Cette
page concerne l'année 459 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
PARTICULARITÉ DES SAINTS DE SYRIE
Saint
Siméon le Stylite, dit Siméon l'Ancien (c. 388 ou c. 389 - 459)
est un saint chrétien. Son nom vient du mot grec stylos signifiant
colonne.
Saint
Siméon a vécu toute sa vie de façon austère, en Syrie, se
retranchant régulièrement et longuement du monde. On retient de lui
qu'il se retire au sommet d'une colonne, d'où son surnom. Chaque
jour, des pèlerins viennent lui apporter des victuailles qu'ils
hissent jusqu'à Siméon avec une corde soulevant un panier.
L'espace
dont il dispose au sommet de sa colonne est tout juste suffisant pour
se tenir debout ou assis, jamais allongé. On raconte que le roi
Nu'man prince des Arabes (pas musulman cela
n'existait pas encore) voulut empêcher les visites des
foules de pèlerins mais en est dissuadé par une vision. Siméon le
Stylite meurt en position de prière, les mains jointes et les yeux
fermés, de sorte que ses fidèles mettent deux jours à se rendre
compte de sa mort...
Parmi
les ruines de l'église Saint-Siméon-le-Stylite, il reste un vestige
de cet édifice au Djébal Sim'an (montagne de Simon) non loin d'Alep
en Syrie. Son principal biographe est son contemporain Théodoret de
Cyr.
Il
est fêté le 26 janvier en Occident et le 1er septembre en
Orient.
Siméon,
qui est né à Sisan (soit probablement la ville de Samandağ en
Turquie) au nord de la Syrie, est le fils d'un berger.
Avec
la division de l'Empire Romain en 395, la Syrie est incorporée dans
ce qui va devenir l'Empire Byzantin et le christianisme s'y
développe rapidement.
Apparemment
sous l'influence de sa mère, Martha (qui est aussi une sainte) ,
Siméon développe son zèle pour le christianisme à l'âge de 13
ans, à la suite d'une lecture des Béatitudes. Dès son plus jeune
âge, il se soumet à une austérité croissante, en particulier par
le jeûne et il entre au monastère avant l'âge de 16 ans.
«
Son père étant berger, il passe les premières années de sa vie à
garder les troupeaux. Il a 13 ans, quand un jour, à l'église, il
entend lire ces paroles : « Bienheureux ceux qui
pleurent !... Bienheureux ceux qui ont le cœur pur ! »
Éclairé par la grâce, embrasé du désir de la perfection, il se
met en prière, s'endort et fait un songe : « Il me
semble, dit-il, que je creuse les fondements d'un édifice, quand je
penserai la fosse assez profonde, je m'arrêterai : « Creuse
encore ! » me dit une voix. Par 4 fois j'ai repris mon
travail et me suis m’arrêtai, et par 4 fois j'entends la même
parole : « creuse encore ! » Enfin la voix me
dit : « assez ! Maintenant tu peux élever un édifice
aussi haut qu'il te plaira. » Ce songe signifie sans doute
l'humilité, base de toutes les vertus et mesure de la perfection,
mais il fait aussi allusion au genre de vie que doit mener le pieux
jeune homme. »...
— Abbé
Jaud
Cependant,
bien que connue par ce témoignage de qualité, la vie de Syméon
reste si exceptionnelle que même son contemporain hésite à croire
que l'on peut donner quelques créances à son récit :
« Quant
à moi, dit-il, qui ai pour ainsi dire tous les hommes pour témoins,
je redoute de faire le récit de sa vie de peur qu'aux gens à venir
il ne paraisse une fable totalement dénuée de vérité. Car il y a
des choses qui dépassent la nature humaine ».
Si
cela est exact au Ve siècle, combien cela est encore plus vrai
pour un Occidental de la fin du XXe siècle.
Et
pourtant, c'est ce que dit Théodoret, il affirme le tenir de la
bouche même du saint ou de ce qu'il a vu :
« Syméon
naît en 389 à Sis, aux confins de la Cilicie et de la Syrie. Ses
parents sont chrétiens et le font baptiser au berceau. Un jour que
la neige a tenu le troupeau renfermé à l'étable, Syméon
accompagne ses parents à l'église et entend les paroles de
l'Évangile qui déclare bienheureux ceux qui pleurent et sont dans
le deuil mais traite de malheureux ceux qui rient et nomme digne
d'envie ceux qui possèdent une âme pure. Il demande à une personne
qui est là ce qu'il faut faire pour gagner chacun de ces biens :
Elle lui suggère la vie solitaire.
« Ayant
reçu les germes de la parole divine et les ayant enfouis
soigneusement dans les profonds sillons de son âme il court au
sanctuaire des martyrs du voisinage. Là, prosterné, il supplie
celui qui veut sauver tous les hommes de le mener vers le chemin de
la piété.
S'étant
levé il se rend dans une retraite d'ascète du voisinage. Après
avoir passé 2 ans en leur compagnie et s'être épris d'une vertu
plus parfaite, il se rend au bourg de Teleda pour entrer au monastère
dirigé par l'admirable Héliodore. Syméon passe là 10 ans à
combatte contre le péché. Il a 80 compagnons de lutte et les
surpasse tous.
« Après
avoir passé quelque temps chez ces moines il se rend au bourg de
Telanissos (aujourd'hui Deir Seeman) où il demeure enfermé 3 ans.
Après cela, il vient occuper ce fameux sommet où il s'enferme dans
un espace entouré d'une clôture circulaire. « Les visiteurs
venaient donc en nombre incalculable. Fatigué il imagine de se tenir
debout sur une colonne. Il la fait d'abord tailler de 6 coudées,
ensuite de 12 après cela de 22 et enfin de 36… » (ce qui
représente une hauteur d'environ 12 mètres). C'est ainsi que débute
sa carrière de « stylite »...
Entré
au monastère, il commence un jeûne sévère de 40 jours pour le
Grand Carême qui le laisse exsangue, il est visité par l'abbé du
monastère qui lui laisse de l'eau et des pains. Quelques jours plus
tard, Siméon est découvert inconscient, avec l'eau et les pains
intacts. Lorsqu'il est ramené au monastère, on découvre qu'il a
lié sa taille avec une ceinture de feuilles de palmiers faite de
sorte que plusieurs jours de trempage sont nécessaires pour enlever
les fibres de sa blessure.
Les
autres moines l'accusent de se relever la nuit pour manger et de les
faire passer pour gloutons. Aussi Siméon est enjoint de quitter le
monastère. Il renouvelle ce jeûne chaque année.
Il
se retire pour un an et demi dans une cabane où il réussit à
passer le carême sans manger ni boire. Lorsqu'il est sorti de la
cabane, c'est comme un miracle. Plus tard, il reste debout en prière
tant que ses membres peuvent le soutenir.
Après
un an et demi passé dans sa cabane, Siméon cherche un promontoire
rocheux sur les pentes de ce qui est maintenant le mont Cheik Barakat
et se contraint lui-même à rester prisonnier dans cet espace étroit
de moins de 20 mètres de diamètre. Les foules de pèlerins
envahissent les parages, réclamant prières et intercessions et lui
laissant trop peu de temps pour ses propres dévotions.
Cela
le conduit à adopter un nouveau mode de vie : Afin de pouvoir
voir venir de loin le nombre sans cesse croissant de fidèles quêtant
ses prières et conseils et lui laissant si peu de temps pour ses
austérités et dévotions privées, Siméon découvre un pilier qui
demeure parmi les ruines, il y a une petite plate-forme à son sommet
sur laquelle il décide de passer sa vie. Comme il lui est impossible
d'échapper au monde « horizontalement », il tente de lui
échapper « verticalement ». Pour sa subsistance, les
petits garçons du village doivent grimper en haut du pilier et lui
remettre du pain et du lait de chèvre.
Lorsque
ses aînés, les moines vivant dans le désert, entendent parler de
Siméon qui a choisi cette forme nouvelle et étrange d'ascétisme,
ils veulent le rencontrer afin de déterminer si ses prouesses
extrêmes sont fondées sur l'humilité ou si elles tiennent à
l'orgueil. Ils exigent de Siméon de descende de son pilier.
S'il
désobéit, ils le forceront à en descendre, mais s'il est disposé
à se soumettre, ils le laisseront vivre sur son pilier.
Saint
Siméon fait preuve d'une complète obéissance, montrant par là son
humilité, aussi les moines le laissent vivre comme il le souhaite...
Ce
premier pilier a un peu plus de 4 mètres de haut, d'autres le
remplacent ensuite et le dernier de la série est semble-t-il haut de
plus de 15 mètres. À la partie supérieure du pilier se trouve
e
une plate-forme avec un balustre, dont on pense qu'elle faisait
environ 1 m².
Selon
ce que dit son hagiographe, Siméon ne permet à aucune femme de
venir près de son pilier, pas même sa propre mère on prétend
qu'il lui dit :
« Si
nous en sommes dignes, nous nous verrons dans la vie à venir. »
Martha se soumet à ce dictât. Restant dans son domaine, elle adopte
également une vie monastique de silence et de prière. Lorsqu'elle
meurt, Siméon demande que ses restes lui soient apportés. Il dit
adieu à sa mère morte, et un sourire apparaît sur son visage.
Edward
Gibbon dans son histoire du déclin et de la chute de l'Empire Romain
décrit ainsi l'existence de Siméon :
« Dans
cette noble position, cet anachorète Syrien résiste à la chaleur
de 30° durant les étés et au froid d'autant d'hivers. Il prend
l'habitude de maintenir sa position périlleuse sans crainte et
adopte des attitudes et postures successives différentes de prière
et de méditation. Il prie parfois debout, avec les bras en croix,
mais sa pratique la plus familière est la flexion de son maigre
squelette abaissant son front jusqu'aux pieds, et un spectateur
curieux, ayant compté 1 244 métanies successives, insiste
longuement sur ce compte à l'infini. La progression d'un ulcère
dans sa cuisse a pu les diminuer, mais ne perturbe pas cette vie
céleste et le patient ermite expire, sans quitter sa colonne. »
Même
sur la plus élevée de ses colonnes, Siméon ne s'est pas retiré du
monde. Le nouveau pilier a attiré plus de personnes, non seulement
les pèlerins mais aussi les spectateurs. Siméon lui-même se tient
à la disposition de ces visiteurs tous les après-midis. Au moyen
d'une échelle, les visiteurs peuvent monter le voir. On sait qu'il a
écrit des lettres et a des disciples, leur prêchant en particulier
d'éviter les jurons et l'usure. »
L'empereur
Théodose II et son épouse Eudoxie ont grandement respecté le saint
et écouté ses paroles, tandis que l'empereur Léon envoie une
lettre en faveur du concile de Chalcédoine. La vie de Siméon a
coïncidé avec celle de Sainte Geneviève de Paris. il prend de ses
nouvelles et lui envoie ses salutations.
Siméon
devient tellement influent qu'une délégation de l'Église est
envoyée pour qu'il descende de son pilier comme un signe de
soumission... Lorsque, toutefois, il est disposé à s'y conformer,
la demande est retirée.
Une
fois il tombe malade, Théodose envoie les médecins, mais Siméon
préfère laisser sa guérison dans les mains de Dieu, et il retrouve
la santé.
Après
avoir passé 39 ans sur son pilier, Siméon décède le 2 septembre
459.
À
sa mort, il donne sa mélote (tunique de berger) à l'empereur Léon.
Il a inspiré de nombreux imitateurs et adeptes et, au siècle
suivant, des ascétiques vivent sur les piliers, comme stylites,
menant une vie commune, ceci tout au long de l'Empire Byzantin.
Il
est commémoré comme un saint par les Coptes orthodoxes le 29
Bashans (mi-juin). Il est commémoré le 1er septembre par les
Orthodoxes Orientaux et Catholiques Byzantins et le 5 janvier dans
l'Église catholique romaine... Une dispute est survenue en 468 entre
le patriarche d'Antioche et l'empereur Léon à Constantinople pour
la possession des restes et reliques de Siméon. L'empereur obtient
gain de cause, en échange il fait ériger le martyrium cruciforme de
Saint Syméon.
Les
ruines d'un vaste édifice érigé en son honneur et connu en arabe,
comme la « Qala‘at Simân » (« la Citadelle de
Siméon »), peuvent encore être vues. Situé à environ 30 km
au nord-ouest d'Alep 36° 20′ 03″ N 36° 50′ 38″ E) et
composé de 4 basiliques aux 4 points cardinaux pour former une
grande croix. Au centre de la cour se trouve la base du style ou
colonne sur laquelle se serait tenu Saint Siméon.
Une
statue commémorant l'ascétisme de Saint Siméon se trouve dans le
centre ville de Grimsby, en Angleterre : La communauté
chrétienne Syrienne orthodoxe de la ville a commandé la statue, qui
a un motif en jade de 39 cercles concentriques représentant chacun
une des années de Saint Simeon et le sommet du pilier qui est
construit en 1971.
Cette
pratique s’explique par le fait que le christianisme est devenu la
religion officielle de l’empire Byzantin, ce qui ne permet plus aux
chrétiens les plus fervents d’accéder au martyre que par un acte
volontaire extrême.
Les
Pères de l’Église condamnent ces pratiques, mais elles jouissent
néanmoins d’une grande popularité. Après sa mort, en 459,
l’endroit où Siméon a passé sa vie devient un lieu de pèlerinage
très fréquenté, et l’on y construit au Ve siècle une très
vaste église dont les ruines, situées au nord de la Syrie à 35 km
à l’ouest d’Alep, sont un joyau de l’art paléochrétien.
Le
charme nostalgique du site, les proportions harmonieuses de l’église
et la finesse des décors sculptés ont laissé un souvenir
impérissable... L’église se compose de 4 ailes ayant chacune le
plan basilical à 3 nefs, l’ensemble formant une immense croix. Le
carré situé au milieu de cette croix avait en son centre la colonne
de Saint Siméon, dont il ne reste que la base imposante. Trois de
ces basiliques sont réservées aux pèlerins, la 4e à l’est
servant à l’office proprement dit.
L'Égypte
a vu naître à la fin du IVe siècle le monachisme avec Saint
Antoine, le père des moines. Ce mouvement s'est rapidement développé
dans tout l'Orient, mais a acquis en Syrie des formes et des aspects
particuliers dont les stylites confirment le caractère.
Les
moines Syriens, loin de fuir le monde qui les entoure veulent pour la
plupart d'entre eux rester en contact avec celui-ci et devenir pour
leurs frères, comme un levain dans la pâte. Leur vie doit donc
concilier l'isolement et la discipline la plus sévère avec la
participation la plus directe à toutes les manifestations de la vie
temporelle, en contact journalier avec le peuple. Le stylitisme créé
par Syméon correspond bien à cet objectif.
«…
En plus de sa modestie, il est des plus accessibles, doux, gracieux,
répondant à chacun de ceux qui lui adressent la parole, que ce soit
un artisan, un mendiant ou un paysan. D'ailleurs, il a reçu du
Maître le don de l'enseignement. 2 fois par jour, en donnant ses
exhortations, il verse dans les oreilles de ses auditeurs, le flot
d'une parole abondante et charmante et leur offre la science de
l'esprit divin ».
Théodoret
dit que son apostolat est particulièrement fécond auprès des
Sarrasins, transcription d'un mot grec qui signifie « ceux qui
vivent sous la tente » et qui évoque les nomades arabes qui
vivent nombreux en bordure du désert Syrien et qui sont encore
païens au milieu du Ve siècle.
«
Ils arrivent par bande de 200 ou 300 à la fois, parfois même 1 000
ils renient à grands cris leurs erreurs ancestrales, brisant devant
ce grand luminaire les idoles qu'adoraient leurs pères, ils
participent au mystère divin, acceptent des lois de cette bouche
sacrée, disent adieu aux coutumes de leurs pères… »
Quotidiennement,
ces païens demandent à Syméon de formuler une prière, de trancher
un conflit, de guérir un chef malade.
Syméon,
loin de vivre hors du temps, s'intéresse également à la vie de
l'Église et aux grandes querelles du moment :
«…
Il lutte contre l'impiété des Grecs, pourfend les hérétiques...
Un jour il écrit à l'empereur à ce sujet, un autre jour, il
exhorte les fonctionnaires à prendre à cœur les intérêts de
Dieu, d'autres fois, c'est même aux pasteurs des églises qu'il
recommande de prendre plus de soin de leurs troupeaux… »
La
gloire de Syméon éclate le jour de ses funérailles. L'évêque
d'Antioche Martyrius accourt, accompagné de 6 évêques et du maître
de la milice d'Antioche suivi de 600 soldats pour empêcher qu'on
enlève le corps... La dépouille est descendue de la colonne et mise
dans un cercueil de plomb.
C'est
à ce moment que se répand dans le peuple la nouvelle de la mort du
stylite...
Aussitôt,
arrivent sur les chameaux les Sarrasins en armes, décidés à
s'emparer du corps saint.
Mais
Ardaburius, le maître de la milice est là avec une force
suffisante.
Une
foule énorme fait retentir l'air de ses gémissements.
On
dépose le cercueil sur un char et le cortège se met en marche,
suivi de la foule portant les cierges, de l'encens et chantant des
psalmodies.
En
chemin, le passage de la sainte dépouille provoque de nombreux
miracles.
Toute
la population d'Antioche se porte à sa rencontre en habits blancs,
avec des cierges et des torches. Déposée d'abord dans l'église de
Kassianos, elle est portée un mois après dans la cathédrale.
L'empereur
Byzantin Léon réclame bientôt pour Constantinople ces précieuses
reliques, mais les habitants d'Antioche le supplient de ne pas les
priver de ce trésor :
« Notre
ville n'a plus de murailles lui disent-ils, nous l'avons cherché
pour nous en tenir lieu et pour nous protéger de ses prières. »
L'empereur renonce à son projet pour ne pas indisposer les habitants
d'Antioche dont la ville vient d'être détruite par un tremblement
de terre.
Ce
qui semble évident aujourd'hui aux archéologues qui ont travaillé
sur le site, c'est que malgré l'ampleur des pèlerinages, aucune
construction n'est réalisée autour de la colonne pendant un quart
de siècle tandis qu'il existe déjà 2 centres officiels de culte,
l'un à Antioche et l'autre à Constantinople. D'un seul coup,
vraisemblablement à partir de 476, jaillissent de terre autour de la
colonne du stylite, d'immenses constructions : Le martyrium
cruciforme de Saint Syméon qui couvre à lui seul une surface de
près de 5 000 mètres carrés, entouré d'un monastère, d'une
église et d'un grand tombeau conventuel. Plus au sud, à l'entrée
du sanctuaire, c'est un baptistère avec ses annexes qui jaillit du
sol. L'ensemble de la construction se réalise pendant une période
très courte...
Cette
réalisation n'est pas due à l'initiative des moines de Télanissos,
l'importance des sommes requises pour une telle construction
dépassant leurs moyens. Elle ne peut non plus revenir au clergé
d'Antioche qui, possédant les reliques du saint, n'ont aucun intérêt
à créer un autre centre de pèlerinage. C'est vers Constantinople
qu'il faut se tourner.
L'empereur
Zénon, très influencé par le stylite Daniel, l'un des anciens
disciples de Syméon, a pensé, par le biais de cette construction,
s'attirer les faveurs des populations Syriennes. L'érection d'un
grand martyrium en l'honneur d'un saint Syrien, si populaire dans les
provinces Orientales et si célèbre dans tout l'empire, peut avoir
été conçue comme un moyen d'apaiser les discordes, en Syrie tout
particulièrement...
L'édifice
consiste en un vaste sanctuaire cruciforme bâti autour d'un octogone
entourant la colonne de Syméon. L'octogone est formé de 8 grands
arcs.
La
forme architecturale, l'idée d'ensemble, vient vraisemblablement
d'Antioche. L'octogone et le sanctuaire cruciforme sont d'ailleurs
composés d'éléments architecturaux que l'on retrouve dans cette
région, même si par ailleurs, l'apparition d'autres éléments
décoratifs (riches moulures des archivoltes, colonnes détachées)
laisse apparaître que le projet était bien d'origine impériale...
C'est
à Telanissos d'abord que se regroupent les pèlerins. Agglomération
paysanne à l'origine, le village ne possède jusqu'au Ve siècle
aucune construction monumentale. Déjà très fréquenté durant la
vie de Saint Syméon, il ne s'organise pour la réception en masse
des pèlerins qu'après sa mort en 459. Les premières auberges qui
s'élèvent sur le bord de la route, encore très modestes et de
style rustique, sont de cette période. Les nouveaux quartiers datent
de l'ouverture, après 476, du grand chantier.
L'afflux
de milliers d'ouvriers et l'intense circulation des matériaux de
construction et de ravitaillement acheminés par Telanissos vers la
colline ont dû transformer le village pendant des années en un
grand centre d'hébergement, de commerce et de transport.
Sa
prospérité et son extension rapide à partir de cette époque sont
attestées par le nombre et la qualité des constructions. La fin des
gros travaux sur la colline n'arrête pas son développement. C'est
là qu'est bâti le plus ancien couvent conservé dans le village,
celui du nord-ouest auquel s'ajoute au cours du VIe siècle, de
nombreux autres bâtiments : Couvent, église et hôtelleries.
Devenue alors la ville du pèlerinage, elle prend à ce moment son
nom actuel de Deir Seeman. Ce sont ces vestiges encore très bien
conservés que l'on découvre aujourd'hui. (et
maintenant qu'en reste-t-il ?)
De
Telanissos, les pèlerins empruntent la voie processionnelle
qu'aujourd'hui les visiteurs se contentent de descendre… Les portes
monumentales qui jalonnent cette voie ne correspondent pas à des
enceintes successives précédant un sanctuaire fortifié, mais à
des stations ayant chacune leur caractère. L'arc triomphal, à la
sortie de Deir Seeman, annonce l'ascension de la montagne, les trois
arcs doubles du propylée donnent accès au sanctuaire, une double
arcade monumentale permet la traversée des hôtelleries et l'accès
au baptistère, enfin un porche à 3 arcs
marque l'entrée du martyrium. À l'intérieur de l'église, les 8
arcs de l'octogone terminent autour de la colonne du saint cette voie
triomphale.
L'histoire
reste muette sur ce qu'il est advenu du sanctuaire après la conquête
musulmane, sans doute est-il pillé et abandonné. Le pèlerinage,
lui, survit un temps, et les historiens s'accordent à penser que le
village de Telanissos a continué à accueillir moines et pèlerins
au moins jusqu'au XIe siècle.
Au
Xe siècle, lors de la reconquête Byzantine du nord de la
Syrie, le sanctuaire est momentanément restauré et surtout
transformé en forteresse.
A
cette époque s'élève le mur d'enceinte qui l'entoure encore
aujourd'hui et lui a donné son nom moderne : Qalat Seeman –
le château de Syméon. Cependant en 1017, après 38 ans d'occupation
le site est définitivement abandonné par les Byzantins après
l'attaque et le pillage par une armée Égyptienne.
Ce
qui est sûr, c'est qu'à l'époque des croisades, le site est
totalement abandonné et que pour de longs siècles, il disparaît, à
quelques exceptions près, de la mémoire chrétienne.
Ainsi
au XVIIe siècle la colonne, réduite aujourd'hui à un simple
tambour jeté sur le sol, est aux dires de Frantz Ferdinand Von
Troilo encore debout.
Au
XIXe siècle, lorsque pour la première fois il est reconnu par
un visiteur occidental, le marquis de Voguë, il sert de résidence à
un prince Kurde. Le sanctuaire ruiné n'est plus que l'ombre de sa
grandeur passée, abandonné dans une zone semi-désertique.
Néanmoins il est parvenu jusqu'à nous comme témoin de la gloire de
Syméon.
Siméon
le Stylite — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Siméon_le_Stylite
Saint
Siméon le Stylite, dit Siméon l'Ancien (arabe : مار
سمعان العمودي (mār
semʕān l-ʕamūdī)) (c. 388 ou c. 389 - 459) est un saint
chrétien. ... 1 Début de sa vie; 2 Au sommet du pilier; 3 Dernières
années; 4 Hagiographie; 5 Références ...
Le
monde de Belissor - Saint Siméon "stylite" l'ancien
www.belissor.net
› ... › Les saints des premiers temps › Saints du Ve siècle
Saint
Siméon "stylite" l'ancien, né vers 386 à Sis, en
Cilicie, fut un ascète renommé de son vivant : il passa en effet
les quarante dernières années de sa vie sur une ... Après sa mort,
en 459, l'endroit où Siméon passa sa vie devint un lieu de ...
réservées aux pèlerins, la quatrième à l'est servant à l'office
proprement dit.
Saint
Syméon : Quarante ans sur une colonne - Clio
https://www.clio.fr/.../saint_symeon_quarante_ans_sur_une_colonne.asp
Syméon
le fameux, le grand prodige de la terre habitée » est bien connu
grâce à son ... les plus fiables de nos connaissances de l'ancien
Proche-Orient chrétien. ... Et pourtant, ce que dit Théodoret, il
affirme le tenir de la bouche même du saint ... Il vécut ainsi
jusqu'à sa mort, survenue vraisemblablement le 24 juillet 459.
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