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AOÛT 2015
Cette
page concerne l'année 636 du calendrier julien. Ceci est une
évocation ponctuelle de l'année considérée il ne peut s'agir que
d'un survol !
TEMOIGNAGE
DE LA CULTURE WISIGOTHIQUE, PAR LA PARTICIPATION D'ISIDORE DE SEVILLE
SAINT ISIDORE |
Docteur
de l’Église - Évêque et confesseur (✝ 636) Son père
Severianus a dû fuir Carthagène devant les Wisigoths qui, non
contents d'être des barbares, ont adopté l'hérésie arienne et
persécutent les catholiques. Il se réfugie à Séville. Ses 4
enfants deviendront des saints : Léandre, Florentine, Fulgence et
Isidore. A la mort de ses parents, Isidore est encore bien jeune,
mais son frère aîné, Saint Léandre, devenu évêque de Séville,
l'élève comme un fils. Isidore se nourrit, des livres dont regorge
la bibliothèque fraternelle.
Isidore
est issu d'une famille notable Hispano-Romaine. En 552, quelques
années avant sa naissance, Carthago Nova (Carthagène) est occupée
par les troupes de l'empereur Byzantin Justinien. Ses parents
s'enfuient avec leurs 2 premiers enfants, Léandre et Florentine,
pour s'installer à Séville où naissent plus tard 2 autres enfants,
Fulgence et Isidore, né après 560. À cette époque Séville fait
partie du royaume Wisigoth de Tolède, le christianisme trinitaire y
coexiste avec le christianisme arien, favorisé par le roi
Léovigild... À la mort de leur père, Léandre, désormais abbé du
monastère de Séville, devient le tuteur de son jeune frère
Isidore.
En
576, Léandre devient archevêque de la Bétique, parvient à
convertir le nouveau roi Récarède Ier et préside avec lui le IIIe
concile de Tolède, le 8 mai 589, au cours duquel la conversion du
roi Wisigoth au catholicisme est rendue officielle. Sous l'impulsion
de Léandre, Séville devient un centre culturel particulièrement
brillant, et la bibliothèque épiscopale, enrichie de nombreux
manuscrits apportés de Rome et de Constantinople auxquels s'ajoutent
ceux apportés par les chrétiens réfugiés d'Afrique, permet
l'accès à de nombreuses œuvres, tant sacrées que profanes.
Isidore reçoit ainsi une instruction très complète.
À
la mort de Léandre en 601, le clergé local respecte le souhait de
ce dernier en élisant Isidore à la dignité épiscopale, proche des
souverains Wisigoths catholiques, surtout à partir de l'avènement
de Sisebut en 612. C'est à la demande de ce dernier qu’il entame
le rédaction du Traité de la Nature. Havre de paix dans l'Occident
de cette fin du VIe siècle, l'Espagne devient le conservatoire
de la culture antique, la bibliothèque Sévillane en est alors le
centre le plus brillant. Tout en accordant une priorité aux grands
écrivains chrétiens du IVe au VIe siècles, tels Augustin –
Cassiodore - Grégoire le Grand (ce dernier a été l’ami personnel
de son frère Léandre), Isidore tente d’assumer cet immense
héritage dans toute sa diversité. C’est pourquoi il est parfois
associé par erreur aux Pères de l'Église les plus anciens :
Tertullien - Cyprien de Carthage - Hilaire de Poitiers - Ambroise de
Milan. Pendant son ministère, il a le souci constant de la formation
et de l'éducation des clercs et institue les écoles épiscopales
Sévillanes. Puisant dans la très riche bibliothèque de Séville et
s'appuyant sur une équipe importante de copistes, il compile une
somme énorme de connaissances visant à doter la nouvelle église
catholique de solides fondations intellectuelles. Il rédige
plusieurs traités théologiques à cet effet.
(C'est une des grandes différences qu'il y a avec d'autres
religions : Cette vocation à
éduquer dans la foi de Christ en s'appuyant sur les écrits des
anciens) Avec le coup d'arrêt de la reconquête Byzantine du
sud de l'Hispanie, Isidore célèbre en Swinthila « le premier
monarque à régner sur l’Espagne tout entière » après en
avoir chassé les derniers occupants, et au IVe Concile de Tolède,
tenu probablement en 633, il rassemble, par sa formule « rex,
gens, patria » (un roi, un peuple, une patrie), les
Hispano-Romains et les Wisigoths dans une seule et même nation,
référence de la future Reconquista...
Isidore
définit la qualité royale par des vertus, essentiellement la
iustitia (justice) et la pietas (bonté, miséricorde). Les rois,
avant de « rendre des comptes à Dieu pour l'Église que le
Christ a remis à leur défense », doivent rendre des comptes
aux évêques, qui peuvent les déclarer incapables. Les mauvais rois
sont des tyrans qui peuvent être renversés, et les évêques
peuvent excommunier ceux qui ont enfreint les lois, y compris les
lois civiles : « Reges a recte agendo vocati sunt, ideoque
recte faciendo regis nomen tenetur, peccando amittitur : Les
rois doivent agir vertueusement, on maintient donc un roi s'il règne
vertueusement, sinon on le renvoie ». Ainsi, de même que les
évêques s'appuient sur la monarchie, le souverain tend à s'appuyer
sur l'Église, garante de la fidélité et de l'obéissance de ses
sujets : Ces principes, qui placent les évêques sous
l'autorité du roi et le roi à la disposition des évêques, seront
repris par la monarchie Carolingienne.
Les
premières mesures envers les juifs commencent en Espagne avant
Isidore : C'est à l'époque où Léandre est archevêque que le
IIIe Concile de Tolède interdit les mariages entre juifs et
chrétiens, il interdit également aux juifs la magistrature, et la
possession d'esclaves chrétiens. Ces mesures semblent avoir été
peu appliquées, et ne sont pas réitérées par les successeurs de
Récarède.
Mais
en 613, le roi Sisebut (612-621) qui se veut le modèle du roi
catholique, renouvelle et aggrave les édits de Récarède :
Après avoir interdit aux juifs toute possession d'esclave chrétien
et tout mariage mixte, il impose le baptême des enfants nés de
mariages mixtes entre juifs et chrétiens. Tout prosélytisme juif
est puni de mort et il les oblige finalement à se convertir ou à
quitter le royaume. Une partie quitte la péninsule tandis que
d'autres se convertissent, souvent seulement pour la forme.
Isidore
rédige à cette époque De fide catholica contra Judeos, traité
d’apologie qui part des écritures juives pour démontrer la
véracité du christianisme, l'œuvre a un grand succès et sert
longtemps de base à des sermons.
Si
Isidore éprouve des réticences face aux conversions forcées, il
n'en fait état qu'après la mort de Sisebut. La situation des Juifs
s'améliore un peu sous Swinthila (621-631), qui permet aux exilés
partis en Gaule de regagner l'Espagne. En Espagne, Saint Isidore
contribue largement à convertir les Wisigoths, majoritairement
ariens, au christianisme trinitaire catholique (le christianisme
ancien issu du premier Concile de Nicée, 325).
L'abandon
de la politique de conversion forcée est entériné par le IVe
Concile de Tolède qui se réunit le 5 décembre 633 sous le règne
de Sisenand et est présidé par Isidore de Séville. Mais ce concile
doit aussi statuer sur le cas des juifs qui ont reçu le baptême
lors de cette persécution et qui continuent à pratiquer les rites
juifs. Il est décrété qu' « il convient de les contraindre à
observer la foi qu'ils ont reçu par la force ou la nécessité »
afin de ne pas rabaisser la foi chrétienne. Les enfants des juifs
convertis sont retirés à leur famille pour leur éviter l’influence
de leurs parents. (c'est une bien funeste
habitude vieille comme le monde)
Son
œuvre majeure est « Étymologie » (Etymologiæ)
constituée de 20 livres, qui propose une analyse étymologique des
mots divisée en 448 chapitres. Par cette œuvre, il essaie de rendre
compte de l'ensemble du savoir antique et de transmettre à ses
lecteurs une culture classique en voie de disparition.
Son
livre a une immense renommée et connaît plus de 10 éditions entre
1470 et 1530, illustration d'une popularité continue jusqu'à la
Renaissance. Sa méthode étymologique est un peu déconcertante :
Il explique un mot par des termes phonétiquement proches (Rex a
recte agendo - on appelle « roi » celui qui agit
droitement). La plupart de ces étymologies, dont se sont moqués
bien des savants depuis la Renaissance, veulent imprimer les mots
facilement dans l'esprit du lecteur. Il contribue à la survivance
durant le Moyen Âge de nombreuses œuvres antiques par sa technique
de citation. C'est l'organisation particulière de ce livre qui lui
vaudra d'être le Saint Patron des informaticiens.
Il
joue un rôle considérable dans la constitution du bestiaire
médiéval, notamment par le livre XI des Étymologies : De
homine et portentis (L'homme et les monstres).
Dans
son ouvrage De fide catholica contra Judeos, traité d’apologie
chrétienne, écrit pour sa sœur Florentine, abbesse d’un couvent
proche de Séville (où peut-être sont élevés les enfants Juifs
convertis de force), Isidore, qui ne peut attaquer la Bible, s’en
prend aux textes écrits pendant la Diaspora, avec le refus du
christianisme : L’ « apocalypse syriaque », les
livres de Baruch, d’Esdras, des œuvres orientales des IVe-Ve
siècle très répandues dans le monde Juif. Il n’admet aucune
célébration de fête juive, il refuse le shabbat, toutes ces
cérémonies doivent être remplacées par les fêtes chrétiennes
(Noël, Pâques) et la messe dominicale. Cependant il ne demande pas
la persécution des Juifs. (encore heureux !)
La
conversion de l'Espagne Wisigothique, la « Isidorienne »
et l'éclosion de l'unité nationale Espagnole du temps des rois
Wisigoths ariens, ceux-ci font lourdement peser leur joug sur les
catholiques, tandis qu'ils laissent les Juifs en possession de leurs
droits civils et politiques, les admettent aux fonctions publiques et
leur permettent de circoncire leurs esclaves païens et chrétiens...
« Avec
l’abjuration de l’arianisme par Récarède au Concile de Tolède
s’ouvre une nouvelle période pour l’Espagne Wisigothique et son
Église, c’est ce qu’on a appelé la « renaissance
Isidorienne » (Isidore évêque de Séville). La monarchie
Wisigothique se caractérise par une étroite alliance entre le roi
et l’Église catholique : « Un roi, une foi, une loi »
est déjà une devise Espagnole ».
Dans
son ouvrage « Histoire de l'antisémitisme », le
chercheur Hervé Ryssen rapporte qu'il est dorénavant interdit aux
Juifs « d'occuper des emplois publics et de se marier avec des
chrétiens. Les enfants nés d'unions mixtes sont baptisés de force.
Il leur est aussi défendu de posséder des esclaves, mesure qui
les contrarie fortement.
Les
Juifs tentent de corrompre le prince, selon leurs habitudes... Ils
cherchent écrit le célèbre historien juif Heinrich Graetz (in
Geschichte der Juden, Histoire des Juifs, 11 volumes parus en
allemand entre 1853 et 1875), à faire lever cette interdiction en
offrant à Recarède une forte somme d'argent, Recarède refuse le
présent et maintint la prohibition.
Isidore
meurt à Séville en 636. Il est canonisé en 1598 et déclaré
docteur de l’Église en 1722.
Parmi
ses autres travaux, citons, dans le domaine de l'histoire :
sa Chronique (une histoire universelle, qui reprend la Chronique de
Saint Jérôme), et son Histoire des Goths (De origine Getarum…).
Il
est également l'auteur de traités théologiques et d'une règle
monacale (Regula monachorum). Beaucoup d'autres traités peuvent
venir compléter cette liste, les plus importants sont le De natura
rerum, traité d'astronomie, de météorologie et de géographie,
dédié à Sisebut, roi des Wisigoths (612-621) et le Liber numerorum
(théorie des nombres, inspirée principalement de Saint Augustin).
A
propos du roi Wisigoth Sisebut, Hervé Ryssen rapporte qu'il
« renouvelle les édits de Reccared et ordonne aux
ecclésiastiques, aux juges et même au peuple d'en surveiller
attentivement l'application... Il va plus loin que Reccared, en
défendant aux Juifs non seulement d'acquérir de nouveaux esclaves,
mais encore de garder ceux qu'ils possèdent déjà. ... Malgré ces
objurgations, les seigneurs du pays accordent souvent leur protection
aux Juifs qui leur avancent de l'argent. Sisebut prend alors une
mesure plus sévère, obligeant tous les Juifs du pays à accepter le
baptême dans un délai donné ou à quitter le territoire Wisigoth.
Les récalcitrants sont punis du fouet et de la confiscation de leurs
biens. Les uns, au nombre d'environ 90.000 se laissent fléchir par
la crainte de perdre leurs biens et acceptent le baptême, les autres
émigrent en France et en Afrique.
Sisebut,
mort en 620, le nouveau roi, Swintila, « un homme faible et
corrompu, se laisse acheter et abroge les lois de Sisebut, si bien
que les juifs reviennent dans le pays et les convertis retournent au
judaïsme. Sous sa protection, les Juifs recouvrent une grande
puissance et mettent en péril la nation et les institutions, ce qui
explique et justifie la conspiration du clergé catholique pour
déposer le monarque félon. Le chef de ce nouvel épisode de la
résistance au judaïsme », est Isidore. Swintila est détrôné
et remplacé par Sisenand. Le clergé reconquiert son influence, et,
de nouveau, les assemblées ecclésiastiques durent abaisser la
puissance juive pour protéger les Chrétiens.
En
633, se réunit donc le IVe concile de Tolède, sous la présidence
d'Isidore... Les mesures prises par Sisebut paraissent toutefois si
énergiques, que le concile les désapprouve formellement, en
déclarant qu'il faut persuader et non contraindre ceux qui n'ont pas
la foi. Le canon 57 du concile de Tolède défend ainsi d'user de
contrainte : « Aucun juif ne doit à l'avenir être contraint
par la force à embrasser le christianisme ». Le concile ne
croit pourtant pas devoir annuler ce qui a été fait et déclare que
les Juifs baptisés par ordre de Sisebut resterons chrétiens. Il
résulte de grands inconvénients de ces conversions forcées. ... Le
canon 59 dit aussi, au sujet des Juifs baptisés, que nombre d'entre
eux sont restés secrètement juifs ».
On
prend des mesures rigoureuses contre les Juifs qui, baptisés sous
Sisebut, sont revenus à leur ancienne foi. On voit, dans les actes
des conciles, plusieurs dispositions contre ces relaps... Le canon 62
défend aux juifs baptisés toute relation avec leurs anciens
coreligionnaires. Ils sont empêchés par la force d'observer les
prescriptions du judaïsme et leurs enfants seront élevés dans des
couvents.
Les
convertis qu'on verra observer le sabbat et les fêtes Juives, se
marier d'après les rites juifs, pratiquer la circoncision ou
s'abstenir des aliments prohibés par la loi juive, seront réduits
en esclavage. (c'est vraiment stupide et
contre-productif) D'après cette législation canonique, ni
les Juifs convertis de force ni leurs descendants ne doivent être
admis à témoigner en justice. (???) Ainsi,
cet ancien concile établit déjà une différence essentielle entre
les vrais Juifs et ceux d'entre eux qui sont chrétiens en apparence.
Sous l'influence d'Isidore de Séville, qui a marqué de sa personnalité et de ses idées une réunion qu'il a sans doute organisée, est adopté le canon 75 qui prévoit que, pour la stabilité du royaume et du peuple, le roi soit désormais élu par les évêques et les magnats du Palais, les grands et le peuple lui prêteront ensuite serment de fidélité.
Cette
procédure de l'élection royale, insolite à l'époque et inspirée
de celle des évêques, a pour objectif de lutter contre les aléas
et les incertitudes de successions soumises aux caprices de la
« maladie gothique ». Le même concile a sans doute
inauguré, à l'imitation des rois d'Israël, la pratique du sacre
royal, attestée à partir de 672. Les rois Wisigoths sont les
premiers rois chrétiens à être sacrés... Élu d'après la
nouvelle réglementation, Chintila (636-639) réunit à son tour 2
conciles pour préciser les conditions de l'avènement royal et
accroître la sécurité du souverain.
Il
transmet la couronne à son fils Tulga (639-642), mais l'aristocratie
s'impose à nouveau avec Chindaswinth (642-653) qui, s'étant emparé
du pouvoir à 80 ans, fait exécuter et exiler 700 nobles et décrète
la peine de mort pour les opposants.
Le
principe électif affirmé en 633 par le 4e concile de Tolède ne
parvient pas à s'imposer, seuls 3 des 11 rois qui se succèdent de
633 à 711 sont élus. La précarité même de l'institution
monarchique encourage une réflexion théorique sur la nature du
pouvoir royal, qu'alimentent les traités d'Isidore de Séville, en
particulier les Sentences et les Étymologies.
La
royauté y est définie comme un ministère institué par Dieu et
rendu visible par l'onction. Vicaire de Dieu, chargé du salut du
peuple qui lui est confié, le roi a tous les pouvoirs, y compris
celui de protéger la Foi, mais il reste soumis à la Loi et s'engage
par serment envers son peuple à agir « droitement »
selon les impératifs de la morale chrétienne, s'il s'écarte de
cette voie, il devient un tyran – « rex eris si recte
facias » – et peut être déposé.
Dans
sa tâche de gouvernement, le souverain est aidé par des assemblées,
le Palais, l'aula regia, sorte de conseil royal, réunit les
dignitaires laïcs et ecclésiastiques qui représentent le « corps
électoral » aux chefs des différents services de la cour,
organe politique central du royaume, il joue au VIIe siècle un
rôle considérable. Les conciles généraux ou nationaux de Tolède
sont une institution régulière prévue par le concile de 633 (il
s'en tient 13 entre 633 et 711) leur originalité a longtemps
intrigué les historiens, certains n'hésitant pas à y voir une
ébauche de système représentatif. Il s'agit d'assemblées
politiques « mixtes » où, à côté des évêques du
royaume, siègent les représentants de l'aristocratie laïque, les
premiers des Goths. À travers l'image symbolique de la fusion entre
les 2 peuples naguère séparés, elles ont un rôle politique
incontestable. Les conciles de Tolède sont réunis par le roi qui
établit dans le tomus le programme des débats et promulgue les
canons dans une Loi, traitant de toutes les affaires du royaume,
religieuses, puis profanes lorsque les Grands se joignent aux
évêques, ils ont pour effet de légitimer le nouveau roi et
d'associer à sa politique les représentants de l'Église et de la
noblesse, neutralisant temporairement les velléités
d'insubordination de celle-ci.
Le
royaume Wisigoth est subdivisé en 6 provinces ayant à leur tête
des recteurs ou juges, les provinces sont à leur tour divisées en
territoires dirigés à partir de la ville principale par un comte de
la cité, dans chaque province est cantonnée une armée commandée
par un duc, au VIIe siècle, celui-ci évince le recteur et
s'empare du pouvoir civil. À tous les niveaux de la société se
développent les liens de dépendance personnelle qui invitent les
historiens à parler pour l'Espagne du VIIe siècle, de société
proto-féodale. Les grands qui se disputent l'accès à la royauté
entretiennent d'importantes armées privées, leurs fidèles ou
gardingos s'unissent à leur seigneur par un baise-main. L'Église
Wisigothique s'organise dans un cadre national, elle a à sa tête un
véritable chef, le primat de Tolède, véritable patriarche qui a le
pouvoir de confirmer les élections épiscopales et de consacrer les
évêques des différents diocèses
L'Église
Wisigothique comprend 78 diocèses répartis dans les 6 provinces. En
raison de sa fonction de ministre de Dieu, le roi y exerce une
influence déterminante – le primat de Tolède fait partie de
l'organisation du Palais – et ses relations avec Rome sont
quasi-inexistantes. La vie monastique, déjà florissante au
VIe siècle, est dominée au VIIe par la personnalité de
Fructueux de Braga, mort vers 665, dont la vie et les prouesses
ascétiques sont connues par le récit de son disciple Valère de
Bierzo, Fructueux fonde plus de 10 abbayes en Galice et dans la
région du Bierzo.
La
« règle commune » qu'il compose exige des moines de
rigoureuses pratiques ascétiques, elle donne naissance à
d'importantes communautés, véritables villes monastiques à l'image
des monastères Irlandais.
C'est
dans le royaume Wisigothique que la culture classique jette en
Occident son dernier éclat. Le rôle politique joué par
l'épiscopat, la diffusion de l'éducation et de l'écriture,
l'importance de la société urbaine assurent une longue survie à
l'héritage de la civilisation Romaine, dont le royaume de Tolède
apparaît à plus d'un égard comme un conservatoire.
Le
plus remarquable représentant de cet attachement à la culture de
l'Antiquité est Isidore de Séville (vers 562-636), considéré à
la fois comme le dernier écrivain Romain et l'un des premiers
écrivains du Moyen-Âge. Élu évêque de Séville en 600, il
consacre sa vie à la réforme morale et culturelle de la société
Hispano-Gothique. Il joue un rôle politique important, comme
conseiller de plusieurs rois et est à l'origine de la réunion du
concile de Tolède IV, qui met au point la procédure de l'élection
royale. Il écrit une œuvre considérable portant sur l'histoire, la
langue, la vie monastique, la réflexion morale et politique. Il
consacre la dernière partie de son existence à construire une vaste
encyclopédie du savoir contemporain.
D'autres
écrivains du VIIe siècle laissent une œuvre historiographique
ou spirituelle : hymnes, vies de saints.
Les
Wisigoths apportent aussi une contribution originale au développement
des formes artistiques :
La
construction d'églises à plan cruciforme,
L'« invention »
de l'arc outrepassé ou en fer à cheval,
Le
développement d'une orfèvrerie votive illustrée par les croix et
les couronnes à pendentif transmises dans le trésor de Guarrazar...
La
notion d'art Wisigothique a jadis suscité un vif débat entre les
tenants du « germanisme », qui voient dans l'ensemble de
la production artistique une importation des formes et techniques
germaniques, et ceux du « romanisme », surtout sensibles
aux continuités avec l'époque impériale.
Il
est aujourd'hui clair que la diversité des formes et la variété
des influences font de l'art Wisigothique le type même de l'art de
synthèse et que le terme même d'art Wisigothique ne saurait avoir
d'autre signification que géographique.
Dans
le domaine de l'architecture monumentale, la disparition quasi-totale
des édifices, en particulier dans les grandes métropoles
religieuses et culturelles, est difficilement compensée par les
découvertes archéologiques et par le remploi d'éléments sculptés
et décoratifs dans des monuments ultérieurs.
De
la seconde moitié du VIIe siècle ; nous sont cependant
parvenues 7 petites églises rurales dans la région d'Oviedo qui, en
dépit de remaniements ultérieurs, attestent une certaine unité de
style, traduction rustique de ce qu'est sans doute au même moment
l'art de Tolède.
Si
l'histoire politique du royaume wisigoth nous est familière grâce
aux sources historiographiques et aux canons des conciles, la société
urbaine et rurale est en revanche très mal connue, nous ne disposons
pour l'approcher que des sources juridiques, la période n'a transmis
aucune documentation d'archives, seules quelques centaines d'ardoises
permettent d'envisager, au prix d'un décryptage difficile, la
condition des paysans et les modes du travail agricole...
Isidore
de Séville — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Isidore_de_Séville
Isidore
de Séville, né entre 560 et 570 à Carthagène - mort le 4 avril
636 , est un religieux du VII siècle, évêque métropolitain
d'Hispalis (Séville), une des ... En 552, quelques années avant sa
naissance, Carthago Nova (Carthagène) est ...
Saint
Isidore de Séville, évêque et docteur de l'Eglise († 636 ...
christroi.over-blog.com/article-saint-isidore-de-seville-eveque-et-docteur...
4
avr. 2014 - Isidore de Séville par Murillo En Espagne, saint Isidore
contribua largement à convertir les Wisigoths, majoritairement
ariens, au christianisme ...
Termes
manquants : année
Michel
Zimmermann, L'Espagne wisigothique - Clio ...
https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/l_espagne_wisigothique.asp
À
la suite de l'évangélisation de l'évêque Ulfila, une église
gothique se ..... de cet attachement à la culture de l'Antiquité
est Isidore de Séville (vers 562-636), ... Les dernières années du
VIIe siècle amorcent une période de déclin ; une série ...
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