22 FÉVRIER 2016...
Cette
page concerne l'année 445 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
ORGUEIL
ET SPÉCULATIONS DE CEUX QUI SE CONSIDÈRENT COMME GRANDS !
On
parle de ces proscriptions et de ces exactions cruelles par
lesquelles les Romains se ruinent les uns les autres... Mais pourquoi
dit-on qu'ils se ruinent mutuellement ? Disons plutôt qu'un
petit nombre opprime une innombrable multitude, et c'est en cela que
le crime paraît plus grand. (apparemment rien
n'a changé... C'est toujours une poignée de technocrates et de
politiciens qui font danser le monde).
Il
est plus supportable si chacun souffre à son tour de ce qu'il fait
souffrir aux autres.
Mais
quel est ce renversement par lequel on voit les impôts publics
devenir la proie des particuliers. On voit, sous le prétexte du
fisc, des hommes privés s'enrichir des dépouilles du peuple... On
dirait que c'est une conspiration; tout y contribue, les supérieurs
et les subalternes; les juges mêmes n'en sont pas exempts.
(tout comme aujourd'hui) Y a-t-il une ville, un bourg, un
village, où il n'y ait pas autant de petits tyrans qu'il y a de
juges et de receveurs des droits publics ?
Ils
sont fiers du nom qu'ils portent, ils s'applaudissent de leurs
concussions et de leurs violences, parce que c'est par ce même
endroit qu'ils sont craints et honorés, semblables aux voleurs de
grands chemins, qui ne se croient jamais plus glorieux ni plus dignes
d'envie que quand ils sont plus redoutés.
Répétons
donc : Est-il une ville où les principaux ne ruinent les veuves
et les orphelins, et ne leur dévorent pour ainsi dire les
entrailles ? Les gens de bien ont le même sort, soit que par
mépris des biens de la terre, ils ne veuillent pas se défendre,
soit que n'ayant que leur innocence pour tout appui, ils ne le
puissent pas. (encore une fois le parallèle
est troublant). Ainsi personne n'est en sûreté, et si vous
en exceptez ceux que leur autorité ou leur crédit rend redoutables,
personne n'échappe à l'avidité de cette espèce de voleurs.
Il
faut leur ressembler, si l'on veut éviter de devenir leur proie, et
l'on a porté l'injustice jusqu'à ce point qu'il n'y a de sûreté
que pour les méchants et qu'il n'y en a plus pour les gens de
bien... (ce ne sont plus des coïncidences,
c'est copier/coller).
Mais
quoi, au milieu de cette foule d'hommes injustes, ne se trouve-t-il
pas des personnes amies de la vertu qui protègent les gens de bien,
qui, selon l'expression de l'Écriture, délivrent le pauvre et
l'indigent des mains du pécheur ?
Non !
il n'en est pas, et peu s'en faut que l'on ne puisse dire. « Il
n'y a pas un homme qui fasse le bien, il n'en est pas un seul ».
En
effet, les malheureux trouvent-ils quelque part du secours ? Les
prêtres mêmes du Seigneur n'ont pas assez de fermeté pour résister
à la violence des oppresseurs. (c'est encore
d'actualité)
Parmi
ces prêtres, les uns gardent le silence et les autres ne font pas
mieux que s'ils le gardaient, non que tous manquent de courage, mais
une prudence et une politique coupables les retiennent.
Ils
se dispensent d'annoncer la vérité, parce que les méchants ne sont
pas disposés à l'écouter, ils portent ce dégoût jusqu'à la
haine et à l'horreur.
Loin
de respecter et de craindre la parole de Dieu, ils la méprisent avec
un orgueil insolent.
Voilà
sur quoi se fondent les prêtres pour autoriser ce silence par lequel
ils ménagent les méchants. Ils n'osent, disent-ils, exposer la
vérité avec toute la force qu'il faudrait, de peur que cette
exposition ne serve à rendre les méchants plus criminels, en les
rendant plus rebelles.
Tandis
que l'on use de ces lâches ménagements, les pauvres sont
dépouillés, les veuves gémissent, les orphelins sont opprimés, on
en voit qui, sortis d'une honnête famille, et après avoir reçu une
honnête éducation, sont contraints de chercher un asile chez les
ennemis même du peuple Romain, pour ne pas être les victimes d'une
injuste persécution, prêts à périr par la cruauté dont usent à
leur égard d'autres Romains, ils vont chercher chez les Barbares
une humanité qui devrait être le vrai caractère des Romains...
J'avoue
que ces barbares chez qui ils se retirent ont des mœurs, un langage,
une manière malpropre de se mettre, qui n'a nul rapport aux coutumes
et à la propreté des Romains, mais qu'importe, ils ont moins de
peine à se faire à ces manières qu'à souffrir la cruauté des
Romains... Ils passent au service des Goths, ou se mêlent à des
voleurs attroupés, et ne se repentent point d'avoir pris ce parti,
trouvant plus de douceur à vivre libres en portant le nom d'esclaves
qu'à être esclaves en ne conservant que le seul nom de liberté...
Autrefois on estimait et on achetait bien cher le titre de citoyen
Romain, aujourd'hui on y renonce, et on le quitte devenu tout à la
fois vil et détestable. Or je demande quel plus fort argument pour
prouver l'injustice des Romains que de voir des personnes nobles se
résoudre à perdre le nom de Romains pour échapper à l'injustice
de leurs persécuteurs ? (Aujourd'hui
outre ceux qui prennent le chemin de l'exil pour ne pas être tondus
pire que des moutons, le nom de Français ne leur apporte aucune joie
ni considération fasse à ceux qui se moquent d'eux ouvertement)
De
plus, parmi ceux qui ne se retirent pas chez les Barbares, une partie
est contrainte de devenir en quelque sorte semblable à eux. Je parle
d'une grande partie de l'Espagne et des Gaules et de toutes ces
autres provinces de l'empire à qui notre injustice a fait renoncer
ou à qui elle a fait perdre le nom de citoyens Romains.
Je
parle encore de ces exilés à qui on a donné le nom de Bagaudes,
(déjà des Bretons) maltraités, dépouillés, condamnés par
des juges injustes, après avoir perdu tout droit aux immunités de
l'empire, ils ne se sont plus mis en peine de conserver la gloire du
nom Romain.
Après
cela, nous leur faisons un crime de leur malheur.
Nous
leur donnons un nom odieux, dont nous les avons forcés de se
charger. Nous les traitons de rebelles, après que par nos vexations
nous les avons comme contraints de se soulever.
Car
quelle raison les a déterminés à vivre ainsi de vols et de
brigandage?
Ne
sont-ce pas nos violences ?
N'est-ce
pas l'injustice des magistrats ?
Ne
sont-ce pas les proscriptions, les rapines, les concussions de ceux
qui s'enrichissent du bien des citoyens, et qui, sous le prétexte de
tributs et d'impôts, augmentent leurs richesses des dépouilles du
peuple ?
Ce
sont des bêtes farouches, qui n'ont de penchant que pour dévorer.
Ce
sont des voleurs qui, différents de la plupart des autres, ne se
contentent pas de voler, mais portent la fureur jusqu'à donner la
mort et à se repaître, pour ainsi dire, de sang...
Par
ce procédé inhumain, on a forcé de devenir Barbares des gens à
qui il n'est plus permis d'être Romains, ou qui ne le peuvent être
sans périr. Après avoir perdu leur liberté, ils ont pensé à
conserver leur vie.
N'est-ce
pas là la peinture de ce qui se fait aujourd'hui.
Il
est un nombre infini de gens que l'on réduit à être contraints de
se retirer parmi les Bagaudes, ils s'y retirent en effet, tant est
grande la persécution qu'ils souffrent, si le défaut de courage ne
les empêchait de se résoudre à mener cette vie vagabonde.
Ils
gémissent sous le joug de leurs ennemis, et souffrent un supplice
forcé. Accablés sous le poids de la servitude, ils font des vœux
inutiles pour la liberté. Ainsi leur cœur se trouve partagé, d'une
part la violence dont on use à leur égard les porte à chercher les
moyens de se rendre libres, mais cette même violence les met hors
d'état d'exécuter leurs résolutions.
En
vain on dirait que ces sortes de personnes, souvent bizarres dans
leurs désirs, souhaitent de certaines choses et craignent en même
temps qu'on ne les force à les faire.
Toutefois,
comme ce qu'ils désirent est un grand malheur pour eux, la justice
n'exige-t-elle pas de ceux qui les dominent, de ne pas les
contraindre à former de semblables souhaits ?
Mais
après tout n'est-il pas naturel de voir des malheureux penser à la
fuite, tandis qu'on les opprime par des exactions cruelles, tandis
que des proscriptions qui se succèdent les unes aux autres les
mettent dans un danger continuel.
S'ils
quittent leurs maisons, c'est qu'ils craignent qu'elles ne deviennent
le théâtre de leurs tourments, et l'exil est pour eux la seule
ressource qui leur reste contre l'oppression.
Il
est vrai qu'ils se retirent chez des peuples ennemis, mais ces
ennemis mêmes leur semblent moins redoutables que ceux qui les
ruinent par leurs exactions. Et ces exactions sont d'autant plus
insupportables pour eux, qu'elles sont mal distribuées, que chacun
n'en est pas chargé à proportion du bien qu'il possède.
Car
n'y a-t-il pas de la cruauté à exiger que les pauvres payent ce qui
devrait être pris sur les riches, et que, pour ainsi dire, tout le
fardeau tombe sur les faibles, tandis que les forts ne sont chargés
de rien ?
Ainsi
deux choses concourent à les rendre malheureux, l'envie et la
pauvreté, l'envie s'acharne contre eux, parce qu'ils refusent de
payer, la pauvreté les afflige. N'est-ce pas là la situation la
plus déplorable que l'on puisse imaginer ?
Voici
des choses plus cruelles encore, et des injustices plus criantes que
l'on fait à ces malheureux. On voit les riches se faire une étude
d'inventer de nouveaux tributs pour en charger ensuite le peuple.
(encore une similitude avec ce qui se passe
aujourd'hui où les forces vives de la nation artisans, cultivateurs,
retraités, petits commerçants se voient taxés et surtaxés pour
permettre à d'autres de bénéficier d'avantages auxquelles
normalement ils n'ont aucun droit)
Ce
serait se tromper que de prétendre justifier les riches en disant
que leurs richesses doivent les empêcher d'en user de la sorte,
parce qu'en augmentant les impôts ils se chargent eux-mêmes. Et
quoi ! ignorez-vous que les lois ne sont pas pour les riches, hardis
et empressés à faire ces augmentations, parce qu'ils savent bien
qu'elles ne tomberont pas sur eux ? Or, tels sont les prétextes
auxquels ils ont recours. Tantôt ce sont des ambassadeurs et tantôt
des envoyés extraordinaires des princes. On les recommande aux
personnes qui tiennent les premiers rangs dans la province, et
l'accueil magnifique qu'on leur offre est toujours la cause de la
ruine du peuple... (on n'aurait beaucoup de mal
à ne pas trouver une ressemblance frappante) Les présents
qu'on leur fait sont pris sur de nouveaux tributs que l'on impose, et
toujours le pauvre fournit ce que le riche donne, celui-ci fait sa
cour aux dépens de celui-là. (bis repetita)
Ici
l'on fait une objection frivole. Peut-on, disent quelques-uns, se
dispenser de faire de ces sortes de réceptions aux ministres des
princes ?
Non,
on ne doit pas s'en dispenser. Mais la justice n'exige-t-elle pas des
riches qu'étant les premiers à imposer, ils soient aussi les
premiers à payer, et que ces longs flots de compliments et de
marques de respect dont ils sont si prodigues soient soutenus par une
libéralité plus réelle ?
Les
pauvres ne sont-ils pas en droit de leur dire : « voulez que
nous portions une partie des charges publiques, il faut donc que vous
portiez l'autre, et que tandis que nous donnons vous donniez de votre
côté » ?
Ne
peuvent-ils pas même prétendre avec justice que ceux qui
recueillent toute la gloire de ces sortes de réceptions en fassent
toute la dépense ? Ils se relâchent cependant sur cet article,
et ils demandent seulement un partage juste et plus humain des
impositions publiques.
Qu'après
tout la condition des pauvres est à plaindre ! Ils payent, et
on les force de payer, sans qu'ils sachent pourquoi on les y force.
Car permet-on à quelqu'un de demander pourquoi il doit payer, ou
d'alléguer et de chercher les raisons qu'il a de payer, ou de
demander à être déchargé ?
Au
reste, on ne sait au vrai jusques où va l'injustice des riches que
quand ils viennent à se brouiller entre eux.
Alors
on entend ceux qui se croient offensés reprocher aux autres que
c'est une injustice criante de voir deux ou trois hommes faire des
traités, inventer des tributs qui ruinent des provinces entières.
(c'est formidable j'ai l'impression de lire un
hebdomadaire du moment)
C'est
là en effet le caractère des riches, ils croient qu'il est de leur
honneur de ne pas souffrir que l'on décide de rien sans les
consulter, prêts à approuver les choses les plus injustes, pourvu
que l'on ait pour eux la déférence qu'ils croient qu'on leur doit.
Guidés par leur seul orgueil, on les voit, ou pour se venger de ceux
qui les ont méprisés, ou pour faire briller leur autorité,
ordonner les mêmes choses qu'ils ont traité d'injustices lorsque
les autres les ordonnaient.
Au
milieu de ces dissensions, les pauvres sont comme sur une mer
orageuse, toujours battus et agités par les flots qui
s'entrechoquent. Il ne leur reste pas même cette consolation, de
pouvoir dire que les personnes constituées en dignité ne sont pas
toutes injustes, qu'il se trouve des gens de bien qui réparent le
mal que les méchants ont causé, et qui relèvent par de nouveaux
remèdes ceux que l'on avait opprimés par de nouvelles impositions.
Il n'en est pas ainsi. L'injustice est partout égale. Ne voit-on pas
que comme les pauvres sont les premiers que l'on accable, ils sont
les derniers que l'on pense à soulager.
Nous
l'avons éprouvé, il n'y a pas longtemps, lorsque le malheur des
temps a obligé les empereurs à diminuer les impôts de quelques
villes, ce soulagement qui devrait-être répandu également sur tout
le monde, a-t-il été pour d'autres que pour les riches ? Ce
n'est point aux pauvres que l'on pense dans ces conjonctures, et
après avoir commencé par les opprimer, on a la dureté de ne pas
seulement penser à les soulager, du moins les derniers. (cela
est toujours d'actualité toutes les taxes accumulées soit disant à
titre exceptionnelles se retrouvent pérennent,et personne pas même
le gouvernement suivant ne songe à en alléger le contribuable)
C'est
aux pauvres que l'on fait porter tout le fardeau des tributs, et ce
n'est jamais à eux qu'on en fait sentir la diminution.
Quelle
serait après cela notre erreur si, traitant les pauvres avec tant de
rigueur, nous croyions que Dieu n'usera d'aucune sévérité à notre
égard, comme s'il nous était permis d'être injustes sans que Dieu
nous fasse sentir le poids de sa justice ? Les Romains seuls
sont capables de se souiller par tous les vices qui règnent parmi
eux, nulle autre nation ne les porte à cet excès.
On
ne voit rien de semblable chez les Francs, chez les Huns, chez les
Vandales, chez les Goths...
Ceux
des Romains qui ont cherché un asile dans les provinces Barbares y
sont à l'abri des maux qu'ils endurent sur les terres de l'empire.
Il n'y a rien qu'ils souhaitent avec plus d'ardeur que de n'avoir
plus à vivre sous la domination Romaine, plus contents parmi les
Barbares que dans le sein de leur patrie. Ne soyons donc plus surpris
de voir les Barbares prendre l'ascendant sur nous. Leur nombre
grossit tous les jours, et bien loin que ceux qui se sont retirés
parmi eux les quittent pour revenir à nous, nous voyons tous les
jours de nouveaux Romains nous abandonner pour chercher un asile
parmi eux.
Une
seule chose m'étonne à ce propos, c'est que tout ce qu'il y a de
pauvres et de malheureux parmi nous, n'aient pas recours à ce moyen
de se mettre à l'abri de l'oppression. (ils
n'en n'ont pas plus le pouvoir que nos démunis aujourd'hui)
Ce qui les en empêche, c'est sans doute la difficulté de
transporter leurs familles et le peu de bien qu'ils ont dans une
terre étrangère, forcés par une dure nécessité, ils ne quittent
qu'à regret leurs maisons et leurs troupeaux, mais la violence et le
poids des exactions leur paraît un plus grand mal, et dans cette
extrémité ils prennent la seule ressource qui leur reste, quelque
pénible qu'elle soit.
Ils
se jettent entre les bras des riches pour en recevoir de la
protection, ils se réduisent à une triste espèce de servitude. (ou
ils embrassent une idéologie politique qui tout en continuant à les
flouer leur fait croire au paradis terrestre.)
Mais
qui peut ne pas regarder comme une cruauté dans les riches de les
voir ne se déclarer les protecteurs des pauvres que pour les
dépouiller, de ne défendre des malheureux qu'à condition de les
rendre plus malheureux encore qu'ils ne sont, c'est-à-dire par la
perte de tout leur bien...
Le
père alors, pour acheter un peu de protection, est contraint de
livrer ce qu'il a destiné à être l'héritage de son fils, et l'un
ne peut se mettre à l'abri de l'extrême misère qu'en réduisant
l'autre à l'extrême disette.
Voilà
tout ce qui revient aux pauvres de la protection des riches, voilà
où aboutissent les secours qu'ils se vantent de donner. Il paraît
bien qu'ils n'ont jamais que leur intérêt en vue, et qu'en se
déclarant pour les pères ils ne cherchent qu'à ruiner les enfants.
(ainsi en est des frais d'héritage et autres
droits de mutation de reprises etc...)
Telle
est la manière dont les riches s'y prennent pour tirer du profit de
tout ce qu'ils font. Il est à souhaiter que du moins leur façon de
vendre est semblable à ce qui se pratique dans les autres ventes, il
resterait quelque chose à celui qui achète. Mais quel est ce
nouveau genre de commerce dans lequel celui qui vend reçoit sans
rien donner, et dans lequel celui qui achète donne tout sans rien
acquérir ? Dans les autres marchés, la condition de celui qui
achète est regardée comme la plus avantageuse, par l'espérance du
profit, ici celui qui vend profite seul, et rien ne reste à celui
qui achète...
Ce
n'est là cependant qu'une partie du malheur des pauvres. Voici
quelque chose de plus barbare et de plus criant, on ne peut ni le
voir ni l'entendre sans frémir d'horreur...
Il
arrive que la plus grande partie du petit peuple, après avoir été
ainsi dépouillés de leurs terres et de leurs possessions, réduits
à ne rien avoir, ne laissent pas d'être chargés d'impôts,
l'exaction est un fardeau dont ils ne peuvent se décharger, et ce
qui semble devoir être seulement attaché à leurs terres retombe
sur leurs personnes.
Quelle
injustice cruelle ! Le riche possède, et le pauvre paye !
Le fils sans avoir recueilli la succession de son père se trouve
accablé par les mêmes impôts que le père payait !
Imagine-t-on une plus dure extrémité que celle d'être dépouillé
par des usurpateurs particuliers et d'être en même temps persécuté
par des tyrans publics ?
Parmi
ces malheureux, ceux à qui il reste quelque prudence naturelle, ou
ceux que la nécessité a rendus prudents, tâchent à devenir les
fermiers des terres qu'ils possèdent, d'autres se cherchent des
asiles contre la misère, et d'autres enfin, en qui se trouve une âme
moins élevée, se rendent volontairement esclaves, chassés
non-seulement de leur patrimoine, mais encore dégradés du rang de
leur naissance, bannis de leurs maisons, et perdant le droit qu'ils
ont sur eux-mêmes par la perte de la liberté.
De
là vient le comble de leur misère, car en perdant la liberté ils
perdent presque la raison, et par un changement qui tient de
l'enchantement, des hommes devenus esclaves sont traités comme des
bêtes, et leur deviennent semblables en quelque sorte en cultivant
comme elles les terres des riches... (là aussi
on peut voir un parallèle avec nôtre époque où ceux qui devraient
vivre bien de leur travail utile à tous se retrouvent acculés à la
misère et parfois au suicide)
Cessons
donc de nous plaindre avec étonnement de ce que nous devenons la
proie des Barbares, nous qui ravissons la liberté à nos
concitoyens. Ces ravages qui désolent les campagnes, ces villes
ruinées et détruites, sont notre ouvrage, nous nous sommes attiré
tous ces maux, et la tyrannie que nous avons exercée contre les
autres est, à dire vrai, la cause de celle que nous éprouvons.
Nous
l'éprouvons plus tard que nous ne méritions, Dieu nous a longtemps
épargnés, mais enfin sa main s'est appesantie, et selon
l'expression de l'Écriture, prise dans un autre sens, l'ouvrage de
nos mains retombe sur nous...
Mais
que l'aveuglement des hommes est incurable ! Nous sentons le
poids de la colère de Dieu justement irrité contre nous, et nous
nous dissimulons à nous-mêmes que la justice de Dieu nous poursuit.
Salvien,
prêtre, né vers 390, à Trèves, meurt en 484, à Marseille, où il
est prêtre depuis longtemps. Il est auteur des traités De la
Providence ou du Gouvernement de Dieu, et De l'Avarice. Ces ouvrages
sont écrits avec éloquence et énergie. (Voy. plus loin le récit
intitulé: Conduite du clergé envers les conquérants Germains.)
Les
Chroniques de Prosper d'Aquitaine (qui s'arrêtent hélas en 444) et
d'Hidace de Galice (jusqu'en 468) sont œuvres de Gallo-Romain et
d'Hispano-Romain, surtout attentifs à Rome.
Ils
ne regardent les Goths qu'avec mépris et n'imaginent pas qu'ils
puissent avoir d'autre ressort d'action que la haine de Rome.
Ils
sont nos seuls et tout de même précieux observateurs si nous savons
lire ce genre de récit.
Ces
textes d'usage traditionnel et qui sont déjà une forme d'histoire,
peuvent être mis en parallèle avec une source de nature très
différente : La Vie de saint Sever. Texte difficile, mêlant
diverses rédactions dont deux sont repérables comme des
compositions du XIe siècle, la troisième du IXe siècle : Le
prince Guillaume Sanche de Gascogne à qui on en donne lecture aux
années 970 la dit alors vieille de presque 100 ans. A travers la vie
de deux hommes, Sever et Sébastien, que les sources mettent en
scène, se découvre une page d'histoire illustrée par le combat du
Palestrion, sanglant résultat d'une non moins sanglante injure.
« Ce
récit qui date d'environ 1550 ans est en tout point semblable à ce
que nous vivons aujourd'hui »
Merci
à tous ces auteurs des temps jadis qui nous apportent par leur
récits une réflexions sur ce qui c'est passé et perdure de nos
jours. Il est dommage que ces textes ne soient pas plus connus et
étudiés
The
Project Gutenberg's eBook of L'Histoire de France ...
www.gutenberg.org/files/42126/42126-h/42126-h.htm
Depuis
quelques années, le goût de lire l'histoire dans les documents
originaux s'est ... ne sont indiqués dans les chroniques que par une
phrase courte et sèche. ...... est confirmée par un fait que
rapporte la Chronique de Prosper à l'année 445. ...... On connaît
la suite de cette anecdote du vase de Reims à laquelle 359 je ...
Prosper
d'Aquitaine (Tiro).
www.cosmovisions.com/Prosper.htm
Prosper
Tiro ou Prosper d'Aquitaine, écrivain du Ve siècle ap. ...
chronique universelle connue sous le nom d'Epitoma chronicon et qui
s'étend ,jusqu'à l'année 455. Pour la période antérieure à 379,
Prosper n'a fait que résumer la chronique ...
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