé, par le biais de cette construction, s'attirer les faveurs des populations Syriennes. L'érection d'un grand martyrium en l'honneur d'un saint Syrien, si populaire dans les provinces Orientales et si célèbre dans tout l'empire, peut avoir été conçue comme un moyen d'apaiser les discordes, en Syrie tout particulièrement...

L'édifice consiste en un vaste sanctuaire cruciforme bâti autour d'un octogone entourant la colonne de Syméon. L'octogone est formé de 8 grands arcs.
La forme architecturale, l'idée d'ensemble, vient vraisemblablement d'Antioche. L'octogone et le sanctuaire cruciforme sont d'ailleurs composés d'éléments architecturaux que l'on retrouve dans cette région, même si par ailleurs, l'apparition d'autres éléments décoratifs (riches moulures des archivoltes, colonnes détachées) laisse apparaître que le projet était bien d'origine impériale...

C'est à Telanissos d'abord que se regroupent les pèlerins. Agglomération paysanne à l'origine, le village ne possède jusqu'au Ve siècle aucune construction monumentale. Déjà très fréquenté durant la vie de Saint Syméon, il ne s'organise pour la réception en masse des pèlerins qu'après sa mort en 459. Les premières auberges qui s'élèvent sur le bord de la route, encore très modestes et de style rustique, sont de cette période. Les nouveaux quartiers datent de l'ouverture, après 476, du grand chantier.
L'afflux de milliers d'ouvriers et l'intense circulation des matériaux de construction et de ravitaillement acheminés par Telanissos vers la colline ont dû transformer le village pendant des années en un grand centre d'hébergement, de commerce et de transport.
Sa prospérité et son extension rapide à partir de cette époque sont attestées par le nombre et la qualité des constructions. La fin des gros travaux sur la colline n'arrête pas son développement. C'est là qu'est bâti le plus ancien couvent conservé dans le village, celui du nord-ouest auquel s'ajoute au cours du VIe siècle, de nombreux autres bâtiments : Couvent, église et hôtelleries. Devenue alors la ville du pèlerinage, elle prend à ce moment son nom actuel de Deir Seeman. Ce sont ces vestiges encore très bien conservés que l'on découvre aujourd'hui. (et maintenant qu'en reste-t-il ?)

De Telanissos, les pèlerins empruntent la voie processionnelle qu'aujourd'hui les visiteurs se contentent de descendre… Les portes monumentales qui jalonnent cette voie ne correspondent pas à des enceintes successives précédant un sanctuaire fortifié, mais à des stations ayant chacune leur caractère. L'arc triomphal, à la sortie de Deir Seeman, annonce l'ascension de la montagne, les trois arcs doubles du propylée donnent accès au sanctuaire, une double arcade monumentale permet la traversée des hôtelleries et l'accès au baptistère, enfin un porche à 3 arcs marque l'entrée du martyrium. À l'intérieur de l'église, les 8 arcs de l'octogone terminent autour de la colonne du saint cette voie triomphale.

L'histoire reste muette sur ce qu'il est advenu du sanctuaire après la conquête musulmane, sans doute est-il pillé et abandonné. Le pèlerinage, lui, survit un temps, et les historiens s'accordent à penser que le village de Telanissos a continué à accueillir moines et pèlerins au moins jusqu'au XIe siècle.
Au Xe siècle, lors de la reconquête Byzantine du nord de la Syrie, le sanctuaire est momentanément restauré et surtout transformé en forteresse.
A cette époque s'élève le mur d'enceinte qui l'entoure encore aujourd'hui et lui a donné son nom moderne : Qalat Seeman – le château de Syméon. Cependant en 1017, après 38 ans d'occupation le site est définitivement abandonné par les Byzantins après l'attaque et le pillage par une armée Égyptienne.
Ce qui est sûr, c'est qu'à l'époque des croisades, le site est totalement abandonné et que pour de longs siècles, il disparaît, à quelques exceptions près, de la mémoire chrétienne.
Ainsi au XVIIe siècle la colonne, réduite aujourd'hui à un simple tambour jeté sur le sol, est aux dires de Frantz Ferdinand Von Troilo encore debout.
Au XIXe siècle, lorsque pour la première fois il est reconnu par un visiteur occidental, le marquis de Voguë, il sert de résidence à un prince Kurde. Le sanctuaire ruiné n'est plus que l'ombre de sa grandeur passée, abandonné dans une zone semi-désertique. Néanmoins il est parvenu jusqu'à nous comme témoin de la gloire de Syméon.


Siméon le Stylite — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Siméon_le_Stylite
Saint Siméon le Stylite, dit Siméon l'Ancien (arabe : مار سمعان العمودي (mār semʕān l-ʕamūdī)) (c. 388 ou c. 389 - 459) est un saint chrétien. ... 1 Début de sa vie; 2 Au sommet du pilier; 3 Dernières années; 4 Hagiographie; 5 Références ...

Le monde de Belissor - Saint Siméon "stylite" l'ancien
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Saint Siméon "stylite" l'ancien, né vers 386 à Sis, en Cilicie, fut un ascète renommé de son vivant : il passa en effet les quarante dernières années de sa vie sur une ... Après sa mort, en 459, l'endroit où Siméon passa sa vie devint un lieu de ... réservées aux pèlerins, la quatrième à l'est servant à l'office proprement dit.

Saint Syméon : Quarante ans sur une colonne - Clio
https://www.clio.fr/.../saint_symeon_quarante_ans_sur_une_colonne.asp
Syméon le fameux, le grand prodige de la terre habitée » est bien connu grâce à son ... les plus fiables de nos connaissances de l'ancien Proche-Orient chrétien. ... Et pourtant, ce que dit Théodoret, il affirme le tenir de la bouche même du saint ... Il vécut ainsi jusqu'à sa mort, survenue vraisemblablement le 24 juillet 459.

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