21 FÉVRIER 2016...
Cette
page concerne l'année 446 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LE NÉO-PLATONICIEN VU PAR PROCLUS.
Proclus
est patriarche de Constantinople de 434 à 446. C'est un Saint fêté
le 24 octobre dans l'église catholique. Né avant 390, il est fait
lecteur assez jeune, peut-être par Chrysostome. Atticus, dont il est
le secrétaire, le consacre diacre, puis prêtre à Constantinople.
En
426, il est nommé évêque de Cyzique dans l'Hellespont par
Sisinios, charge qu'il ne peut exercer : Les habitants de la
ville ne reconnaissant pas la juridiction de Constantinople refusent
de le recevoir, et se choisissent pour évêque le moine Dalmace.
Proclus
porte cependant ce titre qui est d'ailleurs invoqué à 2 reprises
comme un empêchement canonique à ce qu'il soit nommé archevêque
de Constantinople, quoiqu'il n'ait pu exercer réellement d'épiscopat
à Cyzique.
Ainsi,
après avoir été un candidat malheureux au patriarcat face à
Sisinios (patriarche du 28 février 426 au 24 décembre 427).
Puis
contre Nestorius (du 10 avril 428 au 11 juillet 431) imposé par
l'empereur Théodose II.
Puis
enfin, après la déposition de Nestorius, face à Maximianos
(patriarche du 25 octobre 431 au 11 avril 434). Il est nommé au
patriarcat dès le lendemain du décès de son prédécesseur.
Avant
cela, en 429, il prononce en présence de l'archevêque Nestorius,
une homélie qui choque ce dernier par l'emploi qu'il fait du terme
« Théotokos » (Mère de Dieu) appliqué à Marie.
Cette
homélie, qui nous a été conservée (Homélie I), lui vaut
l'inimitié de Nestorius.
En
434, il est nommé archevêque de Constantinople. Nous sommes à
peine un an après la signature du « Symbole d'union »
qui permet de ramener peu à peu le calme après les remous qui
entourent le Concile d'Ephèse, et le premier geste de Proclus est
d'envoyer une lettre synodique à Cyrille d'Alexandrie et à Jean
d'Antioche, deux protagonistes importants du Concile d'Ephèse, pour
leur signifier qu'il est en communion avec eux.
En
435, à la demande de 2 prêtres de Grande-Arménie, Leontius et
Abel, demandant des précisions sur la christologie des 2 natures,
sur laquelle le débat fait encore rage, il publie un texte nommé
Tome de Proclos aux Arméniens, dans lequel il expose sa théologie.
Ce texte est, par la suite, abondamment commenté et cité lors de la
Querelle des Trois Chapitres au siècle suivant.
Il
écrit en outre au clergé et au peuple de Marcianople en Mésie
contre l'évêque Dorothée qui a anathématisé le terme même de
« Theotokos » (Mère de Dieu), ainsi qu'à Jean
d'Antioche et aux évêques d'Orient sur le même sujet...
D'une
manière générale, son propos est d'exposer une théologie
orthodoxe, doit-il au passage contrer les affirmations erronées ou
excessives des divers courants hétérodoxes, et non pas pourchasser
les « hérétiques », ce qui lui épargne de tomber dans
la hargne qui caractérise certains des controversistes.
C'est
durant son épiscopat, à l'occasion d'un tremblement de terre qui
ébranle Constantinople et sa région, que s'introduit l'usage de
chanter le Trisagion.
Dans
sa Chronographie, Théophane le Confesseur rapporte que tandis que le
peuple et le clergé vont en procession, implorant la miséricorde
divine, un enfant est élevé très haut dans les airs puis,
lorsqu'il en redescend, répond à ceux qui le questionnent qu'il
s'est trouvé en présence des anges et qu'il les a entendu chanter
« Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel aie pitié de
nous ! ». Le peuple en procession entonne alors ce chant,
et le tremblement de terre cesse promptement.
Enfin,
on ne peut parler de Proclus sans mentionner Saint Jean Chrysostome
puisqu'en 438, Proclus fait ramener les restes de son illustre
prédécesseur à Constantinople, en accord avec l'empereur Théodose
II. Il s'est écoulé 34 ans depuis l'exil infamant de Chrysostome
(31 ans depuis sa mort à Comane).
Le
Trisagion est chanté lors du 4e concile œcuménique, à
Chalcédoine, en 451 (par tous les Pères, à la fin de la 1ère
session, et donc, pour la 1ére fois, de façon publique, solennelle
et universelle). Il est ensuite introduit dans la liturgie des Gaules
et rendu obligatoire au 2e concile de Vaison, en 529. Rome ne le
connaît point, sauf pour son bel office de la vénération de la
Croix du Vendredi Saint à 15h, où il est associé aux Impropères.
Il
y a déjà, à cette époque, dans la liturgie de tous les rites un
chant séraphique, que les liturgistes occidentaux appellent le
Sanctus (Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth …), qui est
d’origine biblique : Il a été révélé par le Saint-Esprit
au prophète Isaïe au VIIIe siècle av. J-C (Is 6/2), lorsqu’il a
eu la vision du trône de Dieu et des Séraphins clamant le Sanctus
tout autour. Il a été introduit dans la liturgie juive, dans
l’office du matin. Ce Sanctus sera confirmé par l’Apocalypse
(Apo 4/8) à la fin du Ier siècle. Les chrétiens l’introduiront
dans la liturgie eucharistique comme chant d’acclamation à la fin
de la 1ère partie de l’anaphore Byzantine, de l’immolation
Gallo-Romaine, et de la préface Romaine : Ceci est attesté au
milieu du IVe siècle.
Le
Trisagion ne remplace pas le Sanctus : Il sera ajouté à la
liturgie, dans le rite Byzantin après les tropaires, qui suivent la
petite entrée, et dans le rite des Gaules, au début de la liturgie,
après la 1ère bénédiction sacerdotale. Dans ce rite, il est
chanté en trois langues, parce que les Lettres de Saint Germain de
Paris (VIe siècle) précisent qu’il doit être chanté en grec et
en latin : Lors de la restauration du rite, en 1945, on a
évidemment ajouté le français.
Il
a été dès l’origine un chant populaire : Il est entonné
par le patriarche, à l’autel, et tout le peuple reprend avec lui.
Par
ailleurs, compte tenu de son importance théologique, il est
introduit dans tous les offices des Heures (l’office divin), à la
fin de chaque office, et dans plusieurs sacrements (dans le rite
Byzantin et dans le rite des Gaules restauré).
Le
Sanctus et le Trisagion sont deux fenêtres ouvertes sur la liturgie
céleste, le point de jonction entre les deux : l’Église
terrestre participe à la liturgie céleste. Comme l’enseigne
l’évêque Jean de Saint-Denis, toute liturgie terrestre est un
reflet de la liturgie céleste et est en relation avec elle. C’est
toute la création, visible et invisible, qui confesse et
proclame la sainteté de Dieu, en Lui rendant grâces. La liturgie a
un caractère eschatologique évident : Nous y faisons déjà
l’expérience du Royaume de Dieu, avec le monde angélique.
Quand
Maximianus est mort, Proclus a été immédiatement couronné avec la
permission de Theodosius et des évêques à Constantinople. Son
premier soin a été l'enterrement de son prédécesseur.
Proclus
a répondu l'année suivante dans la lettre célèbre connue sous le
nom de Tome de Proclus, qu'il a envoyée aux évêques orientaux leur
demandant de la signer et de s'associer à la condamnation les
doctrines poursuivies en justice par les Arméniens.
Dans
la condition historique qui est la sienne, le génie propre de
Proclus a conduit le néo-platonisme à ce point d’équilibre qu’on
peut appeler classique. Entre la puissance inventive un peu
désordonnée de Plotin, qui fonde l’école néo-platonicienne au
IIIe siècle après J.-C., et l’analyse critique de Damascios, qui
est son dernier maître à Athènes au VIe, Proclus apparaît comme
son grand architecte.
Pour
construire sa doctrine, Proclus dispose de matériaux plus abondants
et plus divers que ses prédécesseurs. Sa documentation est
considérable. Non seulement il hérite d’une tradition
philosophique de 10 siècles, dominée par le platonisme, à
l’intérieur de laquelle les discussions sont vives, mais il se
croit obligé d’accueillir des apports religieux qui se multiplient
et deviennent plus exigeants au fur et à mesure que le christianisme
accentue sa pression. Porphyre, moins réservé sur ce point que son
maître Plotin, a entrepris une polémique contre le christianisme.
Jamblique,
à son tour, reproche à son prédécesseur sa timidité et tente,
dans son traité des Mystères d’Égypte, de justifier les antiques
traditions orientales, dont sont issus, d’après lui, le
pythagorisme et le platonisme lui-même. Désormais, un
néoplatonicien doit tenir compte des écrits éclectiques d’Hermès
Trismégiste , composés au IIe siècle, et du recueil des Oracles
chaldaïques, édité par Julien le Théurge vers la fin du Ier
siècle. Proclus lui-même est curieux de tous les mythes et rites
Grecs et Barbares, au point de se nommer lui-même le « hiérophante
du monde entier ». Il accueille donc une théologie, ou plutôt
une mythologie très touffue, qu’il interprète d’ailleurs
librement. Il intègre la théurgie, ensemble de signes sensibles
opératoires qui prétendent compléter la contemplation par une
sorte d’initiation divine. Mais, tandis que Jamblique est plutôt
compilateur et théologien, Proclus se préoccupe d’ordonner tous
ces éléments à l’intérieur d’un système strictement
rationnel.
Cette
tâche est immense, si l’on songe que du seul point de vue
philosophique le néo-platonisme est déjà fort complexe. Bien
entendu, le grand maître, c’est Platon, et le centre du
platonisme, c’est le Parménide de Platon.
Mais
l’école croit pouvoir assimiler sous cette loi de multiples
emprunts aristotéliciens et stoïciens (surtout en physique et en
logique). Il n’est pas étonnant que les néo-platoniciens soient
un peu accablés par une telle richesse, et que Proclus ait de la
peine à tisser ensemble tant de traditions hétérogènes. Il en
résulte par moments, dans son œuvre, une certaine surabondance ou
une excessive subtilité...
La
source principale de la connaissance de Proclus est sa biographie
rédigée par son disciple Marinos. C’est un panégyrique qui
insère tant bien que mal les faits et gestes du maître dans la
hiérarchie néo-platonicienne des vertus. Proclus n’y apparaît
pas seulement comme un sage, mais comme un saint, dont la piété est
illustrée par de nombreux prodiges.
Proclus
est né à Byzance. Mais ses parents, étant originaires de Xanthos,
en Lycie, le ramènent tout jeune en leur patrie. Il y reçoit sa
première formation, et poursuit ses études à Alexandrie, avant sa
20e année, il se rend à Athènes afin de parfaire sa culture
philosophique. C’est là qu’il est initié à « la
mystagogie de Platon » par Plutarque et par Syrianos, à qui il
succède. Devenu maître de l’école platonicienne d’Athènes, il
ne quitte plus cette cité, sauf pendant une année qu’il passera
en Lydie, afin d’apaiser, semble-t-il, des oppositions politiques.
Il
est tout dévoué à ses élèves, mais la multiplicité de ses cours
ne l’empêche pas de rédiger de nombreux ouvrages. Il est resté
célibataire pour consacrer plus de temps à l’étude. Au surmenage
intellectuel, il ajoute les pratiques austères que lui inspire son
éclectisme religieux.
Il
meurt âgé de 73 ans et est enterré auprès de Syrianos, au pied du
Lycabette. (colline d'Athènes)
Le
résumé d’un manuel abrégé de littérature (Chrestomathie ),
Un
petit traité de physique (Institutio physica ),
Un
ouvrage d’astronomie (Hypotyposis astronomicarum positionum )
Des
Hymnes religieux.
Comme
ouvrages philosophiques subsistent deux traités : L’un bref
et dépouillé, écrit more geometrico (comme L’Éthique de
Spinoza), les Éléments de théologie, l’autre assez étendu et
récapitulant la métaphysique entière de l’auteur, la Théologie
platonicienne .
Viennent
ensuite 6 commentaires : Sur le Parménide , le Timée ,
l’Alcibiade , la République , le Cratyle , le livre Ier des
Éléments d’Euclide, enfin, quelques fragments de notes sur les
Oracles chaldaïques.
Ajoutons
les 3 opuscules sur la Providence et le mal (De decem dubitationibus
circa Providentiam , De Providentia et fato , De malorum subsistentia
).
On
ne peut évidemment pas comprendre les démarches de Proclus sans
avoir présents à l’esprit quelques présupposés communs à tous
les néo-platoniciens. Ceux-ci n’étudient pas Platon comme un
penseur marquant une étape dans une évolution historique, mais
comme un maître inspiré dispensant une sagesse éternellement
vivante.
Dès
lors, il ne faut pas seulement l’interroger sur les questions qu’il
a posées, mais aussi sur les problèmes qu’il n’a pas
explicitement envisagés. Pour répondre aux difficultés qui ont
surgi en d’autres temps que le sien, on dégage les contenus
implicites de ses thèses. Mais expliquer, c’est inévitablement
prolonger et reprendre en sous-œuvre. C’est ainsi que les
néo-platoniciens seront amenés à faire du platonisme une création
continuée, à créer en cherchant seulement à commenter. On
pourrait leur prêter le mot de R. Schaerer: « Platon des Anciens
n’était que ce qu’il fut. Le nôtre est devenu ce qu’il était
appelé à être. »
Proclus
a écrit le Commentaire du Parménide le mieux construit que l’on
connaisse. Malheureusement cet ouvrage s’arrête à la fin de la
première hypothèse.
Il
faut en deviner la suite en usant des indications que l’auteur
donne çà et là et des reprises de la Théologie platonicienne. Le
jeu dialectique du Parménide revient à explorer toutes les manières
possibles d’affirmer l’un et de le nier. Neuf fois, on part de
l’un et on y revient sous des points de vue différents et
complémentaires.
Ce
sont les 9 hypothèses, semblables à 9 chemins rayonnant à partir
d’un même centre. Nier l’un, c’est aboutir à la dissolution
de l’esprit et des choses. S’il n’y a plus d’unité, il n’y
a pas davantage de diversité, pas davantage de contradiction.
Dès
lors, la formation de l’univers se reproduit en chacun de ses
points selon une perspective chaque fois différente.
Tout
est en tout, répète Proclus, mais en chacun selon son mode propre.
Mais nul être véritable ne se borne à réfléchir l’ordonnance
totale. Chacun l’engendre tout entière et ainsi s’engendre
soi-même, de même que dans la dialectique du Parménide chaque
hypothèse revient à l’un pour en dérouler de nouveau les modes.
La procession est donc totale et spontanée en chaque foyer de
l’univers. Elle peut être continue, il n’y a pas de vide entre
les êtres, parce qu’entre eux la différence n’est pas de
contenu, mais seulement de déploiement et d’accent.
Proclus
de Constantinople — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Proclus_de_Constantinople
Saint
Proclus, archevêque de Constantinople, Pyotr Mikhailovich Shamshin,
1847. Proclus est patriarche de Constantinople de 434 à 446. C'est
un saint fêté le ...
Termes
manquants : année
Le
Trisagion – note liturgique et théologique | Paroisse ...
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mai 2015 - Lors du grand tremblement de terre de Constantinople de
446, tout le ... Proclus introduisit ensuite le Trisagion dans la
liturgie byzantine et ...
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