lundi 30 mai 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 358

16 MAI 2016...

Cette page concerne l'année 358 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LES ROMAINS ÉTOUFFENT L’INSURRECTION DES LIMIGANTES.

Les Sarmates (Sauromates pour les Sarmates protohistoriques) sont un ancien peuple scythique de nomades des steppes, appartenant sur le plan ethno-linguistique au rameau Iranien Septentrional du grand ensemble Indo-Européen. A l'origine établit entre le Don et l'Oural.
L'histoire des Sarmates est connue indirectement par les historiens Grecs puis Romains contemporains et grâce à de nombreux témoignages archéologiques ou toponymiques.

Les Antes sont un peuple Slave qui, selon Jordanès, habite, au VIe siècle, le pays compris entre le Dniestr et le Dniepr jusqu'à la mer Noire. Leur nom paraît être synonyme de Wendes ou Vénètes. Soumis tour à tour aux Goths et aux Huns, ils prennent souvent, dès le règne de l'empereur Justinien (527-565), du service dans les troupes Byzantines.
Au début des guerres Gothiques en Italie, Procope de Césarée signale la présence de mercenaires Antes parmi les troupes du général Byzantin Bélisaire.

Au VIIe siècle, ils participent à l'expansion Slave dans les Balkans. Exterminés par les Avars, les Bulgares et les Hongrois, ils disparaissent au Xe siècle pour se fondre dans le peuple Polane.
Il est vraisemblable que les Antes n'étaient pas de « purs » Slaves, mais mêlés à une population d'origine Iranienne, probablement Sarmate, et que l'ensemble adopte les coutumes et la langue Slaves.
Le recoupement des témoignages archéologiques et des écrits des auteurs Byzantins va dans ce sens. Les Antes sont assimilés par des archéologues au groupe (ou culture) de Pen'kovka, dont plus de 60 sites ont été identifiés au sud-est de l'Ukraine, notamment aux environs de Tcherkassy, Krementchouk et entre Dnipropetrovsk et Zaporijia.

Cette culture pastorale et guerrière, socialement différenciée, est conforme au modèle Scythique classique, fait référence à la culture développée du Ve au IVe siècle avant notre Ère dans les steppes Russes du Don à l'Oural, et dans l'ouest du Kazakhstan.
Elle fait, par exemple, une place d'honneur aux femmes jusque dans les activités guerrières. Cela corrobore les dires d'Hérodote et fonde les traditions légendaires sur les Amazones, connues tant chez les Grecs que dans la poésie épique des Ossètes... 20 % des tombes féminines des VIe-IVe siècles av. J-C contiennent des armes et des harnachements de chevaux.

On divise la culture sarmate en 4 périodes :
- La culture « sauromate » du VIIe au IVe siècle av J-C
- La culture « sarmate ancienne » du IVe au IIe siècle av J-C
- La culture « sarmate moyenne » du IIe siècle av J-C au IIe siècle.
- La culture « sarmate tardive » du IIe au IVe siècle.

Avec les Sarmates apparaissent d'ailleurs dans les steppes les signes héraldiques familiaux que les ethnographes désignent du nom Turco-Mongol de Tamga et qui servent à marquer le bétail et les objets domestiques et même à signaler des points de passage.
La diversité des mobiliers funéraires montre que la société est nettement hiérarchisée.
Les grandes confédérations tribales sont dirigées par des « rois » qui font surtout figure de chefs de guerre. Il existe certainement, au-dessus de la masse des hommes libres (l'esclavage ne semble pas représenter une réalité importante), une élite de « noble ». C'est le schéma que l'on reconstitue déjà chez les Scythes, et c'est celui qui s'est perpétué jusqu'à l'époque moderne au Caucase.
Les femmes peuvent occuper de hautes situations (une reine sarmate, Amagê, est mentionnée au IIe siècle).
Dans le domaine militaire, sans innover absolument, les Sarmates développent des tactiques et des types d'armes peu employés par les Scythes. Ainsi, « les chefs et tous les nobles », comme les appelle Tacite, forment une cavalerie lourde de lanciers cuirassés (cataphractaires), qui agit par le choc au moment décisif d'une bataille, lorsque le terrain a été préparé par le harcèlement des archers montés (fournis par la masse des hommes libres non-nobles).
C'est sans doute pour ces cavaliers lourds que se répand l'épée longue de taille à pommeau discoïdal, concurremment à l'habituelle épée courte à pommeau annulaire.

Durant plus de 1 000 ans, le peuple Sarmate joue un rôle politique et militaire important en Europe Centrale et Orientale. Tour à tour ennemis et auxiliaires de l'empire Romain, nombres d'entre eux se sont installés en Gaule et même en Grande-Bretagne.
- Les Aorses : Tribu Sarmate située à l'est du Don et jusqu'à la mer Caspienne.
- Les Lazyges : Tribu Sarmate située en premier lieu dans les plaines d'Ukraine occidentale puis en Hongrie
- Les Roxolans : Tribu Sarmate située en premier lieu dans les plaines d'Ukraine puis en « Moldavie-Valachie ».
- Les Siraques : tribu sarmate située au Caucase (Nord-Ouest)
Ammien Marcellin, Homme politique, militaire de haut rang et historien Romain nous parle des Sarmates lors de leur soumission par Constance II en 358 :
« Auguste passe alors l'hiver à Sirmium : Son repos y est troublé par des courriers qui lui apportent une fâcheuse nouvelle, celle de la jonction des Quades et des Sarmates.
Ces deux peuples, chez qui la proximité de territoire, et une similitude de mœurs et de manière de combattre, entretient une sorte d'intelligence, ravagent de concert, par petits détachements, les 2 Pannonies et la Haute Mésie.

Ils préfèrent la petite guerre aux batailles rangées. Portant de longues lances et des cuirasses de toile, sur lesquelles de petites lames de corne polie s'étagent à la façon des plumes sur le corps d'un oiseau.
Ces peuples n'emploient guère que des chevaux hongres, parce que ceux-ci ne s'emportent pas à la vue des cavales, et que, moins ardents que les étalons, ils sont moins sujets à hennir, et à trahir par là le secret des embuscades.
Les Sarmates peuvent, à l'aide de ces coursiers aussi rapides que dociles, franchir aisément les plus grandes distances, soit qu'ils fuient ou qu'ils poursuivent. Un cavalier en mène d'ordinaire un, quelquefois deux en laisse, et les monte alternativement, pour ménager leurs forces par cette succession de charge et d'allégement.

Dès l'équinoxe de printemps, Constance II se met en campagne à la tête d'un corps d'armée considérable, et sous les plus favorables auspices. Arrivé au bord de l'Ister, alors enflé par la fonte des neiges, il choisit le point le plus commode pour établir un pont de bateaux, passe le fleuve, et va porter le ravage sur les terres de l'ennemi.
Surpris de cette attaque, et se voyant face à une armée complète, dont ils ont cru la réunion impossible à cette époque de l'année, les Barbares ne peuvent tenir pied, et, sans même prendre haleine, se dérobent par la fuite à ce péril imprévu.
Il en périt plus d'un dont la terreur enchaîne les pas. Ceux qui doivent leur salut à la rapidité de leur course, et trouvent refuge dans les gorges de leurs montagnes, peuvent, de leurs retraites, contempler le désastre de leur patrie, désastre qu'ils auraient sans doute conjuré s'ils avaient déployé pour se défendre la même vigueur que pour s'enfuir.
Tel est l'aspect de l'expédition dans la partie du pays des Sarmates qui fait face à la Pannonie Inférieure. Une autre colonne, parcourant comme un tourbillon la Valérie, y dévaste avec non moins de fureur les possessions des Barbares, pillant ou incendiant tout ce qui se trouve sur son passage.
Cette immense désolation émeut enfin les Sarmates , ils renoncent à se cacher, et simulent des propositions de paix... Leur plan étant de profiter de la sécurité que doit inspirer cette démarche, et d'exécuter, en divisant leurs forces, une triple attaque assez brusque pour ne laisser la faculté ni de parer les coups, ni d'user de traits, ni même de recourir à la ressource extrême de la fuite.

Les Quades, font cause commune avec eux. Mais il faut se battre de front, et leur coup de main échoue, malgré l'audace et la célérité de leurs mesures.
On fait d'eux un grand carnage, et ce qui peut s'échapper n'y réussit qu'en gagnant des réduits connus d'eux seuls dans leurs montagnes.
Ce succès donne du cœur à nos troupes, qui marchent alors en colonnes serrées contre les Quades.
Ceux-ci jugeant, du sort qui les attend, se présentent en suppliants devant l'empereur, enhardis à cette démarche par la mansuétude dont il a souvent fait preuve en pareille occasion. Au jour fixé pour régler les conditions, Zizaïs, jeune Sarmate d'une taille avantageuse, issu du sang royal, arrive avec les siens qu'il fait ranger, pour présenter leur supplique dans le même ordre qu'à la bataille.
À l'aspect de l'empereur, il jette ses armes et se prosterne... On lui dit d'exposer sa demande... Il veut parler, la crainte étouffe sa voix, mais ses efforts visibles pour surmonter ses sanglots ont, pour toucher le cour, plus d'éloquence que les discours.
On le rassure, on l'engage à se relever, il reste à genoux, et, retrouvant enfin l'usage de la parole, il implore avec insistance le pardon et l'oubli de ses torts envers l'empereur. Alors sa suite, qui, dans une muette terreur, attend est admise à faire entendre sa prière, lui-même en se relevant en donne le signal... Tous, d'un mouvement simultané, jettent leurs boucliers et leurs traits, et, levant leurs mains jointes, s'efforcent de surpasser leur prince en démonstrations d'humilité.

Parmi les Sarmates amenés par Zizaïs, se trouvent 3 petits rois ses vassaux, Rumon, Zinafre et Fragilède, et plusieurs autres chefs qui l'ont suivi dans l'espoir d'obtenir la même faveur. Tous, se sentant ranimés par l'heureux succès des premières instances, demandent seulement à racheter par les conditions les plus dures le mal qu'ont causé leurs hostilités, et se mettent de grand cœur eux, leurs épouses et leur territoire, à la merci du gouvernement Romain. Mais la clémence et l'équité parlent plus haut. Il leur est ordonné de rentrer dans leurs foyers sans crainte, et de renvoyer leurs captifs. Ils livrent autant d'otages qu'on en demande, s'engageant à obtempérer à l'autre condition dans le plus bref délai.
Cette clémence a son effet. On voit accourir avec tous les leurs Araharius et Usafre, tous 2 du sang royal, guerriers d'élite, et les premiers parmi les notables de leur pays.
L'un est chef d'une fraction des Transjugitains et des Quades, l'autre, d'un parti de Sarmates étroitement unis aux premiers par les liens du voisinage et par une sauvage conformité d'habitudes.
En les voyant si nombreux, l'empereur craint que, sous prétexte de traiter, on n'ait l'intention d'en appeler aux armes. Il juge à propos de les séparer, et de tenir à quelque distance ceux qui ont à porter parole pour les Sarmates, jusqu'à ce qu'il ait terminé la négociation avec Araharius et les Quades.
Ceux-ci se présentent le corps plié en deux, suivant le cérémonial de leur pays. Nulle excuse ne peut être alléguée pour les atrocités dont ils se sont rendus coupables. Ils se soumettent donc, pour éviter de terribles représailles, à livrer les otages qu'on leur impose à eux dont on n'a jamais pu obtenir jusqu'alors la moindre garantie pour un traité...
Cet arrangement terminé à l'amiable, Usafre, à son tour, est admis à solliciter séparément son pardon. Mais Araharius se récrie, et soutient obstinément que le pacte qu'on vient de conclure avec lui profite implicitement à ce prince son allié, quoique son inférieur en rang, et son vassal.
On examine la question, et il est décidé que les Sarmates, de tout temps clients des Romains, ne sont sujets à aucune autre dépendance, et qu'ils sont séparément tenus de livrer des otages pour garantie de leur conduite à venir; ce qui est accepté par eux avec reconnaissance.

C'est alors une affluence infinie de peuplades et de rois qui arrivent à la file, et qui, apprenant qu'Araharius a obtenu sa grâce, viennent aussi nous supplier d'écarter le glaive suspendu sur leurs têtes.
La même faveur leur est octroyée, et ils offrent pour otages les enfants des premières familles, qu'ils font venir du fond de leur pays. Ils rendent aussi tous leurs prisonniers, et montrent autant d'affliction à se séparer de ceux-ci que de leurs compatriotes.
On reprend ensuite en considération le cas particulier du peuple Sarmate, qui paraît plus digne de pitié que de ressentiment. Notre intervention dans ses affaires est pour lui un bonheur incroyable, et cette circonstance semble vérifier l'opinion que le pouvoir du prince enchaîne les événements et dispose du sort. (Quel mansuétude on voit que c'est un historien Romain qui fait ce récit... Il manque l'autre son de cloche !)

Une race indigène, forte et puissante, a jadis eu la haute main dans ce pays, mais il éclate contre eux une conspiration de leurs esclaves, c'est la force qui fait le droit chez les Barbares. Les maîtres ont succomber sous des adversaires non moins énergiques et plus nombreux.
La peur met le trouble dans leurs conseils, ils s'enfuient dans le pays lointain des Victohales, préférant, dans le choix des maux, le joug de leurs défenseurs à celui de leurs propres esclaves.
Quand ceux-ci sont reçus par les Romains, les Sarmates se plaignent de la sujétion que le malheur leur a fait accepter, et réclament notre protection directe. L'empereur, touché de leurs peines, leur adresse en présence de toute l'armée de bienveillantes paroles, leur enjoignant de n'obéir qu'à lui seul et aux généraux Romains.
Pour sanctionner leur réhabilitation comme peuple par un acte solennel, il leur donne pour roi Zizaïs.

On se porte ensuite sur Bregetium. Les Quades exercent dans ce canton un reste d'hostilité qu'on veut éteindre dans le sang ou dans les larmes.
À la vue de notre armée, déjà parvenue au cœur du pays, et dont le pied foule leur sol natal, Vitrodore, fils du roi Viduaire, et Agilimunde, son vassal, accompagnés des chefs ou juges de diverses tribus, viennent se prosterner devant nos soldats, et jurent sur l'épée nue, seule divinité reconnue par ce peuple, de nous garder fidélité.

Ce n'est pas tout les brillants résultats qu'on vient d'obtenir, les raisons d'utilité et de morale exigent encore que l'on marche sans perdre de temps contre les Limigantes, les esclaves révoltés des Sarmates, et qu'il soit fait justice de tous les griefs qui s’élèvent contre eux.

Le rapide Parthisque, borde d'un côté les Limigantes, et, court obliquement se jeter dans le Danube, où il forme du pays une espèce d'enclave allongée et terminée en pointe, que protège contre les Romains le fleuve principal, et qui oppose dans son affluent une forte barrière aux incursions Barbares.
Le sol de cette péninsule, fréquemment détrempé par les débordements des 2 rivières, est humide, marécageux, et il faut une parfaite connaissance des localités pour se guider sûrement au travers des forêts de saules dont elle est couverte.
Une île, détachée de ce continent par la violence des eaux du Danube, y fait annexe un peu au-dessus du confluent.
Les Limigantes, sur l'appel de Constance II, passent fièrement de notre côté du fleuve.
Comme la suite le fait voir, ce n'est pas chez eux un acte de déférence, ils tiennent à montrer que l'aspect de notre force militaire ne leur en impose point. Ils nous bravent par leur contenance...
Constance II pressentant ce qui peut arriver, divise l'armée en plusieurs corps, et pendant que les Barbares avancent d'un air d'audace, il les fait envelopper avant qu'ils s'en soient aperçus.
Placé lui-même, avec une suite peu nombreuse, sur un tertre d'ailleurs bien entouré de sa garde, il tente de les engager, par de douces paroles, à se montrer moins récalcitrants.
Ceux-ci se consultent, et semblent flotter entre divers partis... Mais tout à coup, cachant la violence sous la ruse, et pensant qu'un simulacre d'humilité est un moyen avantageux d'en venir aux mains, ils jettent au loin devant eux leurs boucliers, puis s'avancent insensiblement pour les reprendre, espérant ainsi gagner du terrain sans qu'il y paraisse.
Cependant le jour déjà baissant conseille de couper court à cette indécision. On lève les enseignes, et les Romains abordent l'ennemi avec la fureur d'un incendie.
De leur côté, les Limigantes serrent leurs rangs, et se précipitent en masse compacte vers le tertre le menaçant du geste et de la voix.
L'indignation de l'armée éclate à cet excès d'audace : En un clin d’œil elle adopte l'ordre de bataille triangulaire appelé, dans l'argot des soldats, tête de porc, fond sur l'ennemi, et le culbute... À la droite l'infanterie fait un grand carnage de leurs gens de pied, tandis qu'à la gauche les escadrons enfoncent leur cavalerie.

La cohorte prétorienne préposée à la garde du prince a d'abord vaillamment soutenu l'attaque, elle n'a bientôt plus qu'à prendre à dos les fuyards.
Les Barbares montrent même en succombant un acharnement invincible, et leurs cris de rage disent assez que le plus pénible pour eux n'est pas de mourir, mais de voir la joie de leurs vainqueurs.
Outre les morts, le champ de bataille est jonché de malheureux à qui leurs jarrets coupés ôtent le pouvoir de fuir, ou qui ont perdu quelque membre, ou qui, épargnés par le fer, étouffent, renversés sous des monceaux de cadavres.
Nul, parmi tous ceux qui endurent l'un de ces genres de torture, ne demande quartier, ne rend les armes, n'implore même le bienfait d'une mort plus prompte.
Serrant encore le fer de leur main mourante, ils trouvent moins de honte à succomber qu'à se déclarer vaincus. Le sort, murmurent-ils, et non la bravoure, a décidé de tout. Le massacre de tant d'ennemis a pris à peine une demi-heure...
Immédiatement après cette vigoureuse exécution sur la population armée, les familles de ceux qui ont péri sont tirées hors des cabanes, sans distinction d'âge ni de sexe.
Ce n'est plus l'orgueil superbe d'autrefois, on descend alors aux soumissions les plus humiliantes. En un instant on ne voit plus que monceaux de cadavres et bandes de captifs...
L'ardeur de combattre, l'avidité du butin se réveillent alors dans la troupe, elle veut exterminer tout ce qui a fui du champ de bataille, ou s'est tenu caché au fond des chaumières. Altéré du sang des Barbares, le soldat court aux habitations, renverse leurs toits fragiles, et massacre tout ce qu'il y rencontre. Nul ne trouve d'abri dans sa maison, si solidement qu'elle soit construite.
Pour en finir on a recours au feu, et tout refuge devient impossible...
Alors il n'y a plus que le choix de se laisser brûler ou de périr par le fer ennemi, en fuyant ce genre de supplice.
Quelques-uns cependant, échappés au glaive et aux flammes, se jettent dans le fleuve voisin, comptant sur leur adresse à nager pour gagner l'autre rive...
Ils se noient pour la plupart, et les traits en atteignent un grand nombre. L'eau du vaste fleuve est bientôt rouge du sang de ce peuple, que deux éléments semblent conspirer à détruire avec le fer des vainqueurs. On ne s'en tient pas encore là.
Pour ôter aux Barbares jusqu'à l'espérance d'avoir la vie sauve après l'incendie de leurs demeures et l'enlèvement de leurs familles, on rassemble tout ce qu'ils possèdent de barques, pour aller à la recherche de ceux que le fleuve sépare de nous.
Conduite avec mystère, une troupe de vélites y prend place, et pénètre par ce moyen dans les retraites des Sarmates.
Ceux-ci, à la forme connue des embarcations, mues par des rameurs de leur pays, croient d'abord n'avoir affaire qu'à des compatriotes; mais le fer des javelots, qui brille, de loin, leur révèle l'approche de ce qu'ils redoutent le plus. Ils s'enfuient dans leurs marais, où ils sont suivis par nos soldats, qui en tuent un grand nombre, et, dans cette occasion, savent combattre et vaincre sur un sol où il semble qu'on ne peut pas même tenir pied.
Les Acimicences (nom de cette tribu) totalement détruits ou dispersés, on marche sans délai contre les Pincences, ainsi nommés de la contrée qu'ils avoisinent. Ceux-ci n'ignorant pas le désastre de leurs compatriotes. Cette peuplade est dispersée sur un vaste territoire, où il est difficile d'aller la chercher, dans l'ignorance où nous étions des routes. On emprunte donc pour la dompter le secours des Taïfales et des Sarmates libres...
Le plan d'opération est réglé d'après les positions respectives, les Romains attaquant l'ennemi par la Mésie, et les alliés occupant chacun la partie de la contrée qui lui faisait face.
Ils ont vécu quelque temps en paix dans cette condition, mais leur férocité naturelle, prenant bientôt le dessus, les a poussé, par des forfaits nouveaux, à mériter enfin leur destruction entière. »

L'empereur couronne cette série de succès en donnant à l'Illyrie un double gage de sécurité. L'idée lui en appartient, et il a l'honneur de l'accomplir.
C'est la rentrée en possession de son pays d'un peuple d'exilés, dont le caractère mobile peut à la vérité inspirer quelques craintes, mais dont il est en droit d'attendre plus de circonspection à l'avenir.
Et, pour rehausser encore ce bienfait, il lui a donné pour roi, non pas un inconnu, mais l'homme de son choix, un prince du sang royal, non moins remarquable par ses avantages extérieurs que par les qualités de son esprit...

« Fidèles soutiens de la puissance Romaine, les souvenirs de gloire, je le sais, sont pour les cœurs courageux la plus douce des jouissances. Je veux donc, puisque la protection d'en haut nous a donné la victoire, passer en revue devant vous, sans que la modestie en soit blessée, ce que chacun de nous a fait avant la bataille et pendant la chaleur de l'action.
Quoi de plus légitime, en effet, de moins suspect aux yeux de la postérité, que ce loyal témoignage que se rendent à eux-mêmes, après le succès, et le soldat de sa bravoure, et le chef de sa bonne direction ? »

« L'ennemi déchaîné désole l'Illyrie, et, dans sa jactance effrénée, insultant à notre absence, commandée par le salut de l'Italie et de la Gaule, il étend bientôt ses ravages jusqu'au- delà de nos frontières. S'abandonnant sur des troncs d'arbres creusés, il franchit ainsi les fleuves, ou les passe à gué. Mal armé, sans force réelle, et incapable de lutter contre une troupe régulière, il s'est fait craindre de tout temps par l'audace de ses brigandages imprévus, et son adresse singulière à se rendre insaisissable... Trop éloignés du théâtre du mal, nous avons dû longtemps nous en reposer sur nos généraux du soin d'en réprimer l'excès, mais il s'est accru par l'impunité jusqu'à devenir une sorte de dévastation organisée de nos provinces. C'est alors qu'après avoir fortifié les accès de la Rhétie, pourvu d'une manière efficace à la sûreté des provinces de la Gaule, tranquilles désormais sur nos arrières, nous sommes venus, avec l'aide de Dieu, rétablir l'ordre dans les Pannonies. Tout était prêt, vous le savez, dès avant la fin du printemps, pour aborder de front les difficultés d'une telle campagne. Et d'abord il a fallu protéger contre un orage de traits la construction des ponts qui nous sont nécessaires. Cet obstacle est bientôt vaincu, et déjà nous foulons du pied le sol ennemi. Une partie des Sarmates s'obstine à combattre, il nous en a peu coûté pour lui faire mordre la poussière... Les Quades, qui prétendent les secourir, viennent avec la même fureur fondre sur nos braves légions, et sont pareillement écrasés. Enfin, des pertes énormes essuyées, soit en fuyant devant nos coups, soit en s'efforçant de nous faire tête, leur ont donné la mesure de la valeur Romaine. Ils ont compris que pour eux l'unique voie de salut est la prière. Ils ont mis bas les armes, offert aux liens de l'esclavage ces mains qui ont tenu le fer, et sont venus se jeter aux pieds de votre empereur, implorant la clémence de celui. dont ils ont éprouvé la fortune dans les batailles.
Débarrassés de ces ennemis, nous avons abattu non moins glorieusement les Limigantes. Un grand nombre de leurs guerriers est tombé sous nos coups, le reste a cherché contre la mort un refuge dans ses marécages.
Notre triomphe est complet : C'est le tour de la clémence.
Les Limigantes ont été forcés d'émigrer assez loin pour ne pouvoir désormais rien entreprendre contre nous. À cette condition, nous avons fait grâce au plus grand nombre. Zizaïs, un allié fidèle et dévoué, va régner sur les Sarmates libres. Ils auront un roi de notre main, c'est mieux que de leur en ôter un, et, ce qui ajoute à l'éclat de son avènement, c'est qu'il est l'homme du choix de ses peuples, le chef qu'eux-mêmes ils ont élu.
Cette seule campagne a produit quatre résultats heureux, pour vous, pour moi, et pour la chose publique. Justice a été faite des plus dangereux de tous les brigands, voilà pour l'État. Une multitude de captifs vous est échue en partage, et pour des braves c'est déjà beaucoup de la récompense conquise par leurs sueurs et par leurs exploits.
Mais il me reste encore dans mon trésor d'amples moyens de m'acquitter envers vous. Quant à moi, j'ai réussi, par mes veilles et mes efforts, à assurer à tous mes sujets l'intégrité de leur patrimoine. C'est où tendent tous les vœux, où se résume toute l'ambition d'un bon prince.
Enfin j'ai personnellement reçu ma part des dépouilles, dans cette glorieuse réitération du nom de Sarmatique, que vous m'avez unanimement, et, j'ose le dire, justement décerné. »... Contance II

Des acclamations extraordinaires accueillent la fin de ce discours; et le soldat, dont l'enthousiasme s'enflamme par la promesse de récompenses ultérieures, regagne ses tentes en prenant, suivant la formule consacrée, le ciel à témoin que Constance II est invincible. De retour au quartier impérial, le prince y prend 2 jours de repos, et revient à Sirmium dans tout l'appareil d'une pompe triomphale. L'armée ensuite rentre dans ses cantonnements...
Repoussés des frontières immédiates, les Sarmates ne tardent pas à revenir à l'attaque, dès l'année suivante. Écoutons, à nouveau, Ammiens Marcellin :
« Malgré tous ses sujets d'inquiétude, Constance hiverne tranquillement à Sirmium, quand son repos est troublé par une nouvelle des plus alarmantes. Ces Sarmates Limigantes, usurpateurs, du domaine héréditaire de leurs maîtres, et que la politique Romaine a, une année auparavant, relégués au loin pour les mettre hors d'état de nuire, vient de donner une preuve nouvelle de leur inquiète disposition. Ils se sont éloignés peu à peu des régions qu'on leur a assignées pour demeure, et déjà se montrent sur nos frontières, se livrant à leurs habitudes de rapine avec un redoublement d'audace qu'il est urgent de réprimer.
L'empereur comprenant que tout retardement ne fera qu'accroître leur insolence. Il réunit à la hâte ce qu'il a de meilleures troupes, et se met en campagne aux premiers jours du printemps. Il a deux grands motifs de confiance d'un côté, la cupidité du soldat, exaltée par les riches dépouilles remportées de la guerre précédente, lui est garante de nouveaux efforts dans celle qui va s'ouvrir, et l’approvisionnement de l'armée, se troue, grâce aux soins d'Anatolius, préfet d'Illyrie, pourvue à l'avance de toutes choses, sans recourir à aucun moyen vexatoire.

Il est constant, en effet, que nulle autre administration, avant la sienne, n'a répandu autant de bienfaits sur nos provinces du nord. Corrigeant les abus d'une main ferme à la fois et prudente, Anatolius a pris, avec un courage qui l'honore, l'initiative d'une réduction des impôts. Il allège la charge énorme des transports publics, qui rend tant de maisons désertes, ainsi que les contributions sur les personnes et les biens : C'est assoupir bien des germes d'irritation et de plaintes. (Notre gouvernement lui n'ayant pas compris cela continue à asphyxier les Français par des impôts des taxes et autres prélèvements)
Enfin tout ce pays serait maintenant heureux et paisible, si plus tard, et sous les noms les plus abhorrés, le régime d'exaction ne soit reparu, aggravé comme à l'envi par les agents de la perception, et par les contribuables, répartiteurs eux-mêmes : Ceux-ci cherchant, par l'exagération de leurs offres, à se faire bien voir près des puissances.
Ceux-là ne voyant que dans la ruine de tous le moyen de s'assurer le fruit de leurs rapines.
À l'état de prospérité on voit bientôt succéder les expropriations et les suicides.

Pressé de couper court aux maux de l'invasion, l'empereur part donc à la tête d'une force imposante, et se porte vers cette fraction de la Pannonie, récemment constituée en province distincte sous Dioclétien, et qui, en l'honneur de sa fille, a reçu le nom de Valérie... Là sa tente est plantée sur les bords de l'Ister, et il se met à observer les mouvements des Barbares.
Ceux-ci se sont flattés de devancer sa marche en Pannonie, et, en pénétrant dans le pays au cœur de l'hiver sous le prétexte de l'alliance, de la ravager d'un coup de main, pendant que la glace du fleuve, résistant aux premières influences du printemps, ne permet que difficilement à nos troupes de tenir campagne.
Constance commence par députer aux Limigantes 2 tribuns accompagnés chacun d'un interprète, pour leur demander sans aigreur à quel propos ces courses vagabondes, et cette violation du territoire au mépris des traités, au mépris d'une paix implorée et jurée...
Ce message leur en impose. Ils s'épuisent d'abord en vains prétextes, et finissent par demander grâce, implorant, avec l'oubli de ce nouveau tort, la permission de passer le fleuve, et de venir exposer à l'empereur le tableau de leurs misères. Ils sont prêts, s'il le trouve bon, d'aller se fixer dans quelque district lointain de la circonscription de l'empire, désormais voués au culte de la paix comme à celui d'une divinité bienfaisante, et acceptant le titre et la condition de sujets.
Ces propositions, rapportées à Constance II par les tribuns, comblent son cœur de la joie la plus vive. Il se
voit, sans conflit, débarrassé d'une de ses préoccupations les plus sérieuses. Le sentiment de l'avarice, fomenté par les cris de sa cohorte de flatteurs, trouve aussi son compte à cet arrangement. C'est en finir, dit-on, avec la guerre extérieure, la paix va être assurée partout, on y gagne un accroissement de population considérable, un vivier de recrutement, enfin un soulagement pour les provinces, toujours empressées, par une transaction trop souvent préjudiciable à la chose publique, de racheter au prix de l'or l'impôt du sang...

Constance campe près d'Acimincum, et y fait élever un tertre en forme de tribunal. Un certain nombre de barques, montées d'hommes armés à la légère, doit se tenir en observation aussi près que possible du rivage, afin de prendre à dos les Barbares, à la moindre démonstration hostile. C'est un conseil de l'ingénieur Innocentius, qui a le commandement de ce plan.
Ces dispositions n'échappent pas aux Limigantes, mais ils n'en gardent pas moins leur attitude de suppliants, qui sert de masque à des intentions d'une autre nature.
L'empereur médite l'allocution la plus adoucie, et se prépare à les traiter en hommes qui se repentent, quand l'un d'eux tout à coup lance avec fureur sa chaussure contre le tribunal, en vociférant le mot « Marha, Marha », qui est leur cri de guerre. Toute la multitude, à ce signal, redresse ses enseignes, et se précipite vers le prince avec des hurlements de bêtes féroces.
Lui, qui de sa position dominante voit ce formidable tourbillon se répandre par toute la plaine, et toutes ces épées, tous ces dards se tourner contre lui, juge qu'il n'y a pas un moment à perdre, et, profitant de la cohue pour cacher son rang, s'élance sur un cheval, et s'enfuit à toute bride.
Le faible groupe qui le défend est taillé en pièces, ou culbuté et foulé aux pieds par les masses auxquelles il essaie de faire face. Le siège impérial et le coussin de brocard qui le couvre sont à l'instant mis en morceaux.
Le bruit aussitôt se répand que l'empereur a failli périr, et que sa vie est encore menacée. L'ardeur du soldat, qui ne le sait pas hors de danger, s'exalte à l'idée de sauver son prince. Il pousse des cris de rage, et, à peine armé, fond sur l'ennemi, qui se bat en désespéré.
Impatients de venger l'affront fait à leur empereur, les soldats ne font aucun quartier: Morts, mourants ou sans blessures, tout est foulé aux pieds, il ne faut pas moins que des monceaux de cadavres pour assouvir leur courroux...
Les Limigantes sont tous tués sur place, ou dispersés au loin encore, parmi ces derniers, ceux qui fondent le vain espoir sur leurs prières n'en sont pas moins percés de coups. La retraite ne sonne qu'après leur destruction complète. On peut alors reconnaître nos pertes, qui sont peu considérables. Nous n'avons à regretter que ceux des nôtres qu'a surpris le premier choc, ou qui sont tombés victimes de leur précipitation à s'exposer à demi nus.

Le coup le plus sensible pour nous est la mort du tribun des scutaires Cella, qui s'est, dès le commencement de l'action, jeté au milieu des Sarmates. »
Constance II, par cette vigoureuse exécution, tire vengeance d'un ennemi perfide, et assure l'intégrité de nos frontières.
Il revient ensuite à Sirmium, d'où il se rend à Constantinople, après avoir pris à la hâte les mesures commandées par l'état critique des affaires. Placé là presque au seuil de l'Orient, il se trouve à portée de remédier au désastre d'Amida et de recruter son armée, pour opposer enfin une force égale aux armements du roi de Perse, car, à moins que la Providence n'intervienne, ce dernier va indubitablement reporter la guerre en Mésopotamie et au- delà...

358 — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/358
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Tome Onzieme, contenant l'Histoire Romaine depuis la translation du ...
https://books.google.fr/books?id=ocFdAAAAcAAJ
1750
Les Sarmate:2 réduits a::spoi: arméent leurs Esclaves, & par : ce moyen remportérent ... possessions pār les Romains l'an 358, après l'expulsion des Limigantes (d). Cette année Eusébe, Evêque de Césarée, prononça devant Confiantin fa ...

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