mardi 23 février 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 448

19 FÉVRIER 2016...

Cette page concerne l'année 448 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

DES BAGAUDES EXCÉDÉES, OU LA BRETAGNE MANIFESTANTE,



Au milieu du Ve siècle, les cavaliers Celtiques arrivent dans cette région qu'ils nomment, dans leur langue Are Mor Ica, le pays qui longe la mer, progressivement, avec femmes, enfants et vieillards qui se déplacent en chariots avec leurs troupeaux.
Équipés d'armes en fer, ils entrent en contact avec les agriculteurs et les marins, peut être pacifiquement... Les Celtes ont de longues épées droites redoutables, mais ils ne sont pas unis. Ainsi cinq peuples occupent le territoire de ce qui devient la Bretagne et autant pour la partie Normande de la futur Armorique.

Des insurrections de paysans, auxquelles on donne le nom de bagaudes, ne cessent pas de troubler la Gaule et l’Espagne depuis 435 jusqu’à 443, malgré qu’elles soient réprimées par la main vigoureuse d’Aëtius, la bagaudie ne semble point éteinte. Ses chefs, dans les rangs desquels on compte des mécontents de toutes les conditions et beaucoup de jeunes gens perdus de dettes, poursuivent leurs projets dans l’ombre.
Nous trouvons les Osismes cités par le navigateur Grec Pytheas sous le nom d'Ostimioi, qui reconnaît l'actuelle pointe du Raz et l'archipel d'Ouessant, et le Romain Jules César. Son territoire correspond à peu près à l'actuel Finistère. Leur nom signifie « les plus éloignés » Leur « capitale » est Vorgium (actuellement Carhaix), c'est une colline fortifiée...
En descendant la côte Atlantique, voici le domaine des Veneti, (les Vénètes), peuple très puissant sur le plan commercial et maritime, influent sur le littoral de la Gaule et de la Bretagne insulaire.
Leurs navires construits en chêne et fixés par des clous en fer, avancent avec des voiles en cuir et transportent, pour l'Armorique et la Bretagne, de l'huile, des salaisons et des charcuteries. Ils rapportent de Bretagne et d'Ibérie, l'étain. Leur « capitale » est Darioritum ou Dariorigum (probablement Vannes). Ce nom est cité par le géographe Ptolémée.

En s'approchant de la Loire, c'est le territoire des Namnètes qui a pour capitale, Condevicnum (actuellement Nantes). Son grand port de commerce, Corbilo, sur la Loire permet d'écouler l'étain et le fer dont la région est riche et les Massaliotes échangent des poteries, du sel et des objets de bronze contre le plomb et l'étain d'Armorique. D'après le texte de Jules Cesar, les Namnètes sont sous l'influence des Vénètes.

Au nord des Veneti, bordant la Manche, ce sont les Coriosolites. Leur « capitale » est probablement Locmariaquer et sera sous les Romains Fanum Martis (Corseul)... Aleth, (Saint Malo) est fort peuplé.

A l'est des Coriosolites, est le territoire des Redones. Leur « capitale » est Condate qui signifie confluent, (Rennes). Leur nom signifie conducteurs de chariots.

Vers l'estuaire de la Seine, jusqu'à la Dives, vivent les Lexovii ou Lexoviens, sur l'actuelle côte Normandie. Leur capitale est Novio Magus (le nouveau marché). Strabon décrit les Lexovii commerçant avec le midi Méditerranéen, la Gaule Cisalpine et la Bretagne, échangeant le plomb et l'étain de Cornouailles contre le vin et l'huile du Sud.

Les Unelli ou Venelli sont installés dans l'actuel Cotentin. Leur « capitale » est Cosedia (Coutances) qui prend le nom de Constantia en 298 sous le César Constance Chlore.

Les Caletti ou Calètes occupent la côte Normande sur la rive droite de la Seine. Leur « capitale es Callulum (Lillebonne) et leur principale port est Caracotinum (Harfleur),.

Les Baiocasses occupent le Bessin et l'ouest du Calvados et leur « capitale » à l'époque Romaine est Civitas Baiocassium (Bayeux).

Les Aulerques Eburovices vivent dans le département de l'Eure et au IIe et IIIe siècle, leur « capitale » est Mediolanum Aulercorum (Evreux).
Les Abrincates ou Abricatuens ont pour « capitale » Ingena (Avranches) et résident dans la baie du Mont Saint Michel.

Les Esuvii ou Esuviens habitent dans le bassin de l'Orne, leur « capitale » est Exmes. Ils commercent avec les Aulerques jusqu'à la sanction de César qui les ampute d'une bonne partie de leur territoire.

Avec l'arrivée des Celtes, de nombreuses parcelles sont déboisées ou défrichées, c'est en relation avec la mise en culture de zones jusque là inutilisées, et avec une forte expansion démographique.
Cette multiplication des surfaces cultivées est possible par la production croissante d'outils en fer, en particulier les socs d'araire. En céréales, le froment est la plus cultivée, ensuite viennent le seigle et le sarrasin. En élevage, les Celtes élèvent des porcs, des moutons et des bovins.

La population alors compte entre 150 000 et 300 000 habitants. Vers le IIIe siècle, de nombreuses fortifications sont construites, protégées par un réseau de fossés et de remparts et parfois complétées par des réserves souterraines. Les agglomérations sont situées à l'extrémité de langues de terres ou promontoires inaccessibles quand la mer est haute où les navires s'échouent à marée basse, c'est efficace contre les sièges !
Cette disposition concerne les côtes des Coriosolites jusqu'aux Namnètes.
Pour quelles raisons, ces fortifications apparaissent ?
Peut être des conditions d'insécurité nouvelles, la rivalité entre chefs locaux ? Mais c'est aussi la marque d'une volonté « seigneuriale » transformant ainsi une ferme paisible des Côtes d'Armor, au camp de Saint-Symphorien en Paule, en imposante place forte entourée de multiples remparts.
Jules César distingue l'aedificium (bâtiment) fortifiés de la noblesse Gauloise de l'oppidum (ville fortifiée). Les guerriers sont initiés par des femmes magiciennes...

A partir de la conquête de la Narbonnaise, les marchands italiens investissent le reste de la Gaule et particulièrement les vinarii (les marchands de vins). Et les Gaulois ont déjà une sérieuse réputation chez les Romains, ils boivent le vin pur à la différence des peuples méditerranéens et ils en boivent beaucoup. Diodore de Sicile affirme qu'ils sont prêts à échanger un esclave contre une amphore de vin. Ces récipients affluent dans les ports armoricains et repartent vers l'intérieur des terres ou vers d'autres sites côtiers. Les Arvernes avant la conquête de la Narbonnaise, dominaient une grande partie de la Gaule, la défaite du roi Bituit donne aux Armoricains une liberté plus grande écrit Jules César dans la Guerre des Gaules. Cette liberté est politique et aussi économique, les Vénètes sont les premiers à créer une monnaie, inspirée par le statère de Philippe de Macédoine, mais celtisé.

les Huns écrasent les Burgondes en 436/437 sur le Rhin1, des mercenaires servent sous les ordres du lieutenant d'Aétius, Litorius, en Gaule, même s'ils sont battus devant Toulouse par les Wisigoths en 439.

En 441/442, un raid vise la Thrace et l'Illyricum appartenant à la partie Orientale de l'Empire.

En 444/445, Bleda meurt2 et Attila règne seul sur les Huns, une exception à la règle que notent tous les auteurs de l'époque. Celui-ci gouverne un empire très lâche, formé de cercles concentriques : Les principaux vassaux d'Attila sont les Ostrogoths (dirigés alors par 3 frères, Valamir, Vidimir et Theudimir) et les Gépides (commandés par leur roi Ardaric). L'empire des Huns fonctionne grâce à l'exploitation des richesses de l'Empire Romain : Tributs, raids de pillage, liquidités obtenues par les mercenaires...

En face, le monde Romain est théoriquement divisé en deux parties depuis la mort de Théodose en 395. Si la division commence à prendre racine dans les faits, il n'en demeure pas moins que c'est la même famille qui gouverne à l'est comme à l'ouest (Théodose II et Valentinien III respectivement)...
Les deux empereurs n'ont pourtant pas une personnalité très affirmée et ce sont des coteries rivales qui se partagent la réalité du pouvoir : Galla Placidia, la reine mère, et Aétius à l'ouest, Pulchérie, soeur de l'empereur, et l'eunuque Chrysaphios à l'est... La Bretagne a été abandonnée.

Pour l'Occident, les Huns présentent un vivier de mercenaires appréciable qui a l'avantage de ne pas demander l'implantation directe dans l'Empire.
En Orient par contre, aucune tribu Barbare ne s'est installée, et les Huns sont considérés comme une menace, de la même façon que chez le grand rival de Rome en Orient, la Perse Sassanide, où les Huns ont aussi mené des raids3.
En Occident, la seule puissance autrement concernée par les Huns est la puissance Vandale, la seule qui soit hostile à Rome... Reconnu formellement par un traité en 442, l'empire Vandale a connu un moment de répit en 441, lorsque les Romains défendent la Sicile, grâce à l'invasion de la Thrace par les Huns. 10 ans plus tard, on accuse le roi Vandale Genséric d'avoir incité Attila à partir à l'assaut de l'Occident Romain.

Cette situation évolue quelques années après l'arrivée au pouvoir d'Attila, seul chef des Huns. En 446-447, celui-ci mène une invasion à grande échelle des provinces Européennes de l'Empire d'Orient.
Un traité est conclu en 448 dans lequel l'Empire d'Orient continue, comme de coutume, à verser un tribut aux Huns.

En 449, l'eunuque Chrysaphios tente de faire assassiner Attila par l'un de ses proches, sans succès.
Ce sont les rapports avec l'Empire d'Occident qui vont rapidement évoluer. En 448, Attila accueille dans son empire Eudoxe, un chef de bagaudes Gaulois... L'année suivante, on le trouve à la recherche évidente d'un prétexte pour se lancer à l'assaut de l'Occident
Pour combler la somme des malheurs publics, objet de tant de frayeurs, et, pour ne se pas fier au seul hasard des événements, un des principaux d’entre eux, le médecin Eudoxe, « homme d’une grande science, mais d’un esprit pervers, » nous disent les chroniques contemporaines, s’enfuit, en 448, chez les Huns.
Là sans doute il ne manque pas d’exciter Attila à porter la guerre en Gaule, lui promettant pour sa part l’appui des brigands, des esclaves et des paysans révoltés.
Leur nom celtique de Bagaudes, peut-être dérivé de bagad, « combat », n'apparaît que dans la seconde moitié du IVe siècle, tant chez Aurelius Victor, pour qui les Gaulois appellent ainsi des bandes de paysans mêlés à des latrones, que chez Eutrope et dans la chronique de Saint Jérôme, où les Bagaudes sont seulement des rusticani révoltés.

Si ces textes tardifs s'inspirent sûrement des souvenirs de la grande persécution contre les chrétiens, de 304 à 311, et de la grande révolte des Bagaudes du Ve siècle en Armorique et en Aquitaine, où ces rebelles ont suscité la sympathie de Saint Germain d'Auxerre et de Salvien, il reste que, d'une part, les noms des deux chefs Bagaudes, Aelianus et Amandus, donnés par Aurelius Victor, Sigebert de Gembloux et l'auteur de la Vie de Saint Babelon, sont reproduits par 8 monnaies, d'authenticité douteuse cependant, et que, d'autre part, la Vie de Saint Babelon mentionne un castrum bacaudarum dont 8 documents des Ve-VIe siècle attestent l'existence à Saint-Maur-des-Fossés, sans qu'on puisse savoir s'il s'agit d'un fort occupé par les Bagaudes de 285-286 ou par ceux du Ve siècle...

Pour tenter de comprendre les Bagaudes, il faut se replonger dans la société Gallo-Romaine du IIIe siècle. À cette époque l’Empire a connu depuis longtemps son apogée et s’est replié sur des frontières plus faciles à défendre, le Danube et le Rhin... Sa richesse attire toujours autant les peuples voisins : A l’est, les Goths, allié envahissant, accentuent leur pression.
Au sud, les Maures multiplient des razzias. Et à l’intérieur, l’instabilité gagne.
Les querelles de ces personnages avides ruinent l’économie et affaiblissent le tissu social, tant à l’intérieur qu’aux frontières de l’Empire.
Il est amusant de noter qu'à l'issue d'une des dernière Bagaude menée en Gaule centrale en 448, par un médecin nommé Euxode, vaincu, celui-ci se réfugie à la cour d'Attila... Les Bagaudes (bagaudæ en latin) sont, dans l'Empire Romain, le nom donné aux bandes armées de brigands, de soldats déserteurs, d'esclaves et de paysans sans terre qui rançonnent le Nord-Ouest de la Gaule du IIIe au Ve siècle.
Le poids de la fiscalité romaine conjugué à la misère causée par le refroidissement du climat et les pillages des Barbares venus du nord semble être, pour la plupart de ces hommes, la raison de vouloir vivre de rapines.
Ce nom bagaude dérive d'un mot celtique qui a donné le breton bagad, qui signifie troupe, groupe, troupeau. (actuellement c'est une administration tatillonne, excessive ainsi qu'un changement climatique qui risquent fort de donner le même résultat... Les paysans Bretons commencent à bouger)

Certaines Bagaudes se doteront d'une organisation politico-militaire. Dans leur plus grande extension, elles couvriront les 2/5 du territoire de la Gaule (Nord-Ouest principalement).
On peut aussi faire un rapprochement avec les usurpations contemporaines qui semblent également la conséquence des problèmes sociaux et de l'agitation politique de l'époque, même si elles ne concernent pas les mêmes classes sociales et ne sont pas identifiées comme Bagaudes.

Selon des spécialistes modernes, le mot latin Bagaudæ est emprunté au gaulois et pourrait signifier « combattants ». On retrouve le suffixe -auda dans deux autres mots latins connus comme d'origine celtique : alauda (« alouette ») et bascauda (« cuvette ». Pour le radical, on rapproche le vieil irlandais bág (« combat »), bágach (« belliqueux », « combatif »).

En 284 apparaissent les premières Bagaudes menées par Pomponius Aelianus dans une Gaule du Nord à peine remise des ravages de l’invasion Germanique de 276.
Des paysans Gaulois se révoltent contre l'administration impériale. Ils avancent jusqu'à Augustodunum (Autun) sans toutefois parvenir à prendre la ville. Contenus quelque temps par Aurélien et Probus avec qui Aelianus traite d'égal à égal, ils se révoltent de nouveau sous Dioclétien, ayant à leur tête un certain Amandus.

Les révoltes Bagaudes reprennent au IVe siècle, lors des invasions Germaniques en Gaule et en Espagne. Les ravages exercés sur la population rurale et urbaine, ainsi que l’anarchie développée par le recul de l’autorité impériale parfois remplacée par des dominations Barbares moins assurées, induisent de nouveau le regroupement de bandes armées de paysans ruinés et de déserteurs, auxquelles se joignent depuis les villes des esclaves fugitifs et des citadins endettés, luttant pour leur survie ou tentés de se joindre aux pillages des Barbares. Certains historiens y ont vu aussi des aspirations autonomistes contre l’Empire Romain, dans les interactions entre les Bagaudes et les réfugiés Bretons ou les tribus Basques en Espagne. Mais la faim et l’appât du gain facile semblent des motivations suffisantes lors d’une telle époque de bouleversements.
Aurelius Victor signale des attaques de Bagaudes vers 360 à la périphérie des villes. Un soulèvement de Bagaudes a lieu vers 410 assez loin des régions habituelles, dans la basse vallée de la Loire.

En 435, Tibatto est le chef d'une Bagaude qui, selon la Chronica gallica, provoque la sécession de la Gaule ultérieure et à laquelle se joignent tous les esclaves. Tibatto est vaincu et capturé en 437.

Peu après cette date, une révolte Bagaude est réprimée en Espagne par les Wisigoths, sur ordre des autorités Romaines.

En 448, une nouvelle Bagaude en Gaule centrale est dirigée par un médecin nommé Eudoxe.
Un texte ecclésiastique du XIe siècle mentionne un retranchement des Bagaudes dans la localité de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), sur les bords de la Marne près de Paris, au lieu Bagaudarum castrum. Une porte de Paris dans la direction de Saint-Maur-des-Fossés a reçu, en mémoire des Bagaudes, le nom de porta Bugaudarum puis, par abréviation, porta Bauda. Un boulevard des Bagaudes existe dans la commune de Saint-Maur-des-Fossés, la plaque porte la curieuse mention « peuplade Gauloise ». Cependant, ce n'est qu'au XIVe ou au XVe siècle que ce texte a été ajouté au manuscrit du XIe siècle sur la vie de Saint Babolin, premier abbé de Saint-Maur au VIIe siècle.


Les sources de l'histoire de Bagaudes: traduction et ...
https://books.google.fr/books?isbn=2251606033
Juan Carlos Sánchez León, ‎Jacques Annequin, ‎Evelyne Geny - 1996 - ‎Brigands and robbers
... d'Auxerre mise en rapport avec les révoltes bagaudes des années quarante du ... 448 en faveur des Armoricains et soulèvement bagaude pendant la même ...
286, la révolte des Bagaudes Gaulois - Le blog de LUTECE
www.e-stoire.net/article-286-la-revolte-des-bagaudes-gaulois-12365996...
9 juin 2014 - 286, la révolte des Bagaudes Gaulois ... Sévère Alexandre en 235 et Carin en 285, année qui voit Dioclétien

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31 janv. 2009 - En bonne relation personnelle avec Aetius, Attila tourne chaque année ses attaques vers l'Empire d'Orient. .... 448. Aetius bat les Francs à Arras. Nouvelle révolte des Bagaudes en Gaule, animée par le médecin Eudoxe. 449. Le chef ... Eudoxe, chef des Bagaudes gaulois, est battu et se réfugie chez Attila.
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