mercredi 25 mai 2016

EN REMONTANT LE TEMPS...364


10 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 364 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

JOVIEN UN GRAND EMPEREUR SI DIEU LUI AVAIT PRÊTER VIE.

SARCOPHAGE DIT DE JOVIEN
Jovien, Flavius Claudius Jovianus, né en 331 à Singidunum en Mésie empereur Romain de 363 au 17février 364 On ne sait quasiment rien de sa vie avant l'expédition en Perse de Julien. La mort de l'empereur Julien, en juin 363, au milieu de la grande campagne militaire Romaine contre les Perses laisse l'armée sans chef alors même qu'elle se trouve profondément enfoncé en territoire ennemi. Certes, Julien a, avant de partir en campagne, désigné le général Procope comme son successeur potentiel.
Toutefois, celui-ci n'a pas tenu ses engagements : Lui et toute l'aile gauche de l'armée sont en effet restés l'arme au pied, dans le protectorat d'Arménie, dès lors, de très lourds soupçons de trahison se répandent au sein des légions impériales. Mais les troupes sont fortement divisées : Une grave opposition éclate, entre les officiers des Gaules et les officiers d'Orient d'une part, entre les soldats chrétiens et les soldats païens d'autre part.
Cependant, la reconstitution des forces Perses incitent les officiers à se décider rapidement pour désigner un successeur à Julien, évitant ainsi une situation d'anarchie qui ne peut conduire qu'à un désastre militaire.

Leur choix se pose finalement sur le commandant de la Garde Impériale, le général Jovien, officier Illyrien qui, outre ses compétences militaires, a pour lui l'avantage d'être un chrétien tolérant. Jovien est le premier des gardes de l’empereur, il a conduit le corps de Constance à la ville impérial, et comme, suivant l’usage, il est assis dans le char funèbre, il reçoit en quelque sorte les honneurs que l’on rend à ce prince. Les mérites de son père jouent également en sa faveur, à l'heure où l'armée cherche un sauveur. Il est ainsi porté à apaiser le climat de radicalisation mutuelle des positions des tenants et des opposants du christianisme qui s'est développé sous Julien.

Contrairement à l'avis de certains officiers, Jovien refuse de continuer le conflit afin de négocier en position de force. Prenant acte du faible moral des troupes, et après deux escarmouches qui tournent à la défaveur des Romains, il négocie la paix avec le roi des rois Shapur II. Celui-ci, en dépit du quasi anéantissement de ses troupes, se montre intraitable... Jovien est contraint de signer une paix peu honorable, « nécessaire mais ignoble », en juillet 363 : L'Empire Romain doit céder 5 des 9 satrapies, acquises en 297, le protectorat d'Arménie, doit abandonner Nisibe, Singara et une partie de l'Arménie, il ramène les restes de l'armée vers la Syrie en abandonnant définitivement les provinces à l'est du Tigre et arrive à Antioche en octobre 363 ainsi que 15 places fortes frontalières, s'il veut pouvoir ramener ses armées indemnes. Désormais, la frontière Orientale de l'Empire est vulnérable aux potentielles offensives Perses à venir.

Jovien a au moins permis de sauver les légions Romaines de l'encerclement, et a évité de laisser les Perses capturer l'empereur comme ils l'ont fait avec l'empereur Valérien. De tels événements peuvent plonger l'Empire dans une crise politique terrible. En outre, l'empereur sait qu'il prend le risque de tenter les usurpateurs potentiels en restant trop longtemps loin des provinces Romaines.

De retour sur le territoire de l'Empire, il obtient la soumission de Procope qui renonce à la pourpre impériale. Il revêt son premier consulat le 1er janvier 364 en compagnie de son fils Flavius Varronianus, un enfant.
Chrétien convaincu, il promulgue, comme son prédécesseur, un nouvel édit de tolérance, cette fois bien accepté de chacune des parties. Les chrétiens se satisfont de savoir leur destin entre les mains d'un de leur coreligionnaire, quant aux païens ils sont rassurés du refus de Jovien d'en revenir aux lois de Constance II les pénalisant... Il meurt brusquement, à 33 ans, sur la route de Constantinople, dans la nuit du 16 au 17 février 364.
SAINT MELECE
Il semble qu'il ait péri, soit asphyxié par les vapeurs d'un brasero, soit des suites d'un repas trop bien arrosé. Jovien n'a régné que 8 mois.

Jovien ne se borne pas à protéger l'Église et à rappeler les évêques. Il se soumet à l'une et honore les autres. Désirant connaître d'une manière certaine la véritable foi chrétienne, il écrit à Saint Athanase pour le prier de l'instruire et de le diriger. Saint Athanase lui répond qu'il ne faut rien ajouter au symbole de Nicée, et que ceux qui consentent à l'admettre méritent l'estime et la protection impériale. Plus tard, il cède au désir de Jovien en se rendant auprès de lui, à Antioche. Il lui prodigue ses leçons et ses conseils, et a la joie de le voir repousser constamment les efforts des hérétiques et les menées des intrigants. Les uns et les autres s'aperçoivent bientôt que leur règne est terminé, et, plus fidèles à leurs intérêts qu'à leurs principes, beaucoup d'entre eux s'unissent à saint Athanase et à Melèce d'Antioche adoptant les résolutions du concile d'Alexandrie.

L'armée lui choisit pour successeur Valentinien, jadis dégradé par l'empereur Julien à cause de son inviolable attachement à la foi catholique. L'Église peut espérer d'heureux jours, protégée par l'autorité d'un tel homme, si le fardeau de l'empire lui ayant semblé trop lourd, il le partage avec son frère Valens qui relève l'arianisme.

Un extrême attachement à sa religion, mais un grand respect pour les consciences qu’il croit ne relever que de Dieu. Zélé sans amertume, et modéré sans indifférence, il fait profession d’orthodoxie, mais il ne persécute ni les hérétiques, ni même les païens. On dit que ces excellentes qualités sont accompagnées de quelques défauts... Ammien l’accuse d’avoir aimé le vin et la table, et d’autres plaisirs encore plus indignes d’un chrétien. Les hommes ne sont que trop inconséquents, et leur croyance n’influe pas toujours assez sur les mœurs.
Au reste, dit le même historien, le respect qu’il doit à sa pourpre a pu le
corriger. Jovien est d’une taille fort au dessus de la moyenne, et gros a
proportion, en sorte qu’on a peine à trouvé un habit impérial qui lui convienne. Il
a les épaules voûtées, comme on le voit aussi sur ses médailles, l’air majestueux, mais la démarche pesante.
La gaieté de son esprit éclate sur son visage et dans ses yeux. On le compte parmi les bons princes. Peut-être aurait-il place parmi les plus grands, s’il était monté sur le trône dans des conjonctures moins funestes, et s’il avait régné plus longtemps...

L’armée ignore encore, la mort de l'empereur Julien ; Jovien est en marche, lorsqu’on voit paraître le nouvel empereur, qui revêtu des marques de sa dignité, parcourt les différents quartiers pour se montrer aux soldats. Le nom de Jovien retentit de toutes parts : Mais la ressemblance de ce nom avec celui de Julien causant de la méprise, quelques-uns crient, Julien auguste. Bientôt leurs cris, parvenus de proche en proche jusqu’à l’avant-garde déjà fort éloignée du camp, sont répétés avec les plus vifs transports. On s’imagine que la blessure de Julien n’est pas dangereuse, et qu’il sort de sa tente selon la coutume, au milieu des acclamations....
Mais à cette joie passagère succèdent incontinent l’affliction et les larmes, dès que la présence de Jovien annonce ce qui vient d’arriver.
Tel est le récit d’un témoin oculaire, païen à la vérité, mais auteur impartial, je
veux dire Ammien Marcellin. Son témoignage ne permet pas de prendre à la
lettre ce que Théodoret a écrit environ un demi-siècle après lui, de l’unanimité
parfaite avec laquelle toute l’armée demande Jovien pour empereur, tandis que
les officiers sont assemblés pour l’élection. Cependant rien n’oblige de rejeter
ce qu’ajoute le même père. On place, dit-il, Jovien sur un tribunal dressé à la
hâte : On lui donne les noms d’auguste et d’empereur.
Alors ce prince dit aux soldats avec sa franchise ordinaire, qu’étant chrétien il ne peut commander à ces païens, et qu’il croit voir la colère du Dieu vivant prête à fondre sur une armée d’idolâtres... Vous commanderez à des chrétiens, s’écrient d’une seule voix ceux qui l’entendent :
Le règne de la superstition a trop peu duré, pour effacer de nos esprits et de nos cœurs les instructions du grand Constantin et de Constance son fils. L’impiété n’a pas eu le temps de prendre racine dans l’âme de ceux qui l’ont embrassée.

La tolérance politique de Jovien a été effective et sincère. Loin de chercher des prétextes pour inquiéter les païens, il ne profite point des occasions les plus naturelles. Il peut sans injustice abandonner à la sévérité des lois plusieurs prêtres des idoles, et les philosophes qui ont abusé de la confiance de Julien.
Néanmoins ce n’est pas à son règne, qu’il faut rapporter ce que dit Libanius des
rigueurs que l’on exerce contre eux. Il est vrai qu’après la mort de Julien leur
protecteur et leur dupe, quelques philosophes ont su sévèrement recherchés au
sujet des sommes immenses qui ont, à ce qu’on dit, tirées de lui : Et c’est
la seule fois apparemment que le fisc ait poursuivi les gens de lettres.
Mais ces recherches ne se font que sous le règne de Valens.
Eunape, aussi païen et aussi plaintif que Libanius, assure que Jovien continue d’honorer les philosophes qui sont à la suite de son prédécesseur. On peut un moins conclure de cette expression qu’il a pour eux quelques égards.
Themistius lui fait un mérite de protéger la philosophie, dans un temps où presque tout le monde se déclare contre elle, et de l’avoir rappelée à la cour sous un habit moins disgracié.
C’est que la peur en a d’abord écarté les philosophes : Ils se rassurent bientôt,
et Jovien leur permet d’y reparaître, mais avec l’habit commun. Cependant il est à présumer qu’ils n’y sont pas vus de fort bon œil, et qu’ils ont à essuyer de
la part des courtisans des mortifications et peut-être des insultes, dont
l’empereur ne prend pas la peine de les venger, Que c’est une tache à la gloire de Jovien, d’avoir souffert qu’on leur fasse des injustices, quoique pour lui il ne leur en ait fait aucune.
Libanius ne cesse de pleurer Julien, et de le louer dans ses écrits. On veut lui
en faire un crime d’état, et l’on conseille à Jovien de l’envoyer se consoler avec
son héros. Mais il craint indigne d’un empereur de s’embarrasser de ce que peut
écrire un sophiste.
Il comprend aussi qu’en faisant mourir un auteur, loin d’anéantir ses ouvrages, on leur apporte l’immortalité.
Puisque Jovien épargne un Maxime, un Libanius, on peut juger de quelle tranquillité jouissent les païens, à qui l’on ne peut reprocher que leur religion. Il est certain qu’à Constantinople on offre publiquement des sacrifices pour la solennité du consulat de Jovien.
Si ce prince, en qualité de père commun et de chef du corps politique, se croit
obligé de ne pas contraindre la conscience de ses sujets, il n’oublie point qu’il
doit une éclatante protection à la société religieuse dont il est membre. On
voit par ses médailles qu’il remet dans le labarum le monogramme de Jésus-
Christ. Non content d’avoir ainsi déclaré que le christianisme est la religion de
MORT DE JULIEN
l’empire, il le déclare formellement par une lettre qu’il écrit aux gouverneurs
des provinces, tous païens sans doute, puisqu’ils ont été mis ou laissés en place par Julien leur enjoignant aussi de faire en sorte que les chrétiens puissent s’assembler dans les églises : C’est, qu’en divers lieux on les avait ou détruites, ou destinées à des usages profanes. Il rappelle tous ceux qui ont
été bannis pour cause de religion, rend au clergé, aux vierges et aux veuves les
privilèges accordés par les empereurs chrétiens, et rétablit la distribution de blé que le domaine faisait à chaque église pour la subsistance des veuves et des
orphelins.
La disette, qui pour lors afflige l’empire, le force de réduire au tiers cette pieuse libéralité de Constantin : Mais il promet de rendre le reste au
premier retour de l’abondance...
Il fit aussi une loi que nous avons encore, adressée à Salluste-Second, préfet du prétoire d’Orient, portant peine de mort contre ceux qui oseront enlever ou
même solliciter au mariage les vierges consacrées à Dieu.
Ces mariages scandaleux sont devenus fréquents sous Julien. Pour y parvenir, les uns ont employé la violence, et les autres la séduction. Un officier nommé
Magnus, le même qui est sous Valens, et peut-être dès le temps de Julien,
trésorier de la maison de l’empereur, a brûlé de son autorité privée l’église
de Béryte en Phénicie. L’histoire ecclésiastique représente le comte Magnus
comme un homme sans principes, esclave de la cour, ardent à se signaler dans
toutes les persécutions, et commettant avec la bassesse d’un subalterne des
méchancetés de surérogation.
Peu s’en faut que Jovien ne lui fasse trancher la tête. De puissants intercesseurs obtiennent sa grâce, mais il est condamné à rebâtir l’église de Béryte à ses dépens.

Saint Athanase, objet personnel de la haine et de la persécution de Julien,
apprenant la mort de ce prince, a tout d’un coup reparu au milieu de son
peuple, qui est agréablement surpris. Comme les ordres de Julien n’ont point
encore alors été révoqués, un païen, un arien peut attenter à la personne du
saint prélat. Que sait-on si le nouvel empereur ne trouve pas mauvais
qu’Athanase se montre publiquement dans Alexandrie, sans l’attache de cette
même autorité qui l’a banni de toute l’Égypte ? Mais on est incontinent rassuré par une lettre de Jovien conçue en ces termes :
Au très religieux ami de Dieu Athanase, Jovien.
Comme nous admirons au-delà de toute expression la sainteté de votre vie, où l’on voit briller des traits de ressemblance avec le Dieu de l’univers, et votre zèle pour Jésus-Christ notre sauveur, nous vous prenons aujourd’hui sous notre protection, évêque très respectable.
Vous la méritez, par ce courage qui vous a fait compter pour rien les plus pénibles travaux, et regarder comme un objet de mépris les plus grands dangers, la rage des persécuteurs et les glaives menaçants. Tenant en main le gouvernail de la foi qui vous est si chère, vous ne cessez ni de combattre pour la vérité, ni d’édifier le peuple chrétien, qui trouve en vous le parfait modèle de toutes les vertus :
A ces causes, nous vous rappelons présentement, et vous ordonnons de revenir
enseigner la doctrine du salut. Revenez donc aux églises saintes : Paissez le
peuple de Dieu. Que le pasteur à la tête du troupeau fasse des vœux pour notre personne. Car nous sommes persuadés que Dieu répand sur nous, et sur ceux qui sont chrétiens comme nous, ses faveurs les plus signalées, si vous nous
SACRIFICE PAÏEN
accordez le secours de vos prières.
On voit par l’ordre contenu dans cette lettre, que l’empereur ignore, ou qu’il veut ignorer que Saint Athanase est rentré dans l’exercice public de ses fonctions. Quoi qu’il en soit, Jovien lui écrit encore pour lui demander une instruction sur les dogmes qui font alors le sujet des contestations.

La lettre que nous venons de rapporter est en seule la preuve, et d’ailleurs consulter ainsi le grand Athanase, l’homme de l’église et le rempart de la foi, c'est se déclarer hautement pour la doctrine de Nicée. Mais sans parler de la dispute qui vient de s’élever touchant la divinité du Saint-Esprit, les ariens par leurs sophismes et par leurs formules captieuses, dont quelques-unes sont plutôt insuffisantes qu’erronées, ont répandu sur une controverse simple en elle-même plus de difficultés, qu’il n’en faut pour embarrasser un homme de guerre tel que Jovien.
Se croyant alors obligé par état de travailler au grand œuvre de la réunion des chrétiens, et résolu de n’employer que la persuasion, il a besoin de quelques
raisonnements palpables, mais victorieux et tranchants, pour convaincre les
sectaires, sans se livrer à d’épineuses discutions, au dessus de sa portée, et dans un sens au dessous de sa dignité... Athanase entre pleinement dans ses vues, assemble de savants évêques, et lui répond au nom de tous ceux du patriarcat d’Alexandrie.
Après avoir félicité l’empereur du soin qu’il prend de s’instruire de la vérité, le saint docteur prouve qu’il faut s’attacher à la foi de Nicée. C’est la foi des apôtres et des martyrs. On était en possession de cette doctrine, lorsqu’Arius est venu semer ses erreurs.
Toutes les églises ont reçu la décision de Nicée, et la reçoivent encore, le petit
nombre d’ariens qui la combat ne peut former un préjugé contre le reste de
l’univers. Enfin Saint Athanase, voulant prémunir Jovien contre l’hérésie de
Macédonius, observe que le même concile de Nicée a suffisamment établi la
consubstantialité de l’Esprit Saint, en disant qu’il est glorifié avec le Père et le
Fils. C’est ainsi que cet habile théologien se proportionne au besoin et à la
capacité du prince, et ne laisse pas de lui mettre en main des arguments
péremptoires, tirés de la prescription et du consentement des églises sur un
dogme formel et déterminé.
L’empereur fut tellement satisfait de la lettre de Saint Athanase, qu’il souhaite l’entretenir et lui mande de se rendre à Antioche. Le saint évêque obéit d’autant plus volontiers, qu’il a déjà résolu d’aller à la cour, non par goût, mais pour les intérêts de l’église, et par déférence pour les conseils de ses amis intimes. Quelque avantageuse que soit sa réputation, il gagne toujours à être connu en personne, Jovien lui donne sa confiance. Il est honorable pour ce prince de l’avoir si bien placée. Athanase est le plus grand homme de son siècle, et peut-être qu’à tout prendre, l’église n’en a jamais eu de plus grand.
Dieu qui le destine à combattre la plus terrible des hérésies, l'a armé tout à la fois des subtilités de la dialectique et de la puissance des empereurs, et a mis en lui tous les dons de la nature et de la grâce, qui peuvent le rendre propre à remplir cette haute destination.

Les empereurs, qui ne sont souvent des généraux d’armée, ont coutume de s’exercer avec leurs soldats. Il y a près de chaque ville un lieu pour les exercices, nommé le champ de Mars. Un jour donc que Jovien accompagné de sa garde sort à cheval par la porte romaine pour aller au champ de Mars.
  • Lucius, Bernicius et les autres députés ariens, s’approchent de l’empereur en disant :
    Nous supplions votre puissance, votre majesté, votre piété de nous donner audience.
  • Qui êtes-vous, leur dit Jovien ?
  • Ils répondent :
  • Seigneur, nous sommes chrétiens.
  • D’où et de quelle ville, ajoute l’empereur ?
  • D’Alexandrie, répondent les députés.
  • L’empereur dit :
  • Que souhaitez-vous de moi ?
    Nous supplions votre majesté, disent-ils, de nous donner un évêque. J’ai ordonné, réplique Jovien, qu’Athanase rentre dans son siège.
  • Seigneur, disent les ariens, il y a plusieurs années qu’Athanase a été banni sur des accusations dont il ne s’est point purgé... Alors un soldat catholique de la garde de l’empereur dans le transport de son zèle, prend la liberté de dire :
  • Seigneur, donnez-vous la peine d’examiner par vous-même qui sont ces gens-là, et d’où ils viennent. Ce sont les restes méprisables de la faction de Cappadoce, les suppôts de Georges, de ce scélérat qui a désolé la ville d’Alexandrie et le monde entier. A ces mots l’empereur pique son cheval, et passe outre.

  • Ils se présentent une seconde fois, et disent : Nous avons divers chefs d’accusation contre Athanase, et sommes en état de les prouver. Il y a 10 ans et même 20 qu’il a été banni par Constantin et par Constance d’éternelle mémoire... Puis nouvellement par le très aimé de Dieu, le très philosophe et le très heureux Julien.
  • L’empereur dit : Les accusations de 10, de 20, de 30 ans sont des accusations surannées. Ne me parlez plus d’Athanase. Je sais pourquoi il a été accusé, et comment il a été banni... Une réponse si ferme ne rebute pas les ariens.

  • Ils reviennent une troisième fois à la charge : Nous avons, disent-ils, de nouveaux griefs contre Athanase. Les députés du peuple catholique d’Alexandrie, s’étant mis, ce semble, à parler en même temps qu’eux
  • Jovien dit : Quand tout le monde parle à la fois, il n’est pas possible d’entendre qui a raison. Choisissez deux personnes de part et d’autre car je ne puis répondre à chacun de vous.
  • Les catholiques prennent la parole. Seigneur, disent-ils, ces hommes que vous voyez sont les restes du détestable Georges, le fléau de notre province. Ils n’ont souffert dans les villes aucun sénateur...
  • Les ariens voulant couper court à un détail qui les va couvrir de confusion, et sentant d’ailleurs, que Lucius créature de Georges ne sera jamais agréé de l’empereur, interrompent les catholiques en disant : De grâce, seigneur, qui vous voudrez, hormis Athanase.
  • Je vous l’ai déjà déclaré, dit l’empereur : Ce qui concerne Athanase est une affaire réglée, et d’un ton de colère il dit à sa garde en latin, feri, feri, c’est-à-dire, frappe, frappe.
  • L’ordre sans doute n'est pas exécuté, puisque les ariens insistent... Seigneur, disent-ils, si vous ne renvoyez Athanase, notre ville est perdue : Et d’ailleurs personne ne s’assemble avec lui.
  • Cependant, dit Jovien, j’ai pris des informations : Je me suis assuré qu’il pense bien, qu’il est orthodoxe, et qu’il enseigne une bonne doctrine.
  • Il est vrai, répondent les ariens, qu’il parle bien, mais il pense mal.
  • L’empereur dit : Je n’ai besoin que du témoignage, que vous lui rendez. S’il pense mal, il en rendra compte à Dieu. Nous autres hommes, nous entendons les paroles : Dieu seul connaît le fond des cœurs.
  • Seigneur, disent les ariens, ordonnez que nous puissions tenir nos assemblées.
  • Eh ! qui vous en empêche, répondit Jovien ?
  • Mais, seigneur, ajoutent-ils, Athanase nous traite hautement d’hérétiques et de dogmatiseurs.
  • Sa place l’y oblige, dit Jovien. C’est le devoir de ceux qui enseignent la vérité.
  • Seigneur, poursuivent les ariens, il a enlevé les terres des églises.
  • Vous me feriez croire, dit Jovien, que ce sont d’autres intérêts que ceux de la foi qui vous amènent ici. Retirez-vous, et vivez en paix. Allez à l’église : Vous avez demain une assemblée. Ceci se passe un samedi ou la veille de quelque fête. Après l’assemblée, chacun souscrira sa profession de foi. Vous avez ici des évêques et Némésinus. Athanase y est aussi. Ceux qui ne sont pas instruits de la foi n’ont qu’à s’adresser à lui. Je vous donne demain et après demain : Car j’irai au champ de Mars.
  • Un avocat philosophe cynique dit à Jovien : Seigneur, à l’occasion de l’évêque Athanase, le trésorier général m’a pris des maisons.
  • Jovien lui répond : Si le trésorier général a pris des maisons, Athanase en est-il responsable ?
  • Un autre avocat nommé Patalas lui dit : J’ai une accusation contre Athanase.
  • Un païen comme toi, dit l’empereur, qu’a-t-il à démêler avec des chrétien ?

Pendant ce temps-là Lucius se tient derrière les autres députés. Le mauvais état où il voit ses affaires est propre à redoubler l’embarras que peut déjà lui causer son extérieur peu avantageux. Il veut se confondre dans la foule du peuple d’Antioche qui s'est assemblé autour de l’empereur.
Mais quelques-uns le prennent, et l’ayant fait avancer malgré lui :
EUSÈBE DE SAMOSATE
    • Voyez, seigneur, disent-ils, quel sujet ils ont voulu faire évêque. Il faut se souvenir qu’Athanase a l’air plein de noblesse et de dignité. Néanmoins le même Lucius, comptant peut être sur quelque recommandation secrète ose reparaître devant l’empereur à la porte du palais, et le prie de l’écouter.
    • Jovien s’arrête, et lui dit : Lucius, c’est à toi que je parle. Comment es-tu venu ici ? Par mer, ou par terre ?
    • Par mer, répond Lucius.
    • Que le Dieu de l’univers, que le soleil et la lune, dit l’empereur, punissent tes compagnons de voyage de ne t’avoir pas jeté dans la mer !
    • Que le vaisseau soit éternellement le jouet des flots irrités, et n’arrive jamais au port...

C'est ainsi qu’il se délivre de cet homme odieux par une imprécation ironique, où les savants éditeurs de Saint Athanase trouvent beaucoup de sel.


Jovien — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jovien
Jovien, Flavius Claudius Jovianus (v.332 - 17 février 364), est empereur romain de 363 à 364. On ne sait quasiment rien de sa vie avant l'expédition en Perse ...
Termes manquants : année
Essai sur la formation du dogme catholique [by principessa C.T. ...
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1842
Son successeur Jovien ne se borna pas à protéger l'Église et à rappeler les évêques. ... Mais le temps ne seconda pas les pieuses intentions de l'empereur Jovien, ... 17 février de l'année 364- L'armée lui choisit pour successeur Valentinien, ...

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