21 AVRIL2016...
Cette
page concerne l'année 383 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
LE POÈTE AUSONE.
Ici
naît le grand vignoble Gallo-Romain de L’Aquitaine. Le poète,
consul et viticulteur latin Decimus Magnus Ausone, a installé une de
ses villas sur le territoire des Graves : « Pagus
Novarrus » à Mérignac. C’est Ausone qui a chanté ainsi sa
ville natale :
« O Bordeaux, ma patrie célèbre par ses vins … »
« O Bordeaux, ma patrie célèbre par ses vins … »
« …
Toi qu’illustrent tes vins et tes fleurs … »
Ausone
ou Decius ou Decimus Magnus Ausonius, est né en Aquitaine soit à
Bazas (Gironde) soit à Burdigala (actuelle Bordeaux) en 309/310 et
mort en 394/395 dans la villa paternelle située dans le vignoble
Bordelais entre Langon et La Réole où il s'est retiré à la mort
de son protecteur, l'empereur Gratien. Professeur et conseiller
politique du Bas-Empire Romain. Son père, Jules Ausone (287-377),
est médecin, préfet d'Illyrie et archiatre (premier médecin) de
Valentinien Ier.
Ausone
est surtout renommé par son statut littéraire : Poète de
langue latine, ce fin lettré du Bas Empire Occidental est l'auteur
de 20 livres en latin. Mais la littérature Française le tient pour
le premier représentant d'une longue tradition, celle des lettres
latines de France et de l'usage du latin moderne dans ce pays jusqu'à
nos jours.
Il
fait ses études d'abord à Bordeaux (Burdigala ou Burdigalia), puis
à Toulouse (Tolosa) sous la direction de son grand-oncle paternel
Aemilius Magnus Arborius, lettré né dans la province Lyonnaise et
cultivant des origines Eduennes, avocat et précepteur de la famille
impériale qui réside alors dans cette ville.
Revenu
à Bordeaux, il pratique le droit quelque temps, mais préfère se
tourner vers une carrière d'enseignement d'abord de la grammaire,
puis de la rhétorique. Il a parmi ses derniers élèves Paulin de
Nole (353-431) avec qui il entretient une longue correspondance, sa
vie durant. Ausone, parlant des professeurs, nous apprend qu'il y a à
Bordeaux des philologues, des grammairiens et des rhéteurs,
enseignant en latin et en grec...
Le
digne et vénérable professeur Ausone approche de sa 55 année,
lorsque l'empereur Valentinien Ier l'appelle en 364 pour prendre la
place de précepteur auprès de son fils Gratien, âgé de 5 ans.
Le
jeune Gratien honoré du titre honorifique d'empereur à 8 ans en
367, prend véritablement en charge les affaires impériales à la
mort de son père longtemps malade et invalide.
Gratien
voue à ses protecteurs toute sa vie un immense respect. Ausone
connaît une belle et tardive carrière : D'abord il devient un
des comites ou comtes du palais, qui fait fonction de précepteur de
Gratien, puis questeur du palais de 374 à 378. Enfin, il obtient de
hautes charges dans l'administration civile en tant que préfet du
prétoire des Gaules en 377/378, consul en 379 puis proconsul d'Asie.
Le
déplacement de la capitale impériale de Trèves à Milan en 381
sonne le glas de la courte carrière du puissant conseiller impérial.
Le
vieux conseiller, craignant une disgrâce fatale, se retire de la
cour de Milan à la mort de Gratien en 383, et s'en retourne à
Bordeaux, partageant sa vie entre ses amis, la poésie et les
plaisirs champêtres : C'est là qu'il compose ou met en forme
ses derniers ouvrages, supposés les plus nombreux. Sa tombe se
trouve peut-être dans l'ermitage de Mortagne-sur-Gironde.
On
a de lui des épigrammes, des idylles, des églogues et des épîtres.
Ses vers célèbrent souvent la table et surtout, le vin, le vin de
Bordeaux dont le château Ausone prend le nom, mais aussi les vins de
Moselle et les vins d'Italie. Son chef-d'œuvre est La Moselle,
description en 483 hexamètres d'un voyage de Bingen à Trèves. Ses
morceaux les plus estimés sont les Parentales, les Roses, la Moselle
et le Crucifiement de l'Amour.
C'est
dans l'ode à la Moselle de ce pêcheur accompli qu'apparaît pour la
première fois, parmi force précisions halieutiques et
ichtyologiques, le nom latin (salar) de la truite :
{« purpureisque salar stellatus tergora guttis » (« la truite a le dos étoilé de gouttes de pourpre »)
« qui nec dum salmo nec iam salar » (« toi, truite saumonée, qui n'es pas encore le saumon et n'es plus la truite »).}
{« purpureisque salar stellatus tergora guttis » (« la truite a le dos étoilé de gouttes de pourpre »)
« qui nec dum salmo nec iam salar » (« toi, truite saumonée, qui n'es pas encore le saumon et n'es plus la truite »).}
La
correspondance entre Ausone, chrétien modéré, et Paulin de Nole,
converti à un christianisme exalté, (futur évêque de Nole et
futur saint) « est un document d'une importance exceptionnelle
tant sur le plan de l'histoire de la société aristocratique de
l'Antiquité tardive (vie de grands propriétaires, réaction
d'Ausone à la conversion de Paulin) que sur le plan littéraire
(abandon de la poésie profane par Paulin, conception de l'amitié
épistolaire) ».
Ferdinand
Lot estime que « La plupart du temps Ausone est ennuyeux et
sans originalité », et il cite à l'appui de sa critique René
Pichon, auteur d'une célèbre Histoire de la Littérature latine :
« Son
style, bourré de citations, de plagiats et de pastiches, est celui
d'un vieux professeur qui a la tête meublée d'expressions
consacrées et qui croit rendre aux auteurs qu'il a si longtemps
expliqués un suprême hommage, en pensant et en parlant sans cesse
d'après eux... Il déverse dans ses écrits la masse des
renseignements hétéroclites qu'il a accumulés pendant ses trente
ans de professorat. »
Tout
ce que F. Lot concède est que « cette érudition indigeste
gâte les parties où l'on trouve ce que l'on cherche vainement chez
les classiques : Un je ne sais quoi de confiant et de familial »
Dans
la Catholic Encyclopedia, Paul Lejay (1861-1920), membre de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, est loin de se
montrer aussi sévère :
Pour
juger Ausone à sa juste valeur il faut garder à l'esprit qu'il est
le type du professeur du IV siècle. Certaines de ses œuvres, par
conséquent, écrites pour l'enseignement et dans l'esprit de
l'enseignement, souvent des traductions du grec, sont sans
importance. Versificateur capable de traiter n'importe quel sujet
(plus il est difficile et moins il est poétique, mieux c'est) Ausone
connaît par cœur les œuvres de ses prédécesseurs, mais son goût
et ses particularités métriques font de lui un disciple des poètes
de la nouvelle école (les Neoterici, innovateurs poétiques de
l'époque des Sévères) plutôt que des poètes classiques.
Il
Le
paganisme de ses œuvres est un paganisme scolaire, et, l'on veut en
se fondant sur lui mettre en doute qu'il est chrétien, à l'inverse
sa façon littéraire de traiter la mythologie permet de se demander
s'il est païen. Mais la prière Pascale, et plus encore la prière
des « Ephemeris » ne peut être l'œuvre d'un païen.
Chrétien orthodoxe lorsqu'il prie, il est païen dans ses cours.
Voilà pourquoi ses œuvres scolaires peuvent sembler très
naturellement païennes. On a dit qu'après l'édit de Julien (361)
Ausone a du renoncer à l'enseignement, mais rien ne le prouve ni ne
prouve le contraire, puisque Julien meurt l'année suivante. On
suppose que, comme certains de ses contemporains, Ausone est resté
catéchumène pendant longtemps.
Il
est possible qu'il n'ait pas encore été baptisé au moment où nous
perdons sa trace, dans le silence et l'obscurité des derniers jours
de sa vieillesse.
Son
épouse Attusa Lucana Sabina est la fille du sénateur Attusius
Lucanacus Talisius
En
général brefs, les écrits d'Ausone forment une collection d'œuvres
variées qu'on peut diviser en deux groupes :
«
Les Épigrammes » : Poèmes courts sur différents sujets,
souvent traduits de l'Anthologie Grecque.
« Parentalia » :
30 panégyriques sur des proches décédés, avec de temps en temps
quelques expressions de sentiment personnel (vers 379).
« Commemoratio
professorum Burdigalensium » : Une collection sur le
modèle de la précédente, ce qui donne une idée d'une université
au IVe siècle (après 389).
« De
Mosella » : Une description de la Moselle et du pays
qu'elle traverse, écrite pendant un voyage de Bingen à Trèves
(vers 371). Ce poème présente un certain intérêt, local et
archéologique.
De
charmants poèmes où il parle de Bissula (après 368).
Beaucoup
de courts poèmes, qu'Ausone a appelés églogues ou « Epyllia »,
prières pour le temps Pascal (368), « Epicedion » :
Chant funèbre sur la mort de son père (mort en 378), conseils au
petit-fils de celui-ci (vers 380), « Cupido crucifixus » :
Description d'une peinture dans une salle à manger de Trèves, qui
représente Cupidon tourmenté en enfer par les femmes qui le
poursuivent sur la terre etc.
« Gratiarum
actio dicta domino Gratiano Augusto », dans lequel Ausone
exprime en prose ses remerciements pour avoir été nommé consul. Lu
à Trèves en 379, il est composé de fleurs de rhétorique et de
flatteries conventionnelles.
« Ephemeris » :
Le compte de ses tâches quotidiennes, du matin jusqu'au soir, un
fragment (379). Dans cette œuvre, on trouve une prière du matin,
composée d'expressions bibliques, dans laquelle la doctrine de la
Trinité est présentée dans des formules détaillées dirigées
contre les hérésies de l'époque.
« Lettres » :
25 épîtres, en vers la plupart du temps. Les plus intéressantes
sont adressées à Saint Paulin de Nole (393). Ausone regrette
amèrement une conversion qui prive l'État et la littérature du
bénéfice d'un esprit si brillant et il essaie de ramener le saint à
la vie mondaine de Rome. Cette correspondance nous expose deux idéaux
de la vie, il exprime en couleurs claires, les points de vue qui, à
ce moment-là sont en conflit l'un avec l'autre et divisent la
société.
L'institut
d'archéologie en Sciences de l'Antiquité et du Moyen Âge de
l'Université Bordeaux Montaigne porte son nom : Institut
Ausonius.
Le
lycée français de Trêves porte le nom de « Lycée Ausone »,
il a fermé lors du retrait des Forces Françaises en Allemagne.
La
rue dans laquelle se situe la grande école « Sciences Po
Bordeaux » porte le nom d'Allée Ausone, tout comme la lettre
d'information de cette même école.
Une
station de la future ligne E du réseau de tramway de Bordeaux porte
son nom.
Je
te rends grâce, empereur Auguste, si je pouvais, je te rendrais plus
encore mais ta fortune, en obligeant, ne demande pas de retour, et la
nôtre nous refuse les moyens de nous acquitter.
Les
particuliers peuvent sans peine entre eux échanger des largesses,
mais tes bienfaits excellent par trop de grandeur, pour exiger qu’on
y réponde. Ainsi donc, et c’est tout ce que je puis faire, je te
rends grâce, mais, comme il arrive toujours en présence de Dieu,
avec plus d’effusion de cœur que de paroles. Et ce n’est pas
seulement dans le sanctuaire de l’oracle impérial, dans ce lieu
où, saisis d’un frisson muet et d’une religieuse terreur,
l’esprit et le visage demeurent rarement les mêmes, c’est
partout et toujours que je te rends grâce, par mon silence ou par
mon langage, dans les assemblées publiques ou seul avec moi-même,
quand ma voix éclate ou quand ma pensée se recueille, en tout lieu,
en toute chose, à tout propos, en tout temps.
Et
il n’est pas étonnant que je ne mette point de bornes à
l’expression de ma reconnaissance, quand tu ne sais point mettre un
terme à tes faveurs. Est-il un endroit, un jour, qui ne me rappelle
cette dette ou toute autre ? Qui me rappelle ! Ô parole impuissante
et sans force ! Est-il un endroit, dis-je, qui ne me trouble, qui ne
me brûle du souvenir de tes bienfaits ?
Il
n’en est aucun, je le dis, empereur Auguste, qui ne frappe mon
esprit de l’admirable image de ta majesté sainte ni le palais,
qu’on t’a livré si terrible, et que tu as rendu si aimable, ni
le forum et la basilique, autrefois pleins de disputes, aujourd’hui
pleins de vœux, et de vœux formés pour ton salut (car du sien
propre, qui s’en inquiète sous ton règne ? ), ni la curie,
heureuse à présent de décrets qui l’honorent, attristée naguère
par tant de lamentables plaintes, ni les rues, où la rencontre de
tant de joyeux visages ne permet plus à personne de se réjouir
seul, ni le réduit commun du logis : Le lit même, destiné au
repos, devient plus calme au ressouvenir de tes bienfaits, et le
sommeil, qui efface tout, nous retrace ton image.
Mais
ce siège d’honneur, cette chaise curule, parée des magnificences
de la faveur impériale, ce rang sublime où (de quel humble lieu ! )
tu m’as élevé, chaque fois que j’y songe, tant de grandeur
m’accable, et me réduit au silence, non que je sois un ingrat,
mais je suis écrasé par le bienfait. Car tu es pour nous présent
en tous lieux, et je ne m’étonne plus de la licence des poètes
qui nous disent que tout est plein de la divinité.
Tu
passes notre espérance, tu préviens nos désirs, tu vas au-devant
de nos vœux, et cette rapidité de la pensée qui nous assimile aux
dieux, la promptitude du bienfait la devance, et tu as plus tôt
donné, que nous n’avons désiré.
Aussi
je te rends grâce, excellent empereur. Et si quelqu’un attribue
cette répétition des mêmes mots, qui revient si souvent en mon
discours, à la pauvreté de l’orateur, qu’il tente d’accomplir
une telle œuvre : Et il ne pourra rien dire avec plus d’éloquence.
Oui,
je rends grâce, et ce n’est ni pour flatter la majesté du prince,
ni sans fondements : Au plus valeureux des empereurs, témoin la
limite du Danube et du Rhin pacifiée dans l’espace d’une
année... Au plus libéral, cela se voit, l’armée est riche... Au
plus indulgent, on sait qu’une erreur de l’esprit humain est
aujourd’hui sans danger... Au plus habile, l’ordre établi dans
l’Orient en est la preuve... Au plus pieux enfin, et cet éloge
s’appuie de brillants témoignages. Son père honoré d’une
consécration divine, son frère associé, comme un fils, à
l’empire, son oncle vengé des outrages de la guerre, et, puis un
fils et un père appelés conjointement à partager la préfecture,
et un précepteur élevé au consulat.
Je
pourrais parcourir tous les titres que la vertu t’a donnés jadis,
que la fortune t’accorda naguère, que la bonté divine te promet
encore.
Je
t’appellerais le Germanique, pour la reddition des barbares,
l’Alémanique, pour la translation des prisonniers, et, pour tes
victoires et ta clémence, le Sarmatique.
Je
mêlerais tous les mérites de la vertu à tous les surnoms du
bonheur... Mais c’est un autre sujet qui veut être traité
séparément, quand nous jugerons à propos, non plus de tracer tout
d’une suite, mais de dessiner à part et dans un cadre plus
resserré, tous les faits qui nous sont connus, à l’exemple de
ceux qui décrivent sur la largeur d’une seule carte la sphère du
monde, au détriment sans doute de sa grandeur, mais jamais aux
dépens de la vérité.
Quant
à présent, et c’est l’œuvre spéciale de cette journée, j’ai
à rendre grâce pour mon consulat. Mais voici d’autres dignités
qui prennent le devant, et qui élèvent la voix de la
reconnaissance, et qui réclament l’honneur de s’acquitter les
premières : Toutes les distinctions accumulées sur ma tête avec le
titre de comte, pour prix de tes progrès, la questure qui, pour tes
mérites, m'est accordée en commun par les empereurs ton père et
toi, et ce don de ta seule munificence, la préfecture, qui ne veut
pas qu’un seul te félicite après avoir été plus libéralement
divisée entre deux que si elle eût été réunie en un seul, car si
nous possédons à deux la dignité entière, nous ne la désirons ni
l’un ni l’autre séparément.
ÉCOLE PALATINE DE MILAN |
Peuple
romain, Champ de Mars, ordre des chevaliers, rostres, enclos, sénat,
curie, Gratien seul fut tout pour moi.
J’ai
le droit d’affirmer, très-grand Auguste, sans nuire à la
considération d’aucun de ceux qui jamais à divers titres
parviennent à cet honneur ou qui doivent y parvenir (car chacun a
son esprit, son mérite, et la conscience de ses actes), j’ai,
dis-je, le droit d’affirmer que mon consulat a comme un caractère
particulier qui le distingue... (…)
Gregorio
Jilio. On ne sait trop qui est ce Gregorius qu'Ausone, lequel par
affection, appelle son fils... Souchay pense que c'est celui dont
parle Sulpice Sévère à la fin du livre de son Histoire sacrée,
qui est préfet des Gaules en 383, et ami de Symmaque (liv. vu ,
lelt. 88), qui lui adresse plusieurs lettres (liv. m, lettr. 17 et
suiv.). On trouve un autre Gregorius intendant des vivres en 376.
(Voir Tillemont, Hist. des Emp., t. v, p. 146, 147 et 722.) On peut
croire, par l'amitié qui unissait Gregorius à Symmaque, qu'Ausone
appelle aussi son fils, que la conjecture de Souchay a quelque
fondement.
Grégoire
a au moins un fils qui, suivant la coutume de la plupart de nos
jeunes Gaulois de ce temps-là, va à Rome hanter le barreau. Nous
avons une lettre par laquelle Symmaque qui est prié de veiller sur
ses études, le recommande à Messala, homme habile dans les lettres,
et depuis préfet d'Italie).
Symmaque,
dans cette lettre, parle de Grégoire comme d'un homme du premier
mérite, qui n'est plus au monde. De sorte qu'il meurt quelques
années avant la fin de ce IVe siècle. Il ne nous reste plus
aujourd'hui aucun monument de cette grande éloquence que Symmaque
admire si fort en lui, et qui lui fait dire en lui parlant à
lui-même : Oratinne mirabilis es. » (Histoire littéraire de la
France, t. i, 2e part. , p. 3qo.)
«
Amour reposait un jour, abattu, l'enfant sous l'aile du sommeil,
parmi des branches de myrte, sur des herbes blanches de rosée.
Autour de lui se lèvent, sorties de la cour ténébreuse de Pluton,
les âmes dont son flambeau cruel a fait le supplice.
Voici
mon chasseur, dit Phèdre, enchaînons-le ! »
«
Coupons-lui le cheveu ! » criait l'inhumaine Scylla.
Progné,
la veuve de Colchide : « Perçons-le de mille coups ! »
Didon
et Canacé : «Exterminons-le par le glaive cruel ! »
Myrrha:
« Avec mes branches ! »
Evadné:
« Qu'il brûle dans les flammes ! »
Arélhuse
et Byblis: « Qu'il périsse dans les flots ! »
Mais
Amour qui s'éveille : « Envolons-nous, mes ailes! »...
Dans
son gouffre azuré la Moselle déchaîne un océan, et roule
mollement de grandes eaux. Elle caresse le gazon printanier qui
parfume ses rives, et baigne, en l'effleurant de son onde, la
chevelure des prairies. A sa droite coule un fleuve appelé Salia (la
Seille), mais qui traîne en son cours de plus pauvres vagues. Ses
flots transparents pénètrent dans la Moselle : Il accroît ainsi la
force de l'autre, et périt lui-même. Fondée en ce lieu,
majestueuse , éclatante, Mettis (Metz) est fière des poissons qui,
de part et d'autre, assiègent ses flancs. Son délicieux paysage
s'égaye des champs qui fleurissent : Ici vous contemplez des guérets
en culture, là vous voyez des roses, et devant vous des coteaux que
le pampre revêt de son ombrage : Tous les produits se disputent
ces fertiles campagnes. »
La
Naïade n'a pas été sourde à l'appel du poète, elle l'a fort bien
inspiré dans la description des différents poissons de la Moselle.
Les anciens commentateurs d'Ausone n'ont pas toujours vu clair dans
l'interprétation de ce morceau. Peu confiant dans leurs assertions
souvent contradictoires, et n'ayant personnellement aucune des
connaissances nécessaires pour décider entre eux et rectifier leurs
erreurs, j'ai eu recours, aujourd'hui que la science a fait de grands
progrès en cette matière, aux lumières des maîtres. M. A.
Valenciennes, professeur au Muséum d'histoire naturelle, au nom
duquel de savantes recherches sur l'histoire des poissons ont acquis
une autorité imposante, a bien voulu m'expliquer les difficultés du
texte d'Ausone, et, grâce à ses conseils éclairés, j'ai pu éviter
les méprises assez nombreuses où sont tombés la plupart des
interprètes qui m'ont précédé.
«
Cette esquisse a d'autant plus de mérite qu'Ausone n'y est point
tombé dans sa faute ordinaire : Il n'a point surchargé de détails
ces légères images. Au lieu d'accumuler, il a choisi, et son choix
a été si heureux , que je ne crains pas de rapprocher ce passage
d'une strophe charmante du Tasse (La Gerusal. liber., c. xv, st. 58)
dont le sujet est le même :
«
S'en vont jouant par l'onde claire deux fillettes au doux babil, à
la folâtre allure, qui, tantôt se jettent de l'eau au visage,
tantôt font un défi à qui arrivera la première à un but marqué.
Elles plongent alors, et, après avoir caché leur course, elles
découvrent enfin leur tête et leurs épaules. »
Quelle
que soit la grâce de cette peinture, les jeux des Naïades d'Ausone
ont quelque chose de plus piquant C'est avec goût qu'Ausone ne
prolonge pas sa description. En effet, il ne peint point une scène
dont il ait été témoin , il raconte ou suppose une tradition. Son
sujet lui refuse des détails plus précis : il ne pouvait, comme
fait ensuite le Tasse, développer sous nos jeux de blonds cheveux
tout ruisselants d'une onde limpide , et des formes voluptueuses que
dissimule mal la transparence de l'eau. La peinture du poète latin
est donc plus indécise, plus fuyante, sa riante mythologie ne se
laisse entrevoir qu'à travers un voile mystérieux, la curiosité
est plutôt excitée que satisfaite, ses détails glissants
échappent, comme les Naïades, à l'imagination qui les poursuit.
La
muse d'Ausone fait comme la bergère de Virgile, elle désire bien
qu'on l'aperçoive, mais elle s'enfuit derrière les saules. » (M.
Demogeot, Études hist. et liltér. sur Ausone, p. 65.)
L'Homme
des champs, (Ai. 1, v. 2g5), dont quelques vers sont imités de la
Forêt de Windsor, de Pope.
Sous
ces saules touffus, dont le feuillage sombre
A la fraîcheur de l'eau joint la fraîcheur de l'ombre,
Le pêcheur patient prend son poste sans bruit,
Tient sa ligne tremblante, et sur l'onde la suit.
Penché, l'œil immobile, il observe avec joie
Le liège qui s'enfonce et le roseau qui ploie.
Quel imprudent, surpris au piège inattendu,
A l'hameçon fatal demeure suspendu?
Est-ce la truite agile ou la carpe dorée?
Ou la perche étalant sa nageoire pourprée,
Ou l'anguille argentée errant en longs anneaux,
Ou le brochet glouton qui dépeuple les eaux?
A la fraîcheur de l'eau joint la fraîcheur de l'ombre,
Le pêcheur patient prend son poste sans bruit,
Tient sa ligne tremblante, et sur l'onde la suit.
Penché, l'œil immobile, il observe avec joie
Le liège qui s'enfonce et le roseau qui ploie.
Quel imprudent, surpris au piège inattendu,
A l'hameçon fatal demeure suspendu?
Est-ce la truite agile ou la carpe dorée?
Ou la perche étalant sa nageoire pourprée,
Ou l'anguille argentée errant en longs anneaux,
Ou le brochet glouton qui dépeuple les eaux?
Ausone
— Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ausone
Ausone
ou Decius ou Decimus Magnus Ausonius, est né en Aquitaine soit à
Bazas (Gironde) ... Le digne et vénérable professeur Ausone
approche de sa cinquante-cinquième année, ... Le vieux conseiller,
craignant une disgrâce fatale, se retire de la cour de Milan à la
mort de Gratien en 383, et s'en retourne à Bordeaux, ...
Ausone
et Paulin de Nole, correspondance: introduction, texte latin, ...
https://books.google.fr/books?isbn=3039102478
Decimus
Magnus Ausonius, David Amherdt, Paulinus (évêque de Nole.) -
2004 - History
L'année
380 marque le début de la perte d'influence du clan ausonien. ... au
plus tard en 383, date de l'assassinat de Gratien, Ausone est de
retour à Bordeaux.
Ausone
: la montee de l'integrisme religieux durant sa vie
orvinfait.pagesperso-orange.fr/ausone%20religion.htm
Ausone
: la montée de l'intégrisme religieux durant sa vie ... Gratien
vécut de 359 à 383. ... Cette année là l'empereur Théodose Ier
le Grand publia l'édit de ...
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