11
MAI 2016...
Cette
page concerne l'année 363 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
CE QU’ÉTAIT L'EMPEREUR JULIEN ?...
5
mars : L'empereur Julien quitte Antioche. Il envahit la Perse le
4 avril...
10-13
mai : Julien assiège et prend la place forte Perse de
Mahozamalcha (Maiozamalcha ou Maogamalcha).
29
mai : Julien défait les Perses devant les murs de leur capitale
à la bataille de Ctésiphon.
16
juin : Julien, après avoir traversé le Tigre et brûlé sa
flotte de ravitaillement, doit se replier vers le Nord en direction
de la Gordyène. L’expédition subit plusieurs attaques des Perses
de Shapur II
26
juin : Mort de l’empereur romain Julien lors d’une
escarmouche à Samarra.
Flavius
Claudius Julianus (331 ou 332 - 26 juin 363), nommé Julien l'Apostat
par la tradition chrétienne, également appelé Julien le Philosophe
ou Julien II (par référence au précédent empereur Didius
Julianus), ou encore Julien l'Empereur, est nommé César en Gaule de
355 à 361 par Constance II, puis proclamé empereur Romain à part
entière de 361 à 363.
20
mois de règne laissent la place à une postérité remarquable, ses
actes et ses œuvres inlassablement commentés et bien plus souvent
honnis et vilipendés que loués... Julien doit son surnom
d'« apostat » à sa volonté de rétablir le polythéisme
dans l'empire Romain, alors qu'il a été élevé dans la religion
chrétienne (plus précisément dans l'arianisme, sous la direction
des évêques Eusèbe de Nicomédie, puis Georges de Cappadoce).
Il
a produit des écrits critiques contre le christianisme qui, avec le
Discours Vrai de Celse, sont le meilleur témoin de l'opposition
païenne au christianisme...
Neveu
de Constantin Ier, qui est le demi-frère de son père Jules
Constance, il est le dernier survivant, avec son demi-frère Gallus,
de la branche cadette des descendants de l'empereur Constance Chlore.
La
mère de Julien est la très jeune Basilina, qui décède quelques
mois après l'avoir mis au monde. Sa date de naissance est
incertaine, novembre ou décembre 331 ou mai/juin 332.
À
la fin de l'été 337, le décès de Constantin Ier laisse une
succession non réglée. Julien a alors 6 ans, lorsque des soldats
massacrent les membres de la famille impériale qui ne sont pas issus
de Constantin... Seul Julien et son demi-frère Gallus, qui gît
gravement malade dans un lit, sont épargnés.
Tous
les biens de son père sont confisqués par les trois successeurs de
Constantin Ier, Constantin II, Constant Ier et Constance II que
Julien considère comme les instigateurs de ce massacre.
LA MORT DE JULIEN L'APOSTAT |
L'éducation
de Julien est confiée à l'évêque arien Eusèbe de Nicomédie,
qu'il suit peut-être à Constantinople quand celui-ci s'empare du
siège épiscopal de la capitale, à moins qu'il ne soit resté
relégué à Nicomédie. Il a pour pédagogue l'eunuque Mardonios,
Goth d'origine, qui avait déjà élevé Basilina sa mère. Mardonios
l'initie aux grands classiques de la culture grecque, Homère et
Hésiode, et lui donne la passion de la lecture.
Julien
tient de son éducation stricte l'habitude humble de garder les yeux
baissés et le mépris des spectacles publics, mais garde un souvenir
heureux de son enfance avec Mardonios.
Mais
après la mort d'Eusèbe de Nicomédie en 341, Constance II assigne
Julien à résidence sous la tutelle de l'évêque de Césarée
Georges de Cappadoce dans la forteresse de Macellum en Cappadoce.
Il
y retrouve son demi-frère Gallus. Ils y passent 6 années dans un
isolement total, interdits de visite et en seule compagnie des
domestiques. Georges de Cappadoce donne accès aux jeunes gens à sa
bibliothèque qui contient, à côté de textes chrétiens, des
œuvres de philosophie antique : Platon, Aristote, Socrate,
Théophraste, et, plus récents, les néo-platoniciens Plotin,
Porphyre et Jamblique. Mais on ignore s'il s'est enthousiasmé dès
cette époque (ou seulement plus tard) pour la théologie solaire de
ce dernier et ses discours sur le dieu Hélios, dont il ressent plus
tard directement et intimement la présence. Il peut, avoir résolu
de se détacher du christianisme, la religion prônée par les
empereurs qui ont massacré sa famille et au nom de laquelle ils se
sont absous de tous leurs homicides.
Toujours
durant cette période de relégation, Julien et Gallus ont été
baptisés, contrairement à la pratique de l'époque destinant le
baptême aux personnes adultes et volontaires, voire aux mourants
souhaitant se purifier juste avant leur trépas... Montaigne et
Voltaire, ont souligné que ce baptême, lui ayant été imposé, ne
peut être considéré comme valable, et nient l'accusation
d'apostasie.
À
partir de 347, Julien est autorisé à revenir à Constantinople,
puis à Nicomédie en 351.
Il
y a suivi indirectement l'enseignement du sophiste Libanios.
Séjournant ensuite à Pergame chez Oribase, il entre en relation
avec Priscus et Maxime d'Éphèse, élèves de Jamblique qu'il admire
profondément, et qui encouragent son mysticisme solaire.
En
cette même année 351, Julien est initié aux mystères de Mithra.
En
350, Constance II doit faire face à l'usurpation de Magnence en
Gaule. Pour maintenir une présence impériale en Orient face aux
Perses tandis que lui-même se rend en Occident, Constance II,
attaché comme son père au principe dynastique (tous ses frères
ayant été tués), promeut en 351 Gallus au rang de César à
Antioche.
Hissé
à cette responsabilité sans aucune préparation, et de tempérament
coléreux, Gallus réagit avec brutalité face aux difficultés et
aux oppositions. Il va même jusqu'à faire mettre à mort le préfet
du prétoire de Constance II envoyé pour s'enquérir de ses
difficultés.
En
354, Constance II, faisant suite aux plaintes contre Gallus, le
rappelle, le destitue et le fait exécuter... Peu après, dans le
climat délétère de répression visant les anciens fonctionnaires
de Gallus, Julien est à son tour convoqué à la cour impériale, à
Milan et mis sous surveillance pendant plusieurs mois à Côme. Des
courtisans insinuent une connivence possible entre lui et Gallus.
L'intervention de la nouvelle impératrice Eusébie, seconde épouse
de Constance, sauve Julien et lui rend sa liberté de mouvement.
Durant
l'été 355, Julien peut approfondir ses études de philosophie à
Athènes. Il y côtoie Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze,
qui devient évêque et sera un de ses adversaires les plus féroces.
Grégoire donne un portrait très partisan du « prodigieux
abrutissement » de l'étudiant Julien « cou branlant …
épaules remuantes et tressautantes, regard exalté, pieds qui ne
tiennent pas en place, parole hachée par la respiration dont le
débit s'arrête brusquement, questions incohérentes et
inintelligibles, réponses qui ne valent pas mieux ».
Plus
neutre, Ammien Marcellin évoque son « naturel impulsif »
et sa tendance « à parler fort abondamment et se taire très
rarement ».
On
peut voir dans ce tempérament nerveux et cette expression orale mal
maîtrisée le résultat d'une enfance traumatisée et d'une
adolescence passée dans l'isolement forcé. Lors de ce séjour à
Athènes, et quoique l'on ne dispose pas de preuves formelles, les
historiens modernes considèrent que Julien s'y fait initier aux
mystères d'Éleusis...
Fin
355, Julien est soudainement rappelé à la cour. À sa grande gêne,
les eunuques du palais lui rasent la barbe qu'il a adoptée à la
mode des philosophes, et le vêtent d'une chlamyde, lui donnant selon
ses propres termes, « l'aspect d'un soldat ridicule ». Il
épouse à cette époque Hélène, la sœur de l'empereur, dite « la
jeune », par opposition à sa grand-mère l'impératrice.
Le
6 novembre 355 à Milan Constance II le présente à l'armée, et lui
décerne le titre de César, c'est-à-dire de vice-empereur.
Constance redoute les usurpations militaires en Gaule et affirme :
« Les Barbares y paradent d'un bout à l'autre ».
Julien
doit préparer une offensive de l'armée impériale en Germanie. La
défense de la Gaule est désorganisée par les usurpations de
Magnence puis de Silvanus.
Les
Alamans ont pris et mis à sac de nombreuses forteresses sur la rive
gauche du Rhin, dont Cologne, Mayence, Bonn, Bingen, jusqu'à Spire
et Strasbourg. Ils occupent encore ces cités bien que solidement
installés dans des forts en campagne... Début décembre, Julien
part en Gaule avec une escorte réduite pour contrer les ravages des
Alamans. Julien n'est pas dupe de ses promotions. Il se voit dans une
position similaire à Gallus, soumis à une charge dangereuse, comme
il en témoigne lui-même :
[« Je
ne dois pas omettre de raconter ici comment j'ai consenti et choisi
de vivre sous le même toit que ceux dont je savais qu'ils avaient
miné toute ma famille, et dont je soupçonnais qu'il ne leur
faudrait pas beaucoup de temps avant de comploter contre moi. J'ai
versé des torrents de larmes, j'ai poussé des gémissements. J'ai
tendu les mains vers votre Acropole, quand j'ai reçu l'appel, et
j'ai prié Athéna de sauver son suppliant, de ne pas l'abandonner...
Beaucoup d'entre vous m'ont vu et en sont témoins.
La
déesse même, plus que quiconque, sait que je lui ai demandé de me
faire mourir à Athènes plutôt que de me laisser faire ce voyage.
Or, la déesse n'a pas trahi ni abandonné son suppliant, elle l'a
montré par des faits. Car partout elle m'a guidé, et de tous côtés
elle m'a entouré d'anges gardiens que le Soleil et la Lune lui
avaient accordés »]
— Lettre
aux Athéniens, 274d-275b, 276c-277a
L'arrivée
de Julien à Vienne est bien accueillie, il profite du souvenir
prestigieux de ses parents Constance Ier et Constantin, mais il ne
lui est attribué qu'un rôle honorifique, à l'image de son titre de
consul pour l'année 356 : Il est en fait étroitement encadré
par le général Marcellus, et constamment espionné par les hauts
fonctionnaires fidèles à Constance II.
Cependant,
contre toute attente, cet intellectuel pétri d'hellénisme, nerveux
et mal à l'aise, se révèle un excellent administrateur et un
stratège militaire efficace.
Prenant
Marc Aurèle comme modèle, il récuse tout le faste impérial, et ne
s'épargne aucune fatigue. Travailleur acharné, il acquiert
rapidement une pratique courante du latin, (sa langue maternelle
étant le grec et la langue de commandement militaire le latin), il
fait son éducation militaire et apprend à marcher au pas cadencé,
se nourrissant comme les soldats et couchant à la dure.
Pendant
ce temps, la pression des Alamans se maintient et menace Autun,
cependant les généraux Romains restent passifs : Constance a
affecté la direction de l'armée en Gaule à Marcellus, tout en
laissant son prédécesseur Ursicin en fonction. Les deux se
détestent et se neutralisent l'un l'autre continuellement.
Fin
juin 356, Julien prend la direction officielle de quelques unités,
et, après avoir fait lever le siège d'Autun, rejoint à Reims les
forces commandées par Marcel et Ursicin. Ces derniers supervisent la
levée des troupes puis décident de marcher vers la Rhénanie, en
passant par l'ancien pays des Triboques, (Saverne) et Brocomagus
(Brumath).
Une
première bataille se déroule à Decempagi (Tarquimpol). L'armée
surprise par des assaillants continue sa marche, mais ses flancs sont
menacés et ses arrières-gardes sont massacrées. Au terme d'une
journée interminable mais victorieuse, deux légions sont quasiment
perdues. Les jours suivants, le col barré de Saverne est franchi, et
Tres Tabernae (Triboques) prise.
Après
une installation provisoire, la marche reprend, et Brumath est prise
au terme d'une bataille victorieuse, apportant un grand lot de
prisonniers.
Julien
lance une marche et une descente fluviale le long du Rhin de
castellum en castellum afin de reprendre le contrôle de plusieurs
places fortes essentielles.
Les
cités Rhénanes semblent faire un accueil triomphal aux troupes
victorieuses et finalement Cologne est atteinte sans perte. Partout,
avec les autorités des cités, Julien fait remettre en état les
fortifications. Impressionnés par la contre-offensive de l'armée
romaine face aux Alamans, des délégations de Francs ripuaires des
environs de Cologne demandent à traiter avec le César victorieux.
Julien
impose alors une paix qui se révèle ensuite bâclée et précaire...
Après ces succès, les troupes Romaines prennent leurs quartiers
d'hiver dans différentes cités. Julien s'installe à Sens, gardée
par une faible garnison.
Les
Alamans mettent alors à profit la dispersion des forces romaines
pour attaquer la cité, et y bloquent Julien pendant un mois, avant
de devoir lever leur siège, lassés par la résistance Romaine.
Marcellus,
cantonné à proximité sans secourir les assiégés, est renvoyé
avec l'assentiment de Constance, qui ne peut tolérer qu'on expose un
César, quel qu'il soit, à la possibilité d'une capture ou d'une
mort humiliante face aux Barbares.
Julien
prévoit que Marcellus va le calomnier dès son arrivée à la cour
de Constance et délègue par précaution à Milan un homme de
confiance, son chambellan Euthère. Tandis que Marcellus insinue que
Julien est un ambitieux qui veut voler de ses propres ailes, Euthère
garantit sur sa propre vie l'absolue fidélité de Julien à
l'empereur.
La
campagne de 357 entraîne l'armée commandée par Julien à retrouver
Saverne au printemps... Elle comporte 13 000 hommes,
essentiellement des unités de cavalerie.
La
seconde armée de 25 000 hommes, composée surtout d'unités
d'infanterie, est confiée à Barbatio, au voisinage du Rhin, l'armée
se trouve menacée et préfère se réfugier sur Augst (Augusta
Raurica, près de Bâle).
Un
raid Alaman menace Lugdunum (Lyon) et Julien part porter secours à
la cité des Gaules avec ses troupes montées.
Il
ne retrouve Saverne qu'au milieu de l'été, y contrôle les travaux
de castrum et d'installation de greniers de réserve.
La
pacification du seuil de Saverne est entreprise, mais s'oppose à une
puissante ligue des rois Alamans, ce qui décide Julien à provoquer
le conflit dès la fin de l'été.
La
bataille de Strasbourg (Argentorate) voit s'opposer les deux armées
gallo-romaines à un rassemblement de plus de 35 000 Alamans.
Ceux-ci laissent 4 fois plus de morts et blessés, sans compter les
prisonniers. La débandade est arrêtée aux délicats passages du
Rhin. Le grand roi Cnodomar est rattrapé avant qu'il franchisse le
fleuve, puis capturé, de même que Sérapion, roi du Haut Neckar.
Julien veut en profiter pour restaurer les anciennes frontières. Il
prend pied en Souabe, puis il remonte le Main à la poursuite de
Hortarius, roi du Kraichgau et de Suonar, roi de l'Odenwald.
Fort
de la seconde restauration du pouvoir impérial durant l'automne 357,
il impose des traités que les souverains vaincus respectent
uniquement de son vivant...
TOMBE DE JULIEN |
À
partir de 357, Julien prend ses quartiers d'hiver à Lutèce (Paris).
Cette cité est plus modeste que Sens ou Reims. Mais l'importance de
la cité des Parisiens n'est plus négligeable depuis
l'amoindrissement, la dégradation ou la disparition des centres
urbains au IIIe siècle. Centre de rassemblement de légions,
relativement proche des frontières du Rhin, le site est facile à
défendre grâce à la Seine qui l'entoure comme un rempart naturel.
Ces considérations emportent le choix de Julien après sa
mésaventure de Sens. Julien apprécie l'île de la cité et y passe
les hivers suivants. Mais lors d'un hiver exceptionnellement glacial
avec la Seine gelée, il consent à la présence d'un brasero dans sa
chambre, malgré son désir de s'endurcir, et subit un début
d'asphyxie.
Son
épouse Hélène préfère, quant à elle, séjourner en Italie où
le climat s'avère plus clément. Enceinte, elle met au monde un
garçon, mort-né. Selon Ammien Marcellin, l'impératrice Eusébie,
stérile et jalouse de cette grossesse, a soudoyé la sage-femme pour
qu'elle provoque une issue fatale lors de l'accouchement. Hélène
meurt vers 358 et Julien ne se remarie pas...
Julien
s'entoure de quelques amis, tous païens, Oribase le rejoint comme
médecin personnel, le Gaulois Saturninus Secundus Salustius, plus
âgé que Julien, devient pour sa part un conseiller écouté.
Durant
la pause hivernale, l'activité de Julien ne faiblit pas. Mamertin
clame, dans son panégyrique, que Julien passe tout l’été dans
les camps, et tout l’hiver sur le siège de juge, dans cette
fonction il traite des affaires graves, mais ne prête pas attention
à la délation qui a cours entre les fonctionnaires impériaux.
Durant
un jugement portant sur une accusation de dilapidation des fonds
publics formulée contre l'ancien gouverneur de la Gaule Narbonnaise,
l'accusateur à court de preuves, finit par s'écrier « s’il
suffit de nier, où seront désormais les coupables ? »,
Après
les guerres civiles entre cités de la fin du IIIe siècle,
entraînant des troubles sociaux dans les campagnes sous forme de
bagaudes dissidentes, la situation est aggravée par des incursions
de bandes guerrières issues des confédérations Franques ou
Alamanes, les Gaules subissent une désorganisation et un
appauvrissement, qui empirent avec les guerres et les épidémies au
début du siècle suivant.
Julien,
qui refuse les impôts supplémentaires proposés par le préfet du
prétoire Florentius pour couvrir les dépenses militaires, diminue
au contraire les taxes pour soulager les populations épuisées.
En
5 ans, l'imposition en Gaule passe de 27 solidi à seulement 7.
Malgré cela, les rentrées fiscales augmentent : Les
contribuables se sont en effet empressés d'acquitter leur dû de
peur qu'il n'augmente... Julien fait surveiller les employés du fisc
afin d'empêcher tout détournement, et n'accorde aucune remise
d'arriérés, pratique qui avantageait les gros contribuables.
Ursicin, également rappelé en 357, est remplacé par Sévère, un
officier expérimenté qui collabore efficacement avec Julien, qui
aguerri, obtient pleinement le commandement, prend l'initiative
d'offensives au-delà du Rhin et repousse les invasions des Francs en
358 et des Alamans en 360... Il dépasse en audace, selon les
louanges de ses contemporains, l'illustre César, le vaillant Brutus
ou l'intrépide Germanicus.
En
358, il mène son armée jusqu'au Neckar en y pourchassant les
Francs.
En
359, le César assoit son autorité sur les Alamans, en Souabe et
dans l'actuel Wurtemberg.
La
campagne de 360 voit ses troupes sur le Rhin et ses abords.
Parti
de Lutèce au printemps, Julien gagne par l'antique Hellweg les rives
du Rhin à Xanten, puis il remonte le grand fleuve jusqu'à Augst.
Il
impose une remise en ordre des castella de l'ancien limes du
IIe siècle.
L'empereur,
méfiant et jaloux du prestige de son César auprès de ses soldats
et de ses subalternes, entend diminuer son pouvoir et, ayant par
ailleurs grandement besoin de troupes sur le Danube et sur la
frontière Perse, exige en 360 de Julien qu'il lui envoie 2 légions
en renfort... Que ce soit spontanément ou sous l'influence de
Julien, ses fidèles soldats apprenant l’exigence impériale,
refusent, se mutinent et proclament leur officier César empereur
(Auguste), titre qu'il accepte.
Constance
II refuse le fait accompli et décide de marcher contre celui qui
n'est encore qu'un usurpateur.
Julien
ignorant l'avertissement impérial, poursuit une 6e offensive au-delà
du Rhin en 361, l'excursion en territoire Alaman lui permet de
récolter allégeances et tributs tout en donnant des ordres aux
garnisons de défense.
Il
n'y aura cependant pas de bataille entre l'usurpateur et l'empereur :
Constance II meurt en effet brutalement sur le chemin en 361.
De
son lit de mort, l'empereur, désireux de faire survivre la dynastie
Constantinienne, se résout à confier la pourpre impériale au seul
descendant de Constance Chlore encore en vie, son cousin Julien !
Devenu
maître de l'empire tout entier, Julien promulgue un édit de
tolérance autorisant toutes les religions et il abolit les mesures
prises non seulement contre le paganisme, mais aussi contre les Juifs
et contre les chrétiens qui ne suivent pas le credo d'inspiration
arienne qui avait la faveur de Constance.
En
362, il promulgue un édit qui interdit aux chrétiens d'enseigner la
grammaire, la rhétorique et la philosophie, soit l'ensemble de
l'instruction profane.
Il
justifie ainsi l'édit sur les chrétiens :
« Qu'ils
cessent d'enseigner ce qu'ils ne prennent pas au sérieux ou qu'ils
l'enseignent comme la vérité et instruisent les élèves en
conséquence ». Parallèlement, il tente de réformer le
paganisme sur le modèle des institutions chrétiennes (moralité des
prêtres, création d'institutions charitables) et institue une
hiérarchie des cultes autour du dieu Soleil, favorisant les cités
païennes et la restauration de leurs temples, sans mener pour autant
une politique systématique de reconstruction de ces temples, comme
pourraient le suggérer des inscriptions qui l'honorent en qualité
de restaurator templorum (« réparateur
des temples »). Malgré son indifférence devant les cas de
vexations causées à des chrétiens, seuls quelques martyrs, comme
Alexandre de Corinthe sont mentionnés sous son règne par la
tradition chrétienne. Si Julien ordonne l'expulsion d'Athanase,
patriarche d'Égypte, il condamne le massacre de l'évêque arien
Georges d'Alexandrie.
Lorsqu'il
s'attaque aux chrétiens, c'est par le biais de pamphlets et de
réfutations : Son Contre les Galiléens, fragmentaire, fait
office de réquisitoire contre ceux-ci, tenants d'une religion
nouvelle et sans racines. Sa critique s'exerce par comparaison avec
le judaïsme vis-à-vis duquel son attitude reprend les deux
traditions de pensée qui se croisent alors, l'une hostile et l'autre
plus tolérante.
LETTRE DE JULIEN |
Son
œuvre manifeste ainsi des sentiments ambivalents à l'égard de la
culture et de la religion juive dont il respecte l'ancienneté des
traditions, allant jusqu'à considérer, dans le Contre les
Galiléens, que les Juifs et les Hellènes sont semblables. Néanmoins
Julien s'étonne qu'un dieu digne de ce nom se soit fait connaître
dans une toute petite région et présente parfois les Juifs comme un
peuple inférieur... Même s'il trouve les mythes des Juifs absurdes
et incomplets, il admire la piété du peuple élu qui contraste avec
le peu de ferveur des sujets païens de l'Empire. C'est peut-être
pour cela (et peut-être aussi pour des motifs politiques) qu'il
ordonne la reconstruction du temple de Jérusalem, dont le chantier
est abandonné dès sa mort.
Julien
désire revenir à un empire de forme moins autocratique et plus de
tradition républicaine du principat telle qu'elle existait sous
Auguste... Son règne n'en reste pas moins autoritaire. Après avoir
réorganisé et assaini la lourde administration impériale, en
réduisant en particulier le personnel du palais et celui affecté à
la délation et à l'espionnage (les agentes in rebus), il s'installe
à Antioche pour préparer une grande expédition militaire contre la
Perse. (nos républicains d'aujourd'hui font
plutôt l'inverse accumulant de façon anarchique et ruineuse
administration et fonctionnaires) Il entre assez vite en
conflit avec la population de la métropole chrétienne, d'une part,
à cause de son paganisme affiché, d'autre part, parce que sa
rigueur morale s'oppose aux habitudes de vie ayant cours dans cette
grande cité Orientale.
L'attention
de la tradition historique, tant chrétienne qu'anti-chrétienne,
s'est focalisée sur la politique religieuse de Julien. Ce n'est
cependant qu'une partie de sa politique. Ainsi, dans
l'administration, il ne semble pas avoir marqué de préférence
religieuse dans le recrutement du personnel : Il s'entoure, de
fait, comme ses prédécesseurs immédiats, de fonctionnaires de
toutes confessions.
Au
printemps 363, Julien se lance dans une vaste expédition militaire
qui le mène jusqu'à Ctésiphon, capitale des Perses. Mais il doit
entamer une retraite précipitée, au cours de laquelle, le 26 juin
363, il est mortellement blessé (bataille de Ctésiphon). Parvenu à
Dadastane, ville obscure de Bithynie, quand, pour l’éveiller, on
se présente sous sa tente, on le trouve mort dans son lit...
Ainsi
se termine l’expédition de 363. Le jour n’est peut-être pas
très éloigné, où l’on aura peine à comprendre qu’on ait
jamais, en un pays traversé par des fleuves, songé à faire la
guerre sans flottille... !
L'historien
chrétien Théodoret de Cyr écrit un siècle plus tard que,
transpercé par une flèche mortelle, Julien a prononcé ces derniers
mots : « Tu as vaincu, Galiléen ! » (Vicisti,
Galilæe), prédisant ainsi la victoire inéluctable d'un
christianisme pourtant encore minoritaire dans l'Empire.
Libanios,
contemporain de Julien avance, qu'il aurait été assassiné au cours
de la bataille par un soldat Romain chrétien.
En
effet, il semble qu'aucun soldat Perse n'ait réclamé la récompense
promise pour l'assassinat de l'empereur Romain. De plus, les
chrétiens voient d'un mauvais œil un empereur ayant rejeté le
christianisme qui par ses victoires consolide l'Empire.
L'historien
païen modéré Ammien Marcellin rapporte quant à lui les faits dont
il a été le témoin, puisqu'il fait partie de l'expédition de
l'empereur. Il écrit, sur l'ultime combat de Julien :
« Au
moment où Julien, oublieux de toute précaution, se précipite
témérairement au combat en levant les bras, et à grands cris, pour
bien faire entendre que c'est la débâcle et la panique chez
l'ennemi, et pour exciter ainsi la fureur des poursuivants, ses
gardes blancs dispersés par l'effroi lui crient de tous côtés
d'éviter la masse des fuyards comme on fait pour l'écroulement
incertain d'un toit qui menace ruine... Soudain, une lance de
cavalerie (equestris hasta) égratigne la peau de son bras, lui
transperce les côtes, et se fiche dans le lobe inférieur du foie. »
— Ammien Marcellin, XXV, 3, 6
La
plupart des historiens contemporains s'accordent aujourd'hui sur
cette version des faits. Ainsi se clôt la dernière grande offensive
de l'Empire Romain contre un ennemi extérieur.
Julien
est un des principaux auteurs Grecs du IVe siècle. Il a écrit
des lettres, des discours et un ouvrage critique contre le
christianisme, le « Contre les Galiléens ». Ce dernier,
jugé « démoniaque » par les époques ultérieures, a
été détruit ou, du moins n'a pas été conservé. On en connaît
cependant une bonne partie grâce au « Contre Julien »
composé par Cyrille d'Alexandrie au Ve siècle. Le texte de
Julien s'inscrit dans une lignée d'ouvrages dirigés par des païens
contre le christianisme :
Celui
du philosophe Celse, Discours véritable (178), réfuté par Origène
dans son « Contre Celse » (248).
LE BAPTÊME DE JULIEN |
Celui
de Porphyre de Tyr, intitulé « Contre les chrétiens »
(après 271), réfuté par Apollinaire de Laodicée en 370 (l'arien
Philostorge compose une autre réfutation de Contre les chrétiens en
420, détruite et perdue).
Adepte
de la philosophie néoplatonicienne, Julien a néanmoins toujours
tenu à préciser qu'il n'est pas parvenu au stade de philosophe à
part entière et qu'il n'est dans ce domaine qu'un étudiant. C'est
pourquoi il n'a pas écrit d'ouvrage proprement philosophique, même
si la plupart de ses écrits s'en inspirent . On peut distinguer
parmi ses œuvres, outre le Contre les Galiléens :
Des
lettres à des amis ou à des personnages de son temps,
Des
écrits satiriques ou polémiques : Les Césars, Le Misopogon,
Contre Héracleios, Contre les cyniques ignorants,
Des
écrits philosophico-religieux : Sur la Mère des dieux, Sur
Hélios-Roi,
Des
écrits politiques ou philosophico-politiques : Lettre à
Thémistius, Lettre aux Athéniens
Des
écrits rhétoriques : Éloges de Constance (l'empereur, son
cousin), d'Eusébie (impératrice, épouse de Constance), une
consolation à soi-même...
Julien
est devenu très tôt un mythe. Certains païens, en particulier
Ammien Marcellin et Libanios, en ont fait un héros de tolérance, de
vertu et d'énergie, un homme trop grand pour son temps, qui a
succombé sous les coups de la mesquinerie et de la méchanceté
(chrétienne, mais pas nécessairement) ambiantes.
Inversement,
les auteurs chrétiens l'ont présenté comme un imbécile frénétique
(Grégoire de Nazianze, qui l'a connu étudiant à Athènes), un
monstre (les historiens ecclésiastiques qui lui attribuent diverses
profanations et des sacrifices humains), un apostat pervers (toutes
les mesures qu'il a prises, y compris son édit de tolérance visent
selon eux à lutter hypocritement contre le christianisme).
Ainsi
selon certains auteurs chrétiens, Julien s'est rendu, en plus d'une
occasion, coupable d'actes de persécution violente :
Il
fait profaner les tombeaux des chrétiens et les reliques, lui-même
se vante d'avoir ordonné de « détruire tous les tombeaux des
athées »
Sur
la défense faite aux chrétiens d’« apprendre et
d'enseigner » les belles lettres, l'historien Ammien Marcellin,
tout païen qu'il soit, déplore lui-même de telles iniquités :
« C'est un acte barbare, qu'il faut couvrir d'un éternel
silence ».
Cette
image négative prévaut tout au cours du Moyen Âge et de l'époque
classique. Ainsi une tradition Lotharingienne reprise au Xe siècle
met au compte d'un ordre de persécution de Julien l'Apostat un
massacre de 20 000 martyrs chrétiens en octobre 362 en Belgica
prima, à Apollogranum et dans ses environs. Elle frappe les nombreux
enfants chrétiens de la famille légendaire de Baccius et Lientrude,
Euchaire, Élophe, Libaire... Mais le personnage a pu fasciner plus
positivement des intellectuels comme La Boétie ou Montaigne, qui
consacre un court chapitre de ses Essais (II, 19, De la liberté de
conscience) à Julien.
Au
XVIIIe siècle, les philosophes (Voltaire en particulier)
veulent le réhabiliter, au titre de champion des Lumières contre
l'obscurantisme chrétien et de champion de la liberté contre
l'absolutisme qui règne au « Bas Empire ».
L'ouvrage
Contre les Galiléens est édité par l'abbé de La Bléterie, avant
de faire l'objet d'une édition plus militante par le marquis
Jean-Baptiste Boyer d'Argens, familier du roi de Prusse Frédéric
II, qui l'a nommé Directeur de la Philologie au sein de l'Académie
de Berlin.
Le
romantisme, (par exemple Alfred de Vigny) s'est passionné à son
tour pour le personnage, voyant en Julien un romantique avant la
lettre, esprit lucide et désespéré, incompris de son siècle et
dont la mort en pleine jeunesse donne le signal du triomphe des
médiocres.
En
1873, Henrik Ibsen a écrit sur Julien une tragédie gigantesque en
dix actes, Empereur ou Galiléen.
Néanmoins,
les jugements négatifs perdurent : Ainsi dans un ouvrage publié
en 1911, l'historien Jean Guiraud, fondateur de l’Association
catholique des chefs de famille, rédacteur en chef du journal La
Croix et rédacteur de manuels scolaires à destination des
établissements privés catholiques, décrit ainsi l'action de
Julien :
« Il
a combattu le christianisme par la violence. Surtout par la
persécution légale [...] : Chrétiens exclus des emplois
publics, victimes de l'injustice légale, chrétiens privés de la
liberté d'enseignement » — Histoire partiale histoire
vraie, tome I Des origines à Jeanne d'Arc, neuvième édition,
Gabriel Beauchesne & Cie Éditeurs, Paris 1911, p. 146.
Au
XXe siècle, les 3 images, Julien l'apostat, Julien le
philosophe et Julien le héros d'une cause perdue, se prolongent non
seulement dans la littérature de fiction, mais même dans les
ouvrages de réflexion.
Julien
l'Apostat (331 - 363) - La mauvaise réputation - Herodote.net
https://www.herodote.net/Julien_l_Apostat_331_363_-synthese-628.php
1
sept. 2011 - Julien l'Apostat - L'empereur Julien l'Apostat, ainsi
surnommé parce qu'il aurait ... À la fin de l'année, il est
rappelé à Milan où l'empereur lui fait ...
La
campagne de Julien en Perse, 363 ... - La Cliothèque - Accueil
https://clio-cr.clionautes.org/la-campagne-de-julien-en-perse-363-apr-j-c.html
...
campagne menée par l'étonnant empereur romain Julien contre
l'empire perse sassanide au printemps de l'année 363 après J.-C..
Comme les précédentes ...
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