14 FÉVRIER 2016...
Cette
page concerne l'année 453 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
MORT
BANALE D'UN HÉROS TYRANNIQUE
15
mars :ts) Attila meurt dans son sommeil, étouffé par un
saignement de nez, la nuit de ses noces avec la princesse Germaine
Ildico... Il prépare une nouvelle action contre l'empire d'Orient...
On
l'enterre secrètement et les esclaves qui creusent sa tombe sont
égorgés...
Son
empire ne lui survit, pas et les différents peuples fédérés par
lui se dispersent tandis que les Huns, en partie décimés par la
peste, se replient sur la Volga...
Ses
nombreux fils entrent en conflit les uns avec les autres...
Ellac,
né d’une épouse d’Attila, Arykan, devient le grand-roi des Huns
sans difficultés avec l’appui d’Onégèse...
Ses
frères Ernac, le cadet et Dengitzic réclament vite leur part de
pouvoir... Ellac réussit dans un premier temps à vaincre ses cadets
avec l’aide des peuples auxiliaires Germaniques et Iraniens...
L'historiographie
d'Attila se heurte à une difficulté majeure : Elle ne dispose
que de sources écrites en grec et en latin par les ennemis des Huns.
Priscus
est un diplomate et un historien de langue grecque. Plus qu'un
témoin, c'est un acteur de l'époque d'Attila. Il est membre de
l'ambassade de Théodose II, à la cour du souverain Hunnique en 449.
Auteur de 8 livres d'une Histoire couvrant une période allant de 434
à 452 et dont il ne reste aujourd'hui que des fragments.
Jordanès
et Procope de Césarée, historiens du VIe siècle, le citent
dans leurs œuvres. Bien que Priscus soit évidemment partial de par
ses fonctions, son témoignage est une source primaire majeure et il
est le seul à avoir donné une description physique d'Attila.
Jordanès
est un historien Goth ou Alain de langue latine du VIe siècle,
il laisse un ouvrage, Histoire des Goths, qui constitue l'autre
grande source concernant l'Empire Hunnique et ses voisins.
Sa
vision reflète celle de son peuple et de la postérité d'Attila un
siècle après sa mort.
Marcellinus
Comes, chancelier de Justinien à la même époque, est une source
précieuse concernant les relations des Huns avec l'Empire Romain
d'Orient.
De
nombreuses sources ecclésiastiques contiennent des informations
utiles bien qu'éparses, parfois difficiles à authentifier et
déformées par le temps et les moines copistes du VIe siècle
au XVIIe siècle.
Les
chroniqueurs Hongrois du XIIe siècle, considérant les Huns
comme des ancêtres glorieux, reprennent des éléments historiques
et les ajoutent à leurs légendes.
La
littérature et la transmission du savoir des Huns sont uniquement
orales, à travers les épopées et les poèmes chantés qui se
transmettent de génération en génération. Très indirectement,
cette histoire orale nous est transmise par les littératures
nordiques et germaniques des peuples voisins couchées par écrit
entre le IXe siècle et le XIIIe siècle. Attila est le
personnage central de nombreuses épopées médiévales comme la
Chanson des Nibelungen qui est l'une des plus connues, ou encore des
Eddas et des sagas.
L'archéologie
fournit des détails sur le mode de vie, l'art et les techniques
guerrières des Huns, il reste quelques traces de batailles ou de
sièges mais aujourd'hui encore la tombe d'Attila et l'emplacement de
sa capitale n'ont toujours pas été localisés...
Le
nom sous lequel Attila est connu aujourd'hui vient des Germains qui
l'ont transmis aux Romains qui l'ont à leur tour transcrit en grec
et en latin. Dans sa propre langue, le hunnique, son nom doit être
proche phonétiquement mais probablement avec un sens différent.
Attila
est un diminutif du gotique ? ミヘト?ミフᄚ
/
atta signifiant « père ».
Pour
les Goths, voisins, vassaux ou esclaves des Huns, Attila est donc le
« Petit père ».
Ils
reproduisent ainsi dans leur propre langue un son qui a une autre
signification en hunnique. Celle-ci ne peut faire l'objet que
d'hypothèses à partir de racines turques, comme at « cheval »
et son dérivé atliğ « cavalier » ou at- « flèche »
qui donne le dérivé atliğ « illustre »
La
date de naissance d'Attila n'est pas connue, le journaliste et
romancier Éric Deschodt et l'écrivain Hermann Schreiber avancent la
date de 395 mais l'historien Iaroslav Lebedynsky et l'archéologue
Katalin Escher s'accordent pour qualifier cette hypothèse « de
pure fantaisie » et préfèrent l'estimer entre la dernière
décennie du IVe siècle et la première du Ve siècle. Il
est le fils de Moundzouk. Ce dernier est le frère des rois Octar et
Ruga, qui ont régné conjointement sur les Huns... La diarchie est
récurrente chez ce peuple sans que les historiens sachent si c'est
coutumier, institutionnel ou occasionnel.
Sa
famille est donc de lignage noble mais les historiens ne savent pas
si elle constitue une dynastie royale. Même s'ils sont en voie de
sédentarisation depuis leur arrivée en Europe, les Huns forment une
société de « pasteurs guerriers » se nourrissant
essentiellement de viande et de lait, produits de leurs élevages de
bétail et de chevaux.
Attila
reçoit donc une éducation de cavalier et d'archer. Comme d'autres
enfants de son peuple, sa tête est très tôt enserrée par des
bandages de façon à obtenir une déformation volontaire du crâne,
pratique esthétique ou spirituelle. Il parle sa langue maternelle,
le hunnique, apparenté à une langue turque, mais comme il fait
partie de la classe dirigeante, il apprend aussi le langage des
Goths.
Il
grandit dans un monde en mutation. Après avoir traversé la Volga
dans les années 370 et annexé le territoire des Alains, ils
s'attaquent aux royaumes Goths jusqu'aux Carpates et aux rives du
Danube.
Ils
sont très mobiles, leurs archers à cheval ont acquis une réputation
d'invincibilité et les peuples Germaniques semblent impuissants face
à ces nouvelles tactiques. De vastes mouvements de population
perturbent le monde Romain installé à l'ouest et au sud et dont les
frontières sont délimitées par le Rhin et le Danube.
Les
Huns dominent un vaste territoire aux frontières floues déterminées
par l'assujettissement d'une constellation de peuples plus ou moins
autonomes. Certains sont assimilés, beaucoup conservent leurs rois,
d'autres sont tributaires ou reconnaissent la suzeraineté théorique
du roi des Huns mais restent indépendants.
Bien
que les Huns soient indirectement la source des problèmes des
Romains, les rapports entre les deux empires sont cordiaux : Les
seconds utilisent les premiers comme mercenaires contre les Germains
et même dans leurs guerres civiles.
En
434, Ruga meurt et ses neveux Bleda et Attila deviennent rois. La
succession n'est peut-être pas évidente car des Huns s'enfuient à
Constantinople dont 2 membres de la famille royale Mamas et Atakam,
peut-être d'autres neveux ou même les fils de Ruga.
L'historien
Hongrois contemporain István Bóna estime probable que le père de
Bleda et d'Attila, Moundzouk, a régné avant Ruga mais aucune source
ne l'atteste.
De
435 à 440, le règne de Bleda est marqué par le triomphe des Huns
face à l'Empire Romains d'Orient.
Ce
triomphe est avant tout diplomatique... Le traité de Margus, ville
située non loin du limes, prévoit un doublement du tribut annuel
versé par Constantinople, soit 700 livres d'or contre la promesse de
ne plus accueillir d'opposants en exil, ni de chercher à retourner
les alliés des Huns contre eux et l'ouverture d'un marché
frontalier. Durant cette période, les Huns étendent leur empire
jusqu'aux Alpes, au Rhin et à la Vistule.
Pourtant,
dès 440, lors de l'invasion de l'Arménie Romaine par les Perses
Sassanides, qui détourne momentanément l'attention de
Constantinople des Huns, Bleda attaque l'Empire Romain d'Orient. À
ce moment, Attila, ayant entamé de son côté des pourparlers avec
un représentant de Constantinople, n'aide son frère qu'en dernier
recours au moment du siège de Sirmium, en 441. Il ne le fait sans
doute que pour éviter d'être lésé sur le partage du butin.
La
politique séparée d'Attila, lors de la guerre de 441-442,
s'explique peut-être aussi par sa volonté de négocier avec les
Romains la remise des princes héritiers Hunniques réfugiés dans
l'empire à la mort de Ruga et qui peuvent prétendre à la
succession en cas de décès de son frère.
Entre
la fin 444 et le début 445, Attila attire Bleda dans un piège et
l'assassine, sans que l'on sache de quelle façon, l'événement
étant signalé par ses contemporains, mais non commenté. Le roi des
Skires, Edecon et le roi des Gépides, Ardaric, participent avec
leurs forces auxiliaires à la prise de pouvoir. Attila a aussi à la
cour le soutien des partisans de la guerre comme les deux frères
Onégèse et Scottas, des Barbares hellénisés de la région du Pont
ou encore Elsa, le lieutenant de Ruga et Eskam, grand propriétaire
dans les plaines méridionales.
Parmi
les ralliés, il y a aussi des Romains, comme le Pannonien
Constantiolus et l’affranchi de Mésie, Primus Rusticus, qui se
partagent le secrétariat d’Attila. Un certain Berichus, d’origine
inconnue, l’oncle d’Attila Aïbars, et Laudarik, certainement roi
d’un peuple Germanique allié, sont placés aux plus hauts rangs.
Le reste des fidèles de Bleda périt en fuyant, comme un dignitaire
qui enterre à Szikánes un trésor de 1 440 pièces d’or
provenant sans doute du traité de 443.
Les
sources anciennes ne parlent d'Attila que lorsqu'il devient roi,
c'est donc seulement à partir de ce moment que l'on peut dresser son
portrait :
« Sa
taille est courte, sa poitrine large, sa tête très grosse, de
petits yeux, la barbe clairsemée, les cheveux grisonnants, le nez
aplati, le teint mat, il reproduit ainsi les caractéristiques de son
origine. » (Jordanès, Histoire des Goths, XXXV.)
Cette
description permet de se faire une image assez précise d'Attila,
aucune image de son visage n'ayant été retrouvée. Les
représentations, peintures, gravures et monnaies datant du Moyen Âge
et de la Renaissance sont fantaisistes.
L'ambassadeur
Romain Priscus est surpris de son apparence simple, sans bijoux ni
vêtements de luxe, il mange dans de la vaisselle de bois alors que
ses invités sont servis dans de la vaisselle d'or.
Cette
simplicité est aux antipodes du cérémonial de Rome ou de
Constantinople où l'empereur vit dans un luxe ostentatoire et fait
l'objet d'une vénération. Cette austérité dans l'apparence est
calculée de façon à impressionner ses visiteurs par un effet de
contraste.
Attila
dispose de nombreuses épouses et utilise les mariages pour nouer des
alliances dynastiques et diplomatiques. La plus importante est
Êrekan/ Arykan, que Jordanès nomme Kreka, mère d'Ellac, son fils
aîné et successeur désigné, et de deux autres fils.
Elle
dispose d'une suite nombreuse, son statut particulier lui confère un
rôle protocolaire et elle reçoit les ambassadeurs Byzantins. La
plus connue est Ildico, la femme auprès de qui Attila meurt lors de
sa nuit de noce.
La
transcription de ces deux noms étant incertaine, les historiens ne
savent pas s'il s'agissait de femmes Huniques ou Germaines.
Les
épouses sont relativement libres, disposent d'une indépendance
matérielle et de leurs propres résidences.
Attila
a eu de nombreux autres fils mais seuls deux sont connus avec
certitude, Dengitzic et Ernakh, son préféré d'après Priscus.
Hormidac,
un chef Hun qui attaque l'Empire Romain en 466/467, n'est connu que
par Sidoine Apollinaire qui le présente comme un fils d'Attila.
Une
fois adulte, le fils aîné Ellac participe à la gestion de l'empire
aux côtés de son père qui lui confie la charge de la partie
Orientale. Lorsque des banquets officiels sont organisés, ses fils
participent, Ellac devant « fixer ses yeux sur le sol par
respect pour son père ».
Sous
le règne d'Attila, l'Empire Hunnique ne connaît pas d'expansion
territoriale importante et durable, la nouveauté réside surtout
dans la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme du
fait du meurtre de Bleda et de la disparition de la diarchie...
Les
historiens ignorent le titre et la fonction exacte qu'il occupe au
sein de son peuple, les Romains le désignent simplement comme « le
roi ».
À
l'inverse des empereurs Romains et donc à l'étonnement de leurs
ambassadeurs, Attila vit au milieu de son peuple et en partage les
mœurs. Les Huns sont des éleveurs nomades mais il semble que sous
son règne commence une certaine sédentarisation, en particulier
avec la construction d'une capitale dont l'emplacement exact est
inconnu mais qui est situé entre les rivières Tisza et Timiș.
Elle
est constituée de nombreuses maisons de bois dont certaines sont
pourvues de thermes à la romaine... Également en bois, le vaste
palais royal orné de portiques fastueux impressionne les
ambassadeurs Romains.
Attila
dispose de plusieurs autres résidences de taille plus modeste,
relais de son pouvoir à travers son vaste territoire.
Pour
régner sur une confédération de peuples nomades et sédentaires
très différents, il ne dispose pas d'une administration organisée,
sa puissance repose sur des élites dominant une structure souple de
fidélités variées. Le premier cercle dirigeant appartient à une
souche princière Hunnique mais nombre de personnages importants sont
d'une ethnie différente.
Son
bras droit Onégèse est un Hun, son secrétaire Flavius Oreste est
un Romain de Pannonie, les peuples soumis ou alliés aux Huns
conservent souvent leurs propres rois :
Edecon,
roi des Skires,
Ardaric,
roi des Gépides,
Candac,
roi des Alains,
Valamir,
roi des Ostrogoths.
Ces
derniers sont engagés dans un rapport de pouvoir personnel avec
Attila, ils lui doivent leurs places et l'ont soutenu lors de son
putsch contre Bleda. Ils lui sont donc fidèles mais cette relation
peut être fragilisée par la disparition du souverain.
Une
des priorités d'Attila est d'empêcher que certains Huns soient
tentés de passer du côté Romain pour servir comme mercenaires.
Lorsqu'il
contraint Rome ou Constantinople au tribut ou lors des négociations
de paix, il exige toujours que lui soit remis ceux qu'ils considèrent
comme des traîtres et des déserteurs. Cette politique porte ses
fruits et le phénomène des transfuges reste anecdotique.
Les
croyances ont une place importante dans le monde des Huns mais la
religion d'Attila est mal connue. Beaucoup de ses sujets Germains
sont des chrétiens ariens mais il semble que les Huns et Attila
pratiquent une religion traditionnelle polythéiste et animiste avec
des chamans d'une grande importance sociale.
Ces
chamans pratiquent la divination par scapulomancie, pratique typique
des éleveurs nomades Turco-Mongols. Les devins ont joué un grand
rôle dans la vie d'Attila, dans sa vie de famille en lui prédisant
sur lequel de ses fils il peut compter et dans les batailles en
influant sur ses décisions...
Concernant
ses convictions et cultes, les historiens actuels divergent sur
plusieurs points importants : Michel Rouche pense qu'Attila se
voit comme un dieu lui-même. Rouche déduit des grands chaudrons
Hunniques de bronze retrouvé par les archéologues qu'Attila
pratique un « cannibalisme sacré » en faisant des
sacrifices humains et en buvant du sang humain.
Edina
Bozoky rejette totalement les affirmations de Rouche sur des
pratiques pour lesquelles il n'existe selon elle aucun témoignage ni
aucune trace matérielle et qui reposent sur des comparaisons
anachroniques avec d'autres peuples.
Quant
à l'idée que le roi des Huns ait pu prétendre être un dieu :
Katalin
Escher et Iaroslav Lebedynsky pensent au contraire qu'il croit à son
destin providentiel et à son charisme surnaturel comme « tant
d'autres chefs militaires ». Il est en revanche certain qu'il
utilise aussi cette religion à des fins de politique intérieure.
Ainsi
au cours de son règne, Attila affirme avoir reçu une épée sacrée
du dieu de la guerre, légitimation suprême et présage fédérateur
précieux pour un règne qui met son peuple en état de guerre
permanent.
Selon
l'historien Otto John Maenchen-Helfen, les Huns vivent en pasteurs
guerriers de l'élevage de chevaux et de moutons puis quand ils
deviennent « les maîtres de populations paysannes, comme les
Germains et les Sarmates, ils trouvent plus simple et agréable de
les rançonner que de travailler eux-mêmes »
Ainsi,
l'historien Michel Rouche les qualifie de « société de
prédateurs ». Pour maintenir leur niveau de vie mais aussi la
fidélité de leurs alliés, les Huns de plus en plus puissants
commencent à exiger des tributs de leurs riches voisins Romains et
Perses.
Début
453, Attila meurt de façon soudaine et inattendue dans son sommeil,
étouffé par un saignement de nez durant la nuit de noces avec la
Germaine Ildico, qui est retrouvée au matin, prostrée près du
cadavre. Certaines chroniques Byzantines rapportent qu'il a été
assassiné, l'historien Michael Babcock trouve cette hypothèse
crédible et avance que Marcien a pu organiser une machination comme
Théodose II avant lui l'a essayé.
Cependant
les historiens Michel Rouche, Edina Bozoky, Katalin Escher et
Iaroslav Lebedynsky n'y croient guère et, pour ces derniers, « on
ne peut ni balayer cette idée d'assassinat, compte tenu de
l'ancienneté des soupçons, ni prouver quoi que ce soit »...
Il
est enterré secrètement dans un triple cercueil d'or, d'argent et
de fer et les esclaves qui creusent sa tombe sont égorgés afin
qu'elle ne soit jamais découverte et profanée. Son emplacement est
encore inconnu au XXIe siècle.
Sa
succession dégénère en conflit entre ses fils, dont les principaux
sont Ellac, Dengitzic et Ernakh. Ancien allié d'Attila, le roi
Ardaric et ses Gépides soulèvent les peuples fédérés et battent
les Huns à la bataille de la Nedao au cours de laquelle Ellac trouve
la mort, entraînant la dislocation de l'Empire Hunnique. Les tribus
se désunissent et reprennent pour chefs des membres de leurs
aristocraties, tandis que les différents peuples fédérés par
Attila se dispersent.
Dengitzic
tente une dernière incursion au sud du Danube en 469 et une
chronique Byzantine, la Chronicon Paschale, nous rapporte sa fin :
« Dengitzic,
fils d'Attila, est tué en Thrace... Sa tête est apportée à
Constantinople, promenée en procession et plantée sur un pieu au
Cirque de Bois.
Toute
la ville vient la voir ». Avec sa mort disparaît toute
possibilité de restaurer l'Empire Hunnique.
Si
son Empire ne lui a pas survécu plus de deux années, les proches
non Hunniques d'Attila continuent à jouer un grand rôle dans la
géopolitique du Ve siècle et dans les événements qui
accompagnent la disparition de l'Empire Romain d'Occident :
Flavius
Oreste place sur le trône le dernier empereur Romain Romulus
Augustule et Edecon est le père d'Odoacre qui le dépose en 476,
mettant ainsi fin à l'Empire d'Occident.
Attila
est surtout connu dans l'historiographie et dans la tradition
chrétienne occidentale pour avoir été le « fléau de Dieu ».
Cette expression a été forgée par Saint Augustin pour désigner
Alaric en 410, mais dès le VIe siècle Grégoire de Tours pense
déjà que les Huns sont un instrument divin.
Au
siècle suivant Isidore de Séville précise l'idée :
« Les
Huns sont le bâton de la fureur de Dieu. Chaque fois que la colère
de Dieu s'abat sur les fidèles, c'est par eux qu'ils sont frappés ».
L'expression
n'apparaît qu'au VIIe siècle dans une hagiographie de Saint
Loup où Attila se présente comme étant le « fléau de
Dieu », bien que « fléau » soit resté dans les
mémoires, « fouet » traduit mieux le terme original de
flagellum.
Les
chroniqueurs et hagiographes chrétiens poursuivent cette tradition
et en font un véritable « antihéros ». Les
hagiographies lui prêtent de nombreux crimes et martyres imaginaires
comme Saint Nicaise à Reims, Saint Memorius à Saint-Mesmin et de
nombreux autres. À partir de ces chroniques se développent de
nouvelles légendes mettant en scène des évêques protégeant leurs
cités d'Attila :
Jean
à Ravenne,
Géminien
à Modène,
Alpin
à Châlons,
Auctor
à Metz, etc.
Sainte
Ursule et 11 000 vierges mortes en martyre à Cologne constituent
l'invention hagiographique la plus impressionnante, couchée par
écrit au Xe siècle, elle reste populaire durant tout le Moyen
Âge. Certains récits vont même identifier les Juifs aux Huns...
En
Italie, à partir du XIVe siècle, Attila devient un héros
littéraire. Des épopées en vers ou en prose narrent ses aventures
chevaleresques et lui prêtent une naissance extraordinaire : Il
serait le fils d'une princesse et d'un lévrier. Dans ces récits,
par sa nature semi-bestiale et ses mauvaises actions, il est encore
représenté comme l'ennemi du christianisme.
L'un
des plus populaires, l'Estoire d'Atile, est copié puis imprimé à
Venise à travers les siècles, la dernière édition étant de 1862.
Attila
n'a pas laissé une image aussi négative dans les territoires non
Romains : La Chanson de Walther, chanson de geste en hexamètres
latins, attribuée au moine Ekkehard Ier de Saint-Gall, vers 930,
dépeint Attila comme un roi puissant et généreux.
La
Chanson des Nibelungen, Nibelungenlied en
allemand, une épopée médiévale Allemande composée au
XIIIe siècle, le présente, sous le nom de Etzel, sous un jour
positif malgré son paganisme.
Dans
les sagas Islandaises écrites au XIIe siècle, Attila et les
Huns sont mis en scène dans des guerres épiques les opposants aux
Burgondes, aux Goths ou aux Danois comme dans la Brevis historia
regum Dacie de Saxo Grammaticus. nes
Le
personnage du roi « Atli » est « issu de l'Attila
historique ». Les poèmes de l'Edda mettant en scène Attila
sont :
Atlamál
(Les Dits Groenlandais d'Atli),
Guðrúnarkviða
II (Le Second chant de Gudrún),
Sigurðarkviða
hin skamma (Le Chant bref de Sigurd),
Guðrúnarhvöt
(L’exhortation de Gudrún),
Atlakviða
(Le Chant d'Atli).
Ces
chants sont repris en prose au XIIIe siècle par Snorri
Sturluson, le plus grand écrivain Scandinave médiéval.
Dans
ces légendes, Gudrún pour les Nordiques ou Kriemhild pour les
Germaniques, sœur du roi des Burgondes, constitue un des principaux
personnages, elle est issue de l'Ildico historique.
La
mort tragique d'Attila, les soupçons d'assassinat et de
l'implication de sa jeune épouse ont donné lieu à une tradition
littéraire dans laquelle le motif de la vengeance féminine tient
une place majeure. Dans ces mythes, Attila est représenté de façon
assez « sympathique », il est tolérant, loyal, généreux
et chevaleresque. Ses démêlés tragiques sont dus à sa naïveté
et à ses difficultés à comprendre les autres peuples.
Lorsque
au Xe siècle les Hongrois, nomades venus de l'Est, s'installent
dans les Carpates et commencent à mener des razzias en Europe, les
chrétiens les identifient immédiatement aux Huns. Quand ils se
convertissent et commencent à écrire leur propre histoire, ils
adoptent cette idée, et revendiquent la filiation avec Attila le
transformant en héros positif... Il devient ainsi l'ancêtre de la
dynastie Árpád dans la Gesta Hungarorum rédigée vers 1210... Dans
ces mythes fondateurs, Attila est glorifié, ses vertus morales et
guerrières exaltées.
À
la Renaissance, la Chronica Hungarorum utilise encore la figure du
roi des Huns pour accroître le prestige et la légitimité de la
monarchie hongroise alors à son apogée, Matthias Ier de Hongrie est
célébré comme un « second Attila ». L'origine Hunnique
des Hongrois et la figure d'Attila est encore un thème récurrent de
la littérature Hongroise du XVIe au XIXe siècle.
En
1857, le compositeur et pianiste virtuose Franz Liszt compose un
poème symphonique sur la bataille des champs Catalauniques. Le
développement du nationalisme Hongrois garde Attila comme une
référence majeure de l'identité nationale, la disparition de son
brillant empire est mise en parallèle avec le destin des Hongrois
sous domination Autrichienne et Ottomane.
Au
XIXe siècle, l'historienne Edina Bozoky recense une vingtaine
de drames, 9 poèmes et 3 romans Hongrois utilisant Attila, notamment
2 œuvres de grands auteurs que sont l'écrivain Mór Jókai et le
poète János Arany. Plus de 15 œuvres à ce sujet sont encore
écrites au XXe siècle. Le prénom Attila reste populaire tout
au long du siècle comme en témoignent Attila József, Attila
Csihar, Attila Zsivóczky ou Attila Horváth...
Le
mythe d'Attila est aussi très utilisé dans la politique Hongroise,
particulièrement par l'extrême droite dans les années 1930.
Certains
développent un néopaganisme prétendant retourner aux sources
Hunniques et construisent une tour à la mémoire d'Attila, d'Árpád
et de Koppány.
Ces
groupes connaissent une résurgence avec la 3e République Hongroise
: Une « Sainte Église des Huns » est fondée en 1997 et
une « Alliance Hunnique » en 2002.
En
2010, une statue équestre d'Attila est inaugurée à Budapest par le
ministre de la défense Csaba Hende. À cette occasion, des arbres
sont plantés aux frontières historiques de la Hongrie,
officiellement pour qu'ils prennent racine auprès d'Attila
Bien
qu'au siècle précédent Voltaire et Montesquieu aient dépeint un
Attila contrasté et pourvu de grandes qualités, au XIXe siècle
Attila devient une métaphore du tyran et les Huns des ennemis
barbares et brutaux.
Les
Français et dans une moindre mesure les Anglais et les Américains
comparent les Allemands aux Huns, Victor Hugo compare cette fois
Guillaume Ier à Attila en 1871.
Lors
de la première Guerre mondiale, Guillaume II est encore comparé à
Attila, la bataille de la Marne devenant une répétition des champs
Catalauniques.
En
1914, Rudyard Kipling lance un appel à la guerre contre les Huns...
Les affiches Canadiennes et Américaines comparent la destruction de
la Belgique par l'Allemagne aux ravages d'Attila... La propagande
proclame « Beat the Hun », que
l'on peut traduire par « Écrasons le Hun ».
Les
anecdotes historiques et morales d'Attila sont propagées par
l'école : « Amené par sa monture favorite, Balamer,
guidée par le vent jusqu'à l'épée de Tengri, Attila s'exclame :
« Là où passe mon cheval, l'herbe ne repousse pas. »...
Cette phrase a longtemps été un lieu commun de l'enseignement
primaire en France.
Paradoxalement,
les Allemands reprennent parfois à leur compte la métaphore, lors
de la révolte des Boxers, Guillaume II galvanise ses troupes en les
incitant à suivre le modèle d'Attila, il déclare :
« Pas
de pitié ! Pas de prisonniers ! Il y a 1 000 ans les Huns
du roi Attila se sont fait un nom qui retentit formidablement
aujourd'hui encore dans les mémoires et les contes, que le nom des
Allemands acquière en Chine la même réputation, pour que plus
jamais un Chinois n'ose regarder un Allemand de travers ». À
la façon des Hongrois, au XXe siècle, les nationalistes et les
touranistes Turcs récupèrent également la figure d'Attila,
libérateur des nations opprimées par les rois étrangers et la
religion, précurseur de la Turquie moderne et laïque.
Plus
récemment, en 2011, le général Serbe Ratko Mladić est surnommé
Attila aussi bien dans son propre pays qu'à l'étranger.
À
une moindre échelle qu'en Hongrie, le roi des Huns est resté
populaire dans le reste de l'Europe, sa figure ayant sans cesse
intéressé les artistes.
Pour
l'historienne Edina Bozoky, la richesse et la variété des œuvres
sur Attila sont exceptionnelles dans l'histoire littéraire :
« Chaque pays, chaque époque se fabrique un Attila à son
image »
Attila
est très utilisé dans l'opéra :
Dès
1672, Pietro Andrea Ziani compose un Attila sur un livret de Matteo
Noris. En 1807 à Hambourg,
En
1818 à Palerme,
En
1827 à Parme
En
1845 à Venise des opéras intitulés Attila sont représentés avec
des succès divers.
Le
plus connu reste celui de Giuseppe Verdi en 1846.
Zacharias
Werner, écrivain Autrichien, écrit Attila, König
der Hunnen (Attila, roi des Huns) sur les dernières années
de sa vie et la fait publier en 1807.
Il
met en scène la campagne d'Italie et le pillage d'Aquilée, Attila y
est dépeint comme une métaphore de Napoléon. Celui-ci ordonne
d'ailleurs de détruire toutes les copies de l'ouvrage en 1810...
Cette œuvre est à l'origine de l'opéra de Verdi, Attila, sur un
livret de Temistocle Solera en 1846.
Aux
XXe et XXIe siècles, Henri Salvador écrit et chante un
humoristique Attila est là en 1967,
Le
poète et député hongrois Sándor Lezsák écrit un opéra-rock
Attila, az Isten kardja mis en scène et
joué par Levente Szörényi en 1993.
En
2002, Olivier Boreau compose une pièce pour orchestre d'harmonie
sous le titre éponyme Attila.
Attila
est également le nom utilisé par un groupe de deathcore américain
originaire d'Atlanta et formé par Chris Fronzak en 2005.
En
2009 Danton Eeprom donne ce nom un à titre de musique électronique
dans son premier album Yes is More.
En
2015, Booba sort Nero Nemesis, album de rap français incluant le
titre Attila.
453
— Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/453
...
documentation du modèle. Cette page concerne l'année 453 du
calendrier julien. ... Il se préparait à une nouvelle action contre
l'empire d'Orient. Il est enterré ...
Encyclopédie
Larousse en ligne - Attila - Larousse.fr
www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Attila/106591
453
roi des Huns 434-453 C'est avec le règne d'Attila surnommé le fléau
de Dieu ... années de règne conjoint avec son frère Bléda (qu'il
élimine en 445), Attila ... La mort d'Attila scelle le destin de son
empire, auquel les rivalités de ses fils et ...
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