samedi 27 février 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 446


21 FÉVRIER 2016...

Cette page concerne l'année 446 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LE NÉO-PLATONICIEN VU PAR PROCLUS.

Proclus est patriarche de Constantinople de 434 à 446. C'est un Saint fêté le 24 octobre dans l'église catholique. Né avant 390, il est fait lecteur assez jeune, peut-être par Chrysostome. Atticus, dont il est le secrétaire, le consacre diacre, puis prêtre à Constantinople.

En 426, il est nommé évêque de Cyzique dans l'Hellespont par Sisinios, charge qu'il ne peut exercer : Les habitants de la ville ne reconnaissant pas la juridiction de Constantinople refusent de le recevoir, et se choisissent pour évêque le moine Dalmace.

Proclus porte cependant ce titre qui est d'ailleurs invoqué à 2 reprises comme un empêchement canonique à ce qu'il soit nommé archevêque de Constantinople, quoiqu'il n'ait pu exercer réellement d'épiscopat à Cyzique.
Ainsi, après avoir été un candidat malheureux au patriarcat face à Sisinios (patriarche du 28 février 426 au 24 décembre 427).
Puis contre Nestorius (du 10 avril 428 au 11 juillet 431) imposé par l'empereur Théodose II.
Puis enfin, après la déposition de Nestorius, face à Maximianos (patriarche du 25 octobre 431 au 11 avril 434). Il est nommé au patriarcat dès le lendemain du décès de son prédécesseur.

Avant cela, en 429, il prononce en présence de l'archevêque Nestorius, une homélie qui choque ce dernier par l'emploi qu'il fait du terme « Théotokos » (Mère de Dieu) appliqué à Marie.
Cette homélie, qui nous a été conservée (Homélie I), lui vaut l'inimitié de Nestorius.

En 434, il est nommé archevêque de Constantinople. Nous sommes à peine un an après la signature du « Symbole d'union » qui permet de ramener peu à peu le calme après les remous qui entourent le Concile d'Ephèse, et le premier geste de Proclus est d'envoyer une lettre synodique à Cyrille d'Alexandrie et à Jean d'Antioche, deux protagonistes importants du Concile d'Ephèse, pour leur signifier qu'il est en communion avec eux.
En 435, à la demande de 2 prêtres de Grande-Arménie, Leontius et Abel, demandant des précisions sur la christologie des 2 natures, sur laquelle le débat fait encore rage, il publie un texte nommé Tome de Proclos aux Arméniens, dans lequel il expose sa théologie. Ce texte est, par la suite, abondamment commenté et cité lors de la Querelle des Trois Chapitres au siècle suivant.

Il écrit en outre au clergé et au peuple de Marcianople en Mésie contre l'évêque Dorothée qui a anathématisé le terme même de « Theotokos » (Mère de Dieu), ainsi qu'à Jean d'Antioche et aux évêques d'Orient sur le même sujet...
D'une manière générale, son propos est d'exposer une théologie orthodoxe, doit-il au passage contrer les affirmations erronées ou excessives des divers courants hétérodoxes, et non pas pourchasser les « hérétiques », ce qui lui épargne de tomber dans la hargne qui caractérise certains des controversistes.
C'est durant son épiscopat, à l'occasion d'un tremblement de terre qui ébranle Constantinople et sa région, que s'introduit l'usage de chanter le Trisagion.

Dans sa Chronographie, Théophane le Confesseur rapporte que tandis que le peuple et le clergé vont en procession, implorant la miséricorde divine, un enfant est élevé très haut dans les airs puis, lorsqu'il en redescend, répond à ceux qui le questionnent qu'il s'est trouvé en présence des anges et qu'il les a entendu chanter « Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel aie pitié de nous ! ». Le peuple en procession entonne alors ce chant, et le tremblement de terre cesse promptement.
Enfin, on ne peut parler de Proclus sans mentionner Saint Jean Chrysostome puisqu'en 438, Proclus fait ramener les restes de son illustre prédécesseur à Constantinople, en accord avec l'empereur Théodose II. Il s'est écoulé 34 ans depuis l'exil infamant de Chrysostome (31 ans depuis sa mort à Comane).

Le Trisagion est chanté lors du 4e concile œcuménique, à Chalcédoine, en 451 (par tous les Pères, à la fin de la 1ère session, et donc, pour la 1ére fois, de façon publique, solennelle et universelle). Il est ensuite introduit dans la liturgie des Gaules et rendu obligatoire au 2e concile de Vaison, en 529. Rome ne le connaît point, sauf pour son bel office de la vénération de la Croix du Vendredi Saint à 15h, où il est associé aux Impropères.

Il y a déjà, à cette époque, dans la liturgie de tous les rites un chant séraphique, que les liturgistes occidentaux appellent le Sanctus (Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth …), qui est d’origine biblique : Il a été révélé par le Saint-Esprit au prophète Isaïe au VIIIe siècle av. J-C (Is 6/2), lorsqu’il a eu la vision du trône de Dieu et des Séraphins clamant le Sanctus tout autour. Il a été introduit dans la liturgie juive, dans l’office du matin. Ce Sanctus sera confirmé par l’Apocalypse (Apo 4/8) à la fin du Ier siècle. Les chrétiens l’introduiront dans la liturgie eucharistique comme chant d’acclamation à la fin de la 1ère partie de l’anaphore Byzantine, de l’immolation Gallo-Romaine, et de la préface Romaine : Ceci est attesté au milieu du IVe siècle.
Le Trisagion ne remplace pas le Sanctus : Il sera ajouté à la liturgie, dans le rite Byzantin après les tropaires, qui suivent la petite entrée, et dans le rite des Gaules, au début de la liturgie, après la 1ère bénédiction sacerdotale. Dans ce rite, il est chanté en trois langues, parce que les Lettres de Saint Germain de Paris (VIe siècle) précisent qu’il doit être chanté en grec et en latin : Lors de la restauration du rite, en 1945, on a évidemment ajouté le français.
Il a été dès l’origine un chant populaire : Il est entonné par le patriarche, à l’autel, et tout le peuple reprend avec lui.
Par ailleurs, compte tenu de son importance théologique, il est introduit dans tous les offices des Heures (l’office divin), à la fin de chaque office, et dans plusieurs sacrements (dans le rite Byzantin et dans le rite des Gaules restauré).
Le Sanctus et le Trisagion sont deux fenêtres ouvertes sur la liturgie céleste, le point de jonction entre les deux : l’Église terrestre participe à la liturgie céleste. Comme l’enseigne l’évêque Jean de Saint-Denis, toute liturgie terrestre est un reflet de la liturgie céleste et est en relation avec elle. C’est toute la création, visible et invisible, qui confesse et proclame la sainteté de Dieu, en Lui rendant grâces. La liturgie a un caractère eschatologique évident : Nous y faisons déjà l’expérience du Royaume de Dieu, avec le monde angélique.

Quand Maximianus est mort, Proclus a été immédiatement couronné avec la permission de Theodosius et des évêques à Constantinople. Son premier soin a été l'enterrement de son prédécesseur.
Proclus a répondu l'année suivante dans la lettre célèbre connue sous le nom de Tome de Proclus, qu'il a envoyée aux évêques orientaux leur demandant de la signer et de s'associer à la condamnation les doctrines poursuivies en justice par les Arméniens.

Dans la condition historique qui est la sienne, le génie propre de Proclus a conduit le néo-platonisme à ce point d’équilibre qu’on peut appeler classique. Entre la puissance inventive un peu désordonnée de Plotin, qui fonde l’école néo-platonicienne au IIIe siècle après J.-C., et l’analyse critique de Damascios, qui est son dernier maître à Athènes au VIe, Proclus apparaît comme son grand architecte.

Pour construire sa doctrine, Proclus dispose de matériaux plus abondants et plus divers que ses prédécesseurs. Sa documentation est considérable. Non seulement il hérite d’une tradition philosophique de 10 siècles, dominée par le platonisme, à l’intérieur de laquelle les discussions sont vives, mais il se croit obligé d’accueillir des apports religieux qui se multiplient et deviennent plus exigeants au fur et à mesure que le christianisme accentue sa pression. Porphyre, moins réservé sur ce point que son maître Plotin, a entrepris une polémique contre le christianisme.
Jamblique, à son tour, reproche à son prédécesseur sa timidité et tente, dans son traité des Mystères d’Égypte, de justifier les antiques traditions orientales, dont sont issus, d’après lui, le pythagorisme et le platonisme lui-même. Désormais, un néoplatonicien doit tenir compte des écrits éclectiques d’Hermès Trismégiste , composés au IIe siècle, et du recueil des Oracles chaldaïques, édité par Julien le Théurge vers la fin du Ier siècle. Proclus lui-même est curieux de tous les mythes et rites Grecs et Barbares, au point de se nommer lui-même le « hiérophante du monde entier ». Il accueille donc une théologie, ou plutôt une mythologie très touffue, qu’il interprète d’ailleurs librement. Il intègre la théurgie, ensemble de signes sensibles opératoires qui prétendent compléter la contemplation par une sorte d’initiation divine. Mais, tandis que Jamblique est plutôt compilateur et théologien, Proclus se préoccupe d’ordonner tous ces éléments à l’intérieur d’un système strictement rationnel.
Cette tâche est immense, si l’on songe que du seul point de vue philosophique le néo-platonisme est déjà fort complexe. Bien entendu, le grand maître, c’est Platon, et le centre du platonisme, c’est le Parménide de Platon.
Mais l’école croit pouvoir assimiler sous cette loi de multiples emprunts aristotéliciens et stoïciens (surtout en physique et en logique). Il n’est pas étonnant que les néo-platoniciens soient un peu accablés par une telle richesse, et que Proclus ait de la peine à tisser ensemble tant de traditions hétérogènes. Il en résulte par moments, dans son œuvre, une certaine surabondance ou une excessive subtilité...

La source principale de la connaissance de Proclus est sa biographie rédigée par son disciple Marinos. C’est un panégyrique qui insère tant bien que mal les faits et gestes du maître dans la hiérarchie néo-platonicienne des vertus. Proclus n’y apparaît pas seulement comme un sage, mais comme un saint, dont la piété est illustrée par de nombreux prodiges.
Proclus est né à Byzance. Mais ses parents, étant originaires de Xanthos, en Lycie, le ramènent tout jeune en leur patrie. Il y reçoit sa première formation, et poursuit ses études à Alexandrie, avant sa 20e année, il se rend à Athènes afin de parfaire sa culture philosophique. C’est là qu’il est initié à « la mystagogie de Platon » par Plutarque et par Syrianos, à qui il succède. Devenu maître de l’école platonicienne d’Athènes, il ne quitte plus cette cité, sauf pendant une année qu’il passera en Lydie, afin d’apaiser, semble-t-il, des oppositions politiques.
Il est tout dévoué à ses élèves, mais la multiplicité de ses cours ne l’empêche pas de rédiger de nombreux ouvrages. Il est resté célibataire pour consacrer plus de temps à l’étude. Au surmenage intellectuel, il ajoute les pratiques austères que lui inspire son éclectisme religieux.
Il meurt âgé de 73 ans et est enterré auprès de Syrianos, au pied du Lycabette. (colline d'Athènes)

Une partie notable de l’œuvre de Proclus est perdue. Mais ce qui reste est considérable :
Le résumé d’un manuel abrégé de littérature (Chrestomathie ),
Un petit traité de physique (Institutio physica ),
Un ouvrage d’astronomie (Hypotyposis astronomicarum positionum )
Des Hymnes religieux.
Comme ouvrages philosophiques subsistent deux traités : L’un bref et dépouillé, écrit more geometrico (comme L’Éthique de Spinoza), les Éléments de théologie, l’autre assez étendu et récapitulant la métaphysique entière de l’auteur, la Théologie platonicienne .
Viennent ensuite 6 commentaires : Sur le Parménide , le Timée , l’Alcibiade , la République , le Cratyle , le livre Ier des Éléments d’Euclide, enfin, quelques fragments de notes sur les Oracles chaldaïques.
Ajoutons les 3 opuscules sur la Providence et le mal (De decem dubitationibus circa Providentiam , De Providentia et fato , De malorum subsistentia ).

On ne peut évidemment pas comprendre les démarches de Proclus sans avoir présents à l’esprit quelques présupposés communs à tous les néo-platoniciens. Ceux-ci n’étudient pas Platon comme un penseur marquant une étape dans une évolution historique, mais comme un maître inspiré dispensant une sagesse éternellement vivante.
Dès lors, il ne faut pas seulement l’interroger sur les questions qu’il a posées, mais aussi sur les problèmes qu’il n’a pas explicitement envisagés. Pour répondre aux difficultés qui ont surgi en d’autres temps que le sien, on dégage les contenus implicites de ses thèses. Mais expliquer, c’est inévitablement prolonger et reprendre en sous-œuvre. C’est ainsi que les néo-platoniciens seront amenés à faire du platonisme une création continuée, à créer en cherchant seulement à commenter. On pourrait leur prêter le mot de R. Schaerer: « Platon des Anciens n’était que ce qu’il fut. Le nôtre est devenu ce qu’il était appelé à être. »
Le néo-platonisme n’est pas n’importe quel platonisme.
Proclus a écrit le Commentaire du Parménide le mieux construit que l’on connaisse. Malheureusement cet ouvrage s’arrête à la fin de la première hypothèse.
Il faut en deviner la suite en usant des indications que l’auteur donne çà et là et des reprises de la Théologie platonicienne. Le jeu dialectique du Parménide revient à explorer toutes les manières possibles d’affirmer l’un et de le nier. Neuf fois, on part de l’un et on y revient sous des points de vue différents et complémentaires.
Ce sont les 9 hypothèses, semblables à 9 chemins rayonnant à partir d’un même centre. Nier l’un, c’est aboutir à la dissolution de l’esprit et des choses. S’il n’y a plus d’unité, il n’y a pas davantage de diversité, pas davantage de contradiction.

Dès lors, la formation de l’univers se reproduit en chacun de ses points selon une perspective chaque fois différente.
Tout est en tout, répète Proclus, mais en chacun selon son mode propre. Mais nul être véritable ne se borne à réfléchir l’ordonnance totale. Chacun l’engendre tout entière et ainsi s’engendre soi-même, de même que dans la dialectique du Parménide chaque hypothèse revient à l’un pour en dérouler de nouveau les modes. La procession est donc totale et spontanée en chaque foyer de l’univers. Elle peut être continue, il n’y a pas de vide entre les êtres, parce qu’entre eux la différence n’est pas de contenu, mais seulement de déploiement et d’accent.

Proclus de Constantinople — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Proclus_de_Constantinople
Saint Proclus, archevêque de Constantinople, Pyotr Mikhailovich Shamshin, 1847. Proclus est patriarche de Constantinople de 434 à 446. C'est un saint fêté le ...
Termes manquants : année

Le Trisagion – note liturgique et théologique | Paroisse ...
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4 mai 2015 - Lors du grand tremblement de terre de Constantinople de 446, tout le ... Proclus introduisit ensuite le Trisagion dans la liturgie byzantine et ...

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