samedi 12 mars 2016

EN REMONTANT LE TEMPS... 430

7 MARS 2016... 430

Cette page concerne l'année 430 du calendrier julien. Ceci est une évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que d'un survol !

LA LENTE ÉVOLUTION DE SAINT AUGUSTIN

Augustin d'Hippone (latin : Aurelius Augustinus), ou Saint Augustin, né dans la Province d'Afrique au municipe de Thagaste (actuelle Souk Ahras, Algérie) le 13 novembre 354 et mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba, Algérie) est un philosophe et théologien chrétien Romain de la classe aisée, ayant des origines Berbères, Latines et Phéniciennes.
Avec Ambroise de Milan - Jérôme de Stridon - et Grégoire le Grand, c'est l'un des quatre Pères de l'Église occidentale et l’un des 36 docteurs de l’Église.
La formation qu'il a reçue à Carthage est celle des lettrés Romains même si ses écrits laissent apparaître une sensibilité et des traits liés à sa région de naissance.
S'il est un maître de la langue et de la culture latines, il ne maîtrisera jamais réellement le grec, ce qui tendra à accroître les divergences entre les christianismes occidentaux et orientaux.
Né d'une mère profondément pieuse, il se convertit d'abord à la philosophie avant de devenir manichéen... Il n'abandonne le manichéisme et se convertit au christianisme qu'assez tard en 386 après sa rencontre avec Ambroise de Milan.

Après sa conversion, il devient évêque d'Hippone et mène une série de controverses orales et surtout écrites d'abord contre les manichéens, puis contre les donatistes et enfin contre le pélagianisme.
Il écrit également une œuvre considérable tant en quantité qu'en qualité. Trois de ses livres sont particulièrement connus :
Les Confession,
La Cité de Dieu
De la Trinité.
Sur le plan théologique et philosophique, il est, à la suite d'Ambroise de Milan, le principal penseur qui permet au christianisme d'intégrer une partie de l'héritage Grec et Romain, en généralisant une lecture allégorique des Écritures liée au néoplatonisme.
Toujours à la suite d'Ambroise, un ancien haut fonctionnaire Romain, il incorpore au christianisme une partie de la tradition de force de la République Romaine, et devient le penseur le plus influent du monde occidental jusqu'à Thomas d'Aquin qui donne un tour plus aristotélicien au christianisme.
Malgré tout, sa pensée conserve une grande influence au XVIIe siècle, où elle est l'une des sources de la littérature classique Française et inspire les théodicées de Malebranche et de Leibniz.

Augustin est un penseur exigeant dans tous les sens du terme. Homme clé de l'émergence du moi en Occident, il joue également un rôle de premier plan dans l'évolution de la notion de justice.
De son passé manichéen, il garde une forte distinction entre le Bien et le Mal. Toutefois, le néo-platonisme qui a fortement influencé sa conversion l'a amené à une conception d'un Dieu fort qui, à l'inverse du Dieu faible des manichéens, assure qu'à la fin le Bien l'emporte.
C'est, en Occident, le théologien qui insiste le plus sur la transcendance divine, c'est-à-dire que pour lui, les pensées de Dieu ne sont pas, de près ou de loin, les pensées des hommes. Selon lui, la croyance inverse constitue précisément le péché originel.

Le Dieu d'Augustin est à la fois au-dessus des êtres humains et au plus profond d'eux-mêmes, d'où un accent mis sur ce qu'il nomme la trinité intérieure :
La mémoire, l'intelligence et la volonté.
Si la mémoire est importante, l'idée de commencement, de renouveau est également très présente. La volonté permet de se diriger vers le Bien, mais n'est pas suffisante, il faut aussi la grâce.
Augustin met également l'accent sur la raison entendue comme un moyen de s'approcher de la vérité des choses (la vérité absolue n'étant pas de ce monde)

Dans une perspective qui intègre une dimension spirituelle certaine. En règle générale, la pensée Augustinienne est animée d'un double mouvement, de l'extérieur (le monde) vers l'intérieur, domaine d'un Dieu lumière intérieure, de l'inférieur (les plaisirs faciles) au supérieur (la vraie réalisation de soi). D'une certaine façon, ce qui sous-tend la dynamique de sa pensée est synthétisé par une de ses plus célèbres formules des Confessions :
« Tu autem eras interior intimo meo et superior sumno meo (Mais Toi, tu étais plus profond que le tréfonds de moi-même et plus haut que le très-haut de moi-même) ».

Dans sa théologie, le poids du péché et de l'habitude du péché est tel que sans la grâce divine l'homme ne peut pas se sauver : C'est le sens de la lutte contre le pélagianisme, qui soutient l'inverse... Au XVIe siècle et au XVIIe siècle, le protestantisme et le jansénisme, qui reprendront ses thèses, s'adresseront, comme Augustin de son temps, plutôt aux classes moyennes actives qu'à l'aristocratie usuellement plus pélagienne. En lien avec sa théologie, il distingue fortement le monde (lié à l'amour de soi), de la Cité de Dieu (liée à l'amour de Dieu), un terme qu'il préfère à celui de royaume de Dieu.
S'il contribue fortement à mettre au premier plan le concept d'amour (il aime aimer) dans le christianisme, il est accusé d'avoir transmis à l'Occident une forte méfiance envers la chair (une tentation forte chez lui). Pourtant, sur le péché de chair, en partie repris aux platoniciens et aux néoplatoniciens qui distinguent l'âme du corps vu comme entraînant les humains vers le bas, il a une position plutôt modérée par rapport à Jérôme de Stridon et Grégoire de Nysse.

Augustin appartient à une famille Punique de la classe aisée « en voie de prolétarisation » qui ambitionne de voir son enfant devenir avocat ou membre de l'administration impériale, Augustin se considère comme Punique.
Le père d'Augustin est un romanisé païen du nom de Patricius. D'origine modeste, il n'a pas fait d'études.
Sa mère Monique est une fervente chrétienne. Le couple connaît des tensions liées à la fois aux infidélités du mari et au fait que l'épouse le trouve « limité ». Elle parvient, malgré tout à le convertir au christianisme peu avant son décès.

Augustin a un frère, Navigius, et une sœur, qui sera supérieure du monastère d'Hippone... Leur langue maternelle est le latin. Si Augustin se définit lui-même comme un écrivain Punique, il n'est pas certain qu'il ait connu les dialectes Africains locaux et sa culture est foncièrement latine. Élève doué, mais indocile, il déteste l’école et craint le châtiment de ses maîtres.
Le père d'Augustin réussit à faire des économies pour que ses fils puissent bénéficier d'une éducation classique. Augustin étudie à partir de 15 ans à Madaure (actuelle M'daourouch, Algérie).
Plus tard, dans les Confessions (livre I), il se montre critique envers un mode d'enseignement qu'il estime trop centré sur l’éloquence et la mémoire.
Le manque d'argent le contraint à revenir à la maison familiale alors qu'il a 16 ans. À cette époque, il commet de menus larcins tel le célèbre vol des poires commis non par besoin, mais par plaisir de la transgression. Il se le reprochera plus tard et écrira dans son livre les Confessions :
« Dans le voisinage de nos vignes est un poirier chargé de fruits qui n’ont aucun attrait de saveur ou de beauté. Une troupe de jeunes vauriens et moi, avons secoué et dépouillé cet arbre, vers le milieu de la nuit, ayant prolongé nos jeux jusqu’à cette heure, selon notre détestable habitude, et nous en avons rapporté de grandes charges, non pour en faire régal, si toutefois nous y goûtons, mais pour les jeter aux pourceaux : Simple plaisir de faire ce qui est défendu. »

Alors qu'Augustin va sur ses dix-sept ans, son père réussit à épargner suffisamment pour que son fils puisse reprendre les études à Carthage, alors la seconde ville de l'Empire Romain d'Occident. Dans les Confessions, Augustin décrit le climat d'extrême sensualité de cette ville d'Afrique du Nord (« La friture des amours infâmes »), les plaisirs de l’amour et du théâtre :
« Je suis venu à Carthage, où partout autour de moi bouillonne à grand fracas la chaudière des amours honteuses. »
Là, il connaît une sorte de crise d'adolescence, et dans le latin flamboyant d'Augustin et dans le style apprécié des Romains d'Afrique où abondent les jeux de mots, il écrit le passage très connu qui suit la phrase citée plus haut :
« Nondum amabam sed amare amabam et secretiore indigentia oderam me minus indigentem. »
(traduction : « Je n’aimais pas encore, mais j’aimais aimer et par un besoin secret, je m’en voulais de ne pas en avoir encore assez besoin. »)
À Carthage, très vite, il fait connaissance de la femme, dont il a un fils, Adéodat, et dont il partage la vie durant 15 ans. On ne sait pas grand chose sur la compagne d'Augustin. Tout au plus peut-on penser qu'elle est chrétienne puisque le nom de leur fils, signifie « donné par Dieu ».

La lecture de l'Hortensius, un livre aujourd'hui disparu de Cicéron, le conduit à se passionner pour la philosophie qui est alors comprise comme « l'amour de la Sagesse ». Si, à Carthage, le Christ n'est pas vu comme le « Sauveur souffrant », mais comme la Sagesse de Dieu, la façon extrêmement légaliste dont l'Église d'Afrique interprète les écritures le conduit, dans un premier temps, à devenir, 9 ans durant, un adepte du manichéen. En même temps qu'il se convertit au manichéisme, Augustin décide d'abandonner le projet que son père et son protecteur Romanianus ont pour lui : Être d'abord avocat ou fonctionnaire impérial, pour devenir ensuite enseignant. Aussi, en 375, il retourne à Thagaste et y enseigne la grammaire.

Augustin revient assez rapidement à Carthage où il reste jusque vers 382. Un prix de poésie lui permet d'y devenir familier du proconsul de Carthage Vindicius, qui, s’apercevant de la passion d’Augustin pour l’astrologie, parvient à l’en détourner en lui montrant que le succès de quelques prédictions n’est que le fruit du hasard.
Ce lien avec un personnage influent donne à Augustin l'opportunité de nouer des relations qui lui permettent d'envisager son départ de Carthage pour Rome. Il est d'autant plus enclin à quitter Carthage qu'il veut faire carrière et qu'il trouve ses étudiants indisciplinés.

Son année à Rome se passe mal : Il tombe malade, se sent coupable d'avoir menti à sa mère pour éviter qu'elle ne le suive, et pour finir, les étudiants s'avèrent aussi décevants qu'à Carthage et « oublient » de payer leur professeur.
Heureusement à l'automne 384, le sénateur Quintus Aurelius Symmaque, dont il est le protégé l'envoie, sur recommandation des manichéens comme professeur de rhétorique à Milan.
SAINTE MONIQUE ET SAINT AUGUSTIN
« On demande de Milan au préfet de Rome un maître de rhétorique pour cette ville, qui s’engage à faire les frais du voyage, et je sollicitais cet emploi par des amis infatués de toutes les erreurs manichéennes, dont, à leur insu comme au mien, mon départ allait me délivrer. Un sujet proposé fait goûter mon éloquence au préfet Symmaque, qui m’envoie. » — Les Confessions, livre V, ch. 13

À Milan, il fréquente une société composée de poètes et de philosophes, particulièrement des platoniciens. Il rencontre aussi Ambroise de Milan, l'évêque chrétien de la ville dont il suit les homélies avec assiduité. Sous son influence, il décide de rompre avec le manichéen, « ne croyant pas devoir, en pleine crise de doute, me maintenir dans une secte au-dessus de laquelle je plaçais déjà un certain nombre de philosophes »...
Ambroise lui apprend également une lecture non pas littérale, mais symbolique de la Bible qui lui permet de dépasser les préventions devant un texte qui tant sur la forme que sur le fond le rebute.
Sa mère, qui a fini par le rejoindre, lui arrange une union avec un riche parti, mais la jeune fille n'étant pas encore en âge de se marier, il doit patienter 2 ans. Il renvoie, sur les conseils de sa mère selon certains, la concubine avec laquelle il vit depuis 15 ans. Puis, ne pouvant rester seul, il prend une nouvelle maîtresse.

Fin août 386, Ponticianus, un de ses compatriotes fonctionnaire à Trèves, en visite à Milan lui fait le récit de la conversion au christianisme de deux de ses collègues appartenant au corps des agents secrets. Ce récit provoque chez Augustin un tel bouleversement qu'il se convertit à son tour.
Après sa conversion, Augustin abandonne le métier de rhéteur et va faire une retraite culturelle (Otium Liberale), comme c'est revenu à la mode à la fin du IV siècle, dans une villa qu'un ami a mise à sa disposition près de Milan à Cassiciacum (aujourd'hui Cassago Brianza). Durant ce séjour, il est accompagné de sa mère, qui fait office de maîtresse de maison, de son fils Adéodat, de son frère aîné Navigius, et de quelques-uns de ses amis. Ce séjour permet aussi à Augustin de se déprendre de la vie compliquée qu'il a eue au début de son séjour en Italie. C'est de ce séjour que datent le Contre les Académiciens - De l’ordre - le Traité de la vie bienheureuse - les Soliloques.

Le séjour d’Augustin à Cassiciacum dure de septembre 386 jusqu’au 23 mars 387. Augustin revient ensuite à Milan et se prépare au baptême, en même temps que son fils Adéodat et que son ami Alypius. Durant cette période, il écrit le De musica.
Dans la nuit du 24 au 25 avril 387, à Pâques, il est enfin baptisé par Ambroise, évêque de Milan.
« Combien j’étais ému ! Que de larmes s’échappaient de mes yeux, lorsque j’entendais retentir dans votre église le chœur mélodieux des hymnes et des cantiques qu’elle élève sans cesse vers vous ! Tandis que ces célestes paroles pénétraient dans mes oreilles, votre vérité entrait par elles doucement dans mon cœur; l’ardeur de ma piété semblait en devenir plus vive; mes larmes coulaient toujours, et j’éprouvais du plaisir à les répandre. (Confessions, livre 9)  »

Sur le chemin du retour, en raison d'un blocus du port d'Ostie imposé par Maxime, un général usurpateur, Augustin et ses amis sont obligés de demeurer quelque temps dans cette ville où demeure sa mère.
Il revient en Afrique après 5 années d’absence vers la fin 388 et vit en communauté non loin de Thagaste (actuelle Souk Ahras) avec des amis, dont Alypius, qui devient vite évêque du lieu, et des disciples. Les tensions entre les catholiques et les manichéens sont alors vives ce qui pousse Augustin à écrire « De la vraie religion » pour dissuader ceux qui seraient tentés par le manichéisme.
Il termine également avec son fils Adéodat « De la Grandeur de l’âme », qu’il a commencé de composer à Rome.
La mort de son fils à l’âge de 17 ans, et celle de Nébridius, un ami qu'il connaît depuis Carthage, provoquent chez lui un immense vide et lui donnent l'envie de sortir d'une vie purement contemplative. Aussi, en 391, il accepte d’aller à Hippone (actuelle Annaba) rendre visite à un ami, membre de la police secrète, qui désire se retirer du monde : C'est à cette occasion qu'il va devenir prêtre dans des circonstances qui méritent d'être un peu explicitées.
Les évêques et les prêtres sont à cette époque choisis par les fidèles. Au moment de l'arrivée d'Augustin à Hippone, l'Église catholique est minoritaire face à la puissante Église donatiste tandis que les manichéens sont actifs... Leur chef Fortunatus est une ancienne connaissance d'Augustin. L'évêque catholique Valerius, un Grec, qui parle mal le latin et n'est pas capable de comprendre le dialecte Punique. Aussi, lorsqu'il explique à ses fidèles le besoin en prêtres de son église, ceux-ci se saisissent d'Augustin pour qu'il soit ordonné prêtre sur le champ.
Par la suite, il fera tout pour conserver Augustin et l'autorisera à fonder un monastère à Hippone dans le jardin de la principale église. Ce monastère fournira par la suite de nombreux évêques à l'Église d'Afrique et recrutera de nombreux « anciens » de l'administration impériale (notamment de la police secrète). Augustin se montre extrêmement actif pour renforcer la position de l'Église catholique.

Le 28 août 392, lors du débat avec le chef des manichéens Fortunatus, il fait tant et si bien qu'il le réduit au silence et le force à quitter la ville. Instruits par l'expérience, les donatistes évitent le débat, pour les affronter, Augustin écrit le « Psalmus contra partem donati » en 394, un livre destiné à les combattre sur leur propre terrain : Les cantiques populaires.

En 395, Augustin est nommé évêque d'Hippone et le restera jusqu'à sa mort en 430.
En 399, les temples païens sont fermés. À cette occasion, il rédige la Catéchèse des Débutants. C'est à Hippone qu'il va écrire les grandes œuvres de la maturité :
Les Confessions, écrites de 397 à 400.
De la trinité (410-416).
La Cité de Dieu de 410 à 426.
C'est aussi d'Hippone qu'il va mener l'essentiel de ses combats :
Contre les manichéens (environ de 387 à 400).
Contre les donatistes (environ de 400 à 412).
Contre les pélagiens de 412 à 430.
Augustin impose à son clergé un mode de vie très modeste dont il donne l'exemple. Toutefois, il est confronté à certaines dérives et le lien entre les nouveaux clercs et les anciens (très unis et un peu autoritaires) est difficile. Par ailleurs, l'Église d'Afrique est en général peu missionnaire et n'essaie guère d'évangéliser hors de la frontière Romaine et de la zone littorale d'Afrique du Nord.
Durant cette période, Augustin est le conseiller spirituel d'une certaine Pauline, dont on sait peu de choses mais dont certaines indications laissent à penser qu'il peut s'agir d'une noble Romaine.
De la correspondance qu'ils ont échangée, il reste la lettre 147, connue sous le titre de La Vision de Dieu.

Il passe les dernières années de sa vie à établir une chronologie de ses écrits, à les relire et à les évaluer, ce qu'il fait à travers son ouvrage connu sous le nom des Rétractations.
Il meurt à Hippone lors du siège de Genséric, chef des troupes Vandales, en 430 en laissant derrière lui une œuvre considérable qui lui survit... Il passe ses derniers jours volontairement seul, de peur d'être distrait, se concentrant sur la lecture des psaumes de David affichés au mur.

Selon la True Martyrology de Bède le Vénérable, le corps d'Augustin est plus tard amené à Cagliari en Sardaigne par des évêques catholiques expulsés d'Afrique du Nord par Huneric.
Vers 720, sa dépouille est déposée à la basilique San Pietro in Ciel d'Oro à Pavie (Italie) par Pierre, évêque du lieu et oncle du roi Lombard Liutprand, pour la protéger des raids côtiers musulmans.
En janvier 1327, le pape Jean XXII, par la bulle Veneranda Sanctorum Patrum, fait des Augustiniens les gardiens de la tombe...

Augustin est canonisé par acclamation populaire en 1298 et reconnu comme Docteur de l'Église la même année par le pape Boniface VIII. Il est fêté par les catholiques le 28 août, jour de sa mort. Augustin est considéré comme le Saint Patron des brasseurs, des imprimeurs et des théologiens.
L'Église orthodoxe le considère également comme un saint et le célèbre le 15 juin.
L'éducation d'Augustin est entièrement tournée vers « la maîtrise de la parole » que les étudiants acquièrent alors par l'étude de quelques grands anciens (Virgile, Cicéron, Salluste) qu'ils apprennent quasiment par cœur. Augustin, élève précoce et doué, aime les classiques latins.
Sa formation marque son approche des Écritures, son art d'écrire et son choix des mots.

Elle lui donne aussi les clés pour comprendre et être compris des lettrés du monde Romain, clés qu'il contribue à transmettre pendant longtemps au monde occidental.
Par contre, cette méthode d'enseignement est peu adaptée à l'apprentissage des langues et Augustin, à la fin de ses études, ne connaît pas le grec. Augustin est ainsi quasiment le seul philosophe latin de l'Antiquité à ne pas maîtriser le grec même si dans sa maturité, il fera des efforts pour remédier en partie à cette lacune.
Comme beaucoup de jeunes avant et après lui, Augustin, durant sa formation, est confronté à l’œuvre de Cicéron. À cette époque, la philosophie n'est pas une technique : Elle est plutôt un apprentissage de la sagesse. Aussi, la lecture de Cicéron, particulièrement d'un livre aujourd'hui disparu, l'Hortensius va conduire Augustin à lire la Bible.
Pour les chrétiens d'Afrique de cette époque, le Christ n'est pas vu comme le Sauveur souffrant (le crucifix n'existe pas alors) mais comme un « maître enseignant la Sagesse » cependant la Bible de l'Église d'Afrique, remplie de mots locaux, est très éloignée de la langue de Cicéron. Par ailleurs, de façon générale, la Bible fourmille de récits dont il dira, dans les Confessions, qu'il les a vus comme « grossiers et immoraux »... Ce mauvais contact avec la Bible est en partie responsable de son adhésion au manichéisme, qui lui paraît plus brillant intellectuellement. Ce n'est que plus tard à Milan, au contact d'Ambroise, alors qu'il est déjà professeur, qu'il découvre vraiment la philosophie néo-platonicienne.
Augustin est par formation et par talent un redoutable rhéteur et polémiste qui, à la fin de sa vie, selon Peter Brown, un de ses biographes, sait « trop bien mettre en branle la rude machine de la controverse ecclésiastique », notamment à l'égard de Julien d'Eclane.
Une part importante de son œuvre est liée à ses controverses avec les manichéens, avec les donatistes qui alors dominent l'Église chrétienne d'Afrique, avec les lettrés Romains païens, et enfin avec le pélagianisme, d'abord celui de Pélage puis celui de Julien d'Eclane.
Dans ses polémiques, il adopte parfois des positions dures, comme en témoigne sa devise durant sa campagne contre les donatistes :
« couvre-leur la face d'ignominie ». La polémique terminée, il n'hésite pas à utiliser l'administration impériale pour faire appliquer les décisions adéquates.

La lecture de l'Hortensius de Cicéron pousse Augustin vers l'étude de la Sagesse. En Numidie où il vit, le christianisme représente la Sagesse véritable, donc a priori les choses vont bien se passer. Mais la réalité de l'Église est alors, pour un intellectuel comme Augustin, très décevante d'où son attrait pour le manichéisme alors en pleine expansion. Durant 9 ans il sera un « auditeur », c'est-à-dire un fidèle du manichéisme. Plusieurs raisons expliquent cet attrait : Les manichéens s'entourent de mystère, mènent une vie ascétique, sont très soudés et assez extrémistes. Autant d'éléments susceptibles d'attirer un jeune homme comme Augustin auquel ils peuvent donner de plus l'impression de figurer parmi les Élus (nom d'ailleurs donné par la secte à ses chefs). Les manichéens se présentent comme de vrais disciples du Christ vu avant tout comme « Jésus souffrant ». Une vision qui s'inscrit parfaitement dans une perspective manichéenne où le Bien est sans défense et passif devant le Mal puisque, pour eux, Dieu est dépourvu de sa toute-puissance.
Plus tard, Augustin considérera cette approche de Dieu comme le grand point faible du manichéisme. Toutefois, sur le moment, le manichéisme permet à Augustin de ne pas attribuer le mal à Dieu.
Autre avantage pour Augustin, avec le manichéisme : Ce n'est pas l'homme qui pèche mais quelque chose dans sa nature, ce qui permet d'évacuer la responsabilité des êtres humains.
Dans les Confessions, Augustin avoue avoir été longtemps sensible à ce point. Par ailleurs, le manichéisme lui permet d'échapper à une image de Dieu le Père héritée de l'Ancien testament que les manichéens rejettent. De même, la vision très négative du manichéisme envers les patriarches dont le comportement leur semble trop humain (et pour tout dire assez immoral) n'est pas sans écho chez Augustin... Il n'adhère pas seul au manichéisme : Il entraîne dans son aventure un groupe d'amis lettrés qu'il a plus tard le plus grand mal à faire retourner dans le giron de l'Église.

Pourtant, très vite, il se sent à l'étroit dans ce mouvement. D'une part, la majeure partie des convertis au manichéisme sont des commerçants qui se posent moins de questions qu'Augustin. D'autre part, le responsable des manichéens pour l'Empire Romain, Fauste de Milève, lui paraît, quand il finit par le rencontrer, dépourvu d'une solide culture classique. Augustin quitte alors le manichéisme dont il estime qu'il ne lui permet plus de progresser. Il ne croit pas à la différence des manichéens, que l'on puisse se « dispenser des exigences exaltantes qu'implique dans la philosophie classique la recherche de la vérité ». Après avoir quitté le manichéisme, il fait un bref retour à Cicéron et au scepticisme, se reprochant d'avoir adhéré à une secte trop rapidement, sans avoir pris le temps du jugement.



saint Augustin d'Hippone - Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hippone
Augustin d'Hippone (latin : Aurelius Augustinus), ou saint Augustin, né dans la ... 354 et mort le 28 août 430 à Hippone (actuelle Annaba, Algérie) est un philosophe et ..... Son année à Rome se passe mal : il tombe malade, il se sent coupable ...
Biographie : Augustin (Saint) - BnF
classes.bnf.fr/dossitsm/b-august.htm
Saint Augustin, 354 - 430 : ... 387 : Il est baptisé par saint Ambroise. ... 395 : Augustin est consacré évêque d'Hippone (aujourd'hui Annaba en Algérie), où il ...
Termes manquants : année
Augustin (354 - 430) - Un théologien entre deux mondes ...
www.herodote.net/Augustin_354_430_-synthese-207.php
26 févr. 2015 - 28 août 430 : mort d'Augustin d'Hippone - Saint patron des ... de 17 ans dans une liaison qui durera plus de dix années avec une femme qui lui ...

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