12
MAI 2016...
Cette
page concerne l'année 362 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
DES
MARTYRS EN LORRAINE.
Une
céphalophorie est un épisode où un personnage, généralement un
saint dit céphalophore, du grec képhalê (tête) et phorein
(porter), est un épisode où un personnage décapité se relève et
prend sa tête entre les mains avant de se mettre en marche. Le
personnage lui-même s'appelle céphalophore. Ce terme céphalophore
a été utilisé pour la première fois par Marcel Hébert, dans son
article « Les martyrs céphalophores Euchaire, Elophe et
Libaire », Revue de l'Université de Bruxelles, v. 19 (1914).
Depuis ce terme a été repris par les pays anglo-saxons.
Les
céphalophores semblent suivre un schéma pour leurs déplacements.
Souvent, ils traversent ou suivent une rivière, un cours d'eau ou un
lac. À l'endroit où ils entrent dans l'eau, ou dans une source
proche, ils y lavent leur tête.
Une
trace de ce passage sera laissée dans le paysage, ils posent la tête
parfois sur une pierre qui reste marquée de leur sang, ou alors leur
pas (ou genou) reste gravé dans la pierre... Ensuite, ils gagnent un
lieu élevé, comme une colline, où ils trouvent le repos éternel...
Souvent, une église, une cathédrale ou une chapelle est bâtie à
cet endroit en leur mémoire. Ce schéma est par exemple suivi par
Saint Denis, Saint Wyllow et Saint Gohard de Nantes.
Dans
la littérature Grecque antique, toute une discussion se fait autour
de la crédibilité des têtes parlantes que l'on retrouve dans la
mythologie Grecque. Cette discussion est, entre autres, lancée par
Aristote qui chante la tête d'Orphée et de Homère qui semblent
encore parler.
Cette
discussion est reprise dans le « De Bello Troiano » de
Joseph d'Exeter (XIIe siècle) : Hector agite la tête de
Patrocle, qui susurre « Ultor ubi Aeacides » (« où
est Achille mon vengeur ? »). On ne peut pas encore parler
de céphalophorie...
Dans
la Divine Comédie de Dante, Bertrand de Born est décapité au 8e
cercle de l'Enfer, mais il tient sa tête par les cheveux. On ne peut
donc pas parler de céphalophorie.
Dans
Sire Gauvain et le Chevalier vert, roman de chevalerie du
XVIe siècle, le chevalier vert est un céphalophore.
Il
est un petit village Lorrain de la plaine des Vosges qui, au IVe
siècle, est une brillante cité Gallo Romaine : Il s’agit de
Grand, située au point de convergence de 7 voies romaines disposées
en étoile. L’empereur Constantin y a fait construire le plus beau
des temples où l’on vient de fort loin rendre un culte à Apollon.
Des
milliers de pèlerins se pressent dans les rues de la ville et les
abords des thermes sont noirs de monde. Une mare sacrée, jadis
dédiée à Grannus (dieu Celte lié aux sources et au soleil) l’est
maintenant à Apollon, son pendant Romain. Les pèlerins peuvent s’y
livrer au rite d’incubation, il leur indique comment recouvrer la
santé. On voit passer des taureaux blancs destinés aux sacrifices,
les combats de gladiateurs et de fauves sont très courus, l’immense
basilique servant à la fois de forum, de bourse de commerce et de
tribunal est également très fréquentée. Il est rassurant
d’entendre les sabots des chevaux et de voir briller dans le soleil
la cuirasse des soldats. Ainsi, l’ordre règne malgré une foule
impressionnante. Dans cette cité si animée vit une noble famille...
Les parents, Baccius et Lientrude, élèvent leurs 7 enfants, en
veillant à leur donner une solide éducation chrétienne. Leur
charité infatigable n’a d’égale que leur amour du Seigneur.
Mais quelle est la situation des chrétiens à cette époque ?
SAINTE LIBAIRE |
Depuis
l’édit de Milan, en 313, l’Église a obtenu droit de cité dans
tout l’empire et la foi chrétienne a fait reculer le paganisme.
Dans l’opulente ville de Grand vivent de nombreux fidèles et des
prêtres. Leur influence va grandissant, elle inquiète les autorités
Romaines.
En
355, une nouvelle invasion de Francs et d’Alamans met à sac les
villes de Bonn et de Cologne. Julien, nommé César par l’empereur
Constance II, rétablit la situation brillamment, ce qui le rend très
populaire en Gaule. Non seulement il remporte des victoires
militaires mais il a une réputation d’humanité et d’équité.
On dit qu’il a étudié avec Saint Basile mais il n’est pas
chrétien. Lorsqu’il est proclamé empereur en 360 à la mort de
Constance II, on ne tarde pas à lui donner le surnom de Julien
l’Apostat mais il ne sera pas directement responsable des futures
persécutions.
Celles ci
seront plutôt l’œuvre de procurateurs zélés, soucieux
d’avancement et désireux de restaurer le paganisme concurrencé
par les communautés chrétiennes de plus en plus nombreuses et
influentes s’installant de préférence dans les grandes villes.
C’est
dans la dernière année de ce règne si court que les aînés de
Baccius et de Lientrude deviennent les premiers martyrs de cette
contrée des Leuques : Euchaire dirige avec compétence et
habileté les écoles de Toul, une ville proche de Grand. C’est un
évêque itinérant d’une grande piété, il est ardent, intrépide
et son influence est grande dans la région. Il est arrêté sur la
voie romaine menant à Scarpone par des soldats de Julien l’Apostat
et condamné à être décapité avec ses compagnons... Le lieu de
leur martyre, au confluent de la Meurthe et de la Moselle, est appelé
« le Haut Font de Saint Euchaire » mais aussi « Le champ des
tombes » car il s’agit d’un cimetière très ancien (des
fouilles archéologiques en témoignent) et très grand.
En
ce 22 octobre 362, environ 2 000 chrétiens sont décapités.
Euchaire
se lève en tenant dans ses mains sa tête ensanglantée. Il suit la
vallée de la Moselle et gravit la colline conduisant aux portes de
la ville de Liverdun. Là, il pose son fardeau sur une pierre et
s’affaisse.
Ses
fidèles l’ensevelissent à cet endroit où l’on peut voir une
croix de pierre aujourd’hui encore. Plus tard, il sera inhumé dans
un somptueux tombeau dans l’église de Liverdun.
Les
corps des autres martyrs, ses compagnons, sont inhumés sur place.
Modèle d’évêque, Euchaire sera vénéré par Saint Mansuy,
premier évêque de Toul et ses successeurs.
TOMBE DE SAINT EUCHAIRE |
De
nombreux miracles se produisent sur son tombeau : Des sourds, des
aveugles, des muets et aussi des possédés y ont recouvré la santé.
Grâce
à son intercession, les habitants de Liverdun ont été épargnés
par les hordes de Vandales et de Huns qui, venus d’Allemagne, ont
semé la terreur dans toute la région.
Ceci
a été consigné comme un miracle par le roi de France et
d’Austrasie. En ce même mois d’octobre, son frère Elophe et sa
sœur Libaire vont subir à leur tour le martyre...
Elophe
proclame sa foi en public à Grand et à Soulosse, une ville proche.
Il suscite de nombreuses conversions et n’hésite pas à détruire
les idoles païennes en présence d’une grande foule.
Bien
sûr, il refuse d’abjurer, il est emprisonné et subit la
décapitation dans une prairie, devant un grand nombre de personnes.
Aussitôt
des malades sont guéris !!!
Lui
aussi, comme son frère, se dirige vers le sommet d’une petite
colline en portant sa tête. Il s’immobilise enfin en s’asseyant
sur une grosse pierre sur laquelle il laissera une empreinte incurvée
: Ce lieu est toujours fréquenté par les pèlerins et, dès la mort
du Saint, il s’y est produit nombre de miracles.
Sainte
Libaire, leur sœur, est une bergère. Elle mène souvent paître ses
moutons dans les landes autour de Grand, là où ne prospèrent guère
que les genévriers.
Arrêtée
et sommée d’adorer une statuette d’or d’Apollon, la sainte
refuse, frappe la statue de sa quenouille qui, miracle, est aussitôt
réduite en miettes ! Comme ses frères, Libaire est décapitée sur
la voie romaine en direction de Soulosse.
Ses
amis l’enterrent avec honneur aux portes de la ville. Leur sœur,
la future Sainte Menne, a mené une vie de religieuse érémitique
toute sa vie, en Champagne et en Lorraine.
Les
autres sœurs de nos martyrs ont toutes été des saintes et les
dates de leur naissance au Ciel s’échelonnent au cours du mois
d’octobre.
Élophe,
en latin Eliphius, parfois écrit en français Éloffe, Éliphe ou
plus rarement Alophe est un saint Lotharingien et Lorrain, éponyme
du village de Saint-Élophe où ce diacre a été enseveli, après
avoir subi le martyre de la décapitation sur les bords du Vair le 16
octobre 362 à Solimariaca. La chapelle Sainte Epaïotte préserve sa
mémoire, alors que cette chapelle est dédiée à l'origine à
Sainte Libaire, sœur d'Elophe qui est qualifié de Saint Denis des
Lorrains.
Le
martyrologe romain le mentionne à la date du 16 octobre, situant son
martyre à Cologne et en fait une victime de Julien
SAINT EUCHAIRE |
Jacques
de Voragine dans sa Légende Dorée, nous livre son hagiographie
telle qu'elle est perçue à l'époque médiévale. Il est regardé
comme le premier martyre Lorrain. Au IVe siècle, l'empereur
Julien passe en Lorraine pour le grand persécuteur des martyrs
locaux. La visite de Julien l'Apostat, rapportée dans son
hagiographie est probablement légendaire. Pourtant ni les
persécutions de Julien ni celles de Dioclétien (auxquelles
renvoient d'autres textes) n'ont touché massivement les chrétiens
de Gaule. Si Élophe a réellement connu, à date ancienne, une mort
assimilable au martyre, il faut voir en lui une victime des violentes
guerres intestines en Gaule septentrionale, voire des attaques
Franques ou Alamanes, à moins qu'il n'ait été assassiné par de
quelconques brigands.
C'est
l'hagiographe anonyme qui place le martyre sous l'empereur Julien,
venu d'Italie, nous dit-il, exprès pour rétablir le culte des
idoles en Gaule. Au pays des Leuques, il apprend l'existence d'une
famille chrétienne de grande réputation : Élophe, son frère
aîné Saint Euchaire et leurs trois sœurs : Sainte Menne,
Sainte Libaire et Sainte Suzanne.
Un
peu plus tard la Vie de Sainte Menne ajoute 2 sœurs de plus :
Ode et Gontrude et nous livre le nom de leurs parents : Baccius
et Lientrude.
Julien
commence par faire emprisonner 33 chrétiens (dont Élophe) qui sont
miraculeusement délivrés. Élophe se rend à Toul pour assister à
la mort de sa vieille mère Lientrude et pour l'enterrer à
Remiremont, il convertit à Toul 226 personnes puis revient à Grand
où il prêche la foi catholique, en attaquant simultanément les
païens et les Juifs.
Ces
derniers vont se plaindre à Julien qui arrête le saint sur les
bords du Vair, lui fait subir un interrogatoire et le somme de
sacrifier aux idoles. Sur son refus obstiné et après de longues
discussions, il le condamne à être décapité.
L'histoire
s'achève en céphalophorie : Élophe ramasse sa tête et la
porte au sommet de la colline qui depuis a pris son nom. Il s'assied
sur une pierre qui se creuse pour lui former un siège et, selon une
version encore plus tardive de la légende, sa tête coupée prononce
un dernier sermon. La légende dit qu'il a marché sur mille pas, et
qu'il a lavé sa tête dans l'eau d'une source avant de la porter.
Une
légende prête un fait analogue à Sainte Libaire, la sœur d'
Élophe qui lave sa tête couverte de sang . Ce trait des
céphalophories est suffisamment répandu pour qu'on puisse y voir
autre chose que de simples coïncidences. « Tous les détails
de cette légende ne sont donc pas fortuits, mais volontaires et
placés à des fins apologétiques » Christian Montésinos,
ajoute que la décapitation alliée au lavage de la tête sont des
allusions baptismales. La source, la fontaine, ou la rivière sont la
marque d'un second baptême, conférant au saint des pouvoirs
thaumaturgiques.
Il
y est enfin enseveli et une chapelle (future église paroissiale) est
élevée sur son tombeau. C'est là qu'apparemment Saint Gérard
vient chercher au Xe siècle les restes du martyr pour les
transférer à Cologne.
Comme
elle se regroupe dans l'espace, la famille d'Élophe se regroupe dans
le temps consacré : Tous ont leur fête au mois d'octobre, sauf
Ode dont on garde souvenir le 16 février. Même la céphalophorie a
été contagieuse : Euchaire et Libaire, tous deux morts
décapités, ont, comme Élophe, porté leur tête jusqu'aux lieux
qu'ils ont choisi pour sépulture.
Comme
le remarquent les bénédictins de Paris, il faudrait une
connaissance approfondie des communautés de clercs de cette région
aux IXe et Xe siècles pour comprendre où et dans quelles
conditions s'est constitué ce cycle de légendes.
À
Saint-Élophe même, le martyr est l'objet d'un pèlerinage encore
très fréquenté au XIXe siècle. Le site a été saccagé au
moins 2 fois :
En
1587 par les protestants, En 1633 par les Suédois, mais à chaque
fois les reliques ont été préservées.
L'église
possède toujours un sarcophage antique censé être son tombeau et
une statuette vénérée qui remonte au XVIe siècle.
Les
nombreuses hagiographies paroissiales des curés qui mentionnent une
telle année, ou parfois des années antérieures pour Saint Élophe,
sont aujourd'hui sujettes à caution. Mais il est avéré que la
période entre 356 et 362 est une période de guerre. Elle compte les
7 campagnes de Julien d'abord en Gaule du Nord puis en Germanie
contre les Barbares.
Si
les historiens actuels dénient, contrairement à l'historiographie
religieuse ancienne, que le règne de Julien ait apporté des
persécutions chrétiennes d'ampleur exceptionnelle, il est possible
de cumuler sur ces périodes plusieurs massacres faisant plus de 2
200 victimes chrétiennes désarmées ainsi que le mentionne la
tradition de Pompey.
Saint
EUCHAIRE, Saint ELOPHE et Sainte LIBAIRE | Synaxaire
www.apostolia.eu/fr/articol_1339/saint-euchaire-saint-elophe-et-sainte-libaire.html
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mars 2013 - Saint EUCHAIRE, Saint ELOPHE et Sainte LIBAIRE ... C'est
dans la dernière année de ce règne si court que les aînés de
Baccius et de Lientrude ... En ce 22 octobre 362, environ deux mille
chrétiens sont décapités. Euchaire ...
LA
CÔTE SAINT-ELOPHE - Châteaux-forts et abbayes de Lorraine et ...
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29
oct. 2015 - Saint ELOPHE est fêté le 16 octobre, Sainte MENNE le 3,
Sainte ... le 6, Sainte LIBAIRE le 7 Sainte SUZANNE le 11, Saint
EUCHAIRE le 22.
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